Quoi de neuf dans le traitement des psychoses

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Quoi de neuf dans le
traitement des psychoses
Dr méd Philippe Rey-Bellet
PHRB, novembre 2015
Plan
 Psychose et schizophrénie: évolution des concepts et
conséquences
 Approches psycho-sociales
 Psychopharmacologie
 Conclusion: « orchestration d’un traitement sur mesure »
PHRB, novembre 2015
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PHRB, novembre 2015
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Psychoses versus schizophrénie
 Terme de schizophrénie très débattu ces dernières
années
 Le terme de schizophrénie impliquerait la présence
d’une maladie biologique
Mais:
 Actuellement aucun trouble biologique spécifique n’a
pu être mis en évidence
 Evolution très diverses en partant d’un premier
épisode psychotique
 Tendance à la médicalisation des troubles
psychiques ces dernières années…
PHRB, novembre 2015
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Du côté des facteurs étiologiques
Génétique:
 Etude l’agrégation familiale ne correspond pas à un modèle mendélien
 Près de 800 gènes candidats
 Interventions d’autres facteurs de risque: traumatismes dans l’enfance,
mode de vie urbain, appartenance à une minorité sociale,
consommation cannabis, complication obstétricales,…
Epigénétique:
- Exemples: anomalies de méthylation (COMT, GABA, HTR1E,…)
- Médiateur de l’action d’un environnement à risque sur l’expression
génétique
PHRB, novembre 2015
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L’ environnement : un facteur favorisant ou causal?
 Remise en cause de la variation géographique (parfois avancée
comme preuve de la cause génétique):
- Il existe de grandes variations d’incidence géographique, temporelle,
ethnique et liées à d’autres facteurs démographiques dans la
schizophrénie
- Des preuves existent pour considérer qu’au moins 5 facteurs
environnementaux jouent un rôle interactif avec les gènes pour modifier
le risque (vulnérabilité) de développer une psychose
Jim van Os et al., Current opinion in Psychiatry 2005, 18, 141-145
 Convergence dans la littérature pour suggérer que
l’environnement interagissent avec la génétique et façonnent la
vulnérabilité pour les troubles psychotiques
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Facteurs externes ou environnementaux
augmentant le risque de psychose
1.
Cannabis et psychose
-
2.
Exposition prénatale et psychose
-
3.
PHRB, novembre 2015
Pas le seul fruit d’une sélection sociale vers les villes de
personnes plus vulnérables
Statut de minorité et psychose
-
5.
Déficit maternel en folate, Influenza pendant la grossesse,
complication obstétricales
Urbanicité et psychose
-
4.
Rôle non seulement révélateur mais également causal
Le risque relatif de développer une psychose chez les immigrés
de première génération est de 2.7
Traumas infantiles et psychose
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Du côté des facteurs étiologiques
 Trauma
(Trauma and Psychosis, Bentall 2006,Larkin and Morrison Ed, Touledge, 2006)
- Problème de définition du trauma
PHRB, novembre 2015
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Du côté des facteurs étiologiques
 Relation entre psychose et trauma:
- Traumatismes infantiles:
- Plusieurs données évoquent une association voire un lien causal avec le risque
de développer une psychose (Bebbington 2004, Janssen 2004, Lataster
2006,….)
- Mécanismes possible:
- Modèle cognitif par ex pour les idées paranoides (schéma négatif, tendance à
l’attribution externe, idéation paranoide)
- Modèle biologique: stress-élévatio n taux corticoides, modification axe
hypothalamo-hypophysaire-efft central avec modification hypocampeanomalies dopaminergiques
PHRB, novembre 2015
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DSM 5: pas de révolution….
 Différences avec le DSM-IV
- Deux changements ont été apportés au critère A :
- l'élimination du critère de la bizarrerie des idées délirantes et de la nature des
hallucinations (dans le DSM-IV, un seul symptôme du critère A est requis si les idées
délirantes sont bizarres ou si les hallucinations consistent en une voix commentant en
permanence le comportement ou les pensées de la personne, ou si, dans les
hallucinations, plusieurs voix conversent entre elles).
- l'ajout de la condition qu'au moins un symptôme du critère A soit des idées délirantes,
des hallucinations ou un discours désorganisé.
- Les sous-types de schizophrénie du DSM-IV (paranoïde, désorganisé, catatonique,
indifférencié et résiduel) ont été éliminés. Ils sont remplacés par une approche
dimensionnelle qui décrit la sévérité des symptômes du critère A afin de capturer
l'hétérogénéité importante dans les types et la sévérité des symptômes.
- Introduction de la dimension: trouble cognitifs (section 3)
PHRB, novembre 2015
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Psychoses versus schizophrénie
 Le modèle de schizophrénie comme « maladie » n’est
corroboré par l’évidence scientifique
 Le terme « schizophrénie » n’est pas associé à un modèle
consistant pour l’évolution ou résultats des traitements
 Nécessité d’abandonner un « modèle médical » et modifier
nos dispositifs de soins: orienté vers le rétablissement?
 Abandon par l’ISPS de la notion de schizophrénie
(International Society for Psychological and Social
approaches to psychosis versus International Society for
the psychological treatments of the schizophrenias and
other psychoses)
PHRB, novembre 2015
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Approches psycho-sociales
 Reconnues comme une composante importante du
traitement:
- Amélioration du pronostic
- Diminution des symptômes négatifs
- Augmente la récupération fonctionnelle
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Efficacités des interventions psychosociales (1)
PHRB, novembre 2015
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Efficacité des approches psychosociales (2)
PHRB, novembre 2015
Curr Opin Psychiatry 2015
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Efficacité des approches psychosociales (3)
PHRB, novembre 2015
Curr Opin Psychiatry 2015
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Principes intervention précoce
 Continuité des soins
 Accessibilité (en cas de crise par ex…)
 Flexibilité (soins adaptés au patient et au stade des





troubles)
Alliance thérapeutique
Collaboration active
Modèle vulnérabilité-stress
Nourrir un espoir réaliste
Travail avec les proches (support, psychoéducation)
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Antipsychotiques: généralités
 Les neuroleptiques (NL) agissent sur le système dopaminergique
 Rôle du système dopaminergique:
- régulation de la vie émotionnelle et contrôle de la motivation
- modulation de la perception
- organisation des comportements adaptatifs
- contrôle de la motricité
- inhibition de la sécrétion de prolactine
 Classement des neuroleptiques:
- une dizaine de classes pharmacologiques
- deux classes du point de vue clinique:
- neuroleptiques de 1ère génération associés à des ES neurologiques
- neuroleptiques de 2ème génération mieux tolérés sur ce plan
PHRB, novembre 2015
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Traitements pharmacologiques
 Antipsychotiques clairement efficaces:
- Etude CATIE (Lieberman JA,New Engl J. Med 2005)
- Etude CUtLASS (Jones PB, Arch Gen Psychiatry 2006)
- Pas de différence entre typiques et atypiques en terme
d’efficacité et tolérabilité
 Définition des antipsychotiques atypiques:
- Le plus simple serait de les définir comme un AP produisant le moins
d’EPS
- 2 catégories:
- Groupe « clozapine »: antagoniste plus puissant des 5HT2a que D2 »
(asenapine, lurasidone, olanzapine, risperidone, paélipéridone,
quétiapine,…)
- Aripiprazole: agoniste/antagoniste D2 »
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Principaux effets indésirables des NL
Dys-
Syndrome
Akathisie
kinésies
Dyskinésies
Epilepsie
tardives
Prise
Dyslipidémies
Hyperglycémie
Hyperprolactinémie
Effets
Allongement
de poids
du QT
aiguës
parkinsonien
anticholinergiques
Amisulpride
0
0
0
0
+
++
0
0
+++
0
0
Aripiprazole
0
0
++
0
+
0
0
0
0
0
0
Chlorpromazine
+
+
+
+
+
+
++
+
0
+++
+
Clozapine
0
0
0
0
+++
+++
+++
+++
0
+++
+
Halopéridol
+++
+++
++
+++
+
+
0
0
+++
0
+
Olanzapine
0
0
0
0
+
+++
+++
+++
0
+
0
Quétiapine
0
0
0
0
0
++
+
++
0
0
0
Rispéridone
+
+
++
0
+
+
0
0
++
0
+
Sertindole
0
0
+
0
+
+
0
0
0
0
+
Ziprasidone
0
0
+
0
+
0
0
0
+
0
++
(Franck et Thibaut, EMC 2005)
PHRB, novembre 2015
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Principaux effets indésirables
NPG
 Effets





neurologiques
Hyperprolactinémie
Symptômes
négatifs
Prise de poids
Abaissement du
seuil épileptogène
Allongement du QT
PHRB, novembre 2015
NLSG




Prise de poids (diBZD)
Diabète et dyslipidémie (diBZD)
Allongement du QT (ziprasidone)
Hyperprolactinémie (rispéridone)
 Abaissement du seuil
épileptogène
 Agranulocytose
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Traitements pharmacologiques
 Durant ces dernières années denombreuses pistes évoquées
mais aucune réelle nouveautés
 Beaucoup études pilotes
 Optimisation des molécules existantes :
- Formes galéniques
- Amélioration du bénéfice/risque…
PHRB, novembre 2015
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Cibles potentielles
 Plusieurs pistes ultérieures:
- Récepteurs D3 (présent surtout au niveau cortical et limbique)
- Théorie: la séléctivité D3 pourrait améliorere la cognition et
signes déficitaires et diminuer le risque d’ESP
- GABAergique (inhibiteur du transporteur GABA:
- Modification du pruning cérébral au niveau préfrontal?
- Récepteurs nicotiniques: amélioration symptomatologie
négative?
- Cannabidiol: antagonistes des récepteurs CB-1
PHRB, novembre 2015
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Action sur des dimensions symptomatiques plus
restreintes (Llorca, 2015)
Dimensions cliniques
Symptômes cibles
Cibles pharmacologiques
éventuelles
Hallucinations
Antagoniste D2
Délire
Antagoniste partiels D2
Trouble du cours de la
pensée
Antagoniste/Agoniste D3
Agoniste 5HT2C
Agoniste Muscarinique M1
Modulateurs glutamatergiques
Antagonistes Cannabinoides CB1
Antagoniste Neurokinine NK3
Agoniste Neurotensine NT1
Inhibiteurs PDE10A
Inhibiteurs du transporteur de la Glycine
Modulateur positif MRGluR2
Affect émoussé
Agoniste D1
Anhédonie
Agoniste/antagoniste D3
Avolition
Antagoniste 5HT2A
Alogie
Agoniste partiel 5HT2A
Repli social
Modulateur NMDA
Inhibiteur du transporteur de la glycine
Antagoniste Neurokinine NK3
Neurostéroïdes
Dimension positive
Dimension négative
PHRB, novembre 2015
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Action sur des dimensions symptomatiques plus
restreintes (Llorca, 2015)
Dimensions cliniques
Symptômes cibles
Cibles pharmacologiques éventuelles
Mémoire de travail
Agonistes D2
Vigilance/attention
Agonistes D3
Apprentissage verbal
Inhibiteurs de la COMT
Apprentissage visuel
Antagonistes 5HT2A
Résolution de pb
Agonistes partiels 5HT1A
Vitesse de traitement de
l’information
Agonistes partiels 5HT4
Cognition sociale
Antagoniste 5HT4
Inhibiteurs Cholinestérase
Agonistes muscariniques M1 et M4
Agonistes et modulateurs nicontiniques α7
Agoniste nicotinique α4β2
Modulateurs positifs NMDA et AMPA
Inhibiteurs du transporteur de la Glycine
Modulateur positif MRGluR2/3
Modulateur positif GABA A
Antagoniste Neurokine NK3
Inhibiteur COX2
Déficits cognitifs
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Traitements pharmacologiques
 Que choisir:
- EPS
- Cognition
- ES métaboliques
- Formes galéniques
PHRB, novembre 2015
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En conclusion
 Evolution de la conception des troubles psychotiques:
remise en question de la notion de chronicité
 Peu d’évolution pharmacologique notable mais plus
large possibilités de choix avec attention aux ES
 Rôle crucial des approches psychosociales
 Importance des combinaisons de traitements
(psychosociaux, psychothérapeutique et
pharmacologiques): plan de traitement plus
individualisé
PHRB, novembre 2015
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