Article de synthèse
RMC-2013 2 2
Cette annonce, en terme de vécu psychologique, représente l’entrée dans une autre di-
mension car elle va permettre au patient et à ses proches de « clore » la fin de la période
d’incertitude quant au diagnostic et d’entrer dans un autre temps, celui de la maladie et
de ses traitements (« je sais ce que j’ai maintenant», « mes symptômes s’expliquent »,
« on va pouvoir me soigner… », etc.).
A
près avoir transmis l’annonce du diagnostic de cancer, le médecin va pouvoir éta-
blir, en partenariat avec les autres acteurs de terrain mais aussi avec la collaboration du
patient (et de sa famille) un plan de soin qui régulièrement sera semé d’embuches, telles
que les effets secondaires des traitements (perte de cheveux, nausées, boutons, affai-
blissement général, perte de poids, mutilations, …), la souffrance c’est-à-dire un état
d’inconfort physique et/ou psychique (par exemple, l’état du patient se dégrade suite à
une chimiothérapie). Il y a également toutes les autres mauvaises nouvelles qui vont
devoir être transmises au patient, le cas échéant : l’annonce d’absence de traitements
curatifs ou bien l’arrêt de ces traitements curatifs ; l’annonce d’une récidive de la maladie,
de la présence de métastases ; le passage vers les soins palliatifs, etc.
Cette communication autour d’informations négatives s’inscrit donc dans un contexte où
divers protagonistes vont coexister dans une relation soignant-soigné et où toutes ces
informations seront à la fois difficiles pour celui qui les transmet mais aussi pour celui
qui les reçoit.
L
’entrée dans ce monde étrange du cancer, avec son vocabulaire spécifique, ses exa-
mens parfois douloureux et inquiétants est associée à une notion du temps bien différen-
te du temps d’« avant la maladie ». En effet, le temps va être perçu et vécu d’une maniè-
re toute autre. Il faudra même du temps pour s’ajuster à cette nouvelle façon de le perce-
voir.
A
l’intérieur de cette notion de « perception de temps modifié », on voit aussi appa-
raître des temps différents : le temps des traitements, le temps des consultations, le
temps « habituel du quotidien » (payer ses factures, s’occuper de ses enfants) ; comme
si la maladie s’inscrivait dans un temps suspendu inscrit lui-même dans un temps
de vie quotidien. Les consultations, les examens médicaux, la chimiothérapie, la radio-
thérapie, … vont établir un temps et une organisation bien précise que le patient et ses
proches devront suivre plus ou moins activement et intégrer dans leur vie quotidienne car
pour un temps (plus ou moins long), c’est tout cela qui deviendra leur nouveau quotidien.
A ceci, peut-être également associé la disparition de projets futurs ; le patient se trouve
alors dans une optique de temps de « l’ici et maintenant ».