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« l’existence et le temps », « la démonstration », « la vérité », « la société », « la liberté », « le
devoir », « le bonheur », « le sujet », « la raison et le réel », « la matière et l’esprit », « la
politique », et « la morale ». L’aspect réticulaire du programme s’y affirme page après page,
comme en atteste par exemple l’articulation entre temps, conscience et liberté dans le
processus de subjectivation. En ce sens, le livre six de l’Ethique à Nicomaque est autant un
développement méticuleux qu’un entrelacs foisonnant. Les « repères » y trouvent également
leur place ; par exemple, l’ordre de l’institution de soi requiert notamment la maîtrise de : « en
acte / en puissance », et « contingent / nécessaire / possible ». Surtout, ce sont les grandes
modalités du rapport à soi-même et au monde qui y font l’objet d’une analyse explicite : ainsi
de la distinction (mais donc aussi des relations) entre la visée théorétique et la visée pratique,
puis, au sein de la pratique elle-même, entre la visée « technique » et la visée morale et
politique. On aura compris que le livre six de l’Ethique à Nicomaque peut constituer un point
d’appui extrêmement solide, dans l’économie du cours. Mais sous quelles formes précises ?
Beaucoup de formules sont envisageables. Parmi celles-ci, l’étude de l’œuvre peut être
considérée comme un ensemble autonome. Ou alors, à l’inverse, le sixième livre de l’Ethique
à Nicomaque peut accompagner l’ensemble de l’année. Si l’on débute par « La raison et le
réel » par exemple, on peut partir de E. N, VI, 3, § 2, qui évoque les cinq façons pour l’âme
d’énoncer le vrai, à savoir l’art, la science, la prudence, la sagesse et la raison intuitive ; de
même, « l’existence et le temps » pourra trouver comme point d’appui les passages qui
permettent d’apercevoir la vie du sage, par opposition au registre de la contingence.
L’avantage d’une telle façon de procéder est de favoriser la méditation progressive d’une
œuvre importante et instructive en l’incorporant régulièrement au développement du cours,
tout au long de l’année. Bien entendu, l’inconvénient de cette entreprise réside dans la
négligence du fil conducteur de la démarche aristotélicienne au profit de la constitution d’une
sorte de rapsodie de textes certes étudiés avec minutie, mais dont la continuité n’apparaîtrait
jamais, d’où la nécessité d’une « reprise » en fin d’année, qui mettrait en évidence les
connexions délaissées pour les besoins de l’organisation des leçons. Une séance finale
restaurerait ainsi la logique interne de l’œuvre afin qu’apparaisse clairement la distinction
entre ce qui relève de l’économie du développement de l’ouvrage et ce qui relève de
l’instruction du problème d’une leçon. Il n’y a donc pas qu’une voie d’accès à ce beau texte.
FORMATION CONTINUE :
Etude du livre six de l’Ethique à Nicomaque
(séance n°1, 16 décembre 2005)
Monsieur Henri Elie, Inspecteur Pédagogique Régional de philosophie, souhaite la
bienvenue aux stagiaires, et les remercie de leur participation. Il insiste tout d’abord sur la
difficulté du livre six de l’Ethique à Nicomaque, redoublée par les problèmes de traduction.
Qu’est-ce que l’Ethique à Nicomaque ? Un traité ? Un cours vivant ?
Les séances considéreront ce livre six dans l’optique de « favoriser l’accès de chaque
élève à l’exercice réfléchi du jugement » (programme d’enseignement de la philosophie en
classe terminale des séries générales, I. 1). Il s’agit donc d’articuler l’étude de cette oeuvre au
traitement du programme de notions, et à l’étude suivie de l’œuvre en classe terminale.
Séance n°1 : E.N, VI, 1-2.
Séance n°2 : E.N, VI, 3-8 (hormis le dernier paragraphe du chapitre huit).
Séance n°3 : E.N, VI, dernier paragraphe du chapitre huit, et chapitres 9-11.