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POUR PRÉPARER L’AVENIR DE L’AFRIQUE DE L’OUEST : UNE VISION À L’HORIZON 2020
Le but de l’étude est également de montrer que les populations de l’Afrique de l’Ouest ont fait des efforts impor-
tants pour s’adapter aux transformations de leur monde. En toute probabilité, ces populations poursuivront ces
efforts. Ceux-ci ont été accomplis dans des conditions difficiles : les modes de civilisation étaient peu adaptés au
monde moderne, l’encadrement politique et administratif était mal préparé à l’observation et à la direction du
changement, les ressources humaines étaient très faiblement instruites et formées aux techniques modernes,
l’accumulation de capital et la capacité de financement étaient infimes, la construction des nations l’emportait sur
la coopération régionale. Pendant un certain nombre d’années, le contexte international a été favorable au soutien
des efforts africains puis il est devenu mouvant et la compétition y est devenue sévère. L’aide extérieure abondante,
pendant environ deux décennies, n’a pas réussi à sortir l’Afrique de la crise et l’a entretenue dans sa dépendance.
Face à la crise économique mondiale, la confiance de l’Occident en l’avenir s’est émoussée et, davantage encore, sa
confiance en l’avenir de l’Afrique. L’aide publique a diminué.
Les auteurs de l’étude ne sous-estiment pas les dangers que de très grandes et très rapides transformations font
courir à l’Afrique de l’Ouest. Ils sont convaincus, toutefois, que les opportunités et les difficultés des trente
dernières années ont constitué un apprentissage et que, en dépit des conditions extraordinairement contraignantes
des prochaines décennies, les sociétés ouest-africaines sauront tirer parti des leçons qui ont été apprises. Ils
prennent le contre-pied de la vision d’une région sans avenir.
Pour dresser le tableau des évolutions passées et dessiner la prospective, les auteurs de l’étude ont recouru à une
analyse, plus détaillée que de coutume dans les études prospectives, des changements qui se sont produits dans la
géographie humaine, science des rapports entre l’homme et son milieu. Ils ont demandé à leur équipe d’experts
africains et non africains de disciplines variées : statisticiens, démographes, économistes, géographes, agronomes,
urbanistes, économistes, spécialistes des sciences politiques, d’accepter que la géographie humaine soit la discipli-
ne de synthèse de leurs contributions.
D’abord surpris par un cadre de référence qui ne leur était pas familier, les experts sont convenus, à l’usage, que la
géographie humaine présentait des avantages et qu’elle permettait une lecture des réalités africaines, différente des
lectures plus habituelles : la géographie humaine est bien adaptée à l’un des caractères signifiants de l’Afrique de
l’Ouest, qui est d’être une région en voie de peuplement. Elle est visuelle, elle cartographie. Elle s’efforce de saisir
le sens des évolutions longues. Elle incite à une certaine modestie. Elle rappelle que, face à des bouleversements
imprévus, la maîtrise des événements est difficile. Elle incite à la patience.
S’intéressant aux ensembles et à la longue durée, la géographie humaine n’est pas en mesure d’attacher le même
poids aux évolutions à court terme. Elle n’est pas en mesure d’entrer dans une analyse détaillée de l’ensemble des
évolutions sectorielles. C’est sa force, sa particularité, c’est également sa limite. On ne trouvera pas, dans les
documents de travail qui ont préparé cet aperçu général sur l’étude, d’analyses sectorielles dans les domaines de la
santé, de l’environnement, de l’industrie... On ne trouvera pas non plus de recettes sur ce qu’il faut faire demain, au