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RÉSUMÉ
Régions cérébrales impliquées dans l'encodage mnésique de la douleur
Par
Vincent Auclair
Programme de sciences cliniques
Mémoire présenté à la Faculté de médecine et des sciences de la santé en vue de l’obtention
du diplôme de maître ès sciences (M.Sc.) en sciences cliniques, Faculté de médecine et des
sciences de la santé, Université de Sherbrooke, Sherbrooke, Québec, Canada, J1H 5N4
Le rappel d'une douleur passée est souvent utilisé par les professionnels de la santé afin
d'évaluer la progression d'une douleur clinique et l'efficacité des moyens mis en place pour
la traiter. Hors, le rappel d'une douleur est rarement précis et ceci représente une entrave
majeure au processus décisionnel du traitement de la douleur clinique. À ce jour, on ignore
toujours les mécanismes neuronaux engagés dans la formation de la mémoire d'une douleur
et ceci est regrettable puisqu'aucune disposition ne peut être prise pour favoriser le rappel
précis de la douleur. Il est aujourd'hui bien documenté que les mécanismes cérébraux
engagés au moment de l'encodage mnésique sont essentiels dans la formation de la mémoire
à long terme. En se basant sur ces résultats, nous avons postulé que l'activité cérébrale
engagée au moment de l'encodage d'une douleur pourrait permettre de prédire la précision
du rappel à long terme de cette douleur. Des stimulations électriques transcutanées,
provoquant des sensations non-douloureuses et douloureuses, ont été administrées chez 21
participants en santé tout en procédant à l'enregistrement de leur activité cérébrale par la
technique d'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf). Le rappel de la douleur
a été évalué deux mois plus tard. La différence entre le rappel de la douleur et l'intensité de
la douleur a constitué la variable dépendante principale, soit le score de précision du rappel
de la douleur (PRD). Ces scores ont été rectifiés, de façon à ce que de faibles scores
représentent un rappel précis de la douleur et de hauts scores représentent un rappel imprécis
de la douleur. La douleur expérimentale a provoqué l'activation des régions classiquement
associées au traitement et à la perception de la douleur, soit les cortex somatosensoriels
primaires et secondaires, le cortex insulaire, le thalamus, le cortex cingulé antérieur et le
cervelet (Z > 2.4, p < 0.05). L'analyse corrélationnelle principale a démontré que les scores
de PRD étaient significativement et négativement associés à l'activité de l'insula dorso-
antérieure gauche à l'encodage (r = -0.7549, p < 0.05 après correction pour mesures répétées).
Aucune association similaire n'a été observée pour les stimulations électriques non-
douloureuses. L'insula dorso-antérieure est traditionnellement associée à la saillance
émotionnelle, l'interoception et la pertinence personnelle relative à une expérience. Puisque
la précision du rappel est associée l'activité insulaire et qu'il a été démontré que le rappel d'un
évènement qui nous concerne personnellement est plus précis, il est possible que le rappel
d'une douleur passée soit plus précis lorsque la sensation ou le contexte a une importante
signification émotionnelle ou personnelle.
Mots clés: douleur, imagerie par résonnance magnétique fonctionnelle, mémoire