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La présente proposition tient compte de cette crainte : elle ne porte pas sur « l’accès au marché »
mais sur le soutien interne ; qui plus est, le niveau d’ambition de la Déclaration Ministérielle de la
Conférence de Nairobi qui est proposé ici, et que l’on qualifie de « niveau 1 » pourrait être
difficilement refusé.
Niveau 1 de la Déclaration Ministérielle de la 10ème Conférence OMC de Nairobi
« Les Membres cités en Annexe de cette Déclaration s’engagent à informer le Secrétariat de l’OMC,
dans le cadre de leurs notifications relatives aux soutiens de la Boîte Verte, des mesures spécifiques
mises en œuvre pour lutter contre le changement climatique »
En effet, à la différence d’une Décision Ministérielle, une Déclaration n’engage pas juridiquement et
comme cela est indiqué, chacun des membres effectuerait une démarche volontaire. Cela étant,
cette Déclaration ouvre la voie à de profondes évolutions : elle présente tout d’abord un intérêt
« pédagogique » en offrant l’opportunité de progresser dans la conception de politiques agricoles
soucieuses du changement climatique, cela, au travers des notifications transmises au Secrétariat de
l’OMC. Ensuite, les premiers pas volontaires de certains membres pourraient servir de référence
pour ceux qui voudraient s’engager. Surtout, elle ne sollicite aucun financement public nouveau et
ouvre la perspective de l’utilisation des financements existant des politiques agricoles pour soutenir
des programmes pour le climat.
Cette proposition a été « testée ». Le conseiller agricole du Canada (membre Groupe de Cairns qui
représente les pays agro-exportateurs en faveur d’une libéralisation ambitieuse des échanges
agricoles) a indiqué, non officiellement, qu’aucun pays ne pourrait s’opposer à une proposition ainsi
formulée. Le Groupe ACP (Afrique Caraïbes Pacifique), confidentiellement sollicité pour présenter
cette proposition, hésite à s’engager alors même que les pays africains sont potentiellement les plus
exposés au changement climatique. Selon le Secrétariat de l’OMC, également consulté, une telle
proposition pourrait être discutée au sein du Comité Commerce-Environnement ; mais il est à
craindre, dans ce cas, quelques blocages de principe de la part des pays en développement.
Au final, et selon les principes de fonctionnement des négociations de l’OMC, toute proposition doit
émaner d’un membre ou d’un groupe de membres. Identifier le membre ou le groupe de membres le
plus approprié reste, à ce stade, une opération délicate. Elle pourrait être conduite, dans un premier
temps, dans le cadre d’une concertation entre les autorités françaises en charge de la COP21 et le
Directeur Général de l’OMC. Des entretiens informels avec les membres à priori les plus réceptifs
pourraient être organisés en parallèle. Dans tous les cas, on est en droit de penser qu’une
Recommandation, aussi peu contraignante que celle présentée ci-dessus, et qui serait adressée aux
membres de l’OMC à l’issue de la COP21 pourrait difficilement être ignorée par la Conférence
Ministérielle de Nairobi.
Suivi : il serait utile de formuler des propositions de recommandations à plusieurs niveaux d’ambition
en les formulant dans le langage juridique le plus proche de celui pratiqué par l’OMC. Ce travail sera
réalisé si la démarche proposée ici est jugée opportune.
Le 28 mai 2015
Texte rédigé par Joseph Rocher - Expert Agriculture auprès du Groupe ACP à Genève pour les négociations OMC depuis
Cel. 06 14 82 74 83
Ce texte n’engage que son auteur