Mlle PEREZ-GARINO
Cours de philosophie
Lycée des Iscles –Manosque
2008-2009
Ce danger éviter, il n’en reste pas moins que la problématisation de la vérité peut
conduire à l’écueil du scepticisme ou pyrrhonisme. Le scepticisme consiste à se demander si
l’accès à toute forme de vérité n’est pas une simple illusion. Il envisage comme indépassable le
fait que toute vérité prétendue soir douteuse. Autrement dit, ébranler telle ou telle connaissance
tenue pour certaine, y introduire la conscience d’une doute possible, peut conduire, par
radicalisation et élargissement de cette mise en doute, à nier que nous puissions parvenir, à de
quelconques certitudes. Dans ce cas l’attitude sage serait de s’en tenir au doute, en procédant à
l’époché, c'est-à-dire à la suspension de toute jugement, sans aucun mélange d’affirmation. Cela
reviendrait à se passer de la notion de vérité. Or se passer de toute réflexion à l’idée de vérité a
pu commettre si souvent au nom d’une prétendue vérité.
Les exemples pour illustrer nos propos ne manquent pas et manifestent les conséquences
désastreuses d’être résolument dans le vrai. Si nous pensons détenir avec une certitude absolue
certaines vérités pourquoi ne soumettrions-nous pas le réel, au nom de cette conviction, à ce
que ces vérités nous paraissent impliquer ?
Face à ce danger comment ne pas être séduits par ce qu’il peut y avoir de tolérant dans le
scepticisme ? Et du coup proclamer : à chacun sa vérité ?
Le scepticisme ouvre ainsi sur un relativisme virtuellement plus accueillant sauf qu’en
réalité aucun scepticisme ne l’est. Les doutes sceptiques sur la possibilité du vrai conduisent
alors à la position des sophistes qui estimaient toute connaissance comme intrinsèquement
relative au sujet et à sa perception des choses.
On semble ici être face à une impasse : soit on rejette toute vérité (scepticisme) soit on
tient toute connaissance pour vraies (dogmatisme). Or l’expérience nous montre que le choix
n’est pas si cornélien qu’il n’y parait. En effet, une troisième position peut passer pour
intermédiaire. Pour le pragmatisme la vérité n’est plus un absolu et pour cause : ce qu’est
vraiment une chose tend à se réduire à l’ensemble de ses effets possible. Cela reviendrait à dire
que la vérité se signale par des critères intrinsèques. En fait, c’est par référence à cette
normativité de la vérité que nous pouvons distinguer un jugement vrai d’un jugement faux, par
exemple une démonstration juste d’un délire purement hallucinatoire.
Cette distinction est primordiale aussi bien à propos des vérités théoriques (celle de la
connaissance) et des vérités pratiques (celle utile à l’orientation de nos actions). Les premières
décrivent le monde tel qu’il est, les secondes nous indiquent ou nous prescrivent ce qui doit
être. Dans les deux cas, il est nécessaire de se référer à l’idée selon laquelle il y a certains
énoncés que nous ne pouvons mettre en doute. Nécessité nécessaire puisqu’elle nous permet
d’une part d’échapper au relativisme et au scepticisme. Par exemple à propos des vérités
théoriques, pour distinguer un théorème mathématique, quand il est démontré, des théorèmes
mal formés, dont l’incohérence prouve sa fausseté. De même en ce qui concerne les vérités
pratique : c’est à l’idée de vérité universelle que nous faisons références quand nous tenons pour
Chapitre 2 : La vérité