d'échappement des galaxies éloignées jette un froid dans le vide cosmique : ses résultats
indiqueraient que l'Univers est bien en expansion mais avec un taux de « gonflement » constant
et non pas accéléré, comme cela est admis depuis 1998.
Si le fait était avéré cela ruinerait un pan essentiel de la cosmologie actuelle qui cherche depuis
bientôt deux décennies à expliquer le phénomène d'accélération via des montages théoriques
mettant en scène une énergie noire (ou sombre) responsable de ce phénomène mais dont on n'a
pas encore exhumé de trace observationnelle ou expérimentale directe.
Oublier l'énergie noire ? (Pas obligatoirement car il faut contrer l’attraction
gravitationnelle, voir article 02-2, pour maintenir une expansion constante !)
Avec le résultat de la présente étude, on pourrait oublier l'énergie noire. Car avec une expansion
à taux constant, on peut encore évoquer l'hypothèse qui dominait avant 1998 à savoir : cette
expansion est un reste du phénoménal « bang » initial, et n'a pas besoin d'une énergie (du vide)
pour se perpétuer (C’est une hypothèse qu’il faut préserver). Cela soulagerait bien des
physiciens ! Ou au contraire, les jetterait dans une dépression intellectuelle car ça leur enlèverait
l'un des défis théoriques les plus excitants depuis des générations.
Mais avant d'en arriver à cet extrême, le résultat de l'étude peut aussi être vu comme un
questionnement sur les méthodes observationnelles à la base de nos échafaudages théoriques.
Un problème de méthode
Comme le signalent les chercheurs dans l'article, le chemin menant de l'observation des galaxies
lointaines à la conclusion sur la vitesse d'expansion de l'Univers est semé de pièges.
En effet, pour mesurer le taux d'expansion de l'Univers (et ses variations possibles), on analyse
la lumière d'étoiles particulières contenues dans les galaxies de référence : les supernovas de Type
Ia. Concrètement, les chercheurs ont basé leur étude sur l'analyse spectrale d'un catalogue de
720 supernovas de ce type.
Calcul des distances et des vitesses
Le principe est le suivant : ces étoiles en explosion ont toutes les mêmes caractéristiques
lumineuses, quels que soient le contexte et l'histoire dans lesquels elles s'inscrivent. Comme
cette luminosité s'atténue en fonction de la distance d'observation, on peut en déduire la distance
qui nous en sépare en comparant l'intensité lumineuse reçue avec le profil type de la luminosité
de l'étoile.
Par ailleurs, la lumière émise par une source en mouvement par rapport à un observateur (nous)
se décalera dans le spectre lumineux - elle rougit si la source s'éloigne, bleuit si elle se rapproche.
Cela permet de calculer la vitesse relative du mouvement de la source (étoile, galaxie, etc.).
Ce sont ces méthodes qui ont permis de découvrir l'expansion de l'espace (dans toutes les
directions) et, en 1998, de déduire que ce taux d'expansion augmente entre deux instants
successifs.
Ne jamais cesser de tester les certitudes
Mais beaucoup de phénomènes peuvent altérer l'efficacité de ce bel instrument de mesure, à
commencer par la présence de particules (gaz, débris) entre la source et l'observation qui
atténue artificiellement la lumière.
Pour y remédier, les astronomes multiplient les sources mesurées et appliquent des modèles
statistiques de calcul supposés « nettoyer » ces aléas, modèles conçus sur la base de principes
plausibles... Des couches d'hypothèses donc qui augmentent les risques de prendre des vessies
pour des lanternes. La vertu de cette nouvelle analyse est donc, jusqu'à nouvel ordre, de
rappeler qu'il faut encore tester l'hypothèse de l'expansion accélérée.
--Roman Ikonicoff