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de Bas. Valentin, Part. I. 85
tation de vous demander quel est le sujet
de vos réfléxions.
Le Vieillard.
Je puis, jeune Adolescent, connoître
maintenant des choses, qui, dans ma jeu-
nesse, me sembloient incroyables & hors
de raison, & je me souviens que lorsque
j'étudiois, mon orgueil étoit tel, que je
présumois posséder toutes les Sciences.
Mais à présent, que je suis sur le déclin
de mon âge, je pense différemment, &
je cherche à pénétrer dans ce grand Livre
de la Nature, si rempli de difficultés. En
sorte que je commence à me plaire dans
mes Recherches, quand je m'apperçois
que le temps s'écoule comme une onde
fugitive, & c'est de quoi j'ai bien sujet de
me plaindre?
Adolphe.
Je ne puis, respectable Vieillard, m'em-
pêcher de vous admirer, en voyant des
affections si contraires entre vous & moi.
Il vous semble que le temps s'envole trop
vîte, & il me paroît que les jours passent
trop lentement. C'est pourquoi je veux
voyager avec quelque Compagnie agréa-
ble qui me tire de cette mélancolie, où
je m'absorbe, en voyant le temps couler
avec tant de lenteur.