DES OUTILS MOBILES POUR LES
SOINS PSYCHIATRIQUES, L’EXEMPLE
DE L’ÉCHELLE D’ÉVALUATION
DE L’EXPÉRIENCE PSYCHOTIQUE
Dans certains milieux, elle a même probablement réduit le contact face à face entre le soignant1 et
le patient. Le projet Back to the patient2 vise à développer des outils informatiques sur tablette utili-
sable directement dans le soin au patient. Ces outils sont conçus dans une perspective de rétablis-
sement : ils visent à augmenter le pouvoir du patient dans la gestion de sa santé, à développer une
identité différenciée de la maladie et à développer un rôle social actif. Ils peuvent servir à l’évaluation
des difficultés et des besoins, à l’évaluation clinique ou à l’intervention thérapeutique. Le but premier
de cette série d’outils est de donner la parole au patient et d’évaluer son point de vue afin de l’intégrer
dans le plan thérapeutique.
L’échelle d’évaluation de l’expérience psychotique (EEEP) a été développée en collaboration étroite
entre l’équipe du pôle de recherche en psychiatrie et santé mentale de l’Institut et la Haute École de
la Santé, La Source et l’équipe d’HorizonSud3. Cette échelle a pour objectif d’identifier la façon dont la
personne conçoit son trouble psychotique, notamment les causes explicatives du trouble, le pronostic
fonctionnel perçu, les symptômes psychotiques expérimentés et leurs conséquences fonctionnelles.
Il s’agit d’un questionnaire structuré présenté à l’aide de cartes imprimées que le patient doit trier
et classer en interaction avec le praticien. Le format ludique et interactif de l’évaluation permet de
mieux comprendre le point de vue du patient. Ce questionnaire est inspiré de plusieurs question-
naires existants, notamment du Illness perception questionnaire4 (Questionnaire de la perception de
la maladie), du Peters et al. Delusions Inventory (Inventaire des idées de Peters et collaborateurs), du
Psychotic Ratings Scales [PSYRATS] (Les échelles d’évaluation de la psychose) et du Safety Behaviour
Questionnaire [SBQ] (Questionnaire des comportements de recherche de sécurité).
Il est toujours difficile d’inciter les soignants ou les travailleurs sociaux à utiliser des échelles pour
évaluer la symptomatologie des personnes atteintes de troubles psychiatriques, notamment de psy-
chose. Probablement parce que les professionnels de la santé et du social appréhendent de ne pas
L’introduction de l’informatique, à la fin des années 90’ dans les services de psy-
chiatrie, a surtout répondu à des questions de gestion hospitalière ou à la tenue du
dossier plutôt qu’elle n’a servi l’activité clinique directe.
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1 Dans cet article, ce qui est écrit au masculin se lit également au féminin
2 Retour au chevet du patient
3 Fondation du sud du canton de Fribourg qui s’occupe de l’hébergement et du travail protégé
4 En cas d’intérêt, la liste des références des divers articles mentionnés est à demander à la rédactrice du JLS