Quelles sont les conditions de permanence d`un instrument de

publicité
CEFEDEM Bretagne – Pays de la Loire
Mémoire
Quelles sont les conditions de permanence d'un
instrument de musique ?
À travers un exemple: la harpe celtique
Nom : Müller
Formation : cursus double diplôme
Prénom : Soazic
Année complémentaire
Diplôme d'Etat
Promotion : 2010 2011
Professeur de Musique
Session : juin 2011
Spécialité : Harpe
Référent: Armel Morgant
Sommaire
Avis au lecteur
Introduction ….................................................................................................p 3
I - L'aspect historique ….................................................................................p 4
1) Un peu d'histoire .............................................................................. p 4
2) Un exemple d'évolution: la renaissance de la harpe celtique .…...... p 6
II - L'aspect organologique ….........................................................................p 7
1) Des évolutions organologiques ......................................................... p 7
2) Lutherie …......................................................................................... p 10
III - L'aspect sociologique …...........................................................................p 11
1) Le premier concours international de harpe celtique ….................... p 11
2) La fonctionnalité de la musique ….................................................... p 13
IV - L'enseignement ….....................................................................................p 14
V - Le langage musical ….................................................................................p 15
1) Zoom sur une pièce: Rumeurs de Francis Miroglio …...................... p 16
2) Des pratiques musicales liées au répertoire ….................................. p 17
VI - Le rapport entre tradition et création …................................................p 19
1) La tradition ….................................................................................... p 19
2) La création …..................................................................................... p 21
3) Vers la création : flash sur Kristen Noguès ….................................. p 22
VII - L'adaptation …........................................................................................p 24
Conclusion …....................................................................................................p 26
Bibliographie …...............................................................................................p 27
Lexique .............................................................................................................p 29
Annexes ............................................................................................................p 30
Avis au lecteurs
Certains mots de ce mémoire sont en breton. Ils apparaissent dans le texte
en italiques : Gwerzioù*, bagadoù*... L'astérisque renvoie à la traduction et/ou à
la définition du mot que l'on trouve dans le lexique par ordre alphabétique à partir
de la page 29.
Introduction
La musique accompagne la vie des hommes dans toutes les civilisations
depuis toujours.
On peut se demander comment les instruments traversent le temps, quelles
sont les conditions de leur permanence ? Pourquoi certains instruments
disparaissent totalement et d'autres poursuivent leur évolution ?
De quelle manière les instruments s'adaptent à leur époque, sortent de leur
fonction première et continuent d'accompagner la vie des hommes ?
En se penchant sur différents aspects, historique, organologique,
sociologique, l'enseignement, le langage musical, le rapport entre la tradition et la
création, on peut se demander comment la harpe celtique occupe sa place dans le
paysage musical d'aujourd'hui et pourquoi elle continue d'exister.
Différents facteurs entrent en jeu dans ces questionnements et l'on tentera
d'apporter des éléments de réponse.
3
I - L'aspect historique
1) Un peu d'histoire
L'arc musical découvert dans le désert de Kalahari en Afrique du Sud en
1936, se compose d'une corde tendue entre les deux extrémités d'un arc. La mise
en vibration de la corde se fait soit indirectement par le raclement du bois de l'arc,
soit par un souffle sur une plume d'oiseau dans le tuyau de laquelle passe la corde,
soit directement par percussion, pincement, frottement de la corde. En effectuant
des fouilles, les archéologues ont retrouvé dans la nécropole de Thèbes, des
harpes remontant au XVIIIème siècle avant Jésus-Christ. La harpe retrouvée à Ur et
conservée au musée de Bagdad a 5000 ans d'existence. Par les fouilles, on a
retrouvé des harpes datant aussi d'avant Jésus-Christ a Sumer, en Chaldée,
Palestine, Chine, Perse, Inde, Égypte, Grèce, Rome, Écosse.
La harpe était un instrument sacré qui permettait aux prêtres et prêtresses
de communiquer avec les Dieux et de célébrer le culte. En Égypte, trois siècles
avant Jésus-Christ, ces instruments étaient de tailles diverses et au nombre de
cordes variables. Selon leur taille on jouait debout ou assis sur les talons.
La harpe est un instrument qui a traversé les siècles et les continents. On
peut se demander pourquoi ? Il semble que le voyage soit propice à l'apparition
d'un instrument dans un pays, une culture. Par l'échange entre les peuples, qui
passe entre autre par la musique ou différents modes d'expressions musicales,
certains instruments naissent, se développent, évoluent, ce qui est sans doute un
gage de leur existence au cours de l'histoire et du temps qui passe.
Les débuts de la harpe européenne sont délicats à saisir. D'origine
orientale, sa forme évolue avant de se fixer. Des harpes ont été exhumées en
Écosse à Wooley, de même forme que celle découverte à Ur en Mésopotamie. Ce
modèle est dénommé «Clarsach».
Les anciens Égyptiens l'auraient importée en Irlande en y venant exploiter
des mines d'étain. Puis la harpe arrive au Pays de Galles et en Écosse par les
Celtes Irlandais.
Au Moyen Âge, la petite harpe médiévale faisait fureur, c'était l'instrument
de prédilection de la noblesse en Grande-Bretagne en France où sous
Charlemagne, les bardes et troubadours fleurissent.
En 1350 en Irlande, l'Evêque Saint-Patrick en jouait. La harpe est restée
4
d'ailleurs l'emblème national du pays.
Par la venue de missionnaires irlandais sur notre continent, la harpe à
pénétré en Bretagne. Les Bretons, une population qui voyageait, s'initièrent à la
musique dans leurs voyages et rapportèrent en Bretagne ces instruments. La harpe
était petite et portative, elle comportait au maximum 15 cordes fixées et accordées
avant de jouer avec une poignée appelée clé.
Ce type de harpe médiévale se jouait de la main droite avec le bout du
doigt lorsque les cordes étaient en boyau, et de la main gauche avec les ongles
lorsque les cordes étaient en cuivre. On utilisait des doigtés selon le principe des
doigts forts ou faibles.
Pendant plusieurs siècles, la forme, les dimensions et le nombre de cordes
n'obéissent à aucune règle. Un large essor s'amorce pour la harpe dès le XIV ème
siècle. Avec la musique monodique, les compositeurs l'emploient largement.
En Espagne, l'école de harpe est florissante et apporte une série
d'améliorations techniques grâce aux recherches des luthiers. En Italie, son éclat
est véritable et les harpistes nombreux. Vers le XVIème siècle, des voyageurs
apportent en Italie la harpe double irlandaise (parfois trois rangées de cordes)
ayant des possibilités chromatiques et sonores inconnues jusque-là.
D’une façon générale, sculptée dans un tronc de saule, montée d’épaisses
cordes de cuivre, elle donne une longue résonance et peut aussi faire preuve de
délicatesse et de clarté dans les aigus, grâce à l’ancienne technique de jeu avec les
ongles. Monteverdi fait usage de ce type de harpe en 1607 dans Orfeo. Ce système
révolutionnaire explique l'intérêt suscité auprès des compositeurs irlandais,
espagnols, italiens, des XVIème et XVIIème siècles, mais ces harpes étaient difficiles
à jouer, avec des cordes trop rapprochées et trop minces et allaient disparaître
bientôt, réduisant les exécutants à la petite harpe diatonique.
Les instruments actuels ont connus quelques évolutions mais sont proches
des instruments du XVIIIème à aujourd'hui. Des instruments qui voyagent, des
pratiques musicales qui se diversifient influent sur la pérennité des instruments.
On rencontre ainsi l'arrivée d'un instrument sur un nouveau continent, dans
un nouveau pays, au cours de l'histoire, dans une nouvelle culture musicale. Ce
sont de nouvelles possibilités qui se déploient: des compositeurs s'y intéressent,
des musiciens pratiquent, l'instrument entre dans une nouvelle culture et son
histoire se tisse au fur et à mesure du temps, garantissant ainsi sa permanence.
5
2) Un exemple d'évolution : la renaissance de la harpe celtique
C'est au début du XXème siècle que la petite harpe (telenn en breton) de type
irlandais, rencontre un succès grandissant aussi bien dans les milieux régionalistes
que dans les cérémonies druidiques. L'engouement est important et plusieurs
facteurs s'intéressent à cette harpe. Gildas Jaffrenou, fils du barde Taldir élabore
en 1946 une harpe d'après un plan conçu par le luthier Dolmetch : la harpe 1 dite du
souverain Brian Boru (empereur d'Irlande en 1002), conservée au Trinity College
de Dublin en Irlande, constitue à cet égard le modèle de référence puisqu'il est
considéré comme le plus ancien. C'est à Paris le 28 novembre 1953, à la maison
de la Bretagne que le public peut écouter pour la première fois un nouveau
prototype d'instrument conçu par Jord Cochevelou*.
« En 2003, les cinquante ans de la renaissance de la harpe celtique ont été
célébrés en Bretagne. Cette commémoration a pour origine ce concert donné à Paris en
novembre 1953 par un certain Alain Cochevelou, plus connu aujourd'hui sous le nom
d'Alan Stivell. Un nouvel instrument fait alors une entrée officielle dans l'univers de la
musique bretonne des temps modernes. Dans le même élan, la harpe dite celtique se
diffuse dans les milieux celtisants parisiens, sous l'impulsion d'Erwanez Galbrun* d'une
part et de l'ensemble de harpes la Telenn Bleimor d'autre part. La pratique de la harpe
celtique se démocratise, accompagnée de raison plus prosaïques: c'est un instrument plus
léger, donc plus facilement transportable, d'un coût moins important que celui de la
grande harpe. Cette manifestation parisienne fut le premier acte d'une histoire qui allait
dépasser le cercle des musiciens bretons et intéresser aussi bien le monde classique que
celui du jazz »2.
Dans la mouvance d'un courant qui prône un retour aux racines, la
musique bretonne rencontre un vif succès et accompagne en cela la renaissance de
la harpe celtique. Par ailleurs, l'instrument semble moins élitiste que la harpe à
pédales et les gens vont oser davantage se tourner vers elle. On peut ajouter
également que la mouvance de la recherche ergonomique, très présente dans les
années 1960 dans l'habitat et le mobilier, s'est déclinée dans l'environnement des
individus et les instruments ont également suivi la tendance. Ainsi, on voit
apparaître des modèles de harpes plus petites, avec des cordes plus rapprochées,
ce qui facilitent l'apprentissage des jeunes enfants par exemple.
____________________
1
Harpe « Brian Boru », Trinity College Library Printed by Jonh Hinde Ltd., Cabinteely, Dublin
18, Ireland, annexe N°1 page 30.
2
Armel Morgant, article de AR MEN N°140, Mai/Juin 2004.
6
En ce sens, l'histoire de cet instrument, ponctuée d'événements marquants,
a contribué à sa pérennisation et son évolution. Toutefois, il est curieux de
constater la disparition de certains instruments malgré une histoire pourtant riche.
On peut se demander alors si le facteur historique est si déterminant dans
les conditions de permanence d'un instrument ? C'est peut-être le cas, mais ce n'est
sans doute pas le seul. Par ailleurs, on peut constater qu'une histoire longuement
ancrée dans le temps (sur plusieurs siècles) favorise la continuité de l'existence de
certains instruments, comme c'est le cas pour la harpe.
II - L'aspect organologique
Un instrument qui évolue dans sa facture instrumentale et son organologie
pérennise davantage son existence à travers les siècles. Les différentes
modifications apportées au cours du temps permettent ainsi de développer les
possibilités
instrumentales,
intégrant
des
innovations
mécaniques
ou
technologiques par exemple ou permettant aussi une meilleure ergonomie.
L'aspect organologique entre-t-il dans les conditions de permanence d'un
instrument ?
1) Des évolutions organologiques
Intéressons-nous à l'évolution de la harpe, à ses améliorations successives
majeures qui relèvent des dates suivantes et qui lui ont permis un développement,
un essor et un intérêt constants :
- La harpe à crochets
Vers 1660, des facteurs tyroliens imaginent de changer la tension de
certaines cordes au moyen d’un crochet actionné par la main de l’exécutant. Ce
système modifiait le son d’une seule corde sans que les répliques d’octave soient
altérées. C’est le principe actuel des palettes sur la harpe celtique.
- La harpe à crochets et à pédales
Vers 1720, un facteur de harpes du nom de Hochbruckher trouve le moyen
de mettre les crochets en mouvement par le jeu de sept pédales placées à la base
de l’instrument et reliées aux crochets par une mécanique à l’intérieur de la
colonne. Chaque pédale peut être abaissée d’un cran.
7
C'est l'apparition de la harpe3 à simple mouvement qui deviendra plus tard
la future grande harpe.
- La harpe à double mouvement
Vers 1881, Sébastien Erard pense alors que chaque pédale peut avoir deux
crans d’arrêt à la base de la harpe. Cela permet d'obtenir pour chaque note trois
hauteurs de sons possibles: la note bémol, la note naturelle (bécarre) et la note
dièse. C'est pour cette raison qu'elle se nomme harpe4 à double mouvement et
possède au maximum 47 cordes. C'est la grande harpe actuelle.
- La harpe chromatique sans pédale
Inventée par Gustave Lion en 1894, cette harpe5 à cordes croisées possède
78 cordes fixées parallèlement en deux rangées sur la table, les « blanches » sont
placées du côté gauche et les « noires » du côté droit. Grâce à ce second jeu de
cordes transversales, tous les demi-tons chromatiques peuvent être réalisés sans
mécanisme. Toutefois, son emploi peu commode lui fera préférer par les
interprètes la harpe à double mouvement d'autant plus que cette harpe
chromatique ne permet pas un des effets les plus appréciés à l'époque: le
glissando.
- La harpe automatique
En 2005, Jean-Marie Panterne étudie un bloc de commande automatique
de pédales de harpe, une idée qui lui vient lors d'un dîner avec la harpiste Anja
Linder, devenue paraplégique suite à un accident. Il s'agit d'un système
électromécanique de passage des pédales selon un schéma programmé et
automatiquement exécuté par une machine. Le modèle définitif à présent
disponible, est un système électropneumatique alimenté par un compresseur. Ce
nouveau système permet d'une part l'utilisation d'une harpe pour des combinaisons
complexes de pédales dans la musique contemporaine ou le jazz et d'autre part,
une utilisation industrielle pour tester la mécanique ou les cordes de harpes lors du
passage de pédales.
___________________________________
3
Harpe simple mouvement, extrait du livre La harpe de Marcel Tournier, éditions Henry Lemoine,
annexe N°2 page 31.
4
Harpe double mouvement extrait du livre La harpe de Marcel Tournier éditions Henry Lemoine,
annexe N°3 page 32.
5
Harpe chromatique extrait du livre La harpe de Marcel Tournier éditions Henry Lemoine, annexe
N°4 page 33.
8
C'est là un exemple d'évolution organologique représentatif des conditions
de permanence de l'existence d'un instrument, qui ouvre sur de nouveaux
horizons. En effet, si l'on peut désormais passer des pédales d'une certaine
manière jusqu'ici impossible, cela diversifie et augmente les possibilités
instrumentales. De ce fait, c'est une voie ouverte à la composition ou à la création,
favorisant ainsi la recherche musicale, la naissance de nouveaux répertoires, le
développement d'une pratique instrumentale.
- La harpe électrique
Dès les années 1970 avec Alan Stivell, l’épanouissement de la vague «
folk rock » rend l’amplification de la harpe indispensable notamment lors des
concerts. L’utilisation de micros extérieurs ne permettant pas de limiter la prise de
son à la harpe seule, une harpe électrique avec des micros intégrés à la base de
chaque corde voit le jour au début des années 1980. Cette harpe sans caisse de
résonance est muette si elle n’est pas amplifiée. Inventée par la société de
fabrication Camac, elle est appelée « solid-body » en raison de son absence de
corps sonore. Elle présente cependant les mêmes caractéristiques techniques que
la harpe celtique acoustique.
- La harpe électro acoustique
Présentée en 1990 au Congrès Mondial de la harpe à Paris et inventée de
nouveau par Camac (aujourd'hui proposée par d'autres luthiers tels que Salvi, ou
Lyon & Healy) « The Blue » est une harpe électrique et acoustique.
Elle offre trois possibilités de jeu :
- sans amplification, elle peut être jouée comme une harpe acoustique.
- légèrement ou fortement amplifiée, elle permet de jouer en solo, au sein d’une
formation ou d’un orchestre.
- couplée à un équipement électroacoustique, elle permet de programmer de
nombreux effets.
Un instrument qui rencontre peu d'évolutions organologiques au cours de
son existence est-il condamné pour autant à disparaître ? Il apparaît clairement
que les différentes modifications apportées à la facture instrumentale facilitent son
évolution et son adaptation. Il est également certain qu'un instrument qui s'adapte
à son époque, à la modernité de son temps, a plus de chances d'évoluer et de
perdurer au cours des années. Tout le domaine de l'amplification par exemple
9
ouvre la voie aux nouvelles technologies, aux musiques actuelles. C'est ainsi qu'un
instrument n'est plus forcément cantonné à un répertoire d'origine, à une pratique
mais propose une diversification et une richesse dans son utilisation. On peut alors
penser que la vie d'un instrument est conditionnée par le renouvellement possible
qu'il propose.
2) Lutherie
Les années 1970 sont celles de l'efflorescence du folk, ce qui a pour
conséquence notoire un regain d'intérêt pour les instruments de lutherie
traditionnelle de toute origine. Ateliers et stages d'initiation se multiplient alors,
mais tout cela reste ponctuel et ne peut en aucune façon répondre à la forte
demande qui se manifeste dans le domaine de la harpe. Il apparait clairement que
la pratique de la harpe celtique ne peut vraiment prendre son essor qu'à partir du
moment où l'ère de la fabrication en série va succéder à l'époque de l'artisanat.
C'est ainsi qu'après la maison Martin et Georges Cochevelou, premiers fabricants
de harpes, la firme Camac va s'implanter en 1972 sous l'impulsion de Joël Garnier.
La forte demande en la matière va l'inciter à améliorer la fabrication de
l'instrument. Au fil des années, la production s'amplifie et les modèles de harpes
proposés se diversifient. Les évolutions technologiques et maintenant les
nouvelles technologies, ainsi qu'une recherche encouragée par des artistes qui
demandent de nouveaux instruments (par exemple la harpe6 en plexiglas de
conception italienne utilisée par Alan Stivell en 1998 pour une tournée de
concerts) permettent l'évolution, la transformation, la mutation d'un instrument, la
naissance de ces autres comme par exemple la harpe électrique ou automatique
évoquées précédemment. En témoigne par exemple la fabrication de harpes
celtiques depuis 2006 dans des bois exotiques tels que le zebrano ou le kevazingo
pour certains modèles, accompagné d'une recherche de son et de timbre avec un
travail sur la matière des cordes par exemple. Outre le métal, le nylon ou le boyau,
des prototypes existent avec des cordes alliance, un alliage avec du boyau et des
matières synthétiques.
___________________________
6
Harpe en plexiglas (d' Alan Stivell) extrait de la revue Ar Men N°140, Mai/Juin 2004, annexe
N°5 page 34.
10
Cet intérêt du son motivé à la fois par les interprètes, les luthiers, les
compositeurs, favorise le développement d'un instrument et sa transformation. Le
savoir-faire des luthiers est primordial car ce sont eux qui donnent naissance à un
instrument. Se pose alors la question de la transmission de leur savoir.
III - L'aspect sociologique
Depuis toujours, la musique fait partie intégrante de la culture des
civilisations. Son évolution va de pair avec la vie des hommes. Qu'elle soit
fonctionnelle, de divertissement ou plus tard commercialisée, la musique se
rattache à une dimension sociologique. On peut se demander alors dans quelle
mesure l'aspect sociologique accompagne la disparition ou l'évolution de certaines
musiques, de certains instruments ou de certaines pratiques musicales ? Il est
indéniable que le facteur sociologique influe sur l'existence et la vie des
instruments. Si l'homme propose un espace de diffusion par exemple (concerts,
spectacles, concours, festivals, etc...) cela contribue à promouvoir l'existence d'un
instrument.
1) Le premier concours international de harpe celtique
Les 22 et 23 mai 2004 a eu lieu dans les locaux du Conservatoire National
de Région de Nantes, la première édition du Concours international de harpe
celtique Jakez François, baptisé du nom de l’actuel Président Directeur Général de
la firme Camac, l’une des plus importantes manufactures de harpes installée à
Mouzeil en Loire-Atlantique. Jakez François figure éclectique dans le monde de la
harpe joue aussi bien sur harpe celtique qu'au sein d'un ensemble de jazz sur harpe
à pédales.
Voici comment il définit l’esprit du concours qu’il vient de créer : « J’ai
voulu ce premier concours international pour découvrir et récompenser de jeunes
harpistes qui, par leur exigence et leur talent, démontreront que la harpe celtique est un
instrument à part entière, au-delà de l’image folklorique et de l'usage pédagogique dans
lesquels elle est si souvent cantonnée »7.
_______________________________
7
Propos de Jakez François, recueillis sur la plaquette de présentation du concours.
11
Pour ce concours, les candidats venaient d'un peu partout en France, de
Mulhouse, d' Aix-en-Provence ou de Bretagne mais également du Pays de Galles,
d'Écosse voire d'Italie. L'organisation en deux tours a permis de proposer :
- le premier tour avec un morceau imposé et un programme libre devant
comporter un morceau d’esthétique contemporaine ainsi qu’un morceau
traditionnel
− le deuxième tour avec un morceau imposé et un programme libre.
L'originalité de ce concours réside dans la proposition de répertoire pour
cet instrument qu'est la harpe celtique, souvent en équilibre entre musique
traditionnelle et musique savante. Ici, c'est la réunion des deux en quelque sorte. À
la différence d'un concours exclusivement classique, ou à l'inverse de musique
traditionnelle, celui-ci a demandé aux interprètes d'aborder ces différents
répertoires. Des candidats préparent un programme, des professeurs travaillent
avec leurs élèves, des partenaires s'associent, un public cosmopolite (amateurs,
professionnels, élèves, professeurs) vient écouter. Ce type d'événement encourage
la découverte, pousse à la recherche (répertoires variés, transcriptions,
compositions) et propose une possibilité d'existence importante à un instrument
comme la harpe celtique.
Le premier prix de ce concours offre des prestations dans de grands
festivals : le World Harp Congress à Dublin, le Symposium européen de la Harpe
de Lyon, le Edinburgh International Harp Festival, les Journées de la Harpe
d’Arles, le Festival Interceltique de Lorient ainsi que les Keltische Tage am
Bodensee. C'est une ouverture sur une diffusion internationale et donc une chance
de divulguer, faire connaître un instrument. Un interprète entre en contact avec un
public, c'est un échange, un partage et c'est aussi sans doute une condition qui
entre en jeu dans la permanence d'un instrument.
En 2009 pour la deuxième édition de ce concours, Jakez François a
souhaité lui donner une nouvelle dimension en intégrant au programme
l'interprétation d'une pièce spécialement composée pour le concours :
« de cordes et d'archets », une œuvre commandée au compositeur Pierick Houdy8.
________________________________
8
Photographie de Pierick Houdy extrait de la revue Résonnances N°28 octobre novembre
décembre 1993, annexe N°6 page 34.
12
La pièce est unique dans cette formation : quatuor à cordes et harpe
celtique. L'écriture pour la harpe celtique est diversifiée, à la fois mélodique,
harmonique et polyphonique dans une forme se rapprochant du concerto. Un
concours qui encourage la participation et la recherche de répertoire, une diffusion
musicale, la commande d'une pièce auprès d'un compositeur, une tournée de
concerts pour le premier prix, tout cela crée un espace important où cet instrument
qu'est la harpe celtique peut évoluer. Dans ce contexte qui est loin d'être le seul
exemple, on peut donc s'apercevoir que l'aspect sociologique entretient les
conditions d'existence d'un instrument: des interprètes pour jouer, un public pour
écouter, des partenaires pour diffuser, une dimension internationale.
2) La fonctionnalité de la musique
Il est intéressant de considérer la fonction de la musique. Cet aspect est lié
à la dimension sociologique. Selon les époques les cultures ou les modes de vie,
on distingue ainsi de la musique de recueillement ou de prière, de la musique de
danse, de la musique militaire, de la musique de salon, … etc. Bien souvent,
cette pratique musicale qui accompagne un moment de la vie des hommes est
attachée à la pratique d'un instrument. Si le recueillement se dirige plutôt vers
l'aspect religieux avec une littérature musicale, il va de soi que l'on va jouer et
rencontrer cette musique au cours d'une messe par exemple et entendre l'orgue.
On peut noter cependant un culte catholique pratiquant en diminution, et de moins
en mois souvent d'orgue dans les messes. Est-ce pour autant un signe de
disparition ? Les orgues demeurent car ils se détachent de leur fonction religieuse
pour entrer dans une fonction de distraction (concerts par exemple). Aussi, des
événements de la vie sociale favorisent une pratique musicale et donc une pratique
instrumentale. Il est normal cependant que ces pratiques évoluent comme la
société évolue elle-même. Certaines fonctions disparaissent (les chants de marins
par exemple pour accompagner les manœuvres sur les bateaux) laissant la place à
de nouvelles possibilités. Vers quelles nouvelles fonctions la musique va-elle se
diriger ? Il est peut-être encore trop tôt pour le définir à présent, car il y a un
aspect temporel indéniable, mais tant que la musique accompagnera la vie des
hommes, peu importe de quelle manière finalement, des instruments continueront
13
d'exister. Si certaines fonctions disparaissent ou se raréfient, il y a des chances
pour que les instruments qui les accompagnent disparaissent ou se raréfient
également. En ce sens, l'aspect sociologique entre en compte dans les conditions
d'existence ou de disparition des instruments.
IV- L'enseignement
Il y a de grandes chances qu'un instrument continue d'exister s'il est
enseigné. En effet, la transmission est garante d'une pratique musicale qui, certes
évoluera dans le temps, mais sera présente. La pédagogie évolue également mais
elle permet la transmission d'une technique instrumentale, d'un langage musical,
de répertoires, tous les savoirs et savoir-faire de générations en générations.
En ce qui concerne la harpe celtique, l'on rencontre plusieurs types
d'enseignements. Après l'engouement suscité dans les années 1970 toujours par
Alan Stivell, la harpe celtique va s'implanter dix ans après dans les écoles de
musique françaises d'abord comme instrument pour débutants, puis dans les
années 1990 comme instrument de premier et second cycles, et enfin plus
récemment comme instrument ayant un cursus complet jusqu'au DEM (Diplôme
de Études Musicales).
L'enseignement de Denise Mégevand (élève de Lily Laskine) harpiste sur
grande harpe, sera déterminant d'autant plus qu'elle écrit et harmonise un
répertoire spécifique, inspiré entre autres du Barzaz Breizh*. Elle sera le premier
professeur d'un ensemble qui permettra à de jeunes harpistes de se révéler
(Madeleine Buffando, Brigitte Géraud, Mariannig Larc'hantec, Kristen Noguès).
On peut parler d'une école à propos de cet ensemble, la Telenn Bleimor
directement issue, pour ce qui est du jeu et de la technique, de la grande tradition
classique française. Une certaine partie des artistes des nouvelles générations
entreprendront d'ailleurs de s'en affranchir dans les années 1980. On se rappelle
alors que les harpistes irlandais de l'ancien temps pinçaient les cordes avec leurs
ongles. On voit donc Katrien Delavier ou Violaine Mayor essayer de mettre au
point une technique permettant l'emploi des ongles autant dans leur jeu personnel
que dans leur enseignement. D'autres se sont tournés vers un apprentissage oral,
issu de la culture traditionnelle (Dominig Bouchaud à Quimper, Gwénola Ropartz
à Carhaix). Présente dans les conservatoires comme dans de nombreuses
14
structures associatives, la harpe celtique est largement aujourd'hui enseignée.
Notons que ceux qui la pratiquent peuvent désormais passer le diplôme d'État de
musique traditionnelle, institué depuis les années 1990 par le ministère de la
culture. La harpe à initié les compositeurs étrangers au monde breton et celtique
en général. On pense par exemple à Bernard Andrès, harpe solo de l'orchestre
philharmonique de Radio France, à qui l'on doit plusieurs recueils de petites
pièces pédagogiques et souvent jouées.
Jean-Marc Dia Succari, compositeur français d'origine syrienne s'est
intéressé à la harpe celtique dans des compositions comme Sur l'étang, L'arbre
aux oranges ou encore la chanson de Diana. Thérèse Brenet et Ton-That Tiet sont
de ceux grâce à qui l'instrument a vraisemblablement pu faire son entrée dans le
monde de la musique contemporaine.
La harpe celtique est donc aujourd'hui conjointement enseignée avec son
homologue la harpe à pédales. D'un point de vue pédagogique, elle reste en
équilibre entre un enseignement classique (musique savante, technique
instrumentale, répertoire écrit) et un enseignement issu des musiques
traditionnelles, se tournant davantage vers l'un ou l'autre ou se partageant à la fois
entre les deux. Ce qui semble certain, peu importe le type d'enseignement (oral,
écrit) ou la pédagogie, c'est que la transmission de savoirs et savoir-faire permet à
un instrument de poursuivre son existence. Pour enseigner, il est nécessaire de
travailler avec des élèves et pour trouver des élèves, il faut susciter la vocation.
D'où la nécessité de la diffusion. Logiquement, s'il n'y a plus d'enseignement il y
a des chances pour qu'un instrument commence à disparaître. Par ailleurs une
pratique simplement cantonnée à un seul enseignement ne suffit sans doute pas à
la pérennisation d'un instrument. Une diffusion, un partage de la musique va de
pair avec une pratique musicale.
V - Le langage musical
Lorsque des compositeurs s'intéressent à un instrument et proposent des
œuvres dans un langage musical marquant leur temps, un répertoire se forme et se
renouvelle, ce qui entre en compte parmi les facteurs conditionnant la permanence
d'un instrument. On citera par exemple Paganini qui en son temps a révolutionné
15
la pratique du violon, et ouvert la voie à son développement ou encore Berlioz qui
intégra la harpe à l'orchestre. Penchons nous sur une pièce contemporaine pour
harpe celtique : « Rumeurs » de Francis Miroglio afin de soulever la question du
langage musical dans les conditions de permanence d'un instrument.
1) Zoom sur une pièce: Rumeurs de Francis Miroglio
Francis Miroglio est un compositeur français né en 1924. Il termine ses
études au Conservatoire de Paris dans la classe de composition de Darius Milhaud
et suit les cours d'été de Darmstadt. Il obtient en 1960 le prix de composition de la
Fondation Gaudeamus et en 1961 le prix de composition de la Biennale de Paris.
Il pratique la musique élécto-acoustique au début des années 1960 qu'il abandonne
en 1973. Bien qu'il ne fut jamais un strict sérialiste, sa musique à tendance
postsérielle est orientée vers la forme ouverte et l'aléatoire qui reste toutefois
encadré. En collaboration avec des plasticiens comme Alexander Calder ou Joan
Miro, il élabore des œuvres intégrant des composantes sonores et visuelles.
Une attirance fondamentale pour la mobilité est la marque indélébile de son
travail musical.
En 1978, Francis Miroglio écrit «Rumeurs»9 pour harpe celtique à la
demande de Fabrice Pierre (dédicataire) pour le concours de l'école nationale de
musique de Créteil.
Cette œuvre est destinée à familiariser les élèves avec l'écriture
contemporaine.
Elle présente un traitement musical autour de lignes qui engendre une polyphonie,
avec quelques modes de jeu à cet effet: sons percussifs avec le doigt frappant la
table d'harmonie, entrechoquement des cordes, tremolando de la clé entre les
cordes, jeu près la table ou près des chevilles, cluster avec les paumes. Les traits
rapides sont écrits avec le graphisme habituel du compositeur. Un accord
spécifique de la harpe celtique est requis.
Le langage de cette pièce propose d'aborder des problématiques
intéressantes d'interprétation tant pour l'interprète instrumentiste que pour le
travail autour de l'instrument lui-même. Par exemple, la première harmonique
rend de façon explicite ce qui est contenu dans la première résonance :
____________________
9
Partition Rumeurs de Miroglio page1,2,3, annexe N°7 page 35, 36, 37
16
l'interruption brusque et instantanée de la rumeur, sa suspension, puis cela devient
une sorte de brisure, un mur contre lequel la rumeur se heurte. La pièce offre la
possibilité d'utiliser des chromatismes superposés (octaves diminuées annexe N°7
page 35, 1ère page de Rumeurs systèmes 5 et 6 main gauche) dans une échelle
modale plus élargie qu'avec la harpe à pédales. Le jeu près de la table (annexe N°7
page 36, 2ème page de Rumeurs, système 3) recherche une sonorité proche de celle
d'un luth ou d'une guitare tandis que le jeu près des chevilles offre une plus grande
résonance. Il y a là tout un travail de textures sonores à effectuer, une recherche de
timbre (superpositions, nuances). La forme nait de la transformation progressive
d'une idée thématique donnée dans son état le plus simple au début. Le
compositeur procède ici par des engendrements successifs. On ne parlera pas de
thème au sens strict, mais plutôt d'un principe musical dont la première
représentation est significative de ces caractères essentiels sans en être la
réduction ultime. La longue cellule en valeurs rapides et régulières crée par les
résonances, un halo harmonique. Cette cellule donne un sentiment de précision
par le jeu des valeurs régulières, teintée d'ambiguïté du fait des résonances.
L'interprète cherchera à rendre un climat d'étrangeté : des silences expressifs, des
dynamiques contrastées. Les groupes de notes s'enchaînent comme autant de
rumeurs qui se perturbent les unes les autres.
Ces quelques points succincts d'analyse laissent entrevoir la grande
richesse du travail d'interprétation lié au langage musical. La pièce propose
d'explorer la finesse de sonorité de la harpe celtique (par exemple le trémolo
annexe N° 7 page 37, 3ème page de Rumeurs) que l'on peut rapprocher ici avec la
harpe éolienne. Cet exemple de pièce contemporaine fait figure d'innovation et de
renouvellement pour la harpe celtique. Cet instrument finalement récent sous sa
forme actuelle, offre une palette sonore et des possibilités variées. Toutefois son
répertoire en musique savante dans une esthétique contemporaine est encore peu
développé. Cela laisse la place à l'émergence de nouvelles compositions tandis
que le répertoire de l'instrument se diversifie.
2) Des pratiques musicales liées au répertoire
D'une recherche sur le langage va découler la création d'œuvres, de pièces.
Pour la harpe celtique, il est vrai que le répertoire est encore assez peu développé.
Il est bien sûr intéressant de se pencher sur les dernières compositions, mais
17
également de travailler dans le domaine des musiques anciennes par exemple. Un
travail d'appropriation de répertoire, de transcriptions, d'arrangements, de
technique
instrumentale
spécifique
(ornementation,
prise
de
cordes,
improvisation, travail du timbre, du tempérament...) est une porte ouverte à la recréation. En effet, certaines questions se posent lorsque l'on transcrit pour harpe
celtique une pièce jouée à l'époque sur une harpe chromatique à triple rangées de
cordes (par exemple une suite espagnole, fantasia après Diego Ortiz, Tratado de
glosas, Rome 1553). Va-t-on essayer de se rapprocher du son et du timbre de ces
instruments anciens ou au contraire tenter de créer avec les instruments
d'aujourd'hui un son « nouveau » ? On peut penser qu'il est bon de considérer les
deux aspects : à la fois chercher un parallèle avec les instruments anciens mais
envisager également la modernité de ceux d'aujourd'hui et prendre en compte ce
qu'ils peuvent apporter dans ce travail. Adapter du répertoire ancien sur un
instrument d'aujourd'hui est-il intéressant, pourquoi ? Dans quel but : renouveler
le répertoire ou conserver et entretenir un répertoire ancien ? Adapter ce répertoire
avec quelles problématiques d'esthétique ?
Si différents éléments de réponses peuvent se trouver dans ces
questionnements, il est certain qu'une pratique musicale d' écritures et langages
divers, favorise la permanence d'un instrument. L'existence d'un instrument étant
liée à celle de sa pratique et de ses répertoires. Un instrument jouant un répertoire
unique aurait sans doute moins de chance de poursuivre son évolution. D'ailleurs,
la diversité de répertoires, d'esthétiques et d'époques multiplient les possibilités de
pratiques musicales et instrumentales. Que ce soit à travers des compositions, des
transcriptions, des arrangements, tous ces supports laissent la place à l'existence
d'un instrument. Plus la diversité est importante, plus l'instrument aura des
chances de poursuivre son évolution, et donc de durer.
Il en va de même pour l'approche des musiques traditionnelles. Cette
musique est avant tout fonctionnelle : un chant raconte une histoire, une danse
sert à faire danser, il faut donc respecter ses appuis, ses temps forts, son tempo, sa
durée... Cela demande au musicien qui joue de connaître les pas de la danse mais
aussi d'avoir une connaissance du contexte social et culturel dans lesquels s'est
élaborée cette musique. Cela interroge par ailleurs sur la question de trouver des
lieux et des moments adéquats pour jouer cette musique. Le bon musicien sera
celui qui saura trouver son répertoire, respecter le style de son aire culturelle tout
18
en ayant un jeu personnel. Dans le cas de la harpe, du fait que ni en Bretagne ni en
Irlande une pratique traditionnelle n'a pu se maintenir jusqu'à nous (alors que pour
la harpe classique une tradition française est reconnue dans le monde entier
existant depuis le XVIIIème siècle, de Mme de Genlis à Isabelle Moretti, en passant
par François Joseph Naderman, Henriette Renié ou encore Pierre Jamet) il faut
alors réinventer une façon de jouer, trouver une technique convaincante et efficace
pour ce répertoire.
VI - Le rapport entre tradition et création
C'est une réflexion qui interroge le sens même de l'instrumentarium.
Les instruments ne sont plus cantonnés uniquement à leur historique mais sont-ils
des voies pour la création ? Intéressons nous à cette question par l'exemple de la
harpe celtique présente à la fois en musique traditionnelle mais s'ouvrant
également vers de nouvelles possibilités de créations musicales.
1) La tradition
Lorsque l'on parle de musique traditionnelle bretonne, il faut distinguer
celle de la pratique d'aujourd'hui et celle d'une tradition passée. Elle n'est donc pas
semblable aujourd'hui à ce qu'elle était au début du siècle dernier, du fait d'un
changement de société et de modes de vie. La musique traditionnelle est pensée
comme un patrimoine propre à une région, à une communauté. Elle est
l'expression d'une population en lien avec un contexte sociologique. La musique
bretonne évoque une aire géographique10 partagée en deux grandes régions
linguistiques (la haute Bretagne où l'on parle le gallo, et la basse Bretagne où l'on
parle le breton). Par leur langue, ces deux régions de la Bretagne ont véhiculé des
traditions et des cultures différentes. On distingue dans la tradition musicale des
danses, des pratiques instrumentales et des chants propres à chaque terroir.
Certains éléments communs aux musiques traditionnelles sont identifiables, à
savoir :
- la transmission orale : les mélodies sont apprises d'oreille, par imprégnation et
mimétisme
___________________________
10
Ère géographique de la Bretagne, annexe N°8 page 38.
19
- la présence du chant qui est primordial et se trouve être la source d'inspiration de
la musique instrumentale
- des rythmes ou accents associés à des danses
- la primauté de la mélodie sur l'accompagnement
- l'importance de l'ornementation instrumentale qui cherche souvent à imiter le
chant
- la variation de la mélodie
- des musiques liées à des fonctions
La musique bretonne a connu tout au long du XXème siècle d'importantes
mutations. Son adaptation à la société moderne a permis d'élargir son espace de
diffusion. Suite à la première guerre mondiale, marquant une véritable rupture
dans le mode de vie paysan, elle a vécu un véritable renouveau dans la seconde
moitié du XXème siècle. Parmi les nouveautés on peut mentionner :
- l'apparition des bagadoù* en 1947
- l'intégration d'instruments nouveaux comme la harpe celtique, la cornemuse
écossaise, la guitare, des instruments amplifiés, des percussions
- la création de structures spécialisées (War'leur*, Dastum*, Kan ar bolb*, La
Bouèze*)
À cette époque, l'éclatement de l'ère géographique a fait qu'il y a eu
également un éclatement des repères. Appartenir à une culture forte, revendiquer
son appartenance ou s'approprier une culture est apparu comme essentiel.
Définir précisément le terme tradition, n'est pas simple. On peut dans un
premier temps se référer à la définition proposée par le dictionnaire. Le terme
traditionnel y est défini ainsi : « ce qui est fondé sur la tradition, d'un usage ancien et
familier et qui survient avec régularité. Il dérive de tradition, du latin traditio, action de
transmettre, livraison, transmission, enseignement »11.
La problématique d'une définition du mot tradition vient souvent de
l'opposition entre tradition et évolution. Cette distinction fait appel à toute une
série de contrastes entre le passé et le présent. Mais faut-il penser la tradition et le
changement comme antinomique ? La notion de tradition telle qu'elle est le plus
__________
11
Dictionnaire Le petit Robert, 2006.
20
fréquemment employée en ethnologie s'inscrit dans une représentation culturelle
du temps et de l'histoire. Cette notion fait appel à un ensemble de références dans
un contexte global, aussi bien culturel, social, historique, géographique, voire
politique. Pour Gérard Lenclud, ethnologue : « la tradition serait un fait de
permanence du passé dans le présent, une survivance à l'œuvre, le lègue encore vivant
d'une époque pourtant globalement révolue. Soit quelque chose d'ancien, supposé être
conservé au moins relativement inchangé et qui, pour certaines raisons et selon certaines
modalités feraient l'objet d'un transfert dans un contexte de neuf. La tradition serait de
l'ancien persistant dans du nouveau »12.
Pour identifier cette musique, le critère organologique n'est plus une
priorité comme elle était à une époque de l'ancienne société traditionnelle. Les
paramètres à prendre en compte se situent lors de l'interprétation. Ce sont les
codes de l'esthétique à connaître d'où découle la notion de styles qui fait que l'on
reconnaît une musique. La tradition fait partie d'un système de pensée, une
certaine continuité dans le temps. Cette continuité est le fait d'une transmission.
Les évolutions sont toujours possibles, et les conditions de pratique et d'écoute
sont susceptibles de se transformer. La tradition se change, se modèle au fur et à
mesure du temps et ouvre de nouveaux horizons vers la création.
Les arts traditionnels sont liés à leur milieu ambiant, ils évoluent avec lui.
Ils reflètent un moment donné la réalité d'une société dans son présent. N'est-ce
pas l'essence même de la tradition ? La démarche de respect de la tradition et
celle de la modernisation, notamment par des influences comme le métissage, ne
semblent-elles pas contradictoires ? L'influence est une action qu'une chose exerce
sur une autre chose. Tout individu et tout groupe vivent dans un environnement,
un milieu. L'environnement agit sur l'homme, sur sa façon de penser, de produire,
de réagir, de créer, de se projeter, de s'exprimer.
2) La création
« La création, c'est aller vers quelque chose qui n'existe pas encore. C'est une
nouvelle fabrication, conception, élaboration, invention »13.
______________________
12
Gérard Lenclud, article sur les notions de tradition et de société traditionnelle et ethnologie,
Terrain, revue d'ethnologie d'Europe N°9, Octobre 1987.
13
Dictionnaire Le petit Robert, 2006.
21
Un compositeur intègre le langage musical de son temps avant d'élaborer le sien.
On reprend ce qui nous entoure, ce qui était là avant, on ne réinvente pas tout.
C'est par ce jeu de re-production que les styles se mélangent. Dans le domaine de
la musique populaire, plus souvent de manière spontanée et approximative, les
emprunts s'entrecroisent jusqu'à perdre leurs messages et leurs formes d'origine au
profit d'une construction nouvelle. Les cultures évoluent constamment, procédant
par emprunt et invention. Aussi, dans cette évolution, la place d'un instrument de
musique est déterminante. L'histoire confirme l'idée que les différents langages
musicaux se transforment lorsque les cultures se côtoient. Aujourd'hui, les
métissages entre les différentes musiques se multiplient, les nouvelles
technologies occupent une place importante. Peu importe leur origine, les
instruments deviennent une nouvelle voie pour la création. D'ailleurs, on peut
penser que c'est un moyen favorisant la continuité de leur existence. En effet, si
l'on se dirige vers la création par un instrument ou pour un instrument par
exemple, cela propose un renouvellement et c'est donc une continuité d'existence.
3) Vers la création: flash sur Kristen Noguès
Kristen Noguès14 née à Versailles 1952 et décédée en 2007 est une figure
majeure illustrant bien le rapport de la tradition à la création. Harpiste et
chanteuse, elle participe dans les années 1970 à la vie culturelle bretonne. Après
avoir grandi, bercée par le rêve d'une Bretagne des arts à faire renaître, elle se
passionne pour l'instrument et ce répertoire qui reste à inventer.
Présente tant sur la scène bretonne que sur la scène internationale, Kristen
Noguès s'investit pour le renouveau, la sauvegarde et le modernisme du
patrimoine musical armoricain. Elle recevra l'enseignement de Denise Megevand
(elle faisait partie de la Telenn de Bleimor) avant de revenir en Bretagne, où elle
va s'initier au chant traditionnel (le Kan Ha Diskan* ou les Gwerzioù*). Elle
participe ainsi à l'expérience Névénoé dès 1973 et s’engage communautairement
________________________
14
Photographie de Kristen Noguès, extrait de la revue Musique Bretonne N°206 Janvier/Février
2008, annexe N°9 page 38.
22
dans une production et une diffusion de musique originale, contemporaine mais
reliée à ses racines. Cet espace de production artistique breton regroupe sous
l'impulsion de Gérard Delahaye et Patrick Ewen, un certain nombre de musiciens
séduits par l'idée du " vivre et travailler au pays " prôné par Névénoé. Ses
rencontres seront décisives dans son travail d'écriture, et vont l'inciter davantage à
s'engager dans une esthétique moderne, contemporaine et originale. A la même
époque, elle développe à la harpe celtique un jeu sensible et brillant, souvent
souligné par sa voix. Intéressée par la musique traditionnelle de Bretagne, elle ne
revendique pas moins sa passion pour Debussy, Ravel, Messiaen ainsi que pour
les grandes figures du jazz, influences qui seront marquantes dans ses
compositions. Elle reste imprégnée de son enseignement reçu par Denise
Mégevand, qui cherchait à créer une musique bretonne modale s'appuyant sur les
principes « harmonie bien tempérée ». De ce fait, elle a très tôt été en contact avec
ces interrogations sur les modes et la création musicale. Très vite, elle explore des
chemins nouveaux. En s'inspirant sans doute des open tuning que les guitaristes
utilisent de plus en plus, elle se met à tester de nouveaux modes d'accordage pour
la harpe celtique. Elle étend alors la tessiture de son instrument, utilise la totalité
des notes sans se contenter de l'accord de départ. Sur un instrument limité par les
modes, elle a su inventer un langage où se mêlent tradition bretonne, musique
contemporaine et jazz. Sa préoccupation du son est constante. « Elle cherche à le
sculpter, à obtenir un son sans l'attaque. Dans cet élan vers la création et une nouvelle
modernité, elle travaille beaucoup avec le luthier Joel Garnier à l’élaboration d’une
électroharpe (qui donnera naissance par la suite au modèle baby blue, harpe celtique
électro acoustique) qu’elle sera la première à jouer et à développer dans de nombreux
pays d’ Europe »15. Elle s’est produite avec des musiciens de jazz comme Henri
Texier, John Surman, Jacques Pellen, Peter Gritz, JF Jenny-Clark, et les chanteurs
bretons Denez Prigent, Yann-Fañch Kemener ou Melaine Favennec... « Elle
compose à partir d'improvisations ou organise sa musique selon des techniques
classiques. Son goût pour la simplicité harmonique lui permet de faire cohabiter sa
musique avec beaucoup d'autres styles musicaux »16. Écritures aux couleurs modales,
improvisations jazz, l'ensemble de son œuvre est un essai permanent, un pas vers
_______________________
15
Melaine Favenec, Musique Bretonne N°206, Janvier/Fevrier 2008.
Gérard Alle, livret du disque Kristen Noguès Logodennig 1952/2007, L'Autre Distribution
innacor 20078 INNA 20807.
16
23
la création, un affranchissement de la musique traditionnelle, tout en ayant
certaines influences. Par son parcours, ses engagements, ses recherches, ses
compositions, ses pratiques, ses démarches, elle a sans cesse exploré de nouvelles
pistes, utilisant ainsi un instrument encore nouveau qu'est la harpe celtique. Elle
illustre très bien l'équilibre entre la tradition et la création. On peut penser qu'une
démarche artistique de création entre dans les conditions de permanence d'un
instrument. En effet, autant de pratiques diversifiées, de recherches, d'événements,
sont propres à l'utilisation d'un instrument et donc à son existence.
VII – L'adaptation
Il apparaît que certains instruments disparaissent tandis que d'autres
continuent d'exister. Ce qui conditionne la permanence d'un instrument est
complexe à définir précisément car cela est lié à l'homme, ses pratiques, sa
sociologie, mais également au progrès rencontré au fil du temps, à la modernité.
Différentes questions se posent. Des problèmes liés à l'acoustique, la
fonctionnalité d'une musique liée au répertoire, parfois des complications
techniques organologiques qui donnent des instruments trop difficiles à jouer
peuvent laisser à penser qu'un instrument disparaîtra progressivement. Néanmoins
et paradoxalement, des recherches dans le domaine de l'acoustique, de nouvelles
fonctionnalités de la musique liée aux sociétés actuelles et des propositions
organologiques permettant d'améliorer ou de produire de nouveaux instruments
peuvent également favoriser l'évolution et la continuité de l'existence d'un
instrument.
La question se pose également pour les instruments anciens. De quelle
nature est leur existence aujourd'hui et vers quel avenir se dirigent-ils ? On
rencontre parfois un état d'esprit conservateur: on entretient et transmet une
tradition, un langage, un répertoire une technique. Dans quel but et pour combien
de temps ? Il y a sans doute un équilibre à chercher entre la transmission de
« l'ancien » et ce que l'on en fait aujourd'hui. D'une manière, les instruments de
musique sont vivants par l'usage que l'on en fait, les pratiques au cours desquelles
on les utilise. Ils sont à la fois outils mais aussi moyens, supports d'expression.
Qu'est-ce qui est le plus important : l'instrument lui-même ou l'utilisation que
l'homme va en faire ? Si l'homme continue de s'exprimer par le biais d'un
24
instrument (qui est le médiateur entre la musique et l'homme) c'est une condition
de pérennisation pour l'instrument. On assiste pourtant désormais à des pratiques
musicales autour des nouvelles technologies. Parfois l'ordinateur ou la machine se
substituent aux instrument. À l'heure des métissages divers et variés (mélange
entre instruments acoustiques et musique assistée par ordinateur par exemple) estce un signe d'une disparition future?
Il est intéressant de constater, selon la théorie de l'évolution de Darwin,
que si l'homme est encore en vie aujourd'hui c'est qu'il a su s'adapter à son
environnement, son temps. On peut pousser la comparaison avec les instruments
de musique. Même si l'homme en détient leurs conditions de permanence par ses
actions, il est certain que l'instrument qui saura s'adapter à son environnement,
son contexte, son époque aura davantage de chances de traverser le temps.
S'adapter peut prendre plusieurs formes: évoluer, se transformer, muter.
Le fait que la musique et les instruments aient une fonction sociale
suffisamment importante pour que ce qui les concerne soit noté et conservé les a
fait entrer dans l'histoire et quitter leur préhistoire, rendant leur permanence
relative indiscutable. Le fait d'envisager leur disparition reviendrait à envisager
une perte absolue de l'être humain pour la musique et pour sa propre histoire, le
conduisant donc à son élimination car l'évolution a besoin de mémoire. Ce serait
le cas avec la harpe celtique et son identité celte, revendiquer son autonomie face
à cette identité reviendrait-il à la mettre en péril ?
25
Conclusion
Il apparaît clairement qu'il n'y a pas un seul facteur entrant en jeu dans les
conditions de permanence d'un instrument de musique.
En effet, il s'agit davantage d'un ensemble de facteurs liés à un contexte:
− un historique important et étalé dans le temps
−
une évolution organologique qui perfectionne l'instrument au fur et à
mesure des progrès techniques et technologiques
− une dimension sociologique inhérente à une pratique musicale et
instrumentale
− l'apprentissage de l'instrument par transmission au sein d'un enseignement
− l'apport d'un langage musical, la recherche musicale (composition,
création)
L'ensemble de ces facteurs semble entrer en considération dans ce
questionnement : qu'est-ce qui fait qu'un instrument continue d'exister dans le
temps ? La capacité de survivance de toute chose dépend de sa capacité
d'adaptation dans l'univers où il évolue. Il semble que le destin d'un instrument ne
se cantonne pas seulement à son histoire et sa géographie originelles, trouvant des
applications en de nombreux styles musicaux et pratiques diversifiées, comme si
l'instrument, indépendamment du mouvement de pensée qu'il avait fait naître,
s'engageait sur sa propre voie.
Ce qui est permanent est ce qui dure sans discontinuité ni changer.
L'histoire ne peut toutefois pas aller contre l'évolutionnisme. Le foisonnement de
toutes les connaissances accumulées autour des instruments (notations, planches
de lutherie, photographies, disques...) les rendent indestructibles à l'échelle de
l'histoire. Lorsque Jord Cochevelou veut « ressusciter » la harpe celtique, il pioche
dans les anciens ouvrages, se référant à des modèles anciens. Un instrument
pourra être délaissé pendant plusieurs générations, les traces sont tellement
importantes qu'il pourra renaître de ses cendres dans une réalité autre mais avec la
garantie de son intégrité.
26
Bibliographie
Ouvrages :
AUBERT Laurent, la musique de l'autre, Ateliers d'ethnomusicologie, Paris, 2001
BECKER Roland - LE GURUN Laure, la musique bretonne,
Coop Breizh,
Spézet, 1996.
BOURS Etienne, le sens du son, musiques traditionnelles et expression populaire,
Fayard, Millau, 2007
DELYN Christine, Clàirseach, la harpe irlandaise: aux origines de la harpe
celtique, édition Hent Telenn Breizh, 1998
DUFOUR Éric, Qu'est-ce que la musique ?, chemins philosophiques, 2005
GLATTAUER Annie, Dictionnaire du répertoire de la harpe , CNRS édition
GLATTAUER Annie, À l'origine de la harpe, Buchet/ Chastel, Pierre Zech, Paris,
1999
LE DENTU Odette, À propos de ...la harpe, Gérard Billaudot, 1984
TOURNIER Marcel, La harpe, Henry Lemoine & Cie Éditeurs, 1958
Revues :
AR MEN N° 162, Janvier/Février 2008, Article : les harpes Camac par Armel
Morgant
AR MEN, N° 140, Mai/Juin 2004, Article : Harpe et Bretagne par Armel Morgant
HARPSEASONS, hors série, Camac Harps
MUSIQUE BRETONNE N° 206, Janvier/Février 2008, Article : par Kristen
Noguès, p 22
TERRAIN, revue d'ethnologie d'Europe N°9 octobre 1987, Article : les notions
de tradition et de société traditionnelle en ethnologie par Gérard Lenclud
Discographie :
Disque Telenn, l'anthologie de la harpe celtique volume 1, CD 951, Coop Breizh,
2004
Disque Telenn, l'anthologie de la harpe celtique volume 2, CD 976, Coop Breizh,
2008
Logodennig 1952/2007 – INNA 20807, Kristen Noguès, L'Autre Distribution
innacor, 2008
27
The Harp of Ludovico, CDA66518, Andrew Lawrence-King baroque harpes,
Hyperion, 1991
Sites internet :
http://www.celticsons.com/artistes/biographies/nogues.htm
http://www.durand-salabert-eschig.com/formcat/catalogues/miroglio_francis.pdf
28
Lexique
* Bagadoù : Pluriel de bagad, ensemble de musique comprenant trois pupitres: bombarde, caisse claire, cornemuses.
* Barzaz Breizh : Recueil de chants traditionnels dans la partie bretonnante de laBretagne au XIXème siècle.
*Cochevelou Jord: (Jord Cochevelou, Jorj Cochevelou)(1889-1974), Traducteur,
et, dans ses loisirs, musicien et (son violon d'ingres) luthier breton. Il est le père
d'Alan Stivell et responsable (avec son fils) de la renaissance de la harpe celtique
en Bretagne dans les années 1950.
* Dastum : Signifie recueillir en breton, Dastum est une association qui s’est donnée pour
mission le collectage, la sauvegarde et la diffusion du patrimoine oral de l’ensemble de la
Bretagne.
*Galbrun Erwanez : Personnage qui à publié des ouvrages en lien avec la danse bretonne.
*Gwerzioù : Type de chant qui vient de la gwerz , mot breton du pluriel : gwerzioù signifiant « ballade », « complainte ») est un chant racontant une histoire, depuis l'anecdote jusqu'à l'épopée historique ou mythologique. Les gwerzioù illustrent des histoires majoritairement tragiques ou tristes.
* Kan Ha Diskan : Chant et déchant
*Kan ar bobl : Chant du peuple.
*La Bouèze : L'Association La Bouèze recueille, transmet, développe et assure la
promotion du patrimoine oral traditionnel de Haute-Bretagne. Elle propose diverses activités : musique, chant, danse, conte... http://www.laboueze.com
*War'l Leur : War'l leur (war al leur signifie «sur le sol») est une confédération pour la
danse bretonne.
29
Annexes
Annexe N°1 :
Harpe « Brian Boru », Trinity College Library Printed by
Jonh Hinde Ltd., Cabinteely, Dublin 18, Ireland
30
Annexe N°2 :
Harpe simple mouvement extrait du livre La harpe de
Marcel Tournier éditions Henry Lemoine
31
Annexe N°3 :
Harpe double mouvement extrait du livre La harpe de
Marcel Tournier éditions Henry Lemoine
32
Annexe N°4 :
Harpe chromatique extrait du livre La harpe de Marcel
Tournier éditions Henry Lemoine
33
Annexe N°5 :
Stivell et la harpe en plexiglas extrait de la revue Ar Men
mai juin 2004 p 15 N°140
Annexe N°6 : Photographie de Pierick Houdy extrait de la revue Résonnaces
N°28 octobre novembre décembre 1993
34
Annexe N° 7 :
35
Partition Rumeurs de Miroglio page 1,2,3
36
37
Annexe N°8 :
Carte de Breatgne (www.kervaker.org)
Annexe N°9 : Photographie de Kristen Noguès, extrait de la revue Musique
Bretonne N°206 Janvier/Février 2008
38
Téléchargement