de demain ? »
Il estime que « l’être humain est sans doute la ressource ultime », et sans pousser spécifiquement pour
une démographie plus forte, il considère que « plus la population augmente, plus il y a de probabilité de
voir apparaître des cerveaux exceptionnels qui peuvent régler et gérer de manière imaginative les
problèmes que posent l’essor de la population » [7].
A travers son analyse, il reprends une série d’idées de l’économiste Julian Simon et du courant de
pensée cornucopien , caractérisé par une confiance absolue dans l’innovation technologique :
« Bien qu’elles puissent apparaître limitées physiquement, les ressources doivent être considérées
économiquement infinies car les ressources anciennes sont recyclées et de nouvelles alternatives sont
développées par le marché. A la différence des idées malthusiennes qui font apparaître la croissance de la
population comme un frein de la croissance, Julian Simon insiste sur le fait que la croissance de la
population est une solution à la rareté des ressources car les gens innovent. » [8]
Présentant la croissance comme un devoir moral pour sortir le Tiers-Monde de la misère, Corentin de
Salle se base également sur la pensée de l’économiste Friedrich Hayek : « Nous devons défendre le
capitalisme, non pas parce que nous l’aimons, mais parce que l’avenir de l’humanité en dépend
».
Au-delà du débat politique légitime sur la manière de gérer la cité, une faille de ce courant de pensée
réside dans le déni, par certains de ses tenants, de certaines réalités physiques (remise en cause de la
réalité du changement climatique ou de son caractère anthropique, notamment). Voir notre analyse : Le
libéralisme, future victime du climat ?
« Leur écologie et la nôtre »
Une vision très différente est défendue par André Gorz , auteur de « Leur écologie et la nôtre ».
Pour lui, si le capitalisme en tant que tel peut intégrer les contraintes environnementales, cela
ne se fera qu’au travers d’une société de plus en plus inégalitaire. Il écrivait en 1974 [9] :
« La prise en compte des exigences écologiques conserve beaucoup d’adversaires dans le patronat. Mais
elle a déjà assez de partisans patronaux et capitalistes pour que son acceptation par les puissances
d’argent devienne une probabilité sérieuse.
Alors mieux vaut, dés à présent, ne pas jouer à cache-cache : la lutte écologique n’est pas une fin en soi,
c’est une étape. Elle peut créer des difficultés au capitalisme et l’obliger à changer ; mais quand, après
avoir longtemps résisté par la force et la ruse, il cédera finalement parce que l’impasse écologique sera
devenue inéluctable, il intégrera cette contrainte comme il a intégré toutes les autres.
C’est pourquoi il faut d’emblée poser la question franchement : que voulons-nous ? Un capitalisme qui
s’accommode des contraintes écologiques ou une révolution économique, sociale et culturelle qui abolit
les contraintes du capitalisme et, par là même, instaure un nouveau rapport des hommes à la collectivité,
à leur environnement et à la nature ? Réforme ou révolution ? »
« Il vaut mieux essayer de prévoir comment le capitalisme sera affecté et changé par les contraintes
écologiques, que de croire que celles-ci provoqueront sa disparition, sans plus. »
« La prise en compte des exigences écologiques aura finalement cette conséquence : les prix tendront à
augmenter plus vite que les salaires réels, le pouvoir d’achat populaire sera donc comprimé et tout se
passera comme si le coût de la dépollution était prélevé sur les ressources dont disposent les gens pour
acheter des marchandises. La production de celles-ci tendra donc à stagner ou à baisser ; les tendances à
la récession ou à la crise s’en trouveront aggravées. Et ce recul de la croissance et de la production qui,
dans un autre système, aurait pu être un bien (moins de voitures, moins de bruit, plus d’air, des journées
de travail plus courtes, etc.), aura des effets entièrement négatifs : les productions polluantes deviendront