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Les Cahiers de l’Audition - n°5/2010
Les Cahiers de l’Audition Instructions aux auteurs Editorial
Sommaire
N°5/2010
C omme le souligne l’une des deux parties du dossier présenté dans ce numéro, la surdité a
un impact fort sur le traitement central de l’information sonore. Les études sur la plasticité
cérébrale ont montré que la correction d’une surdité a aussi un impact fort, c’est pourquoi
nous sommes tous concernés par la quantification de cet impact. Se posent alors à nous deux
questions complexes sur lesquelles ce numéro tente de faire le point en décrivant l’état de l’art
dans deux domaines de recherche hautement compétitifs.
Premièrement, comment mesurer l’impact d’une surdité sur le traitement central, autrement que
par des mesures psychophysiques complexes, délicates à mettre au point et très coûteuses en
temps ? Deuxième question, selon le type de surdité et son impact sur le codage de l’information
auditive, l’impact de la surdité est-il le même ? On a longtemps dû se contenter d’un bilan pré
appareillage pauvre en données physiopathologiques fines et la réponse était qu’à surdité égale
(mais en fait, seulement à audiogramme tonal égal !), l’impact pouvait être largement différent.
D’où la difficulté rencontrée face à certains patients aux résultats initiaux décevants : comment
les motiver à persévérer ?
Ce sont Arnaud Coez, bien connu des lecteurs des cahiers, et Fan-Gang Zeng, conférencier invité
au dernier congrès de l’UNSAF, qui ont rédigé les deux parties de ce dossier.
L’imagerie fonctionnelle cérébrale, et en particulier la tomographie par émission de positons décrite
ici, donne désormais accès au traitement central des paramètres psychoacoustiques qui vont du
basique, intensité, fréquence, durée ou temps d’attaque au complexe, par exemple le timbre ou
le fait qu’un son soit une voix humaine. Arnaud Coez, qui lui-même collabore étroitement avec
les équipes de Monica Zilbovicius et d’Olivier Sterkers, nous propose une revue de la littérature
récente qui, à partir de protocoles subtils rendus nécessaires par la technique de mesure de débit
sanguin cérébral, établit comment l’appareillage conventionnel ou implanté influence le traitement
central.
Dans la deuxième partie, Fan Gang Zeng, dont les travaux récents sur les neuropathies auditives
ont été très remarqués, nous montre comment les tests audiologiques subjectifs et objectifs
combinés permettent s’ils sont suffisamment approfondis, de faire émerger des profils différents
de surdités, avec des conséquences bien différentes sur le codage des messages dans les voies
nerveuses auditives. Ces tests sont loin d’être basiques, certains faisant appel à des protocoles
complexes validés seulement récemment, mais leur mise en œuvre n’est pas déraisonnablement
longue et ils ont le mérite de permettre d’anticiper un certain nombre de problèmes auxquels le
patient appareillé devra faire face, et à ses côtés, l’audioprothésiste !
« Pas encore tout à fait » intégrées à la routine, mais déjà très performantes et avec une puissance
explicative impressionnante, ces approches nous font déjà envisager l’audiologie des années
2020, où l’empirisme aura cédé sa place à des évaluations objectives. Pour le plus grand bien des
patients et donc, des professionnels qui s’en occupent.
Paul Avan
Paul Avan - Rédacteur en Chef