Ce sont nos mystères car il les a vécu pour nous. C’est le motif de sa venue : propter nos et propter
nostram salutem, pour nous et pour notre salut (Credo), pour nous sauver, nous racheter et nous
donner la vie (Jean 10, 10). Sans cet amour qui le pousse à livrer sa vie on ne peut comprendre le
sens de sa vie et de sa mission : Il « m’a aimé et s’est livré pour moi » (Gal 2, 20). « Il n’y a pas de
plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ! » (Jean 15, 9) Le Cœur de Jésus bat
pour son Père et pour chacun d’entre nous. Les mystères du Christ nous appartiennent aussi parce
qu’en eux il se montre notre modèle et notre exemple
. Il n’y a pas pour d’autre forme de sainteté
que celle que nous a montrée le Christ ; la mesure de notre perfection est fixée par notre degré
d’imitation de Jésus. Aller à lui, c’est se mettre à son école, car de lui il y a tout à apprendre :
« Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur. » (Mt 11, 29) Enfin, dans ses mystères, le
Christ ne fait qu’un avec nous. Le Père nous a vus avec son Fils dans chacun des mystères vécus
par lui. Il est notre Tête, nous sommes son Corps ; Il est la vigne, nous sommes les sarments ;
« Tout ce que le Christ a vécu, il fait que nous puissions le vivre en Lui et qu’il le vive en nous.
" Par son Incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme " (GS 22, §
2). Nous sommes appelés à ne faire plus qu’un avec lui ; ce qu’il a vécu dans sa chair pour nous et
comme notre modèle, il nous y fait communier comme les membres de son Corps
. » (CEC 521)
Finalement, les « mystères de la vie du Christ sont les fondements de ce que, désormais, par
les ministres de son Église, le Christ dispense dans les sacrements, car " ce qui était visible en notre
Sauveur est passé dans ses mystères " (S. Léon le Grand, Serm. 74, 2 : PL 54, 398A). » (CEC 1115)
Dans tous les sacrements, c’est le Christ lui-même qui agit et célèbre. On se souvient des sermons
de saint Augustin rappelant que dans le baptême, à travers le prêtre, c’est le Christ qui baptise. Il en
va de même dans l’Eucharistie et tous les autres sacrements. La présence du prêtre garantit que,
dans les sacrements, c’est bien le Christ qui agit par l’Esprit Saint pour l’Église : « le ministre
ordonné est le lien sacramentel qui relie l’action liturgique à ce qu’ont dit et fait les Apôtres, et, par
eux, à ce qu’a dit et fait le Christ, source et fondement des sacrements. » (CEC 1120)
On retrouve dans chaque sacrement un signe extérieur, visible, porteur d’une réalité cachée,
instrument de la grâce de Jésus. La liturgie de l’Eglise, et particulièrement celle de la Semaine
Sainte, a cette vocation de nous aider, à travers la médiation de nos sens, à entrer intérieurement
dans le Mystère célébré. En s'appuyant notamment sur la faculté visuelle (Il est important de prier
sur de la beauté. Benoît XVI relie actuosa participatio et ars celebrandi) elle nous invite à passer
du rite au mystère. Les sacrements parlent à « tout l’homme » : il faut écouter la parole qui
accompagne toujours le signe, il faut regarder, il faut toucher et même sentir.
Les sacrements de l’Eglise. Sacrements du Christ, les sacrements sont aussi ceux « de
l’Eglise » (CEC 1117-1121). Ceci est bien illustré dans la guérison du paralytique : il ne lui aurait
pas été possible d’accéder à Jésus sans l’aide de ceux qui l’avaient porté jusqu’à sa maison, sans
leur persévérance et leurs efforts. Ils représentent auprès de ce frère malade l’Eglise : La vie
chrétienne ne peut jamais être purement individuelle. Nous recevons ce trésor des mains de l’Eglise
qui nous le transmet. Ayant elle-même une structure sacramentelle, dotée d’un élément humain et
« Je vous ai créés à mon image et à ma ressemblance ; bien plus, en prenant votre nature, je me suis fait
semblable à vous. En conséquence, je ne cesse plus de travailler à vous rendre semblable à moi, autant que vous
en êtes capables, et je m’efforce de renouveler en vos âmes, alors qu’elles marchent vers le ciel, tout ce qui s’est
passé dans mon corps. » (Jésus à sainte Catherine de Sienne, Vie par Raymond de Capoue, I, ch 2)
« Nous devons continuer et accomplir en nous les états et mystères de Jésus, et le prier souvent qu’il les consomme et
accomplisse en nous et en toute son Église (...). Car le Fils de Dieu a dessein de mettre une participation, et de faire
comme une extension et continuation de ses mystères en nous et en toute son Église, par les grâces qu’il veut nous
communiquer, et par les effets qu’il veut opérer en nous par ces mystères. Et par ce moyen il veut les accomplir en
nous » (S. Jean Eudes, Le royaume de Jésus, 3, 4 : Oeuvres complètes, v. 1 [Vannes 1905] p. 310-311).