Comme il nous a été rappelé dans l`introduction

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Retraite diocésaine post-pascale
1-7 avril 2013
Les sacrements en général
Comme il nous a été rappelé dans l’introduction, cette retraite reprend la tradition des
catéchèses mystagogiques faites aux néophytes la semaine suivant la célébration de Pâques. Voilà
que nous recherchons à entrer plus avant dans le Mystère que nous avons célébré ensemble. C’est à
un vrai redéploiement de la grâce baptismale que nous sommes invités. Dimanche prochain,
dimanche dit de Quasimodo, comme des enfants nouveaux-nés, la joie des tout nouveaux baptisés
sera encore la nôtre. Dans une catéchèse du mercredi, le Pape Benoît XVI parlait de la catéchèse
mystagogique comme « le sommet de l'instruction que saint Cyrille de Jerusalem dispensait non
plus aux catéchumènes, mais aux nouveaux baptisés ou néophytes au cours de la semaine pascale
Celle-ci les introduisait à découvrir, sous les rites baptismaux de la Veillée pascale, les mystères qui
y étaient contenus et qui n'étaient pas encore révélés. Illuminés par la lumière d'une foi plus
profonde en vertu du Baptême, les néophytes étaient finalement en mesure de mieux les
comprendre, ayant désormais célébré leurs rites. » (27 juin 2007)
Cette expression a été remise en valeur par le Pape dans son exhortation apostolique
Sacramentum Caritatis (64), à propos de la participation des fidèles à la liturgie et en particulier à la
célébration eucharistique : « active, pleine et fructueuse » (Sacrosanctum Concilium, 14-20).
L’enjeu étant la promotion d’une éducation de la foi eucharistique qui dispose les fidèles à vivre
personnellement ce qu'ils célèbrent. Le pape proposait de réaliser cette formation à travers une
catéchèse à caractère mystagogique, qui pousse les fidèles à entrer toujours mieux dans les
mystères qui sont célébrés. La meilleure catéchèse sur l'Eucharistie est l'Eucharistie elle-même
bien célébrée. De par sa nature, la liturgie a son efficacité pédagogique propre pour introduire les
fidèles à la connaissance du mystère célébré. Ce qui est vrai de la Sainte Messe l’est aussi pour les
autres sacrements ; c’est pourquoi cette semaine de retraite veut nous aider à nous replonger dans la
célébration du Mystère du Christ à partir de ces signes institués par lui pour expérimenter sa
présence et recevoir sa grâce : les sacrements.
Revenons au mot : sur le plan étymologique, mystagogie est composé de deux mots grecs
dont l’un signifie le mystère (Mystères étant le mot ancien qui désignait les sacrements) et l’autre
indique le mouvement d’entrée. Celui qui fait de la mystagogie conduit vers le mystère celui qui est
initié (et qui a reçu un sacrement). La mystagogie désigne l’étape ultime de l’Initiation
chrétienne des adultes. Elle fait donc partie de cette Initiation à part entière. C’est dire que les
sacrements de l’Initiation chrétienne ne sont pas le point d’arrivée du temps du catéchuménat, mais
qu’il faut aussi les considérer comme départ d’un temps nouveau, comme source. Toute la vie
chrétienne aura ensuite cette dimension qui consiste à considérer les sacrements comme des points
d’ancrage et comme des sources. Ce temps est donc situé après la célébration de ces trois
sacrements : cette semaine !
Dans son exhortation sur l’Eucharistie (Sacramentum caritatis n°64), le Pape Benoit XVI
donne trois éléments d’appui pour la mystagogie : Il s’agit d’abord de l’interprétation des rites à la
lumière des événements salvifiques, conformément à la Tradition vivante de l’Église. La catéchèse
mystagogique doit aussi se préoccuper d’introduire au sens des signes contenus dans les rites. Plutôt
que d’informer, elle doit réveiller et éduquer la sensibilité des fidèles au langage des signes et des
gestes qui, associés à la parole, constituent le rite. Enfin, la catéchèse mystagogique doit se
préoccuper de montrer la signification des rites en relation avec la vie chrétienne dans toutes ses
dimensions. Il s’agit pour nous d’évoquer les célébrations et les rites (gestes, symboles, objets) qui
nous ont parlé la semaine dernière, en particulier les sacrements de l’Initiation. Nous devrons voir
comment nous les avons vécus et dégager, à partir de notre expérience et de la foi chrétienne, la
signification des gestes et symboles vécus. Chemin d’entrée dans le Mystère à travers les mystères,
la mystagogie est un chemin de vie !
a) Textes bibliques
(Luc 5, 17-26) Et il advint, un jour qu'il était en train d'enseigner, qu'il y avait, assis, des
Pharisiens et des docteurs de la Loi venus de tous les villages de Galilée, de Judée, et de Jérusalem ;
et la puissance du Seigneur lui faisait opérer des guérisons. Et voici des gens portant sur un lit un
homme qui était paralysé, et ils cherchaient à l'introduire et à le placer devant lui. Et comme ils ne
savaient par où l'introduire à cause de la foule, ils montèrent sur le toit et, à travers les tuiles, ils le
descendirent avec sa civière, au milieu, devant Jésus. Voyant leur foi, il dit : " Homme, tes péchés
te sont remis. " Les scribes et les Pharisiens se mirent à penser : " Qui est-il celui-là, qui profère des
blasphèmes ? Qui peut remettre les péchés, sinon Dieu seul ? " Mais, percevant leurs pensées, Jésus
prit la parole et leur dit : " Pourquoi ces pensées dans vos cœurs ? Quel est le plus facile, de dire :
Tes péchés te sont remis, ou de dire : Lève-toi et marche ? Eh bien ! pour que vous sachiez que le
Fils de l'homme a le pouvoir sur la terre de remettre les péchés, je te l'ordonne, dit-il au paralysé,
lève-toi et, prenant ta civière, va chez toi. " Et, à l'instant même, se levant devant eux, et prenant ce
sur quoi il gisait, il s'en alla chez lui en glorifiant Dieu. Tous furent alors saisis de stupeur et ils
glorifiaient Dieu. Ils furent remplis de crainte et ils disaient : " Nous avons vu d'étranges choses
aujourd'hui ! "
(Luc 8, 43-48) Or, une femme qui avait des pertes de sang depuis douze ans, et que personne
n'avait pu guérir, s'approcha par derrière et toucha la frange de son vêtement. A l'instant même, sa
perte de sang s'arrêta. Mais Jésus dit : « Qui est-ce qui m'a touché ? » Comme tous s'en défendaient,
Pierre lui dit : « Maître, la foule t'écrase de tous côtés. » Mais Jésus reprit : « Quelqu'un m'a touché.
Car je me suis rendu compte qu'une force était sortie de moi. » La femme, se voyant découverte,
vint, toute tremblante, se jeter à ses pieds ; elle raconta devant tout le peuple pourquoi elle l'avait
touché, et comment elle avait été guérie à l'instant même. Jésus lui dit : « Ma fille, ta foi t'a sauvée.
Va en paix. »
b) Commentaire théologique et spirituel
Nous avons une belle illustration de toute l’économie sacramentelle à travers ces deux
passages. Tout d’abord, c’est par le moyen de la Sainte Humanité de Jésus qu’advient notre Salut.
La chair est le pivot du Salut (Tertullien). Le Mystère de l’Incarnation, c’est précisément Dieu, la
deuxième personne de la Sainte Trinité, qui prend chair de la Vierge Marie, assumant toute notre
humanité en toutes choses, excepté le péché. Dieu se fait homme, s’incarne, se rend visible, épouse
véritablement notre condition d’homme. C’est ce que nous avons célébré à Noël : les noces du Ciel
et de la terre, l’admirable échange entre l’humanité et la divinité. O admirable échange ! Le
créateur du genre humain, assumant un corps et une âme, a daigné naître d’une vierge et, devenu
homme sans l’intervention de l’homme, Il nous a fait don de sa divinité (LH, antienne de l’Octave
de Noël).
Qui m’a vu a vu le Père ! (Jean 14, 9) Nous ne devrions pas finir de méditer et de nous
émerveiller en pensant à cette affirmation de Jésus, radicale nouveauté où Dieu est visible,
accessible, l’Emmanuel. Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que
nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de
vie ;- car la Vie s'est manifestée : nous l'avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous
annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue - ce que nous
avons vu et entendu, nous vous l'annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous.
Quant à notre communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ. Tout ceci, nous vous
l'écrivons pour que notre joie soit complète. (1 Jean 1, 1-4) Un Dieu que l’on peut voir, entendre et
toucher… un Dieu « à portée de main » !
C’est clairement à cette force qui sort de Jésus que fait référence l’Eglise pour parler des
sacrements : « Forces qui sortent du Corps du Christ (cf. Lc 5, 17 ; 6, 19 ; 8, 46), toujours vivant et
vivifiant, actions de l’Esprit Saint à l’œuvre dans son Corps qui est l’Église, les sacrements sont "les
chefs-d’œuvre de Dieu" dans la nouvelle et éternelle Alliance. » (CEC 1116) Les mystères de
l’Incarnation et la Rédemption sont la clé de la vie et de la mission de Jésus, même si en vérité, ce
sont toutes les paroles et actions de Jésus qui nous sauvent ; celles-ci sont à accueillir et à
comprendre à la lumière de Noël et de Pâques. Les événements de la vie de Jésus sont
habituellement appelés les mystères. Nous y sommes habitués à propos du chapelet, où l’Eglise
nous invite à méditer avec les yeux de Marie les Mystères Joyeux, Lumineux, Douloureux et
Glorieux de la vie de son Fils. Il faudrait passer du temps sur ce thème. Le Catéchisme aborde
d’une façon lumineuse les Mystères du Christ, dans sa 1° Partie, c’est-à-dire le Commentaire du
Credo.
Le Mystère du Christ. On doit comprendre que Jésus est le premier Sacrement, le
sacrement du Père en quelques sortes, sa vie divine, sa grâce nous étant communiquée par sa Sainte
Humanité1. « Nul n'a jamais vu Dieu; le Fils unique, qui est tourné vers le sein du Père, lui, l'a fait
connaître. » (Jean 1, 18) On le voit bien dans l’Evangile, où l’on cherche sans cesse à le toucher,
parce qu’une force sortait de lui (Luc 6, 19), émanant de sa personne. On place les malades sur son
passage pour qu’ils guérissent à son contact, ne serait-ce qu’en touchant le bord de son vêtement
(Mc 6, 56) « A travers ses gestes, ses miracles, ses paroles, il a été révélé qu’" en Lui habite
corporellement toute la plénitude de la divinité " (Col 2, 9). Son humanité apparaît ainsi comme le
" sacrement ", c’est-à-dire le signe et l’instrument de sa divinité et du salut qu’il apporte : ce qu’il y
avait de visible dans sa vie terrestre conduisit au mystère invisible de sa filiation divine et de sa
mission rédemptrice. » (CEC 515). Les nn° 516 à 518 parlent des traits communs aux mystères de
Jésus : toute sa vie est Révélation du Père (ses paroles et ses actes, sa manière d’être et de parler et
même ses silences, ses souffrances…) ; toute sa vie est mystère de Rédemption : il s’agit bien de
nous sauver ; toute sa vie est mystère de Récapitulation.
Il est vrai que les mystères du Christ sont passés quant à leur déroulement dans l’histoire,
mais il y a quelque chose en eux qui demeure et qui reste vivant, précisément parce qu’ils ont été
accomplis par Dieu lui-même, dans la chair. Leur vertu est actuelle et agissante aujourd’hui encore.
Tout au long de l’Année liturgique, ces mystères sont en quelques manières rendus présents.
L’Eglise, en célébrant les mystères de la Rédemption, ouvre aux fidèles les richesses des vertus et
des mérites de son Seigneur : ils sont mis en contact avec eux et remplis par la grâce du salut.
(Sacrosanctum Concilium, 102). Ils sont donc vivants et une grâce particulière est attachée à chacun
d’entre eux.
Les mystères du Christ sont aussi les nôtres2 : ils nous appartiennent comme un véritable
trésor, car il les a vécus pour nous. Le Catéchisme nous dit comment y communier (nn° 519-521).
1
2
« Il n’y a pas d’autre mystère que le Christ » (S. Augustin, ep. 187, 11, 34 : PL 33, 845).
On relira avec fruit Le Christ dans ses Mystères, du Bienheureux Colomba Marmion, Abbé de Maredsous, 1°
Conférence : Les Mystères du Christ sont nos mystères. Ou bien encore Les Mystères de la vie du Christ, du cardinal
de Bérulle.
Ce sont nos mystères car il les a vécu pour nous. C’est le motif de sa venue : propter nos et propter
nostram salutem, pour nous et pour notre salut (Credo), pour nous sauver, nous racheter et nous
donner la vie (Jean 10, 10). Sans cet amour qui le pousse à livrer sa vie on ne peut comprendre le
sens de sa vie et de sa mission : Il « m’a aimé et s’est livré pour moi » (Gal 2, 20). « Il n’y a pas de
plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ! » (Jean 15, 9) Le Cœur de Jésus bat
pour son Père et pour chacun d’entre nous. Les mystères du Christ nous appartiennent aussi parce
qu’en eux il se montre notre modèle et notre exemple3. Il n’y a pas pour d’autre forme de sainteté
que celle que nous a montrée le Christ ; la mesure de notre perfection est fixée par notre degré
d’imitation de Jésus. Aller à lui, c’est se mettre à son école, car de lui il y a tout à apprendre :
« Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur. » (Mt 11, 29) Enfin, dans ses mystères, le
Christ ne fait qu’un avec nous. Le Père nous a vus avec son Fils dans chacun des mystères vécus
par lui. Il est notre Tête, nous sommes son Corps ; Il est la vigne, nous sommes les sarments ;
« Tout ce que le Christ a vécu, il fait que nous puissions le vivre en Lui et qu’il le vive en nous.
" Par son Incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme " (GS 22, §
2). Nous sommes appelés à ne faire plus qu’un avec lui ; ce qu’il a vécu dans sa chair pour nous et
comme notre modèle, il nous y fait communier comme les membres de son Corps4. » (CEC 521)
Finalement, les « mystères de la vie du Christ sont les fondements de ce que, désormais, par
les ministres de son Église, le Christ dispense dans les sacrements, car " ce qui était visible en notre
Sauveur est passé dans ses mystères " (S. Léon le Grand, Serm. 74, 2 : PL 54, 398A). » (CEC 1115)
Dans tous les sacrements, c’est le Christ lui-même qui agit et célèbre. On se souvient des sermons
de saint Augustin rappelant que dans le baptême, à travers le prêtre, c’est le Christ qui baptise. Il en
va de même dans l’Eucharistie et tous les autres sacrements. La présence du prêtre garantit que,
dans les sacrements, c’est bien le Christ qui agit par l’Esprit Saint pour l’Église : « le ministre
ordonné est le lien sacramentel qui relie l’action liturgique à ce qu’ont dit et fait les Apôtres, et, par
eux, à ce qu’a dit et fait le Christ, source et fondement des sacrements. » (CEC 1120)
On retrouve dans chaque sacrement un signe extérieur, visible, porteur d’une réalité cachée,
instrument de la grâce de Jésus. La liturgie de l’Eglise, et particulièrement celle de la Semaine
Sainte, a cette vocation de nous aider, à travers la médiation de nos sens, à entrer intérieurement
dans le Mystère célébré. En s'appuyant notamment sur la faculté visuelle (Il est important de prier
sur de la beauté. Benoît XVI relie actuosa participatio et ars celebrandi) elle nous invite à passer
du rite au mystère. Les sacrements parlent à « tout l’homme » : il faut écouter la parole qui
accompagne toujours le signe, il faut regarder, il faut toucher et même sentir.
Les sacrements de l’Eglise. Sacrements du Christ, les sacrements sont aussi ceux « de
l’Eglise » (CEC 1117-1121). Ceci est bien illustré dans la guérison du paralytique : il ne lui aurait
pas été possible d’accéder à Jésus sans l’aide de ceux qui l’avaient porté jusqu’à sa maison, sans
leur persévérance et leurs efforts. Ils représentent auprès de ce frère malade l’Eglise : La vie
chrétienne ne peut jamais être purement individuelle. Nous recevons ce trésor des mains de l’Eglise
qui nous le transmet. Ayant elle-même une structure sacramentelle, dotée d’un élément humain et
3
« Je vous ai créés à mon image et à ma ressemblance ; bien plus, en prenant votre nature, je me suis fait
semblable à vous. En conséquence, je ne cesse plus de travailler à vous rendre semblable à moi, autant que vous
en êtes capables, et je m’efforce de renouveler en vos âmes, alors qu’elles marchent vers le ciel, tout ce qui s’est
passé dans mon corps. » (Jésus à sainte Catherine de Sienne, Vie par Raymond de Capoue, I, ch 2)
4 « Nous devons continuer et accomplir en nous les états et mystères de Jésus, et le prier souvent qu’il les consomme et
accomplisse en nous et en toute son Église (...). Car le Fils de Dieu a dessein de mettre une participation, et de faire
comme une extension et continuation de ses mystères en nous et en toute son Église, par les grâces qu’il veut nous
communiquer, et par les effets qu’il veut opérer en nous par ces mystères. Et par ce moyen il veut les accomplir en
nous » (S. Jean Eudes, Le royaume de Jésus, 3, 4 : Oeuvres complètes, v. 1 [Vannes 1905] p. 310-311).
d’un élément divin, elle est l’instrument du salut de tous les hommes.
« L’œuvre salvifique de son humanité sainte et sanctifiante est le sacrement du salut qui se
manifeste et agit dans les sacrements de l’Église. Les sept sacrements sont les signes et les
instruments par lesquels l’Esprit Saint répand la grâce du Christ, qui est la Tête, dans l’Église qui
est son Corps. L’Église contient donc et communique la grâce invisible qu’elle signifie. C’est en ce
sens analogique qu’elle est appelée " sacrement ". » (CEC 774) « L’Église est, dans le Christ, en
quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et l’instrument de l’union intime avec Dieu
et de l’unité de tout le genre humain. » (Lumen Gentium, 1) « Les sacrements sont " par l’Église "
car celle-ci est le sacrement de l’action du Christ opérant en elle grâce à la mission de l’Esprit Saint.
Et ils sont " pour l’Église ", ils sont ces " sacrements qui font l’Église ". » (CEC 1118)
Même s’il convient d’être prudent avec cette expression, dans les sacrements c’est l’Eglise
en tant que communauté sacerdotale qui agit et célèbre. Le Corps ne peut être séparé de sa tête dans
ces actions sacramentelles. Le peuple saint est chargé d’offrir des sacrifices spirituels : par le
baptême et la confirmation, qui impriment dans l’âme un caractère indélébile, le chrétien participe
au sacerdoce du Christ et est rendu apte à exercer un culte public envers le Seigneur. On veillera à
rappeler qu’il y a une différence essentielle et non pas simplement de degré entre ce sacerdoce
commun et le sacerdoce ministériel, reçu par le sacrement de l’Ordre (cf Lumen Gentium, 10),
même s’ils sont ordonnés l’un à l’autre : « Le ministère ordonné ou sacerdoce ministériel (LG 10)
est au service du sacerdoce baptismal . (CEC 1120) L’ordination sacerdotale rend les prêtres aptes à
agir en la personne du Christ-Tête pour former et conduire le Peuple de Dieu. Dans la célébration
des sacrements, tous les membres n’ont donc pas la même fonction : chacun doit y participer à sa
place, selon sa vocation propre.
Les sacrements de la foi. Comme on le voit dans la guérison de la femme hémorroïsse,
l’action du Christ n’arrive jamais de manière magique et sans lien avec la foi. Cette guérison a bien
eu lieu le contact avec le corps ou la frange du manteau de Jésus, mais la foi lui avait déjà permis de
toucher le Christ. Les sacrements sont aussi sacrements de la foi. Ils expriment la foi de l’Eglise,
qui précède la foi des fidèles, et la suppose. Nous les recevons du Christ qui les a institués à travers
l’Eglise dans un esprit de foi et d’obéissance. A l’origine de la célébration de l’Eucharistie ou du
Baptême, il y a bien un commandement : Faites ceci, ou baptisez-les… Chaque célébration est une
confession de foi, selon l’adage ancien : Lex orandi, lex credendi, la loi de la prière est la loi de la
foi. L’Eglise croit comme elle prie.
« Les sacrements ont pour fin de sanctifier les hommes, d’édifier le Corps du Christ, enfin
de rendre le culte à Dieu ; mais, à titre de signes, ils ont aussi un rôle d’enseignement. Non
seulement ils supposent la foi, mais encore, par les paroles et par les choses, ils la nourrissent, ils la
fortifient, ils l’expriment ; c’est pourquoi ils sont dits sacrements de la foi » (Sacrosanctum
Concilium, 59).
Célébrés dans la foi, les sacrements confèrent la grâce qu’ils signifient : ils sont efficaces,
parce que c’est le Christ qui agit en eux. C’est tout le sens de l’expression de l’Eglise : les
sacrements agissent ex opere operato, par le fait même que l’action est accomplie. Par là, on entend
pourvu que le sacrement soit célébré conformément à la foi de l’Eglise, la puissance de Dieu agit en
lui, indépendamment de la sainteté du ministre (cf CEC 1128). Il est évident qu’il faut souhaiter non
seulement une célébration valide des sacrements, mais aussi fructueuse. Pour cela, les dispositions
intérieures de celui qui célèbre ou qui reçoit sont aussi importantes. En recevant les sacrements, je
dois donc veiller à ne pas entrer dans une certaine routine conduisant à l’indifférence, mais à m’y
préparer dans un esprit de foi. De sorte que ce que l’on conseille au prêtre avant la célébration de
chaque messe s’applique également à chaque fidèle : vis cette messe, ce baptême, cette
confession… comme si c’était la première, la dernière, l’unique de ta vie. Si l’Eucharistie conserve
une place centrale bien sûr dans la liturgie de l’Eglise et la vie chrétienne, tous les sacrements sont
des rencontres vitales, des contacts avec le Christ guérissant et transformant ceux qui les reçoivent
bien disposés.
c) Textes patristiques
L'Eglise qui jaillit du côté du Christ mourant sur la croix : « Vois d'où [le sang du Christ] a
commencé à couler et d'où il a pris sa source : il descend de la croix, du côté du Seigneur. Comme
Jésus déjà mort, dit l'Evangile, était encore sur la croix, le soldat s'approcha, lui ouvrit le côté d'un
coup de sa lance et il en jaillit de l'eau et du sang. Cette eau était le symbole du baptême, et le sang
celui des mystères. [...] C'est donc le soldat qui lui ouvrit le côté ; il a percé la muraille du temple
saint ; et moi, j'ai trouvé ce trésor et j'en ai fait ma richesse. Ainsi en a-t-il été de l'Agneau : les Juifs
égorgeaient la victime, et moi j'ai recueilli le salut, fruit de ce sacrifice.
Et il jaillit de son côté de
l'eau et du sang. Ne passe pas avec indifférence, mon bien-aimé, auprès du mystère. Car j'ai encore
une autre interprétation mystique à te donner. J'ai dit que cette eau et ce sang étaient le symbole du
baptême et des mystères. Or, l'Eglise est née de ces deux sacrements : par ce bain de la renaissance
et de la rénovation dans l'Esprit, par le baptême donc, et par les mystères. Or, les signes du baptême
et des mystères sont issus du côté. Par conséquent le Christ a formé l'Eglise à partir de son côté,
comme il a formé Eve à partir du côté d'Adam. »
St Jean Chrysostome, Troisième Catéchèse baptismale, 13-19
Autre texte qui explique le mystère du Baptême: « A trois reprises vous avez été immergés
dans l'eau et à chaque fois vous en êtes ressortis, pour symboliser les trois jours de la sépulture du
Christ, c'est-à-dire imitant à travers ce rite notre Sauveur, qui passa trois jours et trois nuits dans le
sein de la terre (cf. Mt 12, 40). Lors de la première émersion de l'eau, vous avez célébré le souvenir
du premier jour passé par le Christ dans le sépulcre, de même qu'avec la première immersion vous
en avez confessé la première nuit passée dans le sépulcre: vous avez été vous aussi comme celui
qui est dans la nuit et qui ne voit pas, et celui qui, en revanche, est au jour et jouit de la lumière.
Alors qu'auparavant vous étiez plongés dans la nuit et ne pouviez rien voir, en émergeant, en
revanche, vous vous êtes trouvés en plein jour. Mystère de la mort et de la naissance, cette eau du
salut a été pour vous une tombe et une mère... Pour vous... le moment pour mourir coïncida avec le
moment pour naître: un seul et même moment a réalisé les deux événements. »
St Cyrille de Jerusalem, Deuxième catéchèse mystagogique, 4
d) Questions
* Suis-je conscient que dans chaque sacrement, au-delà de celui qui célèbre, du lieu dans
lequel il est célébré, humble ou somptueux, c’est le Christ qui célèbre ? Est-ce que je suis capable
de ne pas m’arrêter aux apparences extérieures, en particulier aux personnes qui me plaisent ou non,
pour participer par anticipation à la liturgie du ciel ?
* Si la liturgie est un peu négligée ou pas assez soignée, ai-je proposé mes services pour
l’embellissement du lieu, pour l’harmonie des chants, le service de l’autel, la préparation des
célébrations? … pour que la célébration des sacrements expriment mieux la participation à la
liturgie éternelle du ciel !
* Comment est-ce que je participe à la célébration des sacrements ? Est-ce que je connais le
déroulement des célébrations auxquelles je n’ai pas l’occasion de participer souvent ? En vertu de
mon baptême, ai-je approfondi cette « participation pleine, consciente et active », selon
l’enseignement de l’Eglise (Cf l’exhortation Sacramentum caritatis, 52-65) ?
* Est-ce que je médite et contemple les mystères du Christ tout au long de l’Année
liturgique, où ils sont rendus présents ? Ai-je à cœur de vivre au rythme de l’Eglise et de sa prière,
attentif aux temps et fêtes liturgiques ?
* Comment est-ce que je vis le dimanche ; quels moyens concrets ai-je mis en œuvre pour la
sanctification de ce Jour du Seigneur, en lien avec ma communauté (paroisse…) ? Est-il pour moi le
Seigneur des jours ? Puis-je dire comme les martyrs d’Abitène : Sans le dimanche, je ne peux pas
vivre ! Ai-je lu la Lettre du Bienheureux Jean-Paul II Dies Domini ?
Le sacrement de la confession
a) Texte biblique
(Jean 20, 19-29) Ce même soir, le premier jour de la semaine, les disciples avaient verrouillé
les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d'eux.
Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les
disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit
avec vous ! De même que le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il
répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l'Esprit Saint. Tout homme à qui vous
remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui
seront maintenus. » Or, l'un des Douze, Thomas (dont le nom signifie : Jumeau) n'était pas avec eux
quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il
leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à
l'endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas!» Huit jours plus
tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient,
alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d'eux. Il dit : « La paix soit avec vous
! » Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans
mon côté : cesse d'être incrédule, sois croyant. » Thomas lui dit alors : « Mon Seigneur et mon Dieu
! » Jésus lui dit : « Parce que tu m'as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
b) Commentaire théologique et spirituel
* L’Eglise vient de commémorer la Passion de Jésus, sa Mort et sa Résurrection.
Apparaissant à Marie-Madeleine, d’emblée Jésus ressuscité l’avertit : « Ne me touche pas. » Il y a
toujours ce désir d’entrer en contact avec la Sainte Humanité de Jésus, mais désormais, on pourra le
toucher d’une autre manière, en particulier à travers les sacrements. Au cours du Temps pascal,
c’est-à-dire pendant les jours qui suivent sa Résurrection, Jésus prépare ses disciples à ce nouveau
mode présence. Le jour de l’Ascension, où il monte au ciel pour siéger à la droite de son Père, après
les avoir envoyés en mission, il leur dit : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des
temps. » (Mt 28, 20) Cette attraction dont il leur avait parlé, « Une fois élevé de terre, j’attirerai à
moi tous les hommes » (Jn 12, 32), va se réaliser à travers ces signes que sont les sacrements.
Nous avons vu les sacrements de l’Initiation chrétienne, auxquels renvoient les célébrations
de la Semaine Sainte. Par eux, nous recevons la vie nouvelle du Christ ressuscité. Mais nous
portons celle-ci dans des vases d’argile. Cette vie d’enfant de Dieu peut être affaiblie, nous le
savons bien, et même perdue par le péché. C’est pourquoi le Seigneur, médecin de nos âmes, a
institué deux sacrements de guérison : le sacrement de Pénitence et l’Onction des malades. Il a
voulu que son œuvre de salut et de guérison continue dans son Eglise.
* L’Octave de Pâques nous permet de célébrer la Résurrection comme un seul Jour, ce Jour
que fit le Seigneur ; aussi à travers cet évangile nous retrouvons-nous au soir de Pâques avec les
Apôtres au Cénacle. Jésus se tient au milieu d’eux toutes portes closes et leur montre son côté. Les
fruits de sa présence sont la paix et la joie. Puis vient ce geste inhabituel qui nous renvoie aux
premières pages de la création : Jésus souffle sur eux et leur communique son Esprit Saint. Cette
effusion est reliée directement à la mission et au pouvoir qui leur sont confiés : la rémission des
péchés. Les voilà devenus ministres et ambassadeurs de la miséricorde divine. De miséricorde il est
aussi question avec l’apôtre Thomas, absent ce soir-là. Grâce à lui, pourrait-on dire, Jésus va inviter
à fixer le regard sur ses plaies bienheureuses, à les contempler désormais comme des sources.
* Il ne vous a pas échappé qu’au cœur de la Semaine Sainte commence désormais une
Neuvaine, le Vendredi Saint, qui s’achève le dimanche suivant, devenu le Dimanche ou la Fête de
la Miséricorde. C’est ce jour que Jésus a choisi pour l’Eglise afin qu’elle célèbre la Divine
Miséricorde. La Neuvaine épouse plus ou moins les contours de notre retraite. Il est donc important
de nous arrêter un peu sur la miséricorde et le sacrement qui nous la communique : la confession.
* C’est le Bienheureux Jean-Paul II qui a institué la Fête selon le désir de Jésus : « Je désire
que le 1° dimanche après Pâques soit la Fête de la Miséricorde. Elle est issue de mes entrailles.»
(Petit Journal, PJ, 299 et 699) Ce fut sainte Faustine Kowalska que Jésus choisit comme messagère
et secrétaire de sa Miséricorde. Sa canonisation le 30 avril 2000, au cœur du Grand Jubilé, fit d’elle
la première sainte du Nouveau Millénaire, nous montrant sous qu’elle signe y pénétrer. « La
lumière de la Miséricorde divine, que le Seigneur a presque voulu remettre au monde à travers le
charisme de sœur Faustine, illuminera le chemin des hommes du troisième millénaire… La
canonisation de sœur Faustine revêt une éloquence particulière : à travers cet acte j’entends
transmettre aujourd’hui ce message au nouveau millénaire. Je le transmets à tous les hommes afin
qu’ils apprennent à connaître toujours mieux le véritable visage de Dieu, et le véritable visage de
leurs frères. » (Bx Jean-Paul II, 30 avril 2000).
Le vrai visage de Dieu, c’est ce Jésus ressuscité apparaissant au soir de Pâques et désignant
son côté, source de miséricorde et fontaine du salut. Déjà Jésus avait demandé à Faustine de le faire
représenter ainsi sur un tableau : debout, revêtu d’une tunique blanche, bénissant d’une main et
montrant son cœur de l’autre. De son côté jaillissent deux rayons : l’un blanc représentant l’eau et
l’autre rouge pour représenter le sang. Jésus demande aussi qu’y figure l’inscription : J’ai confiance
en toi. « Ces deux rayons jaillirent des entrailles de ma miséricorde, alors que mon cœur, agonisant
sur la croix, fut ouvert par la lance. » (PJ 299) « Je donne aux hommes un vase, avec lequel ils
doivent venir puiser la grâce à la source de la miséricorde. Ce vase, c’est cette image avec
l’inscription. » (PJ 327) « Par cette image j’accorderai beaucoup de grâces aux âmes ; que chaque
âme ait donc accès à elle. » (PJ 570)
« Jésus dit à Faustine : “L’humanité n’aura de paix que lorsqu’elle s’adressera avec
confiance à la divine miséricorde.”… On peut considérer ce message comme un don d’illumination
particulière, qui nous aide à revivre plus intensément l’Evangile de Pâques, pour l’offrir comme un
rayon de lumière aux hommes de notre temps. » (Ibid.) Le culte de la miséricorde divine correspond
bien à cette semaine où nous célébrons le Mystère pascal, dans lequel resplendit au plus haut point
la tendresse de Dieu à l’égard des hommes.
* La dévotion à la Miséricorde divine repose sur deux principes fondamentaux : avoir
confiance en Dieu et faire miséricorde. « Les grâces de ma miséricorde se puisent à l’aide d’un
unique moyen, et c’est la confiance. Plus la confiance est grande, plus l’âme reçoit. » (PJ 1578) De
l’amour pour Jésus doivent découler des actes de miséricorde envers les autres : « Bienheureux les
miséricordieux, ils obtiendront miséricorde. » (Mt 5, 7)
* La Fête de la Miséricorde est un jour béni : « En ce jour les entrailles de ma miséricorde
sont ouvertes, je déverse tout un océan de grâces sur les âmes qui s’approcheront de la source de ma
miséricorde. Toute âme qui se confessera et communiera recevra le pardon complet de ses fautes et
la remise de leur punition ; en ce jour sot ouvertes toutes les sources divines par lesquelles
s’écoulent les grâces ; qu’aucune âme n’ait peur de s’approcher de moi, même si ses péchés sont
comme l’écarlate.» (PJ 699) Il s’agit là en d’autres termes d’une indulgence plénière, comme celle
reçue au … baptême !
* Ils sont nombreux les passages du Petit Journal de sainte Faustine, où il est question de ce
sacrement qui restaure en nous la grâce baptismale : la confession. Elle l’appelle le tribunal de la
miséricorde : on peut anticiper le jugement auquel nous serons soumis au soir de notre vie en se
tournant à travers lui vers la Miséricorde (cf CEC 1470). Voilà comment Jésus parle de la
confession : « Ma fille, quand tu t'approches de la Sainte Confession, de cette source de ma
Miséricorde, le Sang et l'Eau qui sont sortis de mon Coeur se déversent sur ton âme et
l'ennoblissent. Chaque fois que tu te confesses, plonge-toi tout entière dans ma Miséricorde avec
grande confiance, pour que je puisse répandre en ton âme toutes les largesses de ma grâce. Quand tu
vas te confesser, sache que c'est moi-même qui t'attends dans le confessionnal. Je ne fais que me
cacher derrière le prêtre, mais c'est moi seul qui agis dans l'âme. Ici, la misère de l'âme rencontre le
Dieu de Miséricorde. Dis aux âmes qu'à cette source de Miséricorde elles ne puisent qu'avec le vase
de la confiance. Lorsque leur confiance est grande, il n'y a pas de borne à mes largesses. Les
torrents de ma grâce inondent les âmes humbles. Les orgueilleux seront toujours dans la misère et la
pauvreté car ma grâce se détourne d'eux pour aller vers les âmes humbles. » (§ 1602)
« Dis aux âmes qu'elles doivent chercher la consolation au tribunal de la Miséricorde. Là, les
plus grands miracles se renouvellent sans cesse... Il suffit de se jeter avec foi aux pieds de celui qui
tient ma place, de lui dire sa misère, et le miracle de la Divine Miséricorde se manifestera dans
toute sa plénitude. Même si cette âme était comme un cadavre en décomposition et même si,
humainement parlant, il n'y avait plus aucun espoir de retour à la vie et que tout semblait perdu, il
n'en est pas ainsi pour Dieu : le miracle de la Divine Miséricorde rendra la vie à cette âme dans
toute sa plénitude. Oh! malheureux qui ne profitez pas maintenant de ce miracle de la Divine
Miséricorde, en vain vous appellerez, il sera déjà trop tard ! » (§ 1448)
* Il n’est donc ni inutile, ni déplacé de parler de la confession après Pâques. Elle ne doit pas
se réduire à l’accomplissement d’un simple précepte. Certes, la conversion au Christ, la nouvelle
naissance du baptême et le don de l’Esprit Saint nous ont rendus saints ! Mais cette vie nouvelle n’a
supprimé ni la fragilité de notre nature, ni l’inclination au péché que l’on appelle concupiscence.
Celle-ci demeure en nous pour que nous fassions nos preuves dans le combat de la vie chrétienne
aidés par la grâce du Christ. Ce combat est celui de la conversion en vue de la sainteté et de la vie
éternelle à laquelle le Seigneur ne cesse de nous appeler (cf CEC 1426).
* L’attitude spirituelle à adopter face à la confession est… l’émerveillement, comme devant
tous les dons de Dieu. Tout ce que nous pourrons dire de ce sacrement sera toujours limité par
rapport à ce qu’il est en réalité. Il est sorti tout droit des entrailles de la miséricorde divine, de son
amour infini pour l’homme. Dans toute l’Histoire Sainte, dès la Genèse, Dieu est parti à la
recherche de l’homme égaré par le péché ; son cri résonne : « Adam, où es-tu ? » Dieu fait toujours
le premier pas et notre décision de nous confesser est en fait une réponse : nous décidons de nous
laisser rejoindre et transformer par cette miséricorde.
Le sacrement de pénitence et de réconciliation (appelé couramment confession) est donc
d’abord un acte de Dieu : Dieu seul peut pardonner les péchés. C’est le Père qui manifeste son
Amour à l’homme pécheur en lui donnant son fils ; c’est Jésus, le fils, qui se jette aux pieds de ses
disciples pour mendier l’aveu de leur faiblesse et leur donner la grâce de la purification et du
pardon ; c’est l’Esprit Saint qui manifeste la patience de Dieu en infusant dans le cœur du pécheur
le désir de la conversion, « un cœur nouveau, un esprit nouveau ». L’Esprit Saint en est le maître et
l’acteur principal : il ne faut pas craindre de l’invoquer.
* C’est encore un acte de l’Eglise, à travers le prêtre, qui a reçu le pouvoir de remettre les
péchés en permettant la rencontre personnelle du pécheur avec son Dieu : « Jésus souffla sur eux
[les Apôtres] et leur dit: "Recevez l'Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur
seront remis" » (Jn 20, 22-23)
La réconciliation avec l’Eglise est inséparable de la réconciliation avec Dieu. Cette
dimension ecclésiale est clairement exprimée dans les paroles de Jésus à Pierre, après sa profession
de foi (Mt 16, 19) Dieu a voulu que l’Eglise soit le signe et l’instrument du pardon et de la
réconciliation qu’il nous a acquise. L’Eglise encourage les célébrations communautaires du
sacrement de pénitence, avec confession et absolution individuelles pour souligner cet aspect. Le
sacrement de pénitence répare la communion fraternelle. C’est toute l’Eglise qui est embellie et qui
en « profite »… Une âme qui s’élève élève le monde. Cet acte personnel a en fait des conséquences
sur toute la communauté.
* C’est enfin un acte personnel du chrétien qui confesse l’Amour de Dieu dans sa vie
(confessio laudis), qui confesse son ingratitude (confessio vitae) et qui confesse sa foi en Celui qui
seul peut le relever, le sauver, le guérir, le pardonner (confessio fidei). Alors, en vertu de cette
rencontre personnelle, le pécheur pardonné s’engagera dans un chemin de conversion, c'est-à-dire
de réconciliation pratique avec Dieu et avec ses frères, moyennant une résolution et avec la grâce de
Dieu.
Parmi les actes du pénitent (contrition, confession, satisfaction), l’attitude intérieure est la
plus importante. Ce que l’on appelle la contrition est « une douleur de l’âme et une détestation du
péché commis avec la résolution de ne plus pécher à l’avenir » (CEC 1451). Il faut demander à
Dieu ce regret de l’avoir offensé, ces larmes de la contrition parce que la confession est une histoire
d’amour : « Ses péchés, ses nombreux péchés, lui sont remis parce qu'elle a montré beaucoup
d'amour. » (Luc 7, 47) Avant d’être un commandement sévère, la pénitence est une vertu, c’est-àdire une disposition de l’âme, une attitude du cœur. Elle permet une réorientation radicale de toute
la vie, un retour, une conversion vers Dieu, une cessation du péché, une aversion du mal… unie au
désir de changer de vie avec l’espérance de la miséricorde et la confiance en l’aide de sa grâce.
(CEC 1431)
* La conversion est d’abord l’œuvre de Dieu. « Dieu nous donne la force de commencer à
nouveau. C’est en découvrant la grandeur de l’amour de Dieu que notre cœur est ébranlé par
l’horreur et le poids du péché et qu’il commence à craindre d’offenser Dieu par le péché et d’être
séparé de lui. Le cœur humain se convertit en regardant vers Celui que nos péchés ont transpercé :
Ayons les yeux fixés sur le sang du Christ et comprenons combien il est précieux à son Père car,
répandu pour notre salut, il a ménagé au monde entier la grâce du repentir (S. Clément de Rome,
Cor. 7,4). » (CEC 1432)
c) Texte patristique
Le pardon des péchés nous vient du Christ par l’Église II y a deux choses qui reviennent à
Dieu seul : l’honneur de recevoir la confession et le pouvoir de la rémission. Nous devons lui faire
notre confession et attendre de lui la rémission. A Dieu seul il appartient, en effet, de remettre les
péchés ; c’est donc à lui seul qu’il faut les confesser. Mais le Tout-Puissant et le Très-Haut, ayant
pris une épouse faible et insignifiante, fit de cette servante une reine. Celle qui était en retrait à ses
pieds, il l’a placée à côté de lui ; car c’est de son côté qu’elle est sortie et c’est par là qu’il se l’est
fiancée. Et de même que tout ce qui est au Père est au Fils et tout ce qui est au Fils est au Père de
par leur unité de nature, de même l’Époux a donné tous ses biens à l’épouse et il a pris en charge
tout ce qui appartient à l’épouse qu’il a unie à lui-même et aussi à son Père. Dans sa prière pour
l’épouse, le Fils dit au Père : « Je veux que comme moi et toi nous sommes un, ceux-là aussi soient
un avec nous » (cf. Jn 17,21).
Aussi l’Époux, qui est un avec le Père et un avec l’épouse, a enlevé en celle-ci tout ce qu’il a
trouvé chez elle d’étranger, le fixant à la croix où il a porté ses péchés sur le bois et les a détruits par
le bois. Ce qui est naturel et propre à l’épouse, il l’a assumé et revêtu ; ce qui lui est propre et divin,
il l’a donné. Il a en effet supprimé le diabolique, assumé l’humain, donné le divin, si bien que tout
est commun à l’épouse et à l’Époux. C’est pourquoi celui n’a pas commis le péché et dont la
bouche était sans fourberie (cf. 1 P 2,22) peut bien dire : Pitié pour moi, Seigneur, je suis sans
force ; guéris mon âme, car j’ai péché contre toi (Ps 6,3 ; 40,5). Il partage ainsi la faiblesse de
l’épouse ainsi que son gémissement, et tout est commun l’Époux et à l’épouse : l’honneur de
recevoir la confession et le pouvoir de la rémission. C’est la raison de cette parole : Va te montrer
au prêtre (Mt 8,4)...
L’Église ne peut donc rien remettre sans le Christ ; et le Christ ne veut rien remettre sans
l’Église. L’Église ne peut rien remettre sinon au pénitent, c’est-à-dire à celui que le Christ a d’abord
touché. Le Christ ne veut réserver aucune rémission à celui qui méprise l’Église. Le Christ toutpuissant peut tout par lui-même : baptiser, consacrer l’Eucharistie, ordonner, remettre les péchés, et
le reste ; mais, Époux humble et fidèle, il ne veut rien faire sans l’épouse. Ce que Dieu a uni, que
l’homme ne le sépare donc pas (Mt 19,6). Ce mystère est grand, je veux dire qu’il s’applique au
Christ et à l’Église (Ep 5,32)... Garde-toi bien de séparer la tête du corps ; n’empêche pas le Christ
d’exister tout entier ; car le Christ n’est jamais entier sans l’Église, et l’Église ne peut l’être sans le
Christ. Le Christ total, intégral, c’est la tête et le corps. C’est lui qui dit : Personne ne monte au ciel
sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est au ciel (Jn 3,13). C’est seulement cet
homme-là qui remet les péchés.
Isaac de l’Étoile, Sermon 11, 6-13
d) Questions
* Suis-je attentif à cultiver cette vertu de pénitence, conçue comme une attitude intérieure,
conscient que l’appel à la conversion retentit tout au long de notre vie chrétienne ? C’est le
mouvement qui habite les auditeurs du premier discours de saint Pierre après la Pentecôte : « Vous
l’avez crucifié… Ils eurent le cœur transpercé et ils dirent à Pierre : Que devons-nous faire ? »
* Comment ai-je fait entrer ce culte à la Miséricorde divine dans ma vie ? Ai-je pris au
sérieux les demandes de Jésus : l’image de la Miséricorde, le chapelet, l’Heure, la Neuvaine de la
Miséricorde… ?
* Ai-je à cœur de répondre à l’amour miséricordieux par une pratique joyeuse et régulière
du sacrement de réconciliation ? Ai-je un père spirituel pour m’accompagner ?
* Quels moyens ai-je pris pour former ma conscience ? Dans ces moyens, suis-je convaincu
que l’enseignement de l’Eglise est un élément important pour mon jugement de conscience ? En
conséquence, comment est-ce que j’approfondis son message sur la réconciliation et la pénitence ?
* Me suis-je renseigné sur l’Indulgence plénière liée à l’Année de la Foi ?
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