Retraite diocésaine post-pascale
1-7 avril 2013
Les sacrements en général
Comme il nous a été rappelé dans l’introduction, cette retraite reprend la tradition des
catéchèses mystagogiques faites aux néophytes la semaine suivant la célébration de Pâques. Voilà
que nous recherchons à entrer plus avant dans le Mystère que nous avons célébré ensemble. C’est à
un vrai redéploiement de la grâce baptismale que nous sommes invités. Dimanche prochain,
dimanche dit de Quasimodo, comme des enfants nouveaux-nés, la joie des tout nouveaux baptisés
sera encore la nôtre. Dans une catéchèse du mercredi, le Pape Benoît XVI parlait de la catéchèse
mystagogique comme « le sommet de l'instruction que saint Cyrille de Jerusalem dispensait non
plus aux catéchumènes, mais aux nouveaux baptisés ou néophytes au cours de la semaine pascale
Celle-ci les introduisait à découvrir, sous les rites baptismaux de la Veillée pascale, les mystères qui
y étaient contenus et qui n'étaient pas encore révélés. Illuminés par la lumière d'une foi plus
profonde en vertu du Baptême, les néophytes étaient finalement en mesure de mieux les
comprendre, ayant désormais célébré leurs rites. » (27 juin 2007)
Cette expression a été remise en valeur par le Pape dans son exhortation apostolique
Sacramentum Caritatis (64), à propos de la participation des fidèles à la liturgie et en particulier à la
célébration eucharistique : « active, pleine et fructueuse » (Sacrosanctum Concilium, 14-20).
L’enjeu étant la promotion d’une éducation de la foi eucharistique qui dispose les fidèles à vivre
personnellement ce qu'ils célèbrent. Le pape proposait de réaliser cette formation à travers une
catéchèse à caractère mystagogique, qui pousse les fidèles à entrer toujours mieux dans les
mystères qui sont célébrés. La meilleure catéchèse sur l'Eucharistie est l'Eucharistie elle-même
bien célébrée. De par sa nature, la liturgie a son efficacité pédagogique propre pour introduire les
fidèles à la connaissance du mystère célébré. Ce qui est vrai de la Sainte Messe l’est aussi pour les
autres sacrements ; c’est pourquoi cette semaine de retraite veut nous aider à nous replonger dans la
célébration du Mystère du Christ à partir de ces signes institués par lui pour expérimenter sa
présence et recevoir sa grâce : les sacrements.
Revenons au mot : sur le plan étymologique, mystagogie est composé de deux mots grecs
dont l’un signifie le mystère (Mystères étant le mot ancien qui désignait les sacrements) et l’autre
indique le mouvement d’entrée. Celui qui fait de la mystagogie conduit vers le mystère celui qui est
initié (et qui a reçu un sacrement). La mystagogie désigne l’étape ultime de l’Initiation
chrétienne des adultes. Elle fait donc partie de cette Initiation à part entière. C’est dire que les
sacrements de l’Initiation chrétienne ne sont pas le point d’arrivée du temps du catéchuménat, mais
qu’il faut aussi les considérer comme départ d’un temps nouveau, comme source. Toute la vie
chrétienne aura ensuite cette dimension qui consiste à considérer les sacrements comme des points
d’ancrage et comme des sources. Ce temps est donc situé après la célébration de ces trois
sacrements : cette semaine !
Dans son exhortation sur l’Eucharistie (Sacramentum caritatis n°64), le Pape Benoit XVI
donne trois éléments d’appui pour la mystagogie : Il s’agit d’abord de l’interprétation des rites à la
lumière des événements salvifiques, conformément à la Tradition vivante de l’Église. La catéchèse
mystagogique doit aussi se préoccuper d’introduire au sens des signes contenus dans les rites. Plutôt
que d’informer, elle doit réveiller et éduquer la sensibilité des fidèles au langage des signes et des
gestes qui, associés à la parole, constituent le rite. Enfin, la catéchèse mystagogique doit se
préoccuper de montrer la signification des rites en relation avec la vie chrétienne dans toutes ses
dimensions. Il s’agit pour nous d’évoquer les célébrations et les rites (gestes, symboles, objets) qui
nous ont parlé la semaine dernière, en particulier les sacrements de l’Initiation. Nous devrons voir
comment nous les avons vécus et gager, à partir de notre expérience et de la foi chrétienne, la
signification des gestes et symboles vécus. Chemin d’entrée dans le Mystère à travers les mystères,
la mystagogie est un chemin de vie !
a) Textes bibliques
(Luc 5, 17-26) Et il advint, un jour qu'il était en train d'enseigner, qu'il y avait, assis, des
Pharisiens et des docteurs de la Loi venus de tous les villages de Galilée, de Judée, et de Jérusalem ;
et la puissance du Seigneur lui faisait opérer des guérisons. Et voici des gens portant sur un lit un
homme qui était paralysé, et ils cherchaient à l'introduire et à le placer devant lui. Et comme ils ne
savaient par l'introduire à cause de la foule, ils montèrent sur le toit et, à travers les tuiles, ils le
descendirent avec sa civière, au milieu, devant Jésus. Voyant leur foi, il dit : " Homme, tes péchés
te sont remis. " Les scribes et les Pharisiens se mirent à penser : " Qui est-il celui-là, qui profère des
blasphèmes ? Qui peut remettre les péchés, sinon Dieu seul ? " Mais, percevant leurs pensées, Jésus
prit la parole et leur dit : " Pourquoi ces pensées dans vos cœurs ? Quel est le plus facile, de dire :
Tes péchés te sont remis, ou de dire : Lève-toi et marche ? Eh bien ! pour que vous sachiez que le
Fils de l'homme a le pouvoir sur la terre de remettre les péchés, je te l'ordonne, dit-il au paralysé,
lève-toi et, prenant ta civière, va chez toi. " Et, à l'instant même, se levant devant eux, et prenant ce
sur quoi il gisait, il s'en alla chez lui en glorifiant Dieu. Tous furent alors saisis de stupeur et ils
glorifiaient Dieu. Ils furent remplis de crainte et ils disaient : " Nous avons vu d'étranges choses
aujourd'hui ! "
(Luc 8, 43-48) Or, une femme qui avait des pertes de sang depuis douze ans, et que personne
n'avait pu guérir, s'approcha par derrière et toucha la frange de son vêtement. A l'instant même, sa
perte de sang s'arrêta. Mais Jésus dit : « Qui est-ce qui m'a touché ? » Comme tous s'en défendaient,
Pierre lui dit : « Maître, la foule t'écrase de tous côtés. » Mais Jésus reprit : « Quelqu'un m'a touché.
Car je me suis rendu compte qu'une force était sortie de moi. » La femme, se voyant découverte,
vint, toute tremblante, se jeter à ses pieds ; elle raconta devant tout le peuple pourquoi elle l'avait
touché, et comment elle avait été guérie à l'instant même. Jésus lui dit : « Ma fille, ta foi t'a sauvée.
Va en paix. »
b) Commentaire théologique et spirituel
Nous avons une belle illustration de toute l’économie sacramentelle à travers ces deux
passages. Tout d’abord, c’est par le moyen de la Sainte Humanité de Jésus qu’advient notre Salut.
La chair est le pivot du Salut (Tertullien). Le Mystère de l’Incarnation, c’est précisément Dieu, la
deuxième personne de la Sainte Trinité, qui prend chair de la Vierge Marie, assumant toute notre
humanité en toutes choses, excepté le péché. Dieu se fait homme, s’incarne, se rend visible, épouse
véritablement notre condition d’homme. C’est ce que nous avons célébré à Noël : les noces du Ciel
et de la terre, l’admirable échange entre l’humanité et la divinité. O admirable échange ! Le
créateur du genre humain, assumant un corps et une âme, a daigné naître d’une vierge et, devenu
homme sans l’intervention de l’homme, Il nous a fait don de sa divinité (LH, antienne de l’Octave
de Noël).
Qui m’a vu a vu le Père ! (Jean 14, 9) Nous ne devrions pas finir de méditer et de nous
émerveiller en pensant à cette affirmation de Jésus, radicale nouveauté Dieu est visible,
accessible, l’Emmanuel. Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que
nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de
vie ;- car la Vie s'est manifestée : nous l'avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous
annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue - ce que nous
avons vu et entendu, nous vous l'annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous.
Quant à notre communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ. Tout ceci, nous vous
l'écrivons pour que notre joie soit complète. (1 Jean 1, 1-4) Un Dieu que l’on peut voir, entendre et
toucher… un Dieu « à portée de main » !
C’est clairement à cette force qui sort de Jésus que fait référence l’Eglise pour parler des
sacrements : « Forces qui sortent du Corps du Christ (cf. Lc 5, 17 ; 6, 19 ; 8, 46), toujours vivant et
vivifiant, actions de l’Esprit Saint à l’œuvre dans son Corps qui est l’Église, les sacrements sont "les
chefs-d’œuvre de Dieu" dans la nouvelle et éternelle Alliance. » (CEC 1116) Les mystères de
l’Incarnation et la Rédemption sont la clé de la vie et de la mission de Jésus, même si en vérité, ce
sont toutes les paroles et actions de Jésus qui nous sauvent ; celles-ci sont à accueillir et à
comprendre à la lumière de Noël et de Pâques. Les événements de la vie de Jésus sont
habituellement appelés les mystères. Nous y sommes habitués à propos du chapelet, l’Eglise
nous invite à méditer avec les yeux de Marie les Mystères Joyeux, Lumineux, Douloureux et
Glorieux de la vie de son Fils. Il faudrait passer du temps sur ce thème. Le Catéchisme aborde
d’une façon lumineuse les Mystères du Christ, dans sa Partie, c’est-à-dire le Commentaire du
Credo.
Le Mystère du Christ. On doit comprendre que Jésus est le premier Sacrement, le
sacrement du Père en quelques sortes, sa vie divine, sa grâce nous étant communiquée par sa Sainte
Humanité
1
. « Nul n'a jamais vu Dieu; le Fils unique, qui est tourné vers le sein du Père, lui, l'a fait
connaître. » (Jean 1, 18) On le voit bien dans l’Evangile, l’on cherche sans cesse à le toucher,
parce qu’une force sortait de lui (Luc 6, 19), émanant de sa personne. On place les malades sur son
passage pour qu’ils guérissent à son contact, ne serait-ce qu’en touchant le bord de son vêtement
(Mc 6, 56) « A travers ses gestes, ses miracles, ses paroles, il a été révélé qu’" en Lui habite
corporellement toute la plénitude de la divinité " (Col 2, 9). Son humanité apparaît ainsi comme le
" sacrement ", c’est-à-dire le signe et l’instrument de sa divinité et du salut qu’il apporte : ce qu’il y
avait de visible dans sa vie terrestre conduisit au mystère invisible de sa filiation divine et de sa
mission rédemptrice. » (CEC 515). Les nn° 516 à 518 parlent des traits communs aux mystères de
Jésus : toute sa vie est Révélation du Père (ses paroles et ses actes, sa manière d’être et de parler et
même ses silences, ses souffrances…) ; toute sa vie est mystère de Rédemption : il s’agit bien de
nous sauver ; toute sa vie est mystère de Récapitulation.
Il est vrai que les mystères du Christ sont passés quant à leur déroulement dans l’histoire,
mais il y a quelque chose en eux qui demeure et qui reste vivant, précisément parce qu’ils ont été
accomplis par Dieu lui-même, dans la chair. Leur vertu est actuelle et agissante aujourd’hui encore.
Tout au long de l’Année liturgique, ces mystères sont en quelques manières rendus présents.
L’Eglise, en célébrant les mystères de la Rédemption, ouvre aux fidèles les richesses des vertus et
des mérites de son Seigneur : ils sont mis en contact avec eux et remplis par la grâce du salut.
(Sacrosanctum Concilium, 102). Ils sont donc vivants et une grâce particulière est attachée à chacun
d’entre eux.
Les mystères du Christ sont aussi les nôtres
2
: ils nous appartiennent comme un véritable
trésor, car il les a vécus pour nous. Le Catéchisme nous dit comment y communier (nn° 519-521).
1
« Il n’y a pas d’autre mystère que le Christ » (S. Augustin, ep. 187, 11, 34 : PL 33, 845).
2
On relira avec fruit Le Christ dans ses Mystères, du Bienheureux Colomba Marmion, Abbé de Maredsous,
Conférence : Les Mystères du Christ sont nos mystères. Ou bien encore Les Mystères de la vie du Christ, du cardinal
de Bérulle.
Ce sont nos mystères car il les a vécu pour nous. C’est le motif de sa venue : propter nos et propter
nostram salutem, pour nous et pour notre salut (Credo), pour nous sauver, nous racheter et nous
donner la vie (Jean 10, 10). Sans cet amour qui le pousse à livrer sa vie on ne peut comprendre le
sens de sa vie et de sa mission : Il « m’a aimé et s’est livré pour moi » (Gal 2, 20). « Il n’y a pas de
plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ! » (Jean 15, 9) Le Cœur de Jésus bat
pour son Père et pour chacun d’entre nous. Les mystères du Christ nous appartiennent aussi parce
qu’en eux il se montre notre modèle et notre exemple
3
. Il n’y a pas pour d’autre forme de sainteté
que celle que nous a montrée le Christ ; la mesure de notre perfection est fixée par notre degré
d’imitation de Jésus. Aller à lui, c’est se mettre à son école, car de lui il y a tout à apprendre :
« Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur. » (Mt 11, 29) Enfin, dans ses mystères, le
Christ ne fait qu’un avec nous. Le Père nous a vus avec son Fils dans chacun des mystères vécus
par lui. Il est notre Tête, nous sommes son Corps ; Il est la vigne, nous sommes les sarments ;
« Tout ce que le Christ a vécu, il fait que nous puissions le vivre en Lui et qu’il le vive en nous.
" Par son Incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme " (GS 22, §
2). Nous sommes appelés à ne faire plus qu’un avec lui ; ce qu’il a vécu dans sa chair pour nous et
comme notre modèle, il nous y fait communier comme les membres de son Corps
4
. » (CEC 521)
Finalement, les « mystères de la vie du Christ sont les fondements de ce que, désormais, par
les ministres de son Église, le Christ dispense dans les sacrements, car " ce qui était visible en notre
Sauveur est passé dans ses mystères " (S. Léon le Grand, Serm. 74, 2 : PL 54, 398A). » (CEC 1115)
Dans tous les sacrements, c’est le Christ lui-même qui agit et célèbre. On se souvient des sermons
de saint Augustin rappelant que dans le baptême, à travers le prêtre, c’est le Christ qui baptise. Il en
va de même dans l’Eucharistie et tous les autres sacrements. La présence du prêtre garantit que,
dans les sacrements, c’est bien le Christ qui agit par l’Esprit Saint pour l’Église : « le ministre
ordonné est le lien sacramentel qui relie l’action liturgique à ce qu’ont dit et fait les Apôtres, et, par
eux, à ce qu’a dit et fait le Christ, source et fondement des sacrements. » (CEC 1120)
On retrouve dans chaque sacrement un signe extérieur, visible, porteur d’une réalité cachée,
instrument de la grâce de Jésus. La liturgie de l’Eglise, et particulièrement celle de la Semaine
Sainte, a cette vocation de nous aider, à travers la médiation de nos sens, à entrer intérieurement
dans le Mystère lébré. En s'appuyant notamment sur la faculté visuelle (Il est important de prier
sur de la beauté. Benoît XVI relie actuosa participatio et ars celebrandi) elle nous invite à passer
du rite au mystère. Les sacrements parlent à « tout l’homme » : il faut écouter la parole qui
accompagne toujours le signe, il faut regarder, il faut toucher et même sentir.
Les sacrements de l’Eglise. Sacrements du Christ, les sacrements sont aussi ceux « de
l’Eglise » (CEC 1117-1121). Ceci est bien illustré dans la guérison du paralytique : il ne lui aurait
pas été possible d’accéder à Jésus sans l’aide de ceux qui l’avaient porté jusqu’à sa maison, sans
leur persévérance et leurs efforts. Ils représentent auprès de ce frère malade l’Eglise : La vie
chrétienne ne peut jamais être purement individuelle. Nous recevons ce trésor des mains de l’Eglise
qui nous le transmet. Ayant elle-même une structure sacramentelle, dotée d’un élément humain et
3
« Je vous ai créés à mon image et à ma ressemblance ; bien plus, en prenant votre nature, je me suis fait
semblable à vous. En conséquence, je ne cesse plus de travailler à vous rendre semblable à moi, autant que vous
en êtes capables, et je m’efforce de renouveler en vos âmes, alors qu’elles marchent vers le ciel, tout ce qui s’est
passé dans mon corps. » (Jésus à sainte Catherine de Sienne, Vie par Raymond de Capoue, I, ch 2)
4
« Nous devons continuer et accomplir en nous les états et mystères de Jésus, et le prier souvent qu’il les consomme et
accomplisse en nous et en toute son Église (...). Car le Fils de Dieu a dessein de mettre une participation, et de faire
comme une extension et continuation de ses mystères en nous et en toute son Église, par les grâces qu’il veut nous
communiquer, et par les effets qu’il veut opérer en nous par ces mystères. Et par ce moyen il veut les accomplir en
nous » (S. Jean Eudes, Le royaume de Jésus, 3, 4 : Oeuvres complètes, v. 1 [Vannes 1905] p. 310-311).
d’un élément divin, elle est l’instrument du salut de tous les hommes.
« L’œuvre salvifique de son humanité sainte et sanctifiante est le sacrement du salut qui se
manifeste et agit dans les sacrements de l’Église. Les sept sacrements sont les signes et les
instruments par lesquels l’Esprit Saint répand la grâce du Christ, qui est la Tête, dans l’Église qui
est son Corps. L’Église contient donc et communique la grâce invisible qu’elle signifie. C’est en ce
sens analogique qu’elle est appelée " sacrement ". » (CEC 774) « L’Église est, dans le Christ, en
quelque sorte le sacrement, c’est-dire à la fois le signe et l’instrument de l’union intime avec Dieu
et de l’unité de tout le genre humain. » (Lumen Gentium, 1) « Les sacrements sont " par l’Église "
car celle-ci est le sacrement de l’action du Christ opérant en elle grâce à la mission de l’Esprit Saint.
Et ils sont " pour l’Église ", ils sont ces " sacrements qui font l’Église ". » (CEC 1118)
Même s’il convient d’être prudent avec cette expression, dans les sacrements c’est l’Eglise
en tant que communauté sacerdotale qui agit et célèbre. Le Corps ne peut être séparé de sa tête dans
ces actions sacramentelles. Le peuple saint est chargé d’offrir des sacrifices spirituels : par le
baptême et la confirmation, qui impriment dans l’âme un caractère indélébile, le chrétien participe
au sacerdoce du Christ et est rendu apte à exercer un culte public envers le Seigneur. On veillera à
rappeler qu’il y a une différence essentielle et non pas simplement de degré entre ce sacerdoce
commun et le sacerdoce ministériel, reçu par le sacrement de l’Ordre (cf Lumen Gentium, 10),
même s’ils sont ordonnés l’un à l’autre : « Le ministère ordonné ou sacerdoce ministériel (LG 10)
est au service du sacerdoce baptismal . (CEC 1120) L’ordination sacerdotale rend les prêtres aptes à
agir en la personne du Christ-Tête pour former et conduire le Peuple de Dieu. Dans la célébration
des sacrements, tous les membres n’ont donc pas la même fonction : chacun doit y participer à sa
place, selon sa vocation propre.
Les sacrements de la foi. Comme on le voit dans la guérison de la femme hémorroïsse,
l’action du Christ n’arrive jamais de manière magique et sans lien avec la foi. Cette guérison a bien
eu lieu le contact avec le corps ou la frange du manteau de Jésus, mais la foi lui avait déjà permis de
toucher le Christ. Les sacrements sont aussi sacrements de la foi. Ils expriment la foi de l’Eglise,
qui précède la foi des fidèles, et la suppose. Nous les recevons du Christ qui les a institués à travers
l’Eglise dans un esprit de foi et d’obéissance. A l’origine de la célébration de l’Eucharistie ou du
Baptême, il y a bien un commandement : Faites ceci, ou baptisez-lesChaque célébration est une
confession de foi, selon l’adage ancien : Lex orandi, lex credendi, la loi de la prière est la loi de la
foi. L’Eglise croit comme elle prie.
« Les sacrements ont pour fin de sanctifier les hommes, d’édifier le Corps du Christ, enfin
de rendre le culte à Dieu ; mais, à titre de signes, ils ont aussi un rôle d’enseignement. Non
seulement ils supposent la foi, mais encore, par les paroles et par les choses, ils la nourrissent, ils la
fortifient, ils l’expriment ; c’est pourquoi ils sont dits sacrements de la foi » (Sacrosanctum
Concilium, 59).
Célébrés dans la foi, les sacrements confèrent la grâce qu’ils signifient : ils sont efficaces,
parce que c’est le Christ qui agit en eux. C’est tout le sens de l’expression de l’Eglise : les
sacrements agissent ex opere operato, par le fait même que l’action est accomplie. Par là, on entend
pourvu que le sacrement soit célébré conformément à la foi de l’Eglise, la puissance de Dieu agit en
lui, indépendamment de la sainteté du ministre (cf CEC 1128). Il est évident qu’il faut souhaiter non
seulement une célébration valide des sacrements, mais aussi fructueuse. Pour cela, les dispositions
intérieures de celui qui célèbre ou qui reçoit sont aussi importantes. En recevant les sacrements, je
dois donc veiller à ne pas entrer dans une certaine routine conduisant à l’indifférence, mais à m’y
préparer dans un esprit de foi. De sorte que ce que l’on conseille au prêtre avant la lébration de
chaque messe s’applique également à chaque fidèle : vis cette messe, ce baptême, cette
confession… comme si c’était la première, la dernière, l’unique de ta vie. Si l’Eucharistie conserve
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