Direction de
la rédaction :
Marie-Jeanne
Guedj
DÉPRESSION
25idées actuelles
2
La publication des 33 évolutions majeures de la pensée
clinique en psychiatrie répondait à l’exigence de
savoir des psychiatres, jeunes et vieux, face aux
bouleversements de la psychiatrie, jusque dans le
langage et les conceptions.
Le terme de « dépression », toujours vivace, ne saurait constituer une évidence
trompeuse. Diagnostic complexe, une terminologie aussi profane pourrait en
obscurcir l’investigation. La dépression est considérée par l’OMS comme un
problème planétaire majeur de santé publique, entraînant des coûts sociaux et
individuels considérables en termes économiques et de qualité de vie.
Pourtant, le caractère « compréhensible » de ce mot, d’usage fortement
médiatisé, lui fait occuper la place de diagnostic fourre-tout, par exemple pour
parer aux multiples attaques contre le secret médical, professionnel, partagé,
remis au patient (ce qui est normal), à la Sécurité sociale, dans le dossier fourni
par le patient aux experts de toutes sortes (assurances…)…
La dépression en même temps devient technique. On en finit avec l’idée d’un
sentiment associé au confort et à l’oisiveté, à l’introspection excessive ou à l’in-
tellectualisme : mal du siècle si peu romantique quand les difficultés existen-
tielles ont envahi le champ de la médecine, en même temps que la définition
de la maladie reste la préoccupation majeure des médecins et des malades.
Dans une perspective anthropologique, certains considèrent les nouvelles
exigences de réussite comme un repérage important dans la définition de la
dépression, tandis qu’on tend à privilégier les causes extérieures au sujet
psychique, qu’elles soient organiques ou environnementales : à la fois « maladie
de la responsabilité dans laquelle le sentiment d’insuffisance domine celui de la
culpabilité » (Lecourt D, Dictionnaire de la pensée médicale. Paris, PUF, 2004),
pathologie de l’estime de soi et de la conception grandiose de soi-même, et à la
fois objet des recherches dites régulièrement « les plus prometteuses ».
Ainsi l’envahissement de la psychiatrie par les problèmes liés à la dépression
met-il en évidence différents aspects :
ce n’est plus un autodiagnostic et elle n’est plus synonyme de « déprime » ;
elle a pris, dans la psychiatrie hors-les-murs, le rôle majeur attribué aux
troubles psychotiques par la psychiatrie asilaire ;
en même temps que les troubles psychiatriques tendent à être absorbés en
une psychose unique dépressive et schizophrénique ;
éditorial
DÉPRESSION
25idées actuelles
3
– elle entretient un lien très fort avec les problématiques addictives qui enva-
hissent aussi le champ social et individuel ;
et constitue un espoir thérapeutique pour tous les troubles antisociaux et
comportementaux.
Les avancées scientifiques ont déplacé cette notion très classique :
la définition motrice, dans sa visibilité, est au premier plan, non seulement
l’humeur ressentie mais le ralentissement et l’inhibition motrices objecti-
vables ;
le tableau clinique dépend de l’importance majeure donnée aux comorbidités ;
même les recherches pharmacologiques et génétiques s’attachent au lien avec
les comorbidités (troubles anxieux, démences, stress post-traumatique…) ;
plus classiquement, la préoccupation des combinaisons de symptômes, des
formes cliniques et des chronologies des divers troubles se trouve actuelle-
ment justifiée par l’intérêt d’affiner les possibilités thérapeutiques.
Maladie à traiter, quelles que soient ses formes et son intensité, elle apparaît
responsable, en l’absence de traitement et notamment en cas de comorbi-
dités, d’un handicap social, de la diminution de la qualité de vie, et du dessai-
sissement des stratégies normales d’adaptation.
Les avancées thérapeutiques, certaines, ont vu la fin des conseils, du
« soutien », voire des interventions autoritaires de remise au travail par exemple.
Une place importante est redonnée aux psychothérapies et aux traitements
non médicamenteux. Enfin advient la part respectable et raisonnée de traite-
ments médicamenteux administrés selon des recommandations, reconnus
comme agissant sur le symptôme dépressif quels que soient le syndrome ou
les comorbidités. Elle est régulièrement entachée du questionnement du lien
dépression/suicide, attribuant ainsi des suicides au traitement, non à la
maladie, notamment chez les jeunes, et pondérant les prescriptions d’impor-
tantes précautions.
Pour explorer ce vaste champ des possibles, il ne faut pas moins de 25 idées
actuelles sur la dépression, réparties en chapitres répondant aux questions
suivantes : historique, évolution du concept, bases de l’évolution, implications
pratiques quotidiennes, avenir du concept, points forts, mots-clés.
Dr Marie-Jeanne GUEDJ
CPOA, Hôpital Sainte-Anne, Paris
rédactio
n
Directeur de la rédaction
Dr Marie-Jeanne Guedj
CPOA, CHS Sainte-Anne, Paris (75)
Auteurs
Dr Christophe André
CHS Sainte-Anne, Paris (75)
Dr Marine Attali
Service de Psychiatrie, Hôpital Esquirol, Saint Maurice (94)
Dr Thierry Baubet
Service de Psychopathologie de l’enfant, de l’adolescent et de
Psychiatrie générale, CHU Avicenne, Bobigny (93)
Dr Bérengère Beauquier-Maccotta
Service de Pédopsychiatrie de l’Hôpital Necker-Enfants Malades, Paris (75)
Dr Braitman Alexis
CPOA, CHS Sainte-Anne, Paris (75)
Dr William de Carvalho
Ancien Praticien Hospitalier à l’Hôpital Sainte-Anne à Paris et
coordonnateur du Pôle ECT de la Maison de Santé de Bellevue,
Meudon (92)
Dr Yves Contejean
Service du secteur Psychiatrie Infanto-Juvénile n° 8, CHS Sainte-Anne,
Paris (75)
Dr François Ducrocq
Cellule d’urgence médico-psychologique Nord-Ouest, Samu 59,
Clinique universitaire de psychiatrie, CHRU de Lille (59)
Dr Fabrice Duval
Service de Psychiatrie, CH Rouffach (68)
Pr Philippe Duverger
Service de Psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, CHU d’Angers (49)
Pr Bernard Golse
Service de Pédopsychiatrie de l’Hôpital Necker-Enfants Malades, Paris (75)
Dr Marie-Jeanne Guedj
CPOA, CHS Sainte-Anne, Paris (75)
Dr Bertrand Hanin
CPOA, CHS Sainte-Anne, Paris (75)
Dr Bruno Harlé
Unité de Thérapie Familiale de Bondy (93)
Pr Pierre-Michel Llorca
Service de Psychiatrie B, Hôpital Gabriel Montpied, Clermont-Ferrand (63)
DÉPRESSION
25idées actuelles
4
Dr Jean Malka
Service de Psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, CHU d’Angers (49)
Dr Anjali Mathur
Service de Psychiatrie, CHU Purpan, Toulouse (31)
Dr Marianne Mazodier
CPOA, CHS Sainte-Anne, Paris (75)
Dr Frédéric Medouze
Clinique Médico-Universitaire Georges Heuyer, Paris (75)
Dr Christine Mirabel-Sarron
CMME, CHS Sainte-Anne, Paris (75)
Pr Marie-Rose Moro
Service de Psychopathologie de l’enfant, de l’adolescent et de
Psychiatrie générale, CHU Avicenne, Bobigny (93)
Dr Marc Passamar
Centre d’Accueil et de Crise, S.A.U.S, CHS Pierre-Jamet, Albi (81)
Dr Jérôme Pellerin
Service de Psychiatrie des personnes âgées, Hôpital Charles Foix,
Ivry-Sur-Seine (94)
Dr François Petitjean
Service de Psychiatrie, CHS Sainte-Anne, Paris (75)
Dr Christian Spadone
CHU Hôpital Saint Louis-Lariboisière, Paris (75)
Dr Jacques Thuile
CMME, CHS Sainte-Anne, Paris (75)
Dr Arouna Togora
Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, CHU d’Angers (49)
Pr Guillaume Vaiva
Clinique universitaire de psychiatrie, CHRU de Lille (59)
Dr Gilles Vidon
Service de Psychiatrie, Hôpital Esquirol, Saint Maurice (94)
Dr Bernard Vilamot
CH Pierre Jamet, Albi (81)
DÉPRESSION
25idées actuelles
5
© Brain Storming SAS
122, avenue du Général Leclerc, 75014 Paris
www.editions-scientifiques.com – [email protected]
1 / 16 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !