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son effet demeure limité, l’agriculture peut apporter sa contribution à l’effort collectif de
réduction des transferts de P vers les milieux aquatiques sensibles, dans la mesure où elle
n’est pas préjudiciable à son activité.
3- Solutions pour réduire les transferts de phosphore des parcelles cultivées
vers le réseau hydrographique
Pour limiter les transferts d’origine diffuse il s’agit d’abord de bien identifier dans une
exploitation agricole les sources (sol, fertilisation, restitution directe par les animaux) et les
vecteurs (ruissellement / érosion, drainage) afin d’adopter les solutions les plus efficaces
(figure 12). Parmi celles-ci certains aménagements de l’espace ont fait la preuve de leur
efficacité tels l’implantation de haies, talus, bandes enherbées qui visent à ralentir le transfert
de l’eau des champs vers les cours d’eau afin de favoriser la fixation du phosphore par le sol.
Toutefois, ils s’accompagnent parfois de contraintes qui sont de réels obstacles à leur mise en
oeuvre (figure 13). Parmi les techniques culturales envisagées la suppression du labour et son
remplacement par des techniques culturales sans labour, voire par le semis direct, se sont
avérées très efficace, au moins à court et moyen terme, pour réduire les transferts de
phosphore par le ruissellement et l’érosion qui lui est associée (figure 14). Par contre l’effet
inverse a été observé pour les transferts de phosphore par les eaux de drainage des parcelles
hydromorphes (figure 15). Dans ce cas ce sont les drains qui évacuent l’essentiel de l’excès
d’eau et la suppression du labour tend à accroître très fortement la concentration du phosphore
dans les eaux qu’ils véhiculent (figure 16). Ce fait s’explique par l’écoulement rapide de
l’eau de la surface du sol vers les drains par les voies de circulation préférentielle de l’eau que
constituent les galeries et fissures dont la pérennité est d’autant mieux assurée que le sol est
peu perturbé par les façons aratoires.
Il est enfin logique de concevoir que les transferts de P hors des parcelles cultivées puissent
être modifiés en agissant sur la fertilité du sol et sur la fertilisation phosphatée. Celle-ci peut
être gérée en vue de maintenir la disponibilité du phosphore dans le sol à un niveau tel qu’il
suffit à lui seul pour bien alimenter les plantes. Le niveau requis est toutefois assez élevé et il
s’avère que les transferts de P dissous par le ruissellement dépendent étroitement du niveau
de disponibilité du phosphore à la surface du sol. Par contre celui-ci n’a que peu d’influence
sur les transferts de P total lorsque l’érosion est importante (figure 17). N’apporter du
phosphore dans les champs que si nécessaire, et au niveau strictement requis pour satisfaire
les besoins d’une production non limitée par cet élément, conduit a la baisse progressive de sa
disponibilité dans le sol et, tôt ou tard à la nécessité d’apports réguliers plus ou moins
conséquents (figure 19). Or, l’occurrence d’une pluie peu après un apport, qu’il soit de nature
organique ou minérale, peut engendrer des pertes de phosphore d’autant plus importantes que
le ruissellement ou le drainage interviennent rapidement après l’apport (figure 19) et que
l’incorporation du fertilisant est peu profonde et/ou partielle.
La contribution respective du sol et de l’effet spécifique imputable à l’apport de fertilisants a
pu être déterminé pour une période de 10 ans dans le dispositif expérimental d’Arvalis à La
Jaillière (44) (figure 20). La contribution des apports aux transferts par ruissellement et
drainage, indépendamment de leur effet sur la disponibilité du P dans le sol, a représenté 36 à
53 % des transferts de P dissous pour les 5 parcelles étudiées. Malgré cela le taux de transfert
du phosphore apporté (phosphore perdu imputable à l’apport / quantité de P apporté) a pour
toutes les parcelles été inférieur à 1% (figure 21).
Les apports de phosphore dans les parcelles cultivées, qu’ils aient pour but d’entretenir un
niveau de fertilité acquis ou de satisfaire les besoins des plantes par rapport aux objectifs de
production assignés, peuvent donc engendrer des pertes conséquentes que seule