Économie monétaire et financière

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Économie monétaire et financière Niveau des taux d’intérêt Université Paris 1 Panthéon -­‐ Sorbonne L2 Economie 1 Eléments introducBfs Préférez-­‐vous recevoir 100 euros aujourd’hui ou 100 euros demain ? •  Aujourd’hui ! à 1 euro a ujourd’hui vaut donc plus cher qu’1 euro demain. •  Si aujourd’hui vous avez 100 euros en poche, vous pouvez décider : –  de les dépenser immédiatement –  ou simplement vous saBsfaire de la possibilité de le faire quand bon vous semblera •  Y renoncer serait –  accepter de reporter votre consommaBon à demain (opBque réelle des économistes classiques) –  aliéner pour un certain temps ce droit immédiat à une consommaBon future (opBque keynésienne). •  Ce renoncement est coûteux Intérêt = prix d’un renoncement •  Pour accepter de renoncer à ces euros pendant un certain temps, vous demandez une compensaBon : c’est l’« intérêt ». •  Si pour paBenter un an, vous réclamez par exemple 2 euros, cela veut dire que le taux d’intérêt que vous demandez est de 2% (c’est le niveau auquel les invesBsseurs acceptent aujourd’hui de prêter à 30 ans à l’Etat français). Taux nominal / taux réel •  Si vous prévoyez une augmentaBon des prix entre le moment où vous prêtez vos euros et le moment où l’intérêt vous sera versé en plus du remboursement, le taux d’intérêt que vous abendez devra prendre en compte cebe inflaBon afin que vous ne perdiez pas de pouvoir d’achat. •  Le taux d’intérêt qui prend en compte l’inflaBon s’appelle le taux nominal. Si vous lui reBrez la part desBnée à compenser l’inflaBon abendue, vous obtenez le taux d’intérêt réel. intérêt = prix du temps Ø  Le temps a un prix. Prêter de l’argent, c’est vendre à l’emprunteur le temps d’en disposer. Ø Le taux d’intérêt est un pont entre le présent et l’avenir, entre valeur actuelle et valeur future. « Time is money! » Eléments historiques PraBque ancestrale Ø  Le prêt à intérêt existait déjà dans la haute anBquité en Mésopotamie. Ø  Vers -­‐1750, le code d’Hammurabi fixait des limites de taux, avec un maximum de 20% ou 33% selon le produit prêté (argent ou semences). Faits historiques: rejet du prêt à intérêt par l’église et les théologiens Ø  L'Église: exiger un paiement pour le commodat (prêt à usage) est contraire à la charité; Ø  Aristote (-­‐384 à -­‐322): prêt à intérêt est un moyen injuste, déshonorant et contre-­‐nature de s'abribuer le bien d’autrui; Ø Saint Ambroise (339-­‐397): Qu'est-­‐ce que le prêt à intérêt, sinon tuer un homme? Ø Saint Thomas d'Aquin (1224-­‐1274): recevoir un intérêt pour l'usage de l'argent prêté est en soi injuste, car c'est faire payer ce qui n'existe pas; InterdicBon du Riba dans la finance islamique •  InterdicBon vraisemblablement postérieure à la période de la révélaBon coranique : le prêt à intérêt était très répandu dans la société arabe de la Mecque et de Médine •  L’interdicBon du riba dans le Coran peut de ce point de vue s’interpréter comme la volonté d’interdire une praBque qui était devenue abusive •  va de pair avec la volonté de ne pas creuser le fossé entre les riches (ceux qui prêtent) et les pauvres (ceux qui empruntent) et de favoriser une réparBBon moins inégalitaire des ressources •  l’intérêt n’est pas le prix du temps car le temps est « divin ». Les approches théoriques Taux d’intérêt dans la théorie économique 1.  L’approche classique et néoclassique (S. Jevons, I. Fisher) 2.  L’approche wicksellienne 3.  L’approche keynésienne 4.  L’approche du choix de portefeuille (J. Tobin) 5.  L’approche des fonds prêtables L’approche « classique » W.S. Jevons (1835-­‐1882) Irving Fisher (1867-­‐1947) ü  « Préférence pour le présent » ü  Côté épargne: le taux d’intérêt rémunère les épargnants en échange de leur renoncement à la consommaBon présente. ü  Côté invesRssement: plus le taux d’intérêt réel est élevé, moins il y a de projets d’invesBssements considérés comme rentables. La sensibilité de l’épargne au taux d’intérêt réel Une hausse du taux d’intérêt = une hausse du prix de la consommaBon présente par rapport à celui de la consommaBon future Effet de subsBtuBon: Les ménages préférent épargner Effet revenu: Ambigu... ↑du pouvoir d’achat des ménages créanciers nets ↓ du pouvoir d’achat des ménages débiteurs nets Taux nominal / taux réel Irving Fisher (1867-­‐1947) •  DisBncBon théorisée par Irving Fisher •  Le taux d’intérêt réel est défini par le relaBon de Fisher: •  Le plus souvent exprimée sous sa forme simplifiée (pour des niv. d’infl. faible): Où le taux nominal est , le taux réel , l’inflaBon anBcipée • 
L’approche wicksellienne Pour Knut Wicksell (1851-­‐1926), la monnaie n’est pas toujours neutre. •  Elle ne l’est que dans une situaBon excepBonnelle d’équilibre monétaire qui implique taux d’intérêt monétaire iM (le taux d’intérêt des crédits) = taux d’intérêt naturel iN , (taux de rentabilité du capital physique) •  Quand iM = iN, S = I et les prix sont stables (ni inflaBon, ni déflaBon) •  mais iM ≠ iN est la situaBon la plus courante et cela peut entrainer un mécanisme cumulaBf d’instabilité des prix L’approche wicksellienne (suite) •  Quand iM < iN les invesBssements producBfs augmentent et avec eux le prix des maBères premières et des biens et services nécessaires à la producBon … anBcipaBons de hausseà pì •  Inversement quand iM > iN les invesBssements producBfs diminuent et avec eux le prix des maBères premières et des biens et services nécessaires à la producBon … anBcipaBons de baisseà pî •  Rôle important de la banque centrale dans cebe approche pour ramener iM vers iN •  Mais la poliBque monétaire ne peut pas tout ! Si iM au plancher mais iM > iN alors l’invesBssement ne repart pas. Baisse tendancielle du taux naturel Source : Aglie/a & Brand (Economie mondiale 2016, Ed. La Découverte, coll. Repères, sept 2015) L’approche keynésienne John Maynard [quand un individu] « accumule ses épargnes sous forme d’argent Keynes (1883-­‐1946) liquide, il ne gagne aucun intérêt bien qu’il épargne tout autant qu’un autre » « le taux d’intérêt n’est pas le prix qui amène à s’équilibrer la demande de ressources à invesNr et le consentement à s’abstenir de consommaNons immédiates. Il est le prix qui équilibre le désir de détenir la richesse sous forme de monnaie et la quanNté de monnaie disponible ». Source : La théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (1936) L’approche keynésienne ü « Préférence pour la liquidité » ü  Les taux d’intérêts incitent les épargnants à diriger leur épargne vers des formes plus producBves pour la société (Btres, …) ü  Les moBfs de la préférence pour la liquidité: -­‐  Le moBf de transacBon -­‐  Le moBf de précauBon -­‐  Le moBf de spéculaBon La formaBon du taux d’intérêt dans l’analyse keynésienne R ↑à DM↑ à i ↑ (effet revenu) P↑àM/p ↓ à DM ↑ à i ↑ (effet du niveau de prix) PoliBque monétaire expansive àOM ↑ à i ↓(effet liquidité) Taux d’intérêt nominal
Demande de monnaie
Offre de monnaie
Trappe à liquidité
i1
i*
i2
DM1
OM
DM2
QuanNté de monnaie
Mais … effet liquidité à effet revenu; inflaBon; anBcipaBons d’inflaBon. D’où finalement un effet incertain / i L’approche du choix de portefeuille •  James Tobin dans un arBcle de 1958 reformule la théorie de la préférence pour la liquidité : •  La prévision des niveau de taux d’intérêt est difficile. Il y a une incerBtude. •  Les invesBsseurs préfèreront donc détenir à la fois des acBfs risqués et des liquidités (diversificaBon); •  Le choix de portefeuille est aussi le choix entre plusieurs acBfs risqués The Sveriges Riksbank Prize in Economic Sciences in Memory of Alfred Nobel 1981 James Tobin (1918-­‐2002) L’approche du choix de portefeuille •  Le choix de portefeuille se fait en 2 étapes : •  1°/ choix du niveau de risque •  2°/ sélecBon des acBfs risqués à portefeuille de marché •  L’argument du risque consBtue le principal déterminant du taux d’intérêt : le taux d’intérêt est la prime de risque L’approche du choix de portefeuille •  VariaBons de taux d’intérêt à « effets de richesse » : ↓ taux à valeur du patrimoine↑à↑consommaBon ↓ taux à collatéraux↑àaccès au crédit + facileà ↑invesBssement •  Aux Etats-­‐Unis, les Américains dépensent entre 1 à 4 cts par dollar de richesse boursière supplémentaire ! Taux d’intérêt domesBque et taux d’intérêt étranger •  RelaRons d’arbitrage à relaRons de parité de taux d’intérêt : (avec couverture) i* = i + (F – S) / S, où i* désigne le taux d’intérêt américain, i le taux d’intérêt européen, F le taux de change à terme du dollar vis-­‐à-­‐vis de l’euro, S le taux de change au comptant du dollar vis-­‐à-­‐vis de l’euro (sans couverture) i* = i + (Se – S) / S, où Se le taux de change anBcipé du dollar vis-­‐à-­‐vis de l’euro. L’approche des fonds prêtables •  Théorie de la synthèse entre approche monétaire/financière et approche réelle: –  la demande de fonds prêtables intègre les liquidités désirées par les agents ainsi que la demande d’invesBssement –  l’offre de fonds est composée à la fois d’acBfs monétaires (crédits monétaires) et non monétaires (acBfs financiers) L’approche des fonds prêtables Principes de base du calcul financier CapitalisaBon & actualisaBon taux actuariels Bases du calcul financier « Le temps, c’est de l’argent ! » •  Taux d’intérêt = pont entre valeur actuelle et valeur future à CapitalisaRon (calcul d’une valeur future) / actualisaRon (calcul d’une valeur actuelle) CapitalisaBon •  Combien vaudront dans un an (demain) 100 euros invesBs (aujourd’hui) pendant 1 an au taux de 5% ? à 100 + 100*5% = 100(1 + 5%) = 105 euros •  Si l’invesBssement est réalisé sur deux ans, deux cas sont à disBnguer : –  capitalisaNon à intérêts simples : 100 + 100*5% + 100*5% = 110 euros –  capitalisaNon à intérêts composés : 100 + 100 * 5% + 100 * 5% + 5 * 5% = 100(1 + 5%)2 = = 110,25 euros Intérêts simples / intérêts composés •  Intérêts simples : les intérêts sur le capital iniBal ne rapportent aucun intérêt. •  Intérêts composés : les intérêts portent eux-­‐
mêmes intérêt •  si l'année de la découverte du nouveau monde en 1492, Christophe Colomb avait placé l'équivalent de 1 euro à 5 %, il disposerait en 2015 : –  dans le cas d'un placement à intérêts simples, d'un peu plus de 27 euros — dans le cas d'un placement à intérêts composés, de plus de 120 milliards d'euros ! Schéma : CapitalisaRon 1 Temps t = 0 Valeur actuelle CapitalisaBon Valeur future CapitalisaBon (suite) •  Une somme X disponible aujourd’hui et placée au taux i pendant t périodes aura demain une valeur future égale à : –  VF = X * (1 + i *t), dans le cas d’une capitalisaNon à intérêts simples –  VF = X * (1 + i)t, dans le cas d’une capitalisaNon à intérêts composés Où (1 + i)t désigne ici le facteur de capitalisaBon à intérêt composés. CapitalisaRon et actualisaRon 1 Temps t = 0 Valeur actuelle CapitalisaBon ActualisaBon Valeur future ActualisaBon •  L’actualisaBon est l’opéraBon inverse de la capitalisaBon •  Combien faut-­‐il invesBr aujourd’hui pour obtenir 110,25 euros dans 2 ans au taux de 5%? •  La somme qui placée pendant deux ans au taux de 5% rapportera à cebe échéance 100(1+5%)2 a une valeur actuelle égale à : 100(1+5%)2/ (1+5%)2 = 100 •  L’opéraBon d’actualisaBon donc à diviser la valeur future par (1+i)t. ActualisaBon (suite) •  La valeur actuelle de la somme qui placée au taux i rapportera demain VF est égale à : VA = VF / (1 + i)t = X Où 1 / (1 + i)t désigne le facteur d’actualisaBon. ActualisaBon à valeur d’un Btre de debe •  La valeur d’un Btre de debe s’obBent en actualisant les flux de revenus qu’il engendre. •  Exemple : valeur V d’une obligaBon émise à 5 ans, versant 80 de coupons annuellement et remboursable au pair à 800 euros : V = 80/(1+i) + 80/(1+i)²+ 80/(1+i)3+ 80/
(1+i)4+ 80/(1+i)5 + 800/(1+i)5 Taux équivalent et taux proporBonnel •  Le taux d’intérêt (i) est généralement donné en base annuelle. •  Il existe deux méthodes pour appliquer un taux annuel à des périodes infra-­‐annuelles. –  Le taux équivalent : logique –  Le taux proporBonnel : plus simple (et donc plus uBlisé…) Taux équivalent •  Principe du taux équivalent : 1 + i A = (1 + im )12 ⇔
im = (1 + i A )
1
12
− 1 = 12 (1 + i A ) − 1
•  Ainsi, le taux mensuel équivalant à un taux annuel de 12% est 0,94%. Taux proporBonnel •  simple pro rata du taux d’intérêt annuel. – Emprunter pendant un mois au taux proporBonnel annuel de 12%, signifie qu’il faudra payer 1% d’intérêt par mois (12%/12). •  Un taux annuel proporBonnel de 10% correspond à un taux … : –  … semestriel de –  … trimestriel de –  … mensuel de –  … hebdomadaire de –  … journalier de 10% / 2 = 5% 10% / 4 = 2,5% 10% / 12 = 0,83% 10% / 52 = 0,19% 10% / 365 = 0,0274% « Produits de taux » •  Tous les produits dont les revenus et la valorisaBon dépendent d’un taux –  Tous les Btres de debe •  Titres du marché monétaire (TCN et bons du trésor) •  Titres du marché obligataire –  Parts d’OPCVM monétaire et obligataire –  Tous les produits dérivés dont le sous-­‐jacent est un taux : swaps de taux, opBons de taux, futures de taux … –  Produits bancaires •  Crédits •  Comptes d’épargne, compte / livret, … Quatre principaux produits de taux 1°/ Prêt à remboursement in fine: le prêt d’un montant (« principal ») pour une période donnée (« maturité »), au terme de laquelle le principal est remboursé, augmenté d’un intérêt. 1 1000 euros 2 1100 euros Quatre principaux produits de taux 2°/ Prêt à versements constants (ou à mensualités ou annuités fixes): prêt remboursable en versements égaux à chaque période. Ces montants incluent à la fois le remboursement du principal et les intérêts. 1 1000 euros 375 euros 375 euros 375 euros 2 Quatre principaux produits de taux 3°/ ObligaRon classique: prêt (émis à la valeur nominale ou faciale) qui prévoit le paiement annuel d’un montant fixe (« coupon ») correspondant aux intérêts jusqu’à la maturité du prêt, et le remboursement du principal à la date de maturité 1000 euros (« échéance ») 1 2 ObligaRon 50 euros 50 euros 50 euros + 1000 euros Quatre principaux produits de taux 4°/ ObligaRon zéro-­‐coupon (ang.: discount bonds): prêt émis à un prix égal ou inférieur à la valeur faciale, ne versant pas de coupon, remboursable à échéance à sa valeur faciale. 1 800 euros ObligaRon 1000 euros 2 Un cas parBculier d’obligaBon Ø  ObligaBons émises par les gouvernements au XIX ème siècle: les rentes perpétuelles Ø  Ces obligaBons ne sont jamais remboursées Ø  Elles paient uniquement des coupons annuels: ou Taux nominal / taux actuariel •  Le taux nominal est le taux apparent •  Le taux actuariel (taux de rendement interne ou « yield to maturity ») mesure le véritable coût du prêt pour l’emprunteur et le véritable rendement pour le prêteur •  Taux nominal ≠ taux actuariel Taux nominal •  si j’ai emprunté 100 et remboursé 110 au bout de 2 ans, le montant des intérêts versés est égal à 10 et le taux correspondant (sur deux ans) est égal à 10/100 = 10%. •  Ce taux est appelé taux nominal. Un taux de 10% sur 2 ans équivaut à un taux annuel proporNonnel de 5%. Taux actuariel •  C’est le taux qui égalise les flux actualisés de paiements associés à un instrument financier et sa valeur actuelle: •  Si l’on reprend l’exemple précédent, le taux actuariel ia est tel que : 100 = 110 / (1+ia)2 → ia = 1,1½ -­‐ 1 = 4,88 Taux actuariel ≠ taux nominal •  j’ai emprunté 100 euros sur 2 ans, remboursé 55 la première année et 55 la seconde année. •  Le taux nominal demeure égal à 10% sur deux ans, soit un taux annuel proporBonnel nominal de 5%. •  Le taux actuariel est égal à : 100 = 55 / (1+ia) + 55 / (1+ia)2 → ia = 7% ≠ taux nominal Le taux actuariel d’une obligaBon •  Dans le cas d’une obligaBon classique, le taux actuariel ia s’obBent en égalisant le prix actuel de l’obligaBon (P), et la somme actualisée des coupons annuels (C) versés et de la valeur du paiement final (F) à la date n de maturité : P = C/(1+ia) + C/(1+ia)² + C/(1+ia)3 + … + C/
(1+ia)n+ F/(1+ia)n Taux actuariel = taux de rendement Soit une obligaBon classique : ü valeur d’émission : 1000 euros ü taux de coupon 10% ü échéance 10 ans Calculons le taux actuariel ia de cebe obligaBon dans le cas où elle est revendue au bout de 4 ans, au prix de marché de 500 euros : •  1000 = 100/(1+ia) + 100/(1+ia)² + 100/(1+ia)3 + 100/(1+ia)4+500/(1+ia)4 → ia = -­‐3% Résultat : son taux de rendement est négaBf ! Calcul de taux actuariel (exemples) Ø  Prêt in fine: prêt à deux ans de 100 euros remboursable par un versement de 110 à l’écheance Ø  Prêt à versements fixes: prêt de 1000 euros remboursé en 25 versements annuels de 126 euros: ApproximaBon du taux actuariel •  Le taux nominal (ou taux de coupon) n’est pas souvent un bon indicateur du taux actuariel … •  …mais dans deux cas il peut consBtuer une bonne approximaBon: –  Quand la valeur de remboursement (prix de revente) est proche du pair (valeur d’émission) –  Quand la maturité est très longue (l’écart éventuel entre la valeur de revente et la valeur d’émission représente peu par rapport aux coupons versés) •  En outre, même s’il y a un écart entre les deux, ils varient dans le même sens (↑taux nominal à ↑ taux actuariel) QuesBons et quizz … Des taux d’intérêts négaBfs ? •  ConfiguraBon inédite dans laquelle les invesBsseurs sont prêts à payer (d'où le taux négaBf) ou, ce qui revient au même, à récupérer une somme inférieure au montant placé. •  Le cas du Japon en 1998 : taux d’intérêt sur les bons du Trésor japonais à 6 mois sont devenus négaBfs •  SituaBon récente également, suite à la crise financière à taux nominaux négaBfs pour certains placements en obligaBons d’Etat : –  début 2015, l'État français empruntait à taux négaBf pour des échéances inférieures à 4 ans –  Les emprunts de l'État fédéral allemand ont également bénéficié de taux négaBfs pour des échéances jusqu'à 7 ans explicaBons •  En situaBon de crise, l'incerBtude est grande et la perspecBve n'est plus celle de la maximisaBon du gain mais celle de la minimisaBon de la perte redoutée. •  Recherche d’acBfs « sûrs ». Les invesBsseurs sont prêts à payer pour la sécurité de leur placement. •  Le fort assouplissement de la poliBque monétaire pendant la crise y a aussi contribué : tant que l'on anBcipe une baisse des taux des Btres d'emprunt d'État et donc une hausse du prix auquel la BCE les rachètera, il devient raBonnel d'acheter ces obligaBons à taux négaBf. Les taux d’intérêt réel peuvent être négaBfs •  Si l’on reprend la relaBon simplifiée de Fisher: Où le taux nominal est , le taux réel , l’inflaBon anBcipée •  Lorsque l’inflaBon anBcipée (ou constatée) est élevée et supérieure au taux nominal, le taux d’intérêt réel devient négaBf. La disBncBon entre taux d’intérêt réel et taux d’intérêt nominal Ø  Jusqu’à récemment, les taux d’intéret réels n’étaient pas directement observables; Ø  Cela a changé: le Trésor américain depuis 1997 et le Trésor français depuis 1998 émebent des obligaBons indexées sur l’inflaBon. Ø  Exemple: fin décembre 2006, le taux d’intérêt d’une OAT (indexée) à échéance 2029 = 1,9%, tandis que celui d’une OAT non indexée = 4,9 %. AnBcipaBon d’inflaBon = ???? Quel est le bon niveau du taux d’intérêt ? •  QuesBon très importante car les taux d’intérêt influencent : –  le coût et le volume de crédit –  la quanBté de monnaie en circulaBon –  le rendement des placements libellés en euros comparé à ceux libellés en devises et donc ainsi le taux de change de l’euro –  les anBcipaBons d’inflaBon et le niveau des taux d’intérêt réels –  la valeur du patrimoine des agents –  etc. Quel est le bon niveau du taux d’intérêt ? (suite) •  Cela signifie les variaBons du taux d’intérêt peuvent avoir un effet sur l’invesBssement, la croissance et l’emploi, sur l’inflaBon, sur l’équilibre extérieur, sur les décisions de consommaBon et d’épargne… •  Un niveau trop haut favorise l’épargne mais décourage l’invesBssement •  Un niveau trop bas favorise les emprunteurs mais peut alimenter une bulle du crédit comme celle à l’origine de la crise des subprime •  C’est toute la gamme des taux qui importe et le niveau des taux courts comparés à celui des taux longs à cf. thème suivant Extrait de « La finance est un jeu …
dangereux », (2010), ed. Librio Extrait du Chapitre 1 « Comportement des invesNsseurs », p12 : 5. On vous propose 5 000 € aujourd’hui ou 10 000 € dans dix ans. Le taux d’intérêt annuel est de 7 %. Que faut-­‐il choisir ? □ 5 000 € aujourd’hui □ 10 000 € dans dix ans Réponse •  10 000 € dans dix ans. 5 000 € placé au taux de 7 % ne rapportent dans dix ans que 9 835 €* : 10 000 € disponibles dans dix ans valent donc plus que 5 000 € aujourd’hui. Résultat, il faut opter pour le second choix. •  Ceci est valable que vous ayez, ou non, besoin de 5 000 € aujourd’hui. Si vous en avez besoin, vous avez intérêt à accepter les 10 000 € dans dix ans, et à emprunter 5 000 € aujourd’hui ; vous aurez alors à rembourser 9 835 €, ce qui vous laissera, en plus des 5 000 € aujourd’hui, 164 € dans dix ans. •  Si le taux d’intérêt avait été plus élevé, 8 % par exemple, il aurait fallu choisir la première opBon : en plaçant 5 000 € au taux de 8 % vous obBendriez au bout de dix ans 10 794 €. A l’inverse plus le taux d’intérêt est faible et plus la valeur future des 5 000 € est faible. *5000 (1+7%)10 = 9 835 € Extrait de « La finance est un jeu …
dangereux », (2010), ed. Librio •  Extrait du Chapitre 1 « Comportement des invesNsseurs », p12 : •  6. Quelle somme est-­‐on prêt à dépenser aujourd’hui pour prévenir un dommage de 1 milliard prévu dans 500 ans si le prix du temps (le taux d’intérêt) est de 4 % ? □ quelques euros □ quelques centaines d’euros □ quelques milliers d’euros □ quelques millions d’euros Réponses •  Quelques euros. Combien vaut aujourd’hui 1 milliard d’euros disponibles dans 500 ans ? […] Cebe somme est égale à 1 milliard divisé par (1 + 4 %)500, soit environ 3,04 euros. •  On ne dépenserait donc à peine plus de 3 € aujourd’hui pour prévenir un dommage, environnemental par exemple, d’1 milliard d’euros qui se produirait dans 500 ans. •  On ne dépenserait même pas plus de quelques cenBmes si le taux d’intérêt était de 5 %. •  Tout dépend donc du taux d’actualisaBon choisi. Ce taux mesure la préférence qu’on accorde au présent. Plus on préfère le présent, et plus on exige une compensaBon (le taux d’intérêt) élevée pour accepter de renoncer à une somme disponible aujourd’hui. •  Dans une société où la préférence pour le présent est forte, par définiBon l’abenBon accordée au futur est faible. 
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