ILii
1c
ii
Dans
cet
article,
Dieter
BAuER,
maraîcher
passionné
de
sélection
des
plantes
-
il
a
déjà
créé
plusieurs
nouvelles
variétés
de
légumes
(carottes
et choux)
-
nous
montre
comment
l’observation
globale
de
la
plante,
la
recherche
de
l’harmonie
peut
servir
de
fil
conducteur,
non
seulement
pour
la
sélection
mais
aussi
pour
la
culture...
L’harmonie
de
la
forme
d’une
plante
est
ressentie
comme
de
la
beauté.
La
beauté
peut-elle
oit
même
doit-
elle être
un
objectif
de
sélection?
L’harmonie
dans
la
forme
d’une
plante
développée
signifie
que
les
extrêmes
qui
sont
pourtant
aussi
toujours
opposés,
par
viennent
à
s’équilibrer
pleinement.
Mais
ceci
ne
signifie
ni
une
perte
de
tension
entre
les
extrêmes,
ni
un
nivellement.
Au
contraire,
en
conservant
cette tension,
il
s’agit
de
permettre
à
la
plante
d’épanouir
totalement
ses
potentialités
dans
les
condi
tions
données pour
former
un
tout
supé
rieur.
Ainsi
les
capacités
de
la
plante sont
amenées
à
un
optimum
de
manière
à
per
mettre l’épanouissement
du
maximum
de
caractéristiques
possibles. Pour
une
forme
harmonieuse,
il
faut
autant
éviter
les
formes
chétives
que
les
formes exubérantes.
L’observation
de
la
métamorphose
des
feuilles
au
cours
du
développement
d’une
plante
nous
aide
à
découvrir
cette
harmo
nie
tant
dans
la
série
de
métamorphose
des
jeunes feuilles
de
la
plante jusqu’à
la
fleur
que
dans
les
métamor
phoses
partielles
du
stade
juvénile
jusqu’à
un
stade
d’achèvement
comme
par
exemple
le
bourgeon,
la
“pomme”
(par
exemple,
la
pomme
du
chou).
On
trouvera
aussi
une
métamorphose
entre
ce
stade
de
repos
et
l’in
florescence.
Il
existe
Certaines
formes
de
feuilles
qui
t
s
Feuilles
de
carottes
tout
ait
long d’un
cycle
végétatif
4
Dzffre,ztes
feuilles
de
la
variété
de
carottes
de
type
«à
feuilles
fines»
correspondent exactement
à
un
stade
de
développement
donné, par
exemple
les
feuilles
juvéniles,
bractées,
etc.
Mais
dans
la
suite
de
la
croissance apparaissent
aussi des
formes
intermédiaires
entre
les
différents
stades.
Elles
doivent
exister.
Mais
si
les
formes
des
différents
stades
ne
s’expriment
pas
purement
et
qu’au
contraire
les
stades
sont
toujours
mélan
gés
on
obtient
alors
des
formes
qui
expri
ment
la
lutte
de
différentes tendances.
Un
observateur
exercé
ressent
ces
formes
comme
disharmonieuses,
déséquilibrées.
Et
si
ces
formes
intermédiaires
dominent,
c’est-à-dire
que
la
plante
ne
parvient
pas
à
exprimer purement
ces
stades
de
déve
loppement,
nous
la
ressentons
comme
disharmonieuse
et
à
juste
titre après
l’ap
proche ci-dessus.
Une
approche
plus
approfondie
nous
per
mettrait
de
considérer
la
plante
comme
une
“forme
temporelle”
dans
le
sens
les
formes
vététales
ne se
comprennent
qu’à travers
le
paramètre
du
temps.
La plante porte
des
organes,
par
exemple
les
feuilles,
qui
proviennent
de
différents
stades
de
croissance
se
succédant
dans
le
temps.
La
croissance
de
la
plante
s’exprime dans
un
processus
rythmique.
De
ce
fait,
on
peut
considérer
les
“stades”
comme
la
manifestation
du
rythme dans
une
direc
tion
particulière
qui
est
d’abord
forte pour
être
ensuite surmontée
par
le
stade
sui
vant
qui
s’exprimera
lui
aussi.
Simultanément,
la
croissance
d’une
plante
tend
irrésistiblement
(au
sens
propre
du
terme)
vers
son
apogée
qui
sera
finale
ment
toujours
la
fleur
pour
atteindre
son
dernier
objectif
qui
est
la
formation
de
la
graine.
Et
c’est
que
l’on
trouve
les
plus
grands
extrêmes,
allant
d’une part dans
la
fleur,
de
l’épanouissement
le
plus
parfait
de
toutes
les
caractéristiques
de
la
plante
et
d’autre
part
à
la
plus
grande
contrac
tion
jusqu’à
la
disparition
physique
presque
totale dans
la
graine.
Ainsi,
l’harmonie
de
la
forme
nous
révèle
que
le
développement
a
été
harmonieux.
c’est-à-dire
que
la
plante
est
parvenue
à
croître
de
manière
optimale
sous
les
conditions
données.
Plus
une
plante
est
vitale
et
adaptable,
plus
sa
croissance
sera
harmonieuse.
Bien
évidemment,
ce
ne
peut être
le
cas
dans
des
conditions
extrêmes
qui
dépassent
les
capacités
d’adaptation
de la
plante.
Si
l’on
prolonge encore
l’idée
du
rythme
dans
la
croissance
des
plantes,
on
peut
dire
:
jusqu’à
la
fleur,
la
plante
se
déve
loppe
dans
un
processus
de
devenir
et
à
partir
de
dans
un
processus
de
dépéris
sement, c’est-à-dire
de
mort.
Mais
dans
le
processus
réel,
pendant
le
dépérissement,
la
vie
se
‘réfugie”.
se
concentre
dans
la
graine.
Et
si
ce
processus,
qui
d’ordinaire
ne
conduit
qu’à
la
graine,
est
amplifié,
on
obtient
le
fruit.
La
formation
d’un
fruit
résulte
du
processus
suivant
:
le
courant
de
substances
qui
nourrit
l’ovaire
qui
donnera
la
graine
continue
d’agir bien
que
la
formation
de
la
graine
soit déjà
achevée.
Mais
le
rythme
du
devenir
et
dépérir
est
conservé.
Ainsi
finalement
le
gros
fruit
gonflé doit
aussi
dépérir
à
terme.
C’est
ce
que nous
appelons
le
pro
cessus
de
maturation.
Mais
on
peut
aussi
dire
que
le
fruit
a
absorbé
un
peu
de
la
qualité
de
la
graine,
c’est-à-dire
de
la
durabilité
de
la
graine.
C’est
la
raison
pour
laquelle,
dans
de
nom
breux
cas,
il y
a
une
phase
optimale
plus
ou
moins
longue
qui
est
la
durée
de
conser
vation
du
fruit.
Elle
dépend
nécessaire
ment
aussi
de
l’ensemble
du
développe
ment
de
la
plante
qui
a
donné
ce
fruit.
Ainsi
le
développemeHt
harmonieux
d’une
plante
s’exprime
dans
une
conser
vation
optimale
et pas
maximale,
mais
aussi
dans
le
total
épanouissement
des
caractéristiques
qualitatives.
Nous
appe
lons
maturité
l’ensemble
de
ces
caracté
ristiques
c’est-à-dire
la
capacité
d’une
plante
à
garder
son
fruit
en
équilibre
entre
les
forces
de
croissance
et
de
dépé
rissement
et de
les
retenir
à
ce
stade.
Cette
capacité
dépend
quant
à
elle
de
l’ensemble
des
processus
de
croissance
et
de la
capacité
de
la
plante
à
croître
en
rythmes
bien marqués.
Ainsi,
la
“capacité
dc
maturation”
serait
donc
pour
une
plante
cultivée
un
critère
tout aussi
global
que
“l’harmonie’
et,
de
ce
fait,
un
objectif
de
sélection
à
atteindre
absolument.
Seuls
des
fruits
qui
ont
subi
un
processus
de
maturation
équilibré,
peuvent
donner
une
alimentation
opti
male
pour
l’être
humain.
Un
fruit
imma
ture,
encore
vert,
un
fruit
en
croissance
donc,
doit
être
arraché
de
force
à
la
plante
alors
qu’un
fruit
mûr
nous
tombe
pour
ainsi dire
dans
la
main
il
se
détache
de
lui-même.
Le
fruit
mûr
est
donné
par
la
plante
comme
un
cadeau.
On
peut
aussi
considérer
comme
des
fruits
au
sens
décrit
ci-dessus
des
organes
végétaux
qui ne
renferment
pas
de
graines
comme
par
exemple
des
racines,
des
tubercules,
des
bourgeons
ou
des
feuilles.
En
effet,
ils
se
forment
de
la
même
manière
dans
le
processus
de
croissance
souvent
d’abord
en
tant
qu’organes
de
réserve
en
lien
avec
des
processus
de
retenue.
Pour
la
plante,
ils
constituent
un
arrêt
à
un
stade
de
croissance
permettant
dans
le
stade
suivant
une
croissance
d’au
tant
plus
rapide
vers
la
fleur
et
vers
la
graine.
Le
renforcement
de
ces
processus
qui, dans
nos
plantes
cultivées,
va
au-
delà
de
la
croissance
naturelle
de
la
plante,
a
été
obtenu
par
l’intervention
de
l’homme
sur
la
plante.
Fondamentalement
on
retrouve
aussi
le
processus
de
matura
tion,
c’est-à-dire
l’équilibre
harmonieux
des
caractéristiques
nutritives.
Cependant,
la
conservation
est
également
marquée
Différentes
feuilles
de
la
variété
de
carottes
de type
«barock»
...
...
variétés
de
ctottes
de
type
à
développement
plat.
(Images
Dietrich
Barier)
par
l’état
d’organe
de
réserve.
qui,
par
exemple,
permet
à
la
plante
de
passer
l’hiver
et
poursuivre
sa
croissance
l’année
suivante
(par
exemple pour
les
carottes,
pommes
de
terre,
etc.).
En
revenant
à
notre
question
de
départ.
nous
pouvons
dire
que
la
beauté doit
être
un
objectif
de
sélection
et
pas
seulement
chez
les
plantes
d’ornement.
Elle
n’est
cependant
pas
le
but
comme
pour
ces
dernières
mais
le
résultat
d’un
processus
de
croissance harmonieux
que nous
cher
chons
toujours
à
atteindre
en
tant
que
jar
dinier
ou
agriculteur
que
ce
soit
par
le
mode
de
culture
ou
la
sélection.
Nous
trouvons
la
plus
haute
expression
de
la
beauté
dans
la
floraison
de
la
plante
ou
dans
les
fruits
mûrs
qui
nous
viennent
du
règne
végétal.
Dietrich
BAUER
(extrait
de
Lebendige
Erde
5/99,
traduit
par
J-M.
Florin)
La
plante,
un
être
vivant
se
révélant
dans
le
temps
et
l’espace
GOETHE
a
montré
dans
son
célèbre ouvrage
“la
métamorphose
des
plantes”
comment
la
vie
de
la
plante
s’épanouit
dans
le
temps
et
l’espace.
entre
terre
et
ciel,
suivant
une
triple
métamorphose
la
métamorphose
des
feuilles,
celle
de
la
fleur
et
celle
du
fruit.
Pour
GoETHE,
tous
les
organes
de
la
plante
(excepté
les
racines)
sont
des
“feuilles”
qui
subissent
l’inf]uence
de
différentes
forces,
ce
qui
les
transforment
de
la
première
feuille
surgie sur
la
tigelle
jusqu’aux
feuilles
carpellaires
du
fruit.
Dans
son
article.
Dicter
BAuER
évoque
plus
particulièrement
la
métamorphose
des
feuilles
vertes,
végétatives.
En
effet, chez
de
nombreuses
plantes
à
fleur, chaque
nou
velle
feuille croissant
sur
la
tige
se
déploie
sous une
forme
différente
de
la
précédente
et
pourtant
reliée
(par
une
continuité,
un
lien
invisible)
à
la
forme
précédente.
Cette
méta
morphose s’exprime
par
une
expansion
(les
feuilles
deviennent
de plus
cii
plus
grandes
et
rondes,
larges)
suivie d’une
contraction
(les
feuilles s’effilent).
L’étude
comparée
de
différentes
métamorphoses
des
feuilles permet
d’approcher
les
forces
qui
donnent
nais
sance
aux
formes,
les
«forces
formatrices»
agissant
en
tension entre
les
deux
pôles
de
la
racine
et
de
la
fleur.
Ces
forces
peuvent
s’interpénétrer
harmonieusement
ou,
au
contraire,
se
pénétrer
de
manière chaotique.
C’est
à
cette
observation
que
Dicter
BAuet
veut
nous
éveiller.
Jean-Michel
FLORIN
Pour
aller
plus
loin
Goethe.
La
métamorphose
des
plantes.
Triades
Grohmann
G.
La
plante.
Triades
G5bel
T.
Formation
spatiale
dans
les
plantes
et
dans l’homme.
Ed.
Tycho
Brahe
Gôbel
T.
Racines
et
pousses
dans
la
configuration
du
végétal.
Ed.
Tycho
Brahe.
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