III
Résumé :
Ce mémoire analysera une des thèses majeures de l‟œuvre d‟Emmanuel Levinas, à savoir
le primat de l‟éthique sur l‟ontologie. L‟argumentation se penchera surtout sur la description
phénoménologique de l‟approche de l‟altérité, incarnée dans la concrétude du visage du prochain
et dans laquelle se retrouve l‟idée de l‟infini, inspirée dans sa formulation de Descartes. Cette
idée, n‟étant pas qu‟un simple concept mais plutôt une réalité phénoménale transcendante, amène
Levinas à questionner le rôle de la conscience thématisante dans l‟expérience morale,
caractérisée par son immédiateté et par la présence d‟un Autre. Est-ce que l‟essentiel de la
conscience se comprend comme liberté et savoir ? Y aurait-il un autre aspect, oublié par la
rationalité que Levinas qualifie de grecque, qui serait plus propre à décrire la conscience ?
L‟ontologie ne repose-t-elle pas sur une conception de l‟homme comme un sujet autonome et en
contrôle ? Par ses fines analyses plutôt ontologiques dans Totalité et infini, et par sa prose plus
déconstructrice d‟Autrement qu’être, ou au-delà de l’essence, Levinas ébranle les fondations du
sujet moderne tout en ramenant au centre des préoccupations philosophiques une idée que la
tradition occidentale a eu tendance à évacuer, c‟est-à-dire l‟altérité. Et cette altérité, irréductible
aux concepts immanents de la conscience d‟un sujet, est ce qui justifie le primat de l‟éthique,
posant devant le je un tu qui appelle et demande une responsabilité absolue. Plusieurs auteurs et
commentateurs seront mis à contribution, dont surtout Husserl et Heidegger, ainsi que S.
Critchley, B. Bergo, J.-M. Salanskis et Jacques Roland.
Mots clés : Ontologie, éthique, Levinas, altérité, thématisation, intentionnalité, phénoménologie.