
 
Je crois qu’il y une partie de vérité dans chacune des trois explications, mais j’aimerais 
davantage approfondir la troisième, car : 
Plus nous connaissons une personne, un art, un paysage une culture etc., plus nous l’aimons. 
C’est notre savoir de fin connaisseur qui nous fait apprécier un met, un objet d’art, un ami etc. 
 
Mais les différents objets ou sujets de notre amour ne se trouvent pas sur le même plan et on 
ne peut pas parler d’infidélité lorsque nous aimons à la fois une peinture, la femme y 
représentée et le peintre en tant qu’ami. C’est pourquoi existent autant d’états d’amour 
que de registres de valeurs.  
L’amour commence par la simple curiosité, par la sympathie, par l’amour platonique, par 
l’amour passionnel jusqu’à l’amour pour l’enfant ou pour ses parents. Ces derniers types 
d’amour qui incluent souvent aussi le partenaire sont les plus forts, parce que  s’y mêle à part 
la passion, sa propre origine biologique, sociale et psychologique avec la transmission de 
celles-ci. 
 
Ou encore, nous aimons nous reconnaître dans l’Autre, comme nous aimons façonner l’Autre 
à notre propre image – tentation souvent vaine et souvent fatale pour les couples. Mais qu’en 
est-il des couples très hétérogènes : pourquoi s’aiment-ils ? Ou plutôt, pourquoi aspirons-nous 
à apprendre à aimer des choses qui nous étaient jusqu’ici inconnues ? (par exemple : connaître 
une nouvelle langue, pratiquer un nouveau hobby, vivre dans un nouveau pays, voire tomber 
amoureux d’une personne dont nous savons pas grand chose) 
 
Donc il semble que nous avons une curiosité naturelle qui tend à transcender notre 
narcissisme. Cependant,  cela demande souvent un effort pour surmonter notre aversion 
contre l’inconnu, contre des valeurs que nous ne partageons pas etc. Comment faisons-
nous pour surmonter nos angoisses, notre répulsion, notre aversion ? 
 
Peut-être s’agit-il ici de notre recherche perpétuelle (et inconsciente) de parfaire notre identité 
par des contenus, des expériences, des traits de caractère refoulés. 
 
Lorsque nous sommes à la fois attirés et repoussés par une culture (étrangère) nous sommes à 
la recherche des parties de notre personne qui n’ont pas pu s’épanouir (dans notre culture 
d’origine) : 
 - soit parce que nous n’étions mentalement et socialement pas suffisamment « équipé » 
pour les assumer 
- soit puisque nous sommes orienté en biais  (mal dit)par rapport à notre culture 
d’origine dans laquelle nous nous sentons toujours un peu à contre courant. 
 
Par exemple, je suis personnellement attiré par la curiosité intellectuelle et l’esprit libertaire 
qui règne en France, même au-delà des milieux intellectuels. Cet esprit implique une certaine 
infidélité à l’égard du passé, des autres, des règles convenues. Cependant, j’ai horreur des 
situations sociales quotidiennes (travail, transports, organisation de la vie quotidienne) qui ne 
sont pas transparentes ou les acteurs sont infidèles, traîtres, lunatiques, irresponsables, 
dangereux etc. 
 
Est-ce que je fais ce rejet parce que ces défauts ne correspondent pas à mes valeurs 
personnelles ou est-ce que je n’ai pas vécu assez de situations où cette « ouverture au 
changement » aurait impliquée des conséquences positives ? Plus clairement, ai-je été 
traumatisé par l’infidélité de mes parents, de mes professeurs, des personnes que j’ai aimées ?