1
MEMOIRE DANS LE CADRE DU DIPLOME
UNIVERSITAIRE 2006/2007
APPROCHE NEUROLOGIQUE, LINGUISTIQUE
ET COGNITIVE DES TROUBLES DES
APPRENTISSAGES
Dans le cadre de la formation à l’approche neurologique, linguistique et cognitive des
troubles des apprentissages nous avons souhaité :
- confronter les approches complémentaires et différentes d’une psychologue -
psychothérapeute cognitivo-comportementaliste, qui dans sa pratique peut retrouver un
nombre non négligeable de personnes confrontées soit à la perte de liberté de ne pas
consommer, soit au retentissement de cette consommation sur l’équilibre personnel ou
familial, voire touchées par des troubles du comportement ou des acquisitions,
conséquences d’un ETCAF (Ensemble des Troubles Causés par l'Alcoolisation Fœtale)
survenu durant la grossesse et se manifestant parfois très tardivement ; et d’un pédiatre
initialement néonatologiste qui fut souvent confronté à ce problème de Santé publique
mal connu ;
- profiter de l’occasion donnée par ce mémoire pour mettre en évidence que ce sujet est à
la croisée des différents champs de l’enseignement suivi ;
- faire le point sur l’état actuel des connaissances et des prises en charges proposées ;
- relayer les messages de prévention.
F. LECANN DR. J C.SEMET
Psychologue Pédiatre
Nous tenons à remercier particulièrement les enfants et leur famille d’avoir renoncer à leur
droit sur les images et d’avoir ainsi permis de les utiliser ici.
GROSSESSE ET ALCOOL
RETARD MENTAL ET TROUBLES DES APPRENTISSAGES EVITABLES!?!?
2
PLAN
I] INTRODUCTION
II] HISTORIQUE
III] LE SYNDROME D’ALCOOLISATION FŒTALE
IV] REPERCUSSIONS SUR LE DEVELOPPEMENT DE L’ENFANT ET A L’AGE
ADULTE DES CONSOMMATIONS ORDINAIRES
V] LE PROFIL COGNITIF ET COMPORTEMENTAL DES E T C A F
V-a) Séquelles neurocomportementales
V-b)Troubles des apprentissages (QI normal)
VI] DEVENIR DES ENFANTS
VII] BESOINS FONDAMENTAUX DES PERSONNES ATTEINTES
VIII] PRISES EN CHARGE PROPOSEES
VIII-a) Prise en charge précoce
VIII-b) Prise en charge des enfants atteints ETCAF
VIII-c) Prise en charge globale
VIII-d) Prise en charge des mères qui ont perdu la liberté de ne pas boire
IX] CONCLUSION
X] BIBLIOGRAPHIE
3
I. INTRODUCTION
L'alcool est la plus nocive des formes de pollution intra-utérine secondaire au
comportement maternel.
Durant la grossesse, en cas de prise de boisson alcoolisée quel que soit son
degré ou sa quantité, l'alcool, petite molécule hydrophile et lipophile, ne
rencontre aucune barrière et traverse sans obstacle le placenta.
Ainsi sa concentration va s'équilibrer entre les compartiments maternels et
fœtaux et la quantité d'alcool en contact avec les organes en voie de
développement dont le cerveau, est rapidement identique à l’alcoolémie
maternelle.
Selon la quantité d'alcool absorbée, le stade de grossesse, les capacités
métaboliques maternelles, le bagage génétique et la sensibilité individuelle du
fœtus, le retentissement d'une exposition prénatale à l'alcool sur le
développement fœtal pourra être très variable, ainsi l’ont démontré les études
sur les jumeaux de Ph. Dehaene.
La gravité des effets présente un continuum allant des manifestations les plus
invalidantes (syndrome d'alcoolisation fœtale (SAF)), aux troubles neuro-
comportementaux ne se traduisant qu’à long terme par un retard mental, un
déficit de l'attention, des difficultés à l'exécution de tâches motrices fines, une
altération des capacités d'apprentissage et de mémorisation, voire l'apparition de
troubles psychiatriques (Streissguth et coll., 1994 ; Famy et coll., 1998 ; Roebuck
et coll., 1998 ; Astley et coll., 1999).
L’information sur les risques liés à l’alcool pendant la grossesse est encore peu
relayée... des déficits intellectuels et des troubles de l’apprentissage
apparaissent ainsi évitables.
4
II . HISTORIQUE
On sait intuitivement depuis fort longtemps que l’alcool est
préjudiciable pour le développement du fœtus et de l’enfant, les
interdictions de prise d’alcool faites aux femmes enceintes sont
nombreuses dans les différentes civilisations antiques.
Les effets de l’alcool sur le fœtus ont été clairement identifiés comme
tels et décrits en 1968 par le Pr. Lemoine à Nantes et en 1973, Jones
et Streissguth à Seattle font la même description et imposent le terme
de « Fetal Alcohol Syndrome » (= FAS) traduit en : « Syndrome
d’Alcoolisme Fœtal ».
En France, c’est dans le nord que les recherches seront les plus
nombreuses : les docteurs Samaille et Samaille-Vilette rédigeront en
1976 une thèse, ce sera le point de départ d’un partenariat entre
l’équipe de Seattle et celle du Dr. Dehaene qui proposera d’utiliser
l’expression « syndrome d’alcoolisation fœtale » le fœtus n’étant que
victime de l’alcoolisation de sa mère.
Aujourd’hui l’expression : ETCAF : Ensemble des Troubles Causés par
l’Alcoolisation Fœtale, qui prend en compte le continuum existant entre
les différentes atteintes rencontrées, semble la plus judicieuse.
La Bible y fait allusion lorsque
l’ange s’adresse à la mère de
Samson, stérile, pour lui
annoncer qu’elle allait avoir un
fils!:
«!désormais prend bien garde
ne boit ni vin, ni boisson
fermentée, car tu vas
concevoir un fils!».
(juges , 13 –IV)
1957 : J.Rouquette /thèse de
médecine « Influence de la
toxicomanie alcoolique parentale
sur le développement physique et
psychologique des enfants »,
1958 : P. Lemoine pédiatre à
Nantes, constate, dans une
pouponnière pour handicapés
mentaux, une ressemblance
physique étonnante entre
certains enfants.
Ses recherches l’amèneront à
faire le lien entre le RCIU, le
faciès curieux de ces enfants et
l’alcoolisme de leur mère.
1964 : première publication des
observations du Dr. Lemoine sur
une vingtaine d’enfants.
1967 : publication à partir de
127 cas à la Société de pédiatres
de l’Ouest.
Ces publications ne rencontrent
qu’incrédulité.
1973 : le Docteur Smith de
Seattle reprend les travaux du
Docteur Lemoine qu’il découvre
dans les archives de pédiatrie et
publie une étude qu’il nommera :
« Syndrome d’alcoolisme fœtal ».
Le SAF est enfin reconnu.
5
III . LE SYNDROME D’ALCOOLISATION FOETALE
Le S. A. F est traditionnellement caractérisé par une triade associant :
Une dysmorphie
qui associe de façon variable les signes suivants :
rétrécissement des fentes palpébrales, lèvre supérieure mince,
absence de philtrum ou philtrum allongé ou convexe, front bombé, et,
dans certains cas une implantation basse des cheveux, des arcades
sourcilières aplaties, un épicanthus, un hypertélorisme, des oreilles
décollées et mal ourlées, un strabisme, une fente labio-palatine.
Un retard de croissance intra-utérin ( 80% des cas)
qui persiste en post natal, tout particulièrement sur le plan pondéral,
sans être expliqué par les conditions de vie de l’enfant.
Des atteintes neurologiques
Qui peuvent entraîner :
Dès les premiers jours de vie, un véritable syndrome de sevrage :
troubles du comportement, agitation, trémulations, difficultés de
succion, troubles du sommeil. Et à court et à long terme influer sur
l’intelligence, l’attention, l’apprentissage et le comportement.
1976 : des auteurs allemands
soulignent l’autorité des travaux du
Dr. Lemoine, et poursuivent ses
recherches, bien d’autres pays vont
leur emboîter le pas.
Années 80 : parmi les 127 cas
étudiés initialement par le Dr.
Lemoine, 105 enfants devenus
adultes se retrouvent dans des
établissements pour handicapés
mentaux.
La présence dans ces
établissements de certains enfants
qui, à l’époque, avaient été
considérés comme « normaux » car
ils ne portaient pas de dysmorphie
faciale, mèneront à l’hypothèse que
la préservation apparente des
traits physiques n’empêche
malheureusement pas l’atteinte
cérébrale.
L'atteinte cérébrale apparaît telle
une constante quelque soit le
tableau clinique présenté.
Le retentissement de l'alcoolisation
durant la grossesse constitue ainsi
selon Burd et Martsolf la cause
tératogène de retard mental la
plus fréquente en Occident.
Aujourd’hui la pollution intra-
utérine la plus toxique que la mère
puisse transmettre au fœtus par
son comportement est
manifestement l’alcool (INSERM,
2001).
1 / 38 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !