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Le monde et l’Europe,
de l’an 600 à nos jours
De l’inexistence à la domination,
du suicide européen au modèle européen
Sylvain BIANCHI
Christophe JENTA
Dans l’historiographie traditionnelle, raconter l’Europe et le monde, c’est d’abord raconter la
naissance de l’Europe et ensuite son expansion et sa domination sur l’échiquier mondial à partir du XVIème
siècle. Cela revient à s’intéresser au reste de la planète qu’à partir de cette date et donc à ignorer dans les
périodes antérieures le poids des autres civilisations, notamment asiatiques. Cela revient aussi, et
paradoxalement, à ne pas comprendre cette histoire européenne, comprendre que cette histoire naît
ailleurs, qu’elle s’inscrit d’abord dans un ensemble eurasiatique plus vaste, et que les raisons de
l’occidentalisation du monde apparaissent bien avant le XVIème siècle.
Nous essaierons donc dans cet ouvrage de raconter une histoire globale, le fait européen apparaît à sa
juste valeur suivant les périodes, une histoire de l’Europe à travers une histoire du monde, et non l’inverse.
L’histoire du monde, une histoire de civilisations
Une histoire globale, mondiale, ne peut être une somme des histoires des Etats, notamment
contemporains. D’abord, la tâche serait immense et nuirait fortement à la compréhension de l’ensemble.
Ensuite, beaucoup d’Etats actuels n’ont pas toujours existé. Enfin et surtout, l’existence même des Etats-
nations ne s’est imposée à l’ensemble de la planète que très récemment au XXème siècle (survivra-t-elle
d’ailleurs au XXIème siècle…). Nous avons donc préféré choisir la notion plus pérenne de civilisation à celle
d’Etat-nation. Nous avons dû également choisir et définir des civilisations dont on peut certifier l’existence
sur le long terme jusqu’à nos jours. Pour cela, nous sommes partis du principe que l’histoire, c’est avant
tout de la géographie. C’est à partir des grandes zones géographiques que se sont développées les
premières civilisations du Néolithique et plus tard à l’Âge de Bronze et durant la période proprement
historique. Toutes les civilisations, et même les plus récentes, se définissent et se caractérisent avant toute
chose par les géographies qui les ont vues naître : leurs reliefs, leurs climats, leurs végétations naturelles et
par conséquent leurs agricultures et leurs élevages. Ces données basiques induisent ensuite des
« gestions » différentes des espaces en terme de société, d’Etat mis en place, d’occupation des sols et
d’urbanisation dans le sens plus large.
Chaque civilisation se caractérise également par sa position sur le globe et les relations qu’elle établit avec
les autres civilisations, ce qu’elle reçoit, ce qu’elle donne, ce qu’elle transmet. Ces relations peuvent avoir,
comme un jeu de dominos, des conséquences lointaines, voire très lointaines, dans l’espace et dans le
temps. Sans la création de l’Empire mongol, pas d’unification de l’Asie aux XIIIème-XIVème siècles, même
si elle fut provisoire, pas de contacts directs entre l’Europe et la Chine, pas de volonté européenne de créer
des liens commerciaux avec la Chine et surtout l’Inde, source majeure des richesses durant tout le Moyen
Âge, pas de circumnavigation de l’Afrique par les Portugais, pas de découverte de l’Amérique par les
Espagnols, pas de colonisation européenne de l’Amérique, de l’Afrique et de l’Asie entre les XVIème et
XXème siècles ! ! L’Histoire d’ici et maintenant commence ailleurs et dans le temps…
Il convient enfin qu’au-delà des multiples noms de peuples, de dynasties ou de tribus, de religions avec
lesquels elle s’identifie, chaque civilisation conserve une certaine unité. Prenons comme meilleur exemple
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l’Empire des steppes. Qu’il soit d’origine hunnique à ses débuts, turque par la suite (avec ses multiples
variantes), mongole et mandchoue, musulman en Asie centrale et au Moyen-Orient, chamanique ou
bouddhiste ou même chrétien nestorien en Extrême-Orient, sur une période qui va du IVème siècle au
XVIIIème siècle, il conserve peu ou prou les mêmes caractéristiques : un monde de pasteurs nomades
vivant dans les steppes, et dont la survie dépend largement des relations commerciales, conflictuelles ou
non, qu’il établit avec les grandes civilisations agricoles et urbaines de l’est, du sud et de l’ouest.
Tous ces critères de choix étant établis, nous avons donc défini six grandes civilisations.
- Le Moyen-Orient et l’Afrique du nord
- Le monde chinois
- L’Empire des steppes
- Le monde indien
- L’Europe
- Les Amériques
Une Histoire de l’an 600 à nos jours
L’an 600 que nous avons choisi comme base de notre histoire n’occupe pas dans l’historiographie
occidentale une place prépondérante. Début du Moyen Âge ou plutôt Antiquité tardive, cette période est
considérée - à juste titre - comme le début d’une longue période de déclin qui ne se terminera qu’à partir
du XIème siècle.
Dans une histoire globale de l’Ancien Monde, qui comprendrait l’Asie et pour une part plus faible l’Europe
et l’Afrique, rien de comparable. A partir de l’an 600, les grands empires asiatiques connaissent un
renouveau qui va se traduire par un haut degré de civilisation qui va durer d’une certaine manière jusqu’au
XVIIIème siècle. Ainsi, la civilisation chinoise atteint au Xème siècle un haut niveau de raffinement. A ce
stade-là, il est totalement incongru de parler de Moyen Âge pour cette période. Si le Moyen Âge est
synonyme de désagrégation du pouvoir central et de féodalisation, rien de tel à cette période pour
l’Empire chinois. Si Moyen Âge signifie déclin des villes au profit des campagnes, rien de comparable avec
le monde arabo-musulman qui est et qui restera un monde d’oasis urbaines. En revanche, le Moyen-
Orient connaîtra une féodalisation plus tardive après les invasions turco-mongoles. Enfin, si Moyen Âge
signifie rupture des courants commerciaux, là aussi rien de tout cela en Orient et au Moyen-Orient, bien au
contraire ! En revanche, ce Moyen Âge précédemment défini, convient aux extrémités ouest et est de
l’Ancien monde, c’est-à-dire à l’Europe (VIème-XVème siècles) et au Japon (XIIIème-XVIème siècles).
En conséquence, rien n’interdit l’usage des termes Antiquité, Moyen Âge et Temps Modernes, à condition
que cet usage soit réellement pertinent, lié à la fois à une civilisation et à une période, et non pas
seulement à une période. Ainsi, vers l’an 1000, nous parlerons d’un début d’un Moyen Âge féodal pour
l’Europe et d’un début des Temps Modernes pour l’Empire chinois.
Nous avons donc établi notre chronologie en dehors des termes traditionnels d’Antiquité, Moyen Âge et
Temps modernes. Nous avons choisi une succession de huit périodes regroupées en cinq parties,
succession montrant la dynamique historique du monde durant ces 14 siècles.
En première partie, nous établirons un état du monde en l’an 600. Dans les cinq parties suivantes, nous
montrerons la prépondérance asiatique entre 600 et 1200, un désenclavement du monde apparu à partir
du XIIIème siècle, une domination croissante de l’Europe à partir de 1500, un impérialisme européen, à la
fois agressif et bienveillant et à visées universelles au XIXème siècle et enfin un monde globalisé depuis
1914.
Première partie : Les grandes civilisations en l’an 600
D’ouest en est, sur une mappemonde de Mercator, de l’Amérique du sud au Japon, nous pouvons
maintenant définir six grandes aires géographiques et les six grandes civilisations existant au début du
VIIème siècle et qui se maintiendront sous des formes diverses au moins jusqu’au XIXème siècle.
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Le Moyen-Orient
C’est l’aire du blé dur. Située autour et au nord du Tropique nord, c’est une vaste zone de
montagnes, de steppes et de déserts. Le cœur du Moyen-Orient comprend l’Arabie, la Syrie et le
Levant, l’Irak et la Perse. En périphérie, l’Egypte en contact avec l’Afrique (et qui deviendra le cœur
du monde arabe à partir du XIIIème siècle), l’Anatolie en contact avec l’Europe, le Khârezm et la
Sogdiane en Asie centrale, en contact avec l’Empire des steppes, le Pendjab et le Sind à la limite
avec le monde indien. Les zones agricoles se concentrent dans les plaines irriguées le long des
fleuves (Nil, Tigre et Euphrate, Indus, Amou-Daria et Syr-Daria) et dans les multiples oasis plus ou
moins vastes. Les éleveurs vivent dans les zones désertiques ou steppiques proches des zones
agricoles sans qu’il y ait imbrication comme en Europe. Ce type d’agriculture et d’élevage induit une
forte concentration des populations et par conséquent un monde précocement plus urbanisé
qu’ailleurs. C’est un monde d’oasis et de grands fleuves dont la survie et la richesse dépendent des
nombreuses routes commerciales qui se sont tissées entre eux au fil des siècles. C’est enfin une
zone la terre, surexploitée depuis des millénaires, est fragile. L’agriculture rappelons que la
Mésopotamie en est le cœur historique n’y est possible que si les multiples systèmes d’irrigation
complexes pensons par exemple à l’agriculture irriguée des hauts plateaux iraniens -
fonctionnent, ce qui nécessitent des communautés villageoises et des Etats organisés et stables. Les
vagues d’invasions turques puis mongoles entre le Xème siècle et le XVème siècle vont
profondément déstabiliser ces régions. Après la violence armée de l’invasion, les tribus nomades
cherchant des pâturages, s’installent sur les anciennes terres agricoles, obligeant ainsi les paysans à
quitter leurs terres et ruinant parfois définitivement des agricultures millénaires. C’est ce qui s’est
produit dans les hauts plateaux iraniens et en Anatolie.
Entre le Xème et le XVIème, l’Egypte des Fatimides, des Ayyoubides et des Mamelouks devient peu
à peu le pôle dominant d’un monde arabo-musulman par ailleurs en clin. Associée à Venise et
Gênes, elle devient la plaque tournante commerciale majeure entre Occident et Orient.
L’Afrique du nord
Romaine, puis byzantine, elle est intégrée à la civilisation musulmane du Moyen-Orient à partir des
VIIème et VIIIème siècles. L’Afrique du nord (Maghreb et l’Espagne jusqu’au XVème siècle) offre
néanmoins une certaine singularité. Durant l’Antiquité, le Maghreb et l’Espagne sont intégrés à la
Méditerranée romaine. A partir du VIIIème siècle, en devenant musulmans, le Maghreb et l’Espagne
s’intègrent au Moyen-Orient et deviennent une plaque tournante du commerce transsaharien,
entre le Sahel Africain et le Moyen-Orient arabo-persan, et dans une moindre mesure avec
l’Europe.
Le monde chinois
Il comprend la Chine proprement dite, l’Empire du milieu ou Zhōngguó, et l’ensemble des
royaumes d’Asie tributaires de l’empereur jusqu’au XIXème siècle. Le ur historique du premier
empire, celui des Han, est la Chine du nord, c’est-à-dire la moyenne et basse vallée du Huang Ho ou
Fleuve Jaune. C’est l’aire du millet, relativement sèche, irriguée par les fleuves qui apportent
également le lœss fertile des hauts plateaux au nord du Tibet. En contact rapproché avec l’Empire
des steppes, il en subit les vagues successives d’attaques ou d’invasions, l’obligeant à établir des
relations particulières, faites de rejets violents ou au contraire de politiques intégratives, et ce
jusqu’au XVIIIème siècle.
A partir de la dynastie des Song au me siècle, le monde chinois s’étend vers le sud et s’établit
notamment dans la vaste plaine du Yang Tsé Qiang. La Civilisation chinoise se scinde alors en deux
avec une Chine du sud, une Chine du riz à hauts rendements, plus raffinée et plus paisible, et qui
s’oppose à une Chine du nord, la Chine historique, toujours menacée par les Barbares des steppes,
une Chine du millet à faibles rendements et donc tributaire pour son alimentation des surplus en riz
venant du sud par les grands canaux construits dès l’époque des Sui (581-618), mais qui malgré cela
restera le cœur politique avec Pékin comme capitale à partir de la dynastie mongole des Yuan au
XIIIème siècle.
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L’Empire des steppes
L’Empire des steppes est immense. Il occupe toute la partie septentrionale de l’Asie, limité à l’ouest
par la Plaine hongroise, cul-de-sac des invasions, et le monde slave, au nord par la Taïga sibérienne,
au sud par la Mer Noire, la Steppe pontique et le Caucase, la Mer Caspienne, le Khârezm et la Mer
d’Aral, la Sogdiane et le fleuve Amou-Daria, les chaînes de l’Hindou-Kouch, du Pamir et du Tian-
Shan, et enfin le désert de Gobi jusqu’à l’Océan Pacifique.
Les peuples des steppes sont des Turcs à l’ouest, Mongols au centre et Djurtchets (ou Mandchous)
à l’est. La civilisation des steppes est la plus vaste, la moins peuplée, la plus incontrôlable. Elle
deviendra par ses invasions multidirectionnelles, et notamment à partir du Xème siècle, un
« connecteur » pour l’ensemble des civilisations asiatiques. Elle atteint son apogée entre le XIème
et le XIVème siècles avec l’Empire turc seldjoukide (XIème-XIIème siècles), puis l’Empire mongol
(XIIIème-XIVème siècles), celui-ci unifiant l’ensemble des civilisations asiatiques hormis l’indienne,
l’Indochine et l’Insulinde, le Japon. C’est cet empire qui par son étendue, son esprit conquérant et
son universalisme, va unifier les vieilles civilisations asiatiques, ou du moins établir des relations
durables et créer ainsi les conditions du grand désenclavement du monde à partir de 1200.
Les peuples des steppes sont à la base des éleveurs nomades, excellents cavaliers, excellents
guerriers sauf dans les zones agricoles, urbanisées, montagneuses ou tropicales.
N’étant ni agriculteurs, ni urbanisés, ils sont en perpétuel mouvement, tributaires pour leur survie
des échanges avec les civilisations agricoles et urbaines du sud. L’intenside ces échanges dépend
aussi de leur proximité géographique avec les autres civilisations. Par conséquent, contrairement à
l’Europe et au Moyen-Orient, les contacts entre l’Empire des steppes et le monde chinois sont
permanents car ces deux mondes sont beaucoup plus proches. Les relations entre ces deux
civilisations que tout oppose seront un problème current pour la civilisation chinoise jusqu’au
XVIIIème siècle, c’est-à-dire jusqu’à la grande expansion des Qing et la soumission définitive des
« Barbares du nord ».
Les peuples des steppes ne peuvent survivre sans ces échanges. La Chine échange avec eux, en leur
achetant notamment du cuir et les chevaux dont elle a besoin pour ses armées. Mais la Chine
cherche avant toute chose à s’en protéger et à protéger la Route de la soie, d’où les grandes
murailles consolidées sous les Han (IIème siècle avant JC- IIème siècle après JC), prolongées vers
l’ouest sous les Tang (VIIème-Xème siècles), consolidées à nouveau sous les Ming (XIVème-XVIIème
siècles). L’évolution des relations sino-turques ou sino-mongoles dépendent avant tout de l’attitude
chinoise. Si la Chine se sentant menacée ferme ses frontières, les peuples des steppes doivent
attaquer pour assurer leur survie. Si au contraire la Chine s’ouvre au commerce et établit des
alliances, les peuples des steppes peuvent s’enhardir, conquérir les steppes du nord de la Chine et y
établir leurs royaumes, contraignant parfois même les Chinois à payer des tributs en échange de la
paix (Khitan, 1004 ; Tangut, 1044 ; Djurtchets, 1142) !
Le monde indien
Il englobe le sous-continent indien, les côtes africaine, indienne et malaise qui bordent l’Océan
Indien, une grande partie de l’Indochine et l’Insulinde. Le sous-continent indien est constitué de la
plaine Indo-Gangétique au nord, l’Hindoustan, du vaste plateau du Deccan au centre et du pays
dravidien au sud. L’Hindoustan bénéficie des eaux de la mousson 11 mètres de précipitations au
Bengale et des grands fleuves alimentés par les glaciers de l’Himalaya. C’est une terre
d’agriculture riche. Le système de la rizière irriguée fut probablement mis au point au Bengale, puis
le long des cours de l’Indus et du Gange, la terre portant deux, voire trois récoltes par an.
L’opposition entre d’une part l’Hindoustan et d’autre part, le Deccan et le Sud dravidien a en
grande partie structuré l’histoire indienne. La plaine du Nord est la zone privilégiée des dominations
impériales. La contrôler est relativement facile, tandis que le Deccan, plus compartimenté, est plus
difficile à conquérir et à tenir. Le pays dravidien, ouvert sur l’Océan Indien, est le principal relais de
la Route maritime des épices et donc, du grand commerce asiatique.
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Coupée du monde eurasiatique par l’Himalaya, l’Inde est en revanche au centre de la Route
maritime des épices, pendant maritime et méridional de la Route de la soie, un véritable relais
entre l’Afrique, l’Egypte et donc l’Europe à l’ouest et la Chine à l’est. Son isolement relatif n’a
pas empêché les nombreuses invasions indo-aryennes, iraniennes, arabes, turques et mongoles
venant toutes du Nord-Ouest, notamment par les passes de Khyber à travers l’Hindou Kouch.
Civilisation brillante, source de tous les grands mouvements religieux de l’Asie excepté l’Islam,
source aussi de phantasmes, elle suscite les appétits des peuples du nord et de l’ouest. Elle est aussi
politiquement la moins aboutie. Elle se caractérise par une absence totale d’unité.
L’Europe
C’est l’aire du blé tendre, mais surtout du système agro-pastoral. Ici, pas d’opposition entre
agriculteurs et éleveurs. L’agriculture a besoin des animaux pour le labour et le fumage des
cultures, puis pour le transport. L’agriculteur, quand ce n’est pas le même, ne s’oppose pas à
l’éleveur et les zones de pâturages et de cultures s’imbriquent à l’intérieur d’une même région ou
entre régions voisines. Ce qui distingue avant tout l’agriculture occidentale de l’agriculture chinoise,
c’est cette place de l’élevage qui fournit l’engrais pour les champs, mais aussi ses ressources,
viandes et laitages pour l’alimentation, laine pour les industries drapantes et peaux pour les
tanneries.
Héritière de l’Empire romain du moins dans sa partie méditerranéenne -, la Civilisation
européenne est divisée en trois parties : Une Europe méridionale, greco-slave et byzantine,
orthodoxe ; une Europe occidentale, « franque », catholique ; une Europe orientale, slave,
tardivement christianisée et essentiellement orthodoxe.
Au sud, l’Europe sera longtemps dominée par l’Empire romain d’Orient ou byzantin, grec, puis
gréco-slave et bulgare, berceau de l’orthodoxie chrétienne. Il occupe l’espace jusqu’au XVème
siècle. Il sera la plaque tournante du commerce Orient-Occident jusqu’au XIVème siècle.
A l’ouest, l’Europe occidentale, longtemps la plus insignifiante, la plus lointaine. Jusqu’au XIIème
siècle, jusqu’aux Croisades, l’Europe occidentale est quasiment inconnue de l’Asie, ou bien
confondue sous le terme globalisant de « Romain » avec l’Empire byzantin. Totalement désunie
depuis le Vème siècle, elle retrouve peu à peu cette union par le christianisme, et entre le IXème
siècle et le XIIIème siècle par le rêve qui restera un rêve d’une renaissance impériale d’origine
antique et romaine et sur des bases chrétiennes. Par ailleurs, cette civilisation va développer
progressivement un sentiment inconnu dans les autres parties du monde : une certaine curiosité
pour les autres, doublée d’une volonté hégémonique et d’un prosélytisme religieux intolérant et
bienveillant oui c’est possible - sans commune mesure avec le reste de l’humanité.
A l’est, l’Europe slave, tardivement christianisé au Xème siècle, maîtresse de l’orthodoxie
chrétienne à partir du XVème siècle, islamisée au sud-est à partir du XIVème siècle, et surtout
scindée en deux à partir de l’invasion mongole du XIIIème siècle, entre des Russes orientaux
tributaires de la Horde d’Or mongole jusqu’en 1480, et des Slaves occidentaux, Polono-Lituaniens,
Tchèques, Hongrois slavisés, tous chrétiens catholiques, plus ou moins intégrés dans l’Europe
occidentale.
Les Amériques
C’est l’aire du maïs, ou plutôt des « trois sœurs » : haricot, courge, maïs. Un climat chaud et humide
favorise les rendements et la diversité agricole : haricot, tomate, pomme de terre,… C’est une
civilisation essentiellement agricole. L’élevage existe mais il est limité : le lama pour le portage, le
dindon et la chasse pour se nourrir. Il n’est pas associé à l’agriculture, notamment pour le labour ou
le fumage des terres, comme en Europe.
Cette civilisation se caractérise avant tout par son isolement total jusqu’aux grandes découvertes
de la fin du XVème siècle.
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