européens. La Belgique s’est en effet engagée à réduire ses émissions de 15% en 2020 par rapport à 2005
pour les secteurs non ETS (bâtiments, transport, agriculture, déchets…). Pour ce faire, elle devra
respecter des limites annuelles d’émissions qui suivent une trajectoire de réduction linéaire entre 2013 et
2020. Si malgré les flexibilités prévues au niveau européen, un Etat membre dépasse son allocation
annuelle d’émission, le dépassement devra être rattraper l’année suivante, augmenté d’une pénalité de
8%. La Commission pourra également lancer une procédure d’infraction contre l’État membre concerné.
Or cet objectif ne sera pas aisé à atteindre pour la Belgique. Les émissions du transport ont explosé ses
dernières années, 22, 5% des émissions totales aujourd’hui contre 14,3% en 1990, soit +30%. Les
émissions du secteur tertiaire ont également bondi, +20% entre 1990 et 2011 [4] , suite à l’augmentation
du nombre d’employés, le développement des technologies de l’information et l’utilisation accrue de zones
réfrigérées et de la climatisation (4,3% des émissions en 2011). Il n’est donc pas impossible que la
Belgique dépasse ses allocations annuelles d’émissions.
Source : Belgium’s greenhouse gas inventory (1990-2011), p. 52
Or les compétences en matière de climat sont partagées entre les Régions et le fédéral. Qui devra alors
prendre à sa charge la pénalité de 8% ? Si une Région n’atteint pas son objectif mais qu’une autre Région
le dépasse de sorte que la Belgique dans son ensemble respecte son allocation d’émissions, comment
valoriser l’effort supplémentaire de la Région qui a fait mieux que prévu ? C’est ce genre de questions
qu’il aurait fallu régler en priorité. Le problème est déjà suffisamment complexe pour ne pas en rajouter
une couche avec de nouveaux objectifs et mécanismes.
Par ailleurs, les trajectoires par défaut sont beaucoup trop peu ambitieuses : -2,1% entre 2015 et 2020
pour les émissions des bâtiments en Wallonie. Pour atteindre -80 à -95% d’émissions en 2050, comme le
recommande le GIEC, les émissions devraient décroître de 2,3% à 2,7% chaque année à partir de 2015.
Certes, les réductions s’intensifient après 2020 pour atteindre -19,4% en 2030 par rapport à 2015 mais
cela reste insuffisant et beaucoup de choses peuvent aussi se passer d’ici là.
Espérons que les trajectoires par défaut soient renforcées avant l’adoption définitive du mécanisme ou
que, pour une fois, la Commission nationale Climat proposera dans les temps de nouvelles trajectoires
plus ambitieuses, afin de ne pas ajouter une nouvelle couche de complexité dans la lasagne
institutionnelle belge… pour rien !
Notes
[1] Article 66 de la proposition de loi spéciale de financement.
Proposition de loi relative au mécanisme de responsabilisation climat
[2] La répartition entre les régions et le fédéral des objectifs belges du paquet énergie-climat 2020
européen (15% réduction des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2005, 13% de
renouvelables dans la consommation finale, 10% de renouvelable dans le transport, répartition des
revenus de la mise aux enchères des quotas ETS) ainsi sur les financements climat internationaux.
[3] Source : http://www.climatechange.be/spip.php?article331#1