L’effet le plus important de l’initiative, ou de l’ORAb, a été jusque-là une évolution et une augmentation
des possibilités de contournement, pervertissant la pensée de base d’une rémunération à long terme
basée sur une performance effective. Les nouvelles prestations d’entrée détruisent l’effet à long terme,
parce que des prétentions sont accordées avant que les résultats à long terme ne soient connus. L'ac-
cord préalable largement répandu, autant sur la partie variable que sur la partie fixe des salaires des
managers, rend, quant à lui, impossible l’établissement des salaires en fonction des performances, car
même ces bonus, qui pourtant dépendent des performances, sont décidés à l’avance.
Ces développements montrent que le renforcement des droits des actionnaires ne suffira pas à rétablir
la confiance. Au contraire : Avec ce mépris très répandu de la volonté du peuple, qui souhaitait obtenir
une limitation des salaires et la souhaite d’ailleurs toujours, c'est bien la perte de confiance qui va
s’accentuer. Il faut donc trouver de nouvelles idées.
Les chefs font le gros dos face au malaise politique
Il y a un an, Travail.Suisse présentait, comme nouvelle idée, une revendication pour plus de transpa-
rence fiscale et une contribution de solidarité pour les très hauts revenus. L’idée de base était la sui-
vante : La démonstration de l’utilité social des très hauts salaires des managers pourrait, éventuelle-
ment, contrecarrer la colère contre ces mêmes salaires et donc participer à rétablir la confiance.
Nous avons poursuivi la revendication pour plus de transparence fiscale de deux manières. D’abord, le
Conseiller national et vice-président de Travail.Suisse, Jacques André Maire, a déposé une intervention
correspondante, sur laquelle il donnera lui-même des informations. Ensuite, nous avons demandé di-
rectement aux 27 entreprises analysées, le montant de l’impôt sur le revenu payé, en 2014, par le
CEO. Seize entreprises n’ont jusqu’à présent pas réagi. Onze entreprises ont répondu de manière
sympathiques mais évasive. Aucune entreprise n'a donné un chiffre concret. Conclusion : Les gros
revenus veulent à l’évidence faire le gros dos face au malaise politique, au lieu d'agir activement
contre.
Les responsables politiques doivent prendre des mesures pour rétablir la confiance
L’impact de l’initiative contre les rémunérations abusives et le résultat du sondage de Travail.Suisse sur
la transparence fiscale montrent que l’économie n’est pas prête à prendre de vraies mesures pour réta-
blir la confiance. La balle est donc dans le camp des responsables politiques. Ce qui est d’ailleurs plus
pertinent, car l’évolution des salaires des managers n’est pas la seule responsable de cette perte de
confiance. En conséquence, les mesures de rétablissement de la confiance ne peuvent pas non plus
être appliquées uniquement à cet endroit-là. La politique doit, bien davantage, s’assurer que l’économie
ne fasse pas que tirer profit de la place économique suisse, mais qu’elle fournisse aussi sa contribution
à une large prospérité et à une qualité de vie élevée. Pour Travail.Suisse, trois revendications sont
prioritaires pour y parvenir :
Protéger les salaires et les emplois : Le peuple ne peut faire confiance à l’économie que si la
peur de la perte de l’emploi et du dumping salarial n’est pas omniprésente. Pour ce faire, il faut un
engagement clair des employeurs destiné aux travailleurs locaux, concernant la politique d'em-
bauche et aussi la preuve qu’il sera mis en place, par exemple, avec une surveillance de