Un inhibiteur de la tyrosine kinase, le « nilotinib », dans la spondyloarthrite Par le Pr Thao Pham (CHU Sainte Marguerite - Marseille) Article commenté : A proof-of-concept study with the tyrosine kinase inhibitor nilotinib in spondyloarthritis; Paramarta J et al.J Transl Med 2016 ; 14:308. Les mastocytes sont des cellules impliquées dans l’immunité innée, dont le rôle dans la physiopathologie des rhumatismes inflammatoires en fait une potentielle cible thérapeutique. Les mastocytes c-Kit+ sont présents en nombre dans la synoviale des spondyloarthrites (SpA) périphériques et sont les principales cellules productrices d’IL17 dans cette synoviale. Le nilotinib, déjà utilisé dans la leucémie myéloïde chronique, est un inducteur d’apoptose des mastocytes. Ce travail est une étude « proof-of-concept » visant à évaluer l’efficacité du nilotinib dans les SpA. Ainsi, 28 patients répondant aux critères de l’ESSG ont été inclus dans cette étude randomisée en double insu. Ils avaient tous une maladie active définie par une évaluation globale de l’activité par le patient et le médecin ≥ 4/10, ≥ 1 articulation douloureuse ou gonflée pour les SpA périphériques et un BASDAI ≥ 4/10 pour les SpA axiales, malgré un traitement par AINS. Les patients recevaient soit nilotinib 400 mg, 2 capsules par jour, soit un placebo, pendant les 12 premières semaines de l’étude (période de l’étude contrôlée), puis tous les patients recevaient du nilotinib (période de l’étude en ouvert) jusqu’à la 24ème semaine. En plus des évaluations cliniques et biologiques, les 13 patients avec SpA périphérique ont eu des biopsies synoviales à S0, S12 et S24, les patients avec SpA périphériques. On observe une diminution de l’inflammation synoviale et de l’expression synoviale des ARNm des cytokines pro-inflammatoires à S12 chez les patients dans le groupe nilotinib (n=5) par rapport aux patients du groupe placebo (n=8). De même, on note une diminution des taux plasmatiques de CRP (p=0,024), MMP-3 et calprotectine (p=0,055) dans le groupe nilotinib par rapport au groupe placebo. En revanche, les patients avec SpA axiale n’ont montré aucune amélioration clinique ou biologique sous nilotinib (n=8). Il semblerait même que la réponse des 9 patients du groupe placebo était meilleure que celle du groupe verum Cette étude, sur un tout petit échantillon, suggère que le nilotinib module l’inflammation et les symptômes des SpA périphériques, effet qui mériterait d’être confirmé dans un essai de plus grande ampleur. Par contre, aucun effet n’a été mis en évidence chez les patients souffrant de SpA axiale.