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L'hypothèse de l'existence d'espèces chargées en solution aqueuse :  
les ions 
 
Svante August Arrhenius (Свaнте Август Аррениус) a fait des études de physique et s'intéresse 
très tôt à la conductibilité de solutions aqueuses, les électrolytes. Le phénomène, qui est surprenant, 
avait intrigué de nombreux physiciens et chimistes (Berzélius, Faraday, Clausius, ...) : on part de 
deux substances, le soluté (sel sous forme de cristaux, acide pur souvent sous forme moléculaire) et 
le solvant qui est l'eau. Les deux corps sont pratiquement des isolants alors que la solution obtenue 
après dissolution laisse passer le courant électrique. Et on obtient de nouveaux produits aux 
électrodes. 
 
Pour interpréter le phénomène, Arrhenius fait l'hypothèse de la dissociation des molécules neutres 
électriquement en espèces chargées. 
Avec le recul, on peut penser que l'idée était simple. Le fait que le courant électrique passe entre des 
électrodes soumises à une différence de potentiel ne peut être expliqué que par l'existence de 
charges mobiles dans la solution.  
Pourtant, Arrhenius a rencontré de grandes difficultés à faire admettre son hypothèse. 
Fin XIXème, début XXème siècle, les notions d'atome et de molécule, ont déjà du mal à s'imposer. Il 
faut d'ailleurs reconnaître que les savants français (Berthelot, Duhem, …) sont peu réceptifs aux 
idées nouvelles. Mais des réactions du même ordre ont lieu dans tous les pays. Comme pour 
l'atome, après un refus initial, on était progressivement passé à une semi-reconnaissance : les ions 
n'existent pas mais tout se passe comme si ..., c'est un moyen commode de raisonnement ..., 
admettons provisoirement que … Cet absence d'enthousiasme est peu propice au progrès.   
En outre, la période est celle du triomphe de de « l'énergétisme »1 qui, pour beaucoup, suggère une 
structure continue de la matière et semble difficilement compatible avec l'existence de grains2, 3. 
Et puis, à peine les molécules sont-elles admises que Arrhenius suggère de les dissocier, c'est-à-dire 
de les « démolir ». C'est probablement beaucoup demander à des scientifiques un peu trop prudents. 
En France, dans l'enseignement de la chimie au lycée, jusque dans les années 1950, l'existence des 
ions était discutée ou admise seulement à contrecœur. On écrivait encore au début des années 1960, 
75 ans après la publication des travaux d'Arrhenius, les équations chimiques « sous forme 
moléculaire ». Par exemple, on considérait que « l'action de l'acide chlorhydrique sur la soude » 
était correctement représentée par :       NaOH + HCl  → NaCl + H2O 
Il est juste de dire qu'on écrivait également la forme ionique. Mais, 2 écritures, c'est une de trop. 
 
Arrhenius a l'audace de supposer que, en solution, il existe des espèces chargées, les ions, obtenues 
par dissociation des molécules (ou des cristaux) du soluté. D'autres avant lui (Faraday, Clausius, …) 
avaient eu la même idée mais n'en avaient pas tiré toutes les conclusions. Le mot « ion » est dû à 
Faraday qui pensait que les ions étaient produits lors de l'électrolyse. Arrhenius formule l'hypothèse 
                                                 
1 c'est-à-dire de la thermodynamique, au moins sous une forme un peu naïve. La « croyance » dans l'énergétisme de 
Ostwald (soutenu par Ernst Mach qui était à moitié fou mais qui pouvait subjuguer même Einstein) dans les années 
1895-1896 n'est évidemment pas le meilleur de son œuvre. Quand les plus grands se trompent, ils ne font pas les choses 
à moitié …. 
2  Planck et Einstein seront eux aussi confrontés à ce genre de difficultés mais ils les surmonteront, le premier avec de 
grandes difficultés. 
3 Mais Rudolf Clausius, grand spécialiste de thermodynamique, a toujours soutenu Arrhénius.