PoM#48_Tridandapani_français

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Paper of the Month
Prévention des erreurs d’identification en
radiologie par l’utilisation de photographies
des patients
48
Tridandapani S, Ramamurthy S, Provenzale J, Obuchowski NA, Evanoff MG, Bhatti P: A multiobserver study of the
effects of including point-of-care patient photographs with portable radiography: a means to detect wrong-patient errors
Academic Radiology 2014; Vol. 21, Nr. 8, 1038-1047
Les radiographies sont une composante importante du
processus diagnostique dans de nombreuses pathologies.
Comme pour d’autres procédures, des erreurs peuvent se
produire lors de la réalisation et de l’interprétation de
l’examen, mais aussi du classement des résultats. Les cas
dans lesquels une radiographie est attribuée au mauvais
patient ou au mauvais dossier représentent une part
relativement élevée des erreurs en radiologie. Il est donc
important d’utiliser plusieurs éléments permettant
d’identifier le patient (nom, âge, etc.) pour les clichés
radiographiques. Dans le quotidien clinique toutefois, il
arrive souvent que les moyens d’identification nécessaires
ne soient pas tous disponibles, notamment aux urgences.
Le risque de confusion est particulièrement élevé lorsque
plusieurs radiographies ont été prises pour un même
patient, par exemple en vue de suivre une évolution. Dans
le cadre d’une étude expérimentale menée aux EtatsUnis, Tridandapani et al. ont voulu savoir si l’utilisation de
photographies
des
patients
avec
les
clichés
radiographiques permettait de diminuer la fréquence des
erreurs de classement. L’étude a porté sur 30 patients
hospitalisés dans deux unités de soins intensifs chez
lesquels des radiographies du thorax avaient été réalisées
à au moins deux reprises (au total 166 clichés). Pour
chacun d’eux, il existait une photo portrait prise à l’hôpital
au moment de l’examen (« point of care photograph »).
Les clichés radiographiques du même patient réalisés à
des moments différents ont ensuite été classés par paires
de façon aléatoire. Des erreurs ont volontairement été
commises dans l’assemblage des clichés, certaines paires
associant deux radiographies concernant des patients
différents, l’une ancienne et l’autre plus récente. Ces
dossiers ont été soumis à un groupe sélectionné de
radiologues expérimentés de différentes sous-spécialités
(n=90), qui avaient pour tâche d’interpréter une série de
10 paires choisies au hasard. Ils ont reçu les
radiographies soit avec photographies, soit sans et
devaient notamment indiquer si l’état du patient s’était
amélioré. Chaque série contenait au maximum une paire
incorrecte. Il va de soi que la question de savoir si les
deux radiographies concernaient le même patient ne leur
a pas été posée directement. Les cliniciens étaient invités
à commenter les éléments frappants des clichés en
présence d’un assistant qui notait les remarques orales
(non documentées) formulées par les radiologues quant à
une éventuelle erreur (paire incorrecte ou classement
erroné). Les résultats indiquent un taux de détection des
erreurs – paire contenant des radiographies de deux
patients attribuées à tort au même patient – de 31 % pour
les dossiers sans photographies et de 77 % pour ceux
avec photographies. L’odds ratio est égal à 7,3 (p=0,006).
Quelle que soit leur sous-spécialité, tous les radiologues
ont mieux repéré les paires incorrectes lorsque les
radiographies étaient accompagnées d’une photographie
du patient. Aucune différence n’a été constatée au niveau
du temps d’interprétation des clichés. En outre, 80 % des
radiologues ont affirmé que la présence des
photographies ne les empêchait pas de se concentrer sur
leur tâche et 44 % ont souligné que celles-ci leur avaient
été utiles pour l’interprétation des radiographies. Cette
étude montre que l’utilisation de photographies actuelles
des patients, en complément à d’autres éléments
d’identification, a permis aux radiologues de détecter une
proportion significative des erreurs de classement. Il s’agit
là du seul moyen d’identification intrinsèque qui soit visible
et vérifiable de l’extérieur (contrairement au nom, aux
empreintes digitales ou au scan de l’iris). C’est aussi une
mesure relativement simple et peu coûteuse, d’autant que
les appareils modernes permettent de produire des
photographies de façon automatique au cours de
l’examen radiographique. Il n’est toutefois pas possible de
déterminer si, l’habitude venant, l’attention portée aux
photographies pourrait diminuer et, avec elle, le taux de
détection des erreurs. Quoi qu’il en soit, l’utilisation de cet
élément d’identification complémentaire facile à vérifier
mériterait d’être élargie, dès lors qu’il contribue à accroître
la sécurité, en particulier dans les situations à hauts
risques.
Prof. D. Schwappach, MPH
Directeur scientifique de Sécurité des patients Suisse –
Professeur à l’Institut de médecine sociale et préventive
(ISPM) de l’Université de Berne
Lien vers le résumé :
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25018076
Pour des raisons de droits d’auteur, nous ne pouvons
malheureusement pas reproduire le texte dans son
intégralité.
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