centres urbains où les populations s’entassent dans les bidonvilles — souvent inondés car sans égouts ni réseau
d’eau — souvent en proie aux épidémies.
Ce fut le cas, en 2009, pour le Zimbabwe, le Botswana, le Mozambique et la Zambie. Mais deux autres détails
sont relevés — ces derniers concerne l’ensemble des villes d’Afrique, à l’exception peut-être de l’Afrique du Sud
—, ils sont liés à l’inexistence de systèmes d’évacuation des eaux pluviales mais encore à la précarité du
traitement des déchets ménagers : “Tous les quartiers des villes africaines ne sont pas équipés de systèmes
d’évacuation et ceux qui le sont ne sont pas plus à l’abri des inondations faute de système de collecte, les
ordures ménagères s’entassant et bouchant ces systèmes (…)” Cette parenthèse nous rappelle les inondations
de Bab El-Oued du 10 novembre 2001 survenues à cause de telles défaillances, entre autres. Ce qui fait
techniquement la vulnérabilité du continent noir, c’est son sous-développement qui se traduit, selon le
président du Giec, M. Rajendra Kumar Pachauri, par le manque d’expertise scientifique et le manque de
capacités à modéliser quantitativement et estimer la nature et l’étendue du changement climatique à venir.
Car, selon le président du Giec, l’Afrique est déjà fragilisée et soumise à beaucoup de pression, comme la
malnutrition ou la famine, les faibles rendements agricoles et les crises politiques diverses. Ainsi, le changement
climatique ne fait qu’exacerber des situations existantes. “Nous prévoyons que d’ici à 2020, entre 75 et 250
millions d’Africains manqueront d’eau”, ajoute-t-il dans l’entretien accordé à S&V.
ABSENCE DE STRUCTURES MÉTÉOROLOGIQUES
Pour ce qui est de l’adaptation de l’Afrique au changement climatique et faute de haute technologie, M.
Rajendra Kumar Pachauri a expliqué que même le partenariat Nord et Sud est difficile à réaliser faute de
compétences locales et d’infrastructures nécessaires pour assurer la maintenance de ces technologies.
Contacté par nos soins en vue de mieux cerner cet aspect, le responsable du service climatologie à l’ONM, M.
Djamel Boucherf, a rappelé que pour le cas de l’Algérie, la situation est différente.
“En effet, beaucoup de pays d'Afrique n'ont pas des structures météorologiques (centres de recherche ou de
développement météorologique ou climatologique), pas de réseau météo dense et ancien (pas de longue séries
de plus de 100 ans ) et manquent de ressources humaines (les chercheurs). En revanche, d’autres, à l’instar de
l'Afrique du Sud ou encore de l'Algérie, sont mieux dotés.
Avec son réseau météo dense de plus de 400 points de mesure, son Centre régional météorologique et les
infrastructures, l’Institut hydrométéorologique de formation et de recherche (IHFR) d'Oran et le Centre de calcul
d'Alger avec son super calculateur qui sera réceptionné au mois de mars prochain (les premières observations
remontent à 1856) et ses ressources humaines (plus de 600 météorologues entre techniciens, ingénieurs et
magister), l’Algérie peut facilement faire de la modélisation climatique (projection climatique future, adaptation
et vulnérabilité). La coopération Nord et Sud est un plus vu qu’il n’est pas facile de modéliser le climat sans
recourir aux techniques de pointe. C’est cette coopération qu’il faut développer avec les autres pays du
continent qui n’en ont pas les moyens”, argue M. Boucherf.
Autre fait nouveau : le risque climatique pèse aujourd’hui davantage sur les villes. Pourquoi ? La réponse est
donnée par un classement des Nations unies qui révèle que 14 des 19 mégapoles du monde dépassant les 10
millions d’habitants sont des cités portuaires. Partant de ce principe, la vulnérabilité des villes s’en trouve
exacerbée du fait aussi de la mauvaise gestion urbaine dont souffrent les villes africaines.
C’est le cas de Casablanca, de Tunis et d’Alexandrie menacées par la montée des eaux. Si certaines mégapoles
de pays industrialisés se sont organisées en réseau — on parle de l’Initiative “C40” qui regroupe les
représentants de 40 métropoles du monde comme Pékin, Istanbul ou Paris pour faire face et s’adapter au
changement climatique —, qu’en est-il pour ces cités ? Selon les experts, beaucoup de villes africaines sont
installées sur un littoral très bas, à quelques mètres seulement de la mer dont le niveau s’élèvera entre 0,8 et 2
mètres d’après les estimations des oécaonographes. “Les villes du delta du Nil, Alexandrie en tête, sont
menacées. Mais aussi Tunis, Casablanca et les mégapoles d’Afrique de l’Ouest”, est-il précisé. Cette hausse du
niveau des mers se répercutera sur la ville d’Alexandrie, plus exposée depuis quelques années aux tempêtes
qui aggravent, selon des chercheurs égyptiens, le problème de l’érosion côtière. Le plus inquiétant est que le
premier port d’Égypte (Alexandrie) perdra jusqu’à 30% de sa superficie et environ 67% de sa population devra
être relogée ! Et même si la municipalité de la ville en question dépense près de 220 millions d’euros pour