20 juin 2012 la baule + découverte Une guérandaise nous fait partager sa passion pour les peuples premiers et les cultures autochtones Karine Massonnie : « Ces peuples vivent depuis toujours sur leurs terres ancestrales. » K toute cette dignité qu’ils essaient de défendre. arine Massonnie est consultante internationale en développement humain HWFXOWXUHVDXWRFKWRQHV&RQFUqWHPHQW LOV·DJLWG·DFWLRQVTXLYLVHQWjFRQWULEXHUDX développement durable et au rapprochement interculturel entre les cultures autochtones et non autochtones, modernes et ancestrales, QRWDPPHQWYLDODVHQVLELOLVDWLRQGHVSHUVRQQHV Elle a reçu au centre culturel Athanor, le 15 mai dernier, Dominique Rankin, chef héréditaire amérindien algonquin du Canada, mondialement reconnu pour porter la parole GHVSHXSOHVSUHPLHUV.DULQH0DVVRQQLH organise régulièrement des conférences sur VHVQRPEUHX[YR\DJHVjWUDYHUVODSODQqWH Elle organise également des ateliers WKpPDWLTXHV©,PPHUVLRQ1DWXUHªGHVVpPLQDLUHV HQPDWLqUHGHWRXULVPHGXUDEOHG·pGXFDWLRQj l’environnement et au patrimoine, des missions culturelles et des séjours Autochtones auprès des communautés indigènes pour des JURXSHVGHSDUWLFXOLHUVRXGHVHQWUHSULVHV Dans l’entretien qu’elle nous a accordé, elle nous fait partager sa passion pour les peuples SUHPLHUV&RQWDFW La Baule+ : 4XHOOHHVWODGpÀnition des peuples premiers ? S’agit-il de ceux qui vivent au XXIème siècle comme au début de notre ère ? .DULQH 0DVVRQQLH Ce sont des peuples qui essaient de maintenir leur vie traditionnelle. Les peuples premiers sont toujours les premiers habitants des territoires sur lesquels ils vivent. Cela n’a donc rien à voir avec la pauvreté... Absolument pas. On peut aussi parler de peuples primitifs, ce qui est un terme assez péjoratif,. Ce sont des indigènes ou des autochtones, selon les endroits. Ces peuples vivent depuis toujours sur leurs terres ancestrales. Ce sont aussi ces hommes, comme les aborigènes ou les amérindiens, qui tentent de maintenir leur vie ancestrale et leur lien ancestral avec la nature. Vous avez reçu Dominique Rankin à Guérande : qui estil ? C’est un grand chef héréditaire du Canada, de la famille algonquine. Ce n’est pas du tout son nom algonquin, qui est Kapiteotak, ce qui signiÀH ©O·HQIDQW TXH O·RQ HQWHQG pleurer de loin». Dominique Rankin est un nom donné par l’homme blanc. Il est chef héréditaire algonquin et homme médecine. Dans les nations amérindiennes, Chez ces sauvages, il y a un respect de la vie, du malade ou de la personne âgée que nous avons oublié... C’est l’objectif des actions que je mène : permettre à chacun de retrouver de telles valeurs et ce lien respectueux à l’égard de la nature. La connaissance de soi et le respect de l’autre sont ces valeurs défendues par nos ancêtres. tout le monde naît homme ou femme médecine. Ce sont ceux qui ont des connaissances particulières avec la nature et qui sont capables de guérir, au sens de prendre soin de son âme, de son corps et de son esprit. Tout le monde peut être homme ou femme médecine, mais certains développent cette pratique de manière plus ou moins forte. Dans sa lignée de sang, ils étaient fortement reconnus dans cette pratique. Il vient de publier un livre, intitulé «On nous appelle les sauvages», et c’est le premier livre écrit par un haut représentant des nations autochtones. Quand on parle de «sauvages» dans notre vie quoti- dienne, on évoque des gens qui se comportent mal, qui n’ont aucune éducation et qui sont en dehors de nos codes. Dans ce contexte, ce ne sont pas des sauvages, mais des personnes d’une autre civilisation. Mais cela reste une civilisation... Lorsque les hommes blancs sont arrivés, la première chose qu’ils ont pu voir, ce sont des hommes nus qui vivaient de chasse et de cueillette. Pour eux, c’étaient des sauvages, puisqu’ils n’avaient pas les codes que nous avons développés. A l’origine, on les appelait les sauvages. Aujourd’hui, quand on les entend vouORLU PDLQWHQLU FHWWH ÀHUWp GH rester à l’état sauvage, c’est chez les Himbas, en Namibie, les femmes n’ont pas le droit de toucher l’eau Pourquoi avoir cherché à vivre comme eux lorsque vous êtes allée à leur rencontre ? Non, je n’ai pas cherché à vivre comme eux. Je me suis nourrie de leur civilisation, de leur philosophie, de leur sagesse et de leurs pratiques. Mais je suis aussi restée qui je suis... Je n’ai pas cherché à mettre leurs vêtements, par exemple. J’ai vécu comme eux, j’ai énormément appris, mais je suis restée avec mes traditions et ma culture. C’est du partage de culture, plutôt que de l’oubli de soi. Cela m’amène aussi à me poser de nombreuses questions : jusqu’où je vais avec eux, jusqu’où je reste moi... Par exemple, chez les Himbas, en Namibie, les femmes n’ont pas le droit de toucher l’eau. Seuls les hommes ont le droit de le faire. Eh bien, lorsque nous allions nous promener dans le désert, il y a certains endroits où il y avait de l’eau et je me suis demandé si je pouvais aller me baigner ou non. Finalement, j’ai décidé de rester qui j’étais, avec ma culture, et je suis allée me baigner... Mais comment ces femmes font-elles pour se laver, puisqu’elles n’ont pas le droit de toucher l’eau ? Il y a une hutte spéciale pour les rituels d’hygiène. Elles font brûler des herbes et elles se recouvrent les parWLHVJpQLWDOHVG·XQHpWRͿHHQ se mettant au-dessus de ces herbes incandescentes : c’est comme un sauna naturel et, entre l’évaporation et l’odeur de ces plantes, c’est un vrai sauna biologique. Dans certains pays, vous voyez bien qu’il y a une différence entre l’homme blanc et l’autochtone, ne serait-ce que lorsqu’il s’agit de boire de l’eau, puisque le corps des Africains est immunisé contre de nombreux éléments... Nos corps d’occidentaux peuvent-ils encore s’adapter à ce mode de vie ? Oui, à l’inverse, ils sont d’autant plus faibles lorsqu’on leur amène des médicaments qui les détruisent. Tout est la baule + découverte juin 2012 21 .DULQH0DVVRQLH« Nous ne défendons plus nos traditions ancestrales et nos valeurs. » une question d’équilibre et de progression dans la rencontre entre les cultures. Il ne faut pas créer de choc, mais oeuvrer pour un rapprochement progressif. Ils sont immunisés contre certaines choses, c’est certain, mais nous avons nos propres protections aussi. Nous évoquions le cas de Dominique Rankin, chef héréditaire algonquin : j’imagine qu’il se soigne avec des médicaments, qu’il a un téléphone portable et un ordinateur portable relié au WiFi... Peut-on encore parler de peuple premier ? Oui, on peut encore parler de peuple premier ou de société racine. Ce sont des peuples qui conservent leur histoire et leur lien ancestral avec la nature. Il en reste encore à travers le monde. En Scandinavie, il y a les éleveurs de rennes, à trois heures d’avion de Nantes... Il y en a sur tous les continents. Mais nous sommes encore un peu des peuples premiers, sauf que nous ne défendons plus nos traditions ancestrales et nos valeurs, alors qu’ils continuent de le faire. Cette défense identitaire est importante. Mon objectif, c’est aussi de les accompagner vers ce retour aux racines. Le fondement d’une identité culturelle s’appuie sur des traditions, des chants, de la danse, de la musique, des valeurs et des codes DQFHVWUDX[ Par exemple, si vous allez à la rencontre des berbères dans l’Atlas, ils vivent comme au Moyen-Age, mais ils ont l’électricité, l’eau courante et le téléphone... Les considérez-vous comme des peuples premiers ? Les berbères sont des peuples premiers. Le fondement d’une identité culturelle s’appuie sur des traditions, des chants, de la danse, de la musique, des valeurs et des codes ancestraux... Il y a un lien ancestral avec la nature et tout est lié. Cette philosophie est en chacun de nous, mais notre rapport au monde fait que nous nous sommes déconnectés de cette façon d’être. Abordons la question de l’immigration et ses conséquences. Il y a deux manières de la concevoir. En Arabie Saoudite, l’immigré est à part, le Saoudien ne se mélange pas et il reste dans sa tradition de bédouin, donc de peuple premier. En France, l’immigré se mélange, il y a des mariages mixtes... Tout cela n’entraîne-t-il pas une désintégration du peuple premier que nous étions ? Ce serait décalé et hors réalité de vouloir continuer d’entretenir la ségrégation entre les cultures aujourd’hui. Il Le Comptoir du Chien Assis KB Kouign Bihen %LVFXLWHULH&RQ¿VHULH Kouign Amann fabriqués sur place Pâtes de fruits Caramels au beurre salé Moelleux chocolat caramel Finalement, votre principal message est de nous demander de ne pas les prendre pour des sauvages... Qui sont les vrais sauvages GDQV O·DͿDLUH " &H VRQW GHV peuples profondément paFLÀTXHV GDQV O·HQVHPEOH certaines nations plus que d’autres, cela dépend aussi de la problématique de la défense du territoire. Lorsque les territoires sont menacés d’invasion, notamment en raison de la présence de l’eau, ils ont des attitudes qui sont davantage guerrières. Je parle surtout d’une volonté de protéger le territoire et savoir protéger son espèce. Mais ce sont généralement GHV SHXSOHV WUqV SDFLÀTXHV car les armes qu’ils utilisent servent d’abord à chasser ou à pêcher. Ce sont des peuples WUqV SDFLÀTXHV TXL GpYHloppent souvent une attitude bien moins agressive que celle nous pouvons développer parfois sous le stress ou la violence ambiante. Tout cela en raison de leur lien à l’environnement et à la nature nourricière. Ils ont un profond respect de la nature et de l’autre comme source de vie nourricière : l’autre n’est donc pas un agresseur à la base. 3URSRVUHFXHLOOLVSDU <DQQLFN8UULHQ le tout fait maison 9 rue Saint Michel - GUÉRANDE - 02 51 73 05 96 faut défendre l’idée d’avancer ensemble, autrement, dans une forme respectueuse, en étant acteurs de notre propre développement. www.kouign-bihen.fr Immobilier d’Entreprise et Commerces COMMERCES Crêperie gaufres glacier en vente à emporter Affaire en emplacement exceptionnel dans ville très touristique. EBE 63 000 €. Nous consulter. Réf. E1354. 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