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inconsciente (lorsque nous avons des pensées vagabondes, comme l’illustre Joyce dans les
monologues de Ulysses). Lorsqu’elle est perturbée, la parole intérieure peut toutefois avoir un
rôle négatif. Dans la dépression ou les troubles anxieux, par exemple, la rumination mentale
devenue excessive peut interférer avec les performances cognitives. Dans la schizophrénie, il a
été suggéré qu’un dysfonctionnement du suivi de la parole intérieure peut conduire à des
hallucinations auditives verbales, les propres pensées verbales du patient étant perçues comme
des voix externes et l’endophasie, telle que la décrit Gabriel Bergounioux, devenant alors
perturbante, voire invalidante.
En nous appuyant sur des résultats neuroscientifiques récents, nous comparerons les
caractéristiques comportementales et cérébrales de la parole à voix haute et de la parole
intérieure ; nous passerons en revue diverses manifestations -- plus ou moins conscientes, plus ou
moins abstraites et conceptuelles, plus ou moins oralisées -- du langage intérieur, telles que la
parole intérieure dans la lecture, l’écriture, le vagabondage mental, les prémisses de la parole
intérieure chez les nourrissons ou le langage intérieur chez les personnes sourdes utilisant la
langue des signes ; enfin nous aborderons le cas des hallucinations auditives verbales.
Lundi 8 décembre – Thomas Constantinesco (Maître de conférences, Université Paris
Diderot), Michel Imbert (Maître de conférences, Université Paris Diderot).
Séance commune avec Le Style de la Science.
En solo, seul à seul : William James, Alice James et Henry James s’épanchent sans se parler.
Discutante : Isabelle Alfandary (Professeur, Université Sorbonne Nouvelle).
En partant des pages que William James a consacrées à ce qu’il appelle alternativement le flux de
la pensée (stream of thought) et le flux de conscience (stream of consciousness), dans les
Principles of Psychology en 1890 et dans Psychology. Briefer Course en 1892 notamment, il
s’agira de s’intéresser aux curieux échanges qui, au sein de la fratrie James, s’instaurent par
textes interposés autour de la question du monologue intérieur. Car chez les James, on s’écrit sans
se parler, on se raconte et on raconte les autres mais en s’adressant d’abord à soi-même. Pour
William, le flux continu des états de conscience est une donnée psychologique fondamentale et
cette continuité de la pensée contribue à la fiction, au sens littéral, d’un sujet paradoxal qui
demeure identique à lui-même tout en n’étant jamais le même. Dans son journal publié en 1892 à
compte d’auteur et à l’insu de ses frères, William et Henry, Alice James, elle, fait le récit de sa
maladie et prend ses distances avec le regard clinique que porte sur elle le grand médecin de la
famille qu’est William, à qui elle emprunte pourtant images et concepts pour mieux les
retourner : le flux toujours changeant de la conscience n’est plus ici le signe de l’assomption du
sujet, mais le symptôme de sa dépossession. Quant à Henry, il publie en 1913 le premier volume
d’une autobiographie au titre énigmatique : A Small Boy and Others, qui, dès les premières