Objectifs de la sociologie - Réfléchir à ce qui nous entoure et la façon dont cela influence nos relations, voire ce que nous sommes. - Réfléchir à notre positionnement professionnel, voire plus largement notre positionnement dans la vie. Moyens pour atteindre ces objectifs - Déconstruction des idées reçues. - Va et vient entre le local et le global, entre l'environnement et l'individu. - Rigueur des savoirs, l'exemple n'est qu'une illustration. Bibliographie BEAUVOIR Simone, Une mort très douce, Gallimard, (1964) 1972, p. 151 BECKER Howard, Outsider, Metailié, (1963) 1985 BOLOGNE Jean-Claude, Histoire de la pudeur, Hachette, 1986, DELOMEL Marie-Annick, La toilette dévoilée, Seli Arslan, 1998, p. 216 GUIENNE Véronique, Nos choix de santé, ’Atalante, Nantes, 2012 HALL E.T., La dimension cachée, Seuil, 1971 KAUFMANN Jean-Claude, La femme seule et le prince charmant, Nathan, 1999 KAUFMANN Jean-Claude, Corps de femme regards d'homme, Nathan, 1995 MERCADIER Catherine, Le travail émotionnel des soignants à l’hôpital. Le corps au cœur de l’interaction soignant-soigné, Paris, Seli Arslan, 2002, p. 287 MURPHY Robert, Vivre à corps perdu, Plon, 1990 POUCHELLE Marie-Christine, L’hôpital ou le théâtre des opérations. Essais d’anthropologie hospitalière, Paris, Seli Arslan, 2008, 192 pages. PENEFF Jean, Les malades des urgences, Métailié, Paris, 2000 ROMAINS Jules, Knock, Gallimard, 1972, P. 118 - Roman de 1923 SACKS Oliver, Un anthropologue sur Mars, Seuil, 1995 VEGA Anne, L’identité des infirmières hospitalières françaises. Construction et prégnance des images de la femme soignante, Paris, EHESS, 1995. WENNER Micheline, Sociologie et culture infirmière, Seli Arslan, 2001, p. 224 WINCKLER Martin, Chœur de femmes, P.O.L., 2009 Initiation à la sociologie Définition de la sociologie : étude des sociétés. La société ne correspond pas seulement à un agrégat d’individu mais qu’émerge d’elle, de cette addition d’individus des phénomènes extérieurs aux individus euxmêmes. Père de la sociologie : Auguste Comte (1798-1857) Positiviste : 19° siècle : revendication scientifique de la discipline, la sociologie cherche les lois qui régissent les phénomènes sociaux. L'individu dans la société française contemporaine Est ce l'homme qui fait la société ou la société qui fait l'homme ? Quelle part de libre arbitre ? Comment analyser la place occupée par l'individu dans la société ? Comment se construit une identité ? Quels types d'identité ? L'identité est l’inverse d’une donnée en soi. Elle est un processus d’altération permanent, de changements dans la continuité. Ex : Je reste moi tout en étant autre que ce que je n’étais auparavant. Emile Durkheim (1858-1917) Une vision fonctionnaliste La société détermine l'homme (= holisme) Les institutions ont des fonctions précises et attribuent à l'individu une place précise. L'individu sera plus ou moins intégré selon les places qu'il occupe. Socialisation : ensemble des mécanismes d’apprentissage qui font que les individus intériorisent les valeurs et les normes d’une société ou d’un groupe social particulier. - trois types de suicide fonction du degré d'intégration altruiste : très forte intégration dans un corps de référence comme les sectes, les militaires. abnégation de soi égoiste : individu replié sur lui même qui n'est pas intégré à la société (sans famille, sans pratique religieuse, sans travail....) anomique : période de crise, de guerre où les institutions de la société comme l'école, les commerces... n'assurent plus le relais de l'intégration sociale des individus. Talcott Parsons (1902-1979) - L'homme est déterminé par la société qui dicte des rôles très structurés à chacun Ex : le médecin a pour rôle de légitimer la maladie. Le rôle du patient consiste à aller voir le médecin, pour vouloir guérir. Il est vulnérable 3 types de maladie selon Parsons (1951) - La maladie libératrice : levée des contraintes sociales, revendication du non conformisme de la situation, la maladie devient une défense contre l’ordre imposé. Le refuge et l’évasion dans la maladie donne alors accès à sa véritable identité. - La maladie destructrice : ne permet plus l'activité au sein de la société, entraîne l'exclusion que le malade refuse, négation de la maladie. - La maladie métier : s'oppose aux deux précédantes refus de l'association entre maladie et exclusion sociale. Mobilisation de la maladie pour être un acteur. Construction de nouvelles normes, militantisme. Claude Dubar (1945-2015) distingue deux types d'identité : l'une personnelle l'autre sociale. - L’axe biographique : la construction de soi par la personne elle-même. Interprétation subjective d’un parcours. Renégociation permanente. - L'identité sociale : qualifiée d'objective, tout ce qui permet d'identifier l'individu de l'extérieur, grâce à ses statuts, à ses appartenances (sexe, âge, métier, relations familiales...) souvent assigné (stigmates) Interpénétration et intériorisation de l'identité sociale et personnelle ? De l'identité concentrique à l'identité fragmentée : Georges Simmel (1858-1918) - Traditionnellement (ruralement) l'individu possèdait une identité concentrique. L'unité de lieu oblige à une cohérence identitaire. La fille de la boulangère est aussi ma voisine, ma camarade l'église... de classe, mon acolyte à - La modernité et l'urbain transforme l'identité en des identités fragmentées. La diversité des scènes permet une multiplication des rôles paradoxaux. Je peux maintenant être étudiante studieuse de l'amphi et ce soir être jeune fille délurée ou amie hystérique ou .... Zygmunt Bauman (1925) parle d'identité fluide dans une société qu'il qualifie de liquide : la cohérence de l'identité passerait-elle aujourd'hui par la transversalité de la communication ? Ex : téléphone portable permet d'être partout tout le temps... Une identité transparente (Alexandre Klein) L'injonction à être autonome, à connaître et à se connaître, pour être libre. Un citoyen participatif ou compliant s’émancipant dans l'autonomie. Il s'agit de faire tomber les masques de théâtre pour offrir une représentation de soi authentique à travers l'image de soi qui se doit d'être au plus proche de ce que l'on est, qui est ce que l'on est. Ex : Les techniques d'investigation médicales L'identité, un jeu de rôle par Erving Goffman (1922-1982), interactionniste - L'individu joue des rôles prescrits par la société. La mise en scène de la vie quotidienne montre que la vie sociale est comparable à une scène de théâtre avec les coulisses, les rôles des acteurs interchangeable, les costumes... EX : En tant qu'étudiant infirmier vous êtes aussi en train d'apprendre à bouger, parler, écouter... Vous êtes en train d'apprendre le rôle de soignant. - L'étiquetage consiste à assigner un rôle en fonction des attentes tacites que l'on a envers la personne. Vous attendez d'un patient qu'il coopère. Ces attentes sont intériorisées et participe à l'identité de chacun. Quand il y a décalage entre attente et réalité on parle de stigmate. Ex : le handicap est une construction sociale liée au regard que l'autre porte sur soi et intériorisé comme principe stigmatisant. L'interactionniste Anselm Strauss (1916 -1996) ou la négociation des rôles - L'homme peut négocier ses rôles. Négociation où chacun joue de son identité. L’ordre social comme à l’hôpital est le résultat de formes contractuelles (contrats règlements…) mais aussi d’interactions qui laissent de la place à l’informel. Ex : Dans les faits, qui franchit une porte interdite aux membres extérieurs au service ? Les professionnels et... certaines autres personnes Le culturalisme : Magareth Mead (1901 - 1978) - L'homme est déterminé par sa culture. Dans chaque société, il existerait une personnalité de base distincte de toutes les autres sociétés, avec son système de valeurs propre - Courant anglo-saxon, cette posture peut conduire à des propos racistes qui attribueraient un comportement à un individu en fonction de sa culture (considérée comme surdéterminante). Le culturaliste : Zborowski (1908 -1990) Ex : l'étude faite en 1952 sur la douleur : Les américains d'origine italienne ou juive manifestent de façon plus ostentatoire leur douleur que les américains d'origine irlandaise ou protestante. - Pour les « italiens » la douleur a un sens immédiat et ils gardent peut de souvenir de celle ci quand cela cesse. - Les « juifs » ont une appréhension de la douleur sur le long terme. - Les « irlandais », stoïques, gèrent leur douleur avec plus de pragmatisme et se montrent surtout inquiets pour le futur. Le constructivisme structuraliste : Pierre Bourdieu (1930 – 2002) - L’habitus, sorte de matrice de vision du monde (grille de lecture du monde) guiderait nos actions, comportements, goûts, et choix sans que l’homme en soit tout à fait conscient. L'habitus est individuel et collectif. Individuel : tous les membres de la même classe ne font pas les mêmes expériences et pas dans le même ordre. Adolescente, je me suis fais hospitalisée et depuis je considère l'hôpital comme un lieu de soin efficace auquel j'ai aujourdh'ui recours pour mes enfants. Collectif : L’individu est déterminé socialement car il a incorporé des dispositions qui dépendent de sa position dans la hiérarchie sociale qui vont orienter ses pratiques et représentations. Je suis née dans les années 40, issue d'un milieu ouvrier, j'ai vu les soins et la recherche médicale transformer les conditions de vie des personnes. L'hopital est l'institution à laquelle j'ai recours. Cet habitus se traduit corporellement par un hexis individuel et de classe. EX : Pour un individu issu d'une classe sociale défavorisée, un rhume ne necessitera pas d'aller consulter chez le médecin tant qu'il peut travailler avec son corps, tandis qu'un individu de classe sociale aisée ira consulter. EX : Des études (dont celle de G. Dambuyantwargny) montrent que les SDF ont recours au soin quand leur mobilité est touchée et repartent dés qu'ils peuvent à nouveau circuler. Leurs comportements sont liés à leurs positions sociales de SDF. Nota Bene Concepts abordés lors de cette intervention : Socialisation Stigmate Identité Habitus Culture Douleur Représentation du corps