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Il est assez vite apparu, dès la période de rédaction du projet de recherche, que le genre 
n’était pas une question prioritaire pour les Centres, ni même pour la Fédération. Rien 
d’explicite sur le sujet ne figurait dans les documents consultés pour préparer le projet. La 
philosophie   contenue  dans   la   charte   de   la   FCPL   et   dans  ses   notes  de   réflexion  sur 
l’orientation indiquait toutefois une ouverture, à travers les préoccupations pour l’égalité 
et l’émancipation sociale exprimées dans ces documents. 
La méthodologie et les étapes du dispositif de recherche ont été conçues pour coller au 
caractère exploratoire de la démarche : 
- d’abord une phase quantitative procédant par questionnaire auprès de tous les CPMS du 
réseau libre intervenant dans les établissements d’enseignement secondaire ordinaire de la 
Communauté française afin d’obtenir une vue générale de la manière dont le genre est 
appréhendé dans les Centres, en matière d’orientation.
- ensuite une phase qualitative, par entretiens collectifs successifs avec des équipes CPMS 
intéressées et volontaires pour entreprendre une démarche d’analyse plus approfondie de 
diverses manifestations de la problématique du genre, de situations « représentatives » du 
travail en CPMS où une dimension de genre serait présente. S’agissant d’une recherche 
exploratoire, je voulais aborder la question de manière ouverte.
Ce dispositif est inspiré d’une pratique de recherche-action présente de longue date à 
Synergie et du travail réalisé dans le domaine du genre et du travail social par l’Institut 
Cardijn en 2006-20071. 
Comme souvent, la confrontation des intentions à la réalité oblige à revoir les plans et à 
modifier les stratégies. J’ai dû composer avec les réalités et les résistances du terrain. 
Résistance qui doit être comprise non pas, comme on le présente parfois, en termes de 
résistance   au  changement   –   formule   passe-partout  qui   met   sur  le   dos  du   terrain   les 
difficultés rencontrées et permet d’économiser l’analyse des obstacles – mais comme le 
fait de se heurter à des difficultés et à des contraintes avec lesquelles il faut négocier. Une 
problématique de recherche, c’est aussi ça : comment le « terrain », composé d’acteurs 
humains et non humains, réagit à une proposition, comment il se laisse ou non approcher, 
intéresser, mobiliser, enrôler dans une entreprise de recherche.
Un problème est un obstacle rencontré sur le chemin, la méthode est le chemin qu’on 
parvient   à   trouver   pour   négocier   avec   les   obstacles   rencontrés.   Le   chemin 
méthodologique a donc été réaménagé de manière à épouser les aspérités du terrain.
Mon projet de questionnaire a été revu à la baisse, en fonction des avis du comité de 
pilotage mis en place par la FCPL. Pour beaucoup de praticiens dans le travail social, les 
Centres PMS en font partie, un questionnaire, c’est du papier, ça prend du temps, ça 
détourne fâcheusement des activités en cours, pour on ne sait trop quel usage. Parfois 
aussi, les questionnaires évoquent les contrôles administratifs et cela ne contribue pas à les 
rendre sympathiques. 
Malgré cet effort de concision et de recentrage, le succès de masse n’a pas été au rendez-
vous. Réponses rares et succinctes, lentes à me parvenir. J’ai dû mettre au point une 
stratégie de contournement et trouver des activités qui – bien que non prévues au départ 
– me permettraient d’avancer dans mon exploration et de transformer le temps d’attente 
en opportunité de découverte de l’objet. C’est ainsi qu’il fut décidé, avec la Fédération, 
que je participerais à quelques formations organisées par le CFPL (Conseil de Formation 
1 Genre et travail social, n° spécial de la revue Travailler le social, en collaboration avec L’Université des femmes, N° 41/2008.