théâtre - Scènes Magazine

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magazine
© Simon Gosselin
les particules élémentaires à vidy-lausanne et bonlieu-annecy
ISSN 1016-9415
271 / avril 2015
CHF. 12.-- 12 €
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cine die / raymond scholer
cinémas du grütli en avril / christian bernard
cinémathèque suisse en avril / raymond scholer
sous la loupe : phoenix / christian bernard
nyon, visions du réel / catherine graf
les films du mois /e. beck, c. bernard, s. lachat, l. perret
18 opéra
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grand théâtre : entretien avec christof loy / éric pousaz
lausanne : solaris / pierre-rené serna
madrid : el publico / pierre-rené serna
scala de milan : fin d’hiver / éric pousaz
berlin : de macbeth à lady macbeth de mzensk / éric pousaz
bâle : daphné / éric pousaz
strasbourg : vie parisienne & clemenza di tito / éric pousaz
avignon : la bohème / françois jestin
lyon : romeo und julia / françois jestin
monte-carlo : eine florentinische tragödie & pagliacci / f. jestin
nice : cosi fan tutte / françois jestin
saint-étienne : la clemenza di tito / françois jestin
mémento opéra
vernier : rusalka / éric pousaz
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la comédie : orlando ou l’impatience / anouck molendijk
entretien : olivier chiacchiari / laurence tièche
le poche : festival les singulières / rosine schautz
vidy-lausanne : les particules élémentaires / christine ramel
théâtre saint-gervais : ahmed belbachir & othello / r. schautz
bonlieu annecy : les marchands & celui qui tombe
vidy-lausanne : le manuscrit des chiens & bit
entretien : rené zahnd / frank fredenrich
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nuithonie : les arbres pleurent-ils aussi ? / valérie vuille
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agenda romand / yves allaz
agenda genevois / martina diaz
portrait : alexandre mayer / pierre jaquet
portrait : olivier schnyder / beata zakes
portrait : orchestre symphonique suisse des jeunes / yves allaz
portrait : lionel cottet / yves allaz
portrait : adam laloum / yves allaz
entretien : christian chamorel / pierre-rené serna
portrait : orchestre national de lyon / frank langlois
cully jazz festival / frank dayen
concerts au conservatoire / frank fredenrich
34 théâtre
47 danse
48 musique
271 / avril 2015
livres
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ailleurs
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expositions
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entretien : matthias zschokke / émilien gür
chronique lyonnaise / frank langlois
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musée jenisch : fred deux / nadia el-beblawi
mamco : des histoires sans fin / nadia el-beblawi
zurich : inspiration japonaise / régine kopp
lausanne : de raphaël à gauguin / sarah clar-boson
amsterdam : rembrandt / régine kopp
mémento beaux-arts : france
cassel : la flandre et la mer
mémento beaux-arts : ailleurs
conegliano : carpaccio, l’automne magique d’un maître
mémento beaux-arts : suisse romande
galerie red zone : olivier morel
mémento beaux-arts : suisse alémanique
winterthur : victor chocquet et les impressionnistes
paris
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petit saint-martin : la maison d’à côté /gilles costaz
créteil : animal / vegetable / mineral / stéphanie nègre
opéra de paris : le chant de la terre / stéphanie nègre
jeu de paume : florence henri & taryn simon/ chr. pictet
opéra : faust de toujours / pierre-rené serna
chronique des concerts / david verdier
encarts - comédie française : innocence / théâtre de la
ville : antigone / petit montparnasse : une journée particulière / rond-point : le miroir de jade /
sélection musicale d’avril / françois lesueur
mémento théâtre
théâtre de l’œuvre : les larmes amères de petra von kant
théâtre hébertot : des gens bien / gilles costaz
mémento expositions
fondation louis vuitton : les clefs d’une passion
les mémentos
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encarts : go au galpon / angels au grütli / brigitte rosset à
la comédie / pierre richard III à vernier
encarts - au victoria hall : le motet & ciné-concert / 200%
orchestre au bfm / la visite de la vieille dame à carouge
victoria hall : leonidas kavakos
la parfumerie : je suis un saumon
grand théâtre : le procès de médée
chambésy : le chant de l’âme
théâtre des osses, givisiez : le menteur
spectacles onésiens : 2000 ans de mensonge
la grange au lac, évian : l’orchestre des pays de savoie
théâtre novarina, thonon : la double inconstance
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EDITO
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Jérôme Zanetta
comité de rédaction
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Françoise-Hélène Brou, Laurent
Darbellay, Frank Dayen, Martine
Duruz, Frank Fredenrich,
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éditeur responsable
Frank Fredenrich
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secrétaire de rédaction
Julie Bauer
collaborateurs
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Julie Bauer, Eléonore Beck,
Nancy Bruchez, Gabriele Bucchi,
Romeo Cini, Sarah Clar-Boson,
Gilles Costaz, Martina Diaz,
Catherine Graf, Emilien Gür, Bernard
Halter, Christophe Imperiali, Pierre
Jaquet, François Jestin, Régine Kopp,
Serge Lachat, Frank Langlois,
David Leroy, François Lesueur, Anouk
Molendijk, Paola Mori, Lou Perret,
Michel Perret, Eric Pousaz, Stéphanie
Nègre, Christine Pictet, Christine
Ramel, Serene Regard, Christophe
Rime, Julien Roche, Emmanuèle
Rüegger, Maya Schautz, Rosine
Schautz, Raymond Scholer, PierreRené Serna, Bertrand Tappolet,
Laurence Tièche Chavier, David
Verdier, Valérie Vuille,
Christian Wasselin, Beata Zakes,
François Zanetta
maquette : Viviane Vuilleumier
imprimé sur les presses de
PETRUZZI - Città di Castello, Italie
L’ère des briseurs de pierre
«
L’humanité se construit quand on s’empêche d’être un barbare » disait
Camus. Pourtant, voilà que du Levant – d’un « Etat » qui se dit « islamique » – nous parviennent de bien tristes images qui feraient que l’écrivain se retourne dans sa tombe s’il pouvait les voir. Une nouvelle ère de briseurs de pierre, d’iconoclastes, s’est levée telle que l’histoire en a produite
quelques unes aux heures les plus sombres de décivilisation humaine. Des pioches
et des masses fendent à nouveau l’air pour s’abattre aveuglément sur des pièces
du patrimoine mondial de l’humanité, défigurant avec la plus extrême des laideurs
quelques unes des plus hautes incarnations de ce que la force de l’esprit humain a
pu créer. De ces statues décapitées, de ces bas-reliefs atomisés en Irak par l’Etat
islamique, sourd la plus violente des régressions reptiliennes, celle qui s’attaque à
la culture comme le lieu de la liberté, de la création et de l’expression, comme
l’espace d’humanité à réduire absolument par toutes les idéologies obscurantistes
qui prétendent à une révolution des mœurs et à un retour aux fondamentaux d’une
pureté criminogène.
Aujourd’hui, c’est dans le musée de Mossoul et dans l’antique cité de Nimrod
qu’on réduit en ruine la métaphysique, hier ce fut au Mali avec la destruction des
tombeaux des saints musulmans, avant-hier en Afghanistan avec les Bouddhas de
Bâmiyân… Autant de signaux qui nous alarment et qui doivent nous rendre encore plus sensibles à la défense des patrimoines de l’humanité dans le monde, mais
tout autant à un soutien renforcé aux divers domaines de la culture en Occident.
Les nouveaux autodafés culturels s’allument un peu partout, menaçant le foyer de
la plus haute expression de l’évolution humaine, la diversité de ses cultures.
L’enseignement historique fut pourtant brutal, même si la mémoire oublie : - Là
où l’on brise des statues, où l’on dresse des bûchers pour les livres, bientôt on
martyrisera frénétiquement des hommes. La formule national-socialiste du IIIe
Reich avait été on ne peut plus claire à ce sujet, toute révolution qui promet la délivrance dans la régression sociétale ne peut aboutir qu’aux vomissures les plus
abjectes à l’encontre du genre humain. Combien de musées pillés, combien de
« guerre à la culture » allons-nous laisser passer sans réaction ?
Fort heureusement, du moins on aimerait se raccrocher à cette idée, les politiques et les idéologies, comme les hommes qui les agitent, passent ; la culture
quant à elle, survit. Toutefois, dans ce combat intemporel entre la pierre et le
sabre, entre la plume et l’épée, entre la liberté et la répression, les pertes sont nombreuses et nous devons nous méfier d’une indifférence crasse qui se résumerait à
se dire que cela n’arrive qu’aux autres. La culture doit être protégée à n’importe
quel prix, surtout en période de récession qui n’ose pas dire son nom en Occident,
surtout là où la clique des lithoclastes ne peut prétendument pas l’atteindre, afin
que personne ne puisse dire encore que lorsqu’il entend le mot culture, une envie
irrépressible de sortir son révolver le prenne.
Protégeons donc la culture de manière solidaire, à commencer par les sites
directement menacés, subventionnons toute création culturelle qui se ferait jour
ici et ailleurs, pratiquons un mécénat éclairé, agissons politiquement pour qu’enfin cette sainte ignorance millénariste qui émerge trouve les conditions de son
auto-destruction. Et puisque que les couteaux qui s’agitent aujourd’hui se réclament faussement d’une religion de l’Islam à laquelle manifestement leurs cerveaux gangrénés n’entendent rien, rappelons urgemment des mots d’importance,
même au Levant : - croître en humanité c’est avant tout croître en science. La culture précède donc la parole. Même un « philosophe pour classe de terminale »
avait déjà pu l’enseigner…
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le cinéma au jour le jour
Cine Die
65e Berlinale (5-15 février)
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Compétition
Le film sans doute le plus attendu était Knight of Cups de Terrence
Malick. J’avais déjà souffert avec To the Wonder (2012). Dans ce nouveau
film, encore moins de scénario, moins de narration, des allusions bien trop
succinctes à un père, à un frère, à plusieurs compagnes, tous en relations
conflictuelles avec le personnage central (Christian Bale), mais pour le
reste il faut se contenter de mouvements de caméra sur de riches demeures et piscines, sur de belles femmes, éternellement jeunes et sveltes,
juchées sur des escarpins vertigineux, sur des réceptions mondaines où
apparaissent des gloires fanées comme Ryan O’Neal ou Michael Wincott,
sur des couchers de soleil derrière des palmiers bruissants et sur des
vagues qui n’en finissent pas de déferler. Pas de quoi appeler ça un film,
mais c’est beau à regarder. Une baudruche, Malick ? Je commence à le
croire. Heureusement qu’il n’a pas remporté de prix.
S’il y a une absence de prix à regretter, c’est pour Peter Greenaway
qui livre avec Eisenstein in Guanajuato son film le plus accessible et le
plus stimulant depuis 8 1/2 Women (1999). On se rappelle qu’en 1931, le
Elmer Back dans «Eisenstein in Guanajuato»
cinéaste soviétique Eisenstein, à la suggestion de Chaplin, entreprit un
voyage au Mexique pour y tourner un documentaire, financé par le romancier américain Upton Sinclair, Que viva Mexico. Chez Greenaway,
Eisenstein arrive en limousine comme une diva excentrique, mais prude et
se laisse assez rapidement dépuceler par son guide mexicain. Il découvre
les délices capitalistes du luxe et de la luxure quasi simultanément.
L’homosexualité du cinéaste a toujours été soigneusement balayée sous le
tapis de la décence communiste, et il est fort à parier qu’aujourd’hui il
n’en irait pas autrement dans le climat homophobe qui prévaut en
Poutinie. Greenaway s’y donne à cœur joie pour montrer un Eisenstein au
début gêné par ses poignées d’amour et peu enclin à se déshabiller devant
autrui, qui va découvrir son propre corps à mesure qu’il s’habitue aux douches fréquentes (en Russie, on ne connaît que la baignoire) pour échapper
à la canicule. Ouvrant grandes les écluses de l’hédonisme et laissant
Eduard Tissé et Grigori Aleksandrov sillonner le pays pour filmer des festivités liées à la Journée des morts, le maître ne quitte guère le lit immense où il pérore entre deux étreintes sur le stalinisme, étalant une culture
d’autant plus étonnante qu’elle repose uniquement sur des acquis théoriques. L’acteur finlandais Elmer Bäck investit le personnage avec une
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intensité de tous les instants et sa logorrhée incessante (incorporant des
citations directes des écrits d’Eisenstein), débitée avec un accent savoureux, contribue autant à la réussite du film que les acrobaties stylistiques
(montage agressif, split screen avec angles ou timing différents, inserts
multiples, couleur alternant avec noir/blanc) du cinéaste.
Trois autres films tournant autour de personnages historiques et peu
appréciés par la critique étaient en compétition. Ainsi on estimait Nicole
Kidman bien trop hollywoodienne pour incarner une grande dame du
début du 20e siècle, l’exploratrice et archéologue anglaise Gertrude
Lowthian Bell, dans le très classique Queen of the Desert. Werner Herzog
s’essaie là justement à jouer avec les codes narratifs du biopic traditionnel, où le réalisateur est censé meubler les ellipses biographiques de la vie
privée avec des inventions romantiques de son cru. Pour la première fois
de sa carrière, Herzog filme une histoire centrée sur un personnage féminin, avec des scènes d’amour, et il s’en tire plutôt bien. La salle a ri lorsque
Nicole prend un bain en plein désert dans une baignoire pliable en toile,
mais Gertrude Bell avait bel et bien un tel dispositif dans ses bagages. Ce
qui a fasciné sans doute le cinéaste dans la carrière de cette femme issue
de la haute société victorienne, c’est sa curiosité et son courage sans bornes, son sens des langues et de la poésie, sa prédilection pour la solitude
(rendue plausible par les deux liaisons platoniques et malheureuses invoquées dans le film) : tout ce qui lui fait traverser de long en large la péninsule arabique, la Mésopotamie, la Syrie et l’Asie Mineure et se lier d’amitié avec des chefs de tribu, un inestimable plus lors de la Conférence du
Caire en 1921, où c’est elle et T.E. Lawrence (Robert Pattinson !) qui
fixent les frontières du mandat britannique après la dislocation de
l’Empire Ottoman. Kidman, avec son habituel port altier et son regard
bleu perçant, incarne à merveille cette femme, sûre de pouvoir changer le
monde.
Isabel Coixet raconte dans Nobody wants the Night ce qui est arrivé
à Josephine Peary (jouée par Juliette Binoche), lorsqu’elle a voulu rattraper, en 1908, l’expédition de son mari Robert, qui estimait pouvoir atteindre le pôle Nord avant l’hiver arctique et la nuit permanente. Arrivée sur
l’île d’Ellesmere au camp de base, une simple cabane appuyée contre un
rocher, elle découvre que son mari a déjà poussé plus loin. De plus, une
jeune Inuit, qui se révélera être sa maîtresse (incarnée par Rinko Kikuchi :
les Japonaises semblent prédestinées pour les rôles d’esquimaudes depuis
Yoko Tani dans The Savage Innocents (1960 ) de Nicholas Ray) attend
son retour dans un igloo voisin de la cabane : elle est enceinte. Et l’hiver
arctique a déjà commencé, il n’y a plus de bois à brûler, la nourriture va
manquer et le bébé va naître : les deux femmes sont condamnées à s’entraider ! Les personnes ont existé et se sont rencontrées 9 ans plus tôt, mais
Juliette Binoche dans «Nobody wants the Night»
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Burghart Klaussner, Johann von Bulow et Christian Friedel dans «Elser»
le scénario réinvente leur histoire, à des fins hautement dramatiques.
Elser d’Oliver Hirschbiegel raconte l’histoire de l’attentat perpétré
par un jeune Souabe, Georg Elser, contre les dirigeants du parti nazi le 8
novembre 1939 à Munich dans la cave de la brasserie Bürgerbräu, où ils
avaient coutume de célébrer le putsch raté de 1923. Malheureusement,
Hitler, Goebbels, Bormann, Himmler et von Ribbentrop avaient déjà quitté les lieux depuis 13 minutes quand la bombe artisanale, dissimulée dans
un pilier à côté du pupitre où Hitler prononçait ses discours, explose.
Arrêté au moment où il essayait de passer clandestinement en Suisse,
Elser passe aux aveux sous la torture. Hitler ne voulant pas admettre
qu’Elser ait agi seul (il doit être un agent des Britanniques !), le malheureux est maintenu en prison jusqu’au 9 avril 1945, date où il est abattu
« sur ordre supérieur » par les SS. Hirschbiegel suit scrupuleusement le
déroulement des faits tels qu’ils peuvent être vérifiés sur Wikipedia (tout
comme il l’avait fait pour les derniers jours de Hitler dans Der Untergang
(2004)), et les acteurs et la reconstitution sont tout simplement remarquables d’authenticité.
Dans la section Berlinale Special, deux autres films racontant des histoires vraies présentaient un intérêt certain : Woman in Gold (Simon
Curtis) revient sur les démêlés qui opposèrent Maria Altmann (incarnée
par Helen Mirren), la propriétaire du célèbre portrait de sa tante Adele
Bloch-Bauer I. (réalisé avec moult feuilles d’or par Gustav Klimt en 1907,
connu sous le sobriquet « Goldene Adele » et confisqué par les Nazis après
l’Anschluss), à l’Etat autrichien, qui l’exposait jusqu’en 2006 au Palais
Belvédère à Vienne. Love & Mercy (Bill Pohlad) raconte le calvaire qu’a
subi la tête créative des Beach Boys, Brian Wilson, lorsqu’il tombe sous
la férule de son psychothérapeute, qui lui avait diagnostiqué une schizophrénie paranoïde et l’a bourré de médicaments pour l’avoir à sa merci.
Paul Dano et John Cusack incarnent Wilson à 20 ans de distance.
Le prix de la mise en scène fut donné ex æquo à Body de la Polonaise
Malgorzata Szumowska et Aferim ! (Bravo !) du Roumain Radu Jude. Ce
dernier film, tourné en 35 mm monochrome scope lumineux, évoque un
sujet tabou, l’esclavage des Roms en Valachie, qui ne fut aboli qu’en 1856.
L’histoire se déroule en 1835 : un policier et son blanc-bec de fils (qui apprend le métier) sillonnent la campagne à cheval à la recherche d’un esclave qui s’est échappé après avoir cédé aux avances de la femme de son maître, un boyard puissant. Le papa est une grande gueule qui prodigue ses
aphorismes à longueur de journée et il ne semble y avoir qu’un pope rencontré en route qui soit encore plus raciste que lui. Ils s’emparent d’un
gamin rom qui se cache dans un village, le revendent au marché, puis
retrouvent le fugitif pour lequel ils implorent la mansuétude du seigneur,
mais en vain. Le boyard, ridicule dans son accoutrement, mais omnipotent
dans sa vengeance, castre le pauvre hère. Le problème des Roumains avec
leurs Roms ne date pas d’hier.
El Club du Chilien Pablo Larrain (Prix du Jury) traite d’un groupe de
prêtres qui partagent une maison avec une religieuse sur la côte chilienne.
Est-ce une maison de pénitence ? L’arrivée d’un nouveau pensionnaire
perturbe leur train-train. Un homme lance sous leurs fenêtres des accusations très détaillées de pédophilie contre le nouvel arrivé. Celui-ci se suicide. L’Eglise envoie alors un enquêteur dynamique pour régler le problème. Tout se déroule dans une semi obscurité métaphorique, aussi nébuleuse que les décisions du Vatican concernant les errements de son clergé.
Maria Mercedes Croy dans «Ixcanul»
Ixcanul du Guatémaltèque Jayro Bustamante (Prix Alfred Bauer)
montre les velléités d’indépendance d’une jeune paysanne Kaqchikel
réduites à néant parce qu’elle ne parle pas la langue des Conquistadors.
Elle est trahie par le chef d’équipe de la plantation auquel ses parents
(illettrés comme elle) l’ont promise contre son gré. Il donne le bébé dont
elle vient d’accoucher (qui n’est pas le sien) en adoption, extorquant le
consentement de la famille en leur faisant croire qu’ils signent un acte de
décès.
Quant à Taxi de Jafar Panahi, il mérite pleinement l’Ours d’Or à
cause du superbe pied de nez aux autorités iraniennes. Panahi, qui ne peut
se montrer en public, s’est improvisé chauffeur de taxi, a fixé une caméra
pivotante sur le tableau de bord de son véhicule et invite des clients triés
sur le volet dans sa sphère privée roulante, où les quatre vérités sont déclinées à qui veut bien les entendre.
Au mois prochain
Raymond Scholer
Mihai Comanoiu et Alberto Dinache dans «Aferim!»
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On a aimé la reconstitution de l’année 1952
(le film va jusqu’à mimer stylistiquement un
film de l’époque avec ses couleurs chaudes), qui
voit le couronnement d’Elizabeth II, l’apparition concomitante du premier poste de TV dans
la famille et la sortie anglaise de Rashomon de
Kurosawa astucieusement intégrée à l’intrigue,
comme l’est la cinéphilie de Bill, toujours
prompt à évoquer tel classique du cinéma en
Avec Queen and Country sélectionné au festival de Cannes (Quinzaine des
rapport avec ce qu’il vit.
réalisateurs) en 2014, le grand cinéaste britannique John Boorman revient
Si le cinéaste de 82 ans porte un regard
à 82 ans sur sa jeunesse, pour un chant du cygne (?) en forme de délicieuse légèrement nostalgique sur la période, il sait
comédie douce-amère.
parfaitement suggérer en quoi elle marque un
basculement pour la
On avait un peu perdu
Grande-Bretagne qui a
de vue celui qui nous a
cessé d’être une grande
donné, entre autres, le chefpuissance, ce qu’atteste son
d’œuvre qu’est Délivrance
engagement en Corée dans
(1972). Non pas qu’il eût
le sillage des Américains. Si
cessé de tourner, mais ses
cette guerre est maintenue
deux précédents films In
hors-champ, ses effets
My Country (2003) et The
dévastateurs sur ceux qui en
Tiger’s Tail (2006) ne sont
reviennent sont montrés
pas sortis en Suisse. Son
avec crudité lors de la visite
dernier film vu sur nos
effectuée par Bill dans un
écrans a été Le Tailleur de
hôpital militaire. Cette
Panama (2001) réjouissanséquence à elle seule change
te comédie parodique d’ala perspective sur une coméprès le roman homonyme
die réussie finalement pas si
de John le Carré. Avec
légère que ça.
Bill (Callum Turner) et sa sœur Dawn (Vanessa Kirby) dans «Queen and Country».
Queen and Country il signe
la suite du semi-autobiographique Hope and toutefois sur chacun : le possible départ par tira- Week-end Geneviève Sellier
Les 25 et 26 avril, la spécialiste des repréGlory (1987) ou la Seconde Guerre mondiale ge au sort pour la Corée où un contingent britansentations
de genre de l’Université de
vue avec les yeux de Bill Rohan, jeune garçon nique participe à la coalition menant la guerre
Bordeaux,
propose
une rencontre intitulée «
de sept ans qui habite avec sa famille la banlieue sous pavillon de l’ONU…
Histoires
de
couple
et
guerre des sexes dans le
de Londres soumise au Blitz.
Mais très vite le cadre s’élargit à l’occasion
cinéma
français
:
de
l’ancienne
vague à la nouOn retrouve donc Bill en 1952, en âge de des permissions, synonymes de retour dans la
velle
vague
».
L’occasion
de
montrer
que le
faire son service militaire. A la caserne, il fait la famille et de dragues en ville. Bill et Percy, en
cinéma
des
années
50,
cinéma
de
studios,
d’acconnaissance de Percy Hapgood, forte tête avec fait des “virgin soldiers”, feront l’apprentissage
teurs
et
de
scénaristes
durablement
et
injustequi il se lie d’amitié. Ensemble ils s’entendront de l’amour et découvriront qu’à leur âge les
pour affronter une hiérarchie volontiers portée femmes sont plus mûres que les hommes et ment disqualifié par la Nouvelle Vague qui n’a
au sadisme, le pompon revenant au Sergent savent ce qu’elles veulent. Bill tombe amoureux eu de cesse de taper sur la fameuse “qualité
Bradley, vieille ganache ayant avalé le code d’une froide et mystérieuse beauté blonde aper- française”, a produit des films aux accents très
militaire. Chargés de former les recrues à la çue au cinéma, qui l’attise (réjouissante maîtri- modernes concernant l’émancipation des femdactylographie, ils établissent avec leurs “élè- se des sous-entendus) tout en le prévenant qu’il mes (Minne l’ingénue libertine (1950) de
ves” une complicité toujours menacée par la n’a rien à attendre d’elle et qu’il nomme Jacqueline Audry), la dénonciation de la domipossible irruption d’un officier. Boorman s’a- Ophélia (elle se révélera physiquement dépen- nation patriarcale (La Vérité sur Bébé Donge
muse à pointer sans trop de méchanceté l’espè- dante d’un homme qu’elle n’aime pas et suici- (1952) d’Henri Decoin), ou les difficultés des
ce de génie propre aux officiers britanniques en daire…), tandis que Percy, plus prolétaire, jette relations amoureuses (Trois chambres à
matière d’hypocrisie, de cynisme et d’homo- son dévolu sur la brune Sophie, une infirmière Manhattan (1965) de Marcel Carné). Et que la
sexualité refoulée (savoureuse séquence de l’in- pulpeuse et bonne fille. Au terme d’un chasse- Nouvelle Vague, formellement si subsersive, a
terrogatoire de Bill par les officiers du MI5). On croisé digne de Cosi fan tutte, chacun épousera parfois une vision des rapports homme / femme
est le plus souvent du côté des comédies genre celle qui fera son bonheur. Pour Bill ce sera très traditionnelle.
MASH, même si la dureté du drill auquel sont Sophie, tandis que Percy trouvera son bonheur
Christian Bernard
soumis les recrues fait penser à l’occasion à avec Dawn, la très libre et craquante sœur de
Full Metal Jacket de Kubrick. Une ombre plane Bill…
cinémas du grütli
John Boorman,
Geneviève Sellier
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hallucinant d’authenticité. Le contraire absolu de
Inju, la bête dans l’ombre (2008), métadiscours
déconcertant et hyper esthétique sur le cinéma de
genre. Pour finir, ne manquez pas l’auto plaidoirie de Jacques Vergès, le défenseur des indéfendables, dans L’Avocat de la terreur (2007).
avril à la
Cinémathèque suisse
Barbet Schroeder
Si on fait abstraction de l’absence du documentaire The Charles Bukowski Tapes (réalisé
en 1987 dans la foulée de Barfly, dans lequel
Mickey Rourke incarne l’alter ego du poète de la
biture), ainsi que de quelques courts-métrages, le
programme Barbet Schroeder est une vraie intégrale. On aura donc l’occasion de revisiter la trajectoire de ce semi Suisse qui, après des études
de philosophie et un passage aux Cahiers du
Cinéma, se lance dans la production en fondant,
à l’âge de 21 ans, avec Eric Rohmer, les Films du
Mickey Rourke dans «Barfly»
Losange. L’essor de la Nouvelle Vague s’en trouva amplifié, comme le montre le titre paradigmatique de la maison, Paris vu par… (1965), un
film à sketches signé par Godard, Chabrol,
Rouch, Rohmer, Pollet et Douchet. En 1969,
Schroeder passe à la mise en scène avec More,
sans doute le premier film à aborder de face l’actualité de la drogue et des leurres qu’elle suscite :
More ou comment on devient accro à l’héroïne
dans le paradis hippie d’Ibiza. Afin de pouvoir
distribuer le film internationalement sans encombre, Schroeder le produit au Luxembourg et
devient ipso facto le créateur du premier long
métrage de fiction luxembourgeois, quand bien
même on y parle l’anglais (la naissance d’un
cinéma parlé luxembourgeois n’eut lieu que dans
les années 80, grâce à Andy Bausch). Après
Ibiza, Schroeder met le cap sur la NouvelleGuinée orientale où il réalise un moyen métrage
(Sing-Sing, 1971) puis un long métrage de fiction, La Vallée (1972), où Bulle Ogier (future
compagne du cinéaste) poursuit la quête d’un
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bonheur fantasmé. Changement de continent : Les contes cinématographiques
sous prétexte de réaliser un film de propagande à des frères Grimm
la gloire du régime ougandais, le cinéaste gagne
Parmi les 8 titres de cette rétrospective un
la confiance du dictateur et réalise le documen- peu maigrichonne, quatre ne sont pas si courants
taire Général Idi Amin Dada : autoportrait que ça. Cinderfella (Jerry Lewis, 1980) inverse
(1974). L’émule du roi Ubu y est fascinant de les rôles du conte : Lewis incarne le fils gentil
naïveté et de mégalomanie. Avec Maîtresse qui, après la mort de son père, se retrouve à la
(1976), Schroeder se plonge dans la France gis- merci de sa belle-mère prétentieuse et de ses
cardienne qui vient non seulement de découvrir deux vauriens de demi-frères, du moins jusqu’à à
le cinéma porno, mais aussi les déviances sexuel- la visite de la princesse Charmein du Grandles. Refusant toute titillation voyeuriste, Duché de Monrovia. The Company of Wolves
Schroeder traite son sujet comme un documenta- (Neil Jordan, 1984) évoque l’éveil à la sexualité
riste et nous invite à une des- de la jeune Rosaleen au moyen de la très suggescription détachée des pra- tive symbolique des canidés, chère aux allégotiques
sadomasochistes ries. Dans The Pied Piper (Jacques Demy, 1972),
entre deux êtres mus par un le chanteur Donovan campe le joueur de flûte qui
amour absolu. Koko, le débarrassera Hamelin de ses rats et se heurtera à
gorille qui parle (1978) l’ingratitude des autorités avec les conséquences
montre à quel point les qu’on connaît, et dans The Brothers Grimm
gorilles sont nos cousins, (Terry Gilliam, 2005), Monica Bellucci campe
puisqu’on peut leur ensei- une sorcière envoûtante – le Reine des Miroirs gner le langage des sourds- qui requiert le sacrifice de 12 vierges pendant une
muets. Après une fiction sur éclipse pour se (re)faire une beauté !
la pernicieuse passion du jeu
(Tricheurs, 1984), le cinéas- Roy Andersson
A Pigeon sat on a Branch Reflecting on
te entame une carrière hollyExistence
: le titre a été inspiré au maître suéwoodienne qui durera une
quinzaine d’années et dont les quatre premiers titres sont bien des films
d’auteur. Outre le déjà mentionné
Barfly, citons Reversal of Fortune
(1990, sur le procès von Bulow, un
des plus médiatiques de l’histoire
des Etats-Unis, l’auteur propose un
jeu de miroirs d’un monde ambigu et
figé, pris dans ses contradictions,
son cynisme et son système d’apparences et de masques), Single White
Female (1992, où Bridget Fonda
«A pigeon sat on a branch reflecting on existence» (Roy Andersson)
subit la jalousie maladive et l’emprise diabolique de sa timide colocataire) et Kiss of
Death (1995, un polar énergique avec Nicolas dois par un tableau de Pieter Bruegel l’Ancien.
Cage dans une composition savoureuse et hallu- Lion d’Or à Venise l’année passée, le film est
cinée de parrain paranoïaque). Les trois suivants dévoilé au Capitole le 28 avril : humour noir
sont un tantinet plus anonymes. Mais La virgen garanti !
Raymond Scholer
de los sicarios (2000) sur les sentiments d’un
écrivain vieillissant pour un ado, tueur au service
des narcotrafiquants, tourné en vidéo haute définition à fleur de pavé dans Medellin, la létale, est
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sous la loupe
Phoenix
Phoenix, film parfait, confirme le vent nouveau soufflant sur le cinéma allemand et la place de maître que Christian Petzold y occupe.
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Le cinéma allemand et l’Histoire de
l’Allemagne au XXème siècle. Si le nom de
Fassbinder est généralement associé à l’évocation du nazisme, pour ce qui est de la RDA, ce
sont deux succès publics, Good Bye Lenin !
(2003), de Wolfgang Becker, et La Vie des autres
(2006), de Florian Henckel von Donnersmarck
qui viennent à l’esprit. A la satire amusée et nostalgique du premier, au drame paranoïde finement tricoté du second, est venu s’ajouter en
2012 Barbara de Christian Petzold, tragédie
située en Allemagne de l’Est en 1980, qui touchait plus juste et plus profond dans la description des effets intimes de la suspicion généralisée. Aujourd’hui Phoenix, film parfait, confirme
Auschwitz. Elle retourne dans Berlin en ruines,
accompagnée de sa fidèle amie Lene (Nina
Kunzendorf) employée de l’Agence juive où elle
fait des recherches, et qui, elle, a quitté
l’Allemagne pour Londres avant la guerre.
Reconstruction
Le chirurgien chargé de lui reconstruire un
nouveau visage (“le même qu’avant”, insiste-telle) la prévient : ce ne sera plus vraiment le
même. Tout juste remise de son opération,
confortablement installée chez Lene qui lui fait
miroiter en vain un départ à deux pour la
Palestine, Lenny n’a qu’une idée, retrouver la
trace de son mari Johnny (Ronald Zehrfeld) malgré les réticences
de son amie. Sa
recherche
la
mène au Cabaret
Phoenix, fréquenté par les
Américains, où
Johnny
est
employé comme
garçon. Johnny
ne la reconnaît
pas mais perçoit
Nina Hoss dans «Phoenix» © Look Now!
une certaine resle vent nouveau soufflant sur le cinéma allemand semblance avec celle qu’il croit disparue et lui
et la place de maître que Christian Petzold y propose 20.000$ si elle accepte de se faire passer
occupe.
pour sa femme pour lui permettre ainsi de dispoDès la séquence d’ouverture, le film sur- ser de son argent. Lenny ayant accepté de venir
prend, sonne juste et fait réfléchir. Allemagne, vivre dans le souterrain qu’il occupe, Johnny, tel
1945. A un checkpoint, des soldats américains un Pygmalion, tel Scottie/Johnny dans Vertigo
contrôlent une confortable voiture à plaques suis- d’Hitchcock, va faire revivre une morte qui ne
ses. Ils sont brutaux et obligent la passagère à l’est pas, l’habiller, la faire marcher, la faire écrienlever les bandages qui recouvrent complète- re (exercice brillamment réussi bien sûr!) pour le
ment son visage. Ce visage, nous ne le verrons jour où ils réapparaîtront devant leurs amis (“ne
pas, seulement l’expression du soldat qui fait t’inquiète pas, personne ne te posera de quessigne de passer. A nous de comprendre en un tions…”). Et plus il la retrouve (on se dit consinstant l’étendue des contrôles alliés en tamment qu’il va la reconnaître), plus ils font ce
Allemagne en 1945, la traque des Nazis dont que font les couples amoureux (prendre le café le
beaucoup jouaient aux blessés pour échapper aux matin, se promener dans la nuit, il lui fait son lit,
recherches. Celle dont le visage a été détruit par lui apporte à manger, lui achète des robes), plus
une balle est la chanteuse Nelly Lenz (Nina cette réplique d’une histoire d’amour qui fut
Hoss) seule survivante d’une famille déportée à paraît hantée. C’est que trop de morts sont passés
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par là. Morts que Lene, se sentant abandonnée,
choisira de rejoindre, tournant le dos à son projet
de nouvelle vie en Palestine (“les morts m’attirent davantage que les vivants” seront ses derniers mots dans une lettre d’adieu.)
Nelly quant à elle - fantôme revenu d’entre
les morts (elle est souvent filmée à contre-jour), à
la fois elle-même et son double - poursuit quelque
chose avec une opiniâtreté qui confine à la folie.
Mais quoi au juste ? Le temps d’avant ? Un amour
devenu impossible ? Le sait-elle elle-même ?
Chemin faisant, elle découvrira comment Johnny
l’a trahie pour survivre, et elle s’en ira.
Art du récit
Mais ce n’est pas tant l’intrigue elle-même
que l’art du récit qui captive. Avec un sens de l’économie sans défaut, le film multiplie les notations significatives renvoyant les unes aux autres.
Ainsi dans la déclinaison des figures du double,
on peut rapprocher la chanson “Night and Day”
chantée devant les Américains du “Phoenix”
dans une mise en scène expressioniste très
années 20, de la proposition du chirurgien de
donner à Lenny un “visage tout autre, celui de
Lotte Lenya par exemple” (qui fut l’épouse de
Kurt Weil dans les années 20, lui-même compositeur de la chanson “Speak Low” (1948) dont le
rôle est central dans le film): façon subtile de
pointer l’amnésie des Allemands de 1945 à l’égard du nazisme, entre américanisation et nostalgie de la République de Weimar…
Que tout cela se passe dans une ville détruite et à reconstruire comme le visage de Lenny
témoigne du sens aigu de Petzold de l’esprit des
lieux et du rapport entre décor (le tournage des
prodigieux amoncellements de briques s’est fait
en Pologne) et intrigue. Les intérieurs à la fois
méticuleusement et sobrement reconstitués, ancrent les personnages dans leur appartenance
sociale. L’art avec lequel Petzold inscrit
l’Histoire de l’époque dans une dimension politique de l’espace et de l’architecture impressionne. Quant à l’Holocauste, l’irreprésentable qui
hante constamment le film, Petzold a compris
comme Alain Resnais avant lui, qu’il ne pouvait
être approché que par ses traces et ses conséquences. L’angoisse de Nelly voulant retrouver
son visage, redonner vie à son corps, être reconnue, renvoie au texte de Jean Cayrol pour Nuit et
Brouillard : “Quand les alliés ouvrent les portes… Toutes les portes… Les déportés regardent
sans comprendre. Sont-ils délivrés ? La vie quotidienne va-t-elle les reconnaître ?”
Christian Bernard
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visions du réel 2015
Haute qualité, surprises,
profondeur
Les spectateurs qui viennent à Nyon prendre le pouls du réel ne seront pas
déçus. Un choix rigoureux a été opéré à partir des 3200 films reçus, dégageant
l'image d’une tension entre deux pôles : celui de la violence au Moyen Orient
et dans l'ex-empire soviétique, et celui, en Occident, d'une recherche
d'ailleurs et de spiritualité.
La région du Caucase est à l'honneur cette
année. Tensions dans ces vallées, où la Russie
tente d'exacerber contre ses voisins les révoltes
indépendantistes de minorités. La Géorgie est
l'invitée du Focus, avec 15 films de jeunes réalisateurs qui en veulent. Il faudra découvrir
Madonna, portrait de la seule femme chauffeur
de bus de ce pays, en compétition dans les
moyens métrages. Par ailleurs, l'un des ateliers
«Madonna»
est consacré au cinéaste Harutyun Khachatryan,
dont la douzaine de films mondialement reconnus ont redonné à l'Arménie une place dans la
cinéphilie contemporaine. Il est également directeur du Golden Apricot International Film
Festival, l'un des plus importants festivals du
Caucase. Ses films inclassables tissent des liens
subtils entre observation fine du quotidien, dissolution de l'Empire soviétique et diaspora arménienne. Ne pas manquer Frontière (Border,
Sahman) qui a remporté à juste titre de nombreux
prix, entre autres pour l'originalité de son point
de vue. L'autre atelier est consacré à Vincent
Dieutre, dont l'œuvre, sur les pas de Marguerite
Duras, Chantal Ackerman, et plus lointainement
Pasolini et Naomi Kawase, navigue entre l'autofiction, l'intime et l'expérience collective.
Le Serterce d'or Maître du Réel Raiffeisen
est attribué cette année à Barbet Schrœder dont
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Pas de souci, prenez connaissance d'une expérience surprenante avec Alice cares de Sander
Burger. Manufacturing romance, de Jian Fan et
Hongfang Chai, ou comment la mondialisation
met à mal les traditions familiales chinoises, au
travers des choix intimes que doivent assumer
deux couples de jeunes travailleurs chinois émigrés dans la grande ville de Shenzhen.
Qu'arrive-t-il dans les hauts plateaux andins
paradisiaques du Chili inscrits au patrimoine
mondial de l'Unesco ? Que deviennent les fla-
les fictions font l'objet d'une rétrospective à la
Cinémathèque de Lausanne. On pourra
revoir à Nyon ses documentaires/portraits
d'Idi Amin Dada, de Vergès ou de Bukowski
en se souvenant des polémiques suscitées, et
découvrir Koko le gorille qui parle, moins
médiatisé à l'époque.
Longs métrages
La compétition des longs métrages
réserve des surprises de taille quant au futur
et au présent. Grozny Blues du Suisse
Nicola Bellucci nous fait vivre la résistance
de femmes cinéastes et photographes engagées dans la défense des droits humains
dans l'impitoyable univers tchétchène et son
président islamiste stipendié par Moscou.
Homeland (Irak Year Zero), un film radical
de 6 heures, projeté l'après-midi du 23 avril.
Le cinéaste a filmé sa famille et ses proches
avant, puis après l'invasion américaine. A
partager, suivi d'un débat. Dans Anthill, de
Vladimir Loginov (Estonie, 2015), des Russes
ont pris possession d'un parking souterrain pour
y aménager sauna, résidence secondaire, centre
de réparation... De l'autre côté de l'Atlantique,
dans California City, de Bastian Gunther, un
homme à la recherche de son ancien amour,
traque les moustiques des piscines abandonnées
par les propriétaires victimes des subprimes.
Une contre-utopie qui fait froid dans le dos :
The Erpatak model de Benny Brunner, ou la dictature en marche dans un village de Hongrie,
sous ses traits les plus vils. Dominic Gagnon,
avec Of the North, a de nouveau fait son marché
sur les films amateurs de Youtube, cette fois-ci à
l'intérieur du cercle polaire. Un montage qui est
loin, très loin de la mise en scène de Nanouk et
des Inuits que nous imaginons. Et quelle solution
pour les personnes âgées isolées de nos sociétés ?
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«The Tentmakers of Cairo»
mants roses, les lamas, les rares habitants....
Réponse avec Surire de Bettina Perut et Ivan
Osnovikoff.
Une pause presque hors du temps avec des
artisans tisserands égyptiens, The Tentmakers of
Cairo de Kim Beamish. Amérique latine : deux
longs voyages, l'un au fil d'une mémoire de ce
qui a disparu, Paraguay remembered de
Dominique Dubosc, l'autre à bord d'un camion
livreur d'eau dans une région frappée de sécheresse, Seca de Maria Ramos.
Autour de la recherche pour mener une vie
différente, on suivra un diplomate italien qui
sculpte dans la roche, avec une équipe locale, la
résidence de ses rêves, Karst de Vladimir
Todorovic. Cinq femmes en recherche spirituelle
bâtissent un temple œcuménique en Patagonie,
Mothers of the Gods de Pablo Aguero.
Imagine... Stefan Schwietert ose une autre
contre-utopie en postulant que toute la musique a
disparu de la terre ; à nous, à vous, sur l'impulsion d'un combattant culturel, d'inventer de nouveaux airs, libres des royalties pour les grands
groupes. Et enfin un sujet très inattendu : The
Visit de Michael Madsen, ou une investigation
des activités « Bureau des affaires spatiales de
l’ONU »...
Une belle moisson pour stimuler notre imagination et notre sens critique.
Catherine Graf
Nyon, du 17 au 25 avril, www.visionsdureel.ch
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piés, brûlés, les chiens faméliques, les chevaux
morts dans la rue… Ainsi, le film fait penser à
Guernica et devient poème tragique et lyrique,
par sa bande son très travaillée, où musiques et
chants ont toute leur importance, au même titre
que les bruits de la guerre, le crépitement des balles, les explosions, les murs qui s’effondrent,
mais aussi le bruit des doigts sur le clavier d’ordinateur, le bruit des connexions internet, de
Skype et le dialogue entre le cinéaste exilé et la
jeune preneuse d’images…
Qui, sur le conseil de Mohammed et pour
éclairer leur quotidien, passe les images de
Charlot boxeur dans City Lights à des gamins qui
font école dans les ruines. A la fin de cette
deuxième partie, Simav suit un jeune orphelin
qui sait où sont les snipers dans Homs et qui,
rayonnant de vie malgré tout, va dialoguer tous
les jours au cimetière avec son père mort. Et qui,
avec son coquelicot trouvé dans les ruines, illumine le film d’une lueur d’optimisme.
Quel choc, quel film !
Les films du mois
«Eau argentée, Syrie autoportrait» © Adok films
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EAU ARGENTEE,
SYRiE AUTOPORTRAiT
un film d’Ossama Mohammed et Wiam Simav
Bedirxan, (France-Syrie, 2014)
Ossama Mohammed est un cinéaste syrien
qui a quitté son pays deux mois après le début du
soulèvement de 2011 contre el-Assad pour se
rendre au Festival de Cannes. Menacé par le pouvoir, il n'est jamais retourné en Syrie. De son exil
en France, il cherche comment rendre compte de
ce qui s’y passe en visionnant et rassemblant le
plus possible d'images et de vidéos amateurs qui
circulent sur Internet, Youtube, Facebook, etc.
A partir de ce matériau brut, en montant certaines de ces images, il tente dans le premier tiers
du film de rendre compte chronologiquement de
ce qui s’est passé réellement, des premières marches pour la liberté aux premiers morts sous les
balles du pouvoir, des tortures dans les geôles
d'Assad (eh oui, les tortionnaires se filment et
diffusent leurs “pratiques“ sur le net!) aux massacres de masses et aux bombardements sur les
villes et leurs populations.
Ce montage raconte l'histoire récente de la
Syrie dans une sorte de journal collectif des victimes et des tueurs, journal qui donne à voir des
images souvent filmées au téléphone portable,
des images tremblées, bougées, instables, sales,
mais lisibles. Des images douloureuses, abjectes,
déchirées de cris et de bruits divers. Des images
qui vont de la naissance d'un bébé auquel on
coupe son cordon ombilical aux images d’enfants
a
morts, des images d'un jeune homme quasi nu
torturé par des hommes en uniformes qui l'humilient en l'obligeant à baiser leurs bottes ou en le
violant avec une matraque aux images de quidams tués en direct. Images parfaitement lisibles,
mais qui passent fugacement, évitant de flatter
tout voyeurisme chez le spectateur. Et pour tenter
de respirer un peu, des images parisiennes, gouttes d’eau, pigeons sur un toit, striures d’escaliers
roulants…
Et sur le défilement de ces images, la voix
du cinéaste qui s'interroge sur le cinéma, sur ce
qui déclenche le besoin de cinéma et sur l'histoire du cinéma et la manière de dire l’indicible (il
évoque un étudiant qui voulait créer un ciné-club
après une projection d'Hiroshima mon amour),
sur la nécessité de réinventer le cinéma, en utilisant les nouvelles images pour en faire des images justes pour dire la tragédie syrienne. Journal
découpé en petits chapitres, journal qui prend
parfois des allures de poème (tragique).
Dans la deuxième partie du film, la multiplicité des images cueillies sur le Net fait place à
des images tournées par une jeune Kurde, Wiam
Simav (nom qui veut dire « Eau argentée »)
Berdixan dans Homs détruite par le pouvoir.
Tenaillée par le besoin urgent de filmer ce qui se
passe, cette jeune femme a pris contact avec
Mohammed pour lui demander des conseils.
Cette deuxième partie est donc une sorte de journal intime de Simav qui filme sa ville détruite, les
cadavres arrachés à la rue à l’aide de câbles et de
grappins (aller les chercher signifie la mort certaine sous les balles d’un sniper), les chats estro-
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Serge Lachat
LE PRéSiDENT
de Mohsen Makhmalbaf, avec Misha
Gomiashvili, Dachi Orvelashvili, (Allemagne,
France, Géorgie, Grande-Bretagne, 2014)
Ayant quitté l’Iran où ses films étaient interdits ou sévèrement censurés, Mohsen
Makhmalbaf mène depuis 10 ans avec sa famille
la vie d’un exilé pourchassé (il évoque quatre
tentatives d’assassinat), un exilé qui n’a pourtant
cessé de tourner en Afghanistan (Kandahar,
2001, sélectionné à Cannes), en Inde, Israël,
Tadjikistan…
Tourné en Géorgie, Le Président est un
conte politique situé dans un pays imaginaire
dont le tyran a été renversé. Sa tête mise à prix,
c’est déguisé en musicien des rues que l’ex-dictateur, accompagné de son petit-fils de 5 ans, traverse son pays vers un hypothétique salut venu
de la mer où un bateau les attend. Ils se retrouvent confrontés à la souffrance et à la haine que
le Président a suscitées et ils n’échapperont pas à
la Révolution. On pense à la Roumanie des
Ceaucescu, à l’Irak de Saddam Hussein, à la
Lybie de Kadhafi…
La dictature est dénoncée d’abord sur le
mode de la farce. Alors qu’il vient de signer l’ordre d’exécution d’un opposant âgé de 16 ans, le
Président amuse son petit-fils en allumant et éteignant sur un simple coup de téléphone les lumières de la capitale qui s’étend à leurs pieds… La
révolte ayant éclaté, la famille présidentielle fuit
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dans sa limousine rallongée vers l’aéroport au
milieu des manifestants et des tirs de l’armée.
Tous partent sauf le Président qui choisit de rester avec son petit-fils, dans l’espoir de sauver le
régime. Mais la révolution triomphe (amusante
scène de retournement de veste de la fanfare
protocolaire) et il ne leur reste que la fuite dans la
clandestinité… Le portrait de la révolution qui
s’ensuit est, lui, sombre : les soldats, qui ne sont
plus payés, rançonnent et pillent aux checkpoints; la majorité du peuple écrasée par la misère, la prostitution et les violences subies n’est
plus qu’une masse haineuse qui réclame vengeance (et la tête du Président et de son petitfils); le discours d’un tenant des “valeurs démocratiques” apparaît complètement isolé…
Faut-il porter ce pessimisme au crédit du
“réalisme” du cinéaste, qui déclare avoir voulu
montrer que “la violence qui préexistait à la révolution se perpétue par la suite, d’une manière ou
d’une autre. Et, malheureusement, cela constitue
une spirale infernale dans laquelle plusieurs peuples et pays se trouvent piègés, et dont ils sont
incapables de s’extraire.” ? On ne peut s’empêcher de trouver problématique cette vue surplombante et “globalisante” (rançon de l’exil pour
Makhmalbaf ?) qui s’en tient à une synthèse de
situations politiques diverses (Syrie, Iran, Russie,
Lybie etc.) qui finalement ne fait pas découvrir
grand chose au spectateur, constamment invité à
moments, une fable pseudo-brechtienne plutôt
bancale et un patchwork stylistique assez laborieux.
Christian Bernard
iNHERENT ViCE
un film de Paul Thomas Anderson, avec
Joaquin Phoenix, Josh
Reese
Brolin,
Witherspoon, Owen
Wilson, Benicio de
Toro… (USA, 2014)
Inspiré du livre
de Thomas Pinchon,
Inherent Vice est un
polar noir. Anderson
suit suffisamment les
codes du genre pour
que son film fasse
penser à bien des films
noirs classiques, surtout au Big Sleep de
Hawks, dont l’intrigue est réputée indéchiffrable.
Celle du film d’Anderson l’est encore bien plus,
entraînant son spectateur dans une histoire à
tiroirs, dans des situations qui lui font perdre pied
et le confrontant au surgissement incessant de
nouveaux personnages qui, à chaque fois que
l’histoire semble prendre une direction, la font
«Le Président» © Frenetic Films
reconnaître du déjà-vu dans les médias. Quant à
la forme de conte, portée par le regard de l’enfant
qui ne cesse d’interroger son grand-père sur les
horreurs côtoyées, elle tire le film vers la
rédemption du Président (il jettera son pistolet…)
censé renouer avec sa propre humanité. On peine
à s’intéresser à cette “prise de conscience” peu
crédible. Au total, malgré quelques bons
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«Inherent Vice» © Fox Warner
bande de motards nazis, aidé par une jeune assistante qui connaît le grec ancien, qu’il croise des
prostituées asiatiques, des toxicos plus ou moins
atteints, des dentistes (il faut bien soigner les
dents des héroïnomanes !) cocaïnés et obsédés
sexuels qui semblent avoir mis au point un dispositif d’évasion fiscale par bateau, un bateau qui,
par ailleurs sert au trafic de narcotiques…
Vous perdez le fil de cette histoire ? Tout est
fait pour vous égarer, même la présence d’une
narratrice supposée mettre de l’ordre dans cet
univers psychédélique (on est dans l’ère Nixon,
en 1970) n’est d’aucune aide. Au gré d’une mise
en scène brillantissime et incroyablement rythmée, le spectateur est entraîné, même sans avoir
consommé aucune substance, dans un trip paranoïaque, mais en même temps euphorique, violent, mais en même temps drôle, porté par une
pléiade d’acteurs tous excellents, filmés en gros,
voire très gros plans et qui semblent prendre un
plaisir communicatif à jouer dans cette reconstitution des années 70 avec leur mot d’ordre « sex,
drugs and rock’n’roll » où, sur fond de guerre du
Vietnam, tout semble partir en quenouille.
Serge Lachat
bifurquer vers tout autre chose.
En simplifiant beaucoup, on peut dire que
l’ex-petite amie du protagoniste Larry Sportello,
appelé Doc (est-il médecin comme le laisse supposer le cabinet dans lequel on le voit entrer fréquemment sans qu’il soigne jamais personne ou
plutôt « privé » chargé de ramener les adolescentes fugueuses au foyer ?) vient l’appeler à l’aide
a
parce que le richissime promoteur immobilier
dont elle est la maîtresse est menacé d’être interné dans un asile de fous par sa femme et l’amant
de celle-ci, moyen pour eux de mettre la main sur
sa fortune. A peine a-t-elle demandé de l’aide
qu’elle disparaît et que Doc est sérieusement
menacé par un flic pourri, puis poursuivi par une
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LE GRAND MUSéE
documentaire de Johannes Holzhausen
Au sein du gigantesque bâtiment du musée
d’histoire de l’art de Vienne, un microcosme
semble foisonner. De la rénovation d’une aile du
musée au travail minutieux des restaurateurs, le
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documentaire de Johannes Holzhausen explore
sous toutes ses coutures les coulisses de l’établissement. Sans commentaire ni interview, Le
Grand Musée invite le spectateur à faire un
« zoom » sur cet univers à l’occasion du réaménagement de l’institution.
A travers un dédale de couloirs et de salles,
la caméra oscille entre balayeurs, techniciens,
historiens de l’art, gardiens, responsables marketing et restaurateurs, sans chercher à se focaliser
sur des individualités. Le documentaire nous
montre successivement avec plein d’humour le
déplacement de salle en salle d’un employé du
musée avec une trottinette, la découverte d’un
insecte microscopique dans un tableau de
Rembrandt ou des restaurateurs en pleine opération, armés de gants en latex et de pinceaux. Sous
cette apparence désordonnée, le documentaire
rend visible des réserves fermées au public (le
Kunstkammer) et nous guide à travers deux univers qui se superposent.
Alors que la nouvelle directrice de l’établissement, Sabine Haag, mène avec ardeur les froides batailles budgétaires lors des conseils d’ad-
les gros plans détaillés sur les toiles).
A l’émouvant et modeste départ à la retraite
du directeur de l’armurerie succède une grande et
pompeuse réception pour l’arrivée du président
autrichien le jour de l’inauguration du musée. Le
documentaire minimise pourtant l’importance de
l’événement. Tandis que la caméra filme en contre-plongée les invités attablés dans le hall du
musée, elle se désolidarise rapidement de la cérémonie pour balayer d’un long travelling latéral
l’expression des visages inertes et silencieux des
statues et des tableaux restés à l’ombre des visiteurs. Le documentaire, qui cherche à l’origine à
placer les employés sur un pied d’égalité, invite
toutefois le spectateur à se distancier de l’implacable logique commerciale et politique et à se
laisser guider au milieu de ces œuvres dissimulées. En opposant la dimension artistique et marchande de l’institution, Le Grand Musée témoigne ainsi de la naissance d’une nouvelle génération à travers laquelle l’œuvre d’art hésite entre
son statut de marchandise et son appartenance à
un héritage historique.
Eléonore Beck
de ce « Bloody Sunday » pour la première fois
montré à la télévision et relayé par les médias qui
va « secouer » l’opinion publique américaine,
encourager d’autres marches avec des participants blancs (avec aussi l’assassinat par le Ku
Klux Klan de Viola Liuzzo, la militante blanche
des Droits civiques dans la nuit qui suivit la dernière marche du 25 mars) et pousser le président
Johnson à signer le Voting Rights Act…
Venue du cinéma documentaire, la réalisatrice Ava DuVernay réussit, dans son film, à faire
prendre conscience avec intelligence et sensibilité des difficultés rencontrées par le mouvement
de Martin Luther King à la fois dans ses négociations avec le pouvoir à Washington et dans ses
rapports avec d’autres mouvances plus extrémistes du côté de ceux qui luttaient pour l’égalité des
droits dans une Amérique encore largement
raciste. Même si Selma est de facture « académique », n’est pas totalement dénué de manichéisme et succombe même parfois à la caricature (particulièrement des « méchants Blancs »), la
réalisatrice évite néanmoins de nombreux pièges
du « film à sujet » et reste d’une louable retenue
«Le Grand Musée» © Xenix films
ministration, des employés débattent sur les nouvelles stratégies marketing à adopter. Réduite à
sa valeur marchande, l’œuvre d’art devient objet
de consommation. Il s’ensuit alors une véritable
joute commerciale (les œuvres peuvent être vendues à la concurrence) où l’œuvre prend également le risque de perdre sa visibilité (des milliers
d’œuvres ne peuvent être exposées à l’intérieur
du musée). A l’inverse, la fragilité et la complexité du travail de restauration de la maquette
d’un navire impérial ou la séparation douloureuse et émouvante pour un vieil homme d’un costume d’époque appartenant à son père restituent
aux œuvres toute leur historicité. On passe de la
froide distance des restructurations marketing à
une proximité émotionnelle et physique avec les
œuvres que confère la forme du film (en attestent
a
«Selma» © Atsushi Nishijima / Pathe films
SELMA
un film d’Ava DuVernay, avec David Oeylowo,
Tom Wilkinson, Carmen Ejogo, Tim Roth,
Oprah Winfrey,… (USA, 2014)
Selma est d’abord un lieu-dit. Situé juste
devant le pont Edmund Pettus, ce lieu a été choisi le 7 mars 1965 par Martin Luther King et 600
de ses partisans comme point de départ d’une
marche pacifique qui devait les conduire à
Montgomery. Au cours de cette marche, les
manifestants ont été attaqués d’une manière particulièrement violente par les forces de « l’ordre » et les rednecks d’en face, encouragés par un
shérif fasciste et le gouverneur de l’Etat
d’Alabama Georges Wallace. C’est le spectacle
c
t
u
a
dans l’emploi de la musique et des « effets lacrymogènes ». Elle témoigne par ailleurs d’une
finesse indéniable dans son montage des scènes
intimes, des scènes politiques et des scènes de
violence. Elle montre ainsi un Martin Luther
King certes charismatique (véritable prêcheur) et
fin politique, mais aussi hésitant sur la conduite à
tenir, fragilisé par ses problèmes familiaux et
parfois franchement surprenant dans ses choix
(lorsqu’il interrompt sur une intuition la deuxième marche au milieu du pont par exemple)…
A l’heure où des policiers blancs tuent sans
hésitation de jeunes Noirs prétendument en
infraction et à l’heure de la résurgence d’un racisme décomplexé, le rappel de ce que fut dans les
années soixante la lutte du mouvement non-vio-
l
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t
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c i n é m a
lent pour l’égalité des droits est pour le moins
bienvenu.
Serge Lachat
LE HOCkEY, LES éCHECS
ET LE BOLCHOï
de Gabe Polsky
Nul besoin d’être amateur de hockey sur
glace pour apprécier le jeu de l’équipe soviétique
surnommée « l’Armée rouge ». Rapidité, fluidité, efficacité, le souffle nous manque devant une
telle maîtrise, une telle abnégation engagée afin
de réaliser des chefs-d’œuvre de jeu à la gloire de
l’Union soviétique.
«Red Army» © Frenetic
Le film Red Army de Gabe Polsky, cinéaste
et producteur états-unien d’origine russe, plonge
le spectateur dans la grandeur et la désillusion
soviétique. Au travers du récit de Viacheslav
Fetissov, joueur légendaire du HK CSKA
Moscou, club de l’armée emblématique de
l’Union soviétique, c’est l’histoire d’un système
et d’une utopie dans ses contradictions et ses
folies qui est retracée. Le hockey sur glace, ici
métaphore d’une idéologie qui veut s’imposer
aux autres, représente avec subtilité et pertinence
la mise en place d’un objet de propagande mondiale. En effet, en période de guerre froide, la
compétition sportive fait office de champ de
bataille, où les sportifs remplacent les soldats. Il
s’agit de prouver au monde que les idéaux défendus par le système s’imposent par leur supériorité à tous niveaux. Terriblement épuisant, l’entraînement des joueurs réveille stupeur et indignation, mais suscite également admiration et
respect face à la créativité et à l’entente hors
norme régnant au sein de l’équipe. Le film ne
tombe jamais dans une démarche manichéenne,
au contraire, il rend à l’histoire sa complexité si
essentielle pour un regard concerné par des évé-
a
c
t
u
nements tant discutés, tant simplifiés. Celle-ci est
notamment incarnée par le protagoniste principal, « Slava » Fetissov, qui raconte son histoire
avec recul et authenticité, évitant ainsi au spectateur de ne pas mobiliser trop de jugements hâtifs
et injustifiés. Le montage très dynamique alternant images d’archive et entretiens créent un
puzzle où chaque pièce, chaque fragment, nous
permettent d’avancer dans cette épopée héroïque
de la grande armée rouge (de hockey). Tout cela
ficelé par une musique incarnant les sentiments
de l’équipe soviétique, on ne peut pas se perdre,
la musique vous guide. Pris par un tourbillon d’images et d’événements, le spectateur le plus
ignorant soit-il sur le hockey sur glace, peut
devenir supporter
inconditionnel des
soviétiques. Tout est
sportif, tout est preuve
de puissance. Tout
s’entremêle au service
du pouvoir, ici le hockey qui s’inspire des
stratégies du jeu d’échecs et des chorégraphies des danseurs du
Bolchoï. Harmonie de
l’intelligence et de la
grâce, qui brille de
mille feux pour atteindre une perfection
inégalée. Plus qu’un film autour de la guerre
froide et du bloc soviétique, il renseigne sur le
présent, sur l’actualité de la Russie, héritière de
l’échec communiste. Le film est produit par
Werner Herzog, avec qui Gabe Polsky avait déjà
collaboré pour The Bad Lieutenant : Port of call
New Orleans (2009). Ce dernier a co-réalisé The
Motel Life (2012) et signe seul Red Army.
Lou Perret
STiLL ALiCE
un film de Richard Glatzer et Wash
Westmoreland, avec Julianne Moore, Kirsten
Stewart, Alec Baldwin…
L’Alice du titre est une femme comblée qui
aborde la cinquantaine avec fougue et optimisme : heureusement mariée et mère de trois
enfants adultes, elle s’épanouit dans sa carrière
de professeur de linguistique à l’Université de
Columbia. Seule sa fille cadette qui s’est lancée
dans une carrière d’actrice sans avoir passé par
les « grandes écoles » semble lui donner
quelques soucis. Jusqu’au jour où, dans un cours,
elle ne réussit pas à retrouver un mot, ou se met
à répéter la même phrase, ou, pire, jusqu’au jour
où, effectuant son jogging habituel, elle ne sait
plus où elle est. Elle consulte un spécialiste dont
le diagnostic est terrible : elle est frappée d’un
Alzheimer précoce (et héréditaire, ce qui la culpabilise par rapport à ses enfants potentiellement
menacés).
Film à « sujet », à sujet « tire-larmes » qui
plus est, Still Alice fait redouter le pire. Heureuse
surprise, Richard Glatzer et Wash Westmoreland
évitent plein de pièges. Aidés par des acteurs,
particulièrement Julianne Moore, bien sûr, mais
aussi Alec Baldwin, qui jouent tout en retenue,
les cinéastes renoncent de leur côté à trop recourir aux images du passé heureux (on ouvre à
peine un album de photos, des images super-8 ou
«Still Alice» © Frenetic films
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vidéo certes, mais toujours les mêmes), à trop
multiplier les scènes racoleuses. Certains reprocheront peut-être au film de se dérouler dans un
milieu grand-bourgeois et intellectuel où les problèmes sont exclusivement relationnels (on insiste trop sur le conflit des deux sœurs) et psychologiques (comment affronter sa propre dégénérescence ?). Mais en évacuant ainsi les problèmes
matériels, les cinéastes permettent de découvrir
comment Alice met en œuvre toutes ses ressources intellectuelles pour tenter de freiner les effets
de sa maladie en utilisant son ordinateur portable
et son iPhone comme substituts de sa mémoire
défaillante. Bien sûr, rien ne permet de faire obstacle à l’évolution de la maladie et l’émotion
prend le spectateur à la gorge, mais de manière
souvent subtile : ainsi par exemple, Alice, alors
qu’elle est encore en forme, s’enregistre sur son
ordinateur pour se dicter, lorsqu’elle ne tiendra
plus, la marche à suivre pour se suicider. Le
moment venu, Alice au bout du rouleau se voit
sur l’écran et écoute ses propres consignes, mais
les oublie à plusieurs reprises avant d’arriver à la
boîte de médicaments voulue ; elle comprend
enfin qu’elle doit monter avec son ordinateur jusqu’à la commode où elle a caché ses pilules.
Scène particulièrement forte dans son jeu tragicomique et dans le troublant face-à-face entre
une Alice encore vaillante et une Alice détruite.
Pour louable qu’elle soit, cette représentation « soft » de l’Alzheimer précoce a pourtant le
défaut, selon les spécialistes, d’empêcher de
prendre la pleine mesure de l’horreur que représente cette maladie à la fois pour le/la malade,
mais aussi pour son entourage.
Serge Lachat
VOYAGE EN CHiNE
un film de Zoltàn Mayer, avec Yolande Moreau,
Qu Jing Jing, Lin Dong Fu, Liu Ling Zi, Dong
Qing, André Wilms… (France, 2014)
Liliane, la soixantaine fatiguée, finissant sa
vie aux côtés d’un homme attentionné, mais
qu’elle ne semble pas vraiment aimer, soignante
dans un hôpital, apprend une nuit la mort de leur
fils unique dans un accident en Chine où il s’était
établi comme photographe. Effondrée, pour pouvoir rapatrier son corps, elle décide de partir
seule (elle insiste) dans ce pays où elle n’avait
pas eu le courage d’aller du vivant de ce fils.
Plongée seule dans Shanghaï, dépendant au
début complètement de l’aide d’autrui et malgré
les problèmes de langue, elle réussit à gagner le
petit village des montagnes du Sichuan où vivait
ce fils. Peu à peu, ce voyage de deuil se transforme en découverte de ce fils qu’elle ne connaissait finalement pas si bien et qu’elle n’avait plus
revu depuis des années (dans un cahier, elle lui
écrit ce qu’elle vit, découvre et ressent comme
elle n’avait jamais pu le faire de son vivant), en
découverte du cercle d’amis et de la femme avec
qui il vivait, en découverte d’un autre monde
(elle découvre les rituels funéraires du taoïsme)
et finalement en voyage initiatique.
La réussite de Zoltàn Mayer dans ce film,
c’est qu’il nous donne à voir une Chine à hauteur
d’homme (pardon, de femme), loin des clichés et
des parcours touristiques. Une Chine accueillante (même dans les dédales administratifs !), bienveillante, presque magique (arrivée dans le village, Liliane se laisse guider par une chanson de
«Voyage en Chine»
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Brel et entre dans une cour où des amis fêtent son
fils disparu) ! Au contact de ces gens simples,
d’une grande générosité (un banquier retraité lui
explique qu’il veut redonner ce que la vie lui a
généreusement donné), Liliane et nous avec elle
découvrons des gens drôles, pudiques, profondément humains.
Alors bien sûr on peut reprocher à ce Voyage
en Chine d’enjoliver la réalité, d’occulter les problèmes du quotidien chinois, de peindre les femmes trop belles… Mais en même temps pourquoi
rechigner devant le regard d’un cinéaste qui croit
en la fraternité humaine et en la beauté de notre
planète ?
Serge Lachat
BiG EYES
un film de Tim Burton, avec Amy Adams,
Christopher Waltz, Terence Stamp… (USA,
2014)
Big Eyes s’ouvre sur deux déclarations liminaires : le film raconte une histoire qui s’est vraiment passée et place en exergue une citation
d’Andy Wahrhol : « Je pense que ce qu’a fait
Keane est formidable ! Si c’était mauvais, il n’y
aurait pas tant de gens pour l’aimer ». Deux
déclarations qui indiquent immédiatement deux
« niveaux » du film de Burton.
D’une part, il raconte l’histoire d’une
femme, Margaret, qui, à l’ouverture du film,
quitte le domicile conjugal avec sa fille de 5-6
ans, s’installe à San Francisco où elle décroche
un petit boulot en peignant des images sur des
berceaux. On est dans les années 50 et la vie n’est
pas facile pour une femme seule avec un enfant.
Pour gagner un peu mieux sa vie et celle de sa
fille, elle essaie de vendre sur les marchés les
portraits d’enfants aux gros yeux qu’elle peint
avec tout son cœur. Sans grand succès jusqu’au
jour où elle rencontre un baratineur qui se prétend lui aussi peintre et qui essaie de vendre des
vues de Paris où il prétend avoir étudié aux
Beaux-Arts. Walter séduit Margaret en moins de
temps qu’il faut pour le dire en lui affirmant
qu’elle a du talent, mais qu’elle ne sait pas se
vendre.
Ayant fait un scandale en se battant avec un
patron de bar qui avait accepté d’exposer les
tableaux du couple dans le couloir menant aux
toilettes, il découvre que la une des journaux
confère une célébrité instantanée, et il comprend
immédiatement que cette célébrité fait vendre et
que le succès artistique se construit sur des « événements » et sur un storytelling émouvant (les
grands yeux seraient le souvenir des yeux des
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c i n é m a
«Big Eyes» avec Amy Adams (Margaret) © Ascot-Elite
enfants dans Berlin détruit en 1949 …) ! Très
vite, les tableaux d’enfants aux yeux écarquillés
vont se vendre, comme vont se vendre encore
mieux les posters que Walter en fait tirer. Mieux,
après avoir épousé Margaret, il la persuade de lui
laisser signer de son nom à lui (Keane) ses œuvres qui remportent un succès phénoménal, malgré la critique des connaisseurs. Le couple s’enfonce dans le mensonge (Margaret découvre que
Walter n’est que mensonge !) en même temps
qu’il accumule tous les signes de richesse.
Jusqu’au jour où, après le scandale provoqué par
le choix sans concours d’une de « ses » œuvres
pour le pavillon de l’UNICEF à la New York
World's Fair de 1964, Margaret ne tiendra plus et
criera la vérité après avoir fui avec sa fille à
Hawaï où elle devient Témoin de Jéhovah.
Walter la poursuivra, essaiera de lui faire un pro-
cès, le perdra avant de finir misérablement, alors
que Margaret récupérera une partie de sa fortune
et peindra jusqu’à la fin de ses jours.
Mais bien sûr, derrière ce drame conjugal et
cette escroquerie, ce qui intéresse Tim Burton,
c’est de dénoncer un milieu artistique qui fonctionne selon les lois du marché. Du supermarché,
faudrait-il dire, puisque le cinéaste montre
Margaret faisant ses courses et prenant une boîte
de soupe Campbell (allusion aux Campbell Soup
Cans peints par Wahrhol en 1962, Wahrhol à qui
l’on doit la remarque liminaire évoquée plus
haut). Burton est trop malin pour se lancer dans
un débat sur la nature de l’art et sur ce qui fait la
vraie valeur artistique d’une œuvre, mais il
dénonce dans son film les dysfonctionnements
du marché de l’art qui fonctionne sur du vent et
selon des recettes publicitaires (plus c’est gros,
plus ça marche ! C’est pour cela que Christopher
Waltz
surjoue
en
permanence).
Significativement, l’effondrement des prix des
œuvres de Margaret est moins dû au jugement
« intransigeant » porté par le critique d’art
intransigeant qu’incarne Terence Stamp qu’à la
découverte de la supercherie et de la signature
usurpée.
17
Serge Lachat
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SERGE
& PAUL
ALAIN
FATAL
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KERSTENS
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MAR.5 MAI
LES PARTICULES
ÉLÉMENTAIRES
MICHEL HOUELLEBECQ
JULIEN GOSSELIN
MAR.12 | MER.13 MAI
©John Hogg
©Angélica Liddell
MAR.28 | MER.29 AVR.
2015
EXTRAIT DE
PROGRAMMATION
SOLO
ROBERTO FONSECA
JEU.21 MAI
©Tomas MIna Luces
MAR.28 | MER.29 AVR.
VEN.3 | SAM.4 | MAR.7 | MER.8 AVR.
CELUI QUI TOMBE
YOANN BOURGEOIS
©Simon Gosselin
CHUT
FANNY DE CHAILLÉ
CARTA DE SAN PABLO
A LOS CORINTIOS
ANGÉLICA LIDDELL
©Chris Van Der Burght
MAR.7 | MER.8 | JEU.9 AVR.
©Marc Domage
LES MARCHANDS
JOËL POMMERAT
©Elizabeth Carecchio
14 • 15
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entretien avec christof loy, metteur en scène
Mais qui est donc
Médée ?
Christof Loy est un metteur en scène très présent en Suisse en ce début d'année. Après une remarquable Daphné de Richard Strauss à Bâle en février dernier,
il est à Genève pour signer la réalisation scénique de Medea de Cherubini.
Avant les vacances d'été, il sera enfin à l'Opéra de Zurich pour de très attendus
I Capuleti e i Montecchi de Bellini avec Joyce di Donato et Anita Hertig dans
les rôles principaux.
18
Dans la version italienne de l'opéra
de Cherubini que le Grand Théâtre a
préférée à la mouture française avec
passages parlés, le metteur en scène
voit une des partitions musicales les
plus fascinantes de son temps. D'une
part, par la structure formelle de ses
ensembles et de ses airs, l'ouvrage rappelle les grandes architectures classiques chères à Gluck; de l'autre, l'écriture de l'accompagnement instrumental, avec ses nombreuses formules heurtées et ses audacieuses ruptures dans les
extraordinaires scènes où l'héroïne laisse parler sa fureur, annonce Beethoven,
voire le Weber du Freischütz et les
grandes réussites postérieures du
romantisme allemand. L'impression est
à vrai dire encore renforcée par l'utilisation à Genève des récitatifs composés
au milieu du 19e siècle par Franz
Lachner pour une série de représentations à Francfort-sur-le-Main en lieu et
place de l'original français.
Ma première question porte précisément sur ce choix, qui fera grincer les
dents de plus d'un amateur de la première version rédigée dans la langue de
Corneille car, selon eux, c'est la seule qui soit
capable de rendre justice au projet musical
initial ambitieux du compositeur.
N'est-il pas frustrant pour un metteur
en scène de se voir privé de passages parlés
où ses possibilités de maîtriser à sa guise le
temps dramatique sont nettement plus
variées ?
Pour moi, ce n'est pas le cas. Depuis que j'ai
commencé à travailler pour le théâtre, l'opéra a
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a
Il faut être clair : ce sont ces récitatifs qui ont
permis à Médée de retrouver sa place dans le
répertoire lyrique actuel. Sans Maria Callas (et
Franz Lachner!), il est fort probable que les
occasions de rencontrer ce chef-d'œuvre
seraient encore plus rares qu'aujourd'hui. Par
ailleurs, les passages parlés dans la version originale sont écrits en alexandrins. Ces vers ont
une musicalité propre qu'il est très difficile de
servir correctement pour un interprète étranger
quand il maîtrise imparfaitement la langue française. Or, les chanteurs français capables d'aborder actuellement ce répertoire ne sont pas
légion. Vaut-il alors la peine, au nom d'une
hypothétique fidélité à l'original, de faire débiter des vers par des interprètes qui ne peuvent
les faire vivre de l'intérieur, faute d'une
connaissance suffisamment subtile de
la prosodie française ? Le récitatif a l'avantage d'imposer une direction claire à
la pensée qui s'exprime, même lorsque
l'interprète ne maîtrise pas l'italien, en
l'occurrence. Cela facilite pour moi le
choix du geste dramatique efficace et la
mise en place d'une chorégraphie des
mouvements qui corrobore l'influx
musical.
il y a pourtant rupture dans
le discours musical quand on entend
la façon dont Lachner a utilisé le
récitatif.
Christof Loy © Eduard Straub
été mon principal champ d'action et je ne me
suis jamais senti limité par le temps qu'impose
au responsable de la scène le flux de la musique
dicté par le chef d'orchestre et, plus généralement, par la partition.
Que représente alors, dans l'organisation de votre travail, l'irruption de passages
abordés sur le mode du récitatif accompagné
écrit dans un style qui se rapproche des
grands ouvrages romantiques qu'un siècle et
demi sépare de l'écriture de Médée ?
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t
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Certes, mais c'est aussi ce qui fait le
prix de son travail. Les airs et ensembles sont fortement marquées au sceau
de l'écriture lyrique propre à la fin du
18e siècle, alors que l'orchestration de
Cherubini, notamment dans l'extraordinaire final, annonce déjà les bouleversements harmoniques chers aux grands
auteurs du 19e. L'auteur du récitatif fait
le joint entre ces deux univers et permet
d'unifier un discours qui n'est pas sans
ambivalence dans sa forme première
déjà. Ici, à Genève, je tiens à ce que le public
sente ces différences de niveau dans le discours.
Ces 'clashes' sont comme autant de hiatus qui
mettent à jour les personnalités complexes des
personnages qui ne se laissent pas définir par
une étiquette d'une parfaite limpidité de sens.
Pour vous, qui est donc Médée ? Une
sorcière ? une femme aimante ? une mère
éplorée ? une furie aux pulsions assassines ?
Il n'y a pas de réponse à pareille question.
Lorsque j'ai pris contact avec Jennifer Larmore
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o p é r a
(qui sera Médée sur les planches genevoises),
j'ai échangé bon nombre de courriels avec elle
pour discuter de la conception qu'elle se faisait
du rôle. Et j'ai remarqué d'énormes différences
entre nos deux approches. Car une phrase revenait systématiquement sous ses doigts : elle
tenait avant tout à rendre le personnage de
Médée aussi antipathique que possible. Or pour
moi, Médée n'est pas un personnage rebutant ;
elle est victime autant que bourreau et ne maîtrise aucunement la partition que le destin lui
fait jouer. Je fais en conséquence tout mon possible pour convaincre l'interprète de mon point
de vue en comparant l'héroïne de Cherubini à la
Phèdre de Racine qui se voit comme une victime des caprices de Venus (“C'est Vénus tout
entière à sa proie attachée“, dit-elle d'ellemême lorsqu'elle peine à comprendre les sentiments qui l'assaillent). Médée ne veut donc pas
le mal. Elle se sent habitée par une force qui la
dépasse et l'oblige à faire ce que sa raison ou
son cœur réprouvent. Lorsqu'elle supplie par
exemple Créon de lui accorder un répit en l'autorisant à rester à Corinthe ne serait-ce qu'un
jour de plus, elle ne procède pas à un vil calcul
mais semble réellement prête à tous les sacrifices, comme le suggère la musique d'une admirable éloquence que le compositeur lui réserve
en ce moment précis. Je veux alors la montrer
comme un être d'une totale sincérité, non
comme un esprit machiavélique. Médée, c'est
quelqu'un qui se cherche et ne découvre qu'un
point noir et flou en son centre. D'où ses interminables atermoiements, ses retours en arrière
et ses brusques accès de rage destructrice lorsqu'elle perd la maîtrise de son esprit.
passé. Mais plus il tente de convaincre Glauce de l'honnêteté de son
projet matrimonial, plus il s'enferre
dans une système d'affirmations qui
peinent à convaincre. Cherubini se
montre, dans le premier air de
Jason, d'une incroyable modernité
de pensée lorsqu'il fait répéter toujours le même texte au chanteur, car
il dévoile jusqu'à l'absurde l'impossibilité où se trouve le personnage
de sortir d'un mode de pensée qui le
paralyse et rend son plaidoyer toujours plus superficiel... Quant à
Glauce, elle est une très jeune
femme et je suis persuadé que si elle avait eu
cinq ans de plus au moment où commence l'opéra, elle se serait opposée elle-même aux projets matrimoniaux de son père et de Jason car
elle en aurait compris les véritable enjeux! On
le voit : tous les personnages ont des personnalités fracturées au point qu'ils ne peuvent atteindre un équilibre satisfaisant entre raison et pulsion.
Comment comptez-vous rendre visibles ces ruptures ?
Cela commencera par le décor qu'a conçu
Herbert Murauer. Il y joue avec le bois, mais
mêle à des ornements classiques divers éléments qui annoncent l'irruption d'une sensibilité
nouvelle à la conception d'un décor de théâtre.
D'une nature domestiquée et rendue agréable à
l'œil telle qu'on la découvrait dans la peinture
galante du 18e siècle, on passe à un univers plus
sauvage, plus menaçant. Les comportements
Diriez-vous la
même chose des autres
personnages ?
Certainement. Jason
n'est plus l'aventurier
sans peur et sans reproche parti hardiment à la
conquête de la Toison
d'or que la légende s'est
plu à décrire longuement mais un homme
dont la vie privée est
ébranlée. Il a aimé
Médée, il aime maintenant Glauce et ne sait
comment se débarrasser
de son premier amour
qui lui rappelle les heures troubles de son
e
n
GTG-Marko Letonja by Tanja Niemann
des personnages doivent eux aussi rendre visibles ces alternances dans le sentiment. Dans le
travail quotidien effectué avec les chanteurs,
nous reprenons sans cesse tel ou tel moment de
l'œuvre, rajoutons une coupure ou en supprimons une autre selon que la nouvelle 'version'
nous paraît plus apte à souligner les cassures
intérieures dont nous parlions plus tôt. A ce titre
il ne serait pas erroné de parler de cette mise en
scène comme d'une sorte de projet artistique en
devenir ('workshop in progress') dont les diverses composantes évoluent au fur et à mesure
que l'ensemble prend forme. C'est souvent en
arrivant au terme d'une scène que nous découvrons, dans ces débuts, des motifs dramatiques
que nous avons négligés de mettre en exergue,
comme s'ils étaient de seconde importance. Il
s'agit alors de reprendre le travail pour corriger
le tir! De même, les interactions musicales entre
les moments de réflexion et les affrontements
plus directs ne se révèlent pas à première lecture. Mais lorsqu'il s'incarne dans une forme
scénique, le relief dramatique des personnages dépeints par la musique gagne en subtilité ou même en ambiguïté. Vous me demandiez : qui est Médée ? Je vous répondrai que
je le sais de moins en moins au fur et à mesure que le spectacle prend forme; et je suis
même persuadé que Cherubini lui-même,
dans sa musique du moins, n'aurait su apporter un réponse claire à pareille demande!...
Propos recueillis par Eric Pousaz
Médée au Grand Théâtre les 9, 12, 15 18, 21 & 24 avril
dir. Marko Letonja, Orchestre de la Suisse Romande,
m.e.s. Christof Loy. Grand Théâtre à 19h30, le 12 à
15h (billetterie en ligne sur le site du Grand Théâtre)
Jennifer Larmore. Crédit Audra Melton
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o p é r a
à lausanne
Solaris au Théâtre
des Chanmps-Elysées
Solaris
L’opéra Solaris est né d’une série de rencontres : entre un compositeur,
Dai Fujikura, un librettiste tout autant chorégraphe et metteur en scène,
Saburo Teshigawara, et un sujet tiré d’un roman, lui-même objet de
réalisations cinématographiques.
20
Le roman Solaris (« ensoleillé » en latin),
fut écrit en 1961 par l’auteur polonais Stanislaw
Lem. Il traite, sous forme de science fiction,
d’une planète, Solaris, où les êtres ne sont parfois qu’apparence. Ainsi du personnage féminin
central, réincarnation en forme d’image d’un
être disparu. Une façon d’interrogation sur
l’existence et son essence, comme aurait dit
Sartre, sertie d’un décorum de science fiction
propice à l’imagination. Et c’est ainsi que l’ont
conçu les cinéastes Andreï Tarkovski, puis plus
récemment Steven Soderbergh, pour des films
au succès mondial.
Comme l’explique lui-même Fujikura, l’idée première de son opéra, de son « espaceopéra », a germé il y a six ans. C’est alors qu’il
s’entretint du projet avec son ami Teshigawara.
Le projet se conforte rapidement d’une commande de l’Ensemble Intercontemporain. Et dès
lors, les choses se mettent en place.
Teshigawara écrit le livret, d’un seul jet, en
japonais. Et Fujikura s’attelle à en faire une tra-
duction en anglais, tout en tenant compte de la
prosodie qu’il souhaite. À la suite vont de pair
composition musicale et composition scénique,
l’une rejaillissant sur l’autre, à deux voix.
L’entente, à en croire les deux protagonistes, fut
parfaite.
Émerge ainsi une conception globale, qui
veut que les personnages soient dédoublés, un
chanteur doublé d’un danseur ; dans l’esprit
aussi de cette trame qui joue sur le double. Il y
a aussi une référence architecturale, voire à un
certain théâtre de marionnettes traditionnel
japonais, le bunraku. Une déclinaison de la
question du double, de l’absurde, qui ne serait
pas si éloignée du théâtre de Beckett.
Pierre-René Serna
Opéra de Lausanne, le 24 à 20h, le 26 à 15h
Dir. Erik Nielsen, Ensemble intercontemporain, m.e.s.
Saburo Teshigawara. (Billetterie : 021/315.40.20, lun-ven
de 12h à 18h / en ligne et infos : www.opera-lausanne.ch)
La création de Solaris revient au Théâtre
des Champs-Élysées, à Paris, avant une reprise
à l’Opéra de Lille puis à l’Opéra de Lausanne.
Cet opéra dû à deux Japonais, mais à destination
d’un public européen, s’affirme comme une
franche réussite. Musicalement, tout d’abord.
Sous le patronage de l’Ensemble
Intercontemporain et de l’Ircam (pour un subtil
traitement électroacoustique), on pouvait craindre une musique complexe, certes, mais
quelque peu rébarbative. Que nenni ! C’est une
sonorité chatoyante, enveloppante, qui se dégage des quatorze instruments de la fosse, de leurs
échos dans le chant du plateau et sa répercussion électronique dans la salle même. Une
« musique en 3D » ! à l’instar de certaines images projetées sur scène (pour lesquelles invite
est faite de chausser des lunettes « 3D »).
Le chant tient certes de la déclamation, qui
pourrait rendre l’ensemble lancinant. Mais l’écueil est évité. Par une variété des interventions
vocales, mais aussi par l’animation du plateau.
En regard de chanteurs plantés droits et statiques à l’avant ou l’arrière-plan, leur double
dansé s’agite de manière incessante dans une
expression qui donne alors tout son relief au
dire chanté. La scène est pourtant réduite à un
simple cadrage, presque à sa simple expression :
une boîte immaculée, violemment éclairée et
propice aux ébats animés ou aux poses statuaires. Mais c’est ainsi
que le charme opère.
Saluons les participants de cette réussite. À commencer par
les chanteurs, tous
excellents bien que
sonorisés (électroacoustique oblige), et
en particulier Sarah
Tynan dans le rôle
principal bien lancé de
Hari (l’héroïne à l’image
douteuse).
Excellents tout autant
les danseurs. Et les
instrumentistes, sous
la direction d’Erik
Nielsen.
P.-R. S.
«Solaris» © Vincent Pontet
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à madrid
Création mondiale de
El Público
Le Teatro Real, l’Opéra de Madrid, réserve toujours une programmation des
plus originales. C’est ainsi que quasiment chaque saison fait une place à la
création contemporaine. Cette fois : El Público, commande (du temps de
Gerard Mortier et désormais dédié à sa mémoire) au compositeur Mauricio
Sotelo, d’après García Lorca, et une attachante production.
La pièce théâtrale de Lorca fut
écrite vers 1930, peu de temps
avant la disparition de l’écrivain.
Mais elle devait rester dans les cartons, et ce n’est que 56 ans plus
tard que l’œuvre fut créée à la
scène. La pièce est une sorte d’allégorie du monde théâtral, à la fois
surréaliste et hallucinatoire, imprégnée des fantasmes propres à son
auteur, dont les travestissements
(d’homme en femme) et l’homosexualité. Une trame, ou plutôt une
absence de trame, qui se prête
d’autant à un traitement musical.
Aidé du librettiste Andrés Ibañez,
le compositeur Mauricio Sotelo
(né en 1961) l’a bien compris, qui
dans sa musique pratique aussi le
mélange foisonnant des genres.
C’est ainsi qu’une écriture savante
dans l’héritage postsériel, se complète de références appuyées à des
musiques traditionnelles, avec
force percussions et traitement
dans le style flamenco (qui appartient tant à l’univers de Lorca).
Cela aurait pu verser dans le disparate, mais la sauce prend. Et
mieux, l’œuvre sait réserver des surprises tout
en sachant se renouveler ; comme lors d’une
seconde partie, avec l’apparition du chœur (le
public en question, muet jusque-là) et l’éclatement de la musique dans la salle elle-même.
Une réussite, dans le cadre si parcimonieux en
l’espèce de l’opéra contemporain.
Il est vrai que la restitution au Teatro Real
y participe pleinement. Robert Castro conçoit
une mise en scène ébouriffée, qui joue de tra-
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reconnus de ce répertoire (les chanteurs
Arcángel et Jesús Méndez, et le danseur Rubén
Olmo) tout à leur aise sur une scène lyrique.
Thomas Tatzl, Josep Miquel Ramón et l’éblouissante soprano Gun-Brit Barkmin leur
donnent la contrepartie du chant savant, mais
qui en l’espèce n’est pas pris à rebrousse-chant.
Les uns et les autres discrètement sonorisés,
pour se fondre dans le traitement général
électroacoustique. Le Chœur titulaire du Teatro
Real se révèle parfait dans ses interventions
d’ensemble, comme pour des parties solistes ou
en petite formation qui lui sont dévolues (et
pour leur part, sans aucune sonorisation).
Excellent tout autant, le guitariste flamenco
Juan Manuel Cañizares. Les vingtquatre
instrumentistes
du
Klangforum Wien, cosmopolite
formation spécialisée dans la
musique contemporaine qui fait le
déplacement à Madrid, s’avèrent
d’une efficacité redoutable sous la
battue méticuleuse de Pablo
Heras-Casado, étoile montante de
la direction d’orchestre internationale.
Fantoches
«El Publico» © Javier del Real
vestissements et de travestis, de masques et
d’archétypes : une façon de commedia dell’arte
revue par Dalí et Pedro Almodóvar. S’ajoutent
des chorégraphies, contemporaines ou flamenco, qui donnent une vie de chaque instant. Entre
des lumières changeantes et des décors abstraits
mais évocateurs, le résultat esthétique est indéniable. Les chanteurs et personnages se partagent en deux catégories : des interprètes traditionnels au monde de l’opéra, et d’autres issus
du flamenco. Parmi ces derniers, des noms
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Une autre production lyrique
emprunte à Madrid des sentiers
inédits : Fantochines (les
Fantoches). Il s’agit d’un opéra de
chambre, ou une petite zarzuela,
écrit en 1923 par Conrado del
Campo (1878-1953), compositeur
glorifié en son temps et hors de son
pays (par Honegger par exemple).
Donné à l’auditorium de la
Fondation Juan March, mais sous
l’égide du Teatro de la Zarzuela,
l’ouvrage surprend ; de par sa
complexe écriture musicale, qui
pourrait faire penser à du Mahler
teinté des audaces d’un Stravinsky.
Pour ce marivaudage à trois personnages, Tomás Muñoz plante une délicate
action scénique, entre marionnettes grandeur
nature et jeu virevoltant. Sonia de Munck, Borja
Quiza et Fabio barrutia s’acquittent avec bagout
de leurs exigeantes parties vocales. Les huit
instrumentistes (orchestration originale) issus
de l’Orchestre de la Communauté de Madrid,
sonnent à ravir sous la direction de José
Antonio Montaño.
Pierre-René Serna
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fin d’hiver à la scala
A la recherche de la
beauté perdue
Le Milanais aime qu'on lui serve ses ouvrages lyriques dans un bel emballage et n'a
cure des relectures hasardeuses typiques de certaines productions d'outre-Rhin. Les
mises en scène régulièrement mises à l'affiche au Teatro alla Scala frappent toujours
par la beauté de leurs décors et de leurs costumes et par l'atmosphère de suprême
esthétisme qui les caractérisent. Si l'œil est régulièrement à la fête, il faut pourtant
bien admettre que la musique passe parfois au second plan car elle se mue alors en
fond sonore greffé sur une galerie d'images grandioses...
Les trois spectacles récemment mis à l'affiche illustrent parfaitement les qualités et les
limites d'un tel art de la transposition scénique.
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servent de cadre idéal à l'incroyable degré de
sophistication auquel atteint une musique qui ne
se dissocie pas du texte qu'elle habille, ils enferment néanmoins le livret dans un carcan interprétatif
dont certaines scènes se passeraient volonLe couronnement de Poppée
La reprise de cette mise en scène parisienne tiers. On pense à la scène de réjouissance que
montée par Robert Wilson en juin passé au Palais Néron organise après le suicide ordonné de
Garnier mettait en fait un point final à la trilogie Sénèque : les déplacements calculés au millimètre des deux joyeux compères qui s'enivrent pour fêter
l'occasion ne créent pas la
surprise et s'inscrivent sans
rupture dans le contexte de
la danse funèbre sur
laquelle se déroule le bain
tragique du philosophe. De
même,
les
adieux
d'Octavie ne semblent-ils
pas très différents, par leur
atmosphère retenue, de la
scène finale où le couronnement de Poppée se
déroule sur un plateau
quasi vide avec deux
«Le Couronnement de Poppée» © Lucie Jansch / Scala de Milan
acteurs qui ne se regardent
monteverdienne que l'artiste américain a montée même pas. Pourtant, il est indéniable que le charsur les planche de la Scala après L'Orfeo en 2009 me opère et que ces plus de trois heures de
et Le Retour d'Ulysse en 2011. La beauté plas- musique passent la rampe sans jamais lasser l'autique de ces véritables happenings scéniques diteur. L'utilisation parcimonieuse de quelques
empreints de hiératisme reste bien sûr la même éléments décoratifs d'une somptuosité soufflante,
au fil des spectacles et, dans le cas de ce nouveau comme cet if déraciné qui accompagne la mort
Couronnement de Poppée, enthousiasme tou- de Sénèque, les grandioses éclairages en contrejours les inconditionnels de ce type de stylisation jour qui laissent dans l'ombre le visage des chanautant qu'elle irrite les partisans d'une représenta- teurs alors que leurs visages sont baignés d'une
tion plus sensible aux diverses atmosphères lueur blafarde grâce à la parfaite maîtrise dont
musicales que recèle cette partition miraculeuse. font preuve les éclairagistes suiveurs et une vériSi les costumes élisabéthains, chargés de souli- table mise en mouvement chorégraphiée des
gner la dimension shakespearienne du sujet, et la colonnes et des arbres qui surgissent des coulisgestuelle quasi chorégraphique des chanteurs, ses pour habiller la scène donnent à ce spectacle
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une touche de magie qu'on n'est pas prêt d'oublier. La direction de Rinaldo Alessandrini se met
au diapason de la mise en scène et refuse toute
emphase inutile au point qu'elle tombe parfois
dans la monotonie par excès de rigorisme musicologique. Mais le texte, toujours parfaitement
audible malgré l'immensité de l'auditorium, suffit
à maintenir vive une tension qui ne se relâche
jamais. Miah Persson, une Poppea aux épanchements sensuels et aux accès de colère d'autant
plus ravageurs qu'ils sont retenus à l'extrême
domine comme il se doit le Nerone vocalement
plus effacé de Leonardo Cortellazzi. Monica
Bacelli prête son timbre sombre et vibrant à une
Ottavia dont la grandeur tragique trouve un subtil écho dans le Seneca aux graves puissants
d'Andrea Concetti. Sara Mingardo déçoit par
contre avec son Ottone qui manque de tempérament dramatique dans la scène finale des aveux.
L'importante distribution des rôles secondaires,
la désopilante Arnalta d'Adriana di Paola et la
nourrice travestie de Giuseppe di Vittorio en tête,
sont irréprochables et transforment chacune de
leur scène, quelque brève qu'elle soit, en une
pièce essentiel du puzzle tragique que construit
patiemment le génie destructeur du tyran en
devenir. (Représentation du 27 février)
Lucio Silla
Changement radical d'atmosphère avec ce
Lucio Silla de Mozart importé directement du
Festival de Salzbourg. Les décors, grandioses,
évoquent ces gravures surchargées du XVIIIe
siècle qui permettaient de se faire de l'Antiquité
une image fortement idéalisée, peuplée de bergers enrubannés, d'amoureuses pâmées et de
tyrans au grand cœur. D'énormes toiles peintes et
quelques praticables vont et viennent sans bruit
sur le plateau mais ne donnent pas vraiment à
comprendre les enjeux des passions qui habitent
les personnages et que la musique du jeune
Mozart dépeint avec un art consommé du détail
révélateur. Il faut dire que le livret ne se distingue
pas par sa richesse dramatique : dès le départ, les
jeux sont faits et la psychologie des personnages
n'évoluent guère jusqu'au divertissement final où
Silla décide de pardonner à ceux qu'il considérait
comme des gêneurs dans un acte grandiose de
grâce générale qui paraît bien surprenant. Mais le
metteur en scène et chorégraphe Marshall
Pynkoski n'a vraiment rien à dire sur ce sujet
dont il ne sollicite pas assez les rares ressorts dramatiques. Il se contente de faire esquisser divers
pas de danse aux chanteurs et enrichit les ensembles choraux et autres intermèdes instrumentaux
d'exercices dansés gracieux et légèrement ridicu-
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anciens habitués du Mehta des grands soirs, l'orchestre et les chœurs
théâtre. Son pire crime : du théâtre milanais rappellent une fois de plus
avoir purement et sim- qu'ils n'ont pas de rivaux dans ce type de
plement supprimé le bal- musique: la cohésion des voix et la beauté de
let dans la scène de tri- chaque registre dans les chœurs, les textures
omphe (en parfait accord instrumentales diaphanes des cordes dans l'acte
du reste avec le chef du Nil ou l'éclat des trompettes dans les scènes
Zubin Mehta qui avoue d'ensemble font littéralement courir le frisson
que cet intermède choré- dans la salle et justifient amplement que l'on se
graphique paralyse la rende à Milan pour entendre cette musique jouée
«Le Couronnement de Poppée» avec Marianne Crebassa et Inga Kalna
© Scala de Milan
progression du final au comme il se doit. Les voix, par contre, allient le
les qui ont un petit air de déjà-vu. Ces plus de lieu d'en rehausser l'efficacité théâtrale)! Plus pire et le meilleur. Dans la première catégorie
trois heures et demie de musique paraissent au grave me paraît pourtant l'absence totale d'idée tombe malheureusement le Ramfis catastrofinal bien longues et il ne vient à personne l'idée directrice, comme si le spectateur n'avait qu'à se phique de Matti Salminen qui devrait songer à
de regretter les nombreuses coupures sauvages contenter d'admirer les magnifiques décors abandonner au plus vite les emplois verdiens tant
dont a notamment été victime le personnage conçus par Ferdinand Wogerbauer. Or si Verdi son timbre le lâche dans les moments les plus
d'Aufidio, tout simplement rayé de la distribu- s'intéresse réellement au drame du trio tragique exposés. Il fut d'ailleurs conspué par le public, au
tion!... La troupe réunie pour l'occasion est domi- formé d'Amneris, Aida et Radamès, il est non même titre que l'Aida raffinée mais trop faible de
née haut-la-main par le Cecilio de Marianne moins soucieux de mettre en évidence la respon- timbre de Kristin Lewis qui, vu son jeune âge,
Crebassa : voix pleine et puissante, aigus impé- sabilité du pouvoir politique et de la religion dans devrait laisser mûrir son interprétation dans des
rieux, ligne de chant suprême de maîtrise et d'é- l'écrasement des passions qui vont conduire ce théâtres moins prestigieux.
Fabio Sartori, un Radamès aux aigus éclalégance ... tout concourt à faire de ce personnage trio à la mort. Or cet aspect n'apparaît pas dans le
le pivot dramatique de l'ouvrage. Kresimir travail scénique concocté par Peter Stein, où tout tants et au profil vocal d'une fermeté admirable,
Spicer, qui alterne avec Rolando Villazon dans le se déroule comme cela s'est toujours fait sur les et Anita Rachvelishvili, une Amneris grandiose à
rôle titre, a plus de peine à rendre crédible ce per- scènes traditionnalistes. Il faut attendre les toutes la vocalité opulente, se rangent, eux, sans contessonnage qui passe d'un éclat de colère à un autre dernières minutes de l'opésans motivation psychologique digne de ce nom: ra pour découvrir le seul
au jeu scénique inutilement agité correspond un élément neuf apporté au
chant heurté, parfois en difficulté avec la justes- spectacle par le metteur en
se, mais tout de même suffisamment riche en scène allemand lorsqu'il
inflexions pour faire exister le personnage sur ce demande à Amneris de se
plateau écrasé par ses imposantes toiles peintes. couper les veines sur le
Le rôle d'une difficulté d'exécution diabolique de tombeau des deux amants
Giunia est confié à la voix superbe d'aisance de enterrés vivants... Mais il
Lenneke Ruiten; son seul défaut est de paraître faut bien reconnaître qu'une
constamment à son point de rupture... Excellente telle approche reste parfaiInga Kalna dans le rôle travesti de Lucio Cinna et tement valable dans un
Celia primesautière de Giulia Semenzato. Ce pays où Verdi fait partie du
spectacle marquait les débuts milanais de Marc patrimoine commun et où
Minkowski : sa direction énergique, son souci de chaque Italien rêve de voir
contrastes dynamiques, son sens imparable des ses opéras représentés
«Aida» avec Kristin Lewis et Anita Rachvelishvili © Scala de Milan
alliages de timbres des instruments solos (notam- comme le compositeur a pu
ment dans l'inoubliable dernier air de Silla l'imaginer à l'époque de leur création. Il y a donc te dans la seconde catégorie et sont fêtés par un
accompagné d'un magistral trio instrumental beaucoup de défilés dans la scène du triomphe, public en délire à la fin de la représentation.
formé d'un hautbois, un cor et un basson) lui ont quelques mouvements de danse dans la scène de George Gagnidze se contente de quelques belles
valu une ovation méritée en plein spectacle, la consécration de l'épée ou dans la chambre envolées en Amonasro, un personnage qu'il ne
comme les Milanais aiment les offrir aux artistes d'Amneris qui se prépare à recevoir l'être aimé de parvient pas à rendre intéressant, - mais il faut
qu'ils adoptent sans réserve. (Représentation du retour en triomphateur. Conçue pour durer des bien dire que Verdi ne s'est pas vraiment soucié
années, cette version permettra de nombreux d'en faire un rôle marquant; il complète néan28 février)
changements de distribution sans souffrir des moins avec efficacité un ensemble de solistes
personnalités diverses qui seront amenées à s'y inégaux qui n'ont pas tous su rallier les suffrages
Aida
Après les déluges décoratifs de l'Aida mon- produire. Peut-on finalement demander autre du nombreux public accouru à cette matinée
tée par Franco Zeffirelli en décembre 2006 pour chose à un théâtre de répertoire lorsqu'il s'agit de lyrique dominicale. (Représentation du 1er mars)
Roberto Alagna et Violeta Urmana, Peter Stein proposer une nouvelle version d'un de ses cheEric Pousaz
propose du drame égyptien de Verdi une vision vaux de bataille les plus prestigieux ?
chambriste qui n'a pas eu l'heur de plaire aux
Dirigés avec fougue et subtilité par un Zubin
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richesse de nuances dont leurs nombreuses
interventions sont pourvues alors que Rollando
Villazon exploite, lui, sans retenue aucune les
possibilités devenues bien restreintes d'un
timbre d'une rare laideur, le tout s'accompagnant d'un jeu scénique qui frise les tics du théâtre de Grand-Guignol. (Représentation du 11
février)
à berlin
De Macbeth à
Lady Macbeth
Le Staatsoper affichait un Macbeth réunissant Placido Domingo dans le
rôle-titre et René Pape en Banquo, tandis que le Deutsche Oper proposait,
entre autres, le Barbier de Séville imaginé par katharina Thalbach, ainsi
qu’une Lady Macbeth de Mzensk avec la katerina vibrante d’Evelyn Hertzlizius.
Staatsoper : Domingo
en Macbeth, son 145e rôle
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Depuis qu'il s'est réapproprié le répertoire
de baryton, Placido Domingo ne connaît plus de
frein. Avec le Macbeth de Verdi, cet Everest du
répertoire italien réservé aux voix corsées, le
ténor espagnol aborde son cent-quarante-cinquième rôle, si l'on en croit son site Internet
officiel. Malgré les réserves critiques d'usage
lorsqu'il s'agit de juger un ténor s'attaquant à un
grand rôle de baryton, il faut bien admettre que
le chanteur s'avère très à l'aise dans cet emploi.
La voix reste bien sûr très (trop?) claire, mais
pourquoi ne devrait-elle pas l'être, à partir du
moment où le spectateur n'est pas trompé sur la
prestation offerte lorsqu'il est prêt à payer sa
place plus de 300 Euros pour entendre son divo
préféré ? Le passage des ans se fait sentir dans
un certain essoufflement, sensible par exemple
lorsque le cantabile exigerait des phrases très
longues sur le souffle, ce que le chanteur ne
peut plus offrir à plus de soixante-quatorze ans.
De même, la puissance se restreint, phénomène
particulièrement dommageable aux grands
ensembles qui terminent les deux premiers actes
où l'artiste devient soudain inaudible car il se
trouve en compétition avec presque l'ensemble
de la distribution, le chœur et un orchestre peu
enclin à la demi-mesure sous la direction à la
“teutonne“ de Daniel Barenboïm. Mais quel
punch ! quel charisme ! lorsqu'il est en scène, on
ne voit et n'entend que lui tant la qualité du
timbre et la souplesse de l'intonation paraissent
intactes. Le reste de la distribution ne manquait
néanmoins pas de points forts, à commencer par
le Banquo d'un René Pape dont le timbre de
basse est actuellement à son zénith et d'une
Lady Macbeth aux possibilités vocales inouïes:
le mezzo soprano ukrainien Liudmyla
Monastyrska réussit en effet l'exploit rare de
chanter avec distinction chaque note de ce rôle
meurtrier, sans effet de grossissement inutile de
l'émission, sans camouflage de quelques notes
difficiles d'accès dans la vocalise, et surtout
sans trace d'acidité ou d'agressivité dans un
timbre qui garde aplomb et franchise dans le
fortissimo le plus éperdu. Les chœurs se hissent
à la hauteur de l'occasion et fascinent par la
Liudmyla Monastyrska (Lady Macbeth), Placido Domingo (Macbeth) © Mara Eggert
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Deutsche Oper : Le Barbier de
Séville, place aux jeunes!
La plus grande salle d'opéras allemande
(2800 places!) affichait complet pour cette quarante-sixième représentation de la version du
Barbier de Séville signée de Katharina Thalbach.
Et ce ne sont pas les noms illustres des chanteurs
engagés qui ont eu cet effet réjouissant sur les
caisses de l'institution, car plusieurs de ses rôles
principaux étaient confiés à des boursiers du
Cercles des Amis de l'Opéra berlinois... Mais le
prix maximum des place ne dépasse pas les 80
Euros, ce qui explique peut-être aussi la présence
dans les rangées du parterre de nombreux jeunes
adeptes de l'art lyrique à l'enthousiasme tonitruant dès la chute du rideau...
La mise en scène n'a pris aucune ride et
continue à susciter le rire à un rythme soutenu
tant les trouvailles restent drôles malgré les
diverses distributions qui se sont succédé sur ce
plateau. C'est pourtant du côté de la distribution
qu'il faut chercher les causes des satisfactions
artistiques qu'offre cette soirée exemplaire. Le
chef des choeurs de la maison, William
Spaulding, se mue ici en directeur d'orchestre : sa
battue est animée mais non précipitée; les égards
qu'il prend envers ses chanteurs encore jeunes et
peu expérimentés permettent un déroulement
sans heurts des grands ensembles et la musique
scintille comme au premier jour. John Chest en
Figaro propose un portrait tout en finesse du rôle
titre et ses rodomontades attirent à raison toutes
les sympathies d'autant que le chant est à la fois
puissant, cultivé et hyper-expressif. En Comte
Almaviva, le jeune Matthew Newlin, encore
boursier, séduit par un timbre admirablement
souple, parfois encore vert dans l'aigu il est vrai;
mais ce ténor sait déjà faire preuve d'une assurance scénique et d'un abattage vocal tels qu'il justifie amplement la confiance mise en lui. Il en va
de même pour la Rosina vif-argent de Stéphanie
Lauricella, également récipiendaire d'une bourse
; malgré son jeune âge, elle pourrait en remontrer
à maintes collègues plus âgées sur l'art de mettre
le public dans sa poche sans donner dans les
clowneries inutiles. La voix est ample, solaire et
grimpe dans l'aigu avec une facilité qui justifie le
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triomphe que lui réserve le public la fin de son
air. Excellent Bartolo d'Andrew Harris, irrésistible Basilio de Thomas Lehman (un boursier newyorkais!) et inénarrable Berta de Ronnita Miller.
On l'aura compris : malgré l'absence de vedettes
ce Barbier valait amplement le déplacement.
(Représentation du12 février)
La Belle au Bois Dormant : une
curieuse entrée en matière
Le Ballet d'Etat berlinois a changé de directeur en début de saison, mais il aura fallu attendre
plus de cinq mois avant de voir le nouvel arrivant
à l'oeuvre. La première déception concerne le
choix de sa carte de visite : au lieu de proposer
une chorégraphie nouvelle conçue expressément
pour mettre en valeur les atouts de sa compagnie,
l'artiste espagnol s'est contenté de réchauffer une
chorégraphie conçue en 2011 pour le Théâtre
Mikhailovsky de Saint Petersburg, le deuxième
théâtre lyrique de la grande ville russe dont le
prestige n'a pas le rayonnement international du
Marinsky dirigé par l'infatigable Valery Giergiev.
S'il s'était agi d'une grande réussite, le public
eût pu approuver sans réserve ce plat réchauffé,
mais que dire d'un spectacle où tout est certes
parfaitement en place mais où la recherche de
perfection technique fait virer la représentation à
une démonstration technique glacée et glaçante ?
La précédente mouture, montée en 2005 par
Vladimir Malakhov, n'était certes pas une réussite visuelle exemplaire avec ses décors poussiéreux avant même la première, mais la chorégraphie avait gardé la magie des grandes productions à la russe et permettait à chaque danseur de
marquer le rôle de sa personnalité tout en exhibant une technique hors pair.
Dans la version actuelle, le premier souci du
directeur de la compagnie semble avoir été de
gommer tout ce que la tradition doit à Marius
Petipa. La pantomime a passé à la trappe et se
voit remplacée par une suite de pas pressés qui ne
signifient rien et donnent une tournure inutilement agitée aux séquences narratives. Quant aux
grands moments chorégraphiques attendus, ils se
signalent par de nombreuses ruptures dans le
mouvement qui tuent toute tentative de fluidité
expressive; les pas de deux sont enrichis de nombreux portés réduisant souvent le danseur au rôle
de faire-valoir alors que le vocabulaire chorégraphique, teinté de modernisme, freine le tempérament des danseurs au lieu de le solliciter tant la
succession de figures paraît complexe et, au
final, étouffante.
Le ballet berlinois se montre parfaitement à
la hauteur de ce nouveau défi. Il s'acquitte de sa
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tâche avec un panache réjouissant qui rend l'expérience d'autant moins enthousiasmante qu'elle
paraît ici stérile dans les obstacles qu'elle met
systématiquement à l'épanouissement des tempéraments individuels. Iana Salenko en Princesse
Aurore aligne les prouesses avec une constance
ahurissante sans pourtant parvenir à rendre sensible la personnalité complexe du personnage; de
même, le Prince Désiré de Leonid Sarafanov,
invité pour l'occasion du Théâtre Mikhailovsky
de Saint-Petersburg où cette version fut créée,
reste d'abord athlète avant d'être amoureux. La
beauté des décors et des costumes d'Angelina
Atlagic ajoute à la flatteuse impression d'ensemble du spectacle sans transcender un travail qui
restera parmi les plus décevants de ceux qui ont
été présentés sur cette scène au cours des saisons
passées. (Première du 11 février)
Lady Macbeth de Mzensk
ou le triomphe du sexe
Première nouvelle production lyrique de la
saison après la remise en état du bâtiment de la
Deutsche Oper, cette nouvelle version de l'opéra
de Chostakovitch se veut dérangeante. L'action
est systématiquement orientée vers le sexe :
située par le metteur en scène Ole Anders
ne manque pas de provoquer quelques ricanements dans la salle quand le mari cocu se fait
assommer à coups de tête de thon!... Le décor
magique d'Erland Birkeland rétablit heureusement un semblant d'équilibre en donnant à l'action un cadre riche en atmosphères brumeuses du
meilleur effet mais cela ne suffit pas à sauver de
l'ennui une représentation marquée au sceau des
comportements caricaturaux de mâles en rut toujours prêts à tomber le pantalon.
Les voix nous dédommagent pourtant de ce
parti-pris dramatique réducteur et discutable, à
commencer par la Katerina vibrante d'Evelyn
Hertzlizius qui domine le plateau de son soprano
clair d'émission et sûr d'intonation. Sir John
Tomlinson est tout aussi grandiose en beau père
lubrique: sa scène de mort a quelque chose de la
grandeur de celle de Boris Godounov, mais sur le
mode grotesque, tant la voix s'avère encore riche
de réserves sur tout le registre. Thomas
Blondelle, en mari trompé, séduit par son chant
raffiné et déplacé dans cet univers lubrique alors
que Maxim Aksenov exhibe sans contrainte un
timbre d'une pétulante santé qui convient idéalement à ce coq de village aux pattes fragiles. Le
reste de l'importante distribution ainsi que les
choeurs se hissent avec aisance à la hauteur des
«Lady Macbeth de Mzensk» © Marcus Lieberenz
Tandberg sur une petite île norvégienne perdue
au large de la côte, elle se déroule en vase clos au
sein d'une petite communauté où règne la loi de
la jungle, le plus fort opprimant le plus faible
sans risque de se voir remettre à l'ordre. Les femmes, bien entendu, sont les premières victimes de
cette situation et servent à faire soit la cuisine,
soit la carpette. Le poisson est omniprésent; il
sert d'objet de plaisir mais peut se muer en arme
létale lorsqu'il s'agit de liquider un gêneur, ce qui
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protagonistes sous la direction passionnée, mais
plus symphonique que théâtrale de Donald
Runnicles. Jouée devant une salle comble, la
sixième reprise de ce spectacle prouve que l'opéra, dans certaines villes du monde, n'est pas encore vraiment mort et peut attirer les foules même
si Mozart, Verdi ou Bizet sont absents de l'affiche. (Représentation du14 février)
Eric Pousaz
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à bâle
Daphné
Daphné est l'une des dernières créations de Richard Strauss;
créé en 1938 sous la direction de karl Böhm à Dresde,
l'opéra n'est jamais parvenu à s'imposer au répertoire et fait
aujourd'hui encore figure de rareté lorsqu'il est programmé
par un théâtre aventureux.
Bâle a pris le risque de proposer une version scénique de cette pastorale
tragique en en confiant la réalisation à Christof Loy, un des metteurs en scène
les plus discutés du moment. Son approche est radicalement opposée à ce qu'on
attend dans ce répertoire : on ne voit donc pas de bergers batifolant dans de
verts pâturages, pas de reconstitution d'un monde idéalisé à l'antique, pas de
transformation magique de Daphné en arbre mythique. L'action se déroule au
contraire pendant une fête de la bière (à Munich?). Les hommes portent chemises blanches et culottes de cuir, les femmes s'accommodent d'un 'dirndl' seyant.
Daphné n'est que la serveuse d'une cantine que possèdent son père Peneios et
sa mère Gaea. Elle est sans cesse houspillée par une gent masculine prompte à
tomber la chemise et se réfugie dans le rêve en caressant une misérable petite
plante en pot qu'elle soigne comme la prunelle de ses yeux. Elle repousse les
avances d'un adorateur timide - Leukippos - car elle ne consent pas à perdre une
once de sa pureté originelle. Même Apollon ne la fait pas fléchir. Quand elle
tue son amoureux devenu trop entreprenant, elle est emmenée sans façon par la
police tandis que le corps sans vie de l'amant malheureux reste abandonné sur
la scène. La voix off de Daphné transformée en arbre résonne alors dans le lointain comme la réminiscence d'un bonheur passé, d'une occasion manquée.
Evacuer ainsi toute dimension magique a un prix, certes, et les dix dernières
minutes de l'opéra paraissent bien artificielles. Mais l'action y gagne en lisibilité et les enjeux dramatiques en véracité. Ainsi représentée, Daphne retrouve
une vigueur et un impact scénique que les versions plus traditionnelles ont tendance à gommer outrageusement sous une élégance de convention.
Agneta Eichenholz se révèle sublime de bout en bout dans le rôle écrasant
de l'héroïne: l'aigu sonne clair et domine un orchestre pourtant puissant avec
une aisance qui frise l'effronterie; et quelle fluidité dans le débit, quelle richesse de nuances dans les longs monologues qui lui sont dévolus!... On ne saurait
imaginer mieux sur quelque plan que ce soit, tant le naturel du jeu scénique
s'accorde parfaitement à la fraîcheur et à l'aisance du chant en toute circonstance... Rolf Romei, dans le rôle difficile de Leukippos, se hisse sans peine à son
niveau avec son ténor clair et délié qui lui permet de brosser de son admirateur
transi un portrait délicatement coloré. La voix plus raide de Marco Jentsch
convient bien au personnage d'Apollon malgré quelques notes élevées d'une
facture plutôt malhabile. Hanna Schwarz en Gaea rappelle une fois de plus que
les ans ne semblent pas avoir de prise sur son timbre velouté et charmeur alors
que la basse sonore et virile d'accents de Thorsten Grümbel dote le personnage de Peneios du poids dramatique idéal.
L'orchestre placés sous la direction de Hans Derwanz privilégie les effusions lyriques à la mise en exergue des innombrables raffinements d'instrumentation dont le compositeur a parsemé sa partition. Devant tant de beautés sonores alignées sans recherche de contrastes, l'oreille finit par ne plus s'y retrouver
et s'abandonne à une sorte d'assoupissement bienheureux qui nuit finalement à
l'intelligibilité du propos. (Représentation du 8 avril)
Eric Pousaz
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à l’opéra du rhin
Vie parisienne
Offenbach ne passe pas toujours facilement la rampe
comme l'ont démontré quelques représentations récentes
sur sol romand.
Car il faut d'abord prendre le temps de récrire le livret pour l'enrichir de
quelques gags bien tournés sur l'actualité du moment; ensuite, les chanteurs
sont invités à s'investir dans le chant et la danse autant que dans la musique
pour pouvoir s'imposer sur tous les plans. Enfin, on attend de la mise en scène
qu'elle soit à la fois légère de touche et inspirée dans ses mouvements d'ensemble autant que dans la mise sur pied de retournements de situation toujours
fort improbables; le tout, servi bien frappé, doit en outre satisfaire aux lois de
l'esthétique, charmer l'œil sans tomber dans le kitsch et conserver au spectacle
un rythme qui ne se relâche jamais tout en veillant à permettre au texte de passer la rampe facilement.... Cela a été parfaitement réussi dans cette réalisation
de l'Opéra du Rhin signée de Waut Keuken, un ancien assistant de Robert
Carsen. L'action est située dans le hall d'arrivée encombré de la Gare de
l'Ouest à Paris où le metteur en scène sait utiliser avec élégance et parcimonie
un plateau tournant dont il tire les effets
les plus inattendus ; personnages et pièces
de mobilier disparaissent et apparaissent
comme par enchantement sans entraver le
déroulement soutenu de l'action. La vulgarité inhérente au genre est traitée avec
finesse, les responsables de la scène préférant l'allusion discrète et le sous-entendu
décalé au gag franchement grivois. Les
dialogues, resserrés, accumulent les jeux
de mots et font presque regretter la rapidité de leur débit tant est grande la concentration de fines plaisanteries dans les
quelques répliques bien tournées qui font
«La vie parisienne»
le lien entre les séquences musicales. La
© Alain Kaiser
distribution est entraînée par la baguette
experte de Claude Schnitzler, qui a dirigé plus d'une cinquantaine de fois cet
ouvrage et qui sait en doser les diverses composantes avec la précision d'un
orfèvre de haut vol. Par son jeu entraînant, jamais brouillon ou inutilement
bruyant, l'Orchestre symphonique de Mulhouse régale l'assistance en lui donnant envie de danser tout en assurant aux nombreux chanteurs réunis pour l'occasion un soutien infaillible en toute circonstance. Les voix réunies ce soir-là
n'ont à vrai dire rien d'exceptionnel mais elles remplissent leurs rôles avec une
enviable assurance. Chaque trait d'esprit fait mouche dans les dialogues et
chaque effet musical est traité avec soin pour que le langage d'Offenbach
déploie tous ses sortilèges. On retiendra surtout la Métella au chant corsé de
Delphine Aidan, le Gardefeu au timbre charmeur de Guillaume Andrieux et le
Frick hâbleur de Christophe Montagne dont les interventions homériques
paraissaient d'autant plus admirables qu'il remplaçait au pied levé le titulaire
subitement tombé malade. Mélanie Boisvert incarne une Gabrielle au chant
encore pointu et trop léger, Anaïs Mahikian une Pauline agréablement délurée
lorsqu'il s'agit de pousser la chansonnette et Marc Van Ardale un Brésilien vindicatif mais presque inaudible dans l'exposé de ses couplets. Superbes d'assu-
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rance, par contre, le Bobinet un brin fêlé de Thomas Morris ou le Baron de
Gondremarck lubrique de Christian Tréguier dont les rodomontades vocales
avaient tendance à reléguer au second plan les accents plus subtils du chant de
sa Baronne, campée par une Agnieszka Slawinska délicieusement coquette.
En bref : une soirée comme on souhaiterait en voir à chaque fin d'année pour
entrer dans l'an neuf avec une dose suffisante de bonne humeur.
(Représentation du 18 janvier)
Une Clemenza di Tito réduite à l'essentiel
L'ultime opéra seria de Mozart est avant tout un drame psychologique, et
la metteuse en scène Katharina Thoma a eu raison de se concentrer sur l'interaction entre les personnages au lieu de chercher à épicer une action scénique
relativement pauvre d'éléments dramatiques extérieurs afin de maintenir la
tension. Le décor élaboré de Julia Müer placé sur une scène tournante définit
trois lieux : un jardin pour les rencontres informelles, une chambre pour les
scènes plus intimistes et un lieu de réception aussi froid qu'impersonnel pour
les moments où les impératifs de la vie publique passent avant ceux de la vie
privée. En faisant sans cesse virevolter ce décor, le spectateur se sent transporté dans la tête des personnages où les sentiments contradictoires se mêlent, où
les désirs inavoués et frustrés s'entrechoquent et où la raison finit par céder le
pas face aux impératifs du cœur ou de l'ambition. Le procédé, efficace en soi,
eût pourtant mérité d'être utilisé avec plus de parcimonie pour éviter la surcharge inutile, mais dans sa conception d'ensemble, cette traduction scénique
convainc de bout en bout. L'orchestre symphonique de Mulhouse est dirigé
par Andreas Spering, un chef qui s'est fait une spécialité des relectures 'à l'ancienne'. Les tempos sont vifs, les accompagnements des airs ont du relief et
vibrent à l'unisson des passions chantées, - en un mot : le langage dramatique
de Mozart n'a jamais paru aussi vivant et complexe au point que cette approche vivifiante rend peu compréhensible le relatif dédain des programmateurs
de salles lyriques à l'encontre de cette partition. La distribution réunie pour
l'occasion frappe d'abord par la magnifique complémentarité des timbres, malgré une défection de dernière minute due à la maladie de Jacquelyn Wagner;
cette dernière a pourtant tenu à incarner Vitellia scéniquement, tandis que le
chant était confié à Elodie Hache, familière du rôle, qui se tenait sur le côté de
la scène. La représentation n'a pas souffert de cette substitution de dernière
minute tant les deux artistes semblaient aborder le rôle avec la
même conception : vocalité
ardente, vocalise portée sur le
panache plutôt que sur l'intériorité et propension marquée à l'emphase... Stéphanie d'Oustrac
aborde le personnage central de
Sesto dans la même perspective
avec un timbre chaleureux qu'entache parfois une émission qui
«La Clemenza di Tito» © Alain Kaiser
devient brouillonne dans le haut
de la tessiture. Malgré la beauté du grain de sa voix claire, Benjamin Bruns
reste un bien pâle Titus : son ténor exigu peine à passer la rampe et l'interprétation manque de punch, de dignité, de vraie grandeur au point que son pardon final semble bien arbitrairement télescopé pour permettre le happy end
d'usage. Chiara Skerath est une Servilia à la personnalité déjà affirmée dont le
chant ravit à chaque instant, contrairement à l'Annius résevé au style plutôt
hésitant d'Anna Radziejewska. Comme à leur habitude, les choeurs font excellente figure... (Représentation du 6 avril)
Eric Pousaz
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La Bohème
Romeo und Julia
On gardait une dominante de grisaille parisienne comme
souvenir de la mise en scène de Nadine Duffaut pour le
Théâtre Antique d'Orange en juillet 2012, et l'impression
générale qui domine est la même ce soir.
Dans le cadre de la saison de l’Opéra de Lyon, le théâtre
de la Croix-Rousse monte le rarissime Romeo und Julia,
composé par Boris Blacher en 1943.
La nouvelle production est très loin de se résumer à un modèle réduit
du spectacle vu aux Chorégies, le réseau de rues du 5ème arrondissement
ayant toutefois évidemment disparu pour resserrer l’action sur la scène plus
exiguë. Un plateau tournant permet d'enchaîner vite entre les deux premiers
actes... même trop vite sans doute en perdant l'évanouissement des dernières notes du duo d'amour alors que les choristes prennent déjà place au quartier latin derrière des voiles en transparence. Les tons gris et marron
conviennent parfaitement à la mansarde des Bohèmes, ainsi qu'au III pour la
Barrière d'Enfer bien éclairée par des rais de lumière devant un braséro
enflammé, mais le II chez Momus manque tout de même de couleurs.
L'élément le plus marquant ce soir est la qualité musicale de l'Orchestre
Régional Avignon Provence, placé sous la baguette de Balàzs Kocsàr, chef
qui dirige avec franchise, ampleur, volume, et paraît avoir décuplé la
concentration des musiciens. Brigitta Kele prolonge la lignée des Mimi roumaines, après notamment Cotrubas, Vaduva, Gheorghiu, son interprétation
est musicale et délicate, son grand air du III rempli d'émotion constituant
vraisemblablement le climax de la soirée. Sa compatriote Cristina Pasaroiu
projette vaillamment et se montre belle et crédible dans le rôle de Musetta.
Côté masculin, Florian Laconi compose un Rodolfo volontaire et franc du
gosier, beaucoup plus à l'aise dans le chant en force que lorsqu'il doit alléger, moments où l'intonation perd de sa précision. Le manque d'utilisation
de ces nuances piano retire de l'émotion, en particulier dans les tout derniers
moments de l'opéra. Lionel Lhote (Marcello) déploie avec sûreté et puissance son beau timbre, tandis que l'autre baryton Yann Toussaint (Schaunard)
est moins aguerri pour la dynamique du rythme et la gestion du souffle. La
basse Ugo Guagliardo (Colline) remplit son office mais ne laisse pas à l'oreille une interprétation inoubliable de son air « Vecchia zimarra ».
François Jestin
Puccini : LA BOHEME – le 17 février 2015 à l’Opéra Grand Avignon
«Romeo und Julia» © Stofleth
Classé dans la catégorie « Entartete Musik » ( musique dégénérée )
par les nazis, l'opéra devra attendre 1947 pour sa création concertante puis
1950 pour sa première scénique au festival de Salzburg. L'effectif orchestral dirigé par Philippe Forget est réduit à neuf musiciens, pour un son souvent chambriste mais jamais relégué au second plan. D'une durée d’une
heure 15 minutes, la pièce se concentre sur les principales scènes du chefd'œuvre de Shakespeare, essentiellement autour des amants de Vérone,
alors que les quatre autres chanteurs (Lady Capulet, Tybalt, Capulet, et
une soliste féminine) commentent l'action ou la situation à la manière du
chœur antique. Une autre composante très caractéristique de cet opus est
la présence récurrente de la chanteuse et diseuse Maria Mallé, accompagnée au piano seul, dont le prologue en allemand plonge d’entrée le spectateur dans l'ambiance prenante du cabaret berlinois. La langue chantée est
l'anglais ce soir, mis à part la conclusion post-mortem qui repasse à l'allemand. Le couple des amoureux est un peu déséquilibré, surtout visuellement. Si Laure Barras compose une Juliette jeune et belle, le Roméo de
Tyler Clarke se situe moins dans l'imagerie traditionnelle, avec notamment
un maquillage de clown blanc sur le visage. Vocalement la soprano s'élève au-dessus du lot grâce à sa musicalité hors pair, mais le ténor interprète aussi sans faiblesse sa partition très aigue. La mise en scène de Jean
Lacornerie allie efficacité et économie des moyens, par exemple lorsque
dans la partie finale chaque amant est tour à tour enveloppé d'une bande
de papier déroulant, à la manière de l’embaumement d'une momie égyptienne.
François Jestin
Blacher : ROMEO UND JULiA – le 28 janvier 2015 au Théâtre de la Croix-Rousse
«La Bohème» – acte 2 © Delestrade
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à monte-carlo
Double affiche
Que ce soit en allemand ou en italien, les drames de la
jalousie font des dégâts à Monte-Carlo !
Pour une fois, l’affiche s’écarte de l’habituelle formule Cav / Pag,
puisque i Pagliacci sont précédés ce soir du petit bijou Eine florentinische
Tragödie dont le chef d’orchestre Pichas Steinberg fait ressortir la beauté
et la séduction immédiate de la musique. La production de Daniel Benoin
est extrêmement élégante, dans les décors de Rudy Sabounghi où le rouge
domine : mobilier, riches étoffes du marchand Simone, costumes, parquet
et marqueterie acajou, jusqu’au soleil rougeoyant qui se couche au loin sur
Florence. Par rapport à la période du 16ème siècle mentionnée dans le livret tiré de la pièce d’Oscar Wilde, un portrait de Mussolini est présenté à
Simone lorsqu’il sort de sa demeure, puis celui-ci revient en nouvel adepte du salut fasciste, chemise noire et poignard au côté. Côté vocal, le ténor
Zoran Todorovich est suffisamment héroïque pour soutenir la ligne tendue
du rôle de Guido, et il forme un couple sensuel avec Barbara Haveman qui
lui donne la juste réplique dans l’emploi assez modeste de Bianca.
Malheureusement le baryton-basse Carsten Wittmoser, qui remplace
Samuel Youn prévu dans le programme de la saison, ne possède pas l’ampleur et l’arrogance qu’on attend d’un Simone. Le timbre est joli, mais
avec les yeux fixés en permanence sur le chef il ne se montrejamais terrifiant ni effrayant, en peinant trop souvent pour se faire entendre.
Leo Nucci © Opéra de Monte-Carlo
Josè Siri (Nedda) possède aussi une voix jolie et volumineuse, et le reste
de la distribution est à la hauteur, qu’il s’agisse du timbre élégant du baryton ZhengZhong Zhou (Silvio) ou du deuxième ténor Enrico Casari
(Peppe). La capacité d’adaptation de Pichas Steinberg à ce répertoire est
assez bluffante, il parvient à faire entendre une somme de détails, aux
instruments à vent en particulier, et sait maintenir la tension sur scène sans
recourir à un excès de décibels. La production d’Allex Aguilera reste dans
l’imagerie traditionnelle des clowns et du cirque, en montrant l’envers du
décor comme dans l’opéra de Leoncavallo.
François Jestin
von Zemlinsky : EiNE FLORENTiNiSCHE TRAGÖDiE
Leoncavallo : i PAGLiACCi – le 22 février 2015 à l’Opéra de Monte-Carlo – Salle
Garnier
à nice
Cosi fan tutte
Les spectacles de l'Opéra de Nice se suivent et ne se
ressemblent pas : après un exceptionnel Peter Grimes le mois
précédent, voici un Così fan tutte plutôt « così così ».
Zoran Todorovich et Barbara Haveman © Opéra de Monte-Carlo
Pas de problème en revanche de projection du son pour les protagonistes des Pagliacci en 2ème partie ! Dès la fin de son prologue, Leo
Nucci (Tonio) recueille un tonnerre d’applaudissements. Avec Placido
Domingo, le baryton italien est, à bientôt 73 ans, plus que jamais une
exception dans le paysage lyrique mondial. Ses capacités vocales semblent intactes, et l’acteur est à son summum, pouvant passer en un éclair
de la comédie au drame ; dans ce dernier registre, ses dernières paroles
« la commedia è finita » sont absolument glaçantes. En prise de rôle, le
ténor Marcelo Alvarez (Canio) produit également un raz-de-marée d’émotion, timbre idéal dans ce rôle, instrument puissant, et juste ce qu’il faut de
sanglots pour son air « Vesti la giubba ». La soprano uruguayenne Maria
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C'est d'abord le plateau vocal qui accuse des faiblesses, ceci dès les
premières interventions du baryton basse Armand Arapian, peu stable et
en déraillement incontrôlé dès qu'il pousse la note. On sait qu'une certaine “tradition de malcanto“ existe pour le rôle d'Alfonso, depuis l'insupportable vibratello trémulant de Claudio Desderi, en passant par le bien fatigué Ruggero Raimondi au festival d'Aix-en-Provence en 2005, mais au
moins ces glorieux aînés avaient une présence et une verve qu'on cherche
en vain ce soir. Les jeunes premiers sont corrects sans plus, le baryton
Mattia Olivieri (Guglielmo) offre un beau timbre pour les récitatifs, mais
est en panne de grave dans le chant et fait entendre quelques sons fixes.
Valerio Contaldo (Ferrando) est un ténor certes musical, mais étroit et
nasal qui manque de séduction, y compris dans « Un’aura amorosa ».
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Nathalie Manfrino et Daniela Pini © Jaussein
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Côté femmes, Marie-Bénédicte Souquet est une gentille et piquante
Despina mais trop souvent inaudible dans la partie basse du registre.
Heureusement les jeunes amantes évoluent à un niveau supérieur, en commençant par la Dorabella de Daniela Pini, timbre de mezzo riche et somptueux. Quant à Nathalie Manfrino, les moyens sont sans doute devenus
aujourd’hui plus larges que les exigences du rôle de Fiordiligi, mais l'émotion est au rendez-vous, ainsi que la maîtrise de la technique : suraigus,
passages d'agilité et grands écarts de la partition.
La direction musicale de Roland Kluttig est surtout solide et sérieuse,
à défaut d'originalité et de charme. On relève cependant de nombreux problèmes de coordination avec le plateau, en termes de décalages et petits
faux-départs ; seulement six solistes sont pourtant en scène et il s' agit de
la dernière représentation de la série… La production de Karen Stone, qui
arrive du théâtre de Magdebourg, est simple et ne déploie pas de grands
moyens. Deux parties sur un plateau tournant, une terrasse blanche devant
et un côté jardin à l’arrière où sont placés deux fauteuils coquillages et une
piscine en plastique. L'animation vidéo de nuages qui passent en fond de
plateau pendant le premier acte est trop prosaïque pour enchanter l’œil, on
préfère encore l'image fixe du Vésuve après l'entracte. Il faut reconnaître
toutefois que le jeu des acteurs reste vivant et amusant au premier degré.
cloisons et poteaux. Le personnel va et vient en arrière-plan, le chariot à
bagages repasse plusieurs fois et on dresse puis débarrasse les tables de la
salle du restaurant au fond. Avant l'ouverture c'est une comédienne qui
déclame quelques alexandrins de la Bérénice de Racine, cette Bérénice
toute de rouge vêtue apparaissant à nouveau en début et fin du 2ème acte.
Des fumerolles puis fumées s'échappent lors de l'incendie du Capitole, et
c'est dans un hall dévasté que reprend l'opéra après l'entracte, alors que les
dernières flammèches finissent de se consumer.
La distribution vocale est complètement renouvelée par rapport aux
représentations parisiennes, le rôle-titre étant confié à Carlo Allemano,
ténor possédant une assise impressionnante dans le grave, mais dont les
ascensions vers l'aigu ne sont pas toujours aussi stables, particulièrement
en première partie. Deux jeunes sopranos sont issus de l'Atelier Lyrique de
l'Opéra de Paris, Élodie Hache (Vitellia) dotée d'une voix séduisante et
large, qui peut encore gagner en naturel sur les passages d'agilité, et Maria
Savastano (Servilia) dont la musicalité n'est jamais prise en défaut. La
mezzo Giuseppina Bridelli compose un formidable et très engagé Sesto,
timbre plein de couleurs et superbement projeté, Anna Brull (Annio) globalement moins puissante dispose d'un ambitus encore plus large dans
l'extrême grave, alors que la basse Adam Palka (Publio) ne se situe malheureusement pas à ce niveau d'excellence.
La direction musicale de David Reiland prend ses marques pendant
l'ouverture, avec certains silences gardés de manière un peu solennelle,
François Jestin
Mozart : COSi FAN TUTTE – le 21 février 2015 à l’Opéra de Nice
«La Clemenza di Tito» © Cauvet
mais on se laisse très vite convaincre par le bon niveau de tension qui soutient le plateau, l'attention portée aux chanteurs, le sérieux et l'application
qui dominent. Les chœurs, bien préparés par Laurent Touche, sont en
grande forme, et en fosse les bois relèvent toutes les difficultés de la partition avec panache, ce qui est un peu moins vrai pour les pupitres de cuivres.
à saint-étienne
La Clemenza
di Tito
François Jestin
Coproducteur du spectacle, l'Opéra Théâtre de Saintétienne reprend la Clemenza di Tito dans la mise en scène
de Denis Podalydès, créée au Théâtre des Champs-Elysées
en décembre dernier.
Mozart : LA CLEMENZA Di TiTO – le 1er mars 2015 à l’Opéra Théâtre de SaintEtienne
L'action est transposée avec goût et intelligence dans les années 1930
et confinée au lobby d'un grand hôtel aux riches et hautes boiseries sur les
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genève
s Les Caprices de Marianne
Grand Théâtre (022/418.31.30)
s Medea (Letonja-Loy) – 9, 12, 15, 18,
21, 24 avril
lausanne
Opéra (021.315.40.20)
s Solaris (Nielsen-Teshigawara) – 24,
26 avril
zurich
Opernhaus (044.268.66.66)
s Anna Bolena (Yurkevich-del
Monaco) – 2 avril
s Lucia di Lammermoor (SantiMichieletto) – 6, 11, 16, 19, 22, 25
avril
s La Traviata (Armiliato-Hermann) –
18, 21, 24, 28 avril
s Fidelio (Poschner-Homoki) – 26, 29
avril
paris
Champs-Elysées (01.49.52.50.50)
s Ein Sommernachtstraum (Gatti) –
16 avril
Opéra Comique (0.825.01.01.23)
s Le Pré aux clercs (McCreesh-Ruf) –
2 avril
s Ciboulette (Equilbey-Fau) – 27, 29
avril
Opéra National (08.92.90.90)
Bastille :
s Rusalka (Hrusa-Carsen) – 3, 7, 10,
13, 16, 18, 23, 26 avril
s Die Zauberflöte (Trinks-Carsen) –
17, 20, 24, 27, 30 avril
Garnier :
s Le Cid (Plasson-Roubaud) – 2, 6, 9,
12, 15, 18, 21 avril
(Schnitzler-Thomas) – 12, 14 avril
– 11, 13, 15, 18, 20, 22 avril
barcelone
Liceu (34.934.85.99.13)
s Carmen (Fournillier-Bieito) – 17, 20,
23, 26, 29 avril
s I due Foscari (Zanetti) – 30 avril
lyon
Opéra (0826.30.53.25)
s Carmen (Minasi-Py) – 30 avril
madrid
marseille
Opéra (04.91.55.11.10)
s Der Fliegende Holländer (FosterRoubaud) – 21, 24, 26, 29 avril
montpellier
Opéra National (04.67.60.19.99)
s La Clemenza di Tito (MasmondetKeesmaat) – 3, 5, 7, 9, 12 avril
strasbourg
Opéra National du Rhin
(03.89.36.28.28)
s Tristan und Isolde (KoberMcDonald) – 2 avril, les 17 et 19 avril
à Mulhouse
s Ariane et Barbe-Bleue (Calligari-Py)
– 26, 28, 30 avril
toulouse
Théâtre du Capitole
(05.61.63.13.13)
s Castor et Pollux (Rousset-Clément)
– 2 avril
s Massacre (Rundel-Lagarde) – 12,
14, 15, 17 avril
amsterdam
De nederlandse Opera
(31.20.62.55.456)
s Macbeth (Albrecht-Breth) – 3, 6, 9,
12, 15, 18, 22, 25, 28 avril
Teatro Real (34/90.224.48.48)
s La Traviata (Palumbo-McVicar) –
20, 21, 23, 24, 25, 26, 28, 29, 30 avril
londres
ROH (0044/207.304.4000)
s Madama Butterfly (Luisotti-CaurierLeiser) – 4, 6, 9 avril
s Il Turco in Italia (PidoCaurier/Leiser) – 11, 15, 18, 20, 25, 27
avril
florence
Teatro del Maggio Musicale
(39/056.27.79.350)
s La Traviata (Mehta-Brockhaus) –
1er, 2, 4, 7, 8 avril
rome
Teatro dell’opera (39/06.48.16.02.55)
s Lucia di Lammermoor (R.Abbado-
Ronconi) – 2, 4, 8, 10, 12 avril
turin
Teatro Regio (39/011.881.52.41)
s I Puritani (Mariotti-Ceresa) – 14, 16,
18, 19, 21, 22, 23, 26 avril
vienne
Staatsoper (43/1514447880)
s Elektra (Laufenberg-Glittenberg) –
1er, 4, 7, 11, 16 avril
s Parsifal (Schneider-Mielitz) – 2, 5, 8
bruxelles
avril
La Monnaie (32/70.23.39.39)
avignon
s Der Rosenkavalier (Fischer-Schenk)
s Penthesilea (Morlot-Mitchell) – 2, 4,
Opéra Grand Avignon
– 6, 9, 12 avril
7, 9, 12, 14, 16, 18 avril
(04.90.82.81.40)
s Anna Bolena (YurkevitchGénovèse) – 10, 13,
17, 20 avril
s L'Italiana in Algeri
(Lopez-CobosPonnelle) 18, 23, 27,
30 avril
s Madama Butterfly
(Auguin-Gielen) – 22,
24 avril
s Eugène Onéguine
(Langrée-Richter) – 25,
28 avril
s Don Pasquale
(Lopez-Cobos-Brook)
– 26, 29 avril
Theater an der
Wien (43/15.88.85)
s Gli Uccellatori
(Gottfried-Happel) –
1er, 8, 10, 12 avril
s Le Nozze di Figaro
A Paris, à l’Opéra-Comique, reprise de la production de février 2013 de «Ciboulette»
«Ciboulette» © DR E. Carecchio
(Minkowski-Breisach)
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s Zaïs (Rousset) – 17 avril
s Siroe (Petrou) – 21 avril
berlin
Deutsche Oper (49/30.343.84.343)
s Die Zauberflöte (Gnann-Krämer) –
2,10 avril
s Carmen (Carter-Schuhmacher) – 4
avril
s Turandot (Repusic-Fioroni) – 5 avril
s La Traviata (Repusic-Friedrich) – 9,
12 avril
s Roméo et Juliette (Runnicles-Waltz)
– 18, 20, 22, 28 avril
s Lohengrin (Runnicles-Holten) – 19,
25 avril
s Don Carlo (Runnicles-Marelli) – 23,
26, 30 avril
Staatsoper (49/30.20.35.45.55)
s Tannhaüser (Barenboim-Waltz) – 2,
5 avril
s Parsifal (Barenboim-Tcherniakov) –
3, 6, 12, 18 avril
s Aufstieg und Fall des Stadt
Mahagonny (Marshall-Boussard) – 9,
11, 16 avril
s Emma und Eginhard (JacobsHöckmayr) – 26, 29 avril
s Die Entführung auf dem Serail
(Moulds-Thalheimer) – 30 avril
Komische Oper (49/30.47.99.74.00)
s Gianni Schicchi / Le Château de
Barbe-Bleue (Nanasi-Bieito) – 5, 12,
17 avril
s Don Giovanni (Nanasi-Fritsch) – 4,
11 avril
s Die Zauberflöte (Poska-Kosky) – 3,
25 avril
s Ball im Savoy (Benzwi-Kosky) – 6
avril
s Moses und Aron (Jorowski-Kosky)
– 19, 24, 28 avril
new york
Metropolitan Opera
(00.1.212.362.60.00)
s Lucia di Lammermoor (BeniniZimmermann) – 1er, 4, 7, 10 avril
s Ernani (Levine-Samartini) – 4, 8, 11
avril
s Don Carlo (Nézet-Séguin-Hytner) –
2, 6, 11, 15, 18, 22, 25 avril
s Aida (Domingo-Frisell) – 9, 13, 17,
20 avril
s Cavalleria Rusticana/Pagliacci
(Luisi-McVicar) – 14, 18, 21, 25, 29
avril
s Un Ballo in maschera (LevineAlden) – 23, 28 avril
s The Merry Widow (Luisi-Stroman) –
24, 27, 30 avril
31
o p é r a
invitation : le théâtre de bienne et soleure à vernier
Rusalka
Bien qu'elle se produise assez régulièrement en tournée en Suisse romande,
notamment au Théâtre de Vevey où ses spectacles sont présentés avec
régularité, l'institution mixte du Théâtre de Bienne et Soleure est encore
peu connue au bord du Léman.
Un peu d'histoire...
32
Au départ, les deux villes disposaient chacune d'un théâtre municipal chargé de présenter
tout au long de la saison hivernale des spectacles
divers : opéras, opérettes, spectacles de Noël,
drames et comédies...
A Bienne, les premières scènes sur tréteaux
apparurent aux 17ème et 18ème siècles, d’abord
dans la salle de l’hôtel de ville et plus tard dans
la cave de celui-ci. Ne disposant pas d'une troupe
fixe, les organisateurs de spectacles faisaient
appel à des troupes itinérantes étrangères. En
1842, l’ancien arsenal communal datant de 1591
est transformé en un théâtre équipé d’une vraie
scène. La gestion de ce dernier est attribuée à la
Société du Théâtre fondée en 1841. D’autres
agrandissements suivirent jusqu’en 1928. Le rezde-chaussée fut radicalement transformé en 1932
et devint l’actuel foyer du théâtre alors que le
bâtiment lui-même subissait une cure de jouvence complète en 1980 seulement. Au 19ème siècle, le théâtre présentait avant tout du théâtre dramatique : contes mis en scène, spectacles historiques ainsi que divers titres du grand répertoire.
Avec l’instauration des abonnements en 1853,
on compléta l'affiche avec des opéras et des opérettes. On y ajouta plus tard des spectacles en
langue française. De fréquents changements de
direction et des dates de représentations aléatoires faillirent avoir raison de l’établissement; dès
lors, un partenariat plus étroit avec d’autres
villes fut recherché. Mais c’est seulement en
1972 que ces efforts conduisirent à un succès
durable avec la collaboration des autorités
soleuroises.
A Soleure, ancienne cité des ambassadeurs,
la tradition théâtrale était encore presque plus
vivace et connaissait une première apogée dès la
première moitié du 16ème siècle déjà avec les
représentations régulières de tragédies chrétiennes et antiques jouées sur la place de l’église StOurs. À partir du milieu du 17ème siècle, le collège des jésuites se rend célèbre grâce aux représentations annuelles que donnent ses élèves dans
certaines galeries commerciales. En 1729, une
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plus grande salle est construite dans un bâtiment
du collège. Cette dernière constitue l’actuel théâtre municipal qui est décoré en 1753/1754 par
Anton Rebsam : son auditorium est considéré
aujourd'hui encore comme l'un des plus beaux de
Suisse. Le bâtiment est attribué à la ville de
Soleure en 1803. Il est rénové en 1856. Il élargit
ses activités en 1881/1882. Une saison pleine et
régulière - comportant des comédies, des pièces
classiques, des opéras et des ballets - n'est mise
en place qu’au milieu du 19ème siècle. Après une
passe difficile, on fait appel au directeur du théâtre de Bienne qui reprend en 1895 la charge de
celui de Soleure durant cinq saisons. Il se produisait ainsi avec son ensemble à Soleure avant le
nouvel an et à Bienne pendant la deuxième moitié de la saison. Environ vingt ans plus tard, le
théâtre se dote d'un orchestre et d'un choeur
engagés sur une base fixe. Cependant, des problèmes financiers nécessitent bientôt une restructuration. En 1927, les difficultés s'accumulant,
Soleure et Bienne décident de mettre leurs forces
en commun pour maintenir une activité culturelle digne de ce nom dans les deux cités sans faire
exploser les budgets communaux réservés à la
culture. On attribua à ce théâtre un ensemble de
chambre formés de musiciens engagés à l'année
et chargés d'accompagner des spectacles lyriques
dans les deux villes, ainsi qu'à Granges et Olten.
A la suite d'une crise structurelle, la structure est
dissoute en 1971 pour renaître sous une forme
légèrement amaigrie l'année suivante. Sous l'impulsion de son nouveau directeur d'alors, l'affiche
fait la part belle aux talents de jeunes compositeurs contemporains, suisses et étrangers, mis en
alternance à l'affiche avec les grands classiques
du théâtre parlé aussi bien que chanté. En 1995,
le théâtre se dote d'un ensemble symphonique
sous le nom de 'Neues Städtebundtheater' mais se
sent quelque peu à l'étroit dans ses deux salles
dont la jauge ne dépasse pas les 300 spectateurs.
Depuis 1998 il dispose à Bienne d'un ancien
cinéma de près de 500 places pour y jouer des
ouvrages qui nécessitent des équipes artistiques
plus développées et des mises en scène plus élaborées. A Soleure, c'est un ancien manège, la
Rythalle, qui permet certains écarts vers le 'gigantisme'... Parallèlement à ses activités lyriques,
l'orchestre propose bien sûr une saison symphonique où les plus grands noms de la musique
instrumentale viennent se produire avec régularité. Depuis l'an passé, le théâtre est dirigé par
Dieter Kaegi, qui fut notamment directeur de productions au Festival d'Aix-en-Provence de 1990 à
1998 et qui a signé deux mises en scène au Grand
Théâtre : Roméo et Juliette de Gounod avec
Leontina Vaduva et Markus Haddock en 1996 et,
un mois auparavant la même année, L'Enlèvement
au Sérail de Mozart, un spectacle repris en 2001
pour la venue de Nathalie Dessay en Konstanze
aux côtés de Roberto Sacca et Kurt Rydl...
Rusalka
Déjà présentée à Vevey, cette version vaut
surtout par le travail de réécriture auquel s'est
livré le compositeur slovaque Marian Lejava
pour adapter l'opulente orchestration de Dvorak
aux dimensions réduites des fosses des salles à
Bienne et Soleure. Si la perte de substance harmonique est inévitable, force est pourtant de
reconnaître que l'opéra fonctionne bien sous ce
nouveau costume et pourrait même gagner
encore en popularité si d'autres théâtres de
dimensions modestes s'intéressaient de plus
près à pareille formule.
Eric Pousaz
Salle des Fêtes du Lignon le vendredi 17 avril à 20h et
le dimanche 19 avril à 15h. Billetterie : 022/306.07.80
ou www.vernier.ch/billetterie
«Rusalka»
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Photo © Francis Traunig
forum-meyrin.ch / Théâtre Forum Meyrin, Place des Cinq-Continents 1, 1217 Meyrin
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d’avignon à la comédie de genève
Orlando ou l’Impatience
« Orlando- Je voudrais écrire une pièce, elle s’appellerait L’Impatience. Elle
aurait le visage de mon impatience, un peu folle et drôle malgré tout et
parfois on n’y comprendrait vraiment plus rien. C’est l’histoire d’un garçon
qui cherche un père et qui va de théâtre en théâtre, dans la loge de sa
mère- qui est une actrice de génie-, il réclame le nom, le nom… »
34
ranger avec ce manque, ceux qui croient en
Dieu l’appellent la grâce, ceux qui voudraient
croire le nomment l’Absence, ceux qui vivent ce
manque comme une flamme le proclament
impatience (…) Et il y a ceux qui voient dans
leur manque une fleur, une mer, un théâtre.
Nous sommes nés pour nommer notre manque.
Pour que le manque ne manque pas, pour qu’il
devienne un trésor d’absence où la parole vit,
Ce nom qui ne sera jamais le bon, ces noms
tracés de façon aléatoire par la mère, menant le
jeune héros à rencontrer différentes figures de
pères à travers les multiples façons d’aborder le
théâtre et la vie. La forme répétitive de la pièce
débouche cependant sur la maturation - pour ne
pas dire le vieillissement - d’Orlando, qui
deviendra à son tour père, adoptera passagèrement une attitude désabusée et productiviste sur
son art. Cette épopée nous mène donc à la rencontre des types de théâtre, entre tragique, politique et farce philosophique, tout en plaçant le
politique et l’éthique au cœur de l’action.
«Orlando ou l’Impatience» © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon
Surabondance
«Orlando ou l’Impatience» © Christophe Raynaud de
Lage / Festival d'Avignon
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Cette sorte de méta-comédie kaléidoscopique passe comme souvent chez Olivier Py par
la surabondance d’un verbe qui tente à tout prix
de cerner l’innommable, par des situations
comiques, la scénographie toujours pertinente
et efficace de Pierre-André Weitz, et par l’incarnation engagée des comédiens.
Créé à Avignon dans le contexte des grèves
de l’intermittence - le spectacle s’ouvrait sur un
texte visionnaire de Victor Hugo sur les coupes
budgétaires culturelles - Orlando tourne en
France avant de s’arrêter à Genève, ville qui
aura connu le travail d’Olivier Py à travers ses
mises en scènes d’opéras au Grand Théâtre, de
théâtre (Le Soulier de satin), ses textes
(Siegfried, nocturne) et ses propres créations
comme Illusions comiques, Epître aux jeunes
acteurs pour que la parole soit rendue à la
parole.
La critique aura relevé l’excessivité des
logorrhées, des pensums philosophiques. Nous
retiendrons avant tout la tentative d’un homme
de nommer le manque : « Chacun devra s’ar-
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pour qu’il devienne une cloche qui sonne et
acclame les noces obscures de notre boue avec
la vérité éternelle de l’amour ».
Oui, Olivier Py se répète, nous sert une
énième pièce sur la quête du père, mais c’est par
la démesure de ce désir de dire, d’oser renouveler son geste à l’infini - la dernière figure paternelle se nommera d’ailleurs le Père renouvelé qu’il peut espérer donner corps à cette parole, et
qu’elle se transcende dans la Joie.
Anouk Molendijk
Orlando ou l’Impatience, d’Olivier Py, mise en scène par
Olivier Py, scénographie de Pierre-André Weitz avec
Jean-Damien Barbien, Laure Calamy, Eddie Chignara,
Matthieu Dessertine, Philippe Girard, Mireille
Herbstmeyer, Stéphane Leach et François Michonneau,
du 23 au 26 avril à la Comédie de Genève. informations
et réservations sur www.comedie.ch et 022 320 50 01.
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raient germer dans leurs jeunes esprits. Il est
encore plus fondamental de s’y atteler fermement lorsque ces préjugés portent les noms de
racisme et de xénophobie.
les marionnettes de genève
Le Vilain Petit Mouton
La pièce créée en 2011 dans la foulée de la campagne d’affichage de l’UDC
stigmatisant l’étranger, le différent de soi, l’autre, est reprise ce printemps.
L’auteur Olivier Chiacchiari a écrit une farce politique mêlant les émotions
primaires : rire, tristesse, peur qui conduisent non pas à la résignation
ni à la lâcheté, mais à une salutaire désobéissance.
Entretien avec l’auteur.
Le Vilain petit mouton : est-ce une
commande de Guy Jutard ou une proposition spontanée de votre part ?
Olivier Chiacchiari : Il s’agit d’une commande
très libre de Guy Jutard avec
qui j’entretiens un compagnonnage artistique depuis
2006. Son idée de départ était
d’élaborer une fable sur la
base des affiches de l’UDC.
Une belle occasion de développer ce qu’elles m’inspirent
et d’y apporter une réponse
artistique.
En substance, ma réponse
tient en ces quelques lignes :
au-delà des affiches en question, ce qui m’interpelle, c’est
cette persistance de l’être
humain à travers les siècles à
vouloir se représenter en moutons. De Esope à nos jours, en
passant par la Bible et La Fontaine, les exemples ne manquent pas. Alors à mon tour, je me
suis penché sur le quotidien de ces ruminants
grégaires pour voir ce qu’ils avaient de commun
avec nous. Et pour ma part, j’en tire la conclusion suivante : cessons de nous comparer à eux,
car quel que soit l’angle sous lequel on les
appréhende, leur condition n’est pas enviable,
mais alors pas du tout.
S’agit-il d’une fable politique inspirée
par l’actualité locale mais à valeur
universelle ?
Je crois que n’importe quel écrivain un tant soit
peu sincère avouera vouloir atteindre l’universel par le biais du particulier. N’est-ce pas le
sens même de l’art ? Quoi de plus stimulant en
tant qu’artiste que d’évoquer l’infiniment grand
en se penchant sur l’infiniment petit ? Lorsque
la grande histoire rejoint la petite histoire du
personnage, lorsque les grandes problématiques
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politiques et sociales se retrouvent dans les tracas singuliers du protagoniste, la dramaturgie
opère et la fable mérite d’être proposée au
public, du moins à mon sens.
Croyez-vous à la portée pédagogique
du théâtre, pour enfants ou pour adultes ?
En réalité, je crois moins à la pédagogie qu’à la
force cathartique de la fable. On n’éduque pas
au théâtre, on suggère, on invite, on partage.
Une scène n’est pas une salle de cours mais un
lieu de rencontre. Si la rencontre opère, alors la
pièce a une petite chance de marquer les esprits,
qu’ils soient petits ou grands.
Au théâtre encore, on convoque l’affect et l’émotion. Personnellement, j’ai la chance de travailler sur une émotion pas si fréquente que cela
sur les scènes contemporaines : le rire. Comme
j’aime à le rappeler, il y a
des rires qui m’honorent
et des rires qui m’embarrassent, toute situation
comique inspirée d’un
propos dramatique gagne
en pertinence et en profondeur. Le rire pour le
rire, qui ne cherche que le
bon mot ou la blague en
négligeant le sens, ne
m’intéresse pas.
Rappelez-nous
le détail de votre collaboration avec le TMG.
«Le vilain petit mouton» © Cédric Vincensini
Le répertoire du TMG met souvent
en scène les préjugés et comment les dépasser : est-ce plus facile avec un public très
jeune qui précisément n’est pas censé en
avoir ?
Lorsque j’écris pour les adultes j’ai envie de
fustiger, de radicaliser, de ne montrer que le
côté obscur pour aller au bout de la satire. Mais
lorsque j’écris pour le jeune public, je me surprends à adoucir les angles et à vouloir donner
de l’espoir. Car même s’il est nécessaire de les
alerter sur les travers de nos sociétés, pour paraphraser Edward Bond, les enfants méritent de
croire que des dieux veillent sur le monde.
Pour les adultes, il est souvent trop tard, un préjugé ancré est un préjugé acquis. C’est une pure
perte de temps que d’œuvrer à les extirper. En
revanche, il est fondamental de fournir aux
enfants des clés – fussent-elles fictives et théâtrales – pour prévenir les préjugés qui pour-
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La Cour des petits en 2006, création du Vilain
petit mouton en 2011 et Les Lois du marché en
2013. En plus d’un compagnonnage professionnel, cette collaboration qui dure désormais
depuis plus de dix ans s’est transformée en une
belle histoire d’amitié.
Quels sont vos sujets de prédilection?
Les grandes injustices mêlées aux petites lâchetés du quotidien, sous toutes leurs formes possibles et imaginables.
Propos recueillis par Laurence Tièche
Le Vilain petit mouton au Théâtre de Marionnettes de
Genève, du 15 avril au 3 mai. Réservations au
022.807.31.00 et sur www.marionnettes.ch
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Mardi 14 avril, 20h30 : COMPLèTEMENT
DUTRONC
festival au poche
Les singulières
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Mercredi 15 & jeudi 16 avril, 19h : BARBARA,
L’AGE TENDRE
Consistant en 14 soirées exceptionnelles, il réunira une cinquantaine de
comédiens romands ayant participé à la vie du Poche ces douze dernières
années.
Vendredi 17 avril, 20h30 : VAë̈NA’S PROJECT
avec Séverine Vaëna (chant) Jéremie Creix
(trombone), Claude-Alain Burnand (piano)
Patrick Perrier (basse) Francis Stoessel (batterie)
Pourquoi Les singulières ? Car il s’agit de
soirées ‘singulières’, c’est-à-dire étonnantes et
rares, qui donneront l’occasion aux artistes participants de s’aventurer un peu en dehors de
leurs sentiers habituels, comme l’a souhaité la
maîtresse des cérémonies Françoise
Courvoisier, de façon à leur faire changer de
répertoire et d’emploi, et de montrer aux spectateurs certains de leurs talents cachés.
Samedi 18 avril, 19h : MATHILDE
de Véronique Olmi avec Christian Gregori
Françoise Courvoisier
Quatorze soirées extraordinaires aussi en
ceci qu’elles ont été parfois inventées et montées en quelques jours, pour des raisons de
calendrier et de disponibilités des artistes, souligne, enthousiaste, Françoise Courvoisier. Et
enfin, cadeau surprise pour le public du petit
théâtre en Vieille-Ville que la directrice quittera
à la fin de la saison, La Septième Vallée de
Jacques Probst - auteur dramatique que l’on ne
présente plus - datant de 1978 et dédiée à
Philippe Mentha, pièce qui liera en un bouquet
final polychrome vingt comédiens pour seulement deux représentations (6-7 mai)!
De la chanson pour lancer ce festival transversal avec d’abord un spectacle autour de
Jacques Dutronc, un autre autour de Barbara,
puis le Vaëna’s project qui proposera quelques
compositions originales superposées à des standards de jazz. Puis suivront du théâtre-performance à deux personnages (Mathilde de
Véronique Olmi avec Christian Gregori et
Françoise Courvoiser), le stand-up de David
Gobet, le monologue L’Intime du large créé en
2004 de Fabienne Guelpa, aux accents presque
durassiens, le solo humoristique de Pierre
Miserez, puis le Joyeux Bordel en trio de
Bérangère Mastrangelo, Philippe Mathey et Lee
Maddeford.
En seconde partie de festival, un texte de et
par Serge Martin, un concert de Claude
Darbellay avec Michèle Courvoisier au piano
(Winterreise de Schubert), un duo né d’une série
d’improvisations retranscrites qui nous parlera
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Mardi 21 avril, 20h30 & Mercredi 22 avril,
19h : DIS-LUI BIEN QUE TU VIENS DE MA
PART!
de et par David Gobet
Jeudi 23 avril, 19h : L’INTIME DU LARGE
de et par Fabienne Guelpa
Vendredi 24 avril, 20h30 & 7 Samedi 25 avril,
19h : EXCUSEZ-MOI
de et par Pierre Miserez
Mardi 28 avril, 20h30 : JOYEUX BORDEL
avec Bérangère Mastrangelo, Philippe Mathey
(chant) et Lee Maddeford (chant et piano)
Françoise Courvoisier © Alan Humerose
du bonheur…d’être (mal)heureux, , une création de Vincent Bonillo et Fanny Pelichet, un
concert de Martin Reinmann (Six Sonates
d’Isaÿe pour violon seul), une évocation de
Grisélidis Réal par une jeune interprète française, Julie Allainmat, et last but not least le texte
de Jacques Probst : « Votre visite m’honore. La
visite du plus grand poète de la nation m’honore ….. Souvent j’ai désiré rencontrer l’auteur de
si fortes œuvres. Vos poèmes… renouvellent le
sens de notre littérature. Un souffle d’incroyables épaisseurs de poussière » dit le Président
au poète Corbeau en début de pièce.
Allons donc gaiment entendre tous ces
‘souffles d’incroyables épaisseurs’ printaniers
qui ‘honorent’ l’art de la scène et montrent
comment faire un théâtre pluriel de façon délibérément singulière !
Mercredi 29 avril, 19h : LA JETÉE DES
ESPOIRS
de et par Serge Martin
Jeudi 30 avril, 19h : WINTERREISE (Le
Voyage d’Hiver)
de Schubert avec Claude Darbellay (chant)
Michèle Courvoisier (piano)
Samedi 2 mai, 19h : PARADISE NOW !
texte Julie Gilbert, son Pierre Audétat
Mardi 5 mai, 20h30 : SIX SONATES
D’YSAŸE
avec Martin Reinmann (violon)
Mercredi 6 mai & jeudi 7 mai, 19h : LA
SEPTIÈME VALLÉE
de Jacques Probst
Rosine Schautz
Vendredi 8 mai, 20h30 & 14 Samedi 9 mai,
19h : TOI, L’IMBÉCILE, SORS!
de Grisélidis Réal
www.lepoche.ch
Réservations : 022 310 37 59
pass 10 soirées : 100.-
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«Complètement Dutronc» avec Julien Tsongas
«Dis-lui bien que tu viens de ma part !» © Sébastien Monachon
«Mathilde» avec Christian Gregori par Marc Vanappelghem
«L’intime du large» avec Fabienne Guelpa © Dorothee Thebert
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à vidy-lausanne et bonlieu-annecy
Les particules élémentaires
Pourquoi et comment des jeunes s'emparent-ils d'un des premiers opus de
Michel Houellebecq, qui il y a quinze ans sonnait le désenchantement d'une
époque et le glas des illusions de 68 ? De la vision maniaco-dépressive
houellebecquienne et du cynisme désabusé de l'auteur, le jeune Julien
Gosselin (26 ans au moment de sa mise en scène à Avignon en 2013) renvoie de savoureux tableaux brossant allègrement l'apologie de la jeunesse
et du culte du corps de l'époque avec ses désastres idéologiques collatéraux.
Comme il s'emparerait de l'album-photos de ses parents pour mieux
dézinguer les racines de la mythologie familiale.
Saga balzacienne d'aujourd'hui ? Les particules élémentaires sont comme une longue description clinique qui disséquerait les pulsions de
notre société en mettant à jour ses contradictions
les plus profondes. Et touche droit au but, en
pleine ère libérale-libertaire, confondant libéralisme et libération sexuelle, liberté individuelle et
individualisme. Où le tout
consommation masque la
misère sociale et relationnelle qui pointe, où la science et
la technique vont peu à peu
remplacer l'humain, les
revendications féministes
pour l'égalité annoncer la
notion de genre… Tout cela
joyeusement épinglé dans un
spectacle qui fait son miel de
ces années 90 croquées crûment et sans pitié. Tant les
quinze ans qui nous séparent
du moment de l'action du
livre ont eu un effet sur l'accroissement de la désespérance et du manque d'amour conjoints à la chute
du monde occidental, auquel le spectacle fait
constamment référence. Cette adaptation de l'œuvre culte de notre littérature de fin de siècle, ne
nous épargnant aucune impudence d'alors, paraîtrait presque vintage, tant les violences du libéralisme sauvage d'aujourd'hui renvoient à une
société bien plus désintégrée, radicalisée, démoralisée !
Parti pris collectif
C'est avec une approche chorale - loin d'être
naïve - que le jeune metteur en scène s'empare du
texte avec le collectif de sa compagnie “Si vous
pouviez lécher mon cœur“, comme s'il fallait
pour mieux décrypter la complexité de l'œuvre,
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livrer ces histoires individuelles à une lecture
multiple rassemblée sur un même plateau, histoire d'assumer collégialement ces destins narcissiques brisés dans leur envol au miroir des illusions et dont la recherche d'idéal va se fracasser
à une réalité sordide, mais dont la poursuite d'absolu reste intacte...
«Les particules élémentaires» © Simon Gosselin
Ce dispositif choral accentue l'effet ironique
de l'écriture, où se chevauchent cynisme et naïveté, dépression et excitation, descriptions technico-scientifiques et envolées lyriques. On passe
de monologues dignes d'une tragédie à des scènes de sit-com hilarantes (les ateliers de hathayoga-tantra et les salutations au soleil au Lieu du
Changement…), en passant par des pages de littérature SF new-age (annonçant la troisième
grande mutation métaphysique de notre ère !),
sur fond de belles vidéos d'Irlande ou de mélodies pop interprétées en live par les comédiens.
Pour la première adaptation théâtrale de
Michel Houellebecq en France, Julien Gosselin
se réjouit de confronter son œuvre la plus essentielle, au plateau. Les particules élémentaires
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représentent pour lui “un texte au potentiel théâtral très fort“. « Toute son œuvre est stylistiquement centrée sur le pari de faire se côtoyer descriptions wikipédiesques, récit romanesque, poèmes », déclare-t-il. « Le style de l'auteur répond,
par ailleurs, à mon désir de combiner sur la
scène la pensée, la science, la poésie et l'art théâtral ».
La possibilité de l'amour !
Evoluant dans un espace sans décor, les dix
acteurs restent présents face au public tout le
long de la pièce, “pour incarner narrateurs et personnages, pour participer aux images collectives
ainsi qu'à la création musicale, en direct sur
scène“. La réussite du spectacle tient à cette
orchestration commune de ces récits indépendants, illustrant l'extension du domaine de la lutte
individuelle, dans une mise en scène très visuelle où l'alternance du chœur, de la narration et d'épisodes joués, entraîne le public au plus près de
l'écriture, au cœur de l'illusion théâtrale, entre
rires et émotion. Sa transposition sur scène donne
vie à un roman qui en livre bien
peu, et la représentation, portée
par une troupe d'acteurs qui
habitent non seulement les mots
de Houellebecq mais aussi l'auteur précisément - arpentant la
scène en Pierrot lunaire à la
mèche torve et l'accoutrement
inimitable -, entraîne le public
dans ses différents niveaux de
lecture, le tenant en haleine quatre heures durant. On vagabonde
d'un premier degré, voulu et
assumé, collé au texte dont l'obscénité des obsessions sexuelles
le dispute aux élans poétiques, à
une dimension comico-satirique
pleine d'humour jusqu'à un final en forme d'ode
métaphysique à la foi dans un monde meilleur,
plaçant l'homme, auquel le texte est dédié, en
conclusion de la pièce. Liberté, justice, amour,
les vieilles valeurs morales judéo-chrétiennes ont
finalement de beaux jours devant elles…
Christine Ramel
Les particules élémentaires de Michel Houellebecq. Adapt
& m.e.s. Julien Gosselin.
-- Du 29 avril au 1er mai. Vidy-Lausanne, salle Charles
Apothéloz, à 19h (rés. 021/619.45.45 - www.billetterievidy.ch)
- les 12 et 13 mai. Bonlieu Scène nationale, Annecy
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d’une traduction à une autre il reste toujours ce
souffle, cette puissance poétique qui fait que l’on
reconnaît toujours ‘la voix’ de Shakespeare.
théâtre saint-gervais genève
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Othello
Vous êtes-vous spécialement préparé
physiquement pour jouer Othello ?
Dans une mise en scène réduite à 5 comédiens, Eric Salama propose sa
vision de la plus ‘sublime’ pièce de Shakespeare au sens premier du terme,
car faisant vivre au spectateur les émotions fortes voire les tortures de
l’âme que subissent des personnages englués dans une tragédie
destructrice menant invariablement à la mort.
En fait, physiquement non. Je travaille tout le
temps, j’enchaîne les rôles, donc mon corps est
fait, je tiens bien physiquement. Bon, j’ai perdu
30 kilos... ?? Oui, je voulais, je voulais ça pour
le rôle.
L’intrigue d’Othello en quelques mots: un
noble général à la peau noire (Othello, « le
Maure ») tout juste marié en secret à la jeune
Desdémone, s’apprête à combattre les Turcs à la
tête de la flotte vénitienne, mais les navires
turcs sont détruits par une tempête.
Iago, officier d’Othello, et l’un des plus
célèbres « méchants » de l’histoire du théâtre,
profondément blessé de ne pas avoir obtenu la
place de second de son ‘seigneur’, échue à
Cassio, fera tout pour ruiner le mariage du
Maure et conduire son maître à sa perte. Il
n’aura de cesse d’improviser subtilement jeux
de projections et manipulations, et d’user de ces
sous-entendus toxiques qui engendrent chez
l'autre des pensées troubles inoculant goutte à
goutte le poison de la jalousie si néfaste à la personnalité intérieure de tout un chacun.
Iago a ainsi recours à un nombre incalculable de stratagèmes qui peu à peu porteront leur
fruit et convaincront Othello de tuer son épouse.
Avec une folle détermination, il entreprend de
lui faire croire que Desdémone le trompe avec
Cassio, son jeune lieutenant. Emilia, l’épouse
de Iago, ira pour sa part et en complice voler le
mouchoir qu’Othello avait offert à sa femme et
déposera le bout de tissu dans la chambre de
Cassio pour le faire incriminer. Othello, tout à
sa méprise, finira par étouffer Desdémone,
avant qu’Emilia ne lui révèle le fin mot du complot ourdi par Iago. Par mesure de rétorsion,
Othello la tuera, et comprenant quel monstre il
a été, se suicidera. Cassio, lui, sera nommé gouverneur de Chypre, et Iago torturé avant d’être
exécuté.
Depuis plus de 400 ans, le personnage
d’Othello fascine, au point qu’il a donné lieu à
la création d’un concept psychiatrique, le syndrome d’Othello, trouble du comportement
communément appelé jalousie pathologique.
Quelques insinuations bien aiguisées suffiront en effet à Iago pour semer le doute dans
e
l’esprit d’Othello. La jalousie prend
souvent racine, paraît-il, chez les
individus présentant une faille dans
leur ego.
Mais au départ, comme l’analyse Eric Salama, le vrai jaloux de
la pièce, c’est Iago, et non Othello.
Obsédé par l’idée fantasmée que sa
femme le trompe avec tout le
monde, l’officier injecte sa propre
« pathologie » à son général.
Eric Salama passe nos modes
de vie et nos états intérieurs au
scanner, signant ici une adaptation
resserrée formée de cinq comédiens
au lieu de la vingtaine prévue par
l’auteur anglais, lecture dramatique
qui met le doigt là où ça fait mal,
replaçant l’être inhumain - mon
semblable, mon frère comme dirait
Baudelaire - au centre d’un dispositif délibérément contemporain.
Ahmed Belbachir
Rosine Schautz
Entretien : Ahmed Belbachir
Comment avez-vous abordé le rôle, et
plus globalement comment abordez-vous
Shakespeare ?
C’est en fait des retrouvailles. Shakespeare est
l’auteur que j’ai le plus joué, c’est aussi mon
auteur préféré. Il y a des années, j’ai joué
Edmond dans le Roi Lear mis en scène par
Langhoff. Dans ma pièce Le Silence de Cathy
(jouée au Poche en juin 2012, NdR) je citais
Othello, le Maure, l’étranger qui doit accepter
sa différence, accepter son identité que les autres n’acceptent pas forcément.
Pour ce qui en est de Shakespeare, j’aime que sa
langue soit métaphorique, qu’elle soit bourrée
d’images, j’aime sa richesse. Que l’on passe
n
t
r
e
Othello, est-ce pour vous une tragédie
domestique comme on l’a dit parfois ?
Une tragédie domestique ? Je ne sais pas…. Je
vois Shakespeare quoiqu’il raconte comme un
historien de l’humanité entière. C’est total. C’est
l’historien du monde. Chez lui, il n’y a pas une
intrigue. La jalousie qui mène à la folie, qui
pousse au meurtre, oui, c’est un peu une tragédie
domestique, c’est également une injustice car il
est un chef militaire reconnu. Mais à cause de sa
‘race’, de sa différence de race, il est minoré. Et
Iago utilise ce point faible-là précisément.
Othello n’a pas confiance en lui-même, car il est
‘noir’. Il se sent dévalorisé. « ... La faiblesse de
mes mérites… me fera douter de sa fidélité car
elle avait des yeux pour me choisir » dit-il à sa
jeune épouse qui le retrouve à Chypre. Des yeux
pour me choisir. Il doute de cet amour, mais elle
t
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t h é â t r e
a eu des yeux pour le choisir ! Il a un problème
par rapport à son statut d’étranger. Iago utilise les
trois points faibles d’Othello pour l’amener à sa
perte : il est maure, il est plus âgé que sa femme,
et il l’a épousée en secret, contre la volonté de
son père. Iago se sert donc de ces trois points de
vulnérabilité, sous-entendant que si elle a été
capable de tromper son propre père en l’épousant, elle sera capable d’en faire de même avec
lui. Il est ‘vieux’, donc Iago ironise sur ses possibilités physiques dans un avenir proche, et dernière fourberie, il lui fait comprendre qu’ils ne
sont pas de la même race. Là, la question à se
poser c’est peut-être : on se sent chez soi dans
l’endroit où on travaille, ou dans l’origine qui
coule dans nos veines ? C’est un des points de
vue qui nous a plu de travailler avec Eric Salama.
Que penser de iago qui pousse
Othello au meurtre par le seul discours ?
Encore une fois, c’est ce qui fait que la langue
de Shakespeare est riche. Il a tout compris de
ces manipulateurs qui mentent, qui rendent fou
par leurs discours, ces gens qui sont au cœur des
royaumes, voire à la tête de ceux-ci. Pour moi,
il n’a jamais été égalé. Personne n’arrive à écrire comme lui. Ses textes ne sont jamais didactiques. Mais poétiques. Pour penser le monde
avec élévation. C’est une sorte de comète.
Comme si la Nature avait inventé un génie pour
parler d’elle.
Réduire la pièce à cinq personnages,
pourquoi ?
Il faudrait demander à Eric Salama. Dans sa mise
en scène, il démonte, entrecoupe, fait des rajouts,
des raccords, des inserts. Il veut rendre contemporain, et parler à travers la pièce des problèmes
contemporains. Et cinq, c’est pour lui un bon
chiffre pour jouer ensemble sur un plateau.
Othello me parle beaucoup. Son point faible, sa
vulnérabilité d’être étranger me parle. Je l’ai
vécu de l’intérieur : mes parents et leurs différences de culture (mon père algérien musulman, ma
mère française catholique) ont fait de moi celui
que je suis aujourd’hui. La problématique ne me
laisse pas indifférent, je la connais par cœur, c’est
mon histoire. Ces métissages, ces départs, être
voyageur où que l’on soit… Petit à petit ça s’estompe, mais c’est là. Alors oui, jouer Othello
c’est un peu jouer mon parcours, jouer mon
‘étrangeté’ et la sublimer.
Propos recueillis par Rosine Schautz
Du 15 au 30avril. Théâtre Saint-Gervais (loc.
022/908.20.20 ou www.saint-gervais.ch)
Jouer Othello c’était un rêve ?
Oui, j’ai toujours rêvé de jouer ce rôle. Je me sentais taillé pour ça. C’est une chance inouïe
qu’Eric m’ait vu dans Le Silence de Cathy et
qu’il me propose ensuite de jouer Othello. Car
41
RUSALKA
OPÉRA D’ANTONÍN DVOŘÁK
THÉÂTRE ORCHESTRE BIENNE SOLEURE
CAMERATA DE LAUSANNE
VENDREDI 17 AVRIL — 20h
DIMANCHE 19 AVRIL — 15h
SALLE DES FÊTES DU LIGNON
PIERRE AMOYAL, VIOLON
CHRISTIAN CHAMOREL, PIANO
Place du Lignon 16 — Vernier
MOZART
DÉCOUVREZ
MENDELSSOHN
LA SAISON 2015
24 AVRIL 2015 À 20H00
TEMPLE DE LA CROIX D’OUCHY
LAUSANNE
INFOS ET
RÉSERVATIONS:
CAMERATALAUSANNE.CH
Service de la culture — 022 306 07 80
www.vernier.ch/billetterie
e
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Bonlieu Scène Nationale, Annecy
Location / réservation : 04.50.33.44.11 / [email protected]
photo © Elizabeth Carecchio
« Les marchands » de Joël Pommerat
du 7 au 9 avril 2015
photo © Magali Bazi
« Celui qui tombe » de Yoann Bourgeois
du 28 au 29 avril 2015
Théâtre de Vidy, Lausanne
Location / réservation : 021 / 619.45.45 / www.billetterie-vidy.ch
« BIT» conception de Maguy Marin
du 22 au 24 avril 2015
« Le manuscrit des chiens III » de Jon Fosse
du 28 avril au 10 mai 2015
photo © Didier Grappe
photo © Pablo Fernandez
t h é â t r e
entretien : rené zahnd
Vidy sous la loupe
Personne n’était mieux placé que René Zahnd, l’ancien bras droit de
René Gonzalez, pour évoquer l’histoire du théâtre de Vidy. Après son
départ de la scène du bord de l’eau, il s’est attelé à une nouvelle collection
d’ouvrages consacrés aux auteurs dramatiques.
Vous vous êtes penché sur un demisiècle d'histoire du Théâtre de Vidy. Quels
ont été les moments qui vous semblent les
plus emblématiques de ces 50 saisons ?
44
René Zahnd : Ce qui me frappe, ce n’est pas tel
ou tel moment emblématique, même s’il y en a
forcément eu beaucoup. Non, ce qui me frappe,
c’est le mouvement d’ensemble qui anime ce
demi-siècle d’existence. Une saga comme celle
du Théâtre de Vidy s’inscrit dans une histoire
beaucoup plus large, qui est forcément celle
notre société. Imaginez un peu à quel point le
monde a bougé entre 1964 et 2014 ! Cette interaction entre un contexte, avec ses forces sociales, politiques, économiques d’une part, et,
d’autre part, un lieu défini dès le départ comme
une « maison » de création et de production, est
passionnante. Impossible de séparer une programmation théâtrale, considérée comme un
geste d’ensemble, du contexte qui la voit naître.
Dans l’exemple de Vidy, on peut bien sûr énumérer des étapes qui sont emblématiques autant
des époques successives que de l’histoire récente du théâtre : la mise en place d’outils de travail, la revendication d’une identité locale (en
réaction aux tournées parisiennes), des débats
politiques marqués par un clivage gauche-droite, des révolutions esthétiques et structurelles
(les créations collectives), une ouverture au
monde, un éclatement de la notion traditionnelle de l’art dramatique pour déboucher sur l’avènement du « spectacle vivant », une internationalisation du propos ou encore l’arrivée des
écritures de plateau, qui mêlent de multiples
formes d’expression. Cette histoire est donc
solidaire de l’évolution de la société. Cette évolution, elle l’épouse parfois, ou la précède, ou la
reflète simplement. C’est ce qui me frappe.
Comme me frappe aussi, qu’au-delà des grands
discours, tout cela reste profondément humain :
une affaire d’individus et d’équipes qui sont les
acteurs de leur temps.
e
Quels ont été les rapports entre ce lieu
de création et les autorités lausannoises ?
Dans un premier temps, quelqu’un comme
Charles Apothéloz (qui a fondé les Faux-Nez en
1948) est considéré comme un trublion qui livre
de grandes batailles contre l’establishment politique et artistique. Vingt-cinq ans plus tard, il
est lui-même contesté par une nouvelle généra-
ou entre l’aide aux institutions et le soutien de la
création dite indépendante. Le Théâtre de Vidy
est devenu, surtout depuis l’arrivée de Matthias
Langhoff en 1989, puis de René Gonzalez en
1990 un des fleurons de cette action d’envergure. Ils sont rares, ceux qui aujourd’hui parmi les
élus tiennent les « théâtreux » pour des saltimbanques plus ou moins dérangeants ou encore
pour une sorte de mal nécessaire (une fatalité en
somme !). Désormais, la perception d’une activité comme celle du « Théâtre au bord de
l’eau » prend en compte des éléments qui excèdent largement le champ artistique. On analyse
les retombées en termes d’image, de tourisme,
d’emplois, d’économie…
Vous avez été le bras droit de René
Gonzalez : comment définir à posteriori sa
manière de diriger cette institution ?
Rétrospectivement, je me rends compte à quel
point j’ai eu une chance inouïe de participer à
cette aventure pendant quatorze ans. Merci la
René Zahnd © Helene Mauler
tion, aux idées différentes, qui lui reproche de
capter tous les pouvoirs. Dans l’intervalle, des
structures sont toutefois mises en places (production et formation), avec le soutien des autorités. C’est au cours des années quatre-vingt que
les pouvoirs publics semblent prendre conscience de la valeur ajoutée que représente la vie
artistique. Se développe alors une véritable politique culturelle. Celle-ci repose sur quelques
principes, notamment l’équilibre à trouver entre
le rayonnement international et l’ancrage local,
n
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vie ! René Gonzalez était à la fois un patron, un
complice et un « poteau », pour faire un
emprunt à son vocabulaire. Il était tout entier
porté par sa passion. Ancien comédien, il avait
gardé une fibre artistique très riche, qui lui permettait d’entretenir une qualité de dialogue
exceptionnel avec les créateurs. Mais le plus
étonnant, c’est que son goût pour la poésie se
doublait d’un solide sens des affaires. C’était un
négociateur redoutable et un gestionnaire hors
norme. Il a fait de Vidy un foyer de création foi-
t
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t h é â t r e
sonnant, jouant en virtuose des
possibilités que lui offraient les
quatre salles à disposition ou la
possibilité de monter un chapiteau
à proximité immédiate du bâtiment. En ouverture de saison, il
n’était pas rare que nous ayons
quatre ou cinq spectacles par soir
et notre principal problème devenait la gestion du parking, pour
accueillir les quelque 1200 ou
1500 personnes annoncées ! Au
bilan, sous sa direction, il y a
peut-être eu 650 spectacles différents au programme. Chaque saison, les dernières années, comptait environ 500 représentations à
Lausanne et au moins autant en
tournée. Quant au public, il
affluait, puisque les statistiques
font état de 80'000 à 110'000
entrées par saison. Enfin il faut
rappeler que le budget se bouclait
avec un autofinancement de 50 à
60%, grâce notamment au jeu des coproductions et à la vente des spectacles en tournée. Ce
ratio est exceptionnel dans le théâtre public.
Ces deux décennies ont été d’une richesse
extraordinaire et je suis persuadé qu’on n’en
mesure pas encore pleinement le caractère miraculeux. Ceci, grâce à une personnalité d’exception (qui se qualifiait de « gestionnaire d’utopies »), mais aussi grâce à un lieu, un soutien
politique, un travail d’équipe, une curiosité du
public, un paysage francophone et international
favorable : c’est la conjonction de tous éléments, et sans doute de quelques autres, qui a
permis cette explosion créatrice.
Vous venez de créer une collection
consacrée à des auteurs de théâtre. Pouvezvous nous présenter ce projet ?
Avec Hélène Mauler, nous traduisons des pièces
de l’allemand depuis une dizaine d’années (de
Horváth à Brecht, de Mayenburg à Bärfuss…).
A ce titre nous sommes invités dans des écoles
de théâtre. A chaque fois, lorsque les étudiants
nous demandent de leur citer un livre qui soit
une bonne introduction à un auteur, nous sommes empruntés. Bien sûr, les bibliographies sont
souvent abondantes ! Mais soit les ouvrages
traitent de tel aspect spécifique, soit ils datent.
Coup de folie de notre part ? Nous avons imaginé de palier à ce manque en créant une collection intitulée « Le théâtre de », consacrée aux
auteurs de tous les temps et de tous les pays. Il
e
n
t
r
«Mokhor» de René Zahnd, mise en scène de Philippe Morand avec Hassane Kassi Kouyaté
joué à Théâtre de Vidy lors de la saison 2006-2007 © Anouk Schneider
faut croire que l’idée sonne juste puisque nous
avons trouvé un éditeur enthousiaste (Ides et
Calendes), qui bénéficie d’une excellente diffusion francophone (Volumen/Le Seuil), et un
financement pour trois ans, à raison de quatre
volumes par année. Chaque volume est l’œuvre
d’un spécialiste qui s’adresse à un large public
(étudiants, acteurs, amateurs de théâtre…).
D’une taille réduite (environ 120 pages) et d’un
prix très accessible, les livres se veulent une
introduction à l’œuvre dramatique d’un auteur.
Ce printemps paraissent Eschyle par Florence
Dupont et Pasolini par Pierre Katuszewski. Plus
tard, viendront Büchner par Jean-Louis Besson,
Tennessee Williams par Christophe Pellet,
Tchekhov par Georges Banu, Victor Hugo par
Florence Naugrette… Bref, nous rêvons de bâtir
une sorte de petite bibliothèque idéale de l’amateur de théâtre.
consacrer un jour un texte au barbu d’Altdorf !
Et pourtant cette histoire légendaire est passionnante. Et comme les sources fiables n’existent
pas, comme le modèle imposé est celui de
Schiller (résolument basé sur des valeurs telles
que la patrie, la famille et la religion chrétienne), il est clairement autorisé de broder, c’est-àdire de rêver à partir d’un canevas. « Mon »
Guillaume Tell est donc une sorte de chamane
qui court la montagne, aux rêves de liberté bien
différents de ceux poursuivis par la société de
cette Suisse primitive, qui semble songer avant
tout aux problèmes de taxes et d’impôts (déjà !).
Ma grande chance est d’avoir rencontré
François Marin. Dans sa mise en scène, la pièce
sera jouée l’été prochain à Sion, en plein air, à
l’occasion du trentième anniversaire du Nova
Malacuria, un théâtre valaisan très dynamique.
Propos recueillis par Frank Fredenrich
Et votre chantier d’écriture personnelle, où en est-il ?
Je continue d’écrire, d’écrire, et d’écrire, même
s’il devient de plus en plus en difficile d’être
monté pour un auteur comme moi qui ne fait pas
de mise en scène. Heureusement, de temps en
temps, une pièce voit encore le jour ! Dans les
prochaines semaines paraîtra chez Actes Sud –
Papiers une réinterprétation d’une histoire à
laquelle je ne pensais jamais m’intéresser :
Guillaume Tell. Victime comme tant d’autres du
poids des clichés, je n’aurais jamais imaginé
e
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Publications :
Vidy, un théâtre au présent, 50 ans d’histoire, de René
Zahnd, Favre, 2015, 288 p., richement illustré.
Guillaume Tell, de René Zahnd, Actes Sud – Papiers,
2015.
Les deux premiers volumes de la collection « Le théâtre
de », chez ides et Calendes : Eschyle de Florence Dupont
et Pasolini de Pierre katuszewski.
n
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015 au
Saison 2014/2
TANCREDI
T 021 315 40 20
WWW.OPERA-LAUSANNE.CH
MIGROSGIOACCHINO ROSSINI
MARS
20
22
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L-CLAS
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L
U
C
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POUR-C
Victoria Hall
Jeudi 23 avril 2015 à 20 h
ACADEMY OF ST MARTIN
IN THE FIELDS
Julia Fischer (direction et violon), Oliver Schnyder* (piano)
Œuvres de Haydn, Mendelssohn, Schönberg
*Soliste suisse
Samedi 30 mai 2015 à 20 h
LONDON SYMPHONY ORCHESTRA
Daniel Harding (direction), Janine Jansen (violon)
Œuvres de Rushton**, Mendelssohn, Mahler
**Compositeur suisse
Billetterie: Service culturel Migros Genève, Rue du Prince 7, Tél. 022 319 61 11
Stand Info Balexert et Migros Nyon-La Combe.
www.culturel-migros-geneve.ch
Organisation: Service culturel Migros Genève
www.culturel-migros-geneve.ch www.migros-pour-cent-culturel-classics.ch
FARNIENTE
COMPAGNIE UN AIR DE RIEN
THÉÂTRE | NUITHONIE
Jeudi 30 avril-20H
Vendredi 1er mai-20H
Une exploration ethnologique et poétique de
notre société, de nos conditionnements autour
des vacances d’été, rituel collectif hérité des
congés payés. Délicieusement caustique!
WWW.EQUILIBRE-NUITHONIE.CH
RÉSERVATIONS FRIBOURG TOURISME
ET RÉGION 026 350 11 00
SICS
d
a
n
s
espace nuithonie, villars-sur-glâne
La danse au centre
Dans sa nouvelle création, Les arbres pleurent-ils aussi ? Fabienne Berger
questionne notre rapport au monde organique visible ou invisible, dans
l’univers hautement technologique et connecté dans lequel nous vivons
aujourd’hui. Mais comment convoquer la nature sur un plateau de théâtre ?
Entretien avec la chorégraphe.
e
véritables médiums, cherchent à révéler le lien
enfoui. On peut par exemple imaginer des corps
inadaptés à leur environnement et qui sont donc
en constant déséquilibre. Puis peu à peu, ils s’adaptent à leur environnement et investissent
leurs mouvements pour détecter des chemins
vers d’autres formes d’existence hybrides et
poétiques.
Vous êtes une habituée des dispositifs
scéniques mêlant à la fois vidéo, lumière et
musique. Que nous réservez-vous pour cette
création ?
Il y aura effectivement tout un dispositif scénique, mais je veux laisser la
surprise. Nous nous sommes demandé comment nous pouvions fabriquer du vivant sur un plateau de
théâtre. Ce que j’aimerais, c’est qu’il
y ait des interactions entre les danseurs et ce dispositif. Ce n’est pas
juste un décor planté là. Il évolue et
provoque des sensations à la fois
chez les danseurs et chez le spectateur.
J’imagine que parvenir à
un tel résultat demande une grande collaboration entre les différentes personnes, comment travaillez
vous avec eux ?
«Les arbres» © compagnie fb
Le titre de votre création est formulé
en question. Que souhaitez-vous exactement
interroger ?
Nous allons questionner notre rapport à la nature en général. Que savons-nous du reste du
monde vivant qui nous entoure et comment capter ce qui semble imperceptible à première
vue ? En mettant à l’épreuve notre faculté à ressentir les autres formes d’existence, cette création invite le spectateur à investir ses propres
sensations. Il faut comprendre le mot nature
dans un sens très large. Nous en faisons partie et
à cet égard nous voulons également interroger
notre place dans cette société, où l’on se coupe
de plus en plus de l’organique.
Vous avez longtemps travaillé sur
notre rapport aux médias, d’où vient cette
envie de travailler sur la nature ?
Je pense que cela vient de préoccupations très
e
n
t
r
personnelles. Je ne veux pas faire de grands discours écologiques, mais si l’on regarde de plus
près, j’ai l’impression que nous nous retrouvons
dans une impasse. J’ai le sentiment que nous
sommes de plus en plus coupés de la réalité, les
pieds sur terre mais le reste du corps penché sur
nos écrans. Et cela change notre rapport au
corps, nous nous retrouvons souvent courbés
sur nos portables. Sans être rétrograde, je pense
que nous pouvons aspirer à l’équilibre entre l’avancée technologique et la préoccupation de
préserver notre lien à la nature.
Un vaste projet donc, comment comptez-vous faire transparaître cela à travers la
danse et le mouvement ?
Nous travaillons en équipe. C’est
une petite troupe, ce qui nous permet
de dialoguer efficacement entre nous
et d’éprouver ensuite les processus
de création directement sur le plateau. Cette cohésion est primordiale pour moi,
car c’est un projet qui engage danse, musique,
vidéo et lumière dans une même respiration.
Pour ce faire je me suis entourée d’artistes
confirmés issus des arts plastiques et visuels.
Propos recueillis par Valérie Vuille
ven 24 avril à 19:00, sam 25 avril à 20:00, jeu 30 avril à
20:00, ven 1 mai à 20:00, sam 2 mai à 20:00 : Les Arbres
pleurent-ils aussi ? Par la Compagnie Fabienne Berger
Nuithonie / Petite Salle
(loc. Fribourg Tourisme 026/350.11.00 / [email protected], ou Nuithonie: 026 407 51 51)
Le corps et la danse resteront au centre, pour
moi c’est primordial. Je veux vraiment travailler
sur ce clivage entre l’homme et la nature. Les
danseurs, dont les corps agissent comme de
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s
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scènes d’avril
Agenda romand
A côté des nombreux concerts de circonstance propres à la période pascale,
on relèvera surtout la création, à l’Opéra de Lausanne, de Solaris de
Daï Fujikura, en coproduction avec le Théâtre des Champs-Elysées,
l’ircam-Centre Pompidou et l’Opéra de Lille, ainsi que la présentation,
par l’OSR à Beaulieu, d’une vaste composition de John Adams
pour grand orchestre intitulée Harmonielehre.
48
A Lausanne, l’Opéra présente Solaris,
opéra en quatre actes de Daï Fujikura sur un livret du scénographe et chorégraphe Saburo
Teshigawara, inspiré du roman de science-fiction de Stanislas Lem. Créé à Paris en mars au
Théâtre des Champs-Elysées, l’ouvrage est
conduit par Erik Nielsen, à la tête de l’Ensemble
Intercontemporain, de cinq chanteurs et d’un
groupe de danseurs (ve 24 et di 26).
A l’Opéra également, l’Orchestre de
Chambre de Lausanne donnera son 8e concert
d’abonnement, sous la direction de Bertrand de
Billy, avec Tobias Moretti, récitant, et Marysol
Schalit, soprano. Beethoven est au programme,
avec la musique de scène d’Egmond et la 5e
Symphonie ( lu 27 et ma 28). Au même endroit,
pour son 6e concert du Dimanche, l’OCL obéira à la baguette de Gustavo Gimeno et Lionel
Cottet jouera la partie solistique du Concerto
pour violoncelle No 2 de Bernhard Heinrich
Romberg. La 3e Symphonie de Schubert figure
aussi au programme (di 12). Au Salon Bailly de
l’Opéra, on retrouvera le violoncelliste Lionel
Cottet au 5e Entracte du Mardi, cette fois en
compagnie des violonistes Alexander
Grytsayenko et Olivier Blache, et de l’altiste Eli
Karanfilova, pour le Quartettsatz de Schubert et
Marisol Schalit © Vera Markus
a
le 2e Quatuor de Borodine (ma
28).
Pour le 3e concert
Découvertes de la saison, au
BCV Concert Hall, l’OCL,
conduit par Andris Poga,
accueillera le pianiste et présentateur Jean-François Zygel,
qui mettra tout son talent à
dévoiler et commenter les
beautés de la Symphonie italienne de Mendelssohn ( le 1er
avril).
A la Cathédrale, le
Chœur Hostias, avec l’OCL,
des solistes et les Vocalistes
Romands, présenteront, sous la
direction de Renaud Bouvier,
la Passion selon Saint Jean de
J.S. Bach (me 22).
Au Théâtre de Beaulieu, l’Orchestre de la
Suisse Romande, avec à sa tête Markus Stenz,
propose un programme captivant pour son 7e
concert d’abonnement, avec la Siegfried-Idyll
de Wagner, le Concerto pour violon de Sibelius,
avec Leonidas Kavakos en soliste, et la découverte de Harmonielehre, importante partition de
John Adams datant de 1985 (je
30).
A la Salle Paderewski,
les Concerts de Montbenon
reçoivent Brigitte Meyer et
Pascal Godart pour un très prometteur récital à deux pianos
comportant la Sonate K. 448 de
Mozart,
l’Andante
et
Variations op.46 de Schumann,
les Variations sur un thème de
Haydn de Brahms, ainsi que la
superbe Suite No 2 Op. 17 de
c
t
u
a
u
e
Rachmaninov (ve 24).
A la HEMU, l’Ensemble Fiacorda, emmené par le violoniste Robert Zimansky, présentera des œuvres de Rudolf Kelterborn, Isang Yun,
Stephanie Haensler (*1986) et d’Helena
Winkelmann (*1974) Die Rheinsirene (2013)
pour septuor (lu 20).
A Morges, le Théâtre de Beausobre reçoit
l’Orchestre Symphonique Suisse des Jeunes,
fort d’une centaine de musiciens de 15 à 25 ans
qui, sous la conduite de Kai Bumann, chef attitré de l’OSSJ, joueront Une Symphonie alpestre, op.68, de Richard Strauss, tandis que Pavlos
Serassis sera le soliste du sublime Concerto
pour clarinette K. 622 de Mozart (di 26).
Paul Meyer © Vandoren - Edith Held
A Rolle, au Rosey Concert Hall, le flûtiste
Emmanuel Pahud, le clarinettiste Paul Meyer et
un groupe d’instrumentistes à cordes des
Berliner Philharmoniker joueront des œuvres de
Mozart, de Rossini et l’admirable Quintette
avec clarinette de Brahms (ve 24).
A Nyon, à l’Eglise catholique, la soprano
Isaline Dupraz et l’organiste Olivier Borer présenteront une œuvre de circonstance pour le
vendredi saint Les Leçons de ténèbres de
Michel Richard Delalande, né à Paris en 1657,
mort à Versailles en 1726 (ve 3).
A Romainmôtier, deux concerts sont
annoncés à l’abbatiale : celui de l’Ensemble
Vocal de Poche de Genève, dans des Motets de
Vendredi Saint (ve 3), ainsi que celui de
l’Ensemble Vocal de Saint-Maurice, avec
l’Orchestre de Chambre du Valais et des solistes, sous la conduite de Pascal Crittin, dans le
l
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m u s i q u e
Requiem de Mozart et la Missa Sancti Mauritii
de Joseph Eybler. (di 19).
A Lutry, Il Giardino Armonico se produira aux Concerts Bach en compagnie de la
mezzo soprano Marie-Claude Chappuis dans
des pages de C.Ph. Telemann et de C.Ph.E.
Bach (di12).
A Vevey, à la Salle del Castillo, le pianiste
Adam Laloum, magnifique Prix Clara-Haskil
de 2009, consacrera son récital d’Arts et Lettres
à la Sonate K. 576 de Mozart, aux Impromptus
D.935 de Schubert, ainsi qu’aux poétiques
Davidsbündlertänze de Schumann (ve 24).
A Montreux, à l’Auditorium Stravinski, se
tiendra du 9 au 11 avril le 51e Montreux Choral
Festival. Au même endroit, les Carmina Burana
de Carl Orff réuniront deux chœurs, trois solistes, deux pianistes et un ensemble de percussions, sous la baguette d’Yves Bugnon (ma 28).
A Monthey, au Château, le Marquis de
Saxe interprète des œuvres pour quatuor de
saxophones (di19). Au foyer du Crochetan, le
ténor Valerio Contaldo et le pianiste Didier
Puntos présentent des Lieder de Schubert d’après Goethe, le cycle Dichterliebe de Schumann
sur des poèmes de Heine et des extraits des
Mörike-Lieder de Hugo Wolf (di 26).
A Martigny, la Fondation Gianadda invite
deux lauréats du Concours Géza Anda, Filippo
Gamba et Christoph Berner, à interpréter des
œuvres de Schubert et de Schumann pour piano
et piano à quatre mains (je 16).
A Sion, à la Fondation de Wolff, le Trio
Nota Bene présentera des pages de Fauré et de
Chausson pour piano, violon et violoncelle
Trio Nota Bene
(ve 3).
A Sierre, à l’Hôtel-de-Ville, le pianiste
Cédric Pescia a inscrit des œuvres de Bach, de
Kurtag, de Bartok et de Beethoven à l’affiche de
son récital (di 19).
A Neuchâtel, à la Collégiale, Robert
a
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Bouvier sera le lecteur du Chemin de
Croix pour un temps présent, sur un
texte de Denis Müller et une musique de
Simon Peguiron (ve 3). Au Temple du
Bas, le violoncelliste Gary Hoffmann et
le pianiste Nelson Goerner interpréteront trois Sonates : l’Opus 99 de
Brahms, l’Opus 65 de Chopin et celle de
Debussy (je 30). A la Basilique NotreDame, le chœur In illo tempore, que
dirige Alexandre Traube, annonce un
Office des Ténèbres faisant alterner
chant grégorien et pages de Tomas Luis
de Victoria (ve 3). Au Temple du Bas,
l’Ensemble Symphonique Neuchâtel uni
à l’Orchestre de Chambre fribourgeois,
sous la conduite d’Alexander Mayer,
avec le concours de la soprano Anne
Kathrin Fetik, interprétera les Sept
Lieder de jeunesse (1928) d’Alban Berg
et la 4e Symphonie (1900) de Gustav
Mahler (di 26). Même concert à
Fribourg, au Théâtre Equilibre, le mardi
28.
A La Chaux-de-Fonds, à la Salle Faller, la
pianiste Esther Walker et le violoncelliste Joël
Marosi offriront une intégrale de l’Oeuvre pour
violoncelle et piano de Félix Mendelsshon (je
23). A l’Heure bleue, le récital du flûtiste
Emmanuel Pahud comportera des pages de
Georg Philipp Telemann et d’André Jolivet données en alternance (me 29).
A Bienne, au Stadttheater, Harald Siegel
conduira deux représentations du King Arthur
de Purcell (me 1 et 22),
tandis que la mezzo soprano Carine Séchaye incarnera Carmen et le ténor
Roger Padullés sera Don
José dans La Tragédie de
Carmen d’après Bizet du
trio Constant-CarrièreBrook (je 9, di 12, me 21),
et que T 42 Dance
Projects de Misato Inoue
et Félix Duméril présentera Tango des pas perdus
sur des musiques d’Astor
Piazolla et du tango argentin traditionnel (sa 25 et di 26). Au Palais des
Congrès, l’Orchestre Symphonique Bienne
Soleure, conduit par Boian Videnoff, jouera
Haydn, Prokofiev et le rare 2e Concerto pour
piano de Tchaïkovski, avec Marian Lapsansky
en soliste (me 15). A la Salle de la Loge, le vio-
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Marian Lapsansky © Peter Brenkus
loniste Giuliano Carmignola et la pianiste
Yasuyo Yano interpréteront deux Sonates de
Mozart – les K. 377 et 378 - et deux de
Beethoven – les Op. 12 et 24 (di 26).
A Porrentruy, le Chœur de chambre jurassien, deux solistes, et les Basler
Kammersolisten, conduits par Mark Kölliker,
présenteront Ein deutsches Requiem de Brahms
(ve 3).
A Delémont, l’Ensemble Vocal Tourdion,
pour le concert de son 20e anniversaire, bénéficiera du soutien de l’Orchestre de Chambre
jurassien (sa 25 et di 26).
A Fribourg, à l’Aula Magna, deux
concerts sont programmés : l’un du
Sinfonieorchester Wuppertal, conduit par
Toshiyuki Kamioka, dans la 3e Symphonie et le
Concerto pour violon de Brahms, avec Valeriy
Sokolov en soliste (me 29) ; l’autre du pianiste
Vadym Kholodenko, né à Kiev en 1986, qui
consacrera son récital aux Variations Diabelli
de Beethoven et aux 24 Préludes op. 34 de
Chostakovich (ma 28).
A Bulle, C.P.E. Bach, Haydn et Beethoven
sont à l’affiche du récital de pianoforte du claveciniste Dirk Boerner, professeur à Berne,
Lyon et à la Schola Cantorum Basiliensis
(di 26).
Yves Allaz
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m u s i q u e
en avril
Agenda genevois
Le mois d’avril recevra de nombreux orchestres invités au Victoria Hall,
parmi lesquels le Prague Festival Orchestra, présent le 4 avril. Carmina
Burana de Carl Orff, le Boléro de Ravel ou encore les Danses polovtsiennes
de Borodine sont au programme.
50
Le 12 avril, le Motet de Genève propose
d’entendre la Messa di Gloria de Puccini et le In
Terra pax de Frank Martin. On pourra aussi
écouter le 15 avril l’Orchestre National de Lyon
dirigé par Alain Altinoglu ; accompagnés par
Emmanuel Pahud à la flûte, ils joueront
l’Apprenti sorcier de Dukas, le Concerto pour
flûte de Ibert, la Fantaisie brillante sur Carmen,
pour flûte et orchestre de Bizet, arrangé par
Borne, et des œuvres de Ravel. Les solistes de
Neuchâtel, dirigés par Sergey Ostrovsky, proposent le 17 avril un programme varié, où des œuvres de Pergolèse, Bach, Schubert ou
Rachmaninov se côtoieront. Le dimanche 19
avril, l’Orchestre de la Suisse Romande sera renforcé par l’Orchestre du Collège de Genève pour
un ciné-concert : ils joueront alors des grands
tubes de la musique classique et du cinéma. Le
23 avril, l’on retrouvera l’Academy of St Martin
in the Fields, dirigée par la violoniste Julia
Fischer ; Olivier Schnyder sera au piano.
Résonneront alors le Concerto pour piano, vio-
Julia Fischer © Decca / Uwe Arens
lon et cordes en ré mineur de Mendelssohn, le
Concerto pour violon et cordes en sol majeur de
Haydn ainsi que La Nuit transfigurée de
Schönberg. Le 24 avril, l’Orchestre des varia-
a
tions symphoniques, dirigé par Baghdassarian,
accompagnera le pianiste Vittorio Forte dans le
Concerto pour piano et orchestre No 3 de
Beethoven : la seconde partie de soirée sera
dédiée à la 7e symphonie du compositeur
allemand. Le 29 avril, l’on retrouvera l’OSR
pour écouter le Concerto pour violon et
orchestre de Sibelius, avec Leonidas
Kavakos au violon. Markus Stenz sera le
directeur de la soirée, où résonneront aussi le
Siegfried-Idyll de Wagner et Harmonielehre
de Adams. Le 30 avril enfin, l’Orchestre de
Chambre de Genève s’unira à la Fanfare du
loup pour une soirée « 200% orches-tres »,
qui propose de retracer la vie quotidienne
genevoise lors de la libération du canton de
l’occupation française… à découvrir au
BFM.
Les amateurs de musique contemporaine
se retrouveront le 21 avril au Studio ErnestAnsermet autour de Salomé Kammer qui,
accompagnée par l’Ensemble Contrechamps,
interprétera notamment des lieder de
Schönberg.
Le 17 avril, dans la Cathédrale,
résonneront les accents de la Passion
selon Saint-Jean servie par le Chœur
de chambre, l’orchestre et les solistes de la HEM dirigé par Celso
Antunes.
Sur la scène du Grand Théâtre
enfin, Médée de Cherubini sera à
l’honneur au mois d’avril. Deux projections du célèbre film de Pasolini,
avec Maria Callas, seront effectuées
les 7 et 8 avril pour s’y préparer, à
l’heure du déjeuner. Puis, les 9, 12,
15, 18, 21, 24 avril, Marko Letonja
sera dans la fosse avec l’OSR pour
soutenir Jennifer Larmore dans le rôle éponyme,
Andrea Carè comme Jason et Daniel Okulitch en
tant que Créonte. La mise en scène sera quant à
elle assurée par Christof Loy. La découverte du
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mythe se poursuit le 16 avril grâce à Marc
Bonnant, Bernard-Henri Lévy et Alain Carré, qui
transporteront le public dans l’Antiquité et ses
mystères, dans une mise en scène d’Alain Carré.
Enfin, les amateurs lyriques ne manqueront pas
le récital de Diana Damrau, toujours au Grand
Théâtre, le 23 avril. Accompagnée à la harpe par
Xavier de Maistre, elle interprétera des œuvres
de Richard Strauss, Liszt, Dvořák et Smetana.
Dans le domaine de l’opéra, signalons encore la
pestation du Théâtre Bienne Soleure à la Salle
des Fêtes du Lignon dans Rusalka, les 17 et 19
avril.
Concernant le jazz et les musiques du
monde, l’Orquesta Buena Vista Social Club et
Xavier de Maistre © Marco Borggreve
Omara Portuondo seront le 16 avril sur la scène
du Théâtre du Léman alos que, sur la scène du
Victoria Hall, on pourra entendre Dee Dee
Bridgewater et sa fille China Moses le 21 avril, et
Mnozil Brass le 30 avril.
Toujours au rayon “musique du monde“,
l’Ensemble Nuryana proposera de la musique
d’Inde et d’Afghanistan, le 17 avril à l’AMR-Sud
des Alpes.
Trois concerts sont au menu du Geneva
Camerata en avril. Le 18 avril, il accueille le pianiste Matan Porat, le flûtiste Roy Amotz et le
violoncelliste Ira Givol à la Salle Frank Martin
pour un concert en famille. Ces trois musiciens se
retrouveront le 20 avril à La Comédie de Genève
pour un concert sauvage. Finalement, le 21 avril
à la Société de lecutre, David Greilsammer évoquera la cour du Roi Soleil en compagnie de
solistes du Geneva Camerata.
Martina Díaz
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DI 1ER – VIRGINIE FALQUET piano & PATRICK GENET violon
VE 6 – HUIT FEMMES de Robert Thomas Comédie
laFERME
de laCHAPELLE
JE 12 – RADIO TRENET de Jacques Pessis Comédie
ME 18 – FABULA BUFFA d’après Dario Fo Comédie
AVRIL
ME 1ER – LES ROIS VAGABONDS Humour musical
DI 19 – LES ANNÉES spectacle musical
d’Yvette Théraulaz à Martigny
VE 24 – Nouvel Album de MARC AYMON
ME 29 – JE VOUS AI COMPRIS de Valérie Gimenez et Sinda Guessab
laFERME
de laCHAPELLE
MA 24 – FRÈRES DE SANG Théâtre visuel
PASCALE FAVRE — LAETITIA SALAMIN —
FRANÇOIS SCHAER
RELIEFS
28 février au 12 avril 2015
MARS
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République et canton de Genève
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ÉCRIT PAR C. DUTHURON & P. RICHARD
MISE EN SCÈNE C. DUTHURON
PRODUCTION J.-M. DUMONTET
MERCREDI 29 AVRIL — 20h
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alexandre mayer au théâtre équilibre, fribourg
Un Allemand en
terres romandes
Alexander Mayer dirigera l'Orchestre de Chambre fribourgeois le 28 avril
au Théâtre Equilibre à Fribourg. Le concert sera précédé d'une
présentation de la 4e symphonie de Mahler.
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Alexandre Mayer by Tashko Tasheff
Agé de 39 ans et originaire de Sarrebruck
en Allemagne - d'une maison musicale selon ses
propres termes - Alexander Mayer est un boulimique de la direction. Nouveau maestro du
Sinfonietta de Lausanne, il conduit également
l'Ensemble Symphonique de Neuchâtel. Fin
avril, c'est à la tête d'une formation fribourgeoise qu'on va le retrouver. C'est, enfin, un familier
de l'Ensemble vocal de Lausanne.
Alexander Meyer mène une double carrière : de pianiste et d'organiste d'une part, de chef
d'autre part; il a étudié avec des personnalités
comme Neeme Järvi, Jorma Panula ou Max
Pommer. Sa carrière a été marquée par l'obtention d'un Premier prix au Concours international
a
de direction de Tokyo, en
2003. Dès l'âge de 4 ans, il
voulait diriger...
Friand de rencontres, il
s'est consacré aux jeunes
(Orchestre des jeunes de Sarre,
Orchestre des jeunes de
Terrebonne, au Québec); selon
ses dires il apprend « beaucoup
d'eux. Ils restent critiques,
mais c’est toujours très positif.
J’aime ça. » Il a aussi donné de
son temps aux amateurs (très)
éclairés
(Orchestre
de
Kaiserslautern) et bien évidemment aux professionnels
du monde entier (Orchestres de
Tokyo, Osaka, Paris, StPétersbourg, Luxembourg....)
De ses expériences d'organiste - qui s'insèrent dans une
tradition de trois générations
du côté paternel - il prétend
avoir retenu un sens du sacré et
de la rigueur. De la famille de
sa mère, tsigane, il affirme
avoir hérité d'un sens du mouvement et de l'improvisation. Selon lui, ces
deux tendances le nourrissent !
Rencontrer, découvrir...
Son mentor, Neeme Järvi, toujours en
quête de nouvelles musiques, l'a particulièrement marqué. L'Estonien a développé chez
l'Allemand un sens de la quête. Ce besoin d'explorer les musiques va de pair avec un désir de
rencontrer les gens, de leur transmettre sa passion : le lancement de la saison 2011-2012 de
l'Ensemble Symphonique de Neuchâtel a été
fêté sur le tempo d'une flash mob - grande première pour une formation symphonique -, soit
une série de concerts éclairs et impromptus. En
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lâchant ses instrumentistes à vent au travers des
marchés de La Chaux-de-Fonds et de
Neuchâtel, ainsi qu'aux Entilles et à la
Maladière, Alexander Mayer est allé à la rencontre des gens : « Je souhaite qu'on joue pour
tous et partout. » Adepte des nouvelles technologies, il poste fréquemment des séquences sur
YouTube et anime régulièrement son site internet dans lequel il laisse de nombreux messages.
Au concert, il utilise parfois le multimédia pour
bien présenter l'œuvre; c'est dans cet esprit que
s'ouvrira la soirée fribourgeoise.
Phalange en développement
On connaît moins l'Orchestre de Chambre
Fribourgeois - fondé en 2008 à l'initiative des
autorités du canton - que ses homologues lémaniques, et c'est injuste ! Ces professionnels, dont
l’effectif de base correspond à la formation dite
de Mannheim, comptent 37 musiciens : 24
archets, 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 2 cors, 2 trompettes, timbales; cette formation peut être facilement élargie en fonction
des besoins (trombones, percussions, harpe,
cordes supplémentaires etc.). L'ensemble a les
moyens de présenter les affiches les plus attractives. Son chef titulaire, Laurent Gendre, s'est
attaché à lui faire aborder les répertoires les plus
variés, à enrichir leur palette, dans l'objectif de
développer et de multiplier les activités. Une
phalange à suivre, en somme !
Pierre Jaquet
Concert le 28 avril à 20 h
Théâtre Equilibre, Place Jean-Tinguely 1, 1700 Fribourg
Direction: Alexander Mayer
Soliste: Anne- kathrin Fetik, soprano
Alban Berg: 7 frühe Lieder
Gustav Mahler: Symphonie n°4
A 19h20, au bar du 3e étage: introduction à l’écoute de la
symphonie n°4 de G. Mahler par M. Bruno Mégevand,
président de la Société Gustav Mahler de Genève (présentation ouverte à tous)
Concert d’Abonnement n°4
Tarifs : 55.-/50.-/20.Billetterie : Fribourg Tourisme et région 026 350 11 00
Sites internet:
http://alexander-mayer.com/
http://www.ocf.ch/
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olivier schnyder
Et la suite ?
Déguster la musique
Un trio de classiques germaniques, une formation autant mythique que
britannique, deux jeunes talents aux affinités zurichoises, dont une femme
à la baguette (et à l’archet): c'est un menu raffiné pour les fines bouches,
concocté par Oliver Schnyder et Julia Fischer.
Trois villes ont marqué le parcours du pianiste suisse Oliver Schnyder : Zurich, New
York et Baltimore. Dans cette dernière, il se perfectionne auprès du légendaire Leon Fleisher….
Avant de retourner à Zurich, et mettre le public
de Tonhalle à ses pieds : son Concerto en sol
mineur de Saint-Saëns régale les mélomanes.
On acclame désormais “le poète du piano“…
Non sans raisons…
Anciens cépages et nouveaux
assemblages
De tradition très classique, Oliver
Schnyder cisèle et aère son jeu. Nul doute, il a
bien appris les leçons de
son mentor. Loin de se
contenter d’une perfection
tactile, il vise les étoiles : la
performance n’est jamais
aussi parfaite que l’œuvre
en soi… a-t-il dû entendre
plus d’une fois…)…
Il semble jouer sur une
scène au clair de la lune,
en évitant tout artifice. Il
n’aveugle pas le public par
des exploits techniques…
Rien de trop. Son jeu suggère, titille l’imagination,
joue avec les sens. Dans
son approche des concertos
de Haydn, par exemple,
« la quête du cantabile est
centrale». Tel un top chef
du XXIe siècle, il opte pour
une « prise de distance »
face à la partition, afin de
« mieux assembler les
ingrédients fins, les sublimer et les mettre en valeur »… « Rien à voir avec une paëlla… » précise-t-il d’un ton amusé. Serait-il fin gastronome également ?
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Son aventure avec Haydn a commencé
dans son enfance : à l’âge de 10 ans, il passe une
nuit blanche à enregistrer sur cassette son œuvre
fétiche, le Concerto en ré majeur. Il veut se
mesurer aux grands… Bientôt, il monte sur
scène. Sauf que… à l’époque de Haydn, il était
de coutume d’improviser les cadences…
Aujourd’hui, Oliver Schnyder regrette de
ne pas avoir le talent d’improvisateur; il a pourtant trouvé une manière de relever le défi, en
commandant les cadences auprès son ami compositeur — homonyme de surcroît — Daniel
Schnyder, dans lequel il a reconnu l’âme sœur
du classique viennois. Il a su adopter le même
Ses cadences, ainsi que quelques jolies
incartades dans un univers plus contemporain
(Martinu, Schulhoff, le Suisse Martin Derungs
ou le Britannique David Noon), parfois teintées
de jazz (comme la mythique Rhapsody in Blue
de Gershwin, sans oublier le Concerto pour
piano de Daniel Schnyder), ouvrent peut-être
quelques portes hors d'un parcours bien léché.
La quarantaine tout juste passée, Oliver
Schnyder aurait pu explorer de nouvelles pistes,
s’aventurer sur quelques terrains moins
connus… Si sa discographie reste très bordeaux/bourgogne (Haydn, Mozart, Liszt et
Schumann, en fût de chêne, label RCA Red Seal
chez Sony), on pourrait peut-être bientôt s’attendre à des projets plus osés. Les nouvelles
collaborations avec l’Orchestre Symphonique
de la radio Danoise, et le statut de premier
Artiste Etoile sous la baguette de Mario
Venzago à Berne, ouvrent des perspectives très
prometteuses pour changer d’horizon. Une tournée en Asie se profile également. Il y a aussi son
propre trio, créé en 2012 avec Andreas Janke au
violon et Benjamin Nyffenegger au violoncelle.
On souhaiterait les voir passer commande auprès d’un
compositeur national… Au
plus grand plaisir des mélomanes suisses, toujours
curieux de voir évoluer une
personnalité musicale de ce
gabarit.
Beata Zakes
Concert Migros 23 avril 2015 à
Genève
Academy of St Martin in the
Fields. Oliver Schnyder (piano)
Julia Fischer (direction et violon)
Joseph Haydn :
Concerto pour violon et cordes en
sol majeur Hob. Viia:4
Felix Mendelssohn Bartholdy :
Concerto pour piano, violon et
cordes en ré mineur
Arnold Schönberg :
«La Nuit transfigurée» op. 4
Olivier Schnyder
langage musical, à la fois intelligent et innocent,
tout gardant la griffe “Daniel Schnyder“.
Schnyder & Schnyder, chef et commis… le
plaisir de musique devient presque gustatif.
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Billetterie: Service culturel Migros Genève
Rue du Prince 7, 1204 Genève
Tél.: +41 (0) 22 319 61 11
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portrait
Orchestre Symphonique
Suisse des Jeunes
Sur les six concerts de la tournée de printemps de l’Orchestre
Symphonique Suisse des Jeunes, deux auront lieu en Suisse romande :
l’un à Morges au Théâtre de Beausobre le dimanche 26 avril, l’autre à
Neuchâtel au Temple du Bas le dimanche 17 mai. Deux œuvres figurent au
programme de ces concerts donnés sous la conduite de kai Bumann, chef
attitré de l’OSSJ depuis 1996 : le Concerto pour clarinette de Mozart et
Une Symphonie alpestre (Eine Alpensinfonie), une œuvre majeure de
Richard Strauss.
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Formé d’une centaine de jeunes musiciens
de 15 à 25 ans, suisses ou habitant ou étudiant en
Suisse, l’Orchestre Symphonique Suisse des
Jeunes a donné son premier concert en janvier
1971 à St-Moritz. Il présente actuellement deux
séries de 12 à 14 concerts par année, une au printemps, l’autre en automne.
Les musiciens sont engagés sur concours
deux fois par an, en janvier et en juin. Avant le
coup d’envoi de la tournée, ils travaillent seuls à
la maison les œuvres retenues, puis sont réunis
pour la préparation des concerts lors d’un weekend de répétitions à Zurich et d’une semaine de
travail intensif en avril et octobre, à SaanenGstaad et Interlaken pour 2015. L’an dernier,
l’orchestre, véritable pont entre les cultures
nationales, comptait une vingtaine de musiciens
provenant de Suisse romande, répartis à part
presque égale entre ceux qui y jouaient d’un
instrument à cordes et ceux qui pratiquaient un
instrument à vent.
Le clarinettiste Pavlos serassis
Les solistes
Les solistes des concerts sont parfois des
membres de l’orchestre. C’est le cas de Pavlos
Serassis, clarinettiste grec formé à Athènes et
Bâle, qui jouera la partie solistique du concerto
de Mozart lors de la prochaine tournée de l’orchestre, à Saint-Gall, Morges, Zurich, Berne,
Neuchâtel et Wichtrach entre le 25 avril et le 20
mai. L’an dernier, Lionel Cottet était le soliste de
la tournée de printemps, avec le Concerto pour
violoncelle de Dvorak,. Au printemps 2010,
Louis Schwitzgebel-Wang interprétait le
Concerto pour piano No 1 du compositeur suisse
Hans Huber (1852-1921). Le Trio Rafale de
Zurich, le bassoniste Marc Trénel ou encore le
joueur de marimba Manuel Leuenberger ont été
quelques-uns des solistes les plus récents. La pianiste française Delphine Bardin a joué avec
l’OSSJ le Concerto en sol de Maurice Ravel
quelques années après avoir obtenu le Prix ClaraHaskil. Pour la tournée de cet automne, Andreas
Janke, Konzertmeister de l’Orchestre de la
Tonhalle de Zurich, devrait être le soliste du
brillant Concerto pour violon d’Aram
Khatchaturian, et la 11e Symphonie de
Chostakovich également à l’affiche. Un des
concerts se donnera à Fribourg au Théâtre
Equilibre, les cinq autres en Suisse alémanique.
Les tournées
L’OSSJ a entrepris des tournées à l’étranger.
La première répondait à une invitation du
Festival du Schleswig-Holstein, suivie de
concerts à Copenhague, Malmö et Stockholm. En
2002 à Berlin, dans le cadre de l’Europäischer
Musik Sommer, l’orchestre a donné en création
Angor de Rolf Urs Ringger et exécuté la 3e
Symphonie de Gustav Mahler. Il a effectué une
Le chef Kai Bumann
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tournée en Pologne en 2005, avec des concerts à
Zakopane, à Cracovie et à Kezmarok, en
Slovaquie. En 2008, il se rendait en Ecosse au
Festival International de la Jeunesse à Aberdeen.
En 2013, il s’est produit au Musikverein de
Vienne et dans la salle de la Philharmonie slovaque à Bratislava, en compagnie du chœur Neue
Wiener Stimmen. Des expériences inoubliables
pour ces jeunes musiciens. D’autres projets de
tournée sont en préparation.
Les chefs
Depuis sa fondation il y a plus de quarante
ans, l’OSSJ a la particularité d’avoir été dirigé
par des chefs qui sont restés très longtemps à sa
tête. Ce fut le cas de Klaus Cornell, qui a présidé
de 1971 à 1984 aux destinées d’une formation
qui est, elle, par sa nature même, en constant
renouvellement. Ce fut aussi le cas d’Andreas
Delfs, de 1985 à 1995, et c’est encore le cas de
son actuel directeur artistique, Kai Bumann, né à
Berlin en 1961, choisi en 1998 par les membres
de l’orchestre parmi plusieurs candidats et qui
dirige aujourd’hui encore tous les concerts de
l’orchestre.
Les soutiens
L’OSSJ bénéficie de l’aide financière de la
Confédération, des cantons, des communes, de
fondations privées et de la société de patronage
de l’orchestre. PostFinance apporte également
son soutien à l’OSSJ en qualité de sponsor principal.
Yves Allaz
Renseignements sur : www.sjso.ch
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portrait
Lionel Cottet
Le violoncelliste Lionel Cottet sera à l’Opéra de
Lausanne, le 12 avril, le soliste du 6e « Concert du
Dimanche » de l’OCL conduit par le jeune chef
Gustavo Gimeno. Au programme figurent la
3e Symphonie de Schubert ainsi qu’une rareté, le
2e Concerto pour violoncelle de Bernhard Heinrich
Romberg, une partition dont le soliste de ce concert
s’est fait le champion depuis qu’il l’a inscrite à son
répertoire et enregistrée à Hof, en Bavière, pour une
importante firme de disques.
Né à Genève en 1987, Lionel Cottet a étudié le violoncelle auprès de
François Guye au Conservatoire de sa ville natale, avant de se perfectionner
auprès de Clemens Hagen au Mozarteum de Salzbourg et de Thomas
Grossenbacher à la Hochschule für Musik de Zurich. Il bénéficie des
conseils de grands maîtres de son instrument au Verbier Festival &
Academy, à Londres, à Prades, ainsi qu’à l’International Music Academy
Switzerland que dirige Seiji Ozawa.
Lionel Cottet reçoit le soutien de diverses institutions et devient également boursier et soliste du Pour-Cent culturel Migros. Il est lauréat en
2011 du Swiss Ambassador’s Award, entreprend une première tournée de
récitals en Grande-Bretagne, se produit à Manchester, à Edimbourg, au
Wigmore Hall de Londres. En 2012-13, il complète sa formation à New
York à la Juilliard School, auprès de Joël Krosnick, le violoncelliste du
Quatuor Juilliard, pendant qu’à la même école le pianiste Louis
Schwitzgebel-Wang suit de son côté les cours d’Emmanuel Ax. Les deux
amis forment un duo piano-violoncelle qui dure depuis plus de dix ans et ne
cesse de se produire avec succès, en Suisse comme ailleurs. En 2010 déjà,
lors d’un comcert organisé par les Amis de l’OSR au Conservatoire de
Genève, le duo avait eu l’occasion d’enregistrer un double album de sonates de Beethoven, Mendelssohn, Webern et Rachmaninov qui avait contribué à faire connaître le grand talent de ces deux musiciens, invités aussi bien
aux Sommets Musicaux de Gstaad qu’au Septembre Musical de MontreuxVevey ou au Festival Musique et Neige des Diablerets.
Prestations
Lionel Cottet vient aussi de se produitre en duo avec le guitariste
Federico Diaz, en mars au Conservatoire de Genève pour les « Zamis de
l’OSR », club de mélomanes de moins de 25 ans. Il joue aussi en trio – il
l’a fait à Philadelphie pour l’Astral Artists - en quatuor, ou en quintette avec
le Quatuor Terpsycordes. En solo, il a enregistré plusieurs pages pour violoncelle seul notamment pour la RTS et la télévision NHK de Tokyo.
Lionel Cottet a joué en soliste avec plusieurs orchestres, en Suisse avec
le Sinfonietta de Lausanne ou l’Orchestre de la Suisse italienne, à l’étranger,
avec l’Academy of St–Martin in the Fields, l’Orchestre Symphonique d’Etat
de Russie et celui de la Radio polonaise. Il a aussi été le soliste, dans le
Concerto pour violoncelle de Dvorak, de la tournée de printemps 2014 de
l’Orchestre Symphonique Suisse des Jeunes.
Lionel Cottet s’engage aussi avec passion pour la promotion de la
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Lionel Cottet
musique de notre temps. Il collabore avec l’Oesterreichisches Ensemble für
Neue Musik à Salzbourg. Il a interprété le Canto di Speranza de BerndAlois Zimmermann au Festival des Jardins Musicaux de Cernier, et Pranam
III de Jean-Luc Darbellay à Berne.
Une œuvre plaisante
A Lausanne, Lionel Cottet interprétera une œuvre méconnue du grand
public : le Concerto pour violoncelle et orchestre No 2 de Bernhard Heinrich
Romberg, un contemporain de Mozart et de Beethoven, né en 1767, mort en
1841. Ce concerto, Cottet l’a enregistré pour Sony Classical en 2013, en
compagnie du Hofer Symphoniker conduit par Luca Bizzozero, jeune chef
originaire de Lugano qui a accompli une partie de ses études musicales à
Genève et exerce actuellement l’essentiel de son activité en Europe centrale et en Russie. Sur ce même enregistrement Sony, disponible en double CD
ou par téléchargement, figure, outre une Sonate et deux Ouvertures, un autre
concerto, dû à la plume d’Andreas Romberg, cousin de Bernhard : le
Concerto pour violon No 3, interprété lui aussi par un jeune et excellent
soliste, Yury Revich, né à Moscou en 1991.
Avec le concerto de Romberg, compositeur qui a écrit pour le violoncelle, dont il était un virtuose accompli, pas moins d’une dizaine de concertos, les mélomanes lausannois peuvent s’attendre à découvrir une œuvre
plaisante et raffinée, apparentée à celles qu’écrivaient pour cet instrument
Haydn et Boccherini quelques années auparavant.
Yves Allaz
www.ocl.ch/billetterie
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portrait
Adam Laloum
Le pianiste Adam Laloum sera de retour à Vevey pour
le dernier concert de la saison 14/15 d’Arts et Lettres,
vendredi 24 avril à la Salle del Castillo, six ans après
avoir remporté haut la main dans cette ville le prix
Clara-Haskil 2009, ainsi que le prix du public. Trois
chefs-d’œuvre figurent au programme de son récital :
la Sonate K. 576 de Mozart, les 4 Impromptus op. 142 de
Schubert, ainsi que les Davidsbündlertänze (Danses des
compagnons de David) de Robert Schumann.
Adam Laloum se présente à 22 ans aux épreuves du Concours Clara
Haskil « pour se tester, pour savoir s’il peut supporter la pression ». Il y
fait grande impression, joue magnifiquement, avec toute la sensibilité et
l’intériorité attendues dans cette œuvre sublime, le Concerto en ut mineur
K. 491 de Mozart et obtient le Prix du jury et celui du public. Laloum ne
se présentera à aucun autre concours, mais s’en ira à Hambourg se mettre à l’écoute d’Evgueni Koroliov, qu’il considère comme « un poète du
clavier », lui-même Prix Haskil 1977, avant d’aborder une carrière de récitaliste et de concertiste toujours soucieuse de préserver le plus grand naturel et la plus grande spontanéité possibles dans ses interprétations. Ennemi
de toute routine, Laloum, artiste à la sensibilité à fleur de peau joue « avec
son cœur » et mérite pleinement d’être considéré à son tour par la critique
aussi bien que par le public comme un authentique poète du piano.
Le piano à fleur de peau
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Adam Laloum © Carole Bellaiche
Né à Toulouse en 1987, Adam Laloum commence l’étude du piano à
l’âge de dix ans au Conservatoire de sa ville natale, auprès de Daniel
Beau, professeur exigeant dont il dira qu’il a été le premier à le sensibiliser à la beauté du son. Il intègre à 15 ans le Conservatoire National
Supérieur de Paris dans la classe de Michel Béroff et obtient en 2006 son
diplôme de formation supérieure. A Paris, il travaille aussi avec d’autres
personnalités musicales de premier plan. Il tire également grand profit des
cours de musique de chambre de Claire Désert et des masterclasses de
Dmitri Bashkirov et de Paul Badura Skoda, avant de suivre un cycle de
perfectionnement au CNSM de Lyon, en classe de Géry Moutier.
Rencontré à l’Académie Ravel en 2007, Jean-Claude Pennetier lui fait,
dira-t-il, découvrir le sens du mot « vocation » : « Mon idée de la musique
et du rôle de l’interprète a pris alors une tout autre dimension ».
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Hôte de nombreux festivals, petits et grands, Adam Laloum se produit deux fois à Verbier, à Lucerne, à St-Ursanne, à Zermatt, à Bad
Kissingen (D), à Bilbao, au Japon, en Jordanie, à La Roque d’Anthéron, à
la Folle Journée de Nantes, et dans toute la France. En juillet dernier, il a
aussi pris part à la 1ère édition des nouvelles Rencontres musicales
d’Evian, ressuscitées à la Grange au Lac après treize années d’interruption.
Avec orchestre, il a joué le 3e Concerto de Beethoven à Verbier avec
Charles Dutoit. Il est l’invité de l’Orchestre de Paris, de celui du
Mariinsky à Saint-Pétersbourg, de celui de Shenzen en Chine, de celui
bien sûr du Capitole de Toulouse pour le 1er Concerto de Brahms sous la
conduite de Kazuki Yamada, et d’un grand nombre d’autres formations, en
France et dans le monde.
En musique de chambre, il a fondé avec la violoniste Mi-sa Yang et
le violoncelliste Victor Julien-Laferrière une formation baptisée Trio Les
Esprits, par référence sans doute au trio éponyme de Beethoven.
Adam Laloum a signé à ce jour deux beaux enregistrements pour le
label Mirare : le premier en 2011, consacré entièrement à des œuvres du
jeune (les Variations op. 21) et du vieux (l’Opus 117) Johannes Brahms,
le second en 2013 à deux œuvres majeures de Schumann, la Sonate No 1
et la Grande Humoresque, cette dernière reconnue comme une partition
d’une difficulté extrême, exigeant de son interprète non seulement une
vélocité digitale hors du commun, mais encore un sens poétique et une
intelligence supérieure du texte. Des qualités que Laloum possède de toute
évidence. Un nouveau CD vient de paraître chez Mirare, à nouveau consacré à Brahms, et comportant les deux Sonates op. 120 ainsi que le Trio op.
114, avec le clarinettiste Raphaël Sévère et le violoniste Victor JulienLaferrière.
Avec l’altiste Lise Berthaud, Laloum a aussi publié chez Aparté en
2013 un très bel album comportant les Märchenbilder op.113 de
Schumann, la Sonate Arpeggione de Schubert, ainsi que la version pour
alto et piano de la Sonate op. 120 No 2 de Brahms.
Adam Laloum, un artiste qui appartient sans conteste à la fine fleur
des pianistes de la nouvelle génération.
Yves Allaz
Billetterie : +41 (0)21.925.94.94
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entretien
Christian Chamorel
Christian Chamorel est un pianiste parmi les plus fêtés de la planète des
concerts. il sera le 24 avril à Lausanne, sa ville natale, pour un récital en
compagnie du violoniste Pierre Amoyal et de la Camerata de Lausanne.
Comment voyez-vous, d’une manière
générale, votre rôle d’interprète ?
Considérez-vous que la musicalité doit l’emporter sur la virtuosité ?
C’est à mon sens une question qui ne se pose
pas. Car on ne peut pas faire de distinction véritable entre virtuosité et musicalité. Ou plus précisément : la virtuosité fait partie
intégrante de la musicalité.
Après, il y a bien sûr des différences de difficulté technique au
sein du répertoire pianistique.
Mais vous ne pourrez jamais
exprimer pleinement votre
musicalité si vos doigts vous trahissent...
Quel serait votre répertoire de prédilection ?
En tant qu’interprète : les
romantiques allemands, comme
Schumann et Brahms. Cela dit,
je joue aussi beaucoup de répertoire français en musique de
chambre. Sinon, Mozart est le
compositeur que j’écoute le plus
souvent. Je connais mieux, paradoxalement, Don Giovanni que
certaines pièces que j’ai pu jouer
il y a quelques mois !
Christian Chamorel © DR
Pouvez-vous dire quelques mots de
présentation du concert que vous offrez à
Lausanne ?
comme l’autre, par l’idée, finalement simple,
d’avoir du plaisir !
Il s’agit de deux concertos donnés avec Pierre
Amoyal et la Camerata de Lausanne. Le
Concerto KV 414 de Mozart ne compte pas
parmi ses plus complexes, mais il possède un
charme mélodique irrésistible. Mozart voulait
se mettre les Viennois dans la poche avec cette
œuvre ! Le Double Concerto pour violon, piano
et orchestre de Mendelssohn est une œuvre de
jeunesse – composée à 14 ans ! – passionnante
de par ses influences stylistiques : Bach,
Mozart, mais aussi des contemporains comme
Weber.
Dans ce concert, vous partagez la
vedette si l’on peut dire, avec Pierre Amoyal.
Comment concevez-vous ce partage, cet
échange, avec un autre soliste ?
Êtes-vous à l’origine du choix des
œuvres de ce programme ?
Je me réjouis énormément, d’autant plus que
j’avais déjà joué avec lui il y a quelques années.
Plus le partenaire a une vision artistique forte de
ce qu’il joue, plus le dialogue est riche et s’installe facilement. Et plus le public est happé par
le processus. C’est pourquoi je pense que la
musique de chambre est plus facile que le récital soliste : vous êtes constamment nourri et
porté par la dynamique que vous créez avec
votre partenaire. Bien sûr, pour cela, il faut
savoir être réceptif et s’ouvrir complètement...
Cela s’est fait, bien entendu, en concertation
avec Pierre Amoyal. Nous étions guidés, l’un
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Parmi vos prochains
projets, quels sont ceux qui vous tiennent
particulièrement à cœur ?
Je ferai mes débuts avec l’Orchestre symphonique de Berne cet été pour le Premier Concerto
de Beethoven. Je me réjouis aussi énormément
d’une tournée au Japon cet automne, car le
public japonais est particulièrement fervent.
Pierre Amoyal ne vous dirait sûrement pas le
contraire !
Propos recueillis par Pierre-René Serna
24 avril. Camerata de Lausanne & Christian Chamorel,
piano. Programme : Mozart (Concerto pour piano et
orchestre en la majeur No 12 k 414) et Mendelssohn
(Concerto pour violon, piano et orchestre à cordes en ré
mineur). Eglise de la Croix d’Ouchy à 20h (rés.
[email protected])
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victoria hall, genève
L’Orchestre
national de Lyon
En mars 2014, à l’occasion d’un concert au Victoria
Hall, l’Orchestre national de Lyon était présenté dans
ces mêmes colonnes (n°260, p.59). Le 15 avril prochain,
dans ce même temple de la musique (mais avec le chef
Alain Altinoglu et le flûtiste Emmanuel Pahud), l’OnL
est de retour. Quel bilan depuis un an ?
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Essentiellement porté par la Ville de Lyon, l’Orchestre national de
Lyon appartient au quintolet des grands orchestres français, aux côtés des
deux formations permanentes de Radio France (Orchestre philharmonique
de Radio France et Orchestre national de France), de l’Orchestre de Paris
et de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse. Ses nombreuses invitations à l’étranger plaident pour lui : une tournée de deux semaines au
Japon mais aussi Vienne, Bratislava, Barcelone. Et… Genève, ce 15 avril,
où le chef invité Alain Altinoglu (sa carrière internationale le conduit du
Metropolitan Opera à Bayreuth) et le flûtiste Emmanuel Pahud joueront
un programme français : Dukas, Ibert, Borne et Ravel.
Les auditeurs genevois apprécieront que, depuis l’an passé, cet
orchestre a encore gagné en cohésion et en densité. Probablement, le travail que Leonard Slatkine, son directeur musical, mène depuis 2011 et une
ambitieuse politique de chefs invités se conjuguent-ils.
Côté Slatkine, mentionnons ses deux plus intéressantes réalisations :
Alain Altinoglu @ Fred Toulet
une Symphonie alpestre de Strauss qui, heureuse de musarder à travers
vallées et cimes, saluerait les récits d’Adalbert Stiftung ; et une Symphonie
n°2 de Brahms, rhapsodique et chatoyante. Enserrée dans les formes
rigoureuses, la poétique de Slatkine aime à dénouer la lourde tradition
(sorte de doxa irréfléchie) orchestrale d’outre-Rhin pour laisser les talentueux solistes et pupitres de l’orchestre s’exprimer en liberté.
Quant aux chefs invités, mentionnons quelques-uns parmi les
moments particulièrement rares qu’ils ont proposés : Alain Altinoglu,
avec une Symphonie n°6 de Beethoven, toute en fluide liberté ; Alan
Gilbert et une Symphonie n°4 de Tchaikovski au lyrisme tendu et rigoureux ; Sylvain Cambreling, avec un flamboyant et épique Taras Bulba de
Janáček et avec une Symphonie n°7 de Beethoven qui a conjugué luminosité contrapuntique et lyrisme exalté. Et parmi les solistes remarquables :
Isabelle Faust, Nicolas Znajder et Denis Matsuev. À signaler en passant :
Matsuev, ogre du piano, a renvoyé Yuja Wang à son modeste, anonyme et
insipide pianisme. Ce fut le 28 février dernier, lors de la première tournée
du fameux Orchestre de la Tonhalle de Zürich avec Lionel Bringuier. Par
ailleurs, ce concert fait déjà douter que leur association durera : sans idées
(formelles ou poétiques), le nouveau directeur musical a techniquement
pêché, imprécis rythmiquement et inapte à équilibrer les pupitres, notamment dans une Valse de Ravel, à peine en place.
Revenons à l’OnL. En 2017, il devra choisir entre poursuivre, pour
trois ans encore, avec Leonard Slatkine (né en 1944) ou ouvrir une nouvelle aventure. Pourquoi pas avec quelques-unes des baguettes qui, récemment, lui ont laissé de durables souvenirs : Osmo Vänskä, Jukka-Pekka
Saraste, Sylvain Cambreling et Alain Altinoglu. Assurément, 2017 se prépare aujourd’hui.
Frank Langlois
15 avril. Les Grands Interprètes. Orchestre National de Lyon, dir. Alain Altinoglu,
Emmanuel Pahud, flûte (Dukas, ibert, Bizet, Ravel). Victoria Hall à 20h
(loc. Service culturel Migros Genève, 022 319 61 11, Stand info Balexert, Migros NyonLa Combe)
Emmanuel Pahud
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cully jazz festival, du 10 au 18 avril
Cully Jazz en cure
de jouvence
La programmation de cette 33e édition s'annonce moins bleue et plus
jeune. Elle devrait néanmoins satisfaire ses fans, une fois encore.
Le Cully Jazz semble exploiter à fond, et
davantage cette année, sa différence d'avec son
voisin Montreux Jazz Festival. Tandis que ce
dernier puise toujours dans le carnet d'adresses
de feu Nobs des anciennes gloires pour assurer
son quota d'artistes jazz, le Cully Jazz rajeunit
d'année en année.
Le doyen de la manifestation culliéranne
s'avère être le chanteur et saxophoniste camérounais Manu Dibango (dont Michael Jackson
puis Rihanna ont plagié le très disco Soul
Makossa). Du haut de ses 82 ans, celui qui
remonter la moyenne d'âge. Le joueur de oud
tunisien présente son dernier album
Souvenance, entouré de rien moins qu'une vingtaine de musiciens, dont l'orchestre à cordes
bernois String of Birds. Le talonnant de deux
années, la chanteuse de blues Pura Fé a récemment quitté le trio amérindien Ulali pour entamer une carrière solo. Après le militant
Tuscarora Nation Blues, sa dernière perle, l'album Sacred Seed, milite pour une musique
métissée d'accents indiens, noirs et folk américains.
C'est le groupe
des puînés qui
forme ensuite la
plus grande partie
de l'affiche. Ils sont
surtout chanteurs :
Lisa Simone (fille
de Nina), Gregory
Porter (Liquid
Spirit), Big Daddy
Wilson (Ain't No
Slave)... Parmi eux
se trouvent des
artistes nationaux
pas effrayés par la
barrière des lanDaniel Humair 4tet © Emmanuelle Vial
gues : Stephan
Eicher (Campari
accompagna un temps Herbie Hancock ou Soda ou Weiss nid was es isch) et Elina Duni
Serge Gainsbourg devance largement par son (Ka Një Mot). Ou ce sont des pianistes confirâge vénérable tous les autres artistes program- més : Brad Mehldau, ici comme presque tout
més à Cully.
le temps en trio, et le toujours surprenant
Son cadet John Scofield affiche une quin- Moncef Genoud. Le saxophoniste prodigieux
zaine d'années de moins au compteur. Sa guita- Joshua Redman promet de rester dans la soul
re, s'en souvient-on, a été grattée aux côtés du et le funk, au lieu de suivre les notes de papa
grand Miles, de Chet Baker et autres George Dewey, abstraitiste free jazz à la fin de sa vie.
Duke. Dans le Lavaux, Scofield se produit en
tandem avec le chanteur et pianiste Jon Cleary
Enfin les benjamins se composent des
(Help Me Somebody). Encore plus jeune car né chanteuses trentenaires Zara MacFarlane,
en 1957, Anouar Brahem contribue aussi à Mayra Andrade, Laetitia Bourgeois (FM
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Lisa Simone © Frank Loriou
Laeti), et de la violoniste Sarah Neufeld (à
Cully en tandem avec Colin Stetson). A côté,
d'elles, Dom La Nena paraît à 25 ans presque
une gamine - mais quelle voix déjà ! Parmi ce
que certains ne manqueront pas de traiter d'excès de jeunisme, figure également ce concert
baptisé New Generation au Temple, avec
Jibcae, alias Claire Huguenin (vocaliste), Julie
Campiche (harpe), Jeremias keller (basse) et
un vieux de la vieille - ah ! quand même ! -, l'indéboulonnable pianiste Malcom Braff.
Enfin, notre coup de cœur va au concert
Sweet and Sour du quatuor transgénérationnel
du Genevois septantenaire Daniel Humair. Le
batteur de Dexter Gordon, Lee Konitz ou
Richard Galliano a l'audace de réunir le jeune
saxophone soprano fou Gaston Parisien (la
toile de tente culliéranne s'en souvient encore),
l'accordéoniste Vincent Peirani et le bassiste
Jérôme Regard pour ce qui s'annonce comme
une expérience inédite de jazz français contemporain.
Comme on l'entend, cette programmation
montre que la relève jazz est assurée, et qu'elle
se métisse de plus en plus d'influences variées et
spécifiques. Selon le Cully Jazz, la valeur musicale n'attend donc pas le nombre des années.
Frank Dayen
Cully Jazz Festival, du 10 au 18 avril, www.cullyjazz.ch
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concerts au conservatoire
De la musique
avant toute chose
A une époque pas si lointaine, les conservatoires de musique... conservaient
avant tout un état d'esprit qui semblait réservé à une minorité quelque peu
élitaire. On y pénétrait respectueusement tant l'ambiance paraissait peu
propice à l'épanouissement, surtout si l'on observait de sages apprentis
musiciens placés sous la férule d'enseignants fort sérieux. Univers
généralement très masculin, seule l'inévitable harpiste venant
rompre cette uniformité.
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Les temps ont changé, la formule de Bob
Dylan (peu enseigné dans les conservatoires
malgré tout) s'est imposée au fil des
années. On a connu les « journées portes
ouvertes », chacun y mettant du sien pour
faire bonne figure et attirer les jeunes
talents. Et désormais les conservatoires
tendent à offrir de plus en plus des journées portes ouvertes à longueur d'année,
sous l'heureux prétexte de faire connaître
la richesse et la qualité de l'enseignement
comme c'est le cas à Genève. Depuis la
formation de la Haute Ecole de Musique,
partie intégrante des HES-So (Haute
Ecole Spécialisée de Suisse Occidentale)
et sous la houlette de Philippe Dinkel, la
salle du Conservatoire de la Place Neuve
(ou de Neuve comme on voudra!)
accueille désormais de nombreuses manifestations musicales venues s'ajouter aux
concerts de musique de chambre qui y
sont organisés depuis longtemps (Temps
et Musique et Grands Interprètes notamment).
pagnie des solistes Marion Grange (soprano),
Marie-Hélène Ruscher (alto), Werner Güra
Projet
Concerts
Ainsi une partie non négligeable des
quelque cinq cents étudiants que compte
la Haute Ecole de Musique genevoise peuvent
avoir une certaine visibilité en étant intégrés à
des projets présentés soit dans cette salle du
Conservatoire, ou encore au Victoria Hall pour
des œuvres symphoniques ou encore dans d'autres lieux. C'est ainsi que le 17 avril le Cheur de
Chambre, l'Orchestre et les solistes du département vocal de la HEM de Genève investiront la
Cathédrale Saint-Pierre pour interpréter la
Passion selon Saint-Jean de J.-S. Bach en com-
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gonglée. Le Centre ARCOOP à Carouge
accueillera le 18 avril l'Ensemble à cordes de la
HEM sous la direction de Jean Jacques Balet
avec Simao Alcoforado-Barreira (violoncelle)
et Sonia Kacem (installation et performance) en
solistes pour interpréter Sieben Worte de Sofia
Gubaidulina. Musique contemporaine encore
avec la soprano Salome Kammer, le pianiste
Stefan Wirth, l'Ensemble Contrechamps et le
Centre d'Informatique et d'Electroacoustique de
la HEM placés sous la direction de Michael
Wendeberg (œuvres de Bauckholt, Schönberg et
Zender au Studio Ernest-Ansermet de 21 avril).
Début mai, place à une enseignante de fraîche
date mais de réputation bien établie, la violoncelliste Ophélie Gaillard, soliste du Concerto
pour violoncelle de Schumann lors d'un concert
qui verra l'Orchestre de la HEM dirigé par
Laurent Gay interpréter également le Prélude
du 3e acte des Maîtres chanteurs de Wagner
ainsi que la Symphonie n°4 de Brahms (au
Victoria Hall le 3 mai).
Ophélie Gaillard © DR
(ténor), Jörg Dürmüller (ténor), Marcin Habela
(baryton), Stephan MacLeod (baryton-basse)
sous la direction de Celso Antunes.
L'Institut Jaques Dalcroze célébrant cette
année son 100ème anniversaire, on pourra aller
y entendre une création chorégraphique et musicale des étudiants intitulée Crôa, les enfants de
la nuit également le 17 avril, tandis qu'un autre
programme sera proposé le week-end des 9 et
10 mai sous l'intitulé Pop, la fête remuante et
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Ces concerts qui se poursuivront jusqu'à l'été ne sont que la partie la plus visible du travail effectué à la HEM genevoise. Mais il conviendrait de mentionner
d'autres activités plus académiques, colloques, recherches, production d'archives
sonores et de vidéo, sans oublier le soutien
aux études musicologiques et bien entendu un site renouvelé et facebook, en attendant une newsletter. Médiatiser les activités, mais également promouvoir l'exposition au public des musiciens dans tous les
domaines, que ce soit symphonique,
musique de chambre, répertoire baroque
ou chant, tel est le projet que sous-tend
cette activité désormais bien visible pour
les mélomanes tant soit peu curieux.
Quant aux jeunes interprètes, ils découvrent ainsi les conditions du travail professionnel, incluant « le stress et l'adrénaline » d'une période de répétitions précédant
un concert. Avec en prime des possibilités
de voyages, en Suisse à Zurich ou Bâle, mais
également vers des destinations beaucoup plus
exotiques : Bahia au Brésil, Singapour,
Shanghai ou Tokyo pour les plus chanceux. Une
ouverture au monde bienvenue pour une institution évidemment cosmopolite.
Frank Fredenrich
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Aujourd'hui, je trouve que l'ennui est une sensation reposante et même
agréable. Elle permet de porter une attention plus intense à ce qui nous
entoure. C'est précisément la qualité du personnage de mon roman : avec
ses deux yeux, il observe son environnement de telle manière que celui-ci
devient étrange, inquiétant et décalé. Et pourtant, il ne se passe rien d'extraordinaire. Il est tout simplement plus attentif aux détails.
matthias zschokke
L'Homme qui
avait deux yeux
Sommes-nous victimes d'une survalorisation de l'expérience ?
Le 18 février, l'écrivain suisse-allemand Matthias
Zschokke était invité à La Librairie du Boulevard à
Genève, où il présentait son roman L'Homme qui avait
deux yeux, qui vient d'être traduit aux éditions Zoé.
également dramaturge et cinéaste, Matthias Zschokke a
élaboré une œuvre exigeante à l'humour délicieux, souvent
comparée à celles de Robert Walser et de Samuel Beckett.
Dans L'Homme qui avait deux yeux, l'histoire d'un
personnage qui a la particularité d'être si banal que
personne ne le reconnaît, l'auteur porte un regard
irrévérencieux et lucide sur le monde qui l'entoure.
Entretien.
Dans votre livre précédent, Courriers de Berlin, vous écriviez :
« CE QUE nous sommes, ce qui fait de nous Monsieur Tout le monde,
voilà la question ». Peut-on considérer L'Homme qui avait deux yeux
comme une tentative d'élucidation de ce mystère ?
Nous nous trouvons tous banals et nous pensons tous que la vie des autres
est plus exaltante que la nôtre. Cela rend notre propre banalité encore plus
difficile à supporter. Dans L'Homme qui avait deux yeux, je me suis intéressé à cette banalité pour voir si, observée de près, elle constituait un phénomène intéressant. Je trouve que oui : à mes yeux, le quotidien importe
beaucoup plus que l'extraordinaire, l'aventureux – tout ce que l'on qualifie
de romanesque.
Notre expérience du virtuel nous a éloigné du réel. Nous vivons de plus en
plus retranchés derrière nos ordinateurs et nos tablettes. Par conséquent,
nous nous imaginons que la « vraie vie » est impressionnante et grandiose. Or, c'est loin d'être le cas. Ce besoin de richesse voué à ne pas être
assouvi appauvrit notre expérience du quotidien.
La manière dont vous traitez la sexualité est étonnante, car
vous la ramenez à quelque chose d'ordinaire.
La sexualité est un domaine qui fait peur. On croit que c'est à travers elle
qu'on se réalise, qu'on découvre la vraie vie, l'aventure. Dans mon roman,
j'ai essayé de lui ôter cet aspect sulfureux. Pourquoi devrait-on avoir une
vie sexuelle extravagante ? Je n'en comprends pas la raison. Ce n'est
d'ailleurs pas un hasard si ce sont les hommes politiques et les managers
qui ont une sexualité excessive. Ces hommes-là n'ont pas le temps d'avoir
une vie privée, alors ils essaient de combler ce manque comme ils le peuvent.
Vous évoquez à plusieurs reprises la pauvreté du langage.
Selon vous, à quoi servent les mots ?
Je me rends compte que je ne trouve jamais le bon mot, la phrase juste. On
n'arrive jamais à écrire ce qu'on veut. C'est le grand problème de l'écriture : vous voulez dire quelque chose, mais vous ne trouvez pas les mots.
C'est le chemin menant de ce quelque chose au verbe que je trouve fascinant et magique.
L'Homme qui avait deux yeux est votre huitième
roman. Quel regard portez-vous sur votre parcours d'écrivain ?
Je n'ai jamais pensé être écrivain. J'ai toujours écrit par hasard et
je ne sais d'ailleurs toujours pas si je suis vraiment écrivain. Mon
premier roman, Max, est un livre peu élaboré. Je l'ai écrit un peu
comme ça venait, sans aucune contrainte. Aujourd'hui, je prends
l'écriture plus au sérieux. Il s'agit d'un domaine délicat, qui exige
de la prudence.
Paul Valéry considérait l'écriture comme une activité
ennuyeuse. Quelle est la nature de votre rapport à l'écriture ?
Je ne m’observe pas beaucoup, c'est difficile à dire... Parfois,
c'est dans la nullité la plus totale, quand j'ai la tête complètement
vide, qu'une phrase surgit. Ensuite, je me mets à l'observer et je
me demande pourquoi je l'ai écrite.
Matthias Zschokke © Agence Opale
Dans votre roman, la banalité devient extraordinaire, elle
frappe par son étrangeté. La vie est ennuyeuse et vide de sens, mais,
paradoxalement, c'est cela qui la rend passionnante.
Propos recueillis par Emilien Gür
L'Homme qui avait deux yeux, trad. de l'allemand par Patricia Zurcher, Zoé, 254 p.
Il est nécessaire d'accepter l'ennui, car on ne peut pas y échapper. Quand
j'étais jeune, il m'arrivait de m'ennuyer et je trouvais cela horrible.
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qui, pour autant, n’a rien à voir avec le roman Peter Shelmilh de Chamisso.
En outre, la distribution est inégale, hormis les deux beaux rôles féminins (Anne Alvaro et Éléonore Joncquez).
chronique lyonnaise
Eloge du vide
Théâtre des Célestins
Durant le mois précédent, les deux principaux spectacles
(Le prince de Hombourg et La vie de Galilée) que le TNP et
le Théâtre des Célestins ont présentés laissent une
impression mitigée. Deux paradoxaux choix
dramaturgiques (ou évitements, à chacun d’en décider)
en sont la probable cause.
Théâtre National Populaire
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Créée l’été dernier dans l’avignonnaise cour du Palais des papes, cette
nouvelle production du Prince de Hombourg, dirigée par Giorgio-Barberio
Corsetti, tourne maintenant dans des salles abritées, où elle trouve davantage ses marques. La scénographie crée les conditions de la fluidité : deux
plateaux latéraux (celui sis au côté jardin, est mobile et porte, en sa face
antérieure, trois marches et un rideau de scène) et un troisième, sis au
fond, dont le plateau peut se dresser à la verticale (lors d’un beau
moment, Hombourg le chevauche sur fond de projection équestre).
Corsetti a bien étrangement lu cette pièce exceptionnelle. Imaginant
un Hombourg que ses rêves dévertèbrent et placent “hors-sol” (telles ces
tomates qui poussent loin de tout humus), il a écarté deux consistants
essentiels, l’un est politico-historique, l’autre touche à l’autobiographie.
La représentation finie, le spectateur néophyte demeure ignorant que
cette pièce cite les guerres napoléoniennes sur le sol de la future
Allemagne. La guerre ici montrée est décorative, tandis que la tempête
libératrice issue de la Révolution de 1789 est évacuée. Quant à l’autobiographie, Corsetti omet que le rôle-titre est le modèle-même du héros
romantique, tel Napoléon dans le tableau Bonaparte au pont d’Arcole
d’Antoine-Jean Gros : le cheval fend l’espace, tandis que, torse et
regard, le cavalier se tourne vers l’arrière et scrute l’ennemi qui, le vainquant, le rendra héroïque à jamais. Sans ce substrat, reste un rôle vide,
À raison, cet établissement s’enorgueillit de convier des compagnies
non-francophones (avec des sur-titrages en français). Comment ne pas se
réjouir que le célèbre Armin Petras y soit invité pour présenter un autre roc
du répertoire : La vie de Galilée de Brecht. Ou plutôt Leben des Galilei.
Certes, le spectateur au moins quadragénaire doit (et peine à) oublier la sublime et ultime mise en scène que, en 1990, à la Comédie Française (alors à
un de ses zéniths) Antoine Vitez présenta.
Comme son confère Corsetti (serait-ce un air du temps ?), Armin Petras
néglige deux composantes essentielles de la pièce : son incandescente portée politique et la dense nature autobiographie. S’il est une pièce que la politique constitue, c’est bien celle-ci : totalitarisme papal et nazisme y jouent
un théâtre d’ombre si prégnant qu’ils y prennent chair. Or, ici, chaque phrase politique est déniée (et vidée de son sens) par des tics clownesques, absolue et signalétique mécompréhension de la distanciation brechtienne. Enfin,
comment est-il possible de ne pas voir que, pour sa première fois, Brecht
s’est intégralement identifié à son rôle-titre ?
«La Vie de Galilée» © Matthias Horn
Négligeant cet aspect, Armin Petras crée des silhouettes que le spectateur n’identifie pas et qui, errantes, deviennent interchangeables et anonymes. Sans jamais porter, le texte est recouvert par un lassant et prévisible
brouhaha dramaturgique. À sa troupe (difficile d’en évaluer la qualité),
Armin Petras a demandé un unique simulacre.
Les nombreux lycéens présents sont repartis avec l’idée que Brecht préfigure les Guignols de l’info et qu’ainsi ricaner avec un texte et ses personnages permet de se faire généreusement applaudir. Sinistre, non ?
Dans ce triomphe du divertissement (capitaliste) sur l’esprit du service
public de la culture (établi, pierre par pierre, depuis le début du XXe siècle),
Corsetti et Petras sont-ils des isolats ou constituent-ils une avant-garde ?
Frank Langlois
«Le Prince de Hombourg» © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon
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elles seront du reste qualifiées par les membres
du groupe surréaliste de Kleepathologies.
musée jenisch vevey
Fred Deux
Le musée Jenisch retrace le parcours de l'œuvre graphique de Fred Deux
à travers la donation d'un ensemble unique en Suisse de 60 dessins.
L'exposition Le For intérieur souligne toute la singularité de cet artiste,
dessinateur génial et écrivain, qui fut pour un temps proche des Surréalistes.
De quoi faire une traversée perturbante dans l'imaginaire de cet homme âgé
aujourd'hui de 91 ans.
Certains titres d'exposition montrent du
doigt la complexité d'une œuvre et nous emmènent simplement au cœur des préoccupations de
l'artiste. Sous le titre Le For intérieur, le musée
de Vevey désigne le lieu intime dans lequel se
joue l'univers étrange de Fred Deux. Délires
cauchemardesques, où se devinent des corps et des têtes informes, un monde vu de l'intérieur,
où les chairs se soulèvent et les
boyaux se déploient. Des fragments d'anatomies de l'homme et
de la femme y sont omniprésents.
Pourtant ce n'est ni l'horreur ni la
répugnance qui dominent. C'est
une œuvre habitée. Les dessins
restituent minutieusement dans le
détail des angoisses et des troubles, ceux propres à l'artiste, mais
aussi des évidences qui nous
appartiennent parfois.
Klee, ainsi que le catalogue qui a marqué ses
débuts créatifs. Ses élans intérieurs s'expriment
d'abord par des taches de couleur sur papier,
qu'il superposera à des signes aux graphismes
énigmatiques, puis progressivement de ces
taches naîtront des figures. Certaines d'entre
De ses premiers pas artistiques, Fred Deux
gardera une approche intuitive de la composition. Aucun plan, aucune esquisse préalable.
Tous ses dessins se développeront au fur et à
mesure devant lui, il se laisse guidé par sa main,
même dans les grands formats. Il travaille la
ligne, s'inspire d'un détail, rejoint des tracés,
invente des organismes étranges, et relie le
chaos de son monde souterrain. Cela donne une
œuvre introspective, hors du temps, magnifique
et fascinante. A ce titre le texte accompagnant
l'un des deux livres uniques est significatif.
Présentés dans la salle centrale ces ouvrages
mêlent les dessins à l'écriture. Dans Rituel, été
1980, on y surprend quelques mots, notamment
que « la main de l'homme rend les tremblements
du sang par la pointe du
crayon », la main de l'artiste ne
devient alors que le capteur
d'une force. Cette approche se
retrouve aussi dans son attrait
pour les arts primitifs, une passion qu'il a partagé avec sa compagne Cécile Reims, graveur
interprète reconnu, en particulier d'Hans Bellmer et Léonor
Fini.
Marqué par une enfance
miséreuse, Fred Deux s'en
inspire pour devenir écrivain.
Une enfance qu'il a magnifiquement raconté dans son récit
autobiographique La Gana,
publié à la fin des années 50
sous le pseudonyme de Jean
Douassot. Il mènera ainsi de
front l'écriture et l'art du dessin.
Dans cette œuvre toute d'introspection se devine un travail
patient et méticuleux forgé au
fil du temps, on imagine tout à
fait l'artiste solitaire, penché sur
sa table à dessin, concentré dans
sa quête d'approcher au plus
près les détails du corps et de
l'esprit.
élans intérieurs
Fred Deux n'est pas un peintre, il a œuvré uniquement par le
dessin. C'est ce que montre les
trois salles de l'exposition qui ne
constituent qu'un extrait du corpus énorme des 5000 dessins que
compte son œuvre. La découverte
de la peinture de Paul Klee, en
1948 par le biais d'un catalogue
d'exposition, le révélera à l'art. De
cette première impulsion, associée à sa rencontre avec le
Surréalisme des années 1940 et
1950, le jeune artiste osera des
recherches graphiques originales
inspirées des procédés surréalistes
privilégiant l'apparition d'images.
Quelques-unes de ces tentatives
ont été réunies dans l'exposition
avec deux lithographies de Paul
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Nadia El Beblawi
Fred Deux, «L'Ornementation dans la négation», 2008
Crayon de graphite, encre de Chine, crayon de couleur aquarellé et argenté sur papier
structuré saumon,3579 × 345 mm, Musée Jenisch Vevey – Collection de la Ville de Vevey
© Musée Jenisch Vevey. Photo Claude Bornand, Lausanne
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Musée Jenisch Vevey, Fred Deux. Le
for intérieur, jusqu'au 24 mai.
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expos itions
mamco
Des histoires sans fin
Avec ce troisième volet du cycle Des histoires sans fin, le musée d'art moderne
et contemporain de Genève poursuit une série d'expositions, entamée fin 2013,
qui s'associe en partie aux festivités organisées pour le vingtième anniversaire
de l'institution. Le parcours se développe dans le dédale des salles pour se
perdre dans les collections.
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Ce n'est pas moins de douze expositions
qui sont présentées au Mamco, une abondance
artistique qu'il n'est pas toujours facile de décoder ou de chapeauter d'un sens. Cette mosaïque
de propositions s'appuie sur la volonté de témoigner des travaux d'artistes reconnus, tout
comme de pointer des œuvres de la scène artistique actuelle. On y découvre des Brett-Bilder
de Bernhard Johannes Blume, les délires pornographiques d'Antoine Bernhart, des peintures de
François Dilasser, des toiles d'Agnes Martin,
des Charges-objets de Jean-Michel Sanejouand,
mais également des sculptures d'Emilie Ding,
des installations de Mounir Fatmi, des toiles
graphiques de Stephen Felton, un film de
Katharina Hohmann & Frank Westermeyer et
des photographies de Bruno Serralongue.
cadre du vingtième anniversaire du Mamco par
le Frac Île-de-France. L'espace du 4e étage se
voit plonger dans l'obscurité pour mieux servir
les vidéos et projections d'une quinzaine d'artistes. Les œuvres se révèlent par bribes, les indices sont fugaces, comme la constellation dans
Polka Dot de Mark Geffriaud qui se dévoile un
court instant au gré du balayage d'un faisceau
lumineux. Propos plus intimiste pour
l'Uruguayen Alejandro Cesarco et sa vidéo The
Two Stories où la désuétude des images croise le
langage. Au lieu de raconter une histoire, c'est
les pensées du narrateur, ses instants de distractions ou de nervosité, qui forment la bande son.
Les sentiments intérieurs éprouvés face au réel
s'exposent ainsi ouvertement à la lumière des
mots.
After Dark et autres objets
En se baladant dans les autres étages, on
découvre une très belle série de 11 tableaux
d'Agnès Martin. Disparue il y a une dizaine
d'années à l'âge de 92 ans, cette figure majeure
A ces présentations perdues dans les collections du musée, se pose en force la proposition After Dark conçue spécialement dans le
Agnes Martin, Untitled 74-14, 1974, coll. particuliere.
Photo : Ilmari Kalkkinen – Mamco, Geneve
de l'abstraction américaine, qui opta dans les
années 60 pour une abstraction géométrique, a
toujours associé un formalisme rigoureux à une
approche sensible du rendu. La série présentée
dans l'institution genevoise, qui comprend 10
tableaux aux formats identiques et un grand format, témoigne d'une étape charnière dans sa
pratique picturale où elle travaille uniquement
la structure de la grille. La subtilité de cette
peinture est que malgré un système de représentation répétitif, l'artiste parvient à jouer sur la
sensibilité au point que ces toiles en deviennent
des objets méditatifs.
Au détour d'un couloir apparaissent les
tableaux massifs de la Fribourgeoise Emilie
Ding qui surprennent par leur puissance. Dans
ses Until the evening of the écho, l'artiste se joue
des sensations visuelles et physiques. Pour l'exposition, elle a créé d'immenses plaques de
béton apposées contre le mur, laissées à l'état
naturel et animées en surface par des reliefs
géométriques. Les saillies orthogonales croisent
des motifs délicats peints en noir où se devine
parfois un soleil ou des volutes.
impact
Sous le titre La terre est un crocodile, en
référence à la question du droit du sol, les
photographies de Bruno Serralongue rapportent
les conditions ouvrières d'aujourd'hui. Bien
qu'inspiré par les actualités, il évite les conditionnements de l'information en se réappropriant des événements médiatisés. Que ce soit
les migrants postés à Calais, la lutte ouvrière
dans le nord de la France ou la construction du
futur aéroport de Nantes, il dégage tout catastrophisme et s'attache à ne pas photographier les
personnes à leur insu. L'artiste travaille sa prise
de vue et contrôle la profondeur de champ, il
parvient ainsi à transcrire une réelle présence
Bojan Sarcevic, «Untitled (film 4), Only after Dark», 2007, coll. Frac Ile-de-France.
Photo : Ilmari Kalkkinen – Mamco, Geneve
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expos itions
des sujets, parfois avec esthétisme comme dans
Ramassage collectif des pommes de terre aux
rosiers. L'impact des clichés tient autant à la
beauté de certaines images qu'aux revendications sociales ou conditions de vie qu'elles traduisent.
L'incontournable Mounir Fatmi est présent
avec vingt-cinq sculptures, installations et
films. Une petite monographie qui permet de
saisir comment l'artiste parvient à mettre en
abyme le sens de ses œuvres et comment il se
joue de certains thèmes comme l'aliénation, que
ce soit face à la machine ou aux carcans culturels. Blinding Light (lumière aveuglante) par
exemple superpose la reproduction d'un sujet
d'inspiration religieuse à la photographie d'une
salle de chirurgie. La surimpression noir et
blanc reprend une peinture de Fra Angelico où
deux saints greffent une jambe noire pour remplacer la jambe malade d'un homme blanc. Jeu
de symbole autour du miracle et de l'acceptation
de la différence. Plus menaçante est sa machine
à aiguiser dont la lame circulaire dentée, ajourée
de calligraphie arabe reprenant le verset sur l'unicité de Dieu, traverse un mur.
Particulièrement impressionnant The Teorist qui
forme un bas-relief en câble d'antenne, le motif
représente un personnage penché sur une roue
d'aiguisage affutant un couteau. Lecture ambiguë du titre, paradoxe du blanc sur blanc, inspirée d'une des dernières œuvres réaliste de
Malévitch, la vision prend forme uniquement à
partir du moment où on s'éloigne de l'image.
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Mounir Fatmi, «Le Paradoxe», 2013. Photo : Ilmari Kalkkinen – Mamco, Geneve
L'exposition Des histoires sans fin est
copieuse, mais à force de multiplier les propositions, elle en devient parfois difficile à digérer.
La multiplication des informations et visites
commentées sont évidemment les bienvenues,
mais pourrait laisser croire que l'art contemporain ne peut être abordé qu'avec une forme de
mode d'emploi. Une présentation plus digeste,
moins pléthorique, pourrait à ce titre aider à
simplement voir.
Dans le cadre des festivités des 20 ans du
Mamco s'ajoute des expositions organisées à la
Fondation Martin Bodmer et au Musée Rath,
ainsi l'intéressante structure itinérante conçue
par Fabrice Gygi Le Voyageur qui partira à la
rencontre du public en se déplaçant dans le canton de Genève pour terminer en juin à Annecy.
Nadia El Beblawi
Mamco, Cycle des histoires sans fin, séquence-printemps
2015, jusqu'au 10 mai 2015.
Bruno Serralongue, «Abri #4, Calais, avril 2007», Serie Calais, Mamco, 2015.
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expos itions
Lièvre se mettent à fabriquer des meubles inspirés par le Japon, qui, comme la vitrine présentée
en forme de pagode, combine avec raffinement
des éléments de style japonais et de fonctionnalité européenne. Sur les murs de la première
salle, Japonaiserie (1887) de Van Gogh ou Le
Qu’auraient été les œuvres de Monet, Bonnard ou Degas, pour ne citer qu’eux,
Père Tanguy (1887) parlent d’eux-mêmes, tansans leur engouement pour la culture et l’art japonais ? A partir de 1860 et
dis que Gauguin compose une Nature morte à
jusqu’en 1910, la société française, à commencer par les collectionneurs et les
l’estampe japonaise (1889), prêtée exceptionartistes sont pris par une véritable japomania. Dès 1854, le Japon, qui n’était
nellement par le Musée d’Art Contemporain de
en contact qu’avec la Hollande et la Chine, s’ouvre sur l’Occident. Une
Téhéran. Le Japon avait apporté de nombreux
ouverture à laquelle ont largement contribué les expositions universelles de
objets inconnus des Occidentaux, comme des
Vienne en 1873 et Paris 1878.
paravents, des éventails, des masques de théâtre
et il n’est pas rare de voir les artisDifficile pour nous, qui sautes français les intégrer dans leurs
tons si facilement dans un avion
compositions, comme le fait
pour nous rendre à l’autre bout du
Pierre-Auguste Renoir avec sa
monde, d’imaginer cette fascinaNature morte au bouquet et évention qu’a exercé un pays si exotique
tail (1871) ou Edouard Manet
et si étranger, sur les Français. C’est
avec son Panier fleuri (1880) ou
bien à cette période, définie par le
Odilon Redon avec son Vase au
terme de japonisme, que le
guerrier japonais (1905).
Kunsthaus de Zurich consacre une
Par rapport à l’esthétique de
grande et stimulante exposition
l’art européen, les artistes découréunissant plus de 350 tableaux,
vriront de nouvelles voies grâce à
bois gravés et objets d’art d’artistes
l’estampe japonaise, dans les
français et japonais.
sujets mais aussi les principes de
composition. Non seulement une
nouvelle vision du monde mais
Dialogues
A l’heure où l’étranger inquièaussi une nouvelle manière de le
te et fait peur, le directeur rappelle
représenter. Les estampes imporque le japonisme peut être compris
tées que les artistes purent voir
comme un paradigme pour l’ouverleur semblaient très modernes par
ture sur une autre culture et d’autres
des perspectives inhabituelles,
gens. Deux cultures qui dialoguent,
des vues plongeantes ou ascensans que cela ne suscite jalousie ou
dantes abruptes, une simplificaenvie. Mais le japonisme n’est pas
tion radicale et des couleurs lumiun terme générique homogène
neuses et puissantes. Les artistes
comme l’est l’impressionnisme.
eux-mêmes se mirent à collecTrois démarches artistiques diffétionner ces estampes. Un des thèrentes inspirées par le Japon strucmes favoris de l’estampe japonaiturent l’exposition, divisée en dix
se est celui des fleurs exotiques et
sections. Il y est d’abord question
en particulier des chrysanthèmes,
de la représentation d’objets et de
importés en Europe dans les
motifs dans les œuvres d’artistes
années 1860. La série des
occidentaux, puis de la transposiGrandes Fleurs (1833/1834) de
Vincent van Gogh «Japonaiserie» (d’après Keisai Eisen), 1887
tion et l’interprétation de thémaHokusai fait la part belle aux
Huile sur coton, 110,3 x 60 cm. Musée Van Gogh, Amsterdam
(Fondation Vincent van Gogh)
tiques inspirées par le Japon et de
chrysanthèmes et seront le sujet
l’intériorisation des procédés stylismême du tableau de Gustave
tiques et de techniques japonaises.
bles mais aussi des estampes, des gravures sur Caillebotte, Quatre vases avec des chrysanthèDès la première salle, « Paris dans la fiè- bois et des peintures. Celui qui voulait être alors mes (1893). D’autres comme Emile Gallé ou
vre du Japon », on rappelle au visiteur combien moderne, se devait de montrer des objets japo- René Lalique s’inspireront à leur tour directeles expositions universelles de Paris, en 1867 et nais dans son intérieur et à cet égard le tableau ment de la flore exotique : iris, glycines, azalées
1878, ont familiarisé le public avec diverses de James Jacques Joseph Tissot, Jeunes femmes ou nénuphars orneront les objets art nouveau
productions de la culture japonaise, comme des regardant des objets japonais (1869)est révéla- de ces artistes. Une place privilégiée est évilaques, des céramiques, des textiles, des meu- teur. Des artisans français comme Edouard demment offerte à Claude Monet, qui pour son
kunsthaus, zurich : degas, gauguin, monet...
influence japonaise
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expos itions
jardin de Giverny, avec son bassin de
nymphéas et le pont de bois, conçu en
1893, s’est lui aussi inspiré des gravures japonaises. Le critique Louis
Vauxelles parlait « d’un rêve extrêmement oriental ». Et à partir de 1903,
Monet se concentre sur le sujet des
nymphéas qu’il travaille en séries et
dont plusieurs versions, en provenance
des quatre coins du monde ont été
réunies.
tané, ne peut se comprendre sans la
référence à ses modèles japonais
comme Hiroshige. En coupant volontairement la tête de la servante, Degas
suivait un procédé stylistique appliqué
dans les estampes, qui consistait à couper les motifs principaux sur le bord de
l’image. Lorsqu’en 1888 Gauguin
rejoint van Gogh à Arles, l’exotisme de
cette culture leur sert aussi à formuler
leurs propres idéaux et visions utopiques. « Je souhaite, écrit Vincent Van
Gogh à son frère Théo, que tu puisses
passer un temps ici. Tu sentirais combien on y voit autrement, on voit plus
avec des yeux japonais, on sent la couleur autrement ». Cette réinterprétation
des principes de l’art japonais peut
aussi se lire dans l’œuvre de James
McNeil Whistler, qui pratique la peinture par touches. Nés après 1860, les
artistes comme Pierre Bonnard,
Maurice Denis, Paul Ranson, Edouard
Vuillard étaient plus familiers de l’art
japonais et le groupe des Nabis, présent
dans le parcours, se distingue par son
goût de la décoration et des arts appliqués. Les quatre panneaux décoratifs
Femmes au jardin (1890/1891) de
Pierre Bonnard ont été créés comme
paravent. Plusieurs témoignages photographiques ou manuscrits rappellent
aussi les voyages de Français curieux
du Japon comme le fut Emile Guimet,
qui publia à son retour ses expériences
sous le titre Promenades japonaises
(1878). Pour compléter et pimenter ce
panorama, un espace réservé à l’art
érotique japonais, organise un face-àface entre des shunga (appelés images
de printemps) hautement érotiques et
une série de gravures de Picasso (1968)
intitulée Raphaël et la Fornarina,
inspirées directement de plusieurs des
gravures érotiques japonaises qu’il
avait acquis. En 2014, de nombreux
événements célébraient les 150 ans de
relations bilatérales entre la Suisse et le
Japon. Cette exposition à facettes multiples et originales peut servir de piqûre de rappel à ceux qui l’auraient
oublié !
Répercussions
Car les représentations sérielles de
motifs, du Mont Fuji, des ponts, des
cascades ou de la mer sont au cœur de
l’œuvre de Katsushika Hokusai ou
Utagawa Hiroshige et séduiront les
artistes français. La série des 36 Vues
du Mont Fuji (1831) d’Hokusai trouve
son correspondant avec les 36 Vues de
la Tour Eiffel (1902) d’Henri Rivière,
qui possédait par ailleurs une des plus
importantes collections d’estampes
japonaises. Quant au motif de la mer
agitée et des vagues, telles que les
représentent Hiroshige et Hokusai,
opposant le premier et l’arrière-plan par
aplats étagés, il a inspiré Gustave
Courbet qui a peint plusieurs variations
sur ce thème de la vague. De manière
générale, l’esthétique de l’estampe
japonaise polychrome aura de larges
répercussions sur l’art graphique français. Après avoir visité en 1890 l’exposition, riche d’environ sept cents estampes japonaises, à l’Ecole des BeauxArts de Paris, Mary Cassatt crée une
série de dix gravures colorées dans le
style de Kitagawa Utamaro, simplifiant
les formes en grands aplats compacts et
contours appuyés. La génération suivante de Toulouse-Lautrec ou Valloton
reprendra à son tour les techniques de
gravure japonaise. Les Katagami, par
exemple, sorte de pochoirs créant des
ornements très stylisés et expressifs,
ont influencé l’œuvre gravée de
Valloton. Le motif du bain ou de la
femme à la toilette, que reprendra à
profusion Edgar Degas –trois versions
du Petit déjeuner après le bain
(vers1895/1898) sont présentées - rappelle l’iconographie de Kitagawa
Utamaro. L’œuvre de Degas, si moderne par cette volonté de rendre l’instan-
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Claude Monet «Massif de chrysanthèmes», 1897
Huile sur toile, 130,8 x 88,9 cm. Collection particulière
Régine Kopp
Utagawa Hiroshige
«Dans le sanctuaire Kameido Tenjin (Kameido Tenjin keidai)», 1856
Planche 65 de la série des Cent vues d’Edo (Meisho Edo hyakkei)
Gravure sur bois polychrome, 34,2 x 22,5 cm. Bibliothèque nationale de
France, planche ayant fait partie de la collection Henri Rivière
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Jusqu’au 10 mai 2015, www.kunsthaus.ch
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expos itions
fondation de l’hermitage, lausanne
De Raphaël à
Gauguin
L’art du dessin n’est généralement que trop peu mis à l’honneur en Suisse
en comparaison des nombreuses affiches de tableaux souvent pré- et
post-impressionnistes qui trustent les programmations des institutions
helvétiques. Pour la Fondation de l’Hermitage, l’occasion de se démarquer
est donc trop belle pour être manquée, et quelle plus belle collection que
celle du mécène et ancien banquier Jean Bonna aurait-elle pu trouver
pour tirer son épingle du jeu ?
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Cet ensemble rare et d’une qualité éblouissante constitue en effet l’une des plus prestigieuses et pointues au monde, assemblée en à
peine trois décennies, et réussit le pari d’allier
pour le ravissement du spectateur à la fois une
promenade à travers plus de cent cinquante
œuvres dans l’histoire de l’art, du primitivisme
flamand à Käthe Köllwitz, et la découverte du
monde artistique personnel d’un seul individu,
soit l’histoire d’une réunion prolixe, celle de
l’infiniment grand et l’infiniment petit.
ture du temps de Giorgio Vasari mais devenant
rapidement art à part entière. Aucune agitation,
aucun dessin qui choque, qui dérange, qui
agresse, tout n’est presque « qu’ordre et beauté,
luxe, calme et volupté » pour paraphraser
Baudelaire : le paradis artistique du collectionneur répond clairement à son inclination à une
sérénité visuelle désirée et revendiquée.
Cette dernière n’excluant en rien la diversité même lorsque l’on est un pur amoureux du
papier, l’ensemble des œuvres présentées explore toute la palette des médiums et techniques
possibles : mine de plomb, encre et lavis, gouache, pastel, sanguine, déclinés en autant de
chefs-d’œuvre. On ne se lasse pas d’admirer les
sensuelles sanguines des maîtres de la
Renaissance italienne, telle l’Etude d’un piquier
et deux cavaliers pour La Conversion de Saint
Sérénité visuelle
Amateurs d’esquisses, de premiers jets, de
frémissements et premières sources d’inspiration, passez votre chemin, car la splendide collection de dessins anciens de Jean Bonna, qui a
déjà eu l’honneur de plusieurs prestigieuses
cimaises comme le Metropolitan Museum de
New York ou la National Gallery d’Edimbourg
en 2009, répond à une esthétique bien définie,
celle des dessins finis, détaillés, léchés pour certains, foisonnants pour d’autres, pour atteindre
parfois le statut de véritables peintures sur
papier. Si le collectionneur avoue avoir acquis
ses trésors en fonctionnant toujours au coup de
cœur, marque des authentiques passionnés, la
remarquable cohérence de l’ensemble ne
manque pas d’étonner et d’impressionner, tant
celui-ci semble construit autour de critères bien
précis. Les goûts personnels de Jean Bonna
l’ont d’abord porté vers une certaine idée de la
Grâce, vers des compositions équilibrées, souvent apaisées et reposantes, donc vers des créations majoritairement indépendantes, illustrant
aussi l’affranchissement progressif du dessin,
encore considéré comme subordonné à la pein-
a
François Boucher «Buste d'une jeune fille en chemise vue de dos, les cheveux attachés», vers 1740
trois crayons sur papier chamois, 288 x 237 mm, collection Jean Bonna
© photo Patrick Goetelen, Genève
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expos itions
Hans Hoffmann, «Un marcassin», 1578
aquarelle et gouache sur traces de pierre noire, sur
vélin préparé en blanc crème, 297 x 451 cm
collection Bonna © photo Patrick goetelen, Genève
ses mains... un livre : le papier, encore et toujours, autre témoignage de l’immense amour
que lui voue Jean Bonna et qui l’a aussi conduit,
sans surprise, à bâtir une fabuleuse collection
d’ouvrages anciens.
Sarah Clar-Boson
De Raphaël à Gauguin, trésors de la collection Jean
Bonna, Fondation de l’Hermitage, Lausanne, jusqu’au
25 mai 2015
Paul, la célèbre tenture du Vatican de Raphaël,
sans aucun doute le plus prestigieux dessin de
toute l’affiche lausannoise avec l’Etude pour La
Vierge au long cou du Parmesan, icône absolue
du Maniérisme, ou le Marcassin de Hans
Hoffman, digne héritier du Lièvre frémissant
d’Albrecht Dürer, dont la virtuosité technique
dans le rendu du pelage soyeux du petit animal
n’a d’égale que la tendresse spontanée suscitée
par le sujet.
69
Remarquable cohérence
La promenade ne se limite guère aux différentes techniques, et l’exposition lausannoise a
préféré regrouper l’accrochage par écoles et
époques, et si l’approche chronologique peut
paraître comme une solution de facilité, elle se
justifie dans le cas de la forte cohérence de la
collection de Jean Bonna. Ainsi, c’est à une
authentique promenade dans l’histoire de l’art
que celle-ci invite, avec une prédilection pour
les œuvres de la Renaissance (Jean Bonna ayant
confessé que son plus grand choc artistique fut
la découverte de la Chapelle Sixtine), et un penchant assumé pour les Italiens, d’Andrea del
Sarto au Parmesan et jusqu’à Tiepolo et Guardi,
le seul regret actuel du collectionneur étant « de
ne pas encore posséder de Rubens, de Van
Dyck, de Léonard de Vinci ni de MichelAnge », excusez du peu...
Enfin, en clin d’œil malicieux au collectionneur, l’exposition s’ouvre sur un rare dessin
de deux anges, provenant de l’entourage de
Dirk Bouts, une authentique rareté lorsque l’on
sait que les Primitifs Flamands dessinaient souvent directement sur le support de leurs compositions à l’huile. L’un des deux anges tient dans
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Jacques Le Moyne de Morgues
«Feuille d’études : deux coquelicots, nielle des blés et bleuet», 1555-1560
aquarelle et gouache sur quelques traits à la pierre noire, 215 x 159 m
collection Jean Bonna © photo Patrick Goetelen, Genève
a
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é
expos itions
Washington où le travail du pinceau y est extrêmement expressif. Lorsqu’il se représente en
1661 sous les traits de l’apôtre Paul, ce n’est pas
non plus innocent, quand on sait combien l’apôtre fut non conformiste et immensément humble.
L’Autoportrait à 63 ans, peint l’année de sa mort
en 1669, fait apparaître un homme frêle, à la peau
pâteuse, les mains mollement croisées et le cheveu fragile mais l’exécution de la peinture reste
Après Londres, où cette exposition, organisée en collaboration avec la National
vigoureuse et sensible.
Gallery, a fait le bonheur de tous les amateurs de l’âge d’or hollandais et de
Tout au long de sa vie, Rembrandt explore le
son artiste le plus célèbre, Rembrandt, c’est au tour d’Amsterdam, d’accueillir
monde visible avec toutes ses singularités, rejecette rétrospective centrée sur cette période la plus audacieuse et la plus
tant les codes de la beauté et du laid. Seule comppersonnelle de la créativité de l’artiste.
te l’observation empirique, c’est-à-dire peindre
d’après nature, paysages, têtes, animaux, végétaux. Tel est son credo, illustré dans l’exposition
Un exploit que ce panorama complet de premier hérétique de la peinture ». En somme, sous le titre L’observation de la vie. Pour ses desl’œuvre tardif, de 1652 environ à 1669, année de un artiste libre et que cette exposition célèbre sins montrant par exemple une jeune femme attasa mort, qui réunit 40 peintures, 20 dessins, 30 dans chacune des neuf sections proposées.
chée à la potence, l’artiste va sur place, réalise
gravures. Le volet hollandais montrant toutefois
Cette liberté se lit d’emblée dans les trois esquisses, dessine le corps supplicié, crodes tableaux en exclusivité comme Portrait de quelques autoportraits tardifs de la première quant le corps affaissé sur la potence, sans se
famille, Portrait de Jan Six, Jacob et l’Ange, salle. Bien que s’inspirant de la longue tradition laisser émouvoir et dessine l’atroce comme le
même si, comme le regrette Gregor Weber, direc- de l’autoportrait d’artiste propre à l’Europe du beau. Il fait de même avec les paysages, chemiteur du département des Beaux-Arts, il manque Nord - pas moins de quatre-vingts à son actif - il ne le carnet à la main pour représenter des arbres,
l’Autoportrait de 1658 conservé à la Frick ne s’y conforme cependant que rarement et n’hé- des fermes, des polders, des églises qu’il réalise
Collection.
site pas à se peindre avec des traits épais et des in situ. Des dessins qu’il réutilisera dans ses graboucles hirsutes, comme le montre celui de 1659 vures qui étaient aussi des produits commeren provenance de la National Gallery de ciaux, contrairement aux dessins. Et que penser
Un artiste libre
C’est à partir de chacune
de la Femme assise au torse nu
des spécificités qui compose le
près d’un poêle (1661/1662),
spectaculaire talent de son œuvre
dessinée à la plume, au pintardif que s’est construit le parceau, à l’encre brune et rehauscours : une exaltation sans
sé de gouache blanche, une
concession de l’humble ou du
femme nue qui n’a rien d’une
laid, une recherche de l’éventail
beauté mythique, Manet ne la
le plus large possible de sources
renierait pas, tant elle est
visuelles, une approche expériexpressive et d’après nature.
mentale de la technique expresMême démarche pour la
sive, un talent pour le rendu de la
Femme au bain, un chapeau à
lumière, son obstination à saisir
ses côtés (1658), on sent comles états émotionnels les plus
bien Rembrandt se plaît à imiprofonds de l’humanité. Dans
ter la vie sans aucune sorte de
cette dernière période et en dépit
sélection et surtout pas d’idéade sa tragédie personnelle, sa
lisation. Quant à La leçon d’adébâcle financière, le spectre de
natomie du docteur Joan
la vieillesse, la renommée de
Deyman (1656), dont une gral’artiste est croissante mais survure italienne représentant le
tout l’artiste ne fait aucun comChrist mort lui aurait servi de
promis, pour être au goût du
modèle, âmes sensibles s’abjour, poursuit ses innovations
stenir. La présentation du ventechniques radicales et ne dévie
tre ouvert et du crâne trépané
pas de sa représentation naturadu cadavre, dont les pieds sales
liste du monde. Un artiste faisant
font face au spectateur, relève
fi des règles de l’art et refusant
d’un naturalisme sans concesde suivre l’exemple de ses présion.
Rembrandt, «Autoportrait avec deux cercles», vers 1665-1669.
The Iveagh Bequest, Kenwood House, London
décesseurs, faisant de lui « le
rijksmuseum, amsterdam
Rembrandt, les
années de plénitude
70
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Un défi aux normes
La grande salle des portraits s’attache
avant tout à montrer comment il défie les
normes artistiques, apportant ses règles
pour une approche personnelle et inventive. Si Rembrandt a peint beaucoup de portraits, sollicité par sa renommée d’artiste
talentueux, à partir de 1630, il n’en accepte que rarement. Réservé jusqu’à la fin du
16° siècle à l’aristocratie, le portrait
devient dans cette Amsterdam très prospère, le passage obligé pour asseoir le statut
social des fonctionnaires et des riches
marchands avec leurs épouses. En témoignent le Portrait de Jacob Trip (1661) et le
Portrait de Margaretha de Geer (1661).
Lui, évoqué dans sa fragilité physique,
elle, dans son autorité. Le Portrait de
Catrina Hooghsaet (1657) nous montre là
aussi une femme indépendante, préférant
la compagnie de son perroquet à celle de
son second mari, dont elle vit séparée. Dans le
Portrait d’une jeune femme avec un petit chien
(1662/1665), composition simple et voluptueuse,
Rembrandt se sert des attributs caractéristiques
des femmes stylées de l’époque, comme la soie
ou la fourrure mais rompt avec le style lisse et
fluide, privilégiant des traits libres et ondoyants
pour évoquer la robe et des touches plus fines
pour rendre le détail du bijou. Dans Les Syndics
(1662), il élimine les détails de composition
superflus et cherche par sa technique à maîtriser
la lumière pour mieux attirer le regard du spectateur.
Son talent à rendre les effets de lumière était
largement reconnu au 17° siècle et il savait
mieux que personne user du clair-obscur. Raison
suffisante d’y consacrer une section particulièrement bien étayée. Sa fascination de la lumière ne
concernait pas seulement ses tableaux mais aussi
ses eaux-fortes et gravures, pour lesquelles il utilisait différents sortes de papiers et d’encres.
Pour structurer les compositions de ses eaux-fortes, il use de contrastes marqués et d’effets inhabituels comme dans L’Adoration des bergers,
eau forte, burin et pointe sèche (1657). Dans Le
serment de Claudius Civilis ou la conspiration
des Bataves (1661/1662), c’est par l’application
empâtée de la couleur qu’il obtient l’effet de la
lumière.
Une place centrale et essentielle a été réservée dans le parcours aux expérimentations techniques, si différentes de celles de ses contemporains celles qui font que Rembrandt continue de
nous fasciner. Que ce soit l’utilisation de la pointe sèche pour obtenir ses effets chromatiques, une
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Rembrandt «Portrait de famille», vers 1665. Herzog Anton Ullrich Museum, Braunschweig
technique extrêmement novatrice, qui gagne en
importance dans les gravures tardives : Les trois
croix (1653) sont à cet égard un chef-d’œuvre de
son art graphique, parvenant en même temps à
créer de fabuleux contrastes lumière-obscurité.
Dans ses peintures, comme dans Lucretia (1666),
il se sert souvent de couteaux pour appliquer d’épaisses couches de couleurs sans les noyer.
Rembrandt choisit aussi des points de vue
novateurs et assigne un rôle spécifique au spectateur, en fixant un moment d’intimité auquel il
associe celui qui regarde. Son Portrait de famille
(1665), le seul qu’il a peint est un tableau de
genre dépassant les autres par la chaleur de l’interaction entre les personnages, qui sourient entre
eux et se touchent affectueusement. L’étreinte
très émouvante dans La Fiancée juive (1665) des
deux protagonistes et le regard amoureux qu’ils
s’échangent a fait dire à Vincent Van Gogh
qu’il « aurait volontiers passé quinze jours assis
devant le tableau, avec pour seule nourriture un
quignon de pain ». On retrouve cette puissante
intimité dans Une femme se baignant dans une
rivière (1654) et la fascination du corps de la
femme se devine aisément. Du même potentiel
émotionnel sont les gravures de cette période tardive mais aussi les dessins : Femme endormie
(1654) s’inscrit dans cette observation d’un
moment d’intimité, si délicatement représenté.
De l’intimité à la contemplation, la frontière est
mince et la section évoque des philosophes
(Homère), des apôtres (Simon, Barthélémy), non
plus peints en pied sur des panneaux mais à micorps sur des toiles plus grande, pour augmenter
les possibilités expressives du visage. Rembrandt
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sent-il la mort venir ? Toujours est-il que les personnages sont en proie à une profonde introspection. Il se concentre sur le conflit intérieur auxquels sont confrontés ses personnages, délaissant
l’expression extérieure des passions au profit de
l’émotion intérieure. Bethsabée au bain tenant la
lettre de David (1654) est une composition
introspective et la pose méditative de Bethsabée
dissimule un conflit intérieur précis, auquel participe le spectateur : doit-elle obéir à l’ordre du
roi ou rester fidèle à son époux ? Dans le cas de
Lucretia (1664), le conflit intérieur entre chasteté et luxure est le moment de doute peint par
Rembrandt, juste avant de commettre l’irréparable tandis que dans Jacob et l’Ange (1659), le
peintre saisit la lutte entre crainte et espoir.
Chacun de ces tableaux prouve l’immense talent
de Rembrandt de raconter des histoires et de permettre à celui qui regarde de les terminer. Au
conflit succède la réconciliation et cette dernière
section, empreinte de paix et de sérénité, clôt le
parcours. Jacob bénissant les fils de Joseph
(1656) est une scène marquée par la sérénité et la
réconciliation comme l’est Le retour du fils prodigue (1669) le plus grand tableau produit à la fin
de sa vie. La réconciliation poussée à son plus
haut degré de perfection. Cette aspiration à la
paix de l’esprit a dicté à l’artiste son choix de
sujets et de compositions picturales vers la fin de
sa vie créative. Un idéal qui n’a rien perdu de
son actualité !
Régine Kopp
Jusqu’au 17 mai 2015
Ouvert tous les jours de 9 à 17heures
www.rijksmuseum.nl/fr/rembrandt
é
71
expos itions
en
FRANCE Giverny
Annemasse
Levis Carroll. Jusqu’au 6 avril
Villa du Parc : Le monde entier
jusqu'à aujourd'hui. Jusqu’au 30
mai.
l
franc e
Rétrospective Tania Mouraud.
Jusqu’au 5 octobre
l Musée des impressionnismes :
Degas, un peintre impressionniste?
Jusqu’au 19 juillet.
Meudon
Musée Rodin : Robert Doisneau
l
(1912-1994). Sculpteurs et sculptures. Jusqu’au 19 novembre
Lens
Bourg-en-Bresse
Le Louvre : Un parcours inédit à Nice
Monastère royal de Brou : En noir
Musée national Marc Chagall :
l
l
et en couleurs. Jusqu‘au 26 avril
travers l'histoire du temps. Jusqu’à
fin 2017
l
Marc Chagall, œuvres tissées.
Jusqu’au 22 juin
Camjac
Lille
Château du Bosc : ToulouseLaM : Aloïse Corbaz en constel- Rouen
Lautrec. Jusqu’au 30 avril
Musée dest beaux-arts : Trésors
l
l
lation. Jusqu’au 10 mai
Cannes
Lyon
Centre d’art La Malmaison : Jean
Musée des confluences : Les
l
Fautrier - La figuration libérée.
Jusqu’au 26 avril.
Cassel
Musée de Flandre : La Flandre
l
et la mer - de Pieter l’Ancien à Jan
Brueghel de Velours. Du 4 avril au
12 juillet
72
Enghien
Centre des Arts : Rouge, vert,
l
bleu, blanc - Rencontre entre
l’espace, la lumière et le mouvement. Du 10 avril au 28 juin
Evian
Palais Lumière : Les Contes de
l
fées - Perrault, Grimm, Andersen,
l
résors d’Emile Guimet & Dans la
chambre des merveilles. Jusqu’au
26 juillet A la Conquête du pôle
Sud. Jusqu’au 28 juin.
l
de Sienne. Aux origines de la
Renaissance. Jusqu’au 17 août.
St-Tropez
L’Annonciade : Les 60 ans du
l
musée. Hommage aux donateurs.
Jusqu’au 1er juin.
Strasbourg
Marseille
Musée d'Art Moderne et
MuCEM : Raymond Depardon l
l
300 ans du Hochberg. Jusqu’au 1er
novembre
AiLLEURS
Amsterdam
Rijksmuseum : Rembrandt - les
l
années de plénitude. Jusqu’au 17
mai.
Aoste
Centre
Saint-Bénin :
Alessandro Mendini - de Proust à
Cattelan. Jusqu’au 26 avril.
l
Bilbao
Musée Guggenheim : Niki de
l
Saint Phalle. Jusqu’au 11 juin.
Bruxelles
Bozar : F
. Portraits de
l
ACES THEN
la Renaissance aux Pays-Bas &
FACES NOW. Portraits photographiques europeens depuis 1990.
Jusqu’au 17 mai. L’Empire du
Sultan. Le monde ottoman dans
l’art de la Renaissance. Jusqu’au 31
mai.
l Hangar H18, Ixelles : Wabi Sabi
Shima - de l’esthétique de la perfection et du chaos dans l’archipel
nippon. Du 24 avril au 24 mai.
Un moment si doux. Jusqu‘au 9 mars.
History Zero. Stefanos Tsivopoulos.
Jusqu’au 13 avril.
Contemporain : Jusepe de Ribera à
Rome, le premier Apostolado.
Jusqu’au 31 mai.
l
l
Metz
Centre Pompidou-Metz
Dresde
Wingen
Staatliche Kunstsammlungen :
Musée Lalique : 1715 - 2015 : les
Toulon
Martigues
Hôtel des Arts : Pedro Cabrita
Musée Ziem : Vlaminck, Lalique,
Picasso... dix années de donations
et d’acquisitions. Jusqu’au 4 mai
l
:
Reis « Les lieux fragmentés ».
Jusqu’au 19 avril
l
l
Dahl et Friedrich. Paysages roman-
Musée de Flandre, Cassel
La Flandre et la mer
de Pieter l’Ancien à Jan Brueghel de Velours
Plongez dans l’univers envoûtant des marines flamandes et hollandaises des XVIe et XVIIe siècles, embarquez dans l’une des fameuses caraques peintes par Pieter
Bruegel l’Ancien, affrontez le déchaînement des flots et des
batailles navales, puis succombez à la poésie des paysages
portuaires et des larges horizons...
Au travers d’une sélection exceptionnelle de peintures
et de gravures des XVIe et XVIIe siècles, cette exposition
portera un regard neuf sur la représentation de la mer dans
l’art flamand.
Jan Brueghel l'Ancien (Bruxelles,1568-Anvers,1625) «Scène portuaire avec le départ de
saint Paul pour Césarée», 1596
Huile sur cuivre Raleigh, North Carolina Museum of Art © North Carolina Museum of Art
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g
e
Si les marines sont une spécialité de la peinture hollandaise, ce sont les artistes flamands qui en sont les véritables inventeurs. Le développement économique et maritime de la Flandre aux XVIe et XVIIe siècles ainsi que les
batailles navales ont largement contribué au succès de ce
thème.
Au-delà d’une vision historique et sociale, les peintres
se laissent porter par le pouvoir imaginatif et fascinant de
la mer. Un monde peuplé de monstres et de divinités.
. Du 4 avril au 12 juillet 2015
n
d
a
expos itions
en
europe
Palais Sarcinelli, Conegliano (Trévise)
Carpaccio
Vittore Carpaccio, «Triptyque de Santa Fosca», reconstitué pour la première fois depuis 50 ans
«Le martyre de Saint Pierre», Musée Correr, Venise / «San Sebastiano». Strossmayerova
Galerija Starih Majstora, Zagabria / «San Rocco». Accademia Carrara, Bergamo
tiques. Jusqu’au 3 mai. L’héritage
de Jérôme Bosch. Jusqu’au 15 juin
Ferrare
Palazzo dei Diamanti : La rose de
l
feu. Barcelone de Piccaso et Gaudi.
Du 19 avril au 19 juillet.
Florence
Galleria degli Uffizi : Gherardo
l
delle Notti, peintures étranges et
scènes joyeuses. Jusqu’au 25 mai.
Forli
Musée San
Domenico :
Boldini. Le spectacle de la modernité. Jusqu’au 14 juin.
l
Francfort
Schirn Kunsthalle :
l
Les
Affichistes. Jusqu’au 25 mai.
l Städelmuseum : Jean Jacques de
Boissieu. Jusqu‘au 10 mai. Monet et
la naissance de l’Impressionnisme.
Jusqu’au 21 juin.
La
Haye
Mauritshuis : Une maison de caml
pagne à New York : chefs-d’œuvre
de la Frick Coll. Jusqu’au 10 mai.
Londres
British Museum : Définir la beau-
té - le corps dans l’art de la Grèce
antique. Jusqu’au 5 juillet. Histoire
des Indigères australiens. Du 23
avril au 2 août
l Courtauld Gallery : Goya - l’album des sorcières et des femmes
âgées. Jusqu’au 25 mai.
l National Gallery : Peder Balke.
Jusqu’au 12 avril. Inventing
Impressionism. Jusqu’au 31 mai
l National Portrait Gallery :
Sargent - Portraits d’artistes et d’amis. Jusqu’au 25 mai.
l Royal Academy of Arts :
Rubens et son legs. De Van Dyck à
Cézanne. Jusqu’au 10 avril.
l Tate Modern : Louise
Bourgeois. œuvres sur papier.
Jusqu’au 12 avril.
l Wallace Collection : Joshua
Reynolds, expériences en peinture.
Jusqu’au 7 juin.
Madrid
Musée du Prado : Les cartons de
l
tapisserie de Goya dans le contexte de
la peinture de cours. Jusqu‘au 25 mai
l Musée Thyssen-Bornemisza :
Raoul Dufy. Jusqu’au 17 mai. Paul
Delvaux, une promenade avec l’amour et la mort. Jusqu’au 7 juin.
l
a
g
e
n
Après la grande exposition organisée au Palais du Doge de
Venise en 1963, c’est au tour du Palais Sarcinelli de présenter une
étonnante exposition consacrée aux œuvres tardives de Carpaccio et
à la “découverte“ de son fils Benedetto.
Une importante crise culturelle et politique a pris place entre la
fin du XVe et le premier quart du XVIe siècle : guerres, modifications
des alliances internationales, recherche artistique, hérésie et inquisition. Carpaccio a été aux prises avec cette atmosphère, et a été profondément influencé par elle comme en témoignent plusieurs mises à
jour dans sa peinture.
Mais une nouvelle période se profilait aussi, encore plus dramatique et agitée, plus temporelle et impartiale, qui vit l’apparition sur
la scène de l’art de jeunes artistes comme Giorgione, Titian, Lotto,
Pordenone et Sebastiano del Piombo.
L’exposition suit Carpaccio dans ses pérégrinations entre les
frontières du nord de la république et l’Istrie, en quête d’un code
artistique surprenant. De cette période datent des œuvres excellentes
et originales, tels que La Rencontre d’Anne et Joachim, pour l’église
de Saint-François à Trévise, ou le Triptyque de Saint Fosca, parmi
nombre d’autres œuvres.
L’atelier du maître a ensuite produit des œuvres inspirées par les
peintures de Carpaccio, ou véritables reformulations de celles-ci,
jusqu’à ce que son fils Benedetto, un peintre d'intonations naïves,
adepte des couleurs brillantes, n’induise un changement graduel dans
le style de son père. Il constituera une plaisante surprise dans cette
exposition.
. Jusqu’au 28 juin 2015
Rovigo
Milan
Palazzo Roverella : Le démon de
Palazzo Reale : Art lombard des
l
l
Visconti aux Sforza. Jusqu’au 28
juin. LéONARD DE VINCI 1452-1519.
Du 15 avril au 19 juillet.
Munich
Städtische Galerie
la modernité - Peintres visionnaires. Jusqu’au 14 juin.
Stuttgart
Staatsgalerie :
Oskar
Schlemmer. Visions d’un nouveau
monde. Jusqu’au 6 avril.
l
im
Lenbachhaus : August Macke et
Franz Marc, une amitié artistique.
Jusqu’au 26 avril
l
Padoue
Palais du Mont de Piété : C’est la
Venise
Peggy Guggenheim Collection:
l
guerre ! 100 ans de conflits au feu de
la photographie. Jusqu’au 31 mai.
“Alchemy“ par Jackson Pollock.
Jusqu’au 6 avril. Charles Pollock une rétrospective. Jusqu’au 14 septembre
l
l
l
Vienne
Rome
Albertina (Albertinapl.) Degas,
Complesso Monumentale del
Vittoriano : Le prince des songes.
Joseph dans les tapisseries médicis
de Pontormo et Bronzino. Jusqu’au
12 avril.
l Galleria nazionale d’arte moderna : Artistes du XIXe siècle.
Thèmes
et
redécouvertes.
Jusqu’au 14 juin.
l Musée Capitolin : L’âge de
l’angoisse. De Commode à
Dioclétien. Jusqu’au 4 octobre.
l Scuderie del Quirinale : Matisse
arabesque. Jusqu’au 21 juin
d
a
Cézanne, Seurat. Jusqu’au 3 mai.
Sturtevant - Drawing Double
Reversal. Jusqu’au 10 mai. La
beauté de la nature - Aquarelles du
XIXe siècle. Jusqu’au 31 mai.
Vincenza
Basilica
Palladiana
l
:
Toutankhamon, Caravage & Van
Gogh - Le soir et les nocturnes, des
Egyptiens au XXe s. Jusqu’au 2 juin.
73
expos itions
Genève
Art Bärtschi & Cie : Rafael Lozanol
74
Hemmer. Jusqu’au 23 mai.
l Art en île - Halle Nord (pl. de l’île
1) Jonas Hermenjat, Anne Le
Troter, Nicolas Momein, Julie
Schmid, Emilie Tappolet, Mathias
Zieba. Jusqu’au 18 avrl
l Art & Public (Bains 37) Zhang
Wei. Jusqu’au 8 mai.
l Bibliothèque d’art et d’archéologie (Promenade du Pin) Les livres de
jeux. Quand les artistes entrent
dans la partie. Jusqu’au 30 mai.
l Blondeau & Cie (Muse 5) David
Maljkovic. Jusqu’au 9 mai.
l Cabinet d’arts graphiques :
“Pardonnez-leur“. Jusqu’au 14 juin.
l Centre d'art Contemporain (VieuxGrenadiers 10) Ernie Gehr - Bon
Voyage // Raphael Hefti - Solo show.
Jusqu’au 26 avril
l Centre de la Photographie (Bains
28) Interfoto, expo collective. Du 9
avril au 31 mai.
l Espace JB (Noirettes 32) Martin
Parr. Jusqu’au 1er mai.
l Espace Muraille (5, pl. Casemates)
Monique Frydman. Jusqu’au 2 mai
l Ferme de la Chapelle, GrandLancy (39, rte de la Chapelle) Pascale
Favre, Laetitia Salamin, François
Schaer / Reliefs. Jusqu’au 12 avril.
Barbara Cardinale, Lucie Kohler,
Oablo osorio / D’ânes à zèbre. Du
en
17 avril au 31 mai.
l Fondation Bodmer (Cologny)
Sade, un athée en amour. Jusqu’au
12 avril
l Galerie Bernard Ceysson (7,
Vieux-Billard) Nicolas Momein.
Jusqu’au 23 mai.
l Galerie Patrick Cramer (VieuxBillard 2) Fifo Stricker. Jusqu’au 26
mai.
l Galerie Anton Meier (Athénée 2)
Sélection - Dieter Roth, Markus
Raetz, Hans Schärer, Philippe
Schibig. Jusqu’au 24 avril.
l Galerie Mezzanin (63, Maraîchers)
Maureen Kaegi, Christina Zurfluh.
Jusqu’au 23 mai.
l Galerie Mitterand + Cramer (Bains
52) These basic forms of beauty.
Jusqu’au 16 mai.
l Galerie Skopia (Vieux-Grenadiers
9) Jean-Luc Manz. Jusqu’au 16 mai.
l Galerie Turetsky (25, Grand-Rue)
Jean-Louis Perrot. Jusqu’au 23 avril.
l Mamco (Vieux-Granadiers 10)
Cycle Des histoires sans fin, printemps 2015 - avec Antoine
Bernhart, François Dilasser, émilie
Ding, .... & La Collection du Frac
Île-de-France. Jusqu’au 10 mai
l Médiathèque du Fonds d'Art
Contemporain (Bains 34) Limes Voyages de frontière. Jusqu’au 23
mai.
l Musée Ariana (Av. Paix 10) Jean
Marie Borgeaud, La terre au corps.
s uis s e
Jusqu’au 26 avril. Le verre artistique de Saint-Prex. Jusqu’au 1er
novembre.
l Musée d’art et d’histoire (Ch.Galland 2) Christiane Baumgartner White Noise. Jusqu’au 28 juin.
l Musée d’ethnographie (Bd CarlVogt 65-67) Les rois mochica. Divinité
et pouvoir dans le Pérou ancien.
Jusqu’au 3 mai.
l Musée Rath (pl. Neuve) Biens
publics. Jusqu’au 26 avril.
l Xippas Art Contemporain (Sablons 6) Faillir Etre Fingué.
Jusqu’au 16 mai.
William Eggleston, from Black and
White to Colour & PhotoBooks
Elysée. Coll. Schifferli. Jusqu’au 3
mai.
l Musée Historique (pl. Cathédrale
4) Christian Coigny, photographies. Jusqu’au 15 juin.
Fribourg
Espace Tinguely - Saint-Phalle :
l
Sculpture et architecture dans
l’oeuvre de Niki de Saint Phalle.
Jusqu’au 31 décembre
l Fri-Art (Petites Rames 22) Robert
Heinecken. Lessons in Posing
Subjects. Jusqu’au 3 mai.
Lausanne
Collection de l’Art brut (Bergières Mézières
Musée du papier peint : Fusions
l
11) André Robillard. Jusqu’au 19
avril. Pascal Tassini & Eric
Derkenne. Jusqu’au 10 mai
l Espace Arlaud : Carte blanche à
Yves Dana. Jusqu’au 26 avril.
l Fondation de l’Hermitage (2, rte
Signal) De Raphaël à Gauguin.
Trésors de la collection Jean
Bonna. Jusqu’au 25 mai
l Mudac (pl. Cathédrale 6) Nirvana les étranges formes du plaisir.
Jusqu’au 26 avril. Le verre vivant II.
Jusqu’au 1er novembre.
l Musée cantonal des beaux-arts (pl.
Riponne) Paris, à nous deux !
Artistes de la collection à l’assaut
de la capitale. Jusqu’au 26 avril
l Musée de l’Elysée (Elysée 18)
l
- œuvres en verre contemporaines.
Jusqu’au 3 novembre. Vis-à-vis /
Visarte. Jusqu’au 31 mai.
Lens
/ Crans
Fondation Pierre Arnaud
:
Réalisme. La Symphonie des
contraires. Jusqu’au 19 avril.
l
Martigny
Fondation Pierre Gianadda :
l
Anker, Hodler, Vallotton... Coll.
Bruno Stefanini. Jusqu’au 14 juin
l Fondation Louis Moret (Barrières
33) Alexandra Roussopoulos. Du 18
avril au 24 mai.
l Manoir de la Ville : Céline Peruzzo,
Red Zone, galerie d’art contemporain
Olivier Morel - Qui peut démêler ces lacis ?
La galerie d’art contemporain Red Zone expose jusqu’à mi-mai les acryliques et aquarelles de l’artiste français Olivier Morel, qui s’est fait connaître autant par
ses dessins et peintures, que par ses gravures ou sculptures, sans oublier son rôle d’illustrateur de livres pour enfants.
«Lacis à l'intérieur, lacis à l'extérieur. Tout ce qui naît est
pris dans ce lacis. Voici la question: Qui peut démêler ces
lacis?» se demande un moine bouddhiste, en 430 avant J:C, au
Sri Lanka, dans le Visuddhimagga (Chemin de la pureté).
Olivier Morel, dans son désir de peindre l'idée de l'objet
plutôt que l'objet de sa contemplation, avec ses touches rapides
et sûres, donne tout son sens à cette question, dans ses peintures
d'arbres et de racines.
Immédiatement, face à son œuvre, faces à ces
enchevêtrements de racines, on comprend ce que peut être le sort
de l'homme pris dans le lacis de ses désirs d'objets autant que de
sensations.
En même temps qu'Olivier Morel s'interroge sur le destin
de l'homme, il renoue avec la tradition picturale chinoise, dans
laquelle l'arbre est très souvent présent et porteur de symboles.
. à découvrir jusqu’au 9 mai 2015
Olivier Morel «Forêt», 97 x 130
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expos itions
en
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Collection Oskar Reinhart «Am Römerholz», Winterthur
Victor Chocquet, ami et collectionneur des impressionnistes
Renoir, Cézanne, Monet, Manet
L'année 2015 marquera le cinquantenaire de la
mort d'Oskar Reinhart (1885-1965). C'est l'occasion de
rendre hommage au collectionneur par une manifestation qui mette en valeur ce qu'il a accompli.
L'exposition sera ainsi consacrée à Victor Chocquet
(1821-1891), véritable promoteur de l'impressionnisme
français dont Reinhart fera le fer de lance de sa collection. Victor Chocquet était un admirateur d'Eugène
Delacroix, mais il fut surtout l'un des premiers amis,
mécènes et collectionneurs des impressionnistes.
Pierre-Auguste Renoir
«Portrait de Monsieur Chocquet», 1875–1876
Huile sur toile, 46×36 cm. Collection Oskar
Reinhart «Am Romerholz», Winterthour
Gaël Epiney, Cécile Giovannini, Dexter
Maurer. Jusqu’au 24 mai.
Paul Cezanne
«Portrait de Victor Chocquet», 1876 –1877.
Huile sur toile, 46×36 cm. Collection particuliere
OUTRE SARiNE
Morges
Maison du Dessin de Presse : Aarau
Aargauer Kunsthaus : Miriam
l
Dessins pour la paix - L'égyptienne
Doaa Eladl et le Palestino-Syrien
Hani Abbas, lauréats du prix
Cartooning for Peace 2014.
Jusqu’au 26 avril
Neuchâtel
Centre Dürrenmatt (Pertuis du Saut
l
74) Dürrenmatt à Neuchâtel. Du 19
avril au 6 septembre
l Laténium (Hauterive) Aux origines
des pharaons noirs - 10’000 ans d’archéologie nubienne. Jusqu’au 18 mai
l Musée d'art et d'histoire (espl.
Léopold-Robert 1) Renzo Ferrari.
Visions nomades. Jusqu’au 20 avril.
l Musée d'ethnographie (St Nicolas
4 ) Imagine Japan. Jusqu’au 19 avril.
Vevey
Alimentarium (quai Perdonnet)
l
Detox. Jusqu’au 30 avril.
l Cabinet des estampes :
Printmaking by. Jusqu’au 31 mai.
l Musée Jenisch : Fred Deux - Le
For intérieur. Jusqu’au 24 mai.
l
Cahn. Jusqu’au 12 avril
Bâle
Cartoon Museum (St. Albanl
Vorstadt 28) Peter Gut. Jusqu’au
21 juin.
l Fondation Beyeler (Riehen)
Alexander Calder Gallery III.
Jusqu’au 6 sept. Paul Gauguin.
Jusqu’au 28 juin.
l Kunsthalle : Vincent Meessen &
Thela Tendu. Jusqu’au 24 mai.
Mark Leckey. Jusqu’au 31 mai
l Dreiländermuseum (Lörrach) Max
Laeuger. L’œuvre intégrale.
Jusqu’au 3 mai. Au-delà de la splendeur - Facettes de SaintPétersbourg. Du 25 avril au 21 juin.
l Museum für Gegenwartskunst
(St. Alban-Rheinweg 60) One
Million Years - système et symptôme. Jusqu’au 5 avril. De Cézanne à
Richter. Jusqu’au 14 février 2016.
l Musée Tinguely (Paul SacherAnlage 1) Belle Haleine – L'odeur
de l'art. Jusqu’au 17 mai.
Yverdon
Maison d’Ailleurs (Pl. Pestalozzi 14) Berne
Centre Paul Klee (Monument im
l
Alphabrick. Jusqu’au 31 mai
a
g
l
Fruchtland 3) Henry
e
Moore.
n
Lors de la vente de sa célèbre collection en 1899,
celle-ci comprenait plusieurs œuvres de choix de
Delacroix, Pierre-Auguste Renoir et Paul Cézanne et
d'autres non moins significatives de Gustave Courbet,
Édouard Manet et Claude Monet. Cette collection montrait avant tout les protagonistes majeurs de l'impressionnisme, ceux-là mêmes auxquels Oskar Reinhart donnera plus tard sa préférence.
. Jusqu’au 7 juin 2015
Jusqu’au 25 mai. Klee à Berne.
Jusqu’au 17 janvier 2016
l Musée des Beaux-Arts (Hodlerstr.
8-12) Coll. Kunst Heute, Ici et
Maintenant. Jusqu’au 26 avril.
Bienne
PhotoforumPasqu’Art : Sebastien
l
Stadler. Jusqu’au 5 avril. Regine
Petersen, Aleix Plademunt,
Jonathan Roessel, Yann Laubscher.
Du 19 avril au 14 juin.
Riggisberg
Abegg-Stiftung : Le triomphe
l
des ornements. Tissus de soie du
XVe siècle italien. Du 26 avril au 8
novembre.
Winterthur
Collection Oskar Reinhart “Am
l
Römerholz“ : Victor Chocquet &
les impressionnistes. Jusqu’au 7
juin.
l Fotomuseum (Grüzenstr. 44)
Paul Strand. Jusqu’au 17 mai
l Fotostiftung Schweiz (Grüzenstr. 45) Meinrad Schade – La guerre sans la guerre. Jusqu’au 17 mai
l Museum Oskar Reinhart
(Stadthausstr. 6) Oranje ! Chefsd’œuvre de la peinture hollandaise. Jusqu’au 5 avril. The English
Face - Portraits miniatures.
Jusqu’au 15 juillet.
Zurich
Saint-Gall
Kunsthaus (Heimpl.1) Hodler/
Kunstmuseum : Isabelle Lartault - Schnyder. Jusqu’au 26 avril. Monet,
l
l
Michel Verjux. Jusqu’au 26 juillet.
Soleure
Kunstmuseum : Turo Pedretti,
l
une rétrospective. Jusqu’au 25
mai. Peter Stoffel. Jusqu’au 14
juin.
Weil
/ Rhein
Vitra Design Museum :
l
Afrikanische Moderne. Jusqu’au 22
mai. Making Africa. A Continent of
Contemporary Design. Jusqu’au 13
sept.
d
a
Gauguin, Van Gogh... Inspiration
japonaise. Jusqu’au 10 mai
l
Museum für Gestaltung
(Austellungsstr. 60) Do It Yourself
Design. Jusqu’au 31 mai
l Museum Oskar Reinhart «Am
Römerholz» (Haldenstr. 95) Victor
Chocquet, ami et collectionneur
des impressionnistes Renoir,
Cézanne, Monet, Manet. Jusqu’au
7 juin.
l Museum Rietberg (Gablerstr.
15) À cordes et à corps - Instruments
de musique de l'Inde. Jusqu’au 9
août.
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théâtre du petit saint-martin
La Maison d’à côté
La Maison d’à côté de Sharr White est à l’affiche du Petit Saint Martin dans la
mise en scène imaginée par Philippe Adrien, avec une brochette de comédiens
admirables, parmi lesquels figure Caroline Sihol, qui se révèle bouleversante
dans un rôle qui est sans conteste l’un des plus importants de sa carrière.
Juliana, la scientifique qui a conçu le médicament le plus approprié contre la perte de
mémoire, est victime du mal qu’elle combat
chez ses patients et dans un circuit médical
international ! Tel est l’ingénieux scénario de
l’auteur américain Sharr White, dont Gérald
s
Sibleyras a écrit une version française tirée au
cordeau. Juliana est, en fait, sur plusieurs pentes
dangereuses à la fois. Elle perd le contact avec
la réalité, se sépare de son mari, court hagarde
d’une conférence à l’autre, focalise son attention sur « la maison d’à côté » qui lui appartenait et qu’elle croit encore à elle, alors que la
bicoque a été vendue. Dans ce dédale mental
qui change tous les jours, elle reçoit l’appui de
quelques personnes, dont son mari qui ne s’est
pas totalement éloigné d’elle. Au cœur du
drame, il y a en réalité le départ d’un enfant,
Laura, qui, jeune fille, a coupé les ponts. Juliana
ne peut admettre l’absence de Laura, qui est
peut-être de retour.
Double vertige
Sharr White construit sa pièce sur deux
vertiges : celui - psychiatrique - de l’amnésie
naissante en train de détruire certaines zones du
cerveau, celui – psychanalytique - d’une tragédie refoulée qui remonte à la surface et modifie
la perception de la réalité. C’est une très bonne
pièce, avec une habileté et une vision carrée de
la science qui sont très américaines et ne sont
pas tout à fait les nôtres. Philipe Adrien assure
une fort belle mise en scène, toute de pudeur, de
secrets, de surprises feutrées. Tout en utilisant la
vidéo, il compose des images plus intérieures
que spectaculaires, plus faites d’émotions douces que de coups de théâtre.
Hervé Dubourjal (le mari), Léna Bréban
(dans plusieurs rôles) et Stéphane Comby (dans
trois rôles tout à fait mineurs) ont tous une fermeté tendre dans cette course vers une guérison
improbable. Caroline Sihol, qui incarne Juliana,
joue là l’une des prestations les plus importantes de sa carrière. Elle est admirable et bouleversante dans la traduction de l’égarement, de la
souffrance mentale et du sentiment d’abandon.
Elle est la flamme dansante du spectacle, celle
qu’on emporte avec soi une fois la pièce finie.
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Gilles Costaz
La Maison d’à côté de Sharr White, adaptation de Gérald
Sibleyras, mise en scène de Philippe Adrien, décor de
Jean Hass, lumières de Pascal Sautelet, vidéo d’Olivier
Roset, musique et sons de Stéphanie Gibert, costumes de
Caroline Sihol, collaboration artistique de Laura koffler,
avec Caroline Sihol, Hervé Dubourjal, Léna Bréban,
Stéphane Comby.
Petit Saint-Martin, tél. : 01 42 08 00 32.
Caroline Sihol dans «La Maison d’à côté». Photo Laurencine Lot.
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à la maison des arts de créteil
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à l’opéra de paris
Animal / vegetable / Le Chant de la terre
mineral
Difficile de trouver modes d’expression artistiques plus
éloignés l’un de l’autre que le punk et la danse classique.
Pourtant, ils font partie intégrante de la construction
artistique et personnelle du chorégraphe anglais Michael
Clark et sa dernière création, Animal / vegetable / mineral
présentée les 6 et 7 février à Créteil, en est l’illustration.
Après une formation classique au Ballet royal de Londres et quelques
années comme soliste au Ballet Rambert, Michael Clark crée sa compagnie en 1984. Très vite, il devient un acteur important de l’avant-garde,
collaborant avec, entre autres, le couturier Alexander McQueen, le groupe
de rock Wire ou le cinéaste Peter
Greenaway, tout en créant des œuvres
pour l’Opéra de Paris, le Deutsch Oper
de Berlin ou le Scottish Ballet. Depuis
2005, il est artiste associé au Barbican
Center de Londres.
Animal / vegetable / mineral est
organisé en trois parties correspondant
chacune à un univers musical et esthétique. La première partie est faite de
courtes variations sur l’album White
bread, black bear de Scritti Politti,
groupe de punk se réclamant du situationnisme. Visage impassible, les danseurs se lancent dans des solos ou des
duos qui mêlent élégance classique et
abstraction géométrique. La gestuelle
Harry Alexander by Jake Walters
de Michaël Clark se nourrit de l’académisme et de la post modern danse américaine. Les vidéo de Charles Atlas,
complice de toujours, crée un fond de scène coloré, vibrant, passant du
bleu au rose, du mauve au vert à chaque morceau. Le deuxième mouvement est plus tonique, sur les morceaux de Sex Pistols et PIL, groupe
formé par Johnny Rotten. Les gestes sont plus athlétiques, avec des portés
acrobatiques. Les corps s’élancent sur scène comme des bombes. L’écran
noir du fond de scène laisse apparaître un cône de lumière puis des phrases mystérieuses nous prennent à partie : Why me ? Les mots s’affolent.
Des silhouettes en ombre chinoise apparaissent. La troisième partie est
chorégraphiée sur des morceaux de PULP et Relaxed muscle, formations
musicales de Jarvis Cocker qui apparait en vidéo, grimé. Dans les trois
mouvements, la danse épouse les rythmes du rock et crée à chaque fois un
véritable univers. Les variations de Michaël Clark ont cela de fascinant
qu’elles mêlent raffinement du classique et énergie brute. Les danseurs
apparaissent comme une armée de soldats décidés et langoureux, sorte de
milice au langage fascinant qu’ils donnent à voir tout en gardant une part
de mystère.
Le Chant de la terre est la nouvelle création de John
Neumeier pour le ballet de l’Opéra de Paris. Pour cette
commande, présentée du 24 février au 12 mars, le
chorégraphe américain directeur du ballet de Hambourg a
choisi d’utiliser la symphonie chantée Le Chant de la terre
de Gustav Mahler.
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«Le Chant de la terre» - Photo Ann Ray
Pour Le Chant de la terre, Gustav Mahler est parti de textes chinois
du huitième siècle, traduits en allemand au début du vingtième siècle. Il
s’agit de poèmes sur les différents âges de la vie, les sentiments qui vont
avec, toujours en lien avec la nature. Le ballet est centré sur le parcours
d’un personnage masculin, avec ses rencontres, ses doutes et ses moments
d’emphase. La chorégraphie néo-classique et la scénographie convoquant
la nature – course du soleil, plan incliné vert gazon – s’inscrivent dans la
veine de la Troisième symphonie, également au répertoire de l’Opéra de
Paris, mais en moins poignant. On se perd un peu dans les hésitations du
héros, dansé par Florian Magnenet, même si le premier danseur fait preuve d’une vraie présence scénique. Il forme un très beau duo avec Vincent
Chaillet, sorte de double. Dorothée Gilbert, figure féminine énigmatique,
offre un visage fermé laissant peu de place à l’émotion. Les scènes de
groupe, image de la jeunesse et de la vie, sont joliment enlevées avec
Léonore Baulac qui se remarque particulièrement.
Stéphanie Nègre
La danse en avril :
L’Histoire de Manon de Kenneth MacMillan sera à l’affiche de l’Opéra
de Paris du 20 avril au 20 mai. Cette série verra les adieux à la scène
d’Aurélie Dupont. Le LA Dance project sera au Châtelet du 8 au 11 avril
avec un programme réunissant Roy Assaf, Sidi Larbi Cherkaoui et
Benjamin Millepied.
Enfin, le Béjart Ballet Lausanne sera au Palais des congrès du 4 au 6
avril avec Le Presbytère.
Stéphanie Nègre
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musée du jeu de paume
Florence Henri
Miroir des avant-gardes, 19271940.
Femmes à l’honneur
Le Jeu de Paume présente en ce moment le travail de deux artistes femmes
photographes, chacune pionnière à son époque : Florence Henri (1893-1982)
et Taryn Simon née en 1975. L’une dans l’avant-garde plasticienne des années
20-30, imprégnée du Bauhaus et des surréalistes, l’autre dans une recherche
expressive purement conceptuelle de notre société contemporaine..
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Autoportrait 1928, Florence Henri
Épreuve gélatino-argentique d'époque, 39,3 x 25,5 cm.
Staatliche Museen zu Berlin, Kunstbibliothek. Florence Henri © Galleria Martini & Ronchetti
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Proche du Bauhaus, Florence Henri évolue
au cœur de l’intelligentsia artistique européenne
de son époque : influencé par le constructivisme, le cubisme et le surréalisme, son travail est
une recherche permanente de reconstruction
d’images par fragmentation du champ. C’est
par des expositions multiples, des jeux d’ombres portées, de combinaisons de négatifs par
superposition ou juxtaposition qu’elle retire tout
aspect documentaire à ses photos, créant ainsi
une équivoque entre réalité et virtualité. Sa
photographie est, à ce stade, une synthèse parfaite entre la peinture abstraite géométrique et
les innovations photographiques de la Nouvelle
Vision.
Florence Henri se voit ainsi reconnue pour
sa contribution au cours de cette période fondamentale où l’outil photographique sert à libérer
la vision de l’Homme et à l’ouvrir à de nouvelles expériences.
L’exposition est constituée principalement
de tirages d’époque ainsi que de quelques documents et publications ; elle présente un vaste
panorama de la production photographique de
Florence Henri. Ce travail développé entre 1927
et 1940, comprend aussi bien ses autoportraits,
compositions abstraites, portraits d’artistes, nus,
photomontages, photocollages, que des photographies prises à Rome, à Paris et en Bretagne.
Au départ, essentiellement attirée par le
potentiel créatif qu’offrent objectifs, négatifs,
tirages, Florence Henri se concentre essentiellement sur cette démarche et fait surtout des natures mortes, objets, et très peu de portraits.
Par souci alimentaire, elle ouvre un studio
à Paris en 1929, et, répondant à des commandes,
se diversifie. Ce studio rivalise avec celui de
Man Ray.
Elle y donne des cours de photographie que
fréquentent, entre autres, Lisette Model et
Gisèle Freund. Cependant malgré des publications de l’époque, l’œuvre de Florence Henri
demeure largement méconnue, ceci d’autant
plus qu’elle ne conservait dans ses archives que
sa “recherche personnelle” et non ses travaux de
commandes…
Cette rétrospective d’une photographe peu
médiatisée au sein de l’histoire de la photographie, met bien en évidence les influences formidables que l’environnement artistique exerce
sur ce medium.
Jusqu’au 17 mai 2015
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dibilité de la photo- cendants de l’individu concerné, au centre la
graphie en tant que narration de l’événement relaté – violence, résitémoin et arbitre de lience, corruption et survie – et, à droite, les
justice. Condamnés à témoignages de l’époque, preuves tangibles des
de lourdes peines – faits. A nous d’interpréter, quitte à mettre à mal
pour certains à la nos certitudes…
peine de mort - pour
Dans The Picture Collection, Taryn Simon
viol, enlèvement ou met en évidence le besoin irrépressible d’archiencore meurtre, tous ver et d’organiser les informations visuelles, et
les sujets de l'artiste attire l’attention sur les mains invisibles qui
ont été finalement sont à l’origine de systèmes de collecte appamis hors de cause remment neutres. Depuis 1915, La “Picture
après avoir dormi des Collection” (Manhattan) rassemble 1,29 million
centaines ou plutôt de tirages, cartes postales, affiches et images
des milliers de jours découpées avec soin dans divers livres et maga«Composition Nature morte», 1931, Florence Henri
en prison.
zines, organisées selon un système de catalogaÉpreuve gélatino-argentique datée de 1977, 23 x 30 cm.
Collection particulière, courtesy Archives Florence Henri, Gênes. Florence Henri
Dans
An
ge
complexe de plus de 12 000 rubriques, il s’a© Galleria Martini & Ronchetti
American Index of git de la plus grande bibliothèque iconograthe Hidden and Unfamiliar, Taryn Simon mon- phique de prêt au monde.
tre sous forme de tirages couleur ce qui normaL’artiste voit dans cette immense archive
Taryn Simon
lement demeure caché et soustrait au regard des un précurseur des moteurs de recherche sur
Vues arrière,
Americains. Ce travail « découvre le fossé entre Internet. Ce futur, autrefois des plus improbaNébuleuses stellaire et
Le bureau de la propagande les individus auxquels l’accès au savoir est bles, apparaît aujourd’hui au cœur de cette
accordé et le reste de la population » à travers accumulation, comme si l’analogique y préfiguextérieure.
des objets, des lieux et des espaces choisis par rait le digital. Dans des montages combinant
Artiste américaine née à New York en l’artiste.
1975, Taryn Simon se concentre sur l’impact
Contraband dresse l’inventaire
des images et leur influence croissante sur notre des articles saisis par les douaniers
société. Depuis plusieurs années elle construit américains à l’aéroport internatioune œuvre ambitieuse, résultat d’un processus nal John F. Kennedy de New York.
d’investigation aussi discret que rigoureux. Par Taryn Simon a passé cinq jours et
une recherche au sein de l’accumulation des quatre nuits sur place pour photoimages au fil des ans, elle réorganise celles-ci et graphier en continu 1’075 objets
les réutilise en fonction de nos préoccupations interdits d’entrée aux États-Unis, à
sociétales. Ses travaux aboutissent à une inter- propos desquels elle a également
rogation d’une part sur la puissance et la natu- rassemblé des informations. La
re du non-dit, et, d’autre part, sur la précarité méthode de classement de ces imades mécanismes de survie, mettant à mal nos ges évoque celle d’une collection
certitudes. Ses pièces mélangent photographie, entomologique : dans leurs boîtes
texte et graphisme dans le cadre de projets de plexiglas, elles constituent une
conceptuels qui traitent de la production et de la archive des perceptions du danger
«Cutaways, 2012» Single Channel Video, 3 minutes
circulation de la pensée commune à travers les et des désirs à l’échelle mondiale.
Dimensions Variable. Courtesy of the artist © 2014 Taryn Simon
politiques de représentation.
A Living Man Declared Dead
Visuellement, l’œuvre de Taryn Simon and Other Chapters I – XVIII est le résultat de des « entrées » potentielles de séries, elle
mêle souci documentaire et création artistique quatre années de recherche (2008-2011) durant reconstitue des montages arbitrairement combiavec des images fortes et singulières, présentées lesquelles Taryn Simon a voyagé à travers le nés.
majoritairement sous forme d’installations et monde pour recueillir les histoires associées à
Dans cet accrochage, par le contraste entre
remettant en question notre vision de l’environ- différents événements. Parmi les sujets abordés la rigueur de ces inventaires et leurs destinanement dans lequel nous croyons vivre. Pour ce se trouvent entre autres des victimes du génoci- tions aléatoires, Taryn Simon dans chacune de
faire, l’artiste joue sur les interstices entre de en Bosnie, les descendants et témoins survi- ses séries témoigne de la difficulté d’appréhenimage et texte dans lesquels se confondent tra- vants d’un criminel nazi, etc. À la fois cohéren- der la réalité.
duction, manipulation et interprétation.
te et arbitraire, la collecte de Taryn Simon dresSa série la plus ancienne, The Innocents, se une cartographie des rapports entre le hasard, Jusqu’au 17 mai 2015
documente dans de grands tirages couleur et en les liens du sang et autres facteurs du destin,
Christine Pictet
video plusieurs cas de condamnations illégiti- dans une présentation systématique : à gauche,
mes aux États-Unis et pose la question de la cré- cases, remplies ou non, des ascendants et des-
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Martinoty. D’où ce résultat scénique minimal,
assez passe-partout.
Cela offre toutefois à se concentrer sur la
musique, qui pour sa part convainc entièrement.
L’opéra de Gounod, restitué quasi au complet y
compris pour l’un des facultatifs ballets (plus de
trois heures de musique !), resplendit aussi bien
côté vocal qu’orchestral. Krassimira Stoyanova
plante la meilleure Marguerite du moment, de
projection pleine et pleinement assurée dans
tous les registres, avec de surcroît une
prononciation française impeccable. On
ne saurait en dire autant de tous ses compagnons de plateau, bien que d’égale
excellence vocale ; comme le Faust intensément lyrique de Piotr Beczala, et le
Méphisto caverneux d’Ildar Abdrazakov.
Entre ces chanteurs slaves, la lyonnaise
Anaïk Morel dispense un chant de beau
style français pour son Siebel. Michel
Plasson dirige avec science une partition
qu’il connaît comme peu, révélant ses
délicatesses et ses inspirations.
opéra
Faust de toujours
Faust fait son grand retour à la Bastille. Dans une conception renouvelée,
musicalement affirmée, mais toutefois moins aboutie côté mise en scène.
80
Monde actuel
A Bastille : «Faust» © Vincent Pontet / Opéra National de Paris
La présente saison de l’Opéra de Paris est
une saison de transition. Si le directeur en poste
est Stéphane Lissner, la programmation actuelle
a été conçue par le directeur antérieur, Nicolas
Joel. Ce qui explique que pour le moment il y
ait peu de nouveautés et davantage des reprises,
au contraire de la prochaine saison qui vient
d’être annoncée. Le récent Faust présenté à la
Bastille constitue toutefois un cas spécifique.
Après avoir été inscrit dans le programme général de saison comme une reprise de la production en 2011 de Jean-Louis Martinoty, l’ouvrage a été annoncé ensuite, seulement un petit
mois avant, comme une « nouvelle mise en
scène ». Ce qui ne veut pas dire « nouvelle production ». Nuance sémantique… Car s’il y a un
autre metteur en scène, Jean-Romain Vesperini,
le décor se résume plus ou moins à celui déjà
vu : une grande bibliothèque de structure métallique concave, qui enserre les personnages. Ces
derniers sont vêtus à la façon des années 1930,
ce qui n’est guère original par les temps qui
courent, mais ce qui en revanche les différencie
de la précédente présentation. Et autre différence : l’action se fait beaucoup plus simple, au
a
rebours de la surenchère d’intentions antérieure,
avec bien peu d’éléments scéniques ou de mouvements. Dans un ensemble des plus discrets,
comme une juste mise en place. Il semble qu’ait
joué l’ire de Michel Plasson, qui se refusait à
diriger l’opéra dans la conception prévue par
Philippe Boesmans est un compositeur dont le talent est bien servi. Puisque
ses opéras connaissent des reprises
saluées par le public et la critique
(comme on dit). Au Monde, son dernier
opéra, ne fait pas exception, créé l’an
passé à la Monnaie de Bruxelles et redonné en
grandes pompes à l’Opéra-Comique. Le livret
revient à Joël Pommerat, qui signe aussi la mise
en scène. Il s’agit d’un huis clos (encore un !),
qui confronte les personnages d’une même
famille, sans qu’on sache trop de quoi il retour-
«Au monde» © DR /E.Carecchio
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dans sa voix et son jeu, gêné par une déficiente
élocution française. Geoffroy Jourdain dirige
tout ce beau monde, en compagnie de douze
musiciens choisis par lui et pour la circonstance, ainsi que le Jeune Chœur de Paris, avec une
acuité sans cesse en éveil. L’instrumentation un
peu grêle, desservie par l’acoustique sourde du
théâtre, s’affirme la soirée passant d’une réelle
présence. Quand le chœur, pour sa part, ne lâche
pas la bride.
Pélléas pour l’Histoire
Pelléas et Mélisande dans la réalisation de
Robert Wilson, est de ces productions qui ne
vieillissent pas. Et qui font honneur à l’Opéra de
Paris. À la Bastille, pour cette énième reprise
«Iphigenie en Tauride» © Mirco Maglioccab / Opera national de Paris
ne ni ce qui les motive. Et ainsi, pendant près de
deux heures… La musique qui les accompagne
est belle, de nature essentiellement consonante,
qui gagnerait cependant à être écoutée en
extraits. Car l’ensemble prend mal sa forme :
entre une constante déclamation sur des mots
prosaïques (« Ferme la porte. », « As-tu bien
dormi ? », etc.) et un soutien orchestral qui pallie vaille que vaille cette absence de lyrisme (du
livret comme du traitement vocal). Une resucée
de Pelléas, comme on en a déjà entendu
cent fois.
La réalisation scénique est pourtant séduisante esthétiquement, avec d’impressionnants
éclairages zébrés sur un fond noir, au sein d’un
unique décor de salon (qui s’éternise un peu).
Les personnages y vont et viennent. L’Orchestre
philharmonique de Radio France est sans reproche, parfaitement travaillé et mené par Patrick
Davin. Et le plateau vocal tout autant, d’où se
détachent la fraîche Fflur Wyn, le franc Yann
Beuron et une Patricia Petibon au sommet de
son art.
Torride Iphigénie
L’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris
accomplit des prouesses. Comme dans le cas de
cet Iphigénie en Tauride qu’il présente au
Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, dans une
production digne de concurrencer les meilleures
dans des salles autrement renommées (comme
la Bastille, pour rester dans le même cadre).
Jacques Osinski, qui a fait ses premières armes
auprès de Claude Régy, Lev Dodine et Herbert
Wernicke (excusez du peu !), signe une réalisation scénique intense. Avec de rares moyens
matériels, mais une grande science théâtrale. Un
décor unique, constitué de la chambre ordinaire
d’un appartement quelconque, des costumes
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«Pelléas et Mélisande» © Elisa Heberer / Opéra National de Paris
actuels ou tout autant intemporels, des éclairages judicieux : tout est en place pour que le
drame s’installe. Et celui-ci noue la gorge, dès
les premiers instants, les premières mesures,
avec des personnages habités, torturés.
L’intervention du groupe des choristes, luimême, se fait pareillement dramatique, reclus
en bloc sur les côtés du décor dans des poses
hiératiques dessinées de façon quasi chorégraphique. Mais la transmission des interprètes
constitue la substance, sans laquelle ce drame
ne serait pas. Bravo aux solistes de l’Atelier
lyrique ! Andreea Soare, grande prêtresse dans
un rôle-titre où elle impose sa forte personnalité, Oleksiy Palchykov et Gemma Ni Bhriain
campent des incarnations transcendantes, dans
l’expression alliée à la sûreté vocale. Les uns et
les autres, il est vrai, chanteurs affirmés qui ne
sont plus au stade de la révélation. On serait
plus réservé pour Piotr Kumon, grommelant
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depuis 1997 (!), il n’est que de se laisser baigner
à nouveau par l’aura de lumières irréelles, de
gestes et poses d’une portée quasi mystique.
L’accomplissement de l’opéra de Debussy !
Elena Tsallagova campe une Mélisande rêvée,
idéale jusque dans son élocution. Stéphane
Degout figure un Pelléas d’excellente facture.
La direction de Philippe Jordan semble se
délecter des détails, quitte à s’y appesantir, pour
ensuite devenir mieux animée.
Belle et pas bête
La Philharmonie II, puisqu’ainsi convientil désormais de désigner ce que l’on appelait
naguère la salle de concert de la Cité de la
Musique, s’ouvre à un « film-opéra ». En
l’espèce, la Belle et la Bête (1945), le célèbre et
beau film de Jean Cocteau, serti d’une musique
conçue en 1994 par Philip Glass. Le Philip
Glass Ensemble (une dizaine d’instrumentistes
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Philharmonie : «La Belle et la Bête» © dherouville
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sous la direction de Michael Riesman), les voix
adaptées de Michael Purnhagen, Hai-Tings
Chinn, Marie Mascari et Peter Stewart, ainsi
qu’une sonorisation appropriée (pour une
musique de film) : le tour (de manivelle) est
joué. Et la projection en noir et blanc se nimbe
d’atours d’une musique colorée, avec ces sonorités foisonnantes et entêtantes que le compositeur sait distiller.
Opéra français
La Philharmonie I, cette fois, la grande et
prestigieuse salle de concert inaugurée tout
récemment, se donne à « l’opéra romantique
français ». Meyerbeer, Gluck (romantique ?),
Bizet, Berlioz, Massenet, Offenbach, mais aussi
Thomas, Delibes, Dietsch, Méhul,
Poniatowski (le compositeur, qui
connaît ?) et… Verdi (celui, français, de
Don Carlos), forment prétexte à un florissant florilège d’airs et ensembles. Les
Musiciens du Louvre-Grenoble, pour leur
apparition à la Philharmonie, s’emportent
ou se font brise câline, sous la battue
habitée de Marc Minkowski. Julie Fuchs,
Marianne Crebassa, Stanislas de
Barbeyrac, Florian Sempey, Nicolas
Courjal, et la venue surprise d’Ewa
Podles, ne sont pas en reste d’enthousiasme communicatif. Pour des pages bien
choisies, qui convaincraient presque des
vertus de l’opéra français du XIXe siècle.
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Soleils d’hiver
Le hasard de la programmation parisienne
veut que se succèdent deux récitals paradoxaux : Schubert transmis pas des interprètes
méditerranéens, et des airs de zarzuelas défendus par des artistes venus du froid. L’église
Métropole Grecque-Orthodoxe de Paris (à deux
pas des Champs-Élysées) résonne ainsi des
sonorités peu orthodoxes de Winterreise. On
avait déjà pu applaudir le baryton grec Dimitris
Tiliakos à Paris, dans le rôle-titre de Macbeth
(en 2009 à la Bastille). Ici, il se révèle l’acteur
sensible de son personnage, faisant un sort à
chaque nuance, de la note susurrée à l’ardeur
emportée, dans une présence quasi opératique.
Tout aussi investi, son compatriote Vassilis
Varvaresos lui donne la réplique pianistique
avec un égal feu intérieur.
Autre récital qui s’apparente à un privilège : au Théâtre Adyar, ravissant bijou Art déco
à deux pas de la Tour Eiffel, pour des extraits de
zarzuelas plutôt inattendus de la part d’un chanteur géorgien et d’un pianiste d’origine ukrainienne. Zaal Khelaia, soliste de l’Opéra de
Tbilissi, offre avec éclat sa toute première prestation en France. Les magnifiques arias signés
Francisco Alonso, Jacinto Guerrero, Federico
Moreno Torroba, José Serrano ou Pablo
Sorozábal, trouvent un intercesseur à leur hauteur, alliant lyrisme et caractérisation. Le
Pavarotti des barytons ! Jusqu’à la prononciation, espagnole bien évidemment, tout
aussi bien lancée. Nicolaï Maslenko l’accompagne d’un piano délié sans cesse
musical. Ce concert placé sous l’égide
Lyric’Ame, se combine d’un soutien en
faveur de « Vision du Monde », une ONG
qui parraine les enfants en difficulté de
par le monde. Un beau programme hors
des sentiers battus, dignement et talentueusement servi, et une bonne action.
Pierre-René Serna
Zaal Khelaia
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chronique des concerts
Une Philharmonie qui
tient ses promesses
La grande salle de la Philharmonie de Paris affiche complet pour les mois à
venir. Sans doute l'effet conjugué d'une politique tarifaire attractive et l'appel
d'air que provoque une programmation de haut vol dans une salle – enfin –
à la dimension des ambitions musicales de la capitale française.
La création française du concerto pour violon Aufgang de Pascal Dusapin était confiée au
très virtuose Renaud Capuçon, accompagné par
Myung-Whun
Chung
et
l'Orchestre Philharmonique de
Radio-France. Cette élévation ne
décolle pas vraiment d'une forme
relativement classique. Après une
introduction dans les aigus stratosphériques, la suite déroule de
longues tenues destinées à faire
entendre la qualité de son du violon solo. Le dialogue en ostinato
avec les cuivres et les percussions
ne dépasse guère l'intention d'une
forme de brillance extravertie. La
Quatrième symphonie de Brahms
réconcilie le public avec un répertoire plus routinier sous nos latitudes, même s'il faut attendre l'allegro energico et ses variations pour
avoir une idée du maelström sonore que dissimule cette symphonie.
Philharmonie encore avec la venue de
l'Orchestre Philharmonique de Berlin placé sous
la houlette de son (encore) directeur musical
Simon Rattle. En introduction du programme se
déploie l'impressionnant
Tableau pour orchestre
d'Helmut Lachenmann,
œuvre composée en
1989. Cette vaste fresque
sonore éclate avec une
éblouissante netteté des
contours et des timbres.
Ce préambule idéal sert
d'écrin introductif à la
monumentale Symphonie
Résurrection de Gustav
Mahler. Dès les premiè-
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res mesures, le chef anglais fait parler la poudre
et fait éclater un tsunami de notes dans la résonance naturelle de la Philharmonie. Une palette
Simon Rattle
infinie de nuances se dégage de cette interprétation à couper le souffle. Dans le final, les deux
solistes, Magdalena Kožená et Kate Royal, surent tresser à merveille leurs interventions à cel-
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les du Chœur de la radio néerlandaise. Un très
grand moment.
Quelques jours plus tard, Marris Jansons
débarqua aux commande d'une autre phalange
prestigieuse, le Concertgebouw d'Amsterdam.
Au programme, la très rare suite du Bourgeois
Gentilhomme de Richard Strauss et la 4e symphonie de Gustav Mahler. Dans la première
pièce, Jansons dégage les volumes et les alliages de timbres sans pour autant sembler didactique ou ennuyeux. La symphonie de Mahler est
autrement plus enlevée ; n'hésitant pas à jouer la
carte de la dramaturgie et de la lisibilité du
continuum sonore. La saveur réflexive des mouvements lents ne cherche pas dans les Ländler
viennois un modèle d'inspiration explicite. Le
final aérien permet à Dorothea Röschmann de
chanter cet extrait du
Knabenwunderhorn avec
une élégance souveraine.
Concertgebouw
d'Amsterdam et Philharmonie encore pour le dernier grand rendez-vous
de cet avant-printemps.
Cette fois-ci, c'est au tour
du jeune Andris Nelsons
de se lancer dans l'aventure parisienne avec un
célèbre concerto pour
violon (Sibelius) et une
symphonie peu jouée (la
10e de Chostakovitch).
La violoniste AnneSophie Mutter officie
dans Sibelius avec un son plein et souple. Une
curieuse tendance à arrêter l'archer à mi-course
dessine dans l'espace sonore des courbes assez
affectées. Le chef letton ne s'en offusque pas
pour autant, menant le navire à bon
port sans chercher à jouer le rapport de force avec une soliste visiblement préoccupée par la beauté
et le grain du timbre. Dans
Chostakovitch, la magie opère et
l'on voit se dérouler une fresque
vivante, pleine d'atmosphères –
tantôt conflits, tantôt calmes
inquiétants. La petite harmonie est
en état de grâce et la précision des
cuivres n'a aucun équivalent. On
pensait avoir atteint un sommet
avec Berlin, en voici un autre…
tout aussi haut.
David Verdier
Mariss Jansons
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Comédie-Française
Théâtre de la Ville
Une première à la Comédie française : la création de la dramaturge
allemande Dea Loher, figure bien connue des scènes de langue allemande en
tant qu'auteure et metteure en scène (au Deutsches Theater de Berlin, au
Thalia Theater de Hambourg ou encore au Burgtheater de Vienne).
Tandis que Sandrine Bonnaire tente une expérience originale au
Théâtre du Rond-Point, une autre vedette des salles obscures de sa génération se produira en v.o. anglaise – sur-titrée ! - au Théâtre de la Ville. En
effet, Juliette Binoche sera la tête d'affiche de l'Antigone de Sophocle dans
Innocence
Antigone
Denis Marleau © François Roy
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Partant d'un fait divers qui n'est pas sans rappeler “la Chute“ de
Camus - deux travailleuses clandestines sont témoins de la noyade d'une
femme dans la mer sans rien tenter pour la sauver - Dea Loher met en place
les histoires parallèles des personnages « qui sont en prise avec leurs
drames intimes, ou leurs désillusions ou leurs déceptions » selon le metteur
en scène Denis Marleau.
. Jusqu’au 1er juillet 2015
Juliette Binoche
une mise en scène d'Ivo van Hove interprétée par des comédiens britanniques. Une version que l'on annonce très actuelle mettant en évidence « une
femme qui, par son courage, défend des valeurs profondément et universellement humaines ».
. Du 22 avril au 14 mai 2015
Billetterie : 01.44.58.15.15 ou achat en ligne
Billetterie : loc. 00331 42 74 22 77, www.theatredelaville-paris.com
Petit Montparnasse
Théâtre du Rond-Point
Une Journée particulière
Le Miroir de Jade
Corinne Touzet et Jérôme Anger dans «Une Journée particulière» © Manuelle Toussaint
Adapter au théâtre le film d'Ettore Scola, un des musts de la production
transalpine de la fin des années 1970 - avec comme interprètes le duo LorenMastroianni - aurait pu se révéler périlleux. Mais la version conçue pour la
scène par Gigiola Fantoni et traduite par la spécialiste Huguette Hatem
s'est révélée parfaitement pertinente. Proposée dans le « Off » avignonnais
en 2013, servie par une séduisante Corinne Touzet (sans l'uniforme qui l'a
fait connaître sur les petits écrans) et un partenaire au jeu également subtil (Jérôme Anger) dans une mise en scène habile de Jérôme Lidon, cette
adaptation s'avère con-vaincante pour servir une thématique toujours d'actualité autour de la pro-blématique de l'homosexualité et de l'acceptation ou
de la résistance à l'oppression.
. Jusqu’au 3 mai 2015
«Le Miroir de Jade» © JeanLouis Fernandez
« Prendre des risques », c'est ainsi que Sandrine Bonnaire définit sa
démarche en entreprenant une aventure scénique inhabituelle puisqu'il s'agit d'une pièce dans laquelle les mouvements remplaceront les mots.
Avec la complicité d'une amie de jeunesse qui est danseuse et chorégraphe, Raja Shakarna, elle proposera en compagnie de quatre autres interprètes, dont deux musiciens, une histoire de femme tentant de renouer avec
la vie.
. Jusqu’au 11 avril 2015
Billetterie : loc. 00331 44 95 98 21
www.theatredurondpoint.fr
Billetterie : 00331 43 22 77 74, www.theatremontparnasse.com
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Sélection musicale d’avril :
Valeur sûre à la Bastille à partir du 3 avril avec le retour de Rusalka de
Dvorak dans la mise en scène de Robert Carsen : à cette occasion, Jakub
Hrůša dirigera l'orchestre maison avec dans les rôles principaux : Olga
Guryakova (Rusalka), Khachatur Badalyan (Le Prince), Larissa Diadkova
(Ježibaba) et Dimitry Ivashchenko (L’Esprit du lac), dernière le 26 avril. En
alternance à partir du 17 avril et jusqu'au 28 juin, Carsen toujours cette fois
avec Die Zauberflöte de Mozart : au pupitre Constantin Trinks (A) et
Patrick Lange (B), sur scène Mauro Peter (A) et Julien Behr (Tamino),
Edwin Crossley-Mercer (A), Bjorn Bürger (B) (Papageno), Jacquelyn
Wagner (A) Camilla Tilling (B) (Pamina) et Jane Archibald (A) ou Olga
Pudova (B) (Königin der Nacht).
Le cycle Convergences se poursuivra le 14 avril avec un récital de la
basse Franz Josef Selig accompagné au piano par Gerold Huber (Schubert,
Wolf, Strauss). Le 22 avril Nelson Goerner jouera Debussy, De Falla,
Granados, en compagnie de Marthe Keller qui dira des poèmes et des textes en prose de Maeterlinck, puis ce sera au tour d'Annick Massis de chanter avec Antoine Palloc (Piano) des œuvres de Verdi, Puccini, Bellini,
Messiaen.... le 29 avril.
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La Philharmonie célèbre Bach avec sa Messe en si donnée le 3 avril par
the English Baroque Soloists dirigé par John Eliot Gardiner et Esther Brazil,
Hannah Morrison, Claire Wilkinson et Peter Davoren. Bach toujours le 4
avec La Passion selon Saint-Jean par l’Akademie für Alte Musik Berlin et
le RIAS Kammerchor dirigé par René Jacobs et les interprètes Sunhae Im,
Christophe Dumaux, Sebastian Kohlhepp et Johannes Weisser, le 5 place
étant faite à la Saint Matthieu dirigée par Christophe Prégardien, et le
Concert Lorrain en compagnie des artistes suivants : Hana Blazikova, James
Gilchrist, Julian Prégardien et Dietrich Henschel. Opéra en concert le 7 avec
Orfeo ed Euridice de Gluck chanté par Franco Fagioli et Malin Hartelius et
dirigé par Laurence Equilbey (Insula Orchestra et Accentus). Ute Lemper
donnera un programme Berlin Années Folles le 18 accompagnée par
l’Orchestre de Paris (Hindemith, Weill et Künneke), suivi le 19 par un cabaret autour de Weill « De Berlin à Broadway » toujours par Ute Lemper et
Vana Gierig au piano. Soirée Madrigaux guerriers de Monteverdi le 20 par
les Arts Florissants et Paul Agnew voix et direction. La grande Joyce
DiDonato sera en concert le 25 avec Alan Gilbert et le New York
Philharmonic (Salonen, Ravel et Strauss).
A Versailles Leçons de Ténèbres de Couperin le 1er avril par Vincent
Dumestre au théorbe et à la tête du Poème Harmonique avec Ana Quintans,
Le 1er avril au TCE, Passion selon Saint Matthieu de Bach avec Lucile Richardot, Sylvia Abramowicz. Le 3, Messie de Haendel par Adriana
Ingela Bohlin, Paula Murihy, Mark Padmore
Kucerova, David DQ Lee, Julien Behr et Jussi
(L’Evangéliste) et Stephan Loges (Le Christ) et
Lehtipuu, et l’Ensemble Matheus dirigé par Jeanl'Orchestra of the Age of Enlightenment dirigé par
Christophe Spinosi. Le 4 Bach et la SaintMark Padmore, suivie le 3 avril par la Passion
Matthieu par Hana Blažikov, Sophie Harmsen,
selon Saint-Jean de Bach par Philippe
James Gilchrist, Julian Prégardien, Martin Berner
Herreweghe à la tête du Collegium Vocale Gent
et Dietrich Henschel par Le Concert Lorrain et
avec les solistes Grace Davidson, Damien
Christophe Prégardien.
Guillon, Benjamin Hulett (L’Evangéliste) et
La comédie-ballet de Molière et Lully Le
Tobias Berndt (Le Christ). Le 11, Philippe
Bourgeois Gentilhomme sera représentée du 8 au
Jaroussky accompagné par Jérôme Ducros et le
12 dans une mise en scène signée Denis
Quatuor Ebène donneront un récital consacré à
Podalydès avec l’Ensemble La Révérence dirigé
Verlaine mis en musique par Fauré, Hahn,
par Christophe Coin. Puis le 16, place au
Debussy, Cheminade... (Les Grandes Voix).
Combattimento di Tancredi e Clorinda de
Requiem de Mozart le 12 avec Hasnaa Bennani,
Monteverdi interprété par Miriam Allan, Hannah
Yasmina Favre, Robert Getchell et Alain Buet,
Morrison, Lucile Richardot, Stéphanie Leclercq,
placés sous la direction de Jean-Claude Malgoire
Paul Agnew et Cyril Costanzo, Les Arts
et La Grande Ecurie et la Chambre du Roy.
Florissants dirigés par Paul Agnew.
Toujours dans le cadre des Grandes Voix, le 13
Le 21 enfin opéra en concert avec Lucio
Sandrine Piau et le Kammerorchesterbasel interSilla de Mozart chanté par Franco Fagioli
préteront des œuvres de Sarro, Albinoni, Haendel
(Cecilio), Olga Pudova (Giunia), Paolo Fanale
Sabine Devieilhe sera Mélisande à Tourcoing
© Caroline Doutre
et Porpora. Le 16, place à l'Orchestre National de
(Lucio Silla), Chiara Skerath, (Cinna), Ilse Eerens
France dirigé par Daniele Gatti avec Lucy Crowe et karine Deshayes qui (Celia), conception et mise en espace confiée à Rita Cosentino avec l’Insula
joueront Le Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn ainsi que Hamlet de Orchestra placé sous la direction de Laurence Equilbey.
Liszt et Macbeth de Strauss. Le 17 enfin, le ténor Vittorio Grigolo sera en
Le 10 avril, récital Andreas Scholl Salle Gaveau, au programme des
récital avec Vincenzo Scalera (Bellini, Rossini, Donizetti, Verdi, Tosti, Cantates italiennes de Händel, Caldara et Scarlatti accompagnées au claveLeoncavallo...) grâce au concours des Grandes Voix
cin par Tamar Halperin, une coproduction Les Grandes Voix.
Au Comique, reprise d’un succès avec Ciboulette de Reynaldo Hahn, à
partir du 27 avril et ce jusqu’au 7 mai, spectacle dirigé par Laurence
Equilbey à la tête de l’Eensemble Accentus et de l’Orchestre de chambre de
Paris mis en scène par Michel Fau avec Mélody Louledjian, Tassis
Christoyannis et Julien Behr et les comédiens Andréa Ferréol, Michel Fau
et Jérôme Deschamps.
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Ailleurs en France : A Tourcoing les 19, 21 et 23 avril Pelléas et
Mélisande dirigé par Malgoire et mis en scène par Christian Schiaretti.
Vu et entendu : A l'Opéra Comique le 24 février, Au Monde de
Boesmans, seconde exécution d'un chef-d'œuvre de et par Joël Pommerat.
François Lesueur
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Théâtre de l’œuvre
Les larmes amères de Petra von Kant
«Les larmes amères de Petra von Kant» © Huma Rosentalski
D’après le metteur en scène Thierry de Peretti, cette œuvre de
Fassbinder “est une pièce de crise, la crise que traversent tous les personnages mais aussi la crise de l’époque, l’Allemagne des années 1970. A travers le portrait d’un groupe féminin d’aujourd’hui, il s’agit de montrer la
violence qui traverse les rapports intimes, sexuels, politiques, la cruauté des
rapports maître-esclave...“
. Jusqu’au 22 avril 2015
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ANTOINE (01.42.08.77.71)
Le Système de Antoine Rault m.e.s. Didier Long - avec Lorànt
Deutsch et Stéphane Guillon - jusqu’au 30 avril
ARTISTIC ATHéVAINS
(rés. 01.43.56.38.32)
u Espèces d’espaces de Georges
Perec - m.e.s. Anne-Marie Lazarini jusqu’au 19 avril
ATELIER (loc. 01.46.06.49.24)
u Anna Christie de Eugène O’Neill m.e.s. Jean-Louis Martinelli - avec
Mélanie Thierry, Féodor Atkine... jusqu’au 26 avril
BOUFFES PARISIENS
(01.42.96.92.42)
u A gauche, en sortant de l’ascenseur de Gérard Lauzier - m.e.s.
Arthur Jugnot - jusqu’au 9 mai
COLLINE (rés. 01.44.62.52.52)
u Hinkemann de Ernst Toller - m.e.s.
Christine Letailleur - jusqu’au 19 avril
COMéDIE DES CHAMPS ELySéES
(01.53.23.99.19)
u Le Père de Florian Zeller - m.e.s.
Ladislas Chollat - avec Robert Hirsch
- jusqu’au 28 juin.
COMéDIE FRANçAISE
SALLE RICHELIEU (01.44.58.15.15)
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HéBERTOT (01.43.87.23.23)
Des Gens bien de David LindsayAbaire - m.e.s. Anne Bourgeois - jusqu’au 30 mai - avec Miou Miou
LA BRUyèRE (01.48.74.76.99)
u On ne se mentira jamais ! d'Eric
Assous, avec Fanny Cottençon et
Jean-Luc Moreau - jusqu’au 30 avril
MADELEINE (01.42.65.07.09)
u Le Souper de Jean-Claude Brisville
- m.e.s. Daniel Benoin - jusqu’au 10
mai
MATHURINS (01.42.65.90.00)
u Fabrice Luchini - Poésie ? - jusqu’au 27 mai
NOUVEAUTéS (01.47.70.52.76)
u Le Tombeur de Robert Lamoureux
- m.e.s. Jean- Luc Moreau - jusqu’au
17 mai
ODéON EUROPE (01.44.85.40.40)
u Ivanov d’Anton Tchekhov - m.e.s.
Luc Bondy - création - du 7 avril au 3
mai
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Billetterie : 01.44.53.88.88
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ATELIERS BERTIER
Toujours la tempête de Peter
Handke - m.e.s. Alain Françon - création - jusqu’au 2 avril
OEUVRE (01.44.53.88.88)
u Les larmes amères de Petra von
Kant de Rainer-Werner Fassbinder m.e.s. Thierry de Peretti - jusqu’au
22 avril
PALAIS ROyAL (01.42.97.40.00)
u Des Souris et des Hommes de
John Steinbeck - m.e.s. JeanPhilippe Evarste, Philippe Ivancic jusqu’au 18 avril
RIVE GAUCHE (01 43 35 32 31)
u Le joueur d’échecs de Stefan
Zwieg - adapt. Eric-.E. Schmitt m.e.s. Steve Suissa - avec Francis
Huster - jusqu’au 31 mai
SAINT-GEORGES (01.48.78.63.47)
u Les stars - avec Daniel Prévost et
Jacques Balutin - jusqu’au 30 avril
u
Théâtre Hébertot
u Les Estivants de Gorki - m.e.s.
Gérard Desarthe - jusqu’au 25 mai
u Le Songe d’une nuit d’été de
Shakespeare - m.e.s. Muriel MayetteHoltz - jusqu’au 25 mai
u Innocence de Dea Loher - m.e.s.
Denis Marleau - jusqu’au 1er juillet
u Lucrèce Borgia de Victor Hugo m.e.s. Denis Podalydès - du 14 avril
au 19 juillet
STUDIO-THéâTRE (01.44.58.98.98)
u Dancefloor Memories de Lucie
Depauw - m.e.s. Hervé Van der
Meulen - jusqu’au 10 mai
VIEUX-COLOMBIER (01.44.39.87.00)
u Les enfants du silence de Mark
Medoff - m.e.s. Anne-Marie Etienne
- du 15 avril au 17 mai
EDOUARD VII (01.47.42.59.92)
u Un dîner d’adieu d’Alexandre de
la Patellère et Matthieu Delaporte jusqu’au 25 avril
ESSAïON (01 42 78 46 42)
u Fin de Partie de Beckett - m.e.s.
Jean-Claude Sachot - jusqu’au 4 avril
u Conversation ou Le voyage
d’Ulysse de Primo Levi et Ferdinando
Camon - m.e.s. Dominique Lurcel jusqu’au 26 mai
Des Gens bien
A Boston, une jeune femme perd son travail de caissière. On lui conseille d’aller frapper à la porte d’un de ses amis d’enfance, un enfant des
faubourgs qui a échappé à la condition ouvrière et exerce la profession de
médecin. Entre la femme pauvre et l’ami parvenu la rencontre est d’abord
amicale. L’épouse noire du médecin est également très cordiale. Mais
riches et pauvres peuvent-ils se comprendre ? Dans la lutte pour la vie, y at-il encore des « gens bien » ? Sur ces thèmes sociaux on pouvait craindre
d’un auteur américain comme David Linsay-Abaire une écriture trop carrée.
«Des gens bien» © Francine Lot
C’est au contraire mené avec finesse, l’adaptation de Gérald Aubert
dégageant la vérité humaine sous le réalisme. Anne Bourgeois réalise là
l’une de ses mises en scène les plus sensibles, faite de touches d’une belle
tendresse et d’une terrible âpreté. Et il y a Miou-Miou dont le retour au
théâtre est un véritable événement : elle compose un personnage enfantin et
indestructible, bouleversant. Elle est entourée de Patrick Catalifo, Alissa
Maïga et Brigitte Catillon. Que des gens bien !
G.C.
. Jusqu’au 30 mai
Billetterie : 01.43.87.23.23 ou réservation en ligne
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b e a u x - a r t s
Fondation Louis Vuitton
Les Clefs d’une passion
La Fondation Louis Vuitton présente, dans le cadre de la troisième phase de son inauguration, une importante exposition à caractère historique intitulée «Les Clefs
d’une passion». . Elle réunit un choix restreint d’œuvres majeures fondatrices de la modernité qui ont contribué à changer le cours de l’histoire de l’art du XXe siècle –
de Mondrian et Malevitch à Rothko, de Delaunay à Léger
et Picabia, de Munch à Dix et Giacometti, de Matisse à
Kupka et Severini.
Dans la continuité de ce qui avait été annonceé, cette
exposition exprime la volonté de la Fondation de collaborer avec des institutions muséales majeures, françaises et
internationales, telles que musée de l’Ermitage de Saint
Pétersbourg, la Tate Moder de Londres, le MoMA de New
York, ou le Musée Pouckhine de Moscou.
Dans le cadre de cette manifestation, un colloque se
tiendra autour de l’exposition les 12 et 13 juin 2015. Il
traitera diverses questions actuellement partagées par de
nombreuses institutions : « que signifie collectionner
aujourd’hui ? », « qui fait désormais l’histoire de l’art ? »,
« quel est l’impact du marché dans ce jeu ? » ou encore, «
sur quoi se fonde l’iconicité d’une œuvre ? »
Henri Matisse «La Danse» 1910, huile sur toile, 260 x 391 cm, The State Hermitage Museum, Saint-Pétersbourg
Photograph © The State Hermitage Museum /Vladimir Terebenin , 2014.
©"State Hermitage Museum, Saint Petersbourg, 2015" © Succession H. Matisse
Atelier Grognard
l VLAMINCK – jusqu’au 25 mai
Bibliothèque Nationale
l FRANçOIS IER, POUVOIR ET IMAGE –
jusqu’au 21 juin
Centre Pompidou
l QU’EST-CE QUE LA PHOTOGRAPHIE ? –
jusqu’au 1er juin
l JEFF KOONS – jusqu’au 27 avril
l TéLéMAQUE – jusqu’au 18 mai
Cité du cinéma, St.Denis
l HARRy POTTER – du 4 avril au 6
septembre
Cité de la Musique
l DAVID BOWIE – jusqu’au 30 mai
l PIERRE BOULEZ – jusqu’au 28 juin
Fondation Cartier pour l'art
contemporain
l BRUCE NAUMAN – jusqu’au 21 juin
Fondation Louis Vuitton
l LES CLEFS D’UNE PASSION – du 1er
avril au 6 juillet
Grand Palais
l VELáZQUEZ – jusqu’au 13 juillet
l LUMIèRE ! Le cinéma inventé –
jusqu’au 14 juin
l JEAN PAUL GAULTIER – du 1er avril
au 3 août
l ICôNES AMéRICAINES. Chefs-d’œuvre du SFMoma & de la collection
Fisher – du 8 avril au 22 juin
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Halle St. Pierre
l LES CAHIERS DESSINéS – jusqu’au 14
août.
Institut des Cultures d’Islam
l CHERCHEZ L’ERREUR – jusqu’au 19
avril
Jeu de Paume
l FLORENCE HENR & TARyN SIMON &
VANDy RATTANA – jusqu’au 17 mai
La Maison Rouge
l MATHIEU BRIAND - ET IN LEBERTALIA
EGOUN PROJET & JéRôME ZONDER - jusqu’au 10 mai
Maison de l'Amérique latine
l CARMEN PERRIN – jusqu’au 16 mai
Maison de la Photographie
l MARCEL BOVIS – jusqu’au 26 avril
Musée des arts décoratifs
l DéBOUTONNER LA MODE – jusqu’au 19 juillet
Musée d’art du judaïsme
l MAGIE. Anges et démons dans la
tradition juive – jusqu’au 28 juin
Musée d’art moderne
l GEORGES NOëL. La traversée des
signes – jusqu’au 3 mai
l LA PASSION SELON CAROL RAMA –
du 3 avril au 12 juillet
l MARKUS LüPERTZ. Une rétrospective – du 17 avril au 19 juillet
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n
. du 1er avril au 6 juillet 2015
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Musée Bourdelle
l MANNEQUINS D'ARTISTE, MANNEQUINS
FéTICHES – du 1er avril au 12 juillet
Musée Cognacq-Jay
l LUMIèRES : CARTE BLANCHE à CHRISTIAN
LACROIX – jusqu’au 19 avril.
Musée Dapper
l L’ART DE MANGER - Rites et traditions – jusqu’au 12 juillet
Musée Jacquemart-André
l DE GIOTTO à CARAVAGE - Les passions de Roberto Longhi – jusqu’au
20 juillet
Musée du Louvre
l NEW FRONTIER IV : FASTES ET FRAGMENTS – jusqu’au 27 avril.
l POUSSIN ET DIEU – du 2 avril au 29
juin
l LA FABRIQUE DES SAINTES IMAGES.
ROME-PARIS, 1580-1660 – du 2
avril au 29 juin
Musée du Luxembourg
l LES TUDORS – jusqu’au 19 juillet
Musée Maillol
l LE BAISER – jusqu’au 26 juillet
Musée Marmottan-Monet
l LA TOILETTE. Naissance de l’intime
– jusqu’au 5 juillet
Musée de Montmartre
l L’ESPRIT DE MONTMARTRE ET L’ART
MODERNE 1875-1910 – jusqu’au 25
d
a
septembre
Musée d’Orsay
l PIERRE BONNARD. Peindre l’Arcadie
– jusqu’au 19 juillet
l DOLCE VITA. Art décoratif italien
1900-1940, du Liberty au Design
industriel – du 14 avril au 13 sept.
Musée du Quai Branly
l LES MAîTRES DE LA SCULPTURE DE
CôTE D’IVOIRE – 14 avril au 26 juillet
Musée Zadkine
l DES(T/S)INS DE GUERRE – jusqu’au 14
juin
Palais Galliera
l JEANNE LANVIN – jusqu’au 23 août
Palais de Tokyo
l LE BORD DES MONDES & TAKIS,
champs magnétiques & BOUCHRA
KHALILI – jusqu’au 17 mai
Petit Palais
l LES BAS-FONDS DU BAROQUE. La
Rome du vice et de la misère – jusqu’au 24 mai
l CARMEN ET MéLISANDE, drames à
l’Opéra Comique - jusqu’au 28 juin
Pinacothèque
l AU TEMPS DE KLIMT. La Sécession
à Vienne – jusqu’au 21 juin
l LE PRESSIONNISME. Les chefsd’œuvre du graffiti sur toile – jusqu’au 13 septembre.
m é m e n t o
Théâtre du Galpon, Genève
Théâtre du Grütli
La Compagnie de l'estuaire fête ses 20 ans avec un spectacle de danse
et sculpture en mouvement.
Avec GO, Nathalie
Tachhella questionne les
territoires, et nos constructions culturelles,
intimes et sociales.
Cett création chorégraphique est un point de
départ. Un plateau sur
lequel différentes configurations vont se déployer.
C’est une construction de
territoires symboliques, et
cette injonction que l’on se
fait à soi-même ou que
l’on reçoit d’autrui à l’instant qui ! précède la mise
en mouvement.
G0 (Ground zéro) est
une critique des groupes
dominants qui se répartissent les territoires sur
«GO» © Claire Goodyear
lesquels se développent
leurs projets économiques
et sociaux.
. du 21 avril au 3 mai 2015
Au bout de la route, il y a Los Angeles. La Cité des Anges attire des
migrants du monde entier, séduits par le rêve américain et portés par le sentiment qu'ici tout est possible.
GO
88
Angels
Alexandre Simon et Cosima
Weiter ont rencontré, interrogé
et filmé ces personnes issues de
différentes communautés pour
saisir ce qui caractérise leur
exil. Constitué de monologues, le
texte met en lumière les solutions
que ces migrants ont trouvées
pour subsister ou prospérer à
Los Angeles.
Comment envisagent-ils
leur avenir et l'évolution des
relations entre les différentes
communautés qui constituent la
population de la ville ?
Face au public, le comédien Pierre-Isaïe Duc leur prête sa
voix. La musique de Blaine
Reininger, obsédante comme
Pierre-Isaïe Duc © Lionel Flusin
peut l'être le vrombissement des
véhicules qui sillonnent inlassablement L.A., accompagne ce spectacle
. Du 21 avril au 3 mai 2015
Billetterie :
Billetterie : 022/888.44.88, [email protected]
La Comédie de Genève
Salle des Fêtes du Lignon
Brigitte Rosset - Seule en scène
Nouveau solo pour la
comédienne, et nouvelle
tranche de vie pour ce
quatrième “one-woman
show“ au titre singulier :
«Tiguidou - Tout le mal
que l’on se donne pour se
faire du bien».
L’on sait que la
grande force de ses spectacles est de ne donner à
voir que des personnages
qu’elle a vus, de ne parler
que de ce qu’elle a traversé, avec un regard précis,
plein d’acuité, irrésistible
d’humour...
Alors, n’hésitez pas à
aller écouter ce qu’elle a à
nous dire !
Brigitte Rosset © Stephane Gros
. Du 28 avril au 3 mai 2015
Billetterie : 022 / 320.50.01, [email protected]
Pierre Richard III
Eternel maladroit, faux distrait, tendre pitre, Pierre Richard est un type
à la mer qui livre sur scène sa vie d’artiste et ses regrets d’homme à partir
de ses récits et d’extraits de films.
Avec son metteur en
scène et complice
Christophe Duthuron, le
réalisateur, poète et comédien continue à se livrer
sur scène. A soixante-dixhuit ans, il danse entre les
images du passé, peuplées
de camarades croisés, et
ses souvenirs d’aujourd’hui. Il raconte les rencontres, les accidents, les
rêveries, les cauchemars.
Et le temps qui reste, dont
il faut profiter en urgence.
Seul en scène, il joue tout,
comédies et tragédies des
vies agitées. Les récits des
tournages, des tournées,
des débuts et des ratés,
Pierre Richard
traversées du désert et
montées vers les cimes. Tout tient le public captif et en haleine, au bord des
larmes, entre deux rires.
. 29 avril 2015
Billetterie : www.vernier.ch/billetterie, ou Service culturel Migros Genève
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Victora Hall
A la direction musicale : Romain Mayor.
Et les solistes sont
Brigitte Hool, soprano,
Isabelle Henriquez, alto,
Julien Behr, ténor, Gilles
Cachemaille, baryton, et
Jérémie Brocard, basse.
Isabelle Henriquez
. Dimanche 12 avril 2015 à 18h
L’Orchestre de Chambre de Genève dirigé par Arie Van Beek et la
Fanfaredulouporchestra s’associent pour une création mondiale, en relation
avec la fin de l’occupation française à Genève, en 1814, et dans le cadre du
bicentenaire de l'entrée de
Genève dans la Confédération
suisse.
Sur la base des éditions
N° 42 du 1er juin 1814 et/ou
du N° 31 du 20 mai 1815 des
“Affiches, Annonces et Avis
Divers de la Ville de Genève“,
un collectif de compositeurs
issu des deux ensembles musicaux puise dans les annonces
et avis de ce périodique afin
d’en tirer une narration musicale poétique, mettant en
avant les réalités et tracas de
la vie quotidienne face à cet
événement capital de l’histoire de Genève.
Arie Van Beek
Billetterie : L'OCG +41 22 807 17 90 ~ [email protected] & Starticket
et aussi, sur place une heure avant le concert
Théâtre de Carouge
Victoria Hall
La visite de la vieille dame
Dürrenmatt revisité
par le magicien Porras !
Ce pas de deux grinçant
jusqu’à l’apocalypse vous
sera offert par le Teatro
Malandro sur la scène de
la salle François-Simon.
Pour la troisième fois
depuis la fondation du
Teatro Malandro, Omar
Porras crée ce bijou vitriolé, campant lui-même
une
vieille
dame
exubérante, emperruquée
et en dentelles.
Un spectacle musical
et festif, où le baroque
d’Omar Porras épouse
celui de l’auteur suisse
alémanique.
A déguster sans modération !
Ciné-Concert
Dans le cadre des
Concerts du dimanche de la
Ville de Genève, et sous la
baguette de Philippe Béran, les
orchestres du Collège de
Genève et de la Suisse
Romande joueront des grands
tubes de la musique classique.
De “2001, l’odyssée de
l’espace“ à “Black Swan“ en
passant par 2La Grande
Vadrouille2, on ne compte plus
les films qui puisent dans le
répertoire classique. De
grands moments de cinéma
seront ainsi projetés, accompagnés de leur musique originale
interprétée en direct.
Philippe Béran © Jacques Blanc
L’occasion peut-être de formuler une autre hypothèse: et si c’était ces
chefs-d’œuvre musicaux qui avaient élevé au rang de mythe ces scènes cinématographiques ? A vous d’en juger !
. Dimanche 19 avril 2015 à 11h
. Du 17 avril au 9 mai 2015
Location : Espace Ville de Genève - Pont de la Machine, Grütli, Cité Seniors
Billetterie en ligne: http://billetterie-culture.ville-ge.ch
Billetterie en ligne : http://tcag.ch
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. Jeudi 30 avril 2015 à 20h
Billetterie : Ville de Genève : 0800 418 418 (gratuit) / +41 22 418 36 18 (payant ;
depuis l’étranger) / billetterie-culture.ville-ge.ch / Maison des arts du Grütli / Espace Ville
de Genève / Cité Seniors / Genève Tourisme / sur place, une heure avant le concert
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200 % Orchestres
Le Motet de Genève
présente, en collaboration
avec L’Orchestre de
Chambre de Genève, un
concert
réunissant
Giacomo Puccini (Messa
di Gloria) et Frank Martin
(In Terra Pax).
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Bâtiment des Forces Motrices
Puccini / Martin
«La visite de la vieille dame»
© Jean-Paul Lozouet
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GENEVE
concerts
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u 1.4. : Série Prélude. OSR, dir.
Benjamin Levy, SARKIS OHANESSIAN,
commentaires (Dvorak, Bernstein).
Victoria Hall à 20h (Tél.
022/807.00.00 / [email protected])
u 11.4. : MARCuS MILLER, jazz. Salle
des Fêtes de Thônex à 20h30
(Billets FNAC, TicketCorner)
u 14.4. : HuBERT-FELIx THIEFAINE,
rock. Salle des Fêtes de Thônex à
20h30 (Billets FNAC, TicketCorner)
u 15.4. : Les Grands Interprètes.
ORCHESTRE NATIONAL DE LYON, dir.
Alain Altinoglu, EMMANuEL PAHuD,
flûte (Dukas, Ibert, Bizet, Ravel).
Victoria Hall à 20h (loc. Service culturel Migros Genève, 022 319 61 11,
Stand Info Balexert, Migros Nyon-La
Combe)
u 16.4. : Prestige Artists. ORquESTA
BuENA VISTA SOCIAL CLuB, & Omara
Portuondo - Tournée d’adieu.
Théâtre du Léman à 20h30 (loc.
www.theatreduleman.com)
u 17.4. : Les vendredis de l’ethno.
ENSEMBLE NuRYANA, musique d’Inde
et d’Afghanistan. AMR-Sud des
Alpes
à
21h30
(préloc.
022/716.56.30)
u 17.4. : J.-S. BACH - PASSION SELON
SAINT-JEAN. Chœur de Chambre,
orchestre et solistes de la HEM,
dir. Celso Antunes. Cathédrale StPierre, Genève, à 20h (rés.
022/738.56.50)
u 18.4. : Concert en Famille no. 3.
FARCES ET ATTRAPES MuSICALES !
Geneva Camerata, dir. David
Greilsammer. Matan Porat, piano,
Roy Amotz, flûte, Ira Givol, violoncelle. Salle Frank Martin à 11h
(billetterie en ligne sur le site du
Geca)
u 18.4. : CONCERT Au CENTRE
ARCOOP. Orchestre à cordes de
la HEM de Genève, dir. Jean
Jacques Balet. Simão AlcoforadoBarreira, bayan (Gubajdulina).
Centre Arcoop, rue des Noirettes
22, Carouge, à 20h30
u 19.4. : Concert du dimanche de la
ville de Genève. ORCHESTRE Du
COLLèGE DE GENèVE & ORCHESTRE DE
LA SuISSE ROMANDE, dir. Philippe
Béran (R. Strauss, J. Strauss,
Haendel, Mozart, Wagner). Victoria
Hall à 11h (rens. 0800.418.418,
billets : Alhambra, Grütli)
u 19.4. : Concert du Dimanche de la
Ville de Genève. ORCHESTRE Du
COLLèGE DE GENèVE ET OSR, dir.
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Philippe Béran (musique classique au
cinéma). Victoria Hall à 11h (Tél.
022/807.00.00 / [email protected])
u 20.4. : Concert Sauvage no. 3. 64
THINGS SHOW. Matan Porat, piano,
Roy Amotz, flûte, Ira Givol, violoncelle. La Comédie de Genève à
19h30 (billetterie en ligne sur le site
du Geca)
u 21.4. : Raconte-moi la Musique
n°2. DANS LA COuR Du ROI SOLEIL, présenté par David Greilsammer, avec
des solistes du Geneva Camerata.
Société de Lecture à 12h (loc. 022
311 45 90)
u 21.4. : Jazz Classics. DEE DEE
BRIDGEWATER, vocals & CHINA MOSES,
vocals & band. Victoria Hall à 20h30
(loc. Fnac / Ticketcorner)
u 21.4. : SALOME KAMMER, soprano,
ENSEMBLE CONTRECHAMPS, dir. Michael
Wendeberg, STEFAN WIRTH, piano
(Bauckholt, Schönberg, Zender).
Studio Ernest-Ansermet à 20h
(billets en vente sur place 45 min.
avant le début du concert ou en
ligne sur www.contrechamps.ch) /
de 18h à 19h30 : Schönberg
Contemporain de son temps - technique, médias, jeux, conférence de
Brice Pauset
u 23.4. : Migros-pour-cent-culturelclassics. ACADEMY OF ST MARTIN IN THE
FIELDS, dir. et violon JuLIA FISCHER,
OLIVIER SCHYDER, piano (Haydn,
o
Mendelssohn, Schönberg). Victoria
Hall à 20h (loc. SCM 022/319.61.11)
u 24.4. : ORCHESTRE DES VARIATIONS
SYMPHONIquES & VITTORIO FORTE,
piano (Beethoven). Victoria Hall à
20h30
u 25.4. : FRERO DELAVEGA, pop. Salle
des Fêtes de Thônex à 20h30
(Billets FNAC, TicketCorner)
u 29.4. : Série Symphonie. OSR, dir.
Markus Stenz, LEONIDAS KAVAKOS,
violon (Wagner, Sibelius, Adams).
Victoria Hall à 20h (Tél.
022/807.00.00 / [email protected])
u 30.4. : Prestige Artists. MNOZIL
BRASS. Victoria Hall à 20h30 (loc.
Fnac / Ticketcorner)
u 30.4. : CALI, rock & chansons française. Salle des Fêtes de Thônex à
20h30 (Billets FNAC, TicketCorner)
u 30.4. : Concert de soirée No. 7.
200% ORCHESTRES. L’OCG, dir. Arie
Van Beek, Fanfaredulouporchestra
(NN). BFM à 20h (loc. 022/807.17.90
/ [email protected] ou www.ticketportal.com)
opéra
u 5.4. : OPERA MANIA - airs et ballet
d’opéra par l’Opéra National de
Russie. Théâtre du Léman à 18h
(loc. www.theatreduleman.com)
u 9, 12, 15, 18, 21, 24.4. : MEDEA de
Luigi Cherubini, dir. Marko Letonja,
Orchestre de la Suisse Romande,
Victoria Hall
Leonidas Kavakos
Le violoniste grec, l’un des jeunes virtuoses du violon les plus recherchés, sera en avril l’invité de l’Orchestre de la Suisse Romande, lors d’un
concert de la série Symphonie placé sous la direction de Markus Stenz.
A cette occasion,
il sera l’interprète du
“Concerto pour violon
et orchestre en ré
mineur op. 47“ de Jean
Sibelius.
Auparavant,
l’OSR aura interprété
la “Siegfried-Idyll“ de
Wagner; en clôture,
l’on pourra entendre
l’Harmonielehre de
John Adams.
. 29 avril 2015
Billetterie :
022 /807.00.00,
[email protected],
ou en ligne
Leonidas Kavakos. Crédit Marco Borggreve
a
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m.e.s. Christof Loy. Grand Théâtre à
19h30, le 12 à 15h (billetterie en
ligne sur le site du Grand Théâtre)
u 17 et 19.4. : RuSALKA, de Dvorak
par le Théâtre Orchestre Bienne
Soleure. Salle des Fêtes du Lignon,
le 17 à 20h, le 19 à 15h (billetterie :
www.vernier.ch/billetterie,
ou
022/306.07.80)
u 23.4. : Récital DIANA DAMRAu,
soprano, xAVIER DE MAISTRE, harpe.
Grand Théâtre à 19h30 (billetterie
en ligne sur le site du Grand
Théâtre)
théâtre
u Du 10 au 19.4. : FEYDEAu à MOTO
d'après Georges Feydeau, m.e.s.
Gaspard Boesch. Théâtre Pitoëff,
mar-mer-ven à 20h, jeu-sam à 19h,
dim à 17h (rés. 022/793.54.45 ou
[email protected])
u 14, 15, 18 et 19.4. : DANS LA BOuTIquE FANTASTIquE de et avec Chine
Churchod et Gaëtan Aubry, dès 4
ans. Théâtre Am Stram Gram, mar à
19h, mer à 15h, sam+ dim à 17h
(Loc. 022/735.79.24 et Service
Culturel Migros)
u Du 15 au 30.4. : OTHELLO de
Shakespeare, m.e.s. Eric Salama.
Théâtre Saint-Gervais, grande salle,
mar-jeu-sam à 19h, mer-ven à 20h30
(loc. 022/908.20.20 ou www.saintgervais.ch)
u Du 15.4. au 3.5. : LE VILAIN PETIT
MOuTON d'Olivier Chiacchiari, m.e.s.
Guy Jutard, création, dès 6 ans.
Théâtre des Marionnettes, mer à
15h, sam à 17h, dim à 11h et 17h
(rés. 022/807.31.07)
u Du 17.4. au 9.5. : LA VISITE DE LA
VIEILLE DAME de Friedrich Dürrenmatt,
par le Teatro Malandro, m.e.s. Omar
Porras. Théâtre de Carouge, salle
François-Simon, mar-mer-jeu et sam
à 19h, ven à 20h, dim à 17 (billetterie : 022/343.43.43 - [email protected])
u 18 et 19.4 : La saison des P’tits
Loups. SuPER ELLE, par le Théâtre
Artiule. Théâtre du Loup, à 11h et
15h (rés. 022/301.31.00)
u Du 21.4. au 3.5. : PIèCES DéTACHéES
de et m.e.s. Valérie Poirier. Théâtre
Alchimic, mar+ven à 20h30, mer-jeusam-dim à 19h (rés. 022/301.68.38 /
www.alchimic.ch - loc. Service culturel Migros)
u Du 21.4. au 3.5. : ANGELS de
Cosima Weiter, m.e.s. Alexandre
Simon et Cosima Weiter, création.
Le Grütli, Grande salle (sous-sol),
mar-jeu-sam à 19h, mer-ven à 20h,
dim à 18h. Relâche lun ([email protected] / 022/888.44.88)
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Théâtre de La Parfumerie
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Grand Théâtre à 19h30
Je suis un saumon
Le Procès de Médée
En marge des représentations de “Médée“ de Luigi Cherubini qui ont
lieu les 9, 12, 15, 18, 21 et 24 avril, le Grand Théâtre convoque trois orateurs modernes : Marc Bonnant,
Bernard-Henri Lévy et Alain
Carré pour nous transporter dans
l’Antiquité et ses mystères par la
seule force de leur verbe fécond.
Ravivez votre passion de la
mythologie en assistant à cette
joute oratoires imaginées sous la
forme d’un procès homérique et
éblouissant.
Patrick Mohr
Merveilleuse allégorie de la vie, “Je suis un saumon“ a été créé originellement par Philippe Avron en Avignon en 1998, puis a reçu en 1999, le
Molière du meilleur One Man Show.
Après les succès de ses deux solos “Le Relais“ et “La Source“, Patrick
Mohr se lance le défi de se réapproprier librement ce merveilleux texte
accompagné par un contrebassiste et deux flutistes virtuoses.
. Du 21 avril au 10 mai 2015
Réservation : 022 / 341.21.21
u Du 21.4. au 24.5. : JEAN ET
BéATRICE de Carole Fréchette,
m.e.s. Mariama Sylla. Théâtre du
Crève-Cœur, ch. de Ruth, Cologny,
mar au sam à 20h00, dim à 18h00
(rés. 022/786.86.00)
u Du 23 au 26.4. : ORLANDO Ou L'IMPATIENCE de et m.e.s. Olivier Py. La
Comédie de Genève, jeu-sam à 19h,
ven à 20h, dim 26 avril à 15h exceptionnellement (loc. 022/320.50.01 /
[email protected])
u Du 23 au 26.4. et du 30.4. au
2.5. : A L’AèDE de Mathias Glayre,
création. Théâtre de l’usine (rés.
022/328.08.18 ou www.theatredelusine.ch)
u 28 et 29.4. : L’APPEL DE LONDRES
de Philippe Lellouche, avec l’auteur, Vanessa Demouy, Christian
Vadim et David Brecourt. Théâtre
du Léman à 20h30 (loc. www.theatreduleman.com)
u Du 28.4. au 3.5. : BRIGITTE ROSSET SEuLE EN SCèNE de Brigitte Rosset,
m.e.s. Jean-Luc Barbezat. La
Comédie de Genève, mar-mer-jeusam à 19h, ven à 20h, dim à 17h (loc.
022/320.50.01 / [email protected])
u 29.4. : PIERRE RICHARD III, de et
avec Pierre Richard. Salle des Fêtes
du Lignon à 20h (billetterie :
www.vernier.ch/billetterie,
ou
022/306.07.80)
a
g
danse
u Du 15 au 25.4. : uNE FEMME Au
SOLEIL de Perrine Valli, création.
Salle des Eaux-Vives, 82-84 r. EauxVives, à 20h30 (réservation en ligne
sur : http://www.adc-geneve.ch/)
u 18 et 19.4. : ROMEO & JuLIET par
Rock The Ballet. Théâtre du
Léman, le 18 à 20h, le 19 à 14h et
19h (loc. www.theatreduleman.com)
u Du 21.4. au 3.5. : GO ! par la
Compagnie de l’estuaire, danse. Le
Galpon (rés. au 022/321.21.76 au
plus tard 2 heures avant le début de
l’événement - mail : [email protected])
divers
u 12.4. : APéRITIF CRèVE-CœuR, lecture avec Anne Vaucher et Alain
Carré. Théâtre du Crève-Cœur, ch.
de Ruth, Cologny, à 11h (rés.
022/786.86.00)
u 16.4. : LE PROCèS DE MéDéE, m.e.s.
Alain Carré, avec Marc Bonnant,
Bernard-Henri Lévy, Alain Carré.
Grand Théâtre à 19h30 (billetterie
en ligne sur le site du Grand
Théâtre)
u 25.4. : TAP FACTORY, chorégraphie
de Vincent Pausanias. Théâtre du
Léman à 15h et 20h (loc. www.theatreduleman.com)
e
n
. Jeudi 16 avril 2015
Billetterie :
http://www.geneveopera.ch/
Alain Carré
u Du 24 au 26.4. : Laboratoire spontané. SuZETTE IN PROGRESS, concert
rock, dès 8 ans. Théâtre Am Stram
Gram, ven à 19h, sam+dim à 17h
(Loc. 022/735.79.24 et Service
Culturel Migros)
LAUSANNE
concerts
u 1.4. : Concert Découvertes. LA
SYMPHONIE ITALIENNE, OCL, dir. Andris
Poga, Jean-François Zygel, conception, piano et commentaires,
musique de Felix Mendelssohn
Bartholdy. BCV Concert Hall à 17h
(Billets sur place ou 021 345 00 25)
u 12.4. : Les Concerts J.S. Bach de
Lutry. MARIE-CLAuDE CHAPPuIS, soprano & IL GIARDINO ARMONICO (C.Ph.
Telemann et C.Ph.E. Bach). Temple
de Lutry à 17h (Billets : Hug
Musique ou à l'entrée dès 16h le
jour du concert / rés. Point I, quai
G. Doret, Lutry, Tél. 021 791 47 65)
u 12.4. : Concert du dimanche.
O.C.L., dir. Gustavo Gimeno, LIONEL
COTTET, violoncelle (Romberg,
Schubert). Opéra de Lausanne à
11h15 (locl. OCL. 021 345 00 25)
u 12.4. : BRIGITTE BALLEYS, alto et
Anne Chollet, orgue & Ensemble
instrumental (J.-S. Bach «Vergnügte
Ruh» - BWV 170). Eglise St.Laurent à
18h (rés. www.cantateetparole.org)
u 24.4. : CAMERATA DE LAuSANNE &
PIERRE AMOYAL, violon solo &
CHRISTIAN CHAMOREL, piano (Mozart,
Mendelssohn). Eglise de la Croix
d’Ouchy à 20h (rés. [email protected])
d
a
u 27 et 28.4. : O.C.L., dir. Betrand
de Billy, MARYSOL SCHALIT, soprano,
TOBIAS MORETTI, récitant (Beethoven).
Salle Métropole à 20h (Billetterie :
021/345.00.25)
u 28.4. : Les Entractes du mardi.
ALExANDER GRYTSAYENKO et OLIVIER
BLACHE, violon, ELI KARANFILOVA, alto,
LIONEL COTTET, violoncelle (Schubert,
Borodin). Salle Métropole à 12h30
(Billetterie de l’OCL 021/345.00.25)
u 30.4. : OSR, dir. Markus Stenz,
LEONIDAS KAVAKOS, violon (Wagner,
Sibelius, Adams). Théâtre de
Beaulieu
à
20h15
(Tél.
022/807.00.00 / [email protected] ou
chez Passion Musique)
opéra
u 21.4. : Forum Opéra – SOLARIS.
Conférence de Georges Reymond.
Salon Alice Bailly de l’Opéra de
Lausanne à 18h45 (Billets en ligne
et infos : www.opera-lausanne.ch)
u 24 et 26.4. : SOLARIS de Daï
Fujikura, dir. Erik Nielsen, Ensemble
intercontemporain, m.e.s. Saburo
Teshigawara. Opéra de Lausanne, le
24 à 20h, le 26 à 15h (Billetterie :
021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h
/ en ligne : www.opera-lausanne.ch)
théâtre
u Du 7 au 12.4. : DuBé Du BOuT Du BIC,
dir. Christophe Papadimitriou,
concert, dès 3 ans. Le petithéâtre
(réservation en ligne sur le site du
théâtre)
u Du 10 au 19.4. et 3.6. : EN 36 ANS
DE THéâTRE DE KLéBER-MéLEAu, m.e.s.
91
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Fondation Heim, Chambésy
Le Chant de l’âme
L’occasion vous est offerte de découvrir deux jeunes talents - révélations magistrales selon certains - dans un répertoire aux musiques d’inspiration juive.
Au piano, Vincent Thévenaz, qui réalise des arrangements admirables
pour accompagner les œuvres de Ravel (Kaddisch), Achron (Hebrew Melody
op.33) et Bloch (Baal Shem).... et se fend de quelques improvisations en
intermède. Au violon, Bianca Favez, qui sait varier les sonorités selon les
o
19h (rés. 021/619.45.45 www.billetterie-vidy.ch)
u du 29.4 au 2.5. : LE GRAND HôPITAL
- LE quINTETTE POuRSuITE par
Eustache. Théâtre 2.21, mar-sam à̀
21h, dim à̀ 17h (loc. sur : www.theatre221.ch/)
danse
u jeudi 23, vendredi 24, samedi 25,
dimanche 26, mercredi 29, jeudi
30.4., vendredi 1, samedi 2, dimanche 3.5. : PAN, chor. Tania de Paola.
Espace culturel des Terreaux,
jeu+sam à 19h, mer-ven à 20h, dim à
17h (billetterie 021 320 00 46)
divers
Vincent Thévenaz et Bianca Favez
92
œuvres, sans tomber dans la caricature d’un violon pseudo-yiddish.
Le programme inclut également Three Jewish Dances op.192 de Marc
Lavry, et la Sonate en Sol Majeur op.44 de Paul Ben-Haïm.
. 15 avril 2015 à 20h
u Du 24 au 26.4. : ATELIER LABO 3 théâtre / danse / performance
et/ou pluridisciplinaire. Théâtre de
L’Arsenic (rés. en ligne)
u Du 20.4. au 3.5. : Fécule, Festival
des cultures universitaires. La
Grange de Dorigny
(rés.
021/692.21.24 + en ligne sur la page
de chaque spectacle)
6 chemin du Champ de Blé à Chambésy / Billetterie à l’entrée
Philippe Mentha, création. Théâtre
Kléber-Méleau, ma-me-je 19h00 –
ve 20h30 – sa 19h00 – di 17h30 – lu
relâche (loc. au 021 625 84 29 ou
Achat en ligne sur vidy.ch)
u du 14 au 26.4. : SI ON SAVAIT / TRIO
NO. 1, DuRCH EIN FENSTER, m.e.s.
Jérôme Giller, Pierric Tenthorey.
Théâtre 2.21, mar-ven à̀ 20h30, merjeu-sam à̀ 19h, dim à 18h (loc. sur :
www.theatre221.ch/)
u 14.4. au 3.5. : PLAY STRINDBERG de
Frédéric Dürrenmatt par la Cie
Voeffray-Vouilloz, m.e.s. Joseph E.
Voeffray. Pulloff Théâtre, Industrie
10, me/ve à 20h, ma/je/sa à 19h et di
à 18h (réservations en ligne sur :
www.pulloff.ch, ou 021 311 44 22)
u Du 16 au 26.4. : CHAMBRE D’AMIS,
de Antoine Jaccoud, par les Cies
Futur3, Cologne & Selma 95.
Théâtre de L’Arsenic, ma, je, sa
19h / me, ve 20h30 / di 18h (rés. en
ligne)
u 17 et 18.4. : CASTING par Lausanne
Impro. Théâtre 2.21, à 20h loc. sur :
www.theatre221.ch/)
u Du 21 au 24.4. : LES FONDATEuRS
FONT Du THéâTRE, conception Zoé
Cadotsch et Julien Basler. Théâtre
de L’Arsenic, ma, je 21h / me, ve
19h (rés. en ligne)
u Du 21 au 24.4. : SINGSPIELE avec
David Mambouch. Conception
Maguy Marin. Vidy-Lausanne, salle
René Gonzalez, mar-mer à 19h, jeu à
14h15 et 21h30, ven à 14h15 et 19h
(loc. 021/619.45.45)
u Du 22 au 24.4. : BIT avec David
Mambouch. Conception Maguy
Marin. Vidy-Lausanne, salle Charles
Apothéloz, mer-ven à 20h30, jeu à
19h (rés. 021/619.45.45 www.billetterie-vidy.ch) ) / 23.4. Rencontre autour de BiT
u Du 22.4. au 10.5. : LE DéRATISEuR DE
HAMELIN de Yves Ali Zahno, m.e.s.
Julie Burnier et Frédéric Ozier, création, dès 7 ans. Le petithéâtre (réservation en ligne sur le site du théâtre)
u Du 28.4 au 3.5. : PAS GRAND-CHOSE
PLuTôT quE RIEN, de et m.e.s. Joël
Maillard. Théâtre de L’Arsenic, ma,
je, sa 19h / me, ve 20h30 / di 18h
(rés. en ligne)
u Du 28.4. au 10.5. : LE MANuSCRIT
DES CHIENS III de Jon Fosse, m.e.s.
Guillaume Béguin. Vidy-Lausanne,
salle René Gonzalez à 18h30, jeu à
14h15 et 18h30 (loc. 021/619.45.45)
/ 30.4. - Rencontre autour du manuscrit des chiens III.
u Du 29.4. au 1.5. : LES PARTICuLES
éLéMENTAIRES de Michel Houellebecq.
Adapt & m.e.s. Julien Gosselin. VidyLausanne, salle Charles Apothéloz, à
a
g
BLESSuRE de Pierre-Yves Chapalain,
m.e.s. Anne-Margrit Leclerc et Eric
Petitjean
u 11.4. : BRIGITTE, indie pop folk
u 18.4. : CLINTON FEARON, reggae +
Green Valley Vibes
u 28.4. : Anniversaire - 30 ans.
ORCHESTRE DES PAYS DE SAVOIE, dir.
Nicolas Chalvin (Bach, Schönberg,
Pärt). Gaillard - Espace Louis Simon
u 29.4. : RIquET de Antoinette
Herniotte, m.e.s. Laurent Brethome
u 29 et 30.4. : FAIR-PLAY de Patrick
Thibaud
bienne
Loc. : www.spectaclesfrancais.ch /
guichet du TOBS, Théâtre municipal /
Points de vente Ticketportal
u 10.4. : RuSALKA, de Dvorak. Théâtre
Municipal à 19h30
u 21.4. : SILLONS, hip-hop par la Cie
Zahrbat / Brahim Bouchelaghem.
Théâtre Palace à 20h15
u 24, 25 et 26.4. : LE FILS quI... de et
avec Sandro De Feo, Collectif Illusion
éphémère, création. Théâtre de
Poche, ven-sam à 20h15, dim à 18h
u 28.4. : D’ACIER d’après le roman de
Silvia Avallone, Cie L’outil de la ressemblance, m.e.s. Robert Sandoz.
Théâtre Palace à 20h15
AiLLEURS fribourg
annecy
BONLIEu SCèNE NATIONALE aux Haras
d’Annecy, sauf mention contraire
(rens./rés. 04.50.33.44.11 / [email protected])
u Du 3 au 8.4. : CARTA DE SAN PABLO
de et m.e.s. Angélica Liddell
u Du 7 au 9.4. : LES MARCHANDS de
Joël Pommerat
u Du 28 au 29.4. : CELuI quI TOMBE de
et m.e.s. Yoann Bourgeois
u 28 et 29.4. : CHuT, un projet de
Fanny de Chaillé
annemasse
RELAIS CHâTEAu-ROuGE à 20h30
sauf mention contraire (loc.
+33/450.43.24.24)
u 1.4. à l’Auditorum : SuR LE RING LE PIANO AMBuLANT, m.e.s. André
Fornier
u 3.4. : THE ROOTS, chor. Kader
Attou, Compagnie Accrorap, CCN
de la Rochelle
u 8.4. à 14h30 : Ciné-Concert.
CHIENS DE TOuS POILS par Joseph
d'Anvers
u Du 8 au 10.4. : PHILOCTèTE, uNE
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THéâTRE EquILIBRE à 20h (billetterie :
Fribourg Tourisme 026/350.11.00 /
[email protected])
u 5.4. : LE MESSIE de Haendel, par
l’Ensemble Orlando Fribourg - dir.
Laurent Gendre & Le Parlement de
Musique - dir. Martin Gester, avec
Magali Arnault Stanczak, soprano,
Julien Freymuth, alto, David
Munderloh, ténor, Raymond Ayers,
basse. Eglise du Collège St.Michel à
17h (rés. [email protected])
u Du 22 au 26.4. : L'APRèS-MIDI D'uN
FOEHN, chor. Fia Ménard, par la
Compagnie Non Nova
u Du 22 au 24.4. : VORTEx, chor. Fia
Ménard, par la Cie Non Nova
u 28.4. : Concert 4. ORCHESTRE DE
CHAMBRE
FRIBOuRGEOIS,
dir.
Alexander Mayer, ANNE-KATHRIN
SETIK, soprano (Alban Berg, Gustav
Mahler)
givisiez
THéâTRE DES OSSES, 20h, di à 17h
(loc. 026/469.70.00)
u Du 21.4. au 3.5. : LE MENTEuR de
Carlo Goldoni, m.e.s. François Marin
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la chaux-fds
THéâTRE POPuLAIRE ROMAND / CENTRE
NEuCHâTELOIS DES ARTS VIVANTS (loc.
032/967.60.50, www.tpr.ch)
u 6, 8, 11, 15 et 18.4., Cinéma ABC:
LA SORCIèRE DANS LES AIRS de Max
Lang et Jan Lachauer, dès 4 ans
u 22.4. : AVISHAI COHEN TRIO, jazz.
L’Heure bleue à 20h15
u 23.4. : Série parallèles. ESTHER
WALKER, piano & JOëL MAROSI, violoncelle. Salle Faller à 20h15.
u 29.4. : EMMANuEL PAHuD, flûte
(Jolivet, Teleman). L’Heure bleue à
20h15 (Billetterie Arc en scènes)
u 29 et 30.4. : TIMELOSS de et m.e.s.
Amir Reza Koohestani. Beau-Site à
20h15
martigny
u Du 16 au 19.4. : LES ANNéES de et
avec Yvette Théraulaz, m.e.s.
Philippe Morand. Théâtre Alambic à
19h30, le 18 à 19h, le 19 à 17h (rés.
& loc. au 027/722.94.22 ou [email protected])
monthey
THéâTRE Du CROCHETAN à 20h
(loc. 024/471.62.67)
u Du 14 au 17.4. : L'APRèS-MIDI D'uN
FOEHN et VORTEx d'après Debussy,
cirque, danse, jonglerie
u 18.4. : LES ANNéES de et avec
Yvette Théraulaz, m.e.s. Philippe
Morand
u 21.4. : L'AFFRONTEMENT de Bill C.
Davis, m.e.s. Steve Suissa
u 24.4. : KALA JuLA, musique du
monde
u 26.4. : RéCITAL VOIx ET PIANO,
Valerio Contaldo, ténor, Didier
Puntos, piano (Schubert, Schumann,
Wolf)
u 30.4. : PYGMALION BLuES !, dir. et
piano David Greilsammer, Geneva
Camerata (Haydn, Purcell, Mozart)
montreux
Auditorium Stravinski, 20h15 sauf
mention contraire
(loc. 021/962.21.19)
u 9.4. : MONTREux CHORAL FESTIVAL
morges
THéâTRE DE BEAuSOBRE à 20h sauf
mention contraire
(loc. 024/471.62.67)
u 1.4. : LE CERCLE DES ILLuSIONISTES de
et m.e.s. Alexis Michalik, Théâtre
u 3.4. : PASSION SELON SAINT MARC de
Reinhard Keiser, avec Thierry
Daenzer et l'Ensemble Baroque de
Joux. Temple à 17h (rés.
021/801.15.02)
Théâtre des Osses, Givisiez
Le Menteur
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u 22.4. : KARIM SLAMA, A part ça, globalement, ça va plutôt bien
u 26.4. : ORCHESTRE SYMPHONIquE
SuISSE DES JEuNES, dir. Kai Bumann.
Théâtre de Beausobre à 17h (rés.
021/804.97.16)
neuchâtel
THéâTRE Du PASSAGE. A 20h, di à 17h
(loc. 032/717.79.07)
u 1.4. : EN ATTENDANT GODOT de
Samuel Beckett
u 3.4. : CHEMIN DE CROIx POuR uN
TEMPS PRéSENT de Denis Müller,
musique de Simon Peguiron.
Récitant : Robert Bouvier. Collégiale
à 17h (rés. [email protected])
u 19.4. : J.-S. BACH - PASSION SELON
SAINT-JEAN. Chœur de Chambre,
orchestre et solistes du Départ.
vocal de la HEM, dir. Celso
Antunes. Temple du Bas à 17h
u 23.4. : HAMLET 60 d'après
Shakespeare
u 26.4. : 20'000 LIEuRES SOuS LES
MERS d'après Jules Verne, par la
Compagnie Imaginaire Théâtre
u 26.4. : CONTES DES RIVAGES de et
par Ariane Racine, conte
onex
SPECTACLES ONéSIENS, salle communale à 20h30 (loc. 022/879.59.99
ou [email protected])
u 19 et 22.4. : Récrés Spectacle.
MAGIE? MAGIE! Par la Compagnie
Tricyclett', dès 4 ans
u 23 et 24.4. : C. ALéVêquE ET S.
REINALDI - 2000 ANS DE MENSONGE, de,
n
t
m.e.s. et avec Christophe Alévêque,
humour
plan/ouates
(loc. 022/888.64.60)
u 17.4. : LISA SIMONE, Concert.
Espace Vélodrome à 20h
u 25.4. : PICCOLI SENTIMENTI de et
m.e.s. Alain Moreau et Antonio
Catalano, Théâtre de marionnettes.
Espace Vélodrome à à 11h et 16h30
pully
L’OCTOGONE, à 20h30 sauf mention
contraire (loc. 021/721.36.20)
u 24.4. : ASOBI, chor. Kaori Ito
u 25.4. à 19h : Amdathtra. KALA JuLA
- MALI
rolle
ROSEY CONCERT HALL (Ticketcorner)
u 24.4. : CORDES Du BERLINER
PHILHARMONIKER. EMMANuEL PAHuD,
flûte, PAuL MEYER, clarinette,
DAISHIN KASHIMOTO, violon, MAJA
AVRAMOVIC, violon, JOACHIN
RIquELME GARCIA, alto. STEPHAN
KONCZ, violoncelle (Mozart, Rossini,
Brahms)
sierre
THéâTRE LES HALLES (www.theatre-leshalles.ch / loc. 027/452.02.90)
u Du 13 au 18.4. : THE MINI FESTIVAL /
les 13 et 14 à 19h : ôte donc le serpent que tu as dans ta culotte, Ilka conférence spectaculaire / les 13 et
Spectacles Onésiens
2000 ans de mensonge
Christophe Alévêque et
Serena Reinaldi se produiront à la
salle communale d’Onex dans un
spectacle intitulé "Deux mille ans
de mensonge".
«Le Menteur» © Mercedes Riedy
François Marin met en scène un spectacle virevoltant et rythmé,
emmené par une dizaine de comédiens, dont Nicolas Rossier dans le rôle du
Menteur et Jacques Roman dans celui de Pantalon.
. du 21 avril au 3 mai 2015
Billetterie en ligne : www.theatreosses.ch/
Signalons que ce spectacle sera également joué le 5 mai à Bienne
(Spectacles français, Théâtre Palace), et le 8 mai à Sion (Théâtre de Valère)
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Jésus et de Marie-Madeleine. Une
magnifique histoire d’amour très
mal racontée depuis plus de deux
mille ans !
Mauvaise foi, no tabou,
liberté totale ! Vous voilà avertis,
mais humour garanti !
. 23 et 24 avril à 20h30
Billetterie : 022/879.59.99,
[email protected]
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«Deux mille ans de mensonge»
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La Grange au Lac, Evian
Théâtre M. Novarina, Thonon
Lors de son concert à Evian, l’Orchestre des Pays de Savoie et le maestro Nicolas Chalvin accueillent le duo de pianistes Lidija et Sanja Bizjak, des
musiciennes qui se produisent sur d’importantes scènes internationales, où
chacune de leur apparition enthousiasme le public.
La compagnie RL présente, dans la mise en scène de René Loyon, cette
comédie moderne et acide de Marivaux, admirable analyse des mœurs du
18e siècle qui explore le sentiment amoureux dans tous ses états.
Malgré la drôle d’atmosphère générée par cette pièce, la farce et la
satire qui y sont contenues amuseront sans nul doute le public.
Histoire à deux pianos
La double inconstance
Lidija et Sanja Bizjak
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«La double inconstance» - photo Lot
Lors de ce concert, elles seront les solistes du “Concerto n°10 pour
deux pianos en mi bémol majeur K 365“ de Mozart.
Le programme de la soirée inclut également la “Pastorale d’été“ de
Honegger, “L’Amour sorcier, suite d’orchestre d’après le ballet“ de De
Falla et “Le carnaval des animaux“ de Saint-Saëns.
. Samedi 11 avril 2015 à 20h
Billetterie en ligne : billetterie.mal-thonon.org/
14 à 21h : Blockbuster par K7 productions / les 15 et 16 à 19h : Parision,
danse par la Cie Nicolas Turicchia /
les 15 et 16 à 21h : La dernière idole,
par le groupe ACM / les 17 et 18 à
19h : Nous souviendrons-nous, par la
Cie Tétanotwist / les 17 et 18 à 21h :
Bist tu tot ?, danse par la Cie
Monochrome / le 19.4. : Les Années
de et par Yvette Théraulaz
u Du 29.4. au 1.5. à 19h30 : ION.
Chor. Cindy Van Acker.
sion
THéâTRE DE VALèRE à 20h15, sauf mention contraire (loc. 027/323.45.61)
u 1.4. : LES ROIS VAGABONDS, concerto pour deux clowns par Karavane
productions (F)
u 19.4., hors les murs : LES ANNéES
d'Yvette Théraulaz, m.e.s. Philippe
Morand. Théâtre Alambic à 17h
u 24.4. : MARC AYMON
u 29.4. : JE VOuS AI COMPRIS de et
m.e.s. Valérie Gimenez et Sinda
Guessab, par Groupov (BE)
PETITHéâTRE (rés. 027 321 23 41,
[email protected])
u Du 16 au 26.4. : C’EST PEuT-êTRE,
par l'ascenseur à poissons | cie et la
Cie In Verso. Horaires : jeu-sam à
19h, ven à 20h30, et dim à 17h
thonon-évian
MAISON DES ARTS, ESPACE MAuRICE
NOVARINA à 20h30, sauf mention
contraire (loc. 04.50.71.39.47 ou en
ligne : billetterie.mal-thonon.org)
u 1.4., Evian : DE PASSAGE de
Stéphane Jaubertie, m.e.s. J. Bert
u 3.4. : CéCILE MCLORIN SALVANT, jazz
u 7.4. : ENTRE LES ACTES de Virginia
Woolf, m.e.s. Lisa Wurmser
u 9 et 10.4. : CONCERTO POuR DEux
CLOWNS de et par Julia Moa Caprez
et Igor Sellem
u 11.4., Evian : ORCHESTRE DES PAYS
DE SAVOIE, dir. Nicolas Chalvin.
SANJA ET LIDIJA BIZJAK, piano
(Mozart, Falla, Honegger, SaintSaëns)
u 14 et 15.4. : LES TROIS PETITS
COCHONS de Noëlle Revaz, m.e.s.
Georges Grbic
u 29 et 30.4. : LA DOuBLE INCONSTANCE de Marivaux, m.e.s. René
Loyon
a
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. 29 et 30 avril 2015
Billetterie en ligne : billetterie.mal-thonon.org/
vevey
LE REFLET - THéâTRE DE VEVEY, à 20h,
sauf mention contraire
(billetterie sur www.lereflet.ch)
u 24.4. : LA BIBLIOTHèquE, chor.
Fiona Hirzel, Compagnie Envol,
cirque
u 24.4. : Arts & Lettres. ADAM
LALOuM, piano (Bach - Schumann).
Salle del Castillo à 19h30 (loc. + 41
21 925 94 94)
u 26.4. : LA BOîTE à GANTS de et
m.e.s. Clément Paré et Grégory
Truchet
ORIENTAL-VEVEY, rue d’Italie 22 (rés.
021/925.35.90, www.orientalvevey.ch)
u 22 au 26.4. : CH.Au - THE MuSICAL,
par la Cie Ch.Au. Oriental-Vevey,
rue d’Italie 22, mer-jeu-ven à 20h,
sam à 19h, dim à 17h30 (rés.
021/925.35.90 ou www.orientalvevey.ch)
villars s/gl.
ESPACE NuITHONIE, à 20h (loc.
Fribourg Tourisme 026/350.11.00 /
[email protected], ou
Nuithonie: 026 407 51 51)
u Du 22 au 26.4. : BLANCHE-NEIGE,
dir. Jérôme Kuhn, m.e.s. Julien
Chavaz
u Du 23 au 25.4. : POuR LE MEILLEuR ET
POuR LE PIRE par le Cirque Aïtal
u Du 24.4. au 2.5. : LES ARBRES PLEu-
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RENT-ILS AuSSI ? Par la Compagnie
Fabienne Berger
u Du 30.4. au 1.5. : FARNIENTE par la
Compagnie un Air de Rien, m.e.s.
Sandra Gaudin
yverdon
THéâTRE BENNO BESSON
(loc. 024/423.65.84)
u 9.4. : BELCEA quARTET, Corina
Belcea et Axel Schacher, violon,
Krzysztof Chorzelski, alto, Antoine
Lederlin, violoncelle (Haydn, Britten,
Brahms)
u Du 22 au 28.4. : FARNIENTE de la
Compagnie un Air de Rien, m.e.s.
Sandra Gaudin
THéâTRE DE L’ECHANDOLE (loc.
024/423.65.84 ou 024/423.65.89
une heure avant le spectacle
u 17.4. : SOFA, par la Compagnie du
Cachot, improvisation
u 18.4. : LE CRI quOTIDIEN par la
Compagnie Les Anges au Plafond,
dès 6 ans
u 18.4. : OBJECTION VOTRE HONNEuR !, par la Compagnie du Cachot,
improvisation
u 23.4. : SéRIE SHAKESPEARE par Les
arTpenteurs
u 24.4. : MMMH !, chanson
u Du 29.4. au 1.5. : ITALIE-BRéSIL 3 à
2 de Davide Enia, m.e.s. Alexandra
Tobelaim
d
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BARBARA,
L’ÂGE TENDRE
AVEC AUDE CHOLLET
ADRIAN FILIP
MERCREDI 15 &
JEUDI 16 AVRIL, 19H
LE POCHE
VAËNA’S
PROJECT
MATHILDE
DE VÉRONIQUE OLMI
AVEC CHRISTIAN GREGORI
FRANÇOISE COURVOISIER
SAMEDI 18 AVRIL, 19H
LE POCHE
COMPLÈTEMENT
DUTRONC
AVEC CASTOU
CHRISTINE VOUILLOZ
CÉLINE NIDEGGER
PATRICIA MOLLET-MERCIER
KATHIA MARQUIS
BASTIEN SEMENZATO
JULIEN TSONGAS
ANTONY METTLER
MARDI 14 AVRIL, 20H30
LE POCHE
AVEC SÉVERINE VAËNA
JÉREMIE CREIX
CLAUDE-ALAIN BURNAND
PATRICK PERRIER
FRANCIS STOESSEL
VENDREDI 17 AVRIL, 20H30
LE POCHE
DIS-LUI BIEN
QUE TU VIENS
DE MA PART!
JOYEUX BORDEL
AVEC BÉRANGÈRE MASTRANGELO
PHILIPPE MATHEY
LEE MADDEFORD
MARDI 28 AVRIL, 20H30
DE ET PAR DAVID GOBET
MISE EN SCÈNE
ALEXANDRA THYS
LE POCHE
MARDI 21 AVRIL, 20H30 &
MERCREDI 22 AVRIL, 19H
LE POCHE
EXCUSEZ-MOI
DE ET PAR PIERRE MISEREZ
VENDREDI 24 AVRIL, 20H30 &
SAMEDI 25 AVRIL, 19H
LE POCHE
L’INTIME
DU LARGE
DE ET PAR FABIENNE GUELPA
JEUDI 23 AVRIL, 19H
LE POCHE
WINTERREISE
DE SCHUBERT
AVEC CLAUDE DARBELLAY
MICHÈLE COURVOISIER
JEUDI 30 AVRIL, 19H
SIX
SONATES
D’ISAŸE
LE POCHE
LA JETÉE
DES ESPOIRS
DE ET PAR SERGE MARTIN
MERCREDI 29 AVRIL, 19H
LE POCHE
AVEC MARTIN REINMANN
MARDI 5 MAI, 20H30
LE POCHE
PARADISE NOW !
DE ET PAR VINCENT BONILLO
& FANNY PELICHET
TEXTE JULIE GILBERT
SAMEDI 2 MAI, 19H
LE POCHE
LES
LE
S
SINGUS
INGULIÈRES
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ÈRES
LE
POCHE
GENÈVE,
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AVRIL
MAI
2015
14 AV
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015
SOIRÉES
14 S
OIRÉES
EXCEPTIONNELLES
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XCEPTIONNELLES
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POCHE
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OCHE !
LA SEPTIÈME
VALLÉE
TOI, L’IMBÉCILE,
SORS !
DE GRISÉLIDIS RÉAL
AVEC JULIE ALLAINMAT
RÉNALD LABAN
VENDREDI 8 MAI, 20H30 &
SAMEDI 9 MAI, 19H
LE POCHE
DE JACQUES PROBST
AVEC MARGARITA SANCHEZ
ANNE VOUILLOZ
JULIA BATINOVA
JULIANA SAMARINE
ROLAND VOUILLOZ
JOSÉ LILLO
CLAUDE VUILLEMIN
RAOUL TEUSCHER
MERCREDI 6 MAI &
JEUDI 7 MAI, 19H
LE POCHE
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