K-ras au stade de crypte aberrante et polypes adénomateux, des anomalies d’appa-
riement d’ADN sont identifiées par analyse de microsatellites instables au stade d’in-
vasion tumorale, etc. L’ADN est relativement stable dans les selles et des mutations
ponctuelles ont déjà été rapportées dans les selles des patients atteints de cancer ou
porteurs d’adénomes coliques (2, 17-18). Par opposition aux tests basés sur la pré-
sence de sang dans les selles, l’ADN altéré est toujours d’origine tumorale, et est li-
béré dans la lumière colique de façon régulière du fait du renouvellement cellulaire.
Les limites de cette technique sont d’une part, les conditions d’optimisation du ren-
dement de récupération d’ADN tumoral et d’autre part, l’absence d’un marqueur
moléculaire unique du fait de l’hétérogénéité des tumeurs. Par exemple, la muta-
tion K-ras, n’est présente que dans moins de 50 % des tumeurs. Ce sont donc des
tests de mise en évidence d’altérations multiples qui offriraient une alternative rai-
sonnable à l’Hémocult II. Parmi ces anomalies, la plus fréquente et la plus simple à
identifier est l’ADN hautement amplifiable (appelé long ADN, L-ADN). Il faudra
sans doute associer à ce marqueur un panel d’anomalies moléculaires incluant celles
bien connues des gènes K-ras, p53, APC ou Bat 26 (marqueur d’instabilité de
microsatellite) ou encore la recherche d’anomalies moins connues de l’ADN
méthylé de plusieurs gènes pour pouvoir détecter un plus grand nombre de tumeurs.
Extraction de l’ADN tumoral
La mise en évidence de l’ADN tumoral à partir d’un effluent biologique nécessite
l’extraction et la purification de l’ADN total et des procédés d’enrichissement de la
sous-fraction d’origine tumorale. Les selles constituent le premier réservoir d’ADN
d’origine tumorale colique ou rectale. Elles contiennent en plus des quantités im-
portantes d’ADN d’origine animale et végétale, issu de l’alimentation et de l’ADN
bactérien. Les méthodes d’extraction d’ADN tumoral nécessitent le recueil d’un vo-
lume important de selles avec une purification d’ADN basée sur la capture d’ADN
par hybridation et souvent une amplification des segments d’ADN (19).
Généralement, les selles sont émises à température ambiante et rapidement mises
dans une solution tampon qui doit favoriser l’extraction d’ADN d’origine humaine.
Selon le test commercialisé (EXACT), le rapport de dilution est de 1 g de selles pour
10 ml de solution de tampon, une quantité minimale de 5 g de selles semble indis-
pensable. Après une centrifugation à 37°C, le surnageant est recueilli dans du tam-
pon Tris saturé en phénol et chloroforme. Les acides nucléiques sont ensuite
précipités (1/10 volume) dans l’isopropanol et l’acétate de sodium. Après centrifu-
gation, les acides nucléiques sont suspendus dans un tampon Tris enrichi en EDTA
et ARNase.
La qualité des ADNs purifiés doit être vérifiée par spectrophotométrie et élec-
trophorèse sur gel d’agarose avant et après traitement par de l’ARNase (fig. 2).
Taille de l’ADN
Les cellules qui échappent à l’apoptose (c’est souvent le cas des cellules tumorales
ou des colonocytes normaux dans le contexte de colite inflammatoire) possèdent
46 Le dépistage du cancer colorectal