R
0 I-
A
n
IMIIIMIM =ME 11.•111•
n
718 Mo.
1•1111
MIME
•fflIMM
,
M MI
n
II NIMIM MM 5
IIIRAIMI IM Mil ler IMIIM6
n
11•11MIlbeIMIllawM UMM MM,. MI MEM,
n
IIIIM MI
IIIM
lab.a 11•11111111MIIIMIIIIIIIIMMI
n
111111MOIMMIIIIIIIMMIII,IM 1M..1111.••Irl.MUllt Mt ME
NI.MIte.
MI MI IIM
n
Mil NIIIM
n
MI MEM IIMMMIIU IMIMI In
..
IMNIIM 1M Ole..
n
Md IM MI MM. MM
ima
1ml
kW, Z.
1,,
e
ce 4c-‘:,
y
1,....t
E
RE
SOL,›
LA
IM.MIIMWIIMI.M. IMMII.
.1
n
11.710 M
....ffl rem...
am.a.m.....
n
wu mumr-mman
n
rme ....mmumm wu sa
ommumrit ....
nn
••
n
n
nn
ou
MI fi 1.
n
ffll II
MM IBM MIII. Y MIIIIMM.MMIM1.1.11M1
crretàf 4, ,
I.',
(
7
-1
t if44.
-
*
4ten
•••-•
MI MW
MM..11111 11.1,
IMMO
IM11111MM
nnn
••111l
.11•11111
n
n
••
n
••11
n
••
,•-ir4Li.
-&,,ab
LA CHANSON
EDEN
La clef
(de sol)
du succès
FAIT DIVERS
Les
sous du
Paradis
Comment vendre
des cosmétiques en se prenant
pour Jésus
Des escrocs, les prophètes-mana-
gers de la divine société Eden ?
C'est vraisemblable. Mais ce n'est
pas sûr... Dans le commerce, et surtout
dans le commerce de choc à domicile, l'hon-
nêteté repose sur des conventions où la
morale majeure n'a pas grand-chose à
voir.
Le système Eden n'est pas neuf. Il repose
sur l'astuce des adhérents-vendeurs et de
l'autofinancement. Il y a quelques années,
les malins promoteurs du détergent Swipe
avaient déjà mis en fièvre les petits coeurs
épargnants : l'histoire s'était terminée par
un vaste flop, comme se terminera vraisem-
blablement la croisade Eden. Mais la fer-
veur des gogos est un champ inépuisable et,
le propre du miracle, c'est d'avoir lieu plu-
sieurs fois.
Je veux, disons, inonder la Terre de n'im-
porte quelle camelote facile à fabriquer,
des épingles à cheveux, du savon en pail-
lettes, du cirage, des cosmétiques, peu im-
porte, du moment que le produit se prête
au démarchage à domicile.
Le procédé habituel, en affaires, c'est de
réunir un capital suffisant, de fabriquer
le produit, de trouver des représentants et
de les payer. Moi, Eden, j'opère à l'envers.
Je v
-
ends des « charges » de mandataire.
En attendant d'hypothétiques bénéfices sur
les ventes, lesdits mandataires se refont en
recrutant d'autres mandataires parmi leurs
voisins et connaissances. Chaque nouvel élu
paie cinq mille francs : 2 500 pour le
stock de produits qu'il recevra, 1
000
pour sa « formation technique »,
1 500 francs pour son parrain. Les recrues
peuvent évidemment devenir parrains à leur
tour, et faire cracher toute une kyrielle de
filleuls. L'argent rentre donc
.
avant que la
marchandise ne circule, avant même qu'elle
n'existe, et moi, je me constitue un joli
capital à toutes fins utiles.
« Tous au sommet ! »
En gros,
voilà
comment a démarré l'af-
faire Eden,
cosmétiques
en tout genre,
exportée du Canada en France par un cer-
tain M. Léo Labrie qui ne manque pas de
souffle. Il y a procès, accusation d'escro-
querie dite « à la boule de neige » et
tout le monde est plus ou moins en prison.
Mais l'intérêt de l'affaire est ailleurs. En
sous-sol...
La force de M. Labrie, c'est d'avoir
compris que son système repose sur une
foi. Sur une mystique, et d'y aller carré-
ment dans le sens de l'ascèse. Avec lui, la
promotion commerciale, que les naïfs au-
raient tendance à voir lourdement empêtrée
dans le siècle, devient religion prophétique.
On
est supposé gagner du fric au lieu de
la vie éternelle, c'est la seule différence,
et
elle est négligeable.
Par exemple, Eden ne fait pas d'études
de marché, de sondages d'opinion. Dieu et
la philosophie Eden y pourvoient. En effet,
les mandataires, managers et
• assistants bai-
gnent dans le peuple comme des poissons
dans l'eau. Ils
sont
le peuple, et leur propre
conviction suffit à induire la passion d'ache-
ter. A côté des sectateurs d'Eden, des gens
comme Jonas, Jérémie ou Jésus-Christ
étaient lamentablement coupés des masses.
Les « réunions d'opportunité », dans les
quartiers et les arrondissements de Paris, ou
mieux encore les « journées nationales
Eden », dans les grandes villes de province,
sont d'étranges messes ferventes qui font
penser aux meetings évangéliques du fa-
meux Billy Graham. Quand nous parlons
de philosophie, ce n'est pas une image : la
philosophie Eden est hautement proclamée
sur les calicots -- « Tous au sommet ! »
ou «
Eden est à l'intérieur de vous ! »
et dans les textes des dépliants. Les fidè-
les, qui sont en général assez jeunes et
d'aspect rigoureusement standard, bien plus
« petits cadres » qu'illuminés, avalent béa-
tement leur credo.
«
Etre pionnier, c'est ne pas compter,
c'est croître comme l'arbre qui ne presse
pas sa sève, qui résiste, confiant, aux grands
vents du printemps, sans craindre que l'été
puisse ne pas venir. L'été vient. Mais il ne
'vient que pour ceux qui savent attendre,
aussi tranquilles et ouverts que s'ils avaient
l'éternité devant eux. Nous l'apprenons
tous les jours au prix de sacrifices que nous
bénissons »,
dit le
e
frère » Daniel Ca-
rado. C'est le grand messianisme des sous,
l'initiation éleusienne
la fortune rapide.
«
Nul n'a plus besoin d'un sourire que
celui qui ne peut
,
en donner aux autres »,
ajoute la « soeur » Jacqueline Gagne, au
nom prédestiné. Et les souhaits se décli-
nent en longues litanies :
e
Puisse l'année
qui vient voir l'oiseau de paix désarmer à
jamais la violence dans l'esprit, le cœur, le
geste, la parole et les écrits de tous, de cha-
cun. Employeur et employé, policier, magis-
trat, financier, ouvrier,
etc. » Signé : «
La
grande famille Eden. »
«
Credo Edenneur
», par le « pape »
Guy Hauray. «
Je promets... d'être fort au
point que yien ne vienne troubler ma séré-
nité d'esprit ; de parler de santé, de bonheur,
de prospérité à tous ceux que je rencon-
trerai.
» Le
e
frère » Gabriel Richard, en-
core : «
Tous ensemble, d'un commun
accord avec ce Salomon des temps mo-
dernes, M. Léo L. Labrie, nous avons dé-
cidé de construire des ponts qui uniront
vingt-trois nations, vingt-trois pays, vingt-
ti.ois langues, et tout cela, naturellement,
avec la plus grandemotivation. »
La moti-
vation est «
la philosophie qui permet de
faire partie de la grande famille Eden ».
Après cette mise en train, bien sûr, on parle
d'avenir financier radieux, on se penche sur
des calculs de rentabilité et des contrats
en bonne et due forme.
Que MM. Léo L. Labrie, Hauray et
quelques autres soient à la Santé n'y change
rien. Bienheureux les persécutés. Ils ont for-
mulé l'Evangile d'une vaste petite bour-
geoisie affamée de fric et d'idéal, ils ont
révélé une religion qui ne tombe pas dans
des oreilles de sourd.
Les « gourous » en prison
Au pied d'une telle montagne de foi, les
attendus des juges paraissent bien pharisiens.
Eden n'opère pas tout à fait sur du vent.
C'est vrai, il y a une petite usine qui
commence à tourner dans le Lot-et-Garon-
rie. C'est vrai, il y a un catalogue de quatre-
vingt-dix cosmétiques, laques protéinées,
huile de vison, bains d'algues et autres
tnake-up
que les déléguées « Eve » s'en
vont bazarder aux fermières puissamment
motivées. L'escroquerie est d'autant plus
sujette à caution que l'âme de la partie
civile, au procès, a été un concurrent ef-
frayé par la croisade Eden : M. Aron,
P.
-
D.G.
de la puissante société de cosmé-
tiques Avon, et président de l'Association
nationale pour la Vente à domicile. Un
homme très bien, sans doute, mais qui man-
que un peu de foi, de charité et de motiva-
ticin
e
Leurs « gourous ». viennent d'être
condamnés à trois ans de prison ferme.
N'importe. Les 1 700 managers d'Eden et
leurs escouades d' « Eves » gardent un oeil
vers le ciel, l'autre sur leurs carnets de
ventes, et reprennent en cœur l'hymne
d'Eden, paroles et musique de Mauro Tal-
le
v
ous
:
Si
u s êtes là ce soir,
C'est pour réaliser vos espoirs.
Vous avez maintenant la clef qui vous mène
[vers le succès.
Joignez-vous à notre « famille »
Là où toujours le Soleil brille.
Vous atteindrez ainsi le but que vous vou-
[lez dans votre vie.
Refrain
Eden Eden Eden Eden : c'est l'espoir de
{
viendrez
rel
a ve
Eden Eden Eden Eden : vous y
[aussi.
Eden Eden Eden Eden : c'est notre mélodie.
Eden Eden Eden Eden : c'est notre « Pa-
[radis
».
JEAN-FRANCIS HELD
LA 7
L‘o
A
RE
g,
.......
.11
LA»
mou
....1
Y: linon. a. AA. az uf
ITIIV. 41
17
1
"'".
M.
,
711A
-
aMMA IM MI al IM Anil
n
Ma
om mil MA MI AllIMM.Alm.m. In MI IIIIGA.AMWIPAM FAIM m.».
2.11•M
n
11111M1.1.111..11C IIM MI MIK MC MM MI 5
Mlb..
MU
•••
n
n
n
111111111I MM Mlle"
n
1111111
n
IIIIM IM
MIME MM /1111•LOMIM M
.-
11111•1
n
111
n
MU MM MO IIM 1
n
111011.
.1
n
11
Ma
\'" F'
6-
4s.
we•-•
É-6
,
-
a.-
-
RE
RE
RE
I. A 7
ani 111
reanadleam m
11111117
n
111
n
1111ZIMIME,Iine *JIM' •,111MMM MI IIIM 5 ffl....Me.
n
11..
MM Mo MM
IIMMIIII IIIIIIMIII 1•1111.1». Mil M ZN le f.IIIIIII•CMI•WaMIMIW
-
M 1111M MOI MI IIIII6 M. 1•Ir
IMI
EM
Milr
MM MI MI
MM., MIMI MM IMIMIMIIIIIMI IMIMIIII Mb
/1111M Mt
/811.
n
11
n
1
n
•"11M1 MII.IM MM 11111•11 IMMO, /IMMIM
IMM.-
--
camp
ee4-•• Fe<-
,
i3-t,- 6`4.-
e'41- • 1 t. tv_
-
4,1 -te etu Ée,..... ne,„._
Ét,„
F.6,_
38
Samedi 30 décembre 1972
1 / 1 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !