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sur les régions métropolitaines mondiales (global city regions). Ils envisagent l’ordre économique mondial
contemporain structuré par un réseau d’archipels ayant les régions métropolitaines pour nœuds principaux. Ce sont des
points réticulés au marché mondial, fondés sur la nouvelle économie, ainsi qu’au marché national dans lequel ils
s’insèrent. Mumbai participe indéniablement à l’économie mondiale, en particulier grâce à son fort dynamisme
financier et ses activités destinées à l’exportation, tout en conservant une position phare dans l’économie nationale
avec son rang de capitale économique. Par ses mutations économiques récentes, la ville se positionne dans la nouvelle
économie tout en réorganisant son système productif à l’échelle de la région métropolitaine, centralisant les fonctions
de commande. […]
La croissance démographique spectaculaire de Mumbai s’est surtout manifestée à partir de la deuxième moitié
du XXe siècle : la ville comptait un peu plus d’un million d’habitants en 1906, 2,3 millions en 1951, 4,1 en 1961, 8,2
en 1981 et 15 millions en 2001 (Saglio, 2001). Parallèlement à cette forte croissance de population, la ville s’étale et
les limites administratives de Mumbai et de son agglomération sont régulièrement redéfinies. La région métropolitaine
de Mumbai (MMRDA, Mumbai Metropolitan Region Development Authority) couvre 3887 km2 et inclut la
municipalité de Mumbai (appelée BMC, Brihanmumbai Municipal Corporation ou bien MCGM, Municipal
Corporation of Greater Mumbai), de 468 km2, ainsi que 13 autres municipalités et plusieurs villages. La municipalité
s’étend aujourd’hui sur 63 kilomètres de long vers le Nord, depuis la pointe Sud de la presqu’île et de ses quartiers
d’affaires.
Mumbai concentre aujourd’hui un grand nombre d’institutions financières et de sièges sociaux, de banques
nationales ou régionales. Parmi ces institutions financières figurent les deux pôles boursiers les plus importants de
l’Inde, la Bombay Stock Exchange (BSE) et la National Stock Exchange (NSE), les sièges sociaux de la Reserve Bank
of India, de la Life Corporation of India, de l’Industrial Investment Corporation of India, de l’Industrial Development
Bank of India, de la Unit Trust of India ou encore de l’Industrial Reconversion Bank of India. Cette centralisation
financière à l’échelle du pays a été amorcée depuis les années 1960 et renforcée dans les années 1990 avec
l’implantation de la Securities and Exchange Board of India (SEBI), corps autonome chargé de réguler les marchés
financiers, et avec la création de la deuxième bourse, la NSE, en 1993. D’après les données de la RBI pour l’année
financière 2006-2007, Mumbai apparaît clairement comme la capitale financière de l’Inde en termes de volume de
transactions. Le deuxième centre, New Delhi, enregistre à peine la moitié du montant enregistré par Mumbai.
En plus de sa position incontestable de capitale financière, Mumbai constitue le premier pôle économique
d’Inde : c’est la région métropolitaine la plus riche de l’Union, concentrant 1,6 % de sa population active, 19 % de sa
valeur ajoutée industrielle, 14 % de son capital productif (soit plus de 5 000 usines) et représentant 25 % des impôts
fédéraux sur le revenu (Paquot, 2001). En témoigne aussi la localisation des sièges sociaux des 500 plus grandes
entreprises d’Inde. La carte 2 place encore une fois Mumbai en première place devant Delhi, Kolkata et Chennai. F.
Durand-Dastès dépeint Mumbai comme la ville dominant l’économie indienne, « où restent installés nombreux les
membres des puissants milieux d’affaires indiens, dès avant l’indépendance, et où, depuis une vingtaine d’années, se
multiplient les activités économiques les plus modernes, comme celles des secteurs de l’informatique ou de la
communication. Avec ses gratte-ciel et ses quartiers bourgeois, ses avenues bordées de boutiques, mais aussi ses
innombrables bidonvilles et son immense banlieue industrielle, Bombay se présente donc comme une capitale
économique moderne à l’échelle du monde, un centre de décision présent dans une vieille région industrielle ayant su
conserver et même développer ses activités, et tout particulièrement dans les secteurs économiques les plus
novateurs » (2002 : 89). […]
Harris (1996) souligne que les secteurs de la finance et des services de programmation de logiciels
informatiques sont ceux qui permettent à Mumbai de s’introduire sur la scène de l’économie mondiale. En revanche,
l’important secteur automobile n’a pas réussi à dépasser le marché national. Cet exemple permet de mettre en exergue
les freins qui continuent à limiter le décollage économique de l’Inde. Bien que la ville possède de bonnes
infrastructures physiques par rapport au reste du pays (autoroutes, réseau ferré, port, énergie, …), ces dernières
demeurent cependant limitées en comparaison des villes avec lesquelles Mumbai se met en concurrence à l’échelle
planétaire (Harris 1996). Si les infrastructures de télécommunications et de transports avec l’étranger ont été
considérablement améliorées ces dernières années (création d’un nouveau terminal au sein de l’aéroport existant et
projet d’un nouvel aéroport, connexion avec le reste du monde par fibres optiques sous-marines), le talon d’Achille de