Le temps qui passe L'Occupation, la Résistance - 8 George Balliot
Certes 36 usines rasées, 70 gravement touchées et 242 plus légèrement mais il
y a 383 civils et 85 militaires tués, plus 5.000 blessés et 45.000 sans abri. Seule la
cathédrale subsistera, presque épargnée.»
« le 25 Juillet 1943, 791 bombardiers larguèrent sur Hambourg 2.300 tonnes de
bombes. 35.700 immeubles sont entièrement détruits ainsi que plus de 400 édifices publics.
Les avions reviendront 3 jours plus tard, cette fois pour y déverser des bombes
incendiaires qui provoqueront une immense tempête de feu. Les abris seront inefficaces.
La température sera si élevée que l’asphalte se mettra à fondre avec l’oxygène
happé par le feu. Le 29 les incendies étant calmés, les sauveteurs pourront intervenir mais
ne trouveront dans les abris que des milliers de morts calcinés, la plupart asphyxiés avant
d’être brûlés par l’intense chaleur.
En Août, quand cessèrent les raids sur Hambourg, près de 45.000 personnes y
avaient trouvé la mort. 2.000 corps ne seront pas retrouvés. On dénombrera plus de 37.200
blessés.»
« le 13 février 1945, vers 22 h, 233 bombardiers lourds lâchent 800 tonnes de bombes
(dont 650.000 plaquettes incendiaires) sur la ville de Dresde. Le lendemain, 529 Lancaster
viendront parachever l’œuvre de mort et de destruction. Les civils se retrouvent brulés au
phosphore, asphyxiés et carbonisés dans les abris. 28.700 morts sont inhumés et des
milliers d’autres sont brûlés sur de grands bûchers, constitués de traverses de chemin de
fer.
Les raids ont fait entre 40.000 et 150.000 morts. 75.000 immeubles ont été
détruits. Il faudra déblayer 18 millions de m3 de décombres. »
En 1970, en voyage d’études à Düsseldorf, l’hôtesse qui m’accompagnait me
contera « les artères principales de la ville ont été tracées par les bombes. Les urbanistes
ayant décidé de détruire le peu qui restait debout, dans l’alignement des largages de
bombes.» Elle était jeune, n’avait pas connu la guerre et me contait cela très
naturellement…et pourtant !
A partir de Juin 1940, les Anglais eux aussi devront supporter des
bombardements intenses, du moins tant que les Allemands pourront conserver la maîtrise
de l’air. Puis ce fut les bombes volantes V1 et V2.
La France n’avait pas été épargnée en 1940. Elle ne le sera pas davantage par
les bombardements alliés pendant l’occupation comme dans tout le secteur du
débarquement, en Juin 1944, où des villages et des villes furent quasiment rayés de la
carte.
Plus tard, la Libération venue, enfin sortis de notre séquestration morale et de
cette funeste ambiance guerrière, vous ne pouvez imaginer combien nous avons été amenés
à nous juger. Notre espèce d’égoïsme collectif nous avait conduits, par exemple, à vouloir
ignorer le ravage des bombes ne songeant qu’à une Libération la plus rapide possible.
Après, y réfléchissant, oui j’ai eu honte et j’ai toujours honte. Honte d’avoir
souhaité une coupe de champagne quand passaient les avions destructeurs. Des êtres
humains, qui de surcroit n’y étaient pour rien, allaient mourir et nous : « nous souhaitions
fêter ça au champagne ! »
C’est là, et surtout à partir de ce point de repère, que je clame aujourd’hui qu’il
faut faire la guerre à la guerre. En état de guerre, les peuples perdent les repères de
l’humanité, tout est faussé, le cerveau est détraqué. Je sais, certains diront, nous ne