Pour la même période, 1466 condamnations ont été prononcées pour des faits de viols, viols
commis avec une arme, viols sur des mineurs de 15 ans ou des personnes vulnérables.
Quoi qu’il en soit, bon nombre de crimes de cette nature ne sont pas élucidés ce qui rend
cette évaluation statistique sur le nombre de tueurs ou violeurs en série très difficile à
réaliser à partir des outils dont nous disposons.
L’absence de profil type du criminel en série français
L’analyse se complique encore lorsque l’on ajoute que sous le terme de « criminel en série »,
plusieurs types d’individus peuvent se rencontrer, des meurtriers, de divers niveaux
d’intelligence, mais aussi les agresseurs ou violeurs dont le nombre de victimes peut
être très important. Chacun peut avoir à l’esprit le nom de tueurs dont les crimes furent
particulièrement atroces et médiatisés (Francis HEAULME, Thierry PAULIN, Émile LOUIS,
etc.).
L'absence de profil type des criminels en série français résulte également de l'absence, en
France et plus largement en Europe, d'une typologie des comportements criminels tel qu'il
a pu en être réalisée aux États-Unis. L'élaboration d'une telle typologie a été néanmoins
engagée par le groupe d'analyse comportementale de la gendarmerie nationale mais ce
travail se heurte à l'absence d'implication du monde universitaire sur le sujet.
Quelles solutions pour détecter et lutter contre ces criminels ?
Les drames que ces crimes engendrent, les traumatismes personnels qu'ils infligent
ainsi que le sentiment d'insécurité qu’ils suscitent imposent d’améliorer les pratiques et
probablement d’apporter aussi des changements législatifs.
Le législateur y a déjà contribué en adoptant la loi n° 2005-1549 du 12 décembre 2005
relative au traitement de la récidive des infractions pénales. Cette loi renforce tant la
prévention que la répression de la récidive :
❍ au titre de la prévention, on peut citer l’augmentation de la durée des peines d’emprison-
nement assorties partiellement d’un sursis avec mise à l’épreuve, l’augmentation de la
durée de mise à l’épreuve elle-même, l’extension du champ d’application du suivi socio-
judiciaire, la création du placement sous surveillance électronique mobile, l’instauration de
la mesure de surveillance judiciaire, l’incitation des condamnés détenus à commencer un
traitement en prison, la limitation des suspensions de peines pour motif médical, s’il existe
un risque grave de renouvellement de l’infraction, et l’exigence d’une expertise médicale
semestrielle dans le cadre de ces suspensions, l’extension et l’amélioration du fichier
automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ;
❍ au titre de la répression, on relèvera notamment l’extension des délits assimilés au regard
de la récidive, la prise en compte pour la récidive des condamnations prononcées dans
les États de l’Union Européenne, la limitation du nombre des sursis avec mise à l’épreuve
pouvant être accordés à un récidiviste, la possibilité de décerner un mandat de dépôt à
l’audience à l’encontre d’un récidiviste même si la peine prononcée est inférieure à un an,
l’obligation pour les tribunaux, sauf décision contraire et motivée, de décerner un mandat
de dépôt à l’encontre des auteurs en récidive de délits violents ou de nature sexuelle, la
possibilité pour le tribunal de relever d’office l’état de récidive, la diminution du crédit de
réduction de peine pour les récidivistes, l’allongement du délai d’admissibilité à la libération
conditionnelle en particulier pour les récidivistes.