Activité documentaire – horloges et mesure du temps Doc 1 – Qu’est-ce qu’une horloge ? Le sentiment subjectif primitif du flux du temps nous rend capables d’ordonner nos impressions, de juger si un événement a lieu avant, pendant ou après un autre. Mais pour montrer que l’intervalle de temps entre deux événements est de dix secondes, nous avons besoin d’une horloge. Par l’emploi de l’horloge, le concept de temps devient objectif. Un phénomène physique quelconque peut servir d’horloge, pourvu qu’il se répète exactement autant de fois qu’on le désire. En prenant pour unité de temps l’intervalle entre le commencement et la fin d’un tel événement, des intervalles de temps arbitraires peuvent être mesurés par la répétition de ce processus physique. Toutes les horloges, depuis le simple sablier jusqu’aux instruments les plus raffinés, reposent sur cette idée. Sablier horloge à balancier horloge atomique Une horloge doit présenter la plus grande : précision (ou exactitude) : la seconde mesurée doit être la plus proche possible de l’étalon de temps définissant 1 seconde ; stabilité : la seconde mesurée doit varier le moins possible ; universalité : la possibilité de mesurer le temps doit être offerte partout et en toutes circonstances. Doc 2 – La définition de la seconde L'échelle du temps humain se base sur la rotation de la Terre autour de son axe (jour) et sur l'orbite terrestre autour du Soleil (année). Des mesures de temps de plus en plus précises ont toutefois révélé que ces mouvements de corps célestes ne sont pas suffisamment constants pour répondre à des exigences d'exactitude élevées ; aussi l'unité de temps est-elle aujourd'hui déterminée à l'aide d'un processus atomique. Depuis 1967, l’unité de temps est définie comme telle : la seconde est la durée de 9192631770 périodes de la radiation correspondant à la transition entre deux niveaux dits « hyperfins » de l’état fondamental de l’atome de césium 133. Doc 3 – Mesurer le temps avec des atomes ? Le principe d'une horloge atomique est basé sur un aspect fondamental de la physique quantique : un atome peut exister sous différents niveaux d'énergie qui sont quantifiés, c'est-à-dire que l'énergie d'un atome ne peut prendre que des valeurs discrètes, caractéristiques de la nature de l'atome (hydrogène, césium, etc…). Pour faire passer un atome d'un niveau d'énergie à un autre plus élevé (on parle de transition), il doit recevoir un photon dont l'énergie correspond exactement à la différence d'énergie entre le niveau final et le niveau initial. Or, l'énergie transportée par un photon est directement proportionnelle à la fréquence de l'onde électromagnétique associée. Puisque les différences d'énergie entre les états d'un atome ont des valeurs parfaitement définies, il en est de même de la fréquence de l'onde électromagnétique pouvant changer leur état (absorption), ou pouvant être générée par leur changement d'état (émission). Pour construire une horloge, il suffit donc d'utiliser la fréquence de cette onde électromagnétique et de compter ses périodes. Ainsi, de la même façon qu'une horloge comtoise comptabilise les oscillations de son balancier (en faisant avancer les aiguilles de son cadran à chaque période), ou qu'une horloge à quartz comptabilise les périodes des vibrations de son oscillateur à quartz, une horloge atomique comptabilise les périodes de l'onde électromagnétique ayant provoqué le changement d'état d'atomes (étalons passifs) ou ayant été générée par ce changement d'état (étalons actifs). L'horloge atomique la plus stable et la plus exacte (elle est exacte par définition, puisque la seconde est définie par rapport à son fonctionnement) est actuellement l'horloge atomique à jet de césium. Son fonctionnement, illustré par la figure ci-dessous, peut être résumé de la façon suivante : cavité de Ramsay (lieu du rayonnement microonde de fréquence proche de la fréquence propre du césium) HORLOGE ATOMIQUE AU CESIUM 133 T ri puis comptage des atomes de niveau énergétique B refroidissement des atomes de césium par lasers jet atomique continu niveau énergétique A ASSERVISSEMENT La fréquence micro-onde est réglée de manière à compter le maximum d'atomes de niveau B Un oscillateur à quartz génère un signal électrique de fréquence 10 MHz aussi exact que possible ; Un dispositif électronique multiplie la fréquence de base du signal issu de l'oscillateur à quartz pour obtenir une onde électromagnétique dont la fréquence vaut 9.192.631.770 Hz ; Cette onde très haute fréquence est injectée dans un guide d'onde nommé cavité de Ramsey, dont la géométrie est telle qu'il entretient une résonance à cette fréquence particulière ; Un four envoie un jet d'atomes de césium 133, qui, au départ, se trouvent dans plusieurs états d'énergie différents (symbolisés par état A et état B sur la figure) ; Un système de déflexion magnétique dévie les atomes qui ne sont pas dans l'état A : seuls les atomes dans l'état d'énergie A pénètrent dans la cavité de Ramsey ; Si la fréquence injectée dans la cavité a très exactement la valeur 9.192.631.770 Hz, un grand nombre d'atomes passe de l'état A à l'état B ; Un second système de déflexion magnétique sépare la direction des atomes dans l'état A de celle des atomes dans l'état B ; Un détecteur, placé sur le trajet des atomes dans l'état B, compte le nombre d'atomes reçus ; En fonction de la réponse du détecteur, un système modifie la fréquence du quartz de telle sorte que le nombre d'atomes détectés dans l'état B soit maximal (boucle d'asservissement). C'est donc un oscillateur à quartz qui est à la base d'une horloge atomique à jet de césium, les atomes de césium n'étant là que pour contrôler et ajuster la fréquence du signal généré par le quartz. Questionnaire (Doc 1, 2 & 3) 1 . Quel est le phénomène physique concernant le césium 133 sur lequel s’appuient la précision et la stabilité des horloges atomiques ? 2 . Quelles sont les propriétés des atomes qui expliquent leur utilisation au sein des horloges atomiques ? 3 . Quel est l’ordre de grandeur de l’énergie du photon absorbé ou émis ? 4 . Une horloge au césium a une précision de l’ordre de 10-8 s par jour. Comparer la variation possible de la durée d’une journée mesurée par l’horloge à la période de cette horloge.