Cette conception a suscité de nombreux travaux empiriques dans lesquels
un secteur spécialisé dans la production de connaissance est isolé.
Machlup (1962) regroupe dans ce secteur l’éducation, les activités de
communication, les équipements de traitement de l’information, les services
d’information et les autres activités associées à l’information. Si l’on adopte
cette conception, l’expansion de l’économie fondée sur la connaissance ne fait
aucun doute et se mesure par la croissance de la part de la valeur ajoutée de ces
secteurs. L’industrie de la connaissance représente 29% du PIB aux Etats-Unis
en 1958 d’après l’étude de Machlup (1962) et 34% en 1980 d’après celle de
Rubin et Taylor (1984). Ce type de travaux a été poursuivi par l’OCDE qui
regroupe, à l’intérieur des industries fondées sur le savoir, les industries
manufacturières de haute et de moyenne-haute technologie et deux catégories de
services : les services fournis à la collectivité, sociaux et personnels et les
activités de banque, assurance et autres services aux entreprises).
Les travaux des vingt dernières années en économie de l’innovation ont
mis en évidence les limites d'une conception qui limiterait l'économie de la
connaissance à un secteur spécialisé. Ils ont souligné le caractère déterminant,
pour comprendre les processus de création et de diffusion des connaissances,
d’une part, de la distinction entre connaissance et information, et d’autre part,
des phénomènes d’apprentissage. De ce fait, une question d’importance majeure
se pose faut- il différencier la connaissance et l’information ?
1.1 .Connaissance et information
La connaissance se distingue de l’information car elle présuppose une
capacité d'apprentissage. Elle est composée non seulement d'informations à
caractère public mais aussi de savoir-faire et de compétences qui sont incorporés
dans les individus et les organisations et qui ne peuvent pas facilement être
isolés de leur environnement. La création de connaissances nouvelles apparaît
alors comme un processus d'apprentissage (Dosi 1988). Le raisonnement qui
consiste à assimiler connaissance et information revient en fait à confondre deux
types de diffusion des connaissances (Foray et Mowery 1990).
Le premier concerne l'information sur les résultats de l'activité
d'innovation des firmes et des organismes de recherche publics et dont la
diffusion se fait effectivement à un faible coût.
Cependant, le deuxième type de diffusion, qui consiste en la
transformation de cette information en connaissances opérationnelles de
production, est beaucoup plus difficile. Il nécessite la mise en place, par chaque
firme, d'une capacité d'apprentissage suffisante pour "absorber" les résultats
obtenus ailleurs (Cohen et Levinthal 1989).
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