Autour du nombre π47
Avec f(x)=x2pour |x|<π,laformule (2) donne :
∞
n=1
1
n4=π4
90 ·
Plus g´en´eralement, posons ζ(s)=∞
n=1 1/nspour sr´eel >1 (fonction zˆeta
d’Euler). Euler a calcul´e que, pour pentier 1,
ζ(2p)= ∞
n=1
1
n2p=(−1)p−122p−1
(2p)! B2pπ2p,
o`u les nombres B2p, nombres de Bernoulli, sont d´efinis par la formule
x
ex−1=∞
k=0
Bk
xk
k!,
ce qui fournit une relation de r´ecurrence pour les calculer. On voit notamment
que les B2psont des nombres rationnels, donc les ζ(2p) sont, comme π2p, des
nombres irrationnels.
On ne sait pratiquement rien des ζ(2p+1); ils ne semblent avoir aucun
rapport avec π.En1978, R. Ap´eryad´emontr´e que ζ(3) = ∞
n=1 1/n3est un
nombre irrationnel.
A propos de la formule ∞
n=1 1/n2=π2/6, en voici une illustration probabi-
liste : si vous prenez deux nombres entiers au hasard, la probabilit´epour qu’ils
soient premiers entiers entre eux vaut 6/π2.Demani`ere pr´ecise, parmi les n
couples d’entiers n, soit pnle nombre de ceux qui sont premiers entre eux ;
alors limn→∞ pn/n2=6/π2.
Revenons `alanature math´ematique du nombre π. Nous avons dit qu’il
est irrationnel. En fait on a mieux : πest un nombre transcendant, c’est-
`a-dire non alg´ebrique ; autrement dit il n’est racine d’aucun polynˆome non
identiquement nul `acoefficients entiers. Ceci a ´et´ed´emontr´e par Lindemann
en 1882, inspir´e par la d´emonstration qu’Hermite avait donn´ee ant´erieurement
de la transcendance du nombre e. Ce th´eor`eme mettait un point final `aun
probl`eme historique : celui de la quadrature du cercle.Peut-on, `alar`egle et
au compas, `a partir d’un segment de longueur un, construire une longueur
´egale `a π?Lenombre πest-il constructible ? Autrement dit, peut-il s’exprimer
`a partir du nombre 1 par un nombre fini de superpositions d’op´erations de
l’arithm´etique (addition, multiplication, soustraction, division) et d’extractions
de racines carr´ees. Non, car ceci impliquerait que πsoit solution d’une ´equation
alg´ebrique `acoefficients entiers, et mˆeme dont le degr´e serait une puissance de 2.
Le nombre πintervient de mani`ere essentielle dans le comportement asymp-
totique de certaines fonctions arithm´etiques. Donnons-en un exemple trait´e par
Gauss en 1834.