ÉVOLUTION HISTORIQUE
DU TERRITOIRE DU CENTRE-VILLE DE MONTRÉAL
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ÉVOLUTION
HISTORIQUE
DU TERRITOIRE
DU CENTRE-VILLE
DE MONTRÉAL
JUIN 2016
ÉVOLUTION
HISTORIQUE
DU TERRITOIRE
DU CENTRE-VILLE
DE MONTRÉAL
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ÉVOLUTION HISTORIQUE
DU TERRITOIRE DU CENTRE-VILLE DE MONTRÉAL
Cette étude a été réalisée pour le Bureau de projets
du centre-ville, de l’arrondissement de Ville-Marie, dans
le cadre de l’élaboration de la Stratégie centre-ville.
L’objectif est de documenter l’évolution historique
du territoire du centre-ville, tel que retenu dans la
Stratégie, ce qui correspond à peu près au territoire
de la Ville de Montréal avant les premières annexions
de villages limitrophes. L’étude couvre ainsi le terri-
toire de l’arrondissement de Ville-Marie, le quartier
Milton-Parc, Grintown et le secteur est de Pointe-
Saint-Charles, jusqu’au pont Victoria.
Le parti pris a été de suivre l’évolution urbaine selon
des thématiques ou composantes du territoire, soit:
les activités économiques,
l’habitat et la population,
les espaces communs et de socialisation,
les services à la communauté,
les déplacements et les moyens de transport.
Pour chaque thématique, il s’agissait de faire ressortir
les grandes périodes et les moments de transition,
de même que les moteurs des transformations. Les
influences et les interrelations entre chaque thématique
sont aussi soulignées.
Une synthèse chronologique a ensuite été réalisée
sous la forme de cartes, reprenant les thématiques
de l’étude, illustrant cinq grandes périodes de l’histoire
du territoire:
fin 17e – fin 18e: Ville fortifiée, centre de la traite
des fourrures,
fin 18e – mi 19e: Cité commerciale de l’Empire
britannique,
mi-19e – fin 19e: Métropole industrielle du Canada,
fin 19e – mi 20e: Centre de la métropole
canadienne,
mi 20e – début 21e: Centre-ville moderne,
dense et multifonctionnel.
Crédits
Recherche et rédaction: Charlotte Horny, urbaniste
Mise en page: mobidic
Cartographie: BC2 Groupe Conseil
En couverture: Rue Bleury, vers le nord,
depuis la rue Sainte-Catherine
ÉVOLUTION
HISTORIQUE
DU TERRITOIRE
DU CENTRE-VILLE
DE MONTRÉAL
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ÉVOLUTION HISTORIQUE
DU TERRITOIRE DU CENTRE-VILLE DE MONTRÉAL
1. ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES .................. 4
1. 1 La ville marchande ........................4
1.2 La ville industrielle .........................6
1.3 La ville tertiaire ............................9
1.4 La ville touristique .........................10
2. HABITAT ET POPULATION ................... 11
2.1 La répartition sociale et l’évolution des quartiers 11
17e – mi 19e: Ville fortifiée, faubourgs
et villégiature. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Moitié du 19e – début du 20e:
expansion de l’urbanisation, haute-ville,
basse-ville et quartiers de l’Est .............. 12
Haute-ville: le développement
de nouveaux quartiers bourgeois ............ 12
La basse-ville et les quartiers
populaires de l’Est ........................ 13
20e: L’habitat dégradé
et l’intervention publique ................... 15
L’aux d’une nouvelle population:
les étudiants ............................. 16
2.2 Évolution de la mixité fonctionnelle ..........17
2.3 Les quartiers d’immigrants ..................18
3. ESPACES COMMUNS ET DE SOCIALISATION . . 20
3.1 Évolution de l’utilisation des espaces publics . . 20
Le marché comme espace public ........... 20
Le square: un espace d’agrément
et de mise en valeur ...................... 21
L’espace public comme service: les parcs .... 22
Les équipements de sports et de loisirs ...... 24
3.2 Évolution de la vie sociale, culturelle
et du divertissement ...........................25
4. SERVICES À LA COMMUNAUTÉ .............. 28
4.1 Le rôle des institutions religieuses ...........28
4.2 La diversification et la spécialisation des acteurs 29
5. DÉPLACEMENTS ET MOYENS DE TRANSPORT . 31
5.1 Histoire de la rue ..........................31
5.2 Les infrastructures de transport au centre-ville . 34
Le port et la ville marchande ............... 34
Le canal et la ville industrielle ............... 36
Le réseau ferroviaire ....................... 37
Les infrastructures routières ................ 39
5.3 Les déplacements collectifs ................40
CONCLUSION ................................ 42
RÉFÉRENCES ................................. 43
ANNEXE ...................................... 47
Synthèse cartographique de l’évolution historique
du territoire du centre-ville de Montréal
TABLE
DES MATIÈRES
ÉVOLUTION
HISTORIQUE
DU TERRITOIRE
DU CENTRE-VILLE
DE MONTRÉAL
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ÉVOLUTION HISTORIQUE
DU TERRITOIRE DU CENTRE-VILLE DE MONTRÉAL
1. ACTIVITÉS
ÉCONOMIQUES
1. 1 LA VILLE MARCHANDE
L’import–export constitue la base de l’essor de la ville
jusqu’au 19e siècle. Le commerce des fourrures avec
les Amérindiens plus précisément, base de l’économie
de la Nouvelle-France, est à l’origine de la ville de
Montréal. L’établissement d’un poste de traite, tout
d’abord saisonnier, à l’embouchure des rapides de
Lachine sera suivi par la fondation de Ville-Marie, par
Maisonneuve et Jeanne-Mance en 1642. Cet emplace-
ment stratégique fait rapidement de la cité une plaque
tournante dans le commerce international des fourru-
res. La Compagnie des Indes détient le monopole
de l’exportation des peaux de castors au 18e siècle,
jusqu’à la conquête, en 1760. La Compagnie est
alors propriétaire du Château Ramezay.Les grands
marchands de fourrure britanniques s’installent dans
la ville fortifiée.
Toutefois, la croissance économique de la ville durant
la traite des fourrures est à relativiser: si ce commerce
est à l’origine de l’établissement de la ville, il ne contri-
bue pas tout de suite à son développement. En eet,
ce type de commerce ne requiert pas beaucoup de
main-d’œuvre, car il s’agit principalement d’activités
d’entreposage. Ce commerce enrichit quelques
familles de marchands.
Dans la première moitié du 19e siècle, Montréal perd
son rôle central dans le commerce des fourrures
lorsque la Compagnie de la Baie d’Hudson, dont le
siège social se situe à Londres, prend le monopole
en 1821. Cependant, la ville devient un important lieu
de transit pour les importations britanniques vers le
Haut-Canada et pour les exportations, notamment
issues de la région de Montréal (comme la potasse,
sous-produit du défrichage des terres).
L’ouverture du canal de Lachine en 1825 conforte
la ville comme plaque tournante du commerce trans-
atlantique. L’aménagement de réelles infrastruc tures
portuaires devient nécessaire et, à partir de 1830, des
quais se construisent et Montréal devient un port relié
à l’Atlantique. La ville attire de nombreux marchands,
courtiers et autres intermédiaires et voit se construire de
nouveaux entrepôts, sur la pointe à Callière notamment.
Le commerce international est toujours au centre
de l’essor de la ville, mais il se diversifie: le commerce
du blé et du bois prend de l’expansion.
L’évolution du rôle du port de Montréal, dans la
dynamique nationale et nord-américaine, est mar quée
par l’ouverture de la voie maritime, en 1959. Cette voie
était exigée par les états du Midwest américain notam-
ment en raison de l’augmentation de la taille des
na vi res, mal desservis par ce port en eau peu profonde.
Les activités portuaires ont de moins en moins d’im-
pact sur le bâti et sur le reste de l’activité économique
de la ville, qui s’est tertiarisée.
Dans les années 1980, les activités de manutention
se déplacent vers l’est et certaines installations doivent
être démolies. Le gouvernement fédéral, propriétaire
du terrain désaecté, procède à des consultations
publiques auprès des Montréalais concernant l’avenir
du Vieux-Port. Par la suite, les espaces sont réamé-
nagés et deviennent des lieux de détente et d’inter-
prétation historique accessibles à tous.
ÉVOLUTION HISTORIQUE
DU TERRITOIRE DU CENTRE-VILLE DE MONTRÉAL
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L’artisanat et les activités de fabrication
Jusqu’à la moitié du 19e siècle, si les marchands
représentent l’activité économique la plus visible
avec les entrepôts donnant sur le port, les activités
de fabrication emploient davantage de monde.
Mais ces ateliers sont plus discrets. Ils peuvent
compter quelques dizaines d’ouvriers ou artisans
et sont surtout situés dans les faubourgs. Le
centre regroupe les fabricants de produits de luxe
et la production spécialisée, comme l’imprimerie.
Le commerce de détail
La traite des fourrures et le commerce des autres
biens se font d’abord chez les particuliers, puis sur
la place du Marché (place royale), où se tiennent
les foires.
Avec l’apparition des maisons-magasins, dans
les années 1820, les commerces s’ouvrent sur
la rue par de larges vitrines. Cette forme de
commerce s’étend peu à peu au centre. On y
retrouve à la fois des commerces d’importations
(tissus, mercerie) et des artisans (tailleurs, ébé-
nistes, horlogers). Dès lors, on vient y voir les
nouveautés. Pendant toute la première moitié du
19e siècle, la rue Notre-Dame est la rue principale,
accueillant les boutiques de luxe et les visiteurs.
Puis, ce type de commerce laisse la place au
magasin-entrepôt, immeuble exclusivement
commercial et manufacturier. Les produits
vendus dans les magasins-entrepôts sont soit
des importations, soit des produits fabriqués
dans le même immeuble ou dans le secteur.
On retrouve ainsi dans le centre des travailleurs
hautement qualifiés, des bureaux administratifs
et des ouvriers. De nombreuses grèves y ont
aussi lieu. La construction massive des magasins-
entrepôts modifie radicalement l’aspect du
centre en quelques décennies.
Dès le milieu des années 1860, certains
propriétaires de commerces de détail sortent de
la vieille ville pour se rapprocher de leur clientèle,
qui s’est établie vers le nord-ouest, dans le quartier
Saint-Antoine. Pour d’autres, il s’agit moins d’un
choix, les petits artisans et commerçants se faisant
chasser du centre par les magasins-entrepôts.
Dans le centre, les commerces de gros et de
détail cohabitent puis, peu à peu, l’essor de la
société de consommation mène à l’émergence
de nouvelles pratiques commerciales et d’un
nouveau type de bâtiment, le departement store
ou grand magasin. Ces bâtiments sont davantage
axés sur la valorisation du service à la clientèle
avec des salles d’expositions, des comptoirs et
présentoirs et de larges vitrines. Le premier édifice
de ce type sera le magasin Henry Morgan and Co.,
au coin de Saint-Jacques et McGill, qui renoncera
au commerce de gros pour se consacrer au
commerce de détail organisé en rayons, en 1878.
Cette remontée vers les nouveaux quartiers se
confirme à la fin du 19e siècle lorsque plusieurs
grands commerces de détail comme Morgan en
1890, Birks en 1894 et Ogilvy en 1896, s’installent
sur la rue Sainte-Catherine Ouest, amorçant la
création d’un nouveau centre-ville, au départ
exclusivement commercial. Il s’étend alors entre
les squares Dominion et Phillips, de part et d’autre
de la rue Sainte-Catherine Ouest.
Dans les années 1910, des immeubles de bureaux
s’y installent aussi, et d’autres grands magasins
suivent. Le musée des Beaux-Arts, d’abord créé
Évolution de la centralité
Chaque période a produit sa centralité propre,
le centre-ville se déplaçant à travers le terri -
toire d’étude, remontant du fleuve vers la
montagne. Les pôles de centralité varient
également dans leur nature: le secteur autour
de la place d’Armes et de la rue Notre-Dame
est au départ une centralité religieuse, puis
militaire, mar chande et enfin financière. Dès
la
deuxième moitié du 19e siècle, on assiste
à un déplace ment et à la création d’une nou -
velle centralité commerciale, autour du square
Dominion et des rues Sainte-Catherine et
Dorchester, rejointe plus tard par la cen tra
lité d’aaires. Puis se crée une centralité
culturelle et du spectacle autour de la rue
Sainte-Catherine et du boule vard Saint-Laurent.
En parallèle, la centralité institution nelle
du
Vieux-Montréal demeure. Au cours du
20
e
siècle, toutes ces centralités constituent
un tout.
Vue aérienne de la ville, publiée dans La Patrie
du 13 novembre 1949
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