ÉVOLUTION HISTORIQUE
DU TERRITOIRE DU CENTRE-VILLE DE MONTRÉAL
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L’artisanat et les activités de fabrication
Jusqu’à la moitié du 19e siècle, si les marchands
représentent l’activité économique la plus visible
avec les entrepôts donnant sur le port, les activités
de fabrication emploient davantage de monde.
Mais ces ateliers sont plus discrets. Ils peuvent
compter quelques dizaines d’ouvriers ou artisans
et sont surtout situés dans les faubourgs. Le
centre regroupe les fabricants de produits de luxe
et la production spécialisée, comme l’imprimerie.
Le commerce de détail
La traite des fourrures et le commerce des autres
biens se font d’abord chez les particuliers, puis sur
la place du Marché (place royale), où se tiennent
les foires.
Avec l’apparition des maisons-magasins, dans
les années 1820, les commerces s’ouvrent sur
la rue par de larges vitrines. Cette forme de
commerce s’étend peu à peu au centre. On y
retrouve à la fois des commerces d’importations
(tissus, mercerie) et des artisans (tailleurs, ébé-
nistes, horlogers). Dès lors, on vient y voir les
nouveautés. Pendant toute la première moitié du
19e siècle, la rue Notre-Dame est la rue principale,
accueillant les boutiques de luxe et les visiteurs.
Puis, ce type de commerce laisse la place au
magasin-entrepôt, immeuble exclusivement
commercial et manufacturier. Les produits
vendus dans les magasins-entrepôts sont soit
des importations, soit des produits fabriqués
dans le même immeuble ou dans le secteur.
On retrouve ainsi dans le centre des travailleurs
hautement qualifiés, des bureaux administratifs
et des ouvriers. De nombreuses grèves y ont
aussi lieu. La construction massive des magasins-
entrepôts modifie radicalement l’aspect du
centre en quelques décennies.
Dès le milieu des années 1860, certains
propriétaires de commerces de détail sortent de
la vieille ville pour se rapprocher de leur clientèle,
qui s’est établie vers le nord-ouest, dans le quartier
Saint-Antoine. Pour d’autres, il s’agit moins d’un
choix, les petits artisans et commerçants se faisant
chasser du centre par les magasins-entrepôts.
Dans le centre, les commerces de gros et de
détail cohabitent puis, peu à peu, l’essor de la
société de consommation mène à l’émergence
de nouvelles pratiques commerciales et d’un
nouveau type de bâtiment, le departement store
ou grand magasin. Ces bâtiments sont davantage
axés sur la valorisation du service à la clientèle
avec des salles d’expositions, des comptoirs et
présentoirs et de larges vitrines. Le premier édifice
de ce type sera le magasin Henry Morgan and Co.,
au coin de Saint-Jacques et McGill, qui renoncera
au commerce de gros pour se consacrer au
commerce de détail organisé en rayons, en 1878.
Cette remontée vers les nouveaux quartiers se
confirme à la fin du 19e siècle lorsque plusieurs
grands commerces de détail comme Morgan en
1890, Birks en 1894 et Ogilvy en 1896, s’installent
sur la rue Sainte-Catherine Ouest, amorçant la
création d’un nouveau centre-ville, au départ
exclusivement commercial. Il s’étend alors entre
les squares Dominion et Phillips, de part et d’autre
de la rue Sainte-Catherine Ouest.
Dans les années 1910, des immeubles de bureaux
s’y installent aussi, et d’autres grands magasins
suivent. Le musée des Beaux-Arts, d’abord créé
Évolution de la centralité
Chaque période a produit sa centralité propre,
le centre-ville se déplaçant à travers le terri -
toire d’étude, remontant du fleuve vers la
montagne. Les pôles de centralité varient
également dans leur nature: le secteur autour
de la place d’Armes et de la rue Notre-Dame
est au départ une centralité religieuse, puis
militaire, mar chande et enfin financière. Dès
la
deuxième moitié du 19e siècle, on assiste
à un déplace ment et à la création d’une nou -
velle centralité commerciale, autour du square
Dominion et des rues Sainte-Catherine et
Dorchester, rejointe plus tard par la cen tra
lité d’aaires. Puis se crée une centralité
culturelle et du spectacle autour de la rue
Sainte-Catherine et du boule vard Saint-Laurent.
En parallèle, la centralité institution nelle
du
Vieux-Montréal demeure. Au cours du
20
e
siècle, toutes ces centralités constituent
un tout.
Vue aérienne de la ville, publiée dans La Patrie
du 13 novembre 1949