cherché à le représenter par des mo-
dèles plus simples permettant de dé-
crire telle ou telle propriété du
noyau. Dans une hypothèse ex-
trême, les nucléons sont supposés se
mouvoir indépendamment l’un de
l’autre sur des orbites stationnaires
ayant chacune une énergie et un
moment angulaire bien définis :
c’est le modèle des couches suggéré
dès les années 30 par Bartlett et
d’autres physiciens, puis développé
dès 1949 par M.G. Mayer et indé-
pendamment par D. Haxel, J.H. Jen-
sen et H.E. Suess. Ce modèle sup-
pose que la force effective sur
chaque nucléon dérive d’un poten-
tiel moyen et que chaque nucléon se
déplace avec un moment orbital
constant . Le spin Sse couple à
son moment orbital Let produit une
énergie de couplage proportionnelle
au produit scalaire
L.S
. Selon que
le spin est parallèle ou antiparallèle
au moment orbital, le niveau d’éner-
gie du nucléon va se déplacer vers
le bas ou vers le haut. L’état de mo-
ment angulaire va donc sous l’ef-
fet du spin se séparer en deux ni-
veaux de moment angulaire total
j= ±1
2
. Cet effet du spin, connu
sous le nom de splitting spin-orbite,
est nécessaire pour expliquer les
nombres magiques (nombres de nu-
cléons pour lesquels le noyau a une
stabilité particulièrement grande)
qui correspondent à des couches
complètes.
MODES D’EXCITATION D’UN NOYAU
L’état fondamental d’un noyau
est celui où les nucléons ont l’éner-
gie la plus basse permise par le
principe de Pauli (un seul nucléon
par état possible). Dans une image
simplifiée, lorsqu’on donne de
l’énergie au noyau, celle-ci est
d’abord recueillie par l’un des nu-
cléons. Ce nucléon peut la conser-
ver pour lui seul et changer d’état ;
on a alors une excitation indivi-
duelle. C’est souvent le cas pour des
niveaux faiblement excités. L’éner-
gie d’un tel niveau est celle qui a
été gagnée par le nucléon qui a
changé de couche et les nombres
quantiques caractéristiques sont
ceux de la paire nucléon-trou ainsi
formée. Les valeurs du spin et de
l’isospin du trou étant les mêmes
que celles du nucléon, les nombres
quantiques caractérisant une excita-
tion sont ceux d’une paire nucléon-
nucléon. On distinguera donc quatre
types de transitions :
DS=0, 1;
DT=0, 1
. Les transitions corres-
pondant à
DS=1
sont dites exci-
tations de spin. Les transitions cor-
respondant à
DT=0
sont appelées
transitions isoscalaires et celles cor-
respondant à
DT=1
sont des
transitions isovectorielles.
La description du noyau dans ce
domaine d’énergie d’excitation est
améliorée en ajoutant au champ
moyen une interaction ayant lieu
entre le trou et la particule formés :
c’est l’interaction résiduelle. Du
même type que l’interaction
Nucléon-Nucléon elle comporte
aussi quatre termes. Les niveaux
discrets à faible énergie d’excitation
sont bien décrits par un modèle de
ce type (modèle des couches).
Quand l’énergie déposée dans le
noyau augmente, les niveaux at-
teints ont une durée de vie plus
courte (possibilité de se désexciter
en émettant une particule) et sont
donc plus larges conformément au
principe d’incertitude d’Heisenberg
DE.Dt≈\
. Les niveaux se che-
vauchent et il devient difficile de les
distinguer. Dans ce domaine d’exci-
tation (appellé le continu) de larges
excitations résonnantes apparaissent
(Résonances géantes). De tels effets
ne peuvent se produire que grâce à
une coordination entre le mouve-
ment de plusieurs nucléons : ce sont
des excitations collectives. Ce com-
portement peut être illustré par une
image simple : Les nucléons étant
liés entre eux par une forte interac-
tion, lorsque l’un d’eux reçoit de
l’énergie, il peut en transmettre une
partie à ses voisins et ainsi de pro-
che en proche l’énergie se trouve
distribuée entre un grand nombre de
nucléons. Le mouvement se propage
dans le noyau un peu comme une
onde et il existe des états stationnai-
res dans lesquels le mouvement des
nucléons est cohérent. Ce sont des
excitations résonnantes. Le premier
modèle de ce type est celui de la
goutte liquide introduit dès 1937 par
N. Bohr et F. Kalckar où les nu-
cléons du noyau se comportent
comme les molécules dans un
fluide. Une déformation de la sur-
face sphérique donne naissance à
des oscillations de celle-ci. Dans
l’encadré 1, nous donnons une
image simple de telles excitations
collectives qui correspondent à une
vibration des nucléons du noyau
autour d’une position moyenne
d’équilibre.
LES MYSTÈRES DU CONTINU
Alors que les niveaux à faible
énergie d’excitation sont maintenant
bien connus dans de nombreux
noyaux, le continu recèle encore
quelques mystères que la mesure
des observables de spin peut contri-
buer à éclaircir. Pour ne pas alourdir
cet article nous focaliserons notre
attention sur un seul exemple : la
séparation des composantes isosca-
laires
~
DT=0
!
et isovectorielles
~
DT=1
!
des excitations de spin
~
DS=1
!
dans les noyaux.
Voyons d’abord quel est l’intérêt de
cette séparation. Les excitations col-
lectives
DS=0
, pour lesquelles
les nucléons de même spin oscillent
en phase, ont été étudiées intensive-
ment durant les années 70 tant sur
le plan théorique qu’expérimental et
ont apporté des renseignements sur
les parties correspondantes de l’inte-
raction Nucléon-Nucléon (voir en-
cadré 1), donc sur deux des quatre
termes que comporte cette interac-
tion. Pour accéder aux deux termes
restants il est nécessaire d’étudier
les transitions de spin
~
DS=1
!
qui sont plus difficiles à isoler.
Historiquement, le premier mys-
tère de cette recherche est apparu
dans l’étude de la radioactivité
b
.
Rappelons que la radioactivité
b
−
Astrophysique et hautes énergies
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