UNIVERSITÉ PARIS DIDEROT
MASTER 1 PHYSIQUE
PHYSIQUE STATISTIQUE
TRAVAUX DIRIGÉS
2015 - 2016
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Informations pratiques
Anne Lemière : [email protected]
Matthieu Roché : matthieu.roche@univ-paris-diderot.fr
Frédéric van Wijland : [email protected]
Documents relatifs aux cours et aux TD :
http://www.msc.univ-paris-diderot.fr/~vanwijland/
1 Bruit de grenaille
Des électrons de charge esont émis au hasard par le filament chauffé d’un tube à vide. On cherche
à déterminer la probabilité P(n, t)d’émettre nélectrons dans un intervalle de temps t. On découpe
le temps ten Nintervalles t. La probabilité d’émettre un électron dans un intervalle test égale
àp=αt. L’intervalle test supposé suffisamment petit pour que la probabilité d’émettre deux
électrons soit négligeable. On admet de plus que l’émission d’un électron n’affecte pas la probabilité
d’émission d’un autre.
1. Quelle est la probabilité qpour qu’aucun électron ne soit émis pendant le temps t? En déduire
l’expression de P(n, t).
2. Calculer la valeur moyenne de la variable aléatoire n,hniainsi que ses fluctuations hn2i. Sim-
plifier cette expression dans la limite p1.
3. Montrer que dans la limite considérée ici où l’intervalle ttend vers 0 : p0,N→ ∞,P(n, t)
peut s’écrire : P(n, t)(Np)n
n!eNp. Comment s’appelle la statistique obtenue ?
4. L’intensité émise pendant le temps test donnée par I=en/t. Calculer la valeur moyenne du
courant ainsi que le rapport (∆I)2
hIi.
5. Ces fluctuations sont connues sous le nom d’effet de grenaille. D’après ce qui précède, donner les
conditions pour lesquelles elles sont les plus importantes. Calculer Ipour un courant moyen de
hIi= 1 µA et un temps de mesure t= 1 ms.
2 Marche au hasard
Un marcheur ivrogne se déplace sur une droite en sautant aléatoirement à gauche ou à droite (de
manière équiprobable) à une distance ade là où il se trouve. À l’instant t= 0 il se trouve à l’origine
2
des coordonnées et la durée qui s’écoule entre chacun de ses sauts est τ.
1. Quelle est la probabilité P(n;N)que le marcheur ait, en Nsauts, effectué nsauts vers la droite et
Nnvers la gauche ? Quelle sera alors sa position xen fonction de N,net a? Quel est le temps t
qu’il lui faut pour faire Nsauts ?
2. Quel est le nombre moyen de pas vers la droite ?
3. Exprimer la dispersion de la variable x, définie par
(∆x)2=var(x) = hx2i−hxi2
en fonction de Net a, puis en fonction de t,τet a.
4. On va à présent s’intéresser au comportement de P(n;N)lorsque net Nsont très grands devant
1, mais que n/N =ξest quelconque. En utilisant la formule de Stirling, montrer que P(n;N)prend
la forme d’une loi gaussienne en la variable ξ.
5. On pose p(x, t) = a1P(n, N), où nest exprimé en fonction de xet Nen fonction de t. Vérifier
que pest solution de l’équation
tpD2
xp= 0
Connaissez-vous des domaines de la physique où apparaît cette équation ?
6. Lorsque nest fixé mais que Nest très grand devant 1, la loi P(n;N)tend vers une loi limite
différente de celle trouvée en 4. Quelle est-elle ?
3 Chaîne polymère
Une chaîne comporte Nmolécules identiques. Chaque molécule peut se trouver dans deux états α
ou β, dont les énergies sont respectivement εet 0 (on prend l’énergie de la forme βcomme référence).
Une molécule dans l’état α(resp. β) apporte une contribution a(resp. b) à la longueur Lde la chaîne.
On suppose que l’énergie de la chaîne est fixée et vaut E. On suppose de plus N1et Eε.
1. Que pensez-vous des deux dernières approximations ? Sont-elles réalistes ?
2. On appelle nα(resp. nβ) le nombre de maillons dans l’état α(resp. β). Relier E,εet nα. Relier L,
a,b,Net nα.
3. Déterminer la fonction de partition microcanonique Ω(E, N )de la chaîne. Pourquoi la longueur L
ne figure-t-elle pas comme une variable de au même titre que le volume intervient dans la fonction
3
de partition microcanonique d’un gaz parfait.
4. Pour quels domaines (donner des estimations ou des valeurs typiques) de nαet de Ela température
de la chaîne deviendra-t-elle élevée ? Répondre qualitativement. Et si la température est faible ?
5. Déterminer la température T. En déduire nαen fonction de T, puis Een fonction de T. Quelle est,
en fonction de Tet ε, la fraction de molécules fαdans l’état αsi la chaîne est à la température T.
Simplifier cette expression dans la limite des hautes et basses températures. Procéder de même avec
fβ.
6. Montrer que S/N =kBfαln fαkBfβln fβ. Interpréter cette identité. Existe-t-il une identité
similaire pour un gaz parfait ?
4 Propriétés magnétiques des corps à diverses températures
Curie [1] a procédé à l’étude systématique, en fonction de la température (de 20 à 450 degrés
Celsius), des propriétés magnétiques de plusieurs familles de corps différents, allant de l’oxygène
au platine en passant par le fer. Nous nous intéresserons à ceux qu’il a appelés "faiblement ma-
gnétiques", aussi dénommés matériaux paramagnétiques. Dénués d’aimantation, et ce indépendam-
ment de la température, ces corps acquièrent une aimantation M(H, T )lorsqu’ils sont plongés dans
champ magnétique extérieur H=Hezà la température T. Ce sont les courbes T7→ M(H, T )/H
que Curie a pu mesurer. Dans le domaine des champs faibles utilisés, Curie montre que le rapport
χ(T) = M(H, T )/H est indépendant du champ H. Nous nous proposons, suivant en cela les travaux
de Langevin [2], de rendre compte des observations expérimentales réalisées par Curie.
Références : [1] P. Curie, Annales de Chimie Physique V, 289 (1895) et [2] P. Langevin, Annales de
Chimie Physique V, 70 (1905).
1. Pour du dioxygène sous 18 atm, la courbe expérimentale donnant χen fonction de la température
en degrés Celsius est présentée à la figure 1. L’analyse de la figure 1suggère une dépendance simple
de χen fonction de T, la température absolue. Quelle est-elle ?
2. Langevin propose le calcul de thermodynamique suivant. Pour un corps dont l’aimantation passe
de MàM+dMdans un champ extérieur H, la chaleur reçue sera δQ =HdM. Lorsque M=
M(T, H), montrer, en utilisant que dS=δQ/T est une différentielle totale exacte, que l’on a néces-
sairement M(T, H) = f(H/T ), où fest une fonction indéterminée. Quel autre argument ne se réfé-
rant pas au second principe, mais tout aussi rigoureux, permet de trouver cette forme de M(T, H)?
3. Que faut-il supposer sur la fonction fpour que cette forme soit compatible avec les résultats de la
figure 1? Pourquoi est-ce raisonnable ?
4
C’est pour aller au-delà de ces considérations intuitives que Langevin a proposé la modélisation mi-
croscopique présentée aux questions suivantes.
4. On modélise l’oxygène par une assemblée de Ndipôles magnétiques classiques permanents µi
indépendants, où µiest un vecteur à trois dimensions de norme fixe égale à µ. L’ensemble est en
contact avec un thermostat à la température T(β=1
kBT). L’énergie potentielle d’un tel dipôle dans
un champ H=Hezest µi·H. On appellera θil’angle entre le dipôle et le champ extérieur.
Son énergie cinétique se décompose en un terme de translation et un terme de rotation de la forme
a˙
θ2
i+bsin2θi˙
φ2
i(où φiest l’angle repérant la position du dipôle projetée dans le plan perpendiculaire
àH,aet bsont des constantes positives ). Quelle est l’énergie cinétique moyenne par dipôle ?
5. Montrer que la fonction de partition canonique Zde l’assemblée de dipôles se met sous la forme
Z=zN/N!, z =CZπ
0
dθsin θeβHµ cos θ(1)
On ne cherchera pas à évaluer Cexplicitement.
6. Soit M=Pµil’aimantation totale et soit M=hMzi. Relier M=hMziet hM2
zi − hMzi2à
des dérivées de ln Zpar rapport à H. En déduire une relation entre χet la variance de l’aimantation
selon ez.
7. Montrer alors que M=NµL(βµH)où l’on donnera l’expression de la fonction L(x)en fonction
de x.
8. En déduire χ(T)en fonction de la température dans le domaine de champ magnétique d’intérêt
pour les expériences de Curie. On utilisera que pour x0,coth x=1
x+x
3+O(x3). Pouvait-on
trouver ce résultat pour χ(T)(presque) sans calcul en utilisant le lien entre la variance de Mzet la
susceptibilité ?
9. On se demande si la quantification du moment magnétique, que Langevin ignorait en 1905, modifie
le résultat classique trouvé en 7. On imagine alors que µi=µ0Si, où Siest un opérateur de spin s,
dont la composante selon l’axe du champ Hprend l’une des 2s+ 1 valeurs s, s+ 1, . . . , s 1, s
(les facteurs ~et autres ont été absorbés dans la constante µ0; pour le dioxygène, s= 1). Il faut alors
remplacer l’intégrale angulaire Rπ
0dθsin θeβHµ cos θqui apparaît dans (1) par une contribution que
l’on écrira.
10. Montrer alors que M=Nµ0(s+ 1/2) hcoth ((s+ 1/2)βµ0H)1
2(s+1/2) coth βµ0H
2i.
11. Cela est-il encore compatible avec le résultat expérimental de Curie pour χ(T)?
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