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Les catégories usage à risques, usage nocif et usage avec dépendance constituent ce qu'on
peut appeler les mésusages d'alcool. Dans le DSM-V, paru en mai 2013, le terme mésusage
d'alcool (alcool-use disorder) a remplacé les actuels abus et dépendance. Cela a un impact
important sur la prise en charge des patients souffrant d'alcoolisme chronique puisque l'on
va passer d'une approche catégorielle à une approche dimensionnelle probablement plus
proche de la réalité des patients : un patient ayant à un moment donné un usage nocif
d'alcool peut revenir à un usage simple. L’objectif prioritaire est celui d’une réduction de
consommation.
La loi de santé publique de 2004 s’est ainsi fixé des objectifs de diminution des
consommations et de réduction des risques.
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L'OMS a également classé les consommations par niveaux de risque:
− Risque léger : moins de 4 verres par jour pour un homme, 2 pour une femme
− Risque modéré : entre 4 et 6 verres par jour pour un homme, entre 2 et 4 pour une
femme
− Risque élevé : entre 6 et 10 verres par jour pour un homme, entre 4 et 6 verres pour
une femme
− Risque très élevé : plus de 10 verres par jour pour un homme, plus de 6 verres pour
une femme.
NB : 1 verre standard équivaut à 10g d'alcool pur
Les objectifs actuels de la SFA ont évolué vers une réduction des risques en essayant
d'accompagner le patient vers les catégories à risque léger ou modéré. Le fait de décrire une
catégorie « à faible risque » ne doit pas être pris comme un encouragement à la
consommation. Cette nouvelle stratégie de prise en charge des patients sous-tend un
accompagnement ambulatoire renforcé des patients selon une approche transversale
médico-psycho-sociale et une nécessité de continuité des soins par une même équipe
soignante comprenant plusieurs types d’intervenants (médecin, infirmière, assistante
sociale) susceptible d’intervenir tant en consultation qu’en hospitalisation de jour et
pourquoi pas dans un futur proche avec un accompagnement sur le lieu de vie si nécessaire
avec une équipe mobile (infirmière, assistante sociale) suivant le modèle déjà utilisé pour la
prévention du suicide.
Les conduites addictives sont un déterminant majeur de la santé de la population.
D'après l'INSEE la consommation d'alcool en France est passée de 26 litres d'alcool pur par
personne de plus de 15 ans en 1960 à 12,7 litres en 2005. Il existe une diminution assez
nette de sa consommation depuis plusieurs décennies mais l'alcool reste la substance
psycho-active la plus consommée dans notre pays. Dans « L'Atlas régional des
consommations d'alcool »
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en 2005, un chiffre est particulièrement parlant : seuls 8,4% des
personnes âgées de 12 à 75 ans déclarent n'avoir jamais bu de boissons alcoolisées. Dans
cette même tranche d'âge, 13,7% déclarent avoir bu quotidiennement sur l'année écoulée,
32,7% une fois par semaine et 32,4% une fois par mois. Les principaux facteurs associés à la
consommation d'alcool sont l'âge (la prévalence augmente avec l'âge, surtout chez les
hommes : au-dessus de 55 ans le mode de consommation majoritaire chez les hommes est la
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Ibid page 132
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INSEE, « Tableaux de l’économie française », 2007