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Les grandes époques dans l’histoire du théâtre
La Grèce, au cinquième siècle avant notre ère | Les mystères du Moyen Âge |
L'Angleterre élisabéthaine | Le Japon classique ; Nô, Kabuki | L'Espagne du Siècle d'Or |
La France du dix-septième siècle | Le Romantisme (Allemagne, France, Angleterre) |
La naissance du metteur en scène | L’Après-guerre |
La Grèce au cinquième siècle avant Jésus-Christ
© Labiana de l'Université de Corse
http://www.univ-corse.fr/labiana/
Les ruines du théâtre d'Épidaure en Grèce.
Au cinquième siècle avant Jésus-Christ, à Athènes, les citoyens cessent de se fier entièrement aux dieux et aux coutumes et décident que
les hommes prendront désormais les décisions. Ils développent la philosophie, qui permet d’organiser la pensée et de discuter des idées
de façon raisonnable, et mettent au point une forme de gouvernement fondée sur la participation des citoyens et la discussion des enjeux
publics : la démocratie. Mais en rejetant les rois et les traditions venus des dieux, les hommes ne prennent-ils pas un risque terrible?
C’est alors que naît le théâtre. Les autorités d’Athènes trouvent cette forme de communication si importante qu’ils font construire des
théâtres en plein air pouvant accueillir des milliers de personnes ; il devient obligatoire pour les citoyens d’assister aux représentations,
qui ont toujours lieu dans le cadre de grandes fêtes religieuses. Ce théâtre est fondé sur l’idée d’un chœur – représentant en quelque
sorte les citoyens qui commente l’action. Les Grecs créent la tragédie, qui traite des problèmes graves et insolubles, et dont les grands
auteurs sont Eschyle, Sophocle et Euripide ; et, pour rire des personnages connus, la comédie, dont le principal auteur est Aristophane.
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Le Moyen Âge
La scénographie du Mystère de la passion joué à Valenciennes (France) en 1547. Remarquez les « mansions » représentant de façon non réaliste les
divers lieux de l'action : le paradis, Nazareth, Jérusalem, le palais, etc. Dessin d'époque de H. Cailleau.
Au Moyen Âge, la vie et la pensée sont dominées par la foi et non, comme aujourd’hui, par le savoir , qui unit la société et donne un
sens au monde. Si on excepte l’art des jongleurs (qu’on définit à l’époque comme des professionnels itinérants qui chantent et récitent
des poèmes en public), le théâtre médiéval est créé pour des occasions religieuses par des membres de la collectivité, qu’ils soient
artisans, prêtres, paysans ou lettrés. On joue dans des installations temporaires, souvent sur les parvis des églises ou sur la grand-place
de la ville. La forme la plus spectaculaire du théâtre médiéval se nomme le mystère ; on la trouve en France et dans le Nord de l’Italie
entre le quatorzième et le seizième siècle. Un mystère demande des années de préparation et on le joue devant des milliers de pèlerins
venus de partout. Il dure plusieurs jours, voire des semaines, et raconte l’histoire du monde, d’Adam et Ève jusqu’au Jugement dernier,
en passant par la vie du Christ et celle des saints patrons du lieu où on le présente. Spectaculaires, mélangeant le sacré et le profane, les
sermons et les effets spéciaux, les mystères ont disparu après les bouleversements religieux dus à l’avènement du protestantisme.
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Le Japon classique
© Archives nationales du Canada, photographe inconnu
Théâtre japonais : représentation de Kabuki lors de l'Expo 67 à Montréal.
Si le Japon a bien conservé ses formes traditionnelles de théâtre, cela s’explique en partie par le fait que ce pays ne s’est ouvert à
l’Occident qu’au cours de la seconde moitié du dix-neuvième siècle. Il faut comprendre que dans les formes de théâtre classiques
d’Orient, on garde du passé non seulement les textes, mais aussi la façon exacte dont on les jouait (intonations, gestes, déplacements,
costumes, décors et musique). À la fin du quatorzième siècle naît le , une forme très abstraite de tragédie chantée. Un présente un
fantôme, une divinité, un démon ou un humain ayant perdu la raison qui, pour se libérer, raconte à un passant ou un voyageur pourquoi
il hante ce lieu précis. Au dix-septième siècle naît le kabuki, une forme de théâtre beaucoup plus spectaculaire, qui relate aussi bien des
exploits guerriers que des histoires passionnelles pleines de sang et de fureur. En même temps que le kabuki, s’épanouit le bunraku, un
théâtre de marionnettes réalistes d’un grand raffinement où chaque marionnette est manipulée par trois opérateurs visibles vêtus de
noir. Le plus grand auteur de kabuki et de bunraku a été Chikamatsu Monzaemon (1653-1724).
© Gallica-BNF
Masque de vieillard pour le théâtre Nô, objet de bois du dix-huitième siècle fabriqué au Japon.
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L’Angleterre élisabéthaine
© André Degaine in Histoire du théâtre dessinée, Nizet, 1992
Dessin d'un théâtre élisabéthain.
Sous le règne d’Élisabeth 1ère, qui occupe le trône de 1558 à 1603, l’Angleterre acquiert une puissance maritime, économique et
politique nouvelle. Le peuple anglais découvre avec ravissement à cette époque que sa langue, autrefois considérée comme une utilitaire
(en Angleterre, la littérature s’écrivait surtout en français, en italien ou en latin), peut décupler son expressivité par la poésie. Le monde
change et les gens ont soif d’histoires dans une langue poétique, pour entendre parler des idées nouvelles et se faire raconter des
histoires d’amour, des drames sanglants ou le destin des rois du passé ; le théâtre devient vite très populaire. On joue dans d’étonnants
timents cylindriques où un public, qui dépasse facilement 2 000 personnes, entoure la scène sur trois côtés. Le rythme de l’action est
rapide ; il n’y a pas de décor : on place un trône et voilà la cour du roi ; on le remplace par deux tables et quatre chaises, nous voici dans
une taverne. L’auteur le plus connu de cette époque est bien sûr Shakespeare, mais il ne faut pas oublier le ténébreux Christopher
Marlowe Tamerlan (1588), La Tragique Histoire du docteur Faust (1592) et le vigoureux Ben Jonson Volpone, (1606), L’Alchimiste
(1610).
© André Degaine in Histoire du théâtre dessinée, Nizet, 1992
Dessin du théâtre The Globe dans la ville de Londres à l'époque de Shakespeare.
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L’Espagne du Siècle d’Or
Gravure de Comba représentant un corral de théâtre. Cette gravure, réalisée au dix-neuvième siècle, est basée sur des documents originaux perdus.
Du milieu du seizième siècle jusqu’au milieu du siècle suivant, l’Espagne domine l’Europe par sa richesse (tout l’or pillé au Nouveau
Monde…), même si elle perd peu à peu sa puissance au profit de l’Angleterre, puis de la France. Cette période, surnommée le « Siècle
d’Or » marque pour l’Espagne une période d’une créativité exceptionnelle qui a donné naissance aux grandes peintures de Velázquez et
au Don Quichotte (1605, 1615) de Cervantès. Le théâtre est prodigieusement populaire dans cette société : les riches et les nobles se
font donner des représentations à domicile tandis que le grand public se rassemble dans de grands théâtres semi-couverts de forme
rectangulaire, les corrales, qui peuvent contenir jusqu’à 2 000 spectateurs. Le genre le plus pratiqué se nomme comedia, un genre à la
fois libre et systématique écrit en vers, qui met en scène des personnages stéréotypés et qui accueille indistinctement les comédies
d’intrigue, de mœurs ou de cape et d’épée, les drames philosophiques et les vies de personnages célèbres. Les auteurs les plus
remarquables sont Felix Lope de Vega (1562-1635), qui a écrit plus de mille pièces dont Fuente Ovejuna (1618) et Pedro Calderon de la
Barca (1600-1681), dont la pièce la plus connue s’intitule La vie est un songe (1635).
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La France du dix-septième siècle
Représentation du Malade imaginaire de Molière à la cour de Versailles en 1674, un an après le décès de l'auteur-comédien. Remarquez les
nombreux musiciens dans la fosse d'orchestre et la magnificence du décor de l'Italien Carlo Vigarani.
Sous le règne de Louis XIII et, surtout, celui de Louis XIV, la France devient le pays le plus puissant et le plus influent d’Europe,
particulièrement entre 1660 et 1690. Les artistes et les penseurs français de cette époque sont convaincus (et ils n’ont pas tout à fait
tort) que la grandeur de leur culture égale celle de leur modèle : l’antiquité greco-romaine. Pour assurer une noblesse aux formes du
théâtre, les artistes édictent des règles : utilisation du vers dans la tragédie et la comédie, bienséance (pas de violence et de combats
en scène), unité d’action (pas d’intrigue secondaire), unité de temps (tout doit se passer en une journée) et unité de lieu. De plus, les
meilleurs auteurs refusent dans leurs pièces tout recours à la magie (philtres, potions) ou à l’intervention d’un dieu au moment crucial.
Corneille et Racine pour la tragédie, tout comme Molière pour la comédie, ont su mettre à profit ces règles qui donnent au théâtre de
cette époque, axé sur le dépassement de l’individu, une exceptionnelle densité.
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Le Romantisme
Le romantisme (qui n’a rien à voir avec un souper aux chandelles) est un mouvement culturel qui a balayé l’Europe au tournant du dix-
neuvième siècle. Les artistes commencent à valoriser « l’inspiration » et l’expression individuelle plutôt que l’obéissance aux règles de
composition des modèles classiques. À la clarté, on préfère le mystère et les contrastes. L’antiquité greco-romaine cesse d’être la grande
source d’inspiration : on privilégie désormais les légendes populaires issues du Moyen Âge, comme l’épopée du roi Arthur. Les idées
ayant mené à la Révolution française ont changé les mentalités : si le théâtre souhaite montrer le fonctionnement du monde, il ne peut
plus mettre en scène uniquement les rois. S’inspirant des drames historiques de Shakespeare, on fait place au peuple. Par exemple,
l’action de La Tour de Nesle (1832) d’Alexandre Dumas père se passe au Moyen Âge et mêle la reine Marguerite de Bourgogne à des
gredins de bas étage. Dans Ruy Blas (1838), Victor Hugo montre un paysan qui a davantage de noblesse de cœur et d’esprit que les
« vrais » aristocrates. Mais, surtout, face à la raison ou à la loi, le romantisme incarne le triomphe de l’émotion.
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La naissance du metteur en scène
© Gallica-BNF
Affiche du Théâtre du Vieux-Colombier annonçant le début de ses activités, 1913.
Avant la fin du dix-neuvième siècle, l’auteur ou encore la vedette de la pièce assurait habituellement la coordination artistique d’une
production théâtrale. Cela menait à des situations qui aujourd’hui nous irriteraient : par exemple, l’actrice principale pouvait très bien
porter une robe d’un chic éblouissant, mais qui n’était pas en accord avec son personnage, ni du même style que les costumes des autres
comédiens. Or, vers la fin du dix-neuvième siècle, avec l’évolution des mentalités, on ressent le besoin d’une vision individuelle, d’un
point de vue artistique qui guide le travail de tous les intervenants d’un spectacle de théâtre, afin de lui donner une unité esthétique et
un sens précis. Entre 1870 et 1870, grâce à ses nombreuses tournées européennes, la troupe allemande les Meininger a véhiculé
l’exemple d’un travail théâtral homogène, inspiré par des recherches historiques. Or, des artistes rechercheront rapidement cette
homogénéité dans une vision artistique individuelle, en particulier André Antoine qui fonde à Paris le Théâtre-Libre en 1887,
Constantin Stanislavski à Moscou et, surtout, l’Allemand Max Reinhardt qui donne au metteur en scène le rôle prépondérant qu’on lui
reconnaît aujourd’hui.
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L’Après-guerre
Après la destruction physique de l’Europe et les pertes de vies humaines de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), l’horreur
idéologique du nazisme, l’extermination de six millions de Juifs et l’explosion de la première bombe atomique, les Occidentaux ont remis
en question leurs vieilles certitudes. Qu’il s’agisse de l’idée que nous conduisons nos vies avec notre raison et notre volonté, que le
progrès mène au bonheur ou que nous sommes sous la protection de Dieu, plus rien ne tenait. À la fin des années quarante, des auteurs
(dont les plus connus sont Samuel Beckett et Eugène Ionesco) commencent à écrire un théâtre qui laisse tomber les repères habituels :
les personnages de Beckett sont comme des déchets d’êtres humains pris dans des situations sans issue. Ionesco, dans une pièce comme
La Cantatrice chauve (1950), détruit les liens entre le théâtre, les mots et notre perception de la réalité. On a qualifié leur théâtre de
« théâtre de l’absurde », non pas parce que les dialogues ont parfois recours à l’absurdité, mais parce qu’il présente une vision du monde
où la vie humaine n’a pas de sens par rapport à la marche immuable de l’univers.
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