La saga Proba commence avec le lancement, le 22 octobre
2001, du premier démonstrateur technologique de la filière.
A l’époque, on ne donnait pas encore de numéro d’ordre à
ce type de satellites. Et pour cause, il n’était pas question de
se lancer dans une série!
Proba “1” s’appelle donc officiellement tout simplement
Proba, acronyme de “Project for Onboard Autonomy”. Ce
gros cube de 60x60x80 cm affichant une masse de 94 kilos
faisait surtout penser à... une lessiveuse familiale. Il n’était
au départ destiné à vivre en orbite que pendant deux
années tout au plus, histoire de tester les nouvelles techno-
logies dont il avait été équipé: une batterie au lithium-ion,
des panneaux solaires en arséniure de gallium à triple jonc-
tion, un système de navigation et de gestion autonome ou
encore une charge utile légère avec les caméras Chris
(Compact High Resolution Imaging Spectrometer) de facture
britannique et HRC (High Resolution Camera) panchromati-
que destinées à l’observation de la Terre.
C’est en effet dans le cadre du programme général de sup-
port technologique (GSTP) de l’ESA que ce satellite, et la
filière qui allait suivre, avait été décidé, avec le soutien actif
de la Politique scientifique fédérale belge et bien entendu,
les chercheurs et les industriels du pays.
Space Connection 58 - février 2007
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C’était il y a cinq ans déjà. Depuis, la “machine à laver”
belge, comme on a parfois désigné Proba, a fait taire tous
les sarcasmes. Mieux encore, devant le succès éblouissant de
ce petit engin, l’ESA, l’Agence spatiale européenne, et ses
partenaires ont décidé de remettre le couvert. Proba 2, un
autre satellite du même gabarit que son aîné, est quasi sur
le départ. Et comme on ne change pas une formule qui
gagne, pour la mise au point de Proba 2, l’ESA a une nou-
velle fois fait confiance aux scientifiques et aux industriels
belges. Et ceux-ci se sont déchaînés !
A tel point qu’on parle déjà de Proba 3, un projet de techno-
logies spatiales qui ne concernera plus un seul mais bien
deux satellites d’un coup! De quoi mettre une nouvelle fois
à l’épreuve notre savoir-faire ? Le défi est lancé ! Un, deux,
trois Proba(s)… Les petits satellites belges ont le vent en
poupe.
Proba “1”, cinq années de succès
1, 2, 3… Proba
Toutefois, la robustesse du système (Proba travaille
aujourd’hui encore sur base de ses instruments primaires et
non sur ceux de secours !) dont la maîtrise d’œuvre indus-
trielle avait été confiée à la société Verhaert de Kruibeke
(près d’Anvers) l’a très vite fait basculer dans une autre caté-
gorie de satellites: celle des engins opérationnels!
Cinq ans après son lancement, le démonstrateur technologi-
que est toujours en parfait état de fonctionnement. Et il
séduit plus que jamais la communauté... scientifique.
Ses deux caméras ont livré en cinq ans plus de 10.000 images
concernant plus d’un millier de sites sur Terre. Elles ont été
étudiées par plus d’une centaine d’équipes de chercheurs issus
d’une trentaine de pays. Ces données ont permis des travaux
de recherche dans des domaines aussi variés que l’étude des
nuages, la surveillance des zones agricoles, l’évaluation des
dommages causés par les incendies de forêts, l’identification
d’anciens édifices de l’époque romaine, l’évolution du couvert
végétal global, la surveillance de la maturité des champs de
coton, la multiplication du phytoplancton dans les eaux côtiè-
res ou dans les réserves d’eau douce, la prospection minière,
la surveillance des glaciers alpins, le suivi d’inondations etc.
Bref, cinq années de succès, c’est indiscutable !
Un mot d’ordre: l’autonomie
Le “A” de Proba fait référence à la grande autonomie laissée
au satellite pour la réalisation des missions qui lui sont
commandées. Dans le cadre du premier satellite de cette
filière, cette autonomie concerne notamment la gestion des
prises de vue de diverses régions de la planète.
“Nous sommes bien entendu en contact avec le satellite cha-
que jour de l’année explique”, Etienne Tilmans, qui à la station
terrestre de l’ESA de Redu (province de Luxembourg) gère
notamment le satellite Proba. “Mais la plupart de nos con-
tacts avec Proba, qui “survole” Redu quatre fois par jour, sont
automatisés. Néanmoins, chaque jour ouvrable, lors des deux
passages de midi du satellite dans notre zone, nous pouvons
intervenir manuellement en cas de nécessité. En général, nous
envoyons au satellite au moins 24 heures à l’avance les com-
mandes de prises de vues réclamées par les scientifiques. Ceci
afin de pouvoir tenir compte au mieux des prévisions météoro-
logiques à court terme et des conditions nuageuses locales.”
Au coeur des dunes
de Mongolie,
d’étranges lac salés
constellent le
paysage.
© ESA