Région & Développement 5
recherche de compétences spécifiques.
En d'autres termes, en schématisant à outrance, on aboutirait à la coexistence
de deux types de flux commerciaux et de capitaux de natures différentes :
- des flux "globalisés" entre pays développés de la Triade disposant d'éléments de
monopoles sur des compétences spécifiques. Ces flux concerneraient dans une
large mesure les échanges inter-blocs de la Triade ;
- des flux régionalisés entre pays appartenant à une même zone régionale pouvant
s'étendre à des pays périphériques moins développés et affichant des dotations
factorielles différentes.
Les zones régionales intégrées peuvent constituer des espaces privilégiés
pour des actions volontaristes des États et des institutions internationales en vue de
favoriser la convergence structurelle des pays membres (politique industrielle et
technologique, transferts financiers, investissements dans les secteurs créateurs
d'externalités…). Ce type d'actions peut être de nature à favoriser l'intégration
régionale des pays moins développés (zones périphériques des blocs régionaux
développés) dans le cadre du nouveau principe de division du travail.
Dans une première partie, nous tenterons de montrer en quoi la globalisation
nous semble fondée sur la recherche de compétences spécifiques plutôt que sur
l'exploitation de facteurs génériques selon une logique d'avantages-coûts
comparatifs. D'une part, la diffusion du changement technique induit un
mécanisme de recomposition internationale des processus productifs sur une base
sélective, affectant en premier lieu les pays à "dotations naturelles". D'autre part, la
spécialisation acquise par les pays industriels sur des compétences spécifiques est
durable et s'accompagne de récupération d'avantages comparatifs dans les secteurs
considérés comme banalisés du point de vue de la théorie du cycle du produit, ou
intensifs en travail non qualifié du point de vue des analyses néo-factorielles du
commerce international (section 2). La seconde partie analyse empiriquement cette
tendance à la polarisation des échanges commerciaux et technologiques
(commerce, investissements directs internationaux, délocalisation et relocalisations
industrielles, accords et alliances technologiques). En quoi les pays en
développement dont les seuls avantages résident dans la disponibilité de facteurs
naturels (main d'œuvre, ressources naturelles…) se trouvent-ils marginalisés de ce
processus (section 3). La dernière partie envisage les contre-tendances de cette
marginalisation et les conditions d'insertion internationale de ces pays par la voie
de l'intégration régionale dans des espaces développés en examinant
particulièrement la question d'un éventuel effet d'éviction Est-Sud dans le cadre de