présents, personne ne discute les faits.
La Madeleine, par l’intermédiaire de son curé, a décidé de porter plainte pour exhibition sexuelle, ce
que la justice a retenu. Tout l’enjeu des débats mercredi était de déterminer si cette action en était une
ou pas. En l’occurrence, interpréter l’article 222-32 du code pénal qui juge que «l’exhibition sexuelle
imposée à la vue d’autrui dans un lieu accessible aux regards du public est punie d’un an
d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende».
Après le rejet d’une demande de question prioritaire de constitutionnalité (QPC), déposée par l’avocat
de la défense, Michaël Ghnassia, sur la définition trop floue selon lui de cet article, les débats peuvent
commencer. Pour l’avocat de la partie civile, Laurent Delvolvé, pas de doute, le qualificatif d’exhibition
sexuelle se justifie par la nature même des Femen. «Ce sont des sextrémistes, revendiquent-elles dans
leur Manifeste», explique-t-il. Il rappelle le slogan, «mon corps est mon arme» et estime ainsi que
leur combat est par nature sexuel.
Eloïse Bouton, lors de son procès, le
16 octobre. (Photo AFP)
Les seins doivent être, également, pour
l’avocat, considérés comme «sexuels». Il
s’appuie pour cela sur un arrêt de la Cour de
cassation de 1965 qui avait condamné une
femme pour avoir joué topless au ping-pong
sur la croisette, à Cannes. Il sort également
un étrange argument, repris ensuite par le
procureur: le sein est sexuel car quand un
agresseur touche la poitrine d’une femme,
«c’est qualifié d’agression sexuelle».
Un argument, qui à l’issue des débats, laisse pantois Fatima-Ezzahra Benomar, du collectif féministe
Les Effronté-e-s, présente dans la salle. «Si quelqu’un met son doigt ou autre chose dans ma bouche
cela va être une agression sexuelle, et pourtant je veux avoir le droit de montrer ma bouche», juge-t-
elle par l’absurde.
Mais la partie civile et le procureur, dont les argumentaires se ressemblent étrangement, marchent
aussi sur des œufs. Ils entendent bien que toute poitrine n’est pas forcément de l’exhibition sexuelle,
«cela dépend aussi du lieu et des circonstances». En cela, Laurent Delvolvé juge les lieux de culte
intouchables, «comme une école ou un tribunal». «A l’entrée de l’église de la Madeleine, une tenue
correcte est exigée, rappelle-t-il. On doit du respect à l’école, on doit du respect à la justice, on doit
être respectueux des lieux de culte, cela en va du principe de laïcité. Il n’y a pas de liberté
d’expression dans un lieu de culte», ose-t-il. Et de sous-entendre que si l’action avait eu en dehors de
l’église de la Madeleine, on n’en serait pas là, à papoter au tribunal.
«TRIBUNAL ECCLÉSIASTIQUE»
«On veut se servir d’une infraction pénale pour pénaliser une infraction cultuelle, qui n’existe pas,
répond Michaël Ghnassia. En parlant d’atteinte à la foi et à la religion, c’est le blasphème qui se lit
entre les lignes, cela relève du tribunal ecclésiastique», continue-t-il ironiquement. Et de rappeler que