Méthode de prospection pour le granit vert dans la Suite

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Méthode de prospection pour le granit vert
dans la Suite plutonique de Rivière-à-Pierre
Yves Bellemare
PRO 99-01
1999
1
PRO 99-01 : Méthode de prospection pour le granit vert dans la
Suite plutonique de Rivière-à-Pierre
Yves Bellemare
INTRODUCTION
L’exploitation du granit vert comme pierre de taille
s’est amorcée, au Québec, au début des années 1960 dans
la région de Rivière-à-Pierre. Au cours de la dernière
décennie, les granitiers ont exploité plusieurs variétés de
ce granit près des localités de Rivière-à-Pierre, de La
Baie,
de
Saint-André-du-Lac-Saint-Jean,
de
Saint-François-de-Sales, de Saint-Zénon et dans la région
du Parc-des-Laurentides. Toutes ces exploitations sont
localisées dans la Province géologique de Grenville.
CONTEXTE GÉOLOGIQUE
Les granits verts exploités dans la Province de Grenville appartiennent à la suite charnockitique. Cette suite est
représentée, dans la plupart des cas, par de grandes intrusions de mangérites ou de charnockites porphyroïdes,
homogènes et relativement peu différenciées ayant généralement des dimensions de batholites. Plusieurs massifs
circonscrits, peu déformés (dômes, cylindroïdes), bien
différenciés, contiennent, totalement ou en partie, la suite
charnockitique (jotunite, enderbite, mangérite, charnockite, leucogranite) (Hocq, 1994). La cristallisation et la
différenciation y sont effectuées in situ de façon radiale, à
partir de l’intérieur vers la périphérie des massifs.
Ces massifs passent graduellement du faciès à pyroxènes de couleur verte à celui de couleur rose de plus en
plus clair, de plus en plus quartzifère et dépourvu, presque totalement, de pyroxènes. Les roches, dont les minéraux ferromagnésiens sont hydratés (hornblende, biotite),
possèdent une gamme de couleurs et de tons très variables s’échelonnant du vert, au brun, au rose. Cette transition minérale est imputable à une variation dans les conditions de PH2O et de température au cours de la
cristallisation magmatique. En outre, la plupart des intrusions sont affectées par un autométamorphisme. Nous
considérons que toutes les roches de couleurs verte, brune ou rose appartiennent à la suite charnockitique et,
conséquemment, la terminologie utilisée, dans le cadre
de cette étude, respectera l’appellation reconnue pour ces
roches.
La suite charnockitique se distingue de la suite granitique (et des syénites) par les caractéristiques suivantes :
1 - Les feldspaths potassiques sont perthitiques (perthite, mésoperthite), ce qui dénote une cristallisation à haute
température. Ils ont une couleur verte à jaune cassonade.
Ces couleurs sont attribuées à la présence de fer (FeO et
Fe2O3) dans le réseau cristallin du feldspath (Valiquette,
1971).
2 - Les roches contiennent de l’hypersthène ou un
minéral de la série des orthopyroxènes (enstatite-ferrosilite). Dans les faciès les plus évolués, la ferrosilite est
instable et est remplacée par du quartz et de la fayalite.
3 - Les minéraux hydratés, comme la biotite et la
hornblende sont absents, du moins dans les phases précoces.
GRANITS VERTS EXPLOITÉS
AU QUÉBEC
Les granits verts exploités ont typiquement une texture
phanéritique, à grain moyen à grossier, et ils sont généralement porphyroïdes. Ils possèdent une couleur gris verdâtre à noir verdâtre et leurs tons sont clairs ou sombres.
En surface d’affleurements, la roche est altérée de couleur brun rouille sur plusieurs centimètres et elle est
traversée de microfissures remplies d’un matériel aphanitique noir s’altérant en brun rouille. Elle contient fréquemment des agrégats de phénocristaux de plagioclase
noir. Les variétés exploitées au Québec sont des jotunites
quartzifères, des mangérites quartzifères ou des farsundites (tableaux 1 et 2).
Région de Rivière-à-Pierre
La région de Rivière-à-Pierre est située à 100 km au
nord-ouest de la ville de Québec. Cette région est caractérisée par la présence, entre autres, de massifs intrusifs,
soit le Pluton de Gagnon et l’intrusion dans la région de
Rivière-à-Pierre, attribués à la suite plutonique de Rivière-à-Pierre (Hébert et Nadeau, 1995). Les granits verts
Variété
Vert Prairie
67,50
66,10
64,80
64,10
63,50
62,90
59,70
Farsundite
Farsundite
Mangérite quartzifère
Mangérite quartzifère
Mangérite quartzifère
Mangérite quartzifère
Jotunite quartzifère
57,70
69,70
68,90
67,70
66,20
66,10
Farsundite
Farsundite
Farsundite
Farsundite
Farsundite
Jotunite quartzifère
69,32
68,80
68,40
68,00
66,11
SiO2 1
Farsundite
Farsundite
Farsundite
Farsundite
Farsundite
Lithologie
15,90
11,30
16,00
16,30
15,50
16,40
13,80
15,00
14,00
13,40
13,80
14,50
13,90
13,72
13,40
14.00
13,20
13,98
Al2O3
9,36
10,90
6,48
7,79
5,24
5,62
4,86
5,52
4,60
5,23
4,85
5,20
5,39
3,77
4,64
4,58
5,75
5,20
Fe2O3t
1,50
1,46
0,96
1,34
0,87
0,95
0,71
0,78
0,74
0,72
0,71
0,78
0,78
0,69
0,69
0,72
0,81
0,81
MgO
5,97
4,32
4,85
5,82
4,40
4,70
2,69
3,53
2,38
2,71
2,76
2,82
2,69
2,44
2,56
2,55
2,21
2,48
CaO
3,76
2,80
3,95
3,84
3,87
3,86
3,17
3,55
3,01
3,28
3,46
3,27
3,08
3,48
3,30
3,14
3,14
3.05
Na2O
2,46
2,17
2,94
2,52
3,60
2,90
4,25
3,44
4,20
4,12
4,07
4,55
4,51
4,55
4,34
4,45
4,15
4.93
K2O
1,57
1,88
1,02
1,29
0,87
0,93
0,78
0,89
0,73
0,83
0,78
0,82
0,87
0,62
0,77
0,72
0,92
0,87
TiO2
0,16
0,17
0,12
0,13
0,10
0,08
0,09
0,08
0,07
0,09
0,09
0,11
0,10
0,10
0,10
0.09
0,11
0,11
MnO
1,05
0,73
0,64
0,88
0,45
0,57
0,32
0,40
0,28
0,34
0,32
0,33
0,32
0,25
0,32
0,27
0,38
0,32
P2O5
72,45
48,30
43,42
38,15
38,60
76,77
23,67
17,40
25,05
17,05
19,00
19,72
----
---18,55
---17,45
14,72
Susceptibilité
magnétique 2
1. Analyses (exprimées en %); méthode de fluorescence X – perles.
2. Les mesures de susceptibilité magnétique apparente ont été récoltées à l’aide d’un appareil de modèle KT-5 de la compagnie Exploranium G.S. et les valeurs sont
exprimées en 10-3 SI et établies à partir du calcul moyen de 4 lectures.
3. L’identification réfère, sauf indication contraire, à la numérotation dans le document MB-97-01 (Bellemare, 1997).
4. Source des analyses chimiques : échantillon P-50 (Pyke, 1967); échantillons 9, Sud de 9 et 13 ( SIGÉOM, 1995); les autres analyses sont inédites.
5. Échantillon Lac Sarotte (coordonnées UTM : 18, 723356 E, 5210452 N).
23
Faciès rose
P-50 4
---14
Abbey Rose
Sud de 9 4
---19
Gris Rosé
13 4
---Faciès brun
17
Deer Brown D.D.
18
Calédonia
17
Deer Brown
94
Nara Brown
18
Calédonia
Faciès vert en lentille
17
Vert Atlantique
21
Vert Atlantique
Faciès vert
ZA
Vert Daniel
22
Vert de
Rivière-à-Pierre
21
Vert Forêt
Y
Vallières
Lac Sarotte 5
----
Carrière 3
TABLEAU 1 - Suite plutonique de Rivière-à-Pierre (SNRC 31P/01 et 31I/16).
2
1. Analyses (exprimées en %); méthode de fluorescence X – perles.
2. Les mesures de susceptibilité magnétique apparente ont été récoltées à l’aide d’un appareil de modèle KT-5 de la compagnie Exploranium G.S. et les valeurs sont
exprimées en 10-3 SI et établies à partir du calcul moyen de 4 lectures.
1,41
1,34
0,33
0,41
0,41
0,56
0,24
0,23
0,10
0,08
0,08
0,11
1,85
1,86
0,88
1,00
0,96
0,95
3,26
2,73
4,85
5,44
4,91
4,26
3,35
3,49
4,54
3,27
3,38
3,39
5,60
5,85
3,27
2,74
3,23
3,83
1,71
1,79
0,69
0,92
0,77
0,68
11,70
11,70
5,62
5,12
5,50
7,58
14,10
14,40
17,00
15,20
14,90
15,20
55,80
55,60
62,00
66,20
64,90
62,80
Vert Laurentide
Vert Laurentide
Vert Saint-André
Érable Vert
Verde La Baie
Vert Printemps
022D/04
022D/04
022D/05
022D/07
022D/07
032A/08
Jotunite quartzifère
Jotunite quartzifère
Mangérite quartzifère
Mangérite quartzifère
Mangérite quartzifère
Mangérite quartzifère
P2O5
MnO
TiO2
K2O
Na2O
CaO
MgO
Fe2O3t
Al2O3
1
SiO2
Lithologie
Variété
Les travaux de cartographie géologique de Pyke (1967)
dans la région correspondant au feuillet SNRC 31I/16 et les
différentes données récoltées suite aux travaux d’exploitation de la pierre de taille dans la région du feuillet SNRC
31P/01 permettent de distinguer, au moins, trois faciès
basés sur la couleur dominante des feldspaths. Ce sont les
faciès rose, brun et vert (tableau 1). Les roches de ces
faciès, et plus particulièrement celles du faciès vert,
possèdent des signatures géochimiques distinctes. La
No SNRC
Suite plutonique
de Rivière-à-Pierre dans la région de
Rivière-à-Pierre
TABLEAU 2 - Variétés de ganit vert exploitées dans la Province de Grenville excluant la région de Rivière-à-Pierre.
exploités dans cette région appartiennent à cette suite,
constituée principalement de monzogranite à hypersthène
(farsundite) ou de monzonite à hypersthène (mangérite)
quartzifère. On trouve aussi, selon le secteur, notamment
dans la région correspondant au SNRC 31I/16, des
granodiorites à hypersthène (opdalites), des monzodiorites
à hypersthène (jotunites), des syénogranites à hypersthène
(charnockites) ou des syénites à hypersthène.
En surface fraîche, les roches de la suite plutonique de
Rivière-à-Pierre sont de couleur rose, grise, brun chamois
ou verte. La couleur des feldspaths des variétés brune ou
verte est attribuable à la présence de fractures ou de
pellicules de chlorite à l’intérieur des cristaux ou à la bordure des grains (Pyke,1967). La grosseur des grains varie
de moyenne à grossière et les phénocristaux de feldspath
potassique, de 0,5 à 10 cm de longueur, sont responsables
de la texture porphyroïde. Localement, la roche possède
une texture équigranulaire ou foliée et parfois, elle est
coupée par d’étroites zones de cisaillement. En surface, la
couleur d’altération est gris pâle ou rose ou encore elle
prend diverses teintes de brun ou de chamois. Les affleurements, où la roche est de couleur chamois, peuvent être
altérés sur plusieurs centimètres d’épaisseur.
Pyke (1967) a mentionné que certains cristaux de plagioclase sont zonés et ont une texture antirapakivi; en ce
sens, les phénocristaux sont constitués d’une couronne
de microperthite qui entoure des cristaux reliques de plagioclase. C’est le cas surtout dans les farsundites et les
mangérites quartzifères. Le microcline se retrouve presque
exclusivement dans les roches de couleur rose. La
hornblende est toujours présente et est plus abondante
que la biotite. La magnétite est plus commune dans la
partie centrale de l’intrusion du Pluton de Gagnon, à l’ouest
du village de Rivière-à-Pierre, et dans les roches de la suite
plutonique de Rivière-à-Pierre, à l’est. La présence de cristaux reliques de clinopyroxène au cœur de certaines
hornblendes indique que des faciès lithologiques, dépourvus apparemment de pyroxènes, ont pu en être porteurs au
début de la cristallisation magmatique et que ces pyroxènes ont été totalement transformés (ouralitisés) au cours
ou à la toute fin de la cristallisation.
Susceptibilité
magnétique 2
66,90
104,37
11,90
26,35
17,05
14,07
3
4
somme des pourcentages des éléments majeurs tels que
SiO2, K2O et Na2O comparée à la somme de CaO, MgO,
TiO2 et P2O5 permet de voir que le changement de couleur
des différents faciès peut être, en partie du moins, expliqué par la composition chimique de ces roches (figure 1).
Si le diagramme de la figure 1 permet de mettre facilement en évidence le faciès vert qui contient surtout les
silicates les plus calciques et magnésiens (pyroxènes et
plagioclases), il est moins explicite pour distinguer les
faciès brun et rose qui tendent à se chevaucher.
Les roches du faciès rose, localisées principalement en
bordure ouest du pluton, sont caractérisées par la présence de microcline, d’un pourcentage élevé en quartz et
d’un plus faible contenu en anorthite des plagioclases
(Pyke, 1967). Les analyses géochimiques de quelques
variétés de pierre de taille, identifiées par leurs noms
commerciaux, ainsi que de certains échantillons représentatifs de la suite plutonique de Rivière-à-Pierre indiquent un contenu en SiO 2, K2O et Na2O supérieur pour les
roches du faciès rose par rapport à celles du faciès vert
(figure 1). Les roches du faciès rose sont altérées de
couleur blanc grisâtre, gris blanchâtre ou gris rosé sur une
épaisseur de quelques millimètres en surface d’affleurement. Sous cette surface, elles peuvent être altérées de
couleur brun chamois sur quelques centimètres.
Les roches du faciès brun varient en composition d’une
mangérite quartzifère à une farsundite. Ces roches contiennent un pourcentage de quartz similaire à celles du
faciès rose. La couleur des roches altérées varie de brun
chamois à brun rouille sur une profondeur de quelques
centimètres à plusieurs décimètres. Ce caractère variable
de la profondeur d’altération pourrait signifier que les
roches du faciès brun sont des lithologies de transition
80
Faciès brun
Faciès vert
en lentille
70
Vert Atlantique
Carrière Deer Brown
2
2
2
SiO +K O+Na O (%)
Faciès rose
entre celles des faciès vert et rose. Leur profondeur d’altération serait dépendante de leur localisation par rapport
aux roches des faciès vert ou rose. Ainsi les roches du
faciès brun se rapprochant des roches du faciès vert devraient posséder une couche d’altération plus importante
que celles se rapprochant du faciès rose.
Les roches du faciès vert exploitées pour la pierre de
taille varient d’une farsundite, à une mangérite quartzifère, à une jotunite quartzifère. Ces roches se caractérisent par un contenu en TiO2, en P2O5, en CaO et en MgO
supérieur à celui des roches des faciès rose et brun
(figure 1). La couleur de leur altération est brun rouille et
cette altération se remarque sur plusieurs centimètres. La
couche d’altération peut être suffisamment profonde pour
que l’on ne puisse atteindre la roche fraîche au marteau.
Les roches du faciès vert n’ont pas toutes les mêmes
caractéristiques. En effet, il existe au moins un cas d’exception à la carrière Deer Brown où on exploite une
farsundite connue sous le nom de Vert Atlantique
(figure 1). Celle-ci se trouve dans un contexte géologique
particulier car il s’agit d’une lentille d’environ 70 mètres
de largeur en contact avec une farsundite gris brunâtre
(variété Deer Brown). Le passage entre les deux variétés
se fait sur une zone de transition de deux mètres de
largeur. En affleurement, les deux variétés sont similaires
de sorte qu’elles sont très difficiles à reconnaître. Elles
sont altérées de couleur blanc grisâtre sur quelques millimètres à la surface et, sous celle-ci, elles sont gris brunâtre à brun rouille sur quelques centimètres seulement. La
variété Vert Atlantique qui possède une composition chimique similaire à la variété Deer Brown (tableau 1) se
situe à proximité d’une importante zone d’enclaves (gneiss
à biotite, amphibolite, métavolcanite ?).
Ce faciès vert que l’on observe sous forme de lentille
dans des roches du faciès brun, que l’on trouve également
à la carrière de la Marmite (carrière # 21, tableau 1), n’a
pas été exploité uniquement dans la région de Rivière-àPierre. Dans la région de La Baie, les variétés connues
sous les noms Érable Vert et Verde La Baie sont similaires
à la variété Vert Atlantique même si ces variétés sont de
composition lithologique différente, soit des mangérites
quartzifères (tableau 2). La distribution de telles lentilles
semble toutefois aléatoire dans les roches du faciès brun.
CONTENU EN FER ET DONNÉES
MAGNÉTIQUES
Faciès vert
60
0
10
20
MgO+CaO+TiO +P O
2
2
5
(%)
FIGURE 1 - Variations de la composition chimique en fonction des
faciès dans la suite plutonique de Rivière-à-Pierre dans la région de
Rivière-à-Pierre.
Le pourcentage en fer calculé ici sous forme de Fe 2O3
total, constitue aussi un critère de discrimination important. Les roches appartenant au faciès vert ont le pourcentage moyen le plus élevé (figure 2). La farsundite connue
sous le nom commercial de Vert Atlantique (carrière # 17,
5
Faciès vert
en lentille
5,19
Faciès vert
7,57
Faciès brun
5,05
Faciès rose
4,79
3
4
5
7
8
Fer sous forme de Fe O
2
3
9
10
total (%)
FIGURE 2 - Écart et moyenne du contenu en fer en fonction des faciès
dans la suite plutonique de Rivière-à-Pierre dans la région de Rivière-àPierre.
tableau 1) constitue toujours une exception avec une
teneur de 4,86 % de Fe2O3 total. Les roches des faciès rose
et brun contiennent, pour leur part, des pourcentages
moyens similaires de Fe2O3 total. L’écart dans le contenu
en fer des roches est important et reflète le changement
progressif de la nature lithologique des roches entre l’intérieur et la périphérie de la partie étudiée de la suite
plutonique de Rivière-à-Pierre.
Ce pourcentage plus élevé en fer reflète le contenu
supérieur en magnétite (ilménite) des roches du faciès
vert. Cette magnétite se remarque facilement sur le terrain et sa présence peut être décelée au moyen d’un
aimant. Ce contenu en magnétite peut aussi se quantifier
en utilisant un appareil mesurant la susceptibilité magnétique apparente.
Les données provenant des échantillons représentatifs
de pierre de taille prélevés dans la région de Rivière-àPierre (tableau 1) confirment cette observation. Les roches appartenant au faciès vert ont permis d’obtenir des
lectures moyennes 3 fois supérieures à celles des roches
du faciès rose et 2,5 fois supérieures à celles des roches
du faciès brun. Les roches appartenant au faciès vert en
lentille ont permis, quant à elles, d’obtenir des lectures
similaires à celles du faciès brun qui les contient.
Ces résultats nous permettent d’utiliser les données du
levé aéromagnétique qui couvre cette région (Dion et
Dumont, 1994). Elles servent alors d’outil de prospection
pour interpréter, grossièrement, avec l’aide des données
géologiques, la localisation des faciès rose, brun et vert
(figure 3).
Le granit vert ayant des caractéristiques similaires à la
variété Vert Prairie (carrière # 23, figure 3) est localisé
dans un secteur dont les valeurs magnétiques sont plus
élevées que celles des autres roches environnantes de la
suite plutonique. En effet, le contenu en magnétite de ces
roches est toujours supérieur à celui des roches des faciès
rose et brun. Dans la région étudiée, le secteur de la
carrière Vert Prairie et celui du lac Sarotte présentent des
réponses aéromagnétiques similaires (figure 3).
La variété Vert Atlantique (carrière # 17, figure 3), qui
est en lentille dans des roches du faciès brun, se situe au
sud-ouest d’une zone d’anomalies magnétiques ponctuelles. Ces anomalies ponctuelles pourraient être causées
par des enclaves importantes de différentes lithologies ou
par des îlots, de dimensions diverses, de roches du faciès
vert.
Les roches appartenant aux faciès brun et rose, dont les
valeurs de susceptibilité magnétique apparente sont semblables, ne peuvent pas être discriminées à l’aide des
données aéromagnétiques. Seul un examen des affleurements peut permettre de distinguer les différents faciès.
DONNÉES UTILES POUR LA
PROSPECTION
L’exploration du granit vert dans la région de Rivièreà-Pierre devrait se faire en tenant compte des caractéristiques chimiques et minéralogiques de la variété recherchée. Ainsi, les roches du faciès vert (type Vert Prairie)
devraient être recherchées dans des secteurs possédant
des valeurs magnétiques élevées.
L’exploration pour des roches du faciès vert en lentille
similaires à la variété Vert Atlantique devrait se faire sur
le pourtour de zones magnétiques anomales ponctuelles.
Lors de la prospection, la première récolte des données
sur le terrain devrait permettre d’identifier à quel faciès
de la suite plutonique appartiennent les roches rencontrées. Lors des travaux d’exploration, les données utiles
devraient comprendre, pour chaque affleurement, les
points suivants :
Couleur de la roche en surface altérée (blanc grisâtre, gris blanchâtre, gris rosé, brun chamois, brun rouille);
Profondeur d’altération de la roche (si la roche
fraîche n’est pas visible, mesurer la profondeur maximale
atteinte);
Couleur de la roche et des feldspaths en surface
fraîche (grise, gris rosé, gris orange, gris brunâtre, gris
verdâtre, gris noirâtre, noire);
Texture de la roche (porphyroïde, équigranulaire,
foliée);
Pourcentage de quartz (0-5 %, 6-19 %, 20 % et
plus);
Susceptibilité magnétique apparente.
FIGURE 3 - Localisation des faciès dans le secteur ENE de Rivière-à-Pierre. Les limites géologiques tirées
de Hébert et Nadeau (1995) sont superposées aux contours du champ magnétique total résiduel (Dion et
Dumont, 1994).
6
7
REMERCIEMENTS
Nous remercions Michel Hocq pour son apport dans la
planification de cette étude et pour ses critiques constructives lors de la rédaction du rapport. Nous remercions
également C. Hébert, H.L. Jacob et D.J. Dion pour leur
contribution à titre de lecteurs critiques.
DION, D.J. – DUMONT, D., 1994 – Données numériques mailles
du champ magnétique total résiduel – territoire du Québec.
Ministère des Ressources naturelles, Québec; MB 94-08X.
HÉBERT, C. – NADEAU, C., 1995 – Géologie de la région de
Talbot (Portneuf). Ministère des Ressources naturelles, Québec; ET 95-01.
HOCQ, M., 1994 – La Province de Grenville dans : Géologie du
Québec. Ministère des Ressources naturelles, Québec;
MM 94-01, pages 75-94.
PYKE, D.R., 1967 – The geology of the Montauban Area,
Quebec. Université McGill; thèse de doctorat, 197 pages.
RÉFÉRENCES
SIGÉOM, 1995 – Carte de géochimie des roches (données
descriptives). Ministère des Ressources naturelles, Québec;
carte SI-31P01-GR-95F.
BELLEMARE, Y., 1997 – Inventaire des carrières de pierre au
nord du fleuve Saint-Laurent, régions de Portneuf et de
Haute-Mauricie (SNRC 31P). Ministère des Ressources naturelles, Québec; MB 97-01.
VALIQUETTE, G., 1971 – Pétrographie des roches éruptives et
métamorphiques. Notes de cours, École Polytechnique;
233 pages.
8
PUBLIÉ PAR GÉOLOGIE QUÉBEC
Direction
Jean-Louis Caty
Supervision
Robert Marquis
Accepté pour publication le 99/02/19
Lecture critique
Michel Hocq, Claude Hébert, Henri-Louis Jacob, Denis-Jacques Dion
Édition et mise en page
Jean-Pierre Lalonde
Dessin assisté par ordinateur
Charlotte Grenier
Supervision technique
André Beaulé
AVRIL 1999
*RXYHUQHPHQWGX4XpEHF
0LQLVWqUHGHV5HVVRXUFHVQDWXUHOOHV
Secteur des mines
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